Van gogh la mer aux saintes maries

Van Gogh painted this vibrant seascape outdoors. In fast, loose brushstrokes he tried to capture the colour of the sea. He described it as 'a colour like mackerel, in other words, changing — you don't always know if it's green or purple — you don't always know if it's blue — because a second later, its changing reflection has taken on a pink or grey hue.' (See letter to Theo van Gogh, 3/4 June 1888)

In the paint layer of this work are grains of sand that got in there during painting in the open-air.

Visit
In late May 1888, during his stay in Arles, Vincent van Gogh visits Les Saintes-Maries-de-la-Mer on the Mediterranean. Elated, he describes the colour of the sea to his brother Theo as being ‘like mackerel, in other words, changing – you don’t always know if it’s green or purple – you don’t always know if it’s blue – because a second later, its changing reflection has taken on a pink or grey hue’.

Fishing village
He stays for a few days in the fishing village and in that short period makes nine drawings, two paintings with beach scenes and seascapes with fishing boats and this painting of Les Saintes-Maries-de-la-Mer itself. The rows of purple/blue lavender bushes lead to the village with the church in the middle.

Lavender bushes
Van Gogh depicts the houses built close together with surfaces in different colours. The sides of the houses facing the sun are painted in warm and light tints, and the shadow sides in blue. Apart from the lavender bushes, the painting is dominated by the ‘green blue of the sky heated white-hot’, as the artist describes the light of Provence in one of his letters.

Désireux de fuir l’agitation parisienne et les discussions stériles et parfois violentes avec les artistes de Montmartre, Van Gogh, avide de lumière et d’éclats, arrive à Arles en février 1888. Il loge d’abord dans une chambre de l’hôtel-restaurant Carrel, rue de la Cavalerie  puis, en mai, il rejoint le Café de la Gare, chez les Ginoux, et loue la fameuse maison jaune, Place Lamartine, où il installe son atelier.

Le printemps venu, il peint des vergers en fleurs et, à trois reprises, le Pont de Langlois. Après avoir reconnu les collines de Fontvieille et Montmajour, les rives du canal d’Arles à Bouc puis les hauteurs de Coste Basse et le plateau de Fourchon, il est irrésistiblement attiré par la Méditerranée toute proche dont il sent les effluves. Il veut apprécier l’effet « d’une mer bleue et d’un ciel bleu ». Il décide alors de se rendre pour quelques jours aux Saintes Maries de la Mer.

Van gogh la mer aux saintes maries
Barques de pêche sur la plage des Saintes Maries au début du siècle dernier (carte postale ed. Charles Aprin)

Le départ pour les Saintes Maries de la Mer

Le vendredi 8 juin 1888, il reçoit enfin les cent francs que son frère Théo lui fait parvenir afin de financer son voyage. Dès le dimanche suivant il emprunte la patache des Saintes Maries où il arrive après cinq heures d’un parcours chaotique à travers les paysages éblouissants de la Camargue. La veille, il écrivait à son frère pour lui annoncer son départ : « demain matin, de bonne heure, je pars pour les Saintes Maries au bord de la Méditerranée. J’y resterai jusqu’à samedi soir. J’emporte trois toiles, mais je crains un peu qu’il y ait trop de vent pour peindre. On y va en diligence, on traverse la Camargue, des plaines d’herbe où il y a des manades de taureaux et des troupeaux de petits chevaux blancs à demi sauvages et bien beaux. J’emporte tout ce qu’il faut pour dessiner surtout ».

 

Van gogh la mer aux saintes maries
La diligence de Tarascon – Arles 1888 (Princeton University Art Museum)

 

L’arrivée aux Saintes Maries

Une fois arrivé aux Saintes Maries, il s’installe à l’hôtel de la Poste qui se trouvait à l’angle de la Grande rue et de la rue du Grenier à Sel. Là, après un rude marchandage, la famille Courlas le prendra en pension pour 4 francs par jour au lieu de 6.

Il découvre enfin la Méditerranée qui, ce jour-là, à sa grande surprise n’est pas vraiment bleue. Ainsi, il écrit à son père : « la Méditerranée a une couleur comme les maquereaux, c’est-à-dire changeante, on ne sait pas toujours si c’est vert ou violet, on ne sait pas toujours si c’est bleu car la seconde après le reflet changeant a pris une teinte rose ou grise ». Plus tard, il précise sa vision : « le ciel d’un bleu profond était tacheté de nuages d’un bleu plus profond que le bleu fondamental d’un cobalt intense et d’autres d’un bleu plus clair, comme la blancheur bleue de voies lactées ».

Le séjour aux Saintes Maries

Il décrit le village en faisant, comme à son habitude, des comparaisons avec son pays natal : « je ne crois pas qu’il y ait plus de cent maisons. Le principal édifice après la vieille église, forteresse antique, est la caserne. Et encore. Quelles maisons – comme dans nos bruyères et tourbières de Drenthe, tu en verras des spécimens dans les dessins ».

La journée, la plage lui plait beaucoup : « sur la plage toute plate, sablonneuse, de petits bateaux verts, rouges et bleus, tellement jolis comme forme et couleur qu’on pensait à des fleurs ».  La nuit, il déambule sur la plage déserte sous un ciel étoilé : « c’était pas gai, mais pas non plus triste, c’était beau ».

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Lettre écrite à son ami Émile Bernard dans laquelle Van Gogh dépeint les cabanes camarguaises et ce qu’elles lui inspirent en matière de couleurs.

À son ami Emile Bernard, il décrira «  des cabanes blanchies entièrement à la chaux, le toit aussi, posées sur un terrain orangé certes, car le ciel du Midi et la Méditerranée bleue provoquent un orangé d’autant plus intense que la gamme des bleus est plus montée de ton. La note noire de la porte, des vitres et de la petite croix sur le faîte font qu’il y ait un contraste simultané de noir et bleu agréable à l’œil ».

L’accueil de la population lui plait bien et il dira, à propos des autochtones : « Les gens ne doivent pas être bien méchants ici, car même le curé avait presque l’air d’un brave homme ».

Côté nourriture, il apprécie tout particulièrement le poisson frais : « on mange ici de meilleures fritures qu’au bord de la Seine. Seulement il n’y a pas de poisson à manger tous les jours, vu que les pêcheurs s’en vont le vendre à Marseille. Mais, quand il y en a, c’est rudement bon ».

L’empreinte flamboyante de Van Gogh

C’est aux Saintes Maries que Van Gogh a découvert la Méditerranée. En quelques jours il a porté sur notre village son génial regard de grand maître de l’impressionnisme. Par ses œuvres, mais aussi par quelques phrases extraites de sa correspondance, Van Gogh exprime sa vision colorée de la Camargue, de la Méditerranée et de notre village. Nous devons mesurer la chance que représente pour notre commune un témoignage aussi flamboyant et universel. Pour peu que l’on prenne bien soin de ce qu’il reste du patrimoine local, nous pouvons encore retrouver aujourd’hui certains paysages et les couleurs que Van Gogh a magnifiés de son génie.

Sur les pas de Van Gogh.

Si le village des Saintes Maries a bien changé depuis juin 1888, l’église étant pratiquement le seul élément de ses tableaux qui demeure de nos jours, Il est toutefois possible de resituer certains lieux qui ont inspiré le grand peintre.

Le village et l’église.

Van Gogh a dessiné puis peint une toile représentant un paysage dominé par l’imposante église forteresse. Selon Alain Amiel*, pour réaliser son dessin, Van Gogh s’est installé sur une dune de 5 mètres de haut et a utilisé un cadre perspectif. Il a pu ainsi rehausser le paysage pour accentuer l’image du village resserré autour de l’église qui se dégage plus nettement. Ceci explique la différence de perspective entre le tableau de Van Gogh et le paysage que l’on peut observer en se plaçant à l’endroit où devait se trouver le peintre pour réaliser cette œuvre.
(*) Alain Amiel : Van Gogh aux Saintes Maries de la Mer (éd. Vangoghaventure.com)

Van gogh la mer aux saintes maries
Vue des Saintes Maries avec église – Saintes Maries de la Mer juin 1888 (Collection Oskar Reinhart – Winterthur)

Pour tenter de situer approximativement cet emplacement, nous avons procédé par triangulation à partir d’une photo aérienne prise en 1920.

En effet, sur cette photos, on trouve 3 éléments qui figurent dans le dessin de Van Goh : au centre l’église, à gauche l’école de jeunes filles et à droite la façade latérale de la caserne des douanes. L’angle de vue de la photo n’est pas le même que celui du dessin, toutefois, il est possible d’évaluer le décalage à partir de la perspective du clocher de l’église par rapport à son axe.

Par ailleurs, nous savons que Van Gogh avait installé son chevalet sur une montille (petite dune) qui jouxtait la plage et la mer. En appliquant le trait de côte SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine) de 1895, il est possible de positionner la montille par rapport à la situation actuelle du trait de côte.

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Vue aérienne du village prise en 1920 par la Compagnie aérienne Française
Van gogh la mer aux saintes maries
Vue aérienne du village de nos jours

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Ainsi, Pour mesurer l’évolution du paysage qu’a pu voir Van Gogh en juin 1888 et celui que l’on peut observer aujourd’hui, il suffit d’aller sur l’épi transversal qui est situé en face des arènes.

Aujourd’hui, pour réaliser cette œuvre, Van Gogh aurait les pieds dans l’eau !

Bateaux de pêche sur la plage des Saintes Maries.

Van gogh la mer aux saintes maries
Bateaux de pêche sur la plage des Saintes Maries – Arles juin 1888 (Van Gogh Museum Amsterdam)

Rendue célèbre par le fameux tableau de Van Gogh et plusieurs marines peintes par le maître de l’impressionnisme lors de son séjour aux Saintes Maries en juin 1888, la bette ou beto est un petit bateau à fond plat, pointu aux deux extrémités, caractéristique des côtes de Provence.

C’est une embarcation rustique, légère, rapide et maniable. La construction est facile et économique. La bette est très bien adaptée à une utilisation dans les étangs, de faible profondeur, et dans les anses dépourvues de port : il est aisé en effet de la tirer sur la plage après la sortie en mer.

Autrefois, c’était une embarcation de petite pêche et de service très commune entre les Saintes-Maries-de-la-Mer et La Ciotat mais aussi en Languedoc dans le quartier maritime de Sète. La bette était manœuvrée à la partègue (perche) ou à l’aviron.

Il existait aussi des bettes marines, servant au cabotage et souvent équipées d’une voile latine. C’est ce type de bettes que Van Gogh a immortalisées. Après avoir quasiment disparues, c’est sous l’impulsion de plusieurs associations que furent lancées les premières restaurations de bettes.

La reconstitution des barques de Van Gogh aux Saintes Maries.

Cet été, l’office de tourisme et la capitainerie de Port Gardian aux Saintes Maries de la Mer ont organisé une reconstitution du tableau de Van Gogh sur une plage en exposant des bettes magnifiquement restaurées par l’association « Voiles latines de Bouzigues ».

Cette reconstitution nous a permis d’immortaliser ces magnifiques barques dans un décor exceptionnel qui avait inspiré Van Gogh.

Merci aux « Voiles Latines de Bouzigues », à la capitainerie de Port Gardian et à l’office du tourisme pour cette heureuse initiative.

Van gogh la mer aux saintes maries
barque de pêche restaurée par l’association “Les Voiles Latines” de Bouzigues
Van gogh la mer aux saintes maries
barque de pêche restaurée par l’association “Les Voiles Latines” de Bouzigues (ph. G. Roussel)
Van gogh la mer aux saintes maries
barque de pêche restaurée par l’association “Les Voiles Latines” de Bouzigues (ph. G. Roussel)
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barque de pêche restaurée par l’association “Les Voiles Latines” de Bouzigues (ph. G. Roussel)
Van gogh la mer aux saintes maries
barque de pêche restaurée par l’association “Les Voiles Latines” de Bouzigues (ph. G. Roussel)

Les cabanes camarguaises.

Lors de son séjour aux Saintes Maries, Van Gogh a réalisé plusieurs dessins et toiles représentant des maisons au toit de chaume qui étaient les ancêtres de nos cabanes de gardian.

Van gogh la mer aux saintes maries

À son ami Emile Bernard, il décrira « des cabanes blanchies entièrement à la chaux, le toit aussi, posées sur un terrain orangé certes, car le ciel du Midi et la Méditerranée bleue provoquent un orangé d’autant plus intense que la gamme des bleus est plus montée de ton. La note noire de la porte, des vitres et de la petite croix sur le faîte font qu’il y ait un contraste simultané de noir et bleu agréable à l’œil ».

Ces maisons ont aujourd’hui disparu, mais il reste encore dans le village quelques cabanes de gardian typiques qui, comme aurait dit Van Gogh, sont agréables à l’œil. Sachons les conserver car elles font partie de notre patrimoine.

Van gogh la mer aux saintes maries

La cabane de gardian du Camarguais aux Saintes Maries de la Mer

L’œuvre de Van Gogh

Durant sa semaine passée aux Saintes Maries, Van Gogh réalise onze dessins et trois toiles. Une fois rentré à Arles, il exécute six dessins, quatre toiles et une aquarelle à partir des études réalisées sur place.

Quelle est l'histoire des Saintes

Construite près de l'embouchure du Petit-Rhône, l'Eglise des Saintes Maries de la Mer avait une position stratégique importante. Au moment de son édification, aux IX° et XII° siècles, les pirates sévissaient sur la côte et il fallait se défendre contre les invasions.

Pourquoi le nom Les Saintes

Au premier siècle, chassées de Palestine lors des persécutions des chrétiens, Marie Jacobé Marie Salomé et leur servante Sara auraient accosté sur le rivage méditerranéen des Saintes-Maries-de-la-Mer.

Qui sont les Saintes

Chassées de Palestine à la mort du Christ, Marie-Madeleine, Marie Salomé et Marie Jacobé, accompagnées de Trophime, Marthe, Lazare, Saturnin, Maximin ainsi que de leur servante Sara, auraient navigué dans une barque sans voile ni rame et échoué sur les rives de l'actuel village des Saintes-Maries-de-la-Mer.

Quelle est la meilleure œuvre de Van Gogh ?

La Nuit étoilée est peut-être le tableau le plus connu de Van Gogh. Le tableau représente ce que Van Gogh pouvait voir et imaginer depuis la chambre qu'il occupait dans l'asile du monastère Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence en mai 1889.