Tout le bonheur du monde claire lombardo

Au cœur de l’Amérique contemporaine, quatre sœurs liées par un amour-haine partagent leurs espoirs et leurs déboires. Les parents sont là pour panser les plaies : maison accueillante, jamais une fête ratée et une vie sexuelle exemplaire. Un roman pour les dimanches de pluie, drôle et percutant.

Antoinette de Perrot, Libraire, Payot-Lausanne – Mars 2021


À peine quelques mois après la sortie en juin 2019 de Tout le bonheur du monde (The Most Fun We Ever Had), premier roman de Claire Lombardo, jeune trentenaire originaire de Chicago, le magazine Variety annonçait qu’Amy Adams et Laura Dern allaient en produire l’adaptation pour la chaîne HBO. La pandémie ayant ralenti le projet, peu d’éléments ont été dévoilés à la suite de cette nouvelle.

En traversant les 700 pages de la saga familiale campée en banlieue de Chicago des années 1970 à aujourd’hui, force est de constater ce qui a pu séduire les deux actrices. Dans la veine des Ann Patchett (La maison des Hollandais, Actes Sud, 2021), Liane Moriarty (Petits secrets, grands mensonges, Albin Michel, 2016) et Dan Fogelman, créateur de la série mélo Notre vie (This Is Us), Claire Lombardo sait s’y prendre pour créer des personnages qui, à défaut d’être totalement crédibles, s’avèrent attachants malgré tous leurs travers et imperfections.

« Marilyn avait embrassé la maternité une première fois sans le vouloir, puis égrené un chapelet de filles, chacune avec sa couleur de cheveu et son degré d’inadéquation à la vie. » C’est ainsi que la romancière présente la mère du clan Sorensen lors du mariage de l’aînée Wendy, soit 16 ans avant l’événement qui bouleversera le destin de cette sororie dysfonctionnelle née de parents qui s’aiment et se désirent comme au premier jour. « Wendy voyait le fait d’avoir des parents beaux comme une malédiction. Or David et Marilyn ressemblaient à des mannequins de chez Ralph Lauren. »

Après cette brève présentation, Claire Lombardo entreprend de raconter une année dans la vie des sœurs Sorensen, celle où Wendy, riche veuve alcoolique sans enfant, retrouve Jonah, fils que la parfaite Violet, mariée et mère de deux petits garçons, qu’elle a eu en cachette de ses parents et donné en adoption. En plus de subir les contrecoups de l’arrivée de l’adolescent dans leur vie, les cadettes Liza et Grace traversent diverses épreuves. La première, enceinte, voit son couple s’étioler ; la seconde n’ose dire à ses parents qu’elle a été refusée à l’université.

Pour corser le tout, l’autrice ne se contente pas d’un récit linéaire. En fait, elle le construit à la manière d’un album de photos de famille qu’on feuilletterait dans le désordre, en faisant fi de la succession des décennies, comme une suite de clichés instantanés dévoilant des pans de vie. Aux anecdotes cocasses et coquines se succèdent grands et petits drames.

Et il y en tout un lot dans cette famille où la rivalité entre sœurs n’a d’égale que la tendresse qui les unit. Assez pour tenir durant quatre saisons à l’antenne de HBO. Par ailleurs, la romancière manie si bien l’art definir chaque chapitre en suspens qu’on croirait qu’elle a déjà pensé où insérer les pauses publicitaires.

Hormis quelques chansons et titres d’émissions qu’elle sème çà et là en guise de repères temporels, Claire Lombardo se soucie peu du climat sociopolitique, passant à côté de l’occasion de nous donner le pouls d’une Amérique en constante évolution. Alors que les Sorensen paraissent à l’abri de toute intempérie extérieure, leurs traits de caractère, bien que forcés, parviennent à toucher l’universel.

Une histoire de famille sur plusieurs décennies. Déjà il y a de bonnes chances que ça me plaise ! Les parents, un couple éternellement amoureux qui met la barre haute dans l'esprit de leurs quatre filles. Des secrets bien sûr ... Des personnages que l'on découvre et apprend à connaître de mieux en mieux au fur et à mesure des pages. Un vrai régal !!

  • Marilyn et David se sont connus à la fac, en 1975. Entre eux, cela a été comme une évidence. Si lui a terminé ses études de médecine, elle a arrêté à la naissance de son premier enfant, Wendy. Et sa vie de mère, d'épouse et femme au foyer a été grandement occupée puisqu'ont suivi trois autres filles, Violet, Liza et Grace, la petite dernière née 9 ans après. Celle-là même qui, aujourd'hui, diplômée du prestigieux Reed College, s'est installée à Portland et attend, fébrilement, la réponse de la fac de droit de l'Oregon. Le jour-même, Liza l'appelle, tout en joie, et lui annonce qu'elle vient d'être nommée prof à la fac. Quant aux ainées, qu'à peine une année sépare, leur relation connaît, depuis toujours, des hauts et des bas. Et ce n'est pas l'enfant caché de Violet, aujourd'hui ado de 15 ans, et retrouvé par Wendy, qui va arranger les choses entre elles... Sur plus de quarante ans, l'on va suivre la vie de la famille Sorenson. De Marylin et David qui, après tant d'années de mariage, se vouent un amour indéfectible, aux quatre filles qui ont chacune un caractère bien trempé. Wendy, la forte tête que la vie a malmenée... Marilyn et David se sont connus à la fac, en 1975. Entre eux, cela a été comme une évidence. Si lui a terminé ses études de médecine, elle a arrêté à la naissance de son premier enfant, Wendy. Et sa vie de mère, d'épouse et femme au foyer a été grandement occupée puisqu'ont suivi trois autres filles, Violet, Liza et Grace, la petite dernière née 9 ans après. Celle-là même qui, aujourd'hui, diplômée du prestigieux Reed College, s'est installée à Portland et attend, fébrilement, la réponse de la fac de droit de l'Oregon. Le jour-même, Liza l'appelle, tout en joie, et lui annonce qu'elle vient d'être nommée prof à la fac. Quant aux ainées, qu'à peine une année sépare, leur relation connaît, depuis toujours, des hauts et des bas. Et ce n'est pas l'enfant caché de Violet, aujourd'hui ado de 15 ans, et retrouvé par Wendy, qui va arranger les choses entre elles... Sur plus de quarante ans, l'on va suivre la vie de la famille Sorenson. De Marylin et David qui, après tant d'années de mariage, se vouent un amour indéfectible, aux quatre filles qui ont chacune un caractère bien trempé. Wendy, la forte tête que la vie a malmenée ; Violet, mariée et mère de deux garçons, soucieuse des apparences ; Liza, la plus discrète et la plus conciliante ; et enfin, Grace, la petite dernière qui se cache derrière ses mensonges. Chacune connaît (ou a connu) son lot de déboires, de chagrin, de bonheur aussi, et surmonte, autant que faire se peut, les épreuves de la vie. En alternant passé et présent, Claire Lombardo donne à voir des instantanés de vie, des moments marquants ou des anecdotes croustillantes. Entre secret, mensonge, rire, larme, coup bas, jalousie, entraide, amour, sororité... l'on ne s'ennuie pas un seul instant tant la galerie de personnages, finement dépeinte et fouillée, est extrêmement attachante et touchante. Avec talent et beaucoup de tendresse, Claire Lombardo explore le concept de famille, dans tout ce qu'elle recèle de complexité. C'est avec un petit pincement au cœur que l'on referme alors cet album de famille...

  • La vie d’une famille américaine, faite de ses aléas, ses déceptions mais surtout de tout son amour. Un vrai coup de cœur qui n’est pas sans rappeler la série télévisée « This is us ». Le temps passe, tout le monde vieillit mais il est clair qu’on ne souhaite pas voir la fin du roman arriver. Une écriture simple, suffisamment détaillée pour s’y plonger sans vouloir lever la tête.

    Reflet de la réel complexité humaine et de la complexité de leurs relations. J'ai beaucoup aimé le roman, autant l'histoire que les personnages si bien dépeints. Je ne connaissais pas cet auteur et je suis agréablement surprise. Le roman est adictif et se devore. Quand il se termine on est en manque ou en deuil comme si on perdait les membres d'une famille adoptive.

    Tout le bonheur du monde dépeint l’histoire d’une famille (presque) ordinaire. Les quatre filles, toutes accablées par des problèmes, essayent d’avancer dans leur vie en ayant pour modèle la relation idéale, passionnelle et fusionnelle de leurs parents. Ce modèle, plus que positif, devient finalement un défi perpétuel pour les quatre filles qui n’arrivent pas à l’atteindre. Quand le bonheur parentale mène au malheur des enfants. J’ai apprécié cette saga familiale dans laquelle chaque personnage a sa place. Les relations, les sentiments, les vies de chacun d’entre eux sont décrits avec beaucoup de précisions. Ils nous énervent parfois, nous font rire d’autre fois, mais nous nous attachons à chacun d’eux. J’ai aimé partager, le temps de ces 700 pages, la vie de cette famille bancale, mais si humaine et réaliste, pour qui tout le bonheur du monde n’est pas une évidence.