Maupassant conte du jour et de la nuit

Il n'est jamais aussi bon, ce diable De Maupassant, que quand il jette son d�volu sur les d�sh�rit�s, les petites gens mesquines ou les pauvres bougres pitoyables.
Comme son nom l'indique, ce recueil explore des directions contradictoires, pas toujours avec le m�me bonheur, mais il s'agit, � n'en pas douter d'un des bons recueils de l'auteur.
La nouvelle la plus connue du recueil est probablement La Parure, sorte de descente aux enfers d'une brave et belle jeune femme par p�ch� d'orgueil et de para�tre, mais ce n'est pas celle qui me pla�t le plus dans ce livre.
J'ai mieux aim� les coins glauques que nous d�peint l'auteur, notamment dans L'Ivrogne ou le Gueux, ou bien encore l'absence de sens moral paysan dans le Vieux.
J'�l�ve sans peur ces trois nouvelles en mon panth�on personnel des nouvelles De Maupassant.
Vous y trouverez encore mille ravages des comportements adult�rins comme dans le P�re, L'Aveu, le Petit, certains souvenirs coloniaux issus des voyages ou rencontres de voyages de l'auteur comme La main ou Tombouctou, les d�nonciations de la cruaut� inflig�e aux animaux comme dans Coco ou La Roche Aux Guillemots, mais aussi les jalousies et les souffrances des �corch�s de la vie comme dans le Bonheur, Histoire Vraie, La Confession ou Un L�che, les angoisses du temps qui passe comme dans Souvenir ou Adieu, les vengeances meurtri�res comme dans Une Vendetta ou Un Parricide.
Bref, du Maupassant pur jus, qui ne s'int�resse gu�re qu'aux c�t�s obscurs qui si�gent en chacun de nous.
Le recueil contient au total vingt et une nouvelles et donc en plus des nouvelles sus-mentionn�e, vous trouverez �galement dans ce recueil : le Crime Au P�re Boniface, gentille farce sur la na�vet� d'un facteur et Rose, une femme de chambre au-dessus de tous soup�ons... vraiment tous ?
S'il me faut me prononcer, je consid�re qu'il s'agit d'un bon recueil mais pas le meilleur de son auteur.
Mais une fois encore, tout ceci, n'est bien s�r que mon avis, c'est � dire, pas grand-chose.
N. B. : il n'est pas impossible que la nouvelle intitul�e Histoire Vraie ait fortement inspir� la c�l�bre chanson "Mirza" de Nino Ferrer, car jugez plut�t :
"Toutes les fois que j'y pense, �a me rappelle Mirza, ma chienne, que j'avais vendue au comte d'Haussonnel et qui revenait tous les jours, d�s qu'on la l�chait, tant elle ne pouvait me quitter. � la fin je m'suis f�ch� et j'ai pri� l'comte de la tenir � la cha�ne."

+ Lire la suite

Mes incursions en litt�rature classique sont rares, je d�couvre Guy de Maupassant � la faveur de ce recueil de 21 courtes nouvelles lues sur plusieurs semaines entre deux lectures plus consistantes.
J'ai beaucoup appr�ci� cette tr�s belle �criture, cette fluidit� ainsi que cette facilit� � construire des histoires solides en si peu de mots, Guy de Maupassant excelle dans cet exercice ardu qu'est la nouvelle, c'est une �vidence.
L'auteur va, � travers la grande variation des th�mes abord�s nous faire passer par toute la gamme des �motions en observateur averti de la psychologie de son temps , de l'amour le plus beau � la haine la plus extr�me en passant par l'empathie, la cruaut�, l'indiff�rence ou la cupidit�.
Une vingtaine de r�cit qui sont autant d'anecdotes ou de petites histoires bien construites et qui seront d�pourvues de justification ou de morale le plus souvent, nous laissant tant�t songeurs, tant�t stup�faits ou horrifi�s.
Je pense que je lirai un autre recueil d'ici peu avant de, pourquoi pas, m'attaquer � un format plus long car j'aime beaucoup le style de l'auteur qui n'a pas tant vieilli que cela.

+ Lire la suite

Guy de Maupassant est devenu c�l�bre autant par ses textes courts, contes ou nouvelles, que par ses romans. � la lecture de ses Contes du jour et de la nuit, on comprend pourquoi.
L'�criture est plut�t simple et directe, usant sans abuser de dialogues et de narrations � la premi�re personne. Elle a sans doute pris quelques rides (on utiliserait sans doute moins aujourd'hui les d�formations de la langue propres � certains protagonistes, par exemple), mais n'a pas trop vieilli.
Les r�cits manient facilement l'humour et la d�rision ils sont souvent noir et violents, mais ils n'oublient jamais l'humanit� et la compassion.
Ce n'est sans doute pas le meilleur recueil de contes de l'auteur, mais on ne s'ennuie pas � sa lecture, on y trouve m�me beaucoup de plaisir !
- J'ai beaucoup aim� : le crime au p�re Boniface ; La parure ; le bonheur : Une vendetta ; Un parricide ; La roche aux guillemots ; Tombouctou ; Adieu ; Souvenir ;
- J'ai bien aim� : L'aveu ; Un l�che ; le vieux ; L'ivrogne ; le petit le gueux ; Une histoire vraie ; La confession ;
- J'ai moins aim� : Rose ; le p�re ; Coco ; La main.

Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..

+ Lire la suite

Contes du jour et de la nuit est un recueil de nouvelles �crites par Guy de Maupassant. Comme il est �voqu� dans le titre, ces nouvelles qui relatent des �pisodes de la vie quotidienne, sont contrast�es, passant du jour � la nuit, du clair � l'obscur. Ce sont parfois des sc�nes de la vie de tous les jours ou bien des faits divers, de petits tableaux saisis dans le vif o� s'agitent des personnages ordinaires ou extraordinaires, tendres ou sordides, mesquins ou g�n�reux, cruels ou malheureux, victimes ou bourreaux... M�me les paysages qui accueillent ces courts r�cits sont baign�s de ce contraste. Il y a parfois la lumi�re ber�ant le paysage, qui n'est toutefois pas la m�me lorsqu'il s'agit du Pays de Caux ou bien d'Ajaccio. La mer pareillement, celle de la Manche ou de la M�diterran�e, n'a pas les m�mes reflets ici ou l�. Et puis parfois la lumi�re se retire comme une vague, laissant le paysage plong� dans les t�n�bres. M�me la nature a dans ces contes une mani�re de vous s�duire puis de vous abandonner � votre propre sort, tandis que les coeurs aussi se plongent parfois dans des t�n�bres abyssales.
Maupassant n'a pas son pareil pour nous prendre la main et venir nous entra�ner dans la r�alit� crue o� la nature humaine peut d�voiler parfois le meilleur comme le pire. Ici, avouons-le d'embl�e, c'est tout de m�me le pire qui domine dans ces nouvelles.
Maupassant est un magnifique peintre de l'�me humaine. En fin observateur et chroniqueur, il nous restitue les personnages de ces nouvelles dans une authenticit� saisissante. J'y ai d�couvert un r�alisme cynique qui fait parfois froid dans le dos. L'auteur ne juge pas, il r�v�le, d�voile ces �tres avides, m�chants, idiots, l�ches, na�fs, cupides, fragiles, pervers, infid�les, ivrognes, goujats, bon j'arr�te l� le floril�ge de qualit�s ! mais en tous cas ce sont l� quelques caract�res tels qu'ils sont dans l'ironie de leurs destins... Dans ce d�sastre, j'ai pens� � cette citation c�l�bre : � L'homme est un loup pour l'homme �.
Les a-t-il connus, tous ces personnages d�peints ici, ou peut-�tre du moins celles et ceux qui les ont inspir�s ? J'en serai � peine �tonn�. Certes il y a l'imaginaire de l'�crivain, mais Maupassant a un partis pris, celui d'aller chercher la part sombre du genre humain, gratter l� o� �a n'est pas beau, l� o� �a fait mal, l� o� c'est sombre et glauque...
Un facteur un peu na�f s'agissant des affaires de l'amour, un enfant cruel avec un vieux cheval us�, un vieux qui n'en finit pas de mourir, un enfant abandonn� qui demande r�paration, un ivrogne qui rentre chez lui, un homme et une femme qui d�cident de s'aimer contre la destin�e qui n'�tait pas la leur... Parfois on effleure dans ces contes la folie ordinaire.
Dans cette ironie du sort qui fonde bon nombre de ces nouvelles, on pourrait se demander : qui du destin ou de celui qui raconte l'histoire est le plus cruel ?
Autre contraste aussi pertinent que celui du jour et de la nuit : l'illusion de l'instant et les outrages du temps. Terriblement cruel !
Sous les mots et la peinture De Maupassant, connaissant un peu l'auteur, j'ai pens� qu'il n'est pas �tonnant de voir les personnages f�minins na�tre, tenter quelques escapades vers un bonheur furtif, croire en l'amour, m�me s'il est vain, se perdre et s'abimer dans un quotidien qui d�truira leurs derni�res illusions.
Pass�s le d�sir et les premiers �mois amoureux, les d�sillusions viennent vite... � Il n'y a pas d'amour heureux �, disait Aragon.
Le bonheur entrevu un soir est-il un mirage, un cauchemar, quelque chose d'�ph�m�re ?
Dans ces contes, l'amour devient vite une pulsion destructrice, �ros et thanatos sont ici au rendez-vous.
Parfois le fantastique n'est jamais loin, ou du moins l'inexplicable, aime � pr�ciser un des personnages de cette saisissante nouvelle qu'est La Main.
Parfois je me suis demand� si ces personnages n'�taient pas des marionnettes qui s'agitent dans les mains diaboliques De Maupassant pour son plus grand plaisir tant il m'a sembl� sentir presque une jubilation de l'auteur face � la vacuit� de l'humanit�...
Parfois il confie la narration � d'autres personnages , on sait ce proc�d� de narration tr�s efficace et ici il fait mouche � plusieurs reprises.
J'ai imagin� Maupassant chasseur de faits divers dans la presse locale. C'est un conteur hors pair, talentueux dans la mani�re de d�crire, autant la beaut� et la force de la nature et des paysages que l'insignifiance des personnages qui les habitent.
� la fin de cette lecture, je me suis demand� ce que serait Maupassant de nos jours, quel regard il porterait sur nos faits divers, sur notre humanit� ordinaire, quelle serait sa mani�re de s'en emparer et de les retourner vers nous comme de cruels miroirs...

+ Lire la suite

Les personnages des Maupassant sont des �tres creux, insipides et fragiles, comme des coquilles d'oeuf se tenant sur une pointe d'�pingle. Un petit rien, l'�quilibre est rompu et le tout est redevenu poussi�re.
Malgr� cela, on finit toujours par se laisser gagner car il ne nous les impose que l'instant de quelques phrases, toutes pleines d'un style � couper le souffle. Car tout est l�, chez Maupassant, dans ce style, et, si les personnages ne sont rien, ils ne comptent plus pour nous non plus, car leur �tre devient ce style m�me et plus rien d'autre.
In other words : cela ne se lit pas, mais se regarde, sauf si l'on y correspond dans son �tre m�me�

Le boulevard, ce fleuve de vie, grouillait dans la poudre d�or du soleil couchant. Tout le ciel �tait rouge, aveuglant ; et une immense nu�e flamboyante jetait dans toute la longue avenue une oblique averse de feu, vibrante comme une vapeur de brasier. La foule gaie, palpitante, allait sous cette brume enflamm�e et semblait dans une apoth�ose. Les visages �taient dor�s ; les chapeaux noirs et les habits avaient des reflets de pourpre ; le vernis des chaussures jetait des flammes sur l�asphalte des trottoirs. Devant les caf�s, un peuple d�hommes buvait des boissons brillantes et color�es qu�on aurait prises pour des pierres pr�cieuses fondues dans le cristal.

+ Lire la suite

Le vent du nord soufflait, d��normes nuages, lourds et noirs, jetaient en passant des averses furieuses. La mer d�mont�e mugissait et secouait la c�te, pr�cipitant sur le rivage des vagues �normes, qui s�en venaient l�une apr�s l�autre, hautes comme des montagnes, �parpillant dans l�air, sous les rafales, l��cume blanche de leurs t�tes. L�ouragan s�engouffrait dans le petit vallon, arrachant les ardoises des toits, brisant les auvents, abattant les chemin�es. On ne pouvait marcher qu�en se tenant aux murs, et les enfants eussent �t� enlev�s comme des feuilles et jet�s par-dessus les maisons. On avait h�l� les barques de p�che par crainte de la mer qui allait balayer la plage et quelques matelots regardaient le fracas des �l�ments en furie.

+ Lire la suite

L'Italie, ou chaque palais, plein de chefs-d'oeuvre, est un chef-d'oeuvre lui m�me, ou le marbre, le bois, le bronze, le fer, les m�taux et les pierres attestent le g�nie de l'homme, ou les plus petits objets anciens qui tra�nent dans les vieilles maisons r�v�lent ce divins souci de la gr�ce, est pour nous tous la patrie sacr�e que l'on aime parce qu' elle nous montre et nous prouve l'effort, la grandeur, la puissance et le triomphe de l'intelligence cr�atrice.

+ Lire la suite

Une cloche d'�glise sonnait au loin.
Et, tout doucement, ils s'embrass�rent, puis s'etreignirent, �tendus dans l'herbe, sans conscience de rien que de leur baiser. Elle avait ferm� les yeux et le tenait � pleins bras, le serrant �perdument, sans une pens�e, la raison perdue, engourdie de la t�te aux pieds dans une attente passionn�e. Et elle se donna tout enti�re sans savoir ce qu'elle faisait, sans comprendre m�me qu'elle s'�tait livr�e � lui.
Elle se r�veilla dans l'affolement des grands malheurs et elle se mit � pleurer, g�missant de douleur, la figure cach�e sous ses mains.

+ Lire la suite

Un ti�de soleil d�automne tombait dans la cour de ferme, par−dessus les grands h�tres des foss�s. Sous le gazon tondu par les vaches, la terre, impr�gn�e de pluie r�cente, �tait moite, enfon�ait sous les pieds avec un bruit d�eau ; et les pommiers charg�s de pommes semaient leurs fruits d�un vert p�le, dans le vert fonc� de l�herbage. Quatre jeunes g�nisses paissaient, attach�es en ligne, meuglaient par moments vers la maison ; les volailles mettaient un mouvement color� sur le fumier, devant l��table, et grattaient, remuaient, caquetaient, tandis que les deux coqs chantaient sans cesse, cherchaient des vers pour leurs poules qu�ils appelaient d�un gloussement vif. La barri�re de bois s�ouvrit ; un homme entra, �g� de quarante ans peut−�tre, mais qui semblait vieux de soixante, rid�, tordu, marchant � grands pas lents, alourdis par le poids de lourds sabots plein de paille. Ses bras longs pendaient des deux c�t�s du corps. Quand il approcha de la ferme, un roquet jaune, attach� au pied d�un �norme poirier, � c�t� d�un baril qui lui servait de niche, remua la queue, puis se mit � japper en signe de joie. L�homme cria : − A bas, Finot ! Le chien se tut. Une paysanne sortit de la maison. Son corps osseux, large et plat, se dessinait sous un caraco de laine qui serrait la taille. Une jupe grise, trop courte, tombait jusqu�� la moiti� des jambes, cach�es en des bas bleus, et elle portait aussi des sabots pleins de paille. Un bonnet blanc, devenu jaune, couvrait quelques cheveux coll�s au cr�ne, et sa figure brune, maigre, laide, �dent�e, montrait cette physionomie sauvage et brute qu�ont souvent les faces des paysans.

+ Lire la suite