Hotel le chardon bleu sainte maxime

Surrounding a beautiful outdoor courtyard garden, Le Chardon Bleu is a boutique hotel that enjoys a central location in the French Riviera resort of Sainte-Maxime. The sandy City Centre Beach lies three minutes’ walk away on the shores of the Gulf of Saint-Tropez. The remodelled, air-conditioned rooms with stylish decor sleep up to four guests. Flat-screen TVs, minibars, safes, and en-suite bathrooms all feature. Upgrade rooms add balconies or terraces with Mediterranean Sea views. Drivers can find public parking at locations nearby. Inside the hotel, there is the added bonus of free Wi-Fi throughout. A tasty continental breakfast is served in an indoor dining area or out in the courtyard. Eateries located within five minutes’ stroll include La Dolce Vita, for Italian meals, and Le Brasserie W, serving French cuisine. Le Chardon Bleu sits three kilometres from the Aqualand Sainte-Maxime waterpark. Now a museum, the 16th-century Tour Carrée, which was the cornerstone of the city’s defences in medieval times, lies about 500 metres away.

L’Hôtel le Chardon Bleu est situé à seulement 80 mètres de la plage de Sainte-Maxime, à proximité du port de plaisance. L’établissement propose des chambres climatisées dotées d’un balcon ou d’une terrasse et d’une connexion Wi-Fi gratuite. Les chambres disposent d’une télévision, d’un téléphone, d’un réfrigérateur, d’un coffre-fort et d’une salle de bains privative moderne. Vous pourrez profiter d’un jardin, et un petit-déjeuner est servi tous les matins. Des places de parking publiques gratuites et payantes sont disponibles à proximité. Vous aurez la possibilité de pratiquer de nombreuses activités dans les environs, telles que la voile, la planche à voile, la plongée sous-marine, la pêche, le tennis et la balnéothérapie.

L’hôtel de charme trois étoiles Le Chardon Bleu, calme et confortable, est situé à cinquante mètres de la plage, du port et du centre-ville.

Les petits-déjeuners, servis dans le jardin au milieu des citronniers, sont composés quotidiennement de produits maison.

Parmi les attractions à proximité, il y a Port de Sainte-Maxime (0,3 km), Promenade Aymeric Simon Lorière (0,09 km) et Eglise Sainte-Maxime (0,4 km).

Pouvez-vous citer quelques services disponibles dans Hôtel Le Chardon Bleu ?

Parmi les services les plus populaires, il y a wi-fi gratuit, buffet petit déjeuner et stockage des bagages.

Quels sont les équipements disponibles dans les chambres de Hôtel Le Chardon Bleu ?

Les principaux équipements des chambres incluent climatisation, télévision à écran plat et réfrigérateur.

Peut-on se garer chez Hôtel Le Chardon Bleu ?

Oui, parking public payant à proximité est à la disposition des clients.

Quels sont les restaurants proches de Hôtel Le Chardon Bleu ?

Exemples de restaurants bien situés : Le Brooklyn 83, La Petite Maison et Entrepotes 83.

Hôtel Le Chardon Bleu est-il proche du centre-ville ?

Oui, il est à 0,1 km du centre de Sainte-Maxime.

Y a-t-il des sites historiques proches de Hôtel Le Chardon Bleu ?

De nombreux voyageurs aiment visiter Vivier Gallo-Romain des Issambres (7,7 km) et La Pyramide De Tourves (4,9 km).

NB : le 15 janvier 1883, la cour d'assises de la Meuse condamne � perpetuit� Auguste Namin, 19 ans, le fils de Catherine Gerbeaux. D�j� condamn� deux fois pour vols et abus de confiance, lib�r� de la prison de Bar-le-Duc le 21 janvier 1882, le lendemain, blesse gravement � coups de poing dans le visage Louise Mathieu, 7 ans : il s'�tait introduit dans la bergerie Mathieu, au lieu-dit "La Grange aux Champs", pr�s de Ligny, afin de cambrioler la maison mais avait �t� surpris par l'enfant.

R�veill�s � 6h15. Lahaye est surpris, mais comprend vite, avant m�me qu'on ne le lui annonce : "Tout est donc r�gl� ? Le moment est venu ?" Il passe pantalon et gilet, et demande s'il est n�cessaire d'enfiler sa blouse. Catherine �tait r�veill�e aussi. Elle �clate en sanglots, mais dit : "Je suis pr�te. Je sais que j'ai m�rit� la mort. Seulement, on aurait d� me pr�venir hier pour que je puisse encore recommander mon �me � Dieu !" Au greffe, les amants et complices s'embrass�rent une derni�re fois en se demandant mutuellement pardon de s'�tre accus�s l'un l'autre.11 janvier 187205 mars 1872Mardi,
7hMarquise
Pas-de-CalaisFran�ois-Joseph Lemettre26 ans, surnomm� "Le Troppmann du Nord". En 1864, met le feu � la grange de la ferme d'Onglevert � Audresselles, puis � la ferme Framery. Agresse le 19 septembre 1869 Philippe Pruvost, brasseur, 19 ans, pour le voler et le laisse pour mort. Au cours de la m�me ann�e 1869, �trangle, vole et viole trois gars de son �ge : Adolphe Cugny, 22 ans, Eug�ne Foucart, 19 ans, retrouv�s morts en pleine rue, et F�licien Malfoy, 26 ans, dont il jette le corps dans un puits de la ville. La nuit de No�l 1869, pendant la messe de minuit, pille le presbyt�re et vole argenterie et monnaie.Extrait de la prison de St-Omer le 04 mars � 23 heures et transport� en voiture jusqu'� Marquise o� il arrive � 5 heures du matin. Au lieu de proc�der � la toilette � la mairie, comme initialement pr�vu, les officiels profitent de la g�n�rosit� d'un bourgeois qui r�side place du March�-aux-Bestiaux, lieu d'ex�cution. Dans un salon priv�, devant un bon feu, Lemettre se r�chauffe et boit une tasse de caf� noir. Tr�s calme, ferme, ne proteste pas une seule fois, sauf quand on d�coupe son col : "Une chemise toute neuve ! Quel dommage !". L'abb� Fanet, aum�nier de St-Omer, l'exhorte � se repentir, ce qu'il fait. Entre 5.000 et 12.000 personnes pr�sentes. Trois quarts d'heure avant le supplice, une tribune install�e par un profiteur s'�croule sous le poids des spectateurs : six ou sept personnes se blessent, ce qui ne les emp�che pas de se re-installer sur la tribune sit�t celle-ci remont�e.03 janvier 187211 mars 1872Lundi,
6hVersailles
Seine-et-OiseGustave Br�l�32 ans, sabotier. Tua � Vernoy, ferme des Gu�rins, dans la nuit du 9 ao�t 1870 le sieur Griffaud � coups de tiers-point et tenta d'assassiner son fils Ernest pour voler une bo�te de jetons et de cartes � jouer. Condamn� dans l'Yonne, arr�t cass� en octobre 1871, recondamn� � Melun, arr�t cass� de nouveau le 08 d�cembre, recondamn� � Versailles. Son fr�re cadet Benoni, son complice, condamn� � perp�tuit�, ne s'�tait pas pourvu en cassation.R�veill� � 4h30. "Ah, c'est pour aujourd'hui ? Je m'y attendais. D'ailleurs, je l'ai bien m�rit�. Combien de temps ai-je encore � vivre ?" "Jusqu'� six heures", r�pond le pr�tre. "Eh bien, je suis content de mourir." Il �crit au pr�sident Thiers pour demander de la cl�mence envers son fr�re. Il boit un verre de vin, puis entend la messe. Apr�s la toilette, avant de monter dans le fourgon, remercie les gardiens et le directeur de la prison. Au Pont-Colbert, il se montre satisfait que ce soit la fin. En descendant, il dit : "Messieurs, je vous dirai que je suis coupable et que j'ai m�rit� la mort. Mais c'est ma ma�tresse, Mme Griffaud, qui m'a pouss� au crime. Quant � mon fr�re, il n'a rien fait, et j'ai �crit � son Excellence M. Thiers pour qu'il fasse descendre sa cl�mence sur lui." Puis l'aum�nier Folley l'embrasse et il est pouss� sur la bascule.ao�t 1871, 18 novembre 1871, 26 janvier 1872.04 avril 1872Jeudi,
5hTroyes
AubeL�on-Constant Bourgogne19 ans. Sur les conseils de sa m�re, tua pour les voler sa tante, la veuve Bourgogne (7 coups de couteau), sa cousine Mme Verrot (23 coups) et l'enfant de celle-ci, Emile, ag� de 7 ans (7 coups), le 05 janvier 1872 � Nogent-sur-Aube. Il �pargna le p�re de la veuve Bourgogne, le vieux Jacques Paret, endormi et sourd comme un pot. Sa m�re et instigatrice du crime, Caroline-Jeanne Bourgogne-Kurtz, 49 ans, est condamn�e � perp�tuit�.R�veill� � 4h30. Se doutait qu'il ne serait pas graci�. En apprenant la nouvelle, se met � trembler comme une feuille. "C'est donc fini !" g�mit-il. Pendant la toilette, pris de faiblesse, demande un verre de vin, qu'il n'avale qu'avec peine. D�sire �crire � sa m�re, d�tenue � la centrale d'Auberive, mais n'y parvient pas : l'aum�nier promet de lui transmettre ses derni�res paroles. Pendant le trajet vers la place Saint-Jacques, ne cesse de parler de sa m�re. Arriv� au pied de la guillotine, dress�e pr�s du mur du couvent de Saint-Martin, a un mouvement de recul qu'il refr�ne vite et meurt courageusement. 6.000 personnes pr�sentes. Suite au d�c�s de Jean-Fran�ois Heidenreich, le 27 mars, ex�cution accomplie par Nicolas Roch, premier adjoint, � la veille de sa titularisation officielle en tant que chef.22 f�vrier 187209 avril 1872Mardi,
5h10Melun
Seine-et-MarneAuguste-Isa�e Ducorbier26 ans, cultivateur � Rebaix. Fit assassiner � coups de hache le 21 novembre 1871 son �pouse Marie Fallet, enceinte de cinq mois, par un ouvrier agricole Bertin, 34 ans, pour 2.000 francs. Condamn� le m�me jour que Ducorbier � la r�clusion perp�tuelle, Bertin se pendit le soir-m�me.R�veill� � 4h50. R�veill� en sursaut, p�lit terriblement : "Mon Dieu ! Mon Dieu ! Est-ce possible ?" A la demande de l'aum�nier, se r�signe. Toilette sans histoires : demande un verre d'eau-de-vie qu'il avale d'un trait. Demande des nouvelles de sa vieille m�re malade, et s'inqui�te pour ses deux enfants en bas �ge que son ex�cution va laisser orphelins : "Mes pauvres enfants ! Que vont-ils devenir ?" Arriv� devant la porte du cimeti�re, route de Meaux, lieu d'ex�cution, il est rapidement bascul�, mais en l'absence des bourreaux, quelqu'un avait retir� le levier de commande, et Nicolas Roch passa une bonne minute � le chercher avant de pouvoir accomplir son office. 1.000 personnes pr�sentes.12 f�vrier 187213 avril 1872Samedi,
4h50M�zi�res
ArdennesJean-Baptiste Auguste Loth et F�licit� Lombin, �pouse Loth31 ans, mar�chal-ferrant et 55 ans, sans profession. Couple sans domicile. Apr�s l'avoir rencontr� dans un cabaret de Reims, con�urent le plan de tuer M.Leroi, messager de Reims � Rethel pour le voler. S'embusqu�rent dans la soir�e du 23 septembre 1871 au carrefour d'Isles-sur-Suippe et quand Leroy arriva dans sa voiture, Loth lui sauta dessus, le frappa � coups de couteau et tra�na le mourant vers le foss�. Sur le conseil de sa femme, lui scie le cou avec son couteau. Butin bien maigre : uniquement le contenu de ses poches, soit 300 francs � peine.F�licit� r�veill�e la premi�re � 4h. Pleure � chaudes larmes : "Je meurs innocente, ce qui m'a perdue, ce sont les mauvaises compagnies !" Loth, lui, est calme et r�sign�. La toilette est effectu�e dans le vestibule. Pris d'un tremblement, Loth doit boire un verre de liqueur pour se donner du courage. Roch lui demande : "Est-ce que je vous fais mal ? C'est une simple formalit�." L'abb� Millard lui demande de faire preuve de courage. F�licit� s'asseoit tranquillement pour la toilette. Proteste quand on lui retire son bonnet, mais Roch promet de le lui rendre et lui pose sur les genoux. A sa demande �galement, il garde une m�che de cheveux de c�t� pour qu'elle soit remise � sa famille. Avant de monter dans le fourgon, � l'initiative de l'aum�nier, les �poux s'embrassent et se pardonnent : "Quel malheur !" g�mit F�licit�. A l'arriv�e place des ex�cutions, route de Rethel, la femme passe la premi�re avec calme. Son mari assiste � toute la sc�ne, impassible, avant d'�tre d�capit� � son tour.22 f�vrier 187219 avril 1872Vendredi,
5hDijon
C�te-d'OrPierre-Jean Rouette26 ans, journalier � Chevigny-sous-B�ze. Etrangla le 18 septembre 1871, la veuve Magnien � Noiron-sous-B�ze (sa mort passe pour une attaque d'apoplexie), le 7 novembre 1871, la veuve Cornot, �galement � Noiron, dans les deux cas pour les voler. Arr�t� apr�s la seconde victime, il avouera �galement le premier crime.D�j� r�veill� � l'arriv�e des officiels, � 4h. Entend avec r�signation l'abb� Tamine l'exhorter au courage. Refuse de prendre la moindre nourriture d'une voix faible, et perd peu � peu tout son courage. Se trouve mal en voyant la guillotine, dress�e sur la place de la prison, les aides sont oblig�s de le soutenir, et c'est presque mort qu'il est pouss� sur la bascule. Foule immense.21 f�vrier 187222 avril 1872Lundi,
5h05Aix
Bouches-du-Rh�neJoseph Tourres45 ans, cultivateur. Assassina sa femme Marie-Madeleine Marin dans la nuit de No�l 1871 � Orgon en lui fracassant le cr�ne avec un rouleau de bois puis en lui plantant une fourche dans le visage. Avait vol� 200 francs pour d�tourner les soup�ons.R�veill� � 3h15. Aucune surprise, mais pose la question : "Ai-je deux ou trois jours pour me pr�parer ?" On lui r�pond deux heures. Il sourit, et dit "Je suis pr�t." Refuse toute nourriture mis � part un peu de chocolat. Va � la chapelle, entend la messe du p�re du Clot, puis re�oit la visite de son fr�re � qui il remet des lettres. Il ne tremble qu'au moment de la toilette, qui a lieu dans l'antichambre de la prison. A 5h30, il sort de la maison d'arr�t et parcourt les 25 m�tres qui le s�parent de la guillotine � pied, apr�s avoir embrass� le crucifix une derni�re fois.27 f�vrier 187217 juin 1872Lundi,
4h59ParisJean-Baptiste Moreux33 ans. Dans la nuit du 20 au 21 janvier 1872, �trangla chez elle, rue Cambronne, la prostitu�e Zo� Garnier, dite "Frisette" pour la voler. Fut pris car il for�a sa femme � porter les bijoux de sa victime.R�veill� � 4h. Comprend ce qui l'attend sans qu'on le lui dise. On enl�ve la camisole et on lui laisse passer ses v�tements. Ecoute le pr�tre avec attention et recueillement. Remis � M.Roch d�li�, le bourreau s'en �tonne. Quand il veut l'attacher, le colosse Moreux dit : "Non, non, ne m'attachez pas, je vous en prie, je ne peux point me sauver, ne craignez rien, mais ne m'attachez pas." Roch ne peut accepter, mais promet de laisser assez de mou dans les attaches. Arriv� devant la machine, regarde le couteau et dit : "Ah, le voil� donc, cet ignoble instrument, ce fatal cou..." On ne lui laisse pas le temps d'achever, le couperet s'abat. 400 personnes pr�sentes au plus.13 mai 187206 juillet 1872Samedi,
5hCaen
CalvadosCharles-Manuel "Jean" Mancel49 ans, tailleur de pierres. P�re violent. Tua sa fille, Marie-Aline, 17 ans, le 14 mars 1872 � Louvigny � coups de couteau dans la poitrine parce qu'elle refusait de se livrer � ses d�sirs incestueux.En voyant la machine, dress�e place du March� � deux pas des devantures des mara�chers, Mancel hurle : "Je meurs innocent ! C'est une injustice ! Vengeance ! " Puis il manque s'�vanouir, et c'est � demi-conscient qu'il est conduit sur la bascule. 12.000 personnes pr�sentes.14 mai 187227 juillet 1872Samedi,
4hToulouse
Haute-GaronneFrancisco Beltran-Trem38 ans, sans profession. Egorgea, avec deux complices, Jean-Baptiste Salles pour le voler dans la nuit du 11 au 12 mars 1872 dans le quartier d'En Jacca, � Colomiers.R�veill� � 3 heures. Aucune �motion. Accepte les secours de la religion. Au greffe, avisant un enfant (celui d'un gardien ?) il lui dit : "Tu diras un pater et un Ave pour moi. Je pardonne � tout le monde." Mange un peu, boit du caf�. A 3h45, le fourgon quitte la prison, direction le Port-Garaud. Pendant le trajet, l'abb� Pelletan l'exhorte au courage. Seul signe de peur : de l�g�res contractions du visage. Silence absolu durant l'ex�cution : 9.000/10.000 personnes pr�sentes, dont pas mal de femmes.21 mai 187229 juillet 1872Lundi,
4h35, 4h40Marseille
Bouches-du-Rh�neIsaac Sitbon et Rapha�l Toledano20 ans, commer�ant et 21 ans, courtier, Tunisiens, Juifs. Etranglent, poignardent et d�coupent � la scie Angelo Grego, commer�ant tunisien, pour lui voler 50.000 francs le 16 janvier 1872 chez lui, rue Montgrand � Marseille. Ils se d�barrassent ensuite des morceaux du cadavre en le jetant � la mer.Leur ex�cution �tait pr�vue le 20, mais Roch, malade, ne put quitter Paris que cinq jours plus tard, ce qui inversa l'ordre d'ex�cution Marseille/Toulouse. Pr�venus (accidentellement) par la venue du rabbin Lion le samedi matin � la prison d'Aix-en-Provence o� ils sont incarc�r�s. Avertis de la nouvelle officiellement dans la nuit de dimanche � lundi,
tr�s abattus. On leur propose de prendre quelque chose avant de prendre la voiture pour Marseille. Sitbon refuse, Toledano veut bien du cognac. Demandent si le rabbin Vidal est pr�sent : en le voyant, pleurent et lui prennent la main. Saluent leurs gardiens avant de partir, � 1 heure du matin. 1.500 personnes assistent au d�part de la prison aixoise. Tout au long de la route, les condamn�s parlent avec le rabbin Vidal, demandent o� ils vont mourir, comment on va les inhumer, et donnent leurs derni�res volont�s. Parfois, discutent entre eux en tunisien. En passant au village du Pin, Sitbon demande de quoi �crire, mais les cahots sont trop forts, alors il demande s'il lui sera possible d'�crire une fois � Marseille. Toledano boit plusieurs verres d'eau m�l�e de cognac, et fume trois pipes. A 3h45, le fourgon stoppe devant le 1, rue Pontev�s, lieu de la toilette. Toledano demande de l'eau pour se gargariser. Les deux �crivent quelques mots avant qu'on ne les attache. M.Roch leur demande, en les liant, s'il ne leur fait pas mal, puis leur promet que tout ira bien s'ils se montrent fermes et tranquilles. En voyant le fourgon des bourreaux - qu'ils n'emprunteront pas -, les condamn�s se demandent s'il ne s'agit pas de la nouvelle guillotine elle-m�me ! Quand le fourgon cellulaire repart en direction de la place Saint-Lazare, tout leur courage dispara�t, et leurs derni�res paroles sont pleines d'amertume : Toledano se plaint de mourir � 21 ans, Sitbon esp�re qu'il fera encore sombre et qu'il n'y ait pas beaucoup de monde pour le voir mourir. Sitbon est ex�cut� le premier ; Toledano tente de r�sister en vain aux aides.24 mai 187231 juillet 1872Mercredi,
4h20Lyon
Rh�neBarth�l�my Bernard26 ans, cultivateur � Ampuis. Ayant fait un fils � Beno�te Paret, sa ma�tresse, 20 ans, fille de cafetier, il promet de l'�pouser, de reconna�tre le petit et de quitter la ville. Le 8 octobre 1871, elle s'en va avec son petit : leurs corps sont retrouv�s perc�s de coups de couteau le lendemain au milieu d'un champ, et sans qu'on ait vol� ni ses bijoux ni son argent.R�veill� � 2h45. Devient livide. Conduit � la chapelle pour la messe et les secours de la religion. Confi� � 3h45 aux aides pour la toilette. Prostr� : reconna�t qu'il est un tr�s grand coupable. Le fourgon va jusqu'au cours Charlemagne, pr�s de l'Hippodrome, lieu d'ex�cution. Sur place, Bernard s'agenouille, re�oit la b�n�diction d'un pr�tre, l'embrasse avant d'�tre pouss� sur la bascule. 4.000 personnes pr�sentes environ.01 juin 187203 ao�t 1872Samedi,
5h15Arras
Pas-de-CalaisJean-Baptiste Joseph Courcol56 ans, cultivateur � Ecoust-Saint-Mein. Tua son �pouse Flore Ang�lique Coup�, 51 ans, dans son lit � coups de hache dans la nuit du 25 au 26 avril 1872 et �pargna son fils Camille, 13 ans, qui dormait � c�t�. Ce dernier le d�non�a.Au r�veil, � 3h12, mort de peur, tremblant et atterr�, il n'a absolument aucune conscience de ce qui se passe : n'arrive pas � se lever. Quand on lui enl�ve la camisole, perd ses derni�res forces. On doit le soutenir tout au long de la matin�e. Au pied de l'�chafaud, place du March�, on doit le pousser sur la bascule et il g�mit : "Mon Dieu ! Mon Dieu !" Entre 8.000 et 10.000 personnes assistent � son ex�cution. Pas de supplice � Arras � 1848.17 juin 187216 ao�t 1872Vendredi,
5h03Amiens
SommeTh�ophile-Hyacinthe Cauchy22 ans, valet de charrue, tua � coups de marteau le 21 f�vrier 1872 � Bayonvilliers ses patrons, les Debros, vieux et impotents, ainsi que leur chien qui avait voulu les d�fendre. Son complice, Boitel, est condamn� � 15 ans de travaux forc�s.Meurt repentant. Avoue qu'il est coupable, pleure � chaudes larmes. Pendant la toilette, se sent mal. En descendant du fourgon, n'est plus qu'une loque qu'il faut soulever pour l'ex�cuter. Entre 5.000 et 6.000 personnes pr�sentes.07 juillet 187201 octobre 1872Mardi,
6hAix
Bouches-du-Rh�neLuigi "Le Bachin" Garbarino et Antonio "Le Bochou" Galetto33 ans et 20 ans, terrassiers, Italiens, chefs de la "bande de la Taille". Tuent le 15 mai 1871 � Mallemort M.Martin, gardien du pont de la Durance. Le 19 ao�t 1871, pr�s de la Bastidonne, poignardent un certain Oscar Loneux pour lui voler une montre, des v�tements, son portefeuille. Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1871, massacrent (�gorgement � coups de couteau) Andr� Garnier, V�ronique Garnier, leur fille Euphrasie, �pouse Sube, et leur ni�ce Rosa Granier � la ferme de l'Eve, � Lurs (Basses-Alpes). Le 25 octobre 1871, entre le ch�teau d'Albertas et l'auberge de la Moumine, brisent la t�te d'Elz�ard Sautel, 44 ans, messager � Apt, pour le d�valiser. Enfin, le 4 novembre 1871, � Meyrargues, assassinent Marie Julien, veuve Lambot, 76 ans. Seulement, l'un de leurs complices, Jacques Ribetto a achet� les biens de la victime en viager et se trouve donc le suspect parfait. Arr�t�, d�nonce ses complices. Ang�le Ar�se est condamn�e � perp�tuit�. Francesco Bellora et Pasquale Montegazzo sont condamn�s � vingt ans, Giuseppe Trinchieri � dix ans de r�clusion. Giuseppe Montalbetti � cinq ans.R�veill�s � 2 heures. L'aum�nier Du Cl�t et le p�re Garnier, sup�rieur des Oblats, leur prodiguent les secours de la religion. Se montrent calmes, ob�issants. Admis membres de la confr�rie des P�nitents bleus (moines qui, � Aix, s'occupent de l'inhumation des condamn�s � mort). Nicolas Roch se pr�sente � 5h30. Conduits entre les deux grilles de la prison pour la toilette, refusent toute nourriture � part un verre de rhum pour l'un, un verre de cognac pour l'autre. Galetto dit : "J'aime mieux mourir � pr�sent, car plus tard, je commettrais encore quelques crimes." En voyant la machine, les deux condamn�s fr�missent. Apr�s avoir parcouru les 25 pas qui les s�parent de la guillotine, s'embrassent mutuellement et embrassent les pr�tres. Garbarino se tourne vers le public et dit d'une voix assez ferme : "Je meurs calme et en bon chr�tien, j'offre ma vie pour la gloire de Dieu et l'expiation de mes p�ch�s." Il est le premier � mourir. Galetto ne voit rien : le p�re Garnier le force � tourner le dos � la guillotine. "Non, non, cela ne fait rien." Avant d'�tre bascul� � son tour, il tente de parler : "Je ne veux dire qu'un mot... C'est une triste chose que la vie... Quand je suis venu en France, j'avais perdu la foi... Je remercie l'aum�nier qui me l'a rendue... Maintenant, je meurs content !" Mais � la derni�re seconde, il g�mit : "Je n'ai que 20 ans !" Se d�bat quand on le saisit, et on doit tirer avec force sa t�te dans la lunette. 3.000 personnes pr�sentes.17 juillet 187218 d�cembre 1872Mercredi,
7h01ParisAlphonse-Eug�ne Joly24 ans, dix-neuf condamnations pr�alables. Condamn� en juin 1872 � perp�tuit� pour attaque nocturne � main arm�e et vol route de Bagnolet. Au d�p�t de la Roquette, en attente de partir au bagne pour y purger sa peine, tenta de tuer le gardien Havener le 23 juin 1872 � coups de b�ton ferr�.Grand sang-froid quand, � 6h30, on vient lui annoncer la nouvelle. D�j� r�veill�. R�sign�. Au greffe, boit un caf� et un verre d'eau-de-vie et recommande son �pouse � l'abb� Crozes. Peu de monde pr�sent � son ex�cution : une centaine de personnes au plus.29 octobre 187206 janvier 1873Lundi,
7h30Besan�on
DoubsJean-Pierre Pi�gelinContrebandier, d�serteur. En compagnie de cinq autres contrebandiers, en franchissant la fronti�re franco-suisse � Etraches, dans la nuit du 26 au 27 juin 1872, tue � coups de couteau et de b�ton le douanier Favre-Merceret et b�t comme pl�tre quatre autres douaniers. Ses complices �coperont de peines allant de dix-huit mois de prison � vingt ans de travaux forc�s.Ex�cut� place de Chamars. Courageux, r�sign�. Les victimes de Pigelin viennent assister � sa mort.07 novembre 187210 janvier 1873Vendredi,
7h10Reims
MarnePierre-Auguste Garel26 ans. Boucher. Le 12 ao�t 1872 dans un champ de Reims, apr�s avoir eu des relations sexuelles avec elle, tue la prostitu�e Sidonie Cauchy, l'assomme � coups de pierre, la d�capite avec une serpette et l'�ventre.Accueille le greffier en disant "Je vous attendais depuis quelques jours d�j�." Il remet une pi�ce de cinq francs � chacun de ses co-d�tenus (les "moutons"). Devant l'�chafaud, parle � l'aum�nier et donne une caresse � un chien qui a r�ussi � se faufiler jusque l�. Refuse que les aides le poussent, va seul sur la bascule.15 novembre 187214 janvier 1873Mardi,
7h30Rennes
Ille-et-VilaineChristian-Ernest Lemarchand32 ans, aide m�canicien sur bateau. Orphelin tr�s jeune, le 13 janvier 1872 � Rennes, �trangla sa tante et bienfaitrice Ang�lique Pinel, institutrice, parce qu'elle refusait de lui donner de l'argent, pour lui voler deux obligations de l'Ouest et deux obligations de la Soci�t� immobili�re. Sa pr�cipitation � revendre les obligations d�s f�vrier causa sa perte.En reconnaissant, derri�re les officiels venus le r�veiller, les bourreaux, pousse un hurlement de terreur. Prostr�, se reprend, avoue son crime et reste en compagnie de l'aum�nier. Apr�s la toilette, se montre r�sign�. Descend avec calme du fourgon, et marche sans faiblesse vers la bascule. Grande foule pr�sente.19 novembre 187214 f�vrier 1873Vendredi,
6h15Lyon
Rh�neJean-Louis Vulliard et Claude Perret41 ans, cocher, limonadier et 39 ans, corroyeur. Tu�rent dans la nuit du 27 au 28 mai 1872 � Monplaisir le vieux M.Patricot, commissionnaire � Vaise. Ils le pli�rent en deux pour l'enfermer dans un sac et le jeter le long de la voix ferr�e Lyon-Gen�ve. Limonadier, Vulliard �tait en proc�s pour une affaire de d�tournement de gaz : Patricot, en tant que t�moin, devait compara�tre le matin-m�me au tribunal correctionnel, et en plus, Vulliard lui devait de l'argent. Un troisi�me complice, Nuet, fut condamn� � perp�tuit�.Sans faiblesse au r�veil. Vulliard, apr�s avoir parl� � l'aum�nier, tombe dans un �tat d'accablement total. Se confessent, communient, mais refusent de faire des derni�res d�clatations et �galement de se r�concilier l'un l'autre. Le chemin jusqu'� l'all�e des Trois-Tunnels (cours Charlemagne) est long et � cause de la gel�e, le fourgon ne peut rouler qu'au pas, ce qui fait que l'ex�cution est l�g�rement retard�. Vulliard descend le premier. On le porte jusqu'� la bascule. Plus courageux, Perret va sans faiblesse. 3000 spectateurs environ : l'un d'eux arrive � se faufiler assez pr�s pour humecter son mouchoir de sang.21 d�cembre 187225 mars 1873Mardi,
6hLaon
AisneAugustin GuyardPARRICIDE. 35 ans, vigneron. Assassina sa m�re, Louise Catherine Sonnette, veuve Guyard, 56 ans, vigneronne, qu'il d�teste, le 7 avril 1871 � Brasles, � coups de b�ton ferr�. Sa jeune ni�ce, Julie, t�moin de la sc�ne, le d�non�a en octobre 1872.Pendant qu'on le pr�pare avec la tenue des parricides, il dit "Faites votre service et ne craignez rien, je ne bougerai pas." Il demande � laisser ses v�tements aux n�cessiteux, et veut faire don � la chapelle de la prison d'un Christ. Avant d'arriver au champ Saint-Martin, il dit "Je demande � Dieu de ne pas aller en enfer en arrivant."12 f�vrier 187329 mars 1873Samedi,
6hRiom
Puy-de-D�meFran�ois-Jacques H�brard26 ans, journalier � Chirat. Sur la route de Montferrand, abattit de deux coups de fusil son voisin Marien Courson au soir du 10 janvier 1873 pour lui voler sa sacoche contenant 591 francs. H�brard avait une dette de 20 francs � r�gler � Courson, et refusait de le faire.R�veill� � 5h. Se confesse, entend la messe. R�sign�, mais quelques signes de faiblesse. Quand le fourgon arrive place de la prison, la foule pousse quelques cris rapidement tus. Ex�cution sans histoire : 5.000 personnes pr�sentes.14 f�vrier 187309 avril 1873Mercredi,
5h55Melun
Seine-et-MarneJean-Napol�on S�vinPARRICIDE, 20 ans, manouvrier. Le 25 d�cembre 1872, � Villiers-sous-Grez, tente de tuer son p�re Jean S�vin en lui tirant un coup de fusil dans la t�te, puis en le frappant � coups de crosse de fusil et de serpe.Au r�veil, � 5h, � la maison centrale de Melun, pris d'un l�ger tremblement nerveux. Calme durant la toilette. Pendant le trajet, parle � l'aum�nier : "C'est toujours au m�me endroit que se font les ex�cutions. Il y a un an, on y a ex�cut� Ducorbier. Je me rappelle la p�nible impression que j'ai �prouv�e, parce que j'y assistais..." Arriv� devant le cimeti�re, en tenue de parricide, repris de ce tremblement en voyant le couperet. Les aum�niers, les p�res D�gout et Desliens, lui donnent l'absolution. Il les embrasse, ainsi que deux gardiens pr�sents. Un des aides s'avance : S�vin recule avec horreur, croyant que l'adjoint voulait �tre embrass� � son tour. M.Roch le prend par le bras. "Allons, mon ami." "C'est affreux, j'ai juste vingt ans aujourd'hui ! Mon p�re m'a pardonn� ! Oh, monsieur, ne me faites pas de mal!" Le greffier lit l'arr�t de condamnation avant qu'on ne le bascule.20 f�vrier 187315 avril 1873Mardi,
5hAngers
Maine-et-LoireFran�ois-Adrien "Isidore" Gautier22 ans, cocher au ch�teau de M. de la Po�ze � Broc. Pris en amiti� par M.Auguste Bru�re, cordonnier et facteur auxiliaire de Broc, il le remercia en devenant l'amant de sa femme, n�e Marie-Madeleine H�riss�, 26 ans. Inform� par lettre anonyme de son cocufiage, Bru�re interdit � Gautier de remettre les pieds chez lui, et qu'il ne pardonnerait cette tromperie que s'il quittait le pays. Les amants d�cid�rent de tuer l'�poux g�nant. A cinq reprises, les tentatives de guet-apens �chou�rent. La sixi�me, le 23 septembre 1872, r�ussit : en rentrant de chez son p�re, sur la route de Chalounes � Broc, Bru�re fut tu� de cinq balles de revolver et six coups de couteau de boucher. Les deux amants sont condamn�s � mort, et Marie graci�e.Entr�e des officiels � 4h : ne dort pas. Comprend aussit�t ce pourquoi on le r�veille. Se confesse, annonce qu'il se montre r�sign�, puis demande ce qu'il va advenir de sa ma�tresse. Inform� de la gr�ce, r�pond : "Elle �tait bien coupable, car sans elle, je ne serais pas ici. Ce n'est qu'un instant terrible � passer, j'aime autant mon sort que le sien, je lui pardonne." Au greffe, prend du caf� noir et s'entretient avec l'abb� Papin. En quittant la prison, embrasse les deux gardiens charg�s de sa surveillance. Le condamn� est dans un �tat de prostration tel qu'on doit le porter du fourgon jusqu'� la guillotine, dress�e sur le p�tis Saint-Nicolas, � 3 kilom�tres de la prison. 1000 personnes sont venues assister au supplice. Un soldat charg� du service d'ordre s'�vanouit.14 f�vrier 187319 avril 1873Samedi,
5hNantes
Loire-Inf�rieureIgnatio Yturmendi24 ans. Poignarde � seize reprises le commandant carliste Jos� Asla � Nantes le 21 d�cembre 1873 avec la complicit� de San Vicente Lauriano et de Salvador Bilbao. Ses compagnons sont respectivement condamn�s � perp�tuit� et � dix ans de travaux forc�s.A son r�veil, dit "Je me doutais bien que c��tait pour aujourd�hui, c�est le 41e jour depuis ma condamnation". Calme pendant la messe, perd tout contr�le de lui quand on l'autorise � voir son ami Bilbao, dont il a fait involontairement son complice, et demande � faire des r�v�lations au procureur sur la responsabilit� r�elle du dernier complice, Lauriano, le vrai instigateur du crime. Apr�s cela, se calme, boit double dose de rhum et de caf� et part � la mort en priant en silence.08 mars 187324 avril 1873Jeudi,
4h50Lyon
Rh�neAntoine Vachot22 ans le jour de sa mort, commensal � Belleville. Le 19 d�cembre 1872, assassine � coups de canne le tailleur L�onard Vitte, au hameau de Bussy, commune de Saint-Georges-de-Reucins pour le voler. Une pipe en bois oubli�e sur la table le trahit.Aucune r�action � la nouvelle. S'entretient avec l'aum�nier, se confesse, entend la messe et se repent. "Triste anniversaire pour moi, monsieur l'abb�." Toilette sans histoire. Foule bruyante sur le cours Charlemagne qui fait enfin silence quand le fourgon arrive. Ex�cution rapide.1er mars 187324 mai 1873Samedi,
5hParisAntoine Couturier60 ans, ancien employ� des Pompes Fun�bres, marchand de vin boulevard de Vaugirard. En �tat d'�bri�t�, tua sa femme d'un coup de hache le 11 d�cembre 1872 parce qu'elle avait os� lui r�pondre.R�veill� � 4h. Comprend aussit�t la chose en voyant l'abb� Croze. "Je me tiendrai bien, allez, monsieur l'Aum�nier. Je ne suis pas de ceux qui planchent." L'aum�nier tente de lui cacher le couteau, mais le condamn� est plus grand que lui. En voyant le couperet, fait un bond en arri�re avant de se reprendre et d'embrasser le crucifix.17 avril 187327 mai 1873Mardi,
5hCh�lon-sur-Sa�ne
Sa�ne-et-LoirePhilippe Rissler52 ans, marchand ambulant. Cambriole les �poux Poulin, aubergistes � Sanc�, dans la nuit du 11 au 12 novembre 1872 pour voler quatre porte-monnaie. Surpris par les �poux, les abat � coups de revolver avant d'�tre ma�tris�, assomm� � coups de sabot par les grands fils du couple. Son complice Gurtner parvient � fuir, mais est arr�t� d�s le lendemain. Au premier jour du proc�s, Rissler tente de se suicider en se coupant le bras avec un couteau, mais il est d�sarm� � temps. Rissler d�j� condamn� � 20 ans de travaux forc�s pour vol, Gurtner a d�j� connu plusieurs condamnations pour vol en Suisse. Ce dernier n'est "que" condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 4h30. Dix minutes plus tard, arrive au greffe pour signer le registre d'�crou. La toilette a lieu sous le pr�au. P�le et tremblant, n'ayant plus vraiment conscience de ce qui se passe, accepte de boire un verre d'eau-de-vie. N'a plus de forces : on doit le faire monter dans le fourgon. Arriv� place du March�, en voyant la guillotine, tressaille violemment.08 avril 187326 juillet 1873Samedi,
4h59Laon
AisneJean-Baptiste Ferrari25 ans. Dans la nuit du 14 au 15 novembre 1871, assassine � coups de masse les �poux Demeiller, aubergistes � Landouzy-la-Ville. La petite Marie Rousselle, 8 ans, fille d'une de ses complices et pr�sente lors du double crime, les trahira le 24 f�vrier 1872. Ses complices Pierrot et Marloi sont condamn�s � perp�tuit�, et Valpo�l � 15 ans de travaux forc�s.Debout � l'instant-m�me o� la porte s'ouvre, il dit "Vous voil�, monsieur le Directeur ? Tant mieux, je souffrais trop. Ainsi, depuis si longtemps que j'attendais ce jour, le voici donc enfin arriv�. Il �tait temps que cela finisse." Il demande un caf�, assiste � la messe avant de confier � l'abb� Degoix une m�daille � remettre � sa m�re, pour qu'elle fasse dire une messe pour lui. Au greffe, il remercie le directeur, le gardien-chef, embrasse les gardiens et les d�tenus pr�sents, avant de monter dans le fourgon. Arriv� au lieu d'ex�cution, champ Saint-Martin, parle � l'oreille de l'aum�nier. La l�gende veut qu'il lui aurait dit les derniers �l�ments qui faisaient d�faut � l'enqu�te.17 mai 187305 ao�t 1873Mardi,
5hLyon
Rh�neJules-Joseph SeringerPARRICIDE. 27 ans, marin. Dans la nuit du 28 au 29 janvier 1873, au 20, rue Meunier � Villeurbanne, tua � coups de couteau sa m�re Hortense Posty, son beau-p�re Louis Gu�rin, 68 ans, ancien receveur de navigation, et sa demi-soeur Esther, 21 ans.A l'annonce, � 4h30, dit : "Je n'ai pas peur de la mort, mon innocence me soutiendra." Parle une dizaine de minutes avec l'aum�nier, puis entend la messe � la chapelle. Pendant la toilette, durant laquelle on le met en tenue de parricide, ne cesse d'�couter le pr�tre. Conduit cours Charlemagne. Descend sans faiblesse, simple mouvement de recul sur la bascule.04 juin 187306 ao�t 1873Mercredi,
4hMontbrison
LoireCharles Jean-Baptiste Houbre29 ans, originaire de Nancy. Lib�r� de prison pour vol, sans le sou, sans travail (personne ne voulant embaucher un voleur), assassine � coups de couteau dans la nuit du 22 au 23 f�vrier 1873 au bois d'Avaize, � Rive-de-Gier, le nomm� Jean Laurent pour lui d�rober son livret d'ouvirer.R�veil � 4h. Croyait en sa commutation : accabl�. Entend la messe et est "toilett�" dans un �tat de faiblesse. Transpire, ne peut pas parler, ne pousse que des paroles inarticul�es... Boit un peu de caf� qu'il vomit aussit�t. Arriv� place du march�, s'agenouille pour recevoir la b�n�diction du pr�tre.19 juin 187311 octobre 1873Samedi,
6hCh�teaudun
Eure-et-LoirJean-Pierre Hulans34 ans, voiturier, repris de justice. Assassine d'un coup de b�ton le 24 juin 1873 sur le bord d'une route � La Fringale M. Gallou pour lui voler sa montre et environ 30 francs.Transf�r� de Chartres � Ch�teaudun dans la nuit du 10 au 11 sous pr�texte d'un compl�ment d'enqu�te. A la prison locale, o� il arrive � 2h30, on lui sert un bon repas, arros� de vin et de caf�. Croyant toujours la version des gardiens, Hulans repousse deux pr�tres de Chartres venus l'assister. Enfin, un greffier vient lui lire l'arr�t de mort. "Quand est-ce que je vais mourir ?" "Ce matin." Hulans g�mit le nom de sa femme et celui de ses enfants. Pendant la toilette, il essaie de se d�battre et insulte juges, bourreaux et policiers. En sortant de la prison, il �cume, s'adressant aux aides-ex�cuteurs : "Vous tremblez, vous avez plus peur que moi !" Place de Champd�, o� se trouve l'�chafaud, il crie : "Eh bien, le voil�, votre Hulans !" Puis il refuse une derni�re fois l'aide des aum�niers, et il est promptement bascul�.28 ao�t 187315 octobre 1873Mercredi,
6hCarcassonne
AudeAntonin Pradal30 ans, commis boucher. A Port-la-Nouvelle, tua sa ni�ce Marguerite, 4 ans, � coups de couteau de boucher le 13 mai 1873, pour se venger de son fr�re qui venait de le licencier pour vol.En apprenant la nouvelle, entre dans une col�re telle qu'on est oblig� de l'attacher et de le ba�llonner solidement. Insensible jusqu'� son arriv�e devant l'�chafaud, pris d'une faiblesse en arrivant devant la guillotine. 3/4.000 personnes pr�sentes � l'ex�cution, qui se d�roule all�es d'I�na (champ de foire).19 ao�t 187311 d�cembre 1873Jeudi,
8hVarennes-sur-Allier
AllierBlaise Rondepierre30 ans, cultivateur � Saint-G�rand-le-Puy. A Bouc�, tue � coups de hache dans la nuit du 17 au 18 f�vrier 1872 les �poux s�xag�naires Crozat pour les voler. Le 15 juin 1873, � Saint-G�rand, il abat Gilberte Rambert, une septuag�naire, d'une cartouche en plein visage.R�veill� � la prison de Moulins � 2 heures. S'habille puis est rev�tu de la camisole de force avant de partir en fourgon. Embrasse ses gardiens. Arriv� � Varennes � 4h, incarc�r� dans une cellule de la gendarmerie. Demande � boire et on lui donne un peu de bouillon. Se d�cide enfin � �couter le pr�tre qui l'accompagne et prie pendant les derni�res heures se sa vie. Recommande sa femme et ses trois enfants avant de laisser le bourreau s'occuper de la toilette. Ex�cut� au nouveau Champ de foire. Foule compos�e des habitants de toute la r�gion.31 octobre 187315 janvier 1874Jeudi,
7hTulle
Corr�zePierre Taurisson39 ans, cultivateur. Le 28 juillet 1873, sortant de la prison centrale d'Eysses o� il vient de purger cinq ans pour vol, � quatre kilom�tres de Cahors, il �gorge, �ventre et viole la petite Marie Sastres, 9 ans, et vole son parapluie et ses bottines. Le 11 ao�t, � Noailles, volant un sac de bl� chez le fermier Serres, il est surpris par la petite Marguerite Conche, berg�re de dix ans, qui menace de le d�noncer. Il l'�gorge et l'�ventre de six coups de couteau.R�veill� � 5h30. Se met � pleurer et � hurler de peur. On comprend quelques mots : "Je suis malheureux... Plaignez-moi ! Ma pauvre m�re mourra de chagrin ! Quel d�shonneur pour ma famille ! Mon Dieu, on va me tuer !" Mis en pr�sence de M.Roch et des aides, pris d'un tremblement de col�re terrible � tel point qu'il en fait craquer les barreaux de sa chaise. La toilette n'est pas facile. Le fourgon est conduit au Champ-de-Mars, tandis que Taurisson g�mit encore : "Plaignez-moi ! C'est bien malheureux pour ma famille, ayez piti� !" Pouss� sur la bascule par Nicolas Roch. Un jet de sang �clabousse un aide.06 d�cembre 187308 avril 1874Mercredi,
7hBayonne
Basses-Pyr�n�esDamian Carillo-Gestal38 ans, cordonnier, Espagnol. Assassina Fr�d�ric Rausch le 20 octobre 1872 sur les all�es marines de Bayonne. Son complice, Balbino Banuelos, condamn� � mort avec lui, fut gr�ci�.Transf�r� le 7 avril au soir de Pau � Bayonne, en compagnie de l'aum�nier de Pau, l'abb� Philippon.5.000 personnes pr�sentes sur les Glacis, lieu d'ex�cution (pas d'ex�cution � Bayonne depuis un si�cle au moins). Carillo montre courage et fermet� jusqu'au bout.09 f�vrier 187410 avril 1874Vendredi,
5h30Poitiers
VienneJean Marsault63 ans, cultivateur � Frontenay. Ayant c�d� � son fils et � sa bru ses biens en viager, le fermier est pris d'une hargne � leur encontre. Le 18 octobre 1873, � la suite d'une dispute, abat d'un coup de fusil sa belle-fille Marie alors qu'elle cherche � se r�fugier chez ses voisins et cousins, les Guillon. Louis Guillon, touch� en pleine poitrine, agonisera une semaine durant. Marsault va ensuite dans le champ de son fils et tombe sur le p�re de sa bru, Pierre Rondeau, en train de labourer. Il le blesse sans le tuer. Marsault est arr�t� alors qu'il demande � une ferme voisine de la poudre et des munitions pour son arme.R�veill� � 4h30 : en raison de son �ge, s'attendait � la gr�ce, atterr� devant la nouvelle. Assiste � la messe. Pendant la toilette, au greffe, demande � boire : accepte une tasse de caf� noir. Apr�s l'avoir bue, se met � pleurer, se jette dans les bras de son confesseur et se repend de ses crimes. Ex�cut� au Pont-Guillon, place Sainte-Anne. Cris de la foule vite calm�s quand le condamn� appara�t. Aides et gendarmes doivent forcer le vieil homme � quitter le fourgon, car le condamn� r�siste et demande qu'on lui laisse la vie sauve.27 f�vrier 187421 avril 1874Mardi,
5h07, 5h10Toulouse
Haute-GaronnePhilippe
"Eug�ne Mitron"
Le Vaineur
et
Pierre Lasserre28 ans, domestique et 42 ans, charpentier. Tu�rent d'un coup de hachette dans la t�te, le 16 octobre 1873, Adolphe Fouant, baron de la Tombelle, 55 ans, patron de Le Vaineur, dans son manoir d'Ampouillac, � Cintegabelle, et incendi�rent le ch�teau. Un m�tre de menuisier, appartenant � Lasserre, mit la police sur la piste.Le Vaineur est r�veill� le premier � 2h30. Dort bien : en apprenant la nouvelle, dit : "Ah, tant mieux ! Il y a cinq minutes que je pensais qu'il faudrait en finir bient�t !" Se laisse d�ferrer, demande � manger, et mange un peu de saucisson arros� de vin. Lasserre, �veill� cinq minutes plus tard, se met � trembler nerveusement, � g�mir et � crier. Ne peut r�pondre aux questions des magistrats, ni � celles des aum�niers. Pendant qu'on lui enl�ve la camisole de force, il geint : "Je suis innocent, je n'ai rien fait ! Mon Dieu ! Seigneur !" Il refuse toute nourriture. Au greffe, les complices se retrouvent. Le Vaineur dit : "Eh bien ! Vois si celui que tu as sauv� viendra te tirer d'i�i : nous l'avons fait, il nous faut le payer !" Apr�s la toilette, montent dans le fourgon jusqu'au Port-Garaud. "Mitron" descend le premier : calme, embrasse le crucifix, l'abb� Pelletan et aussi Nicolas Roch le bourreau ! Se laisse basculer sans une plainte. Quand on saisit Lasserre, il se met � crier : "Mon Dieu Seigneur ! Mon Dieu Seigneur !" Il est bascul� mais une erreur d'un aide fait que la corde n'a pas �t� d�tach�e du couperet : la lame se bloque � mi-hauteur de la machine. Il faut alors remonter le couperet, ce qui prend une dizaine de secondes, tandis que Lasserre g�mit et tremble plus fort encore.05 mars 187430 juin 1874Mardi,
5hPibrac
Haute-GaronneAntoine C�seriat40 ans, terrassier sur la ligne ferroviaire Toulouse-Auch. Tue � coups de b�ton ferr� Joseph Baillet, 56 ans, marchand-colporteur, et Marie Coste, �pouse Battier, 46 ans, le 08 d�cembre 1873 � leur domicile de Pibrac pour les voler, et incendie leur maison pour dissimuler son crime.Affirme qu'il savait que cela arriverait, mais pas ce matin-l�. Il demande � manger une soupe � l'oignon, une omelette, de la saucisse et du vin. Apr�s son repas, il s'emporte contre un juge qui lui demande des pr�cisions sur son crime (notamment l'endroit o� il a dissimul� l'argent d�rob�) et dit qu'il est innocent. Il arrive � 4 heures 30 � Pibrac, est toilett� dans la mairie, boit un dernier verre de vin et dit qu'il veut mourir. Arriv� sur le terrain du Jonca, lieu d'ex�cution, au bord du ruisseau "Le Courbet", il regarde tranquillement la machine avant de basculer.16 mai 187415 septembre 1874Mardi,
6hVesoul
Haute-Sa�neJean-Fran�ois PoisseOuvrier mineur. Le 1er juillet 1874, dans les bois de la Vendue, entre Valay et Ven�re, abat d'un coup de fusil en pleine poitrine Isidore Lambert, facteur de Valay, pour lui voler son portefeuille contenant 300 francs.Il se montre digne. "Sur les champs de bataille, j'ai su affronter la mort. Je saurai bien la recevoir en expiation de mon crime !" Manifeste un repentir depuis sa condamnation, et assure � l'aum�nier qu'il est pr�t. Il entend la messe, puis est conduit au greffe pour la toilette. Arriv� sur la place du Champ-de-Foire, lieu des ex�cutions, Poisse s'agenouille pour recevoir une ultime b�n�diction. Saisis par l'image, dans le public, quelques spectateurs font de m�me. Sit�t relev�, Poisse est dirig� sur la bascule.07 ao�t 187428 septembre 1874Lundi,
5h30Chartres
Eure-et-LoirSylvain-Louis Poirier31 ans, journalier. Au soir du 30 octobre 1871, au Gault (Loir-et-Cher), il tue � coups de hache la veuve Lecomte et sa voisine, Mme Riolet. Le 8 janvier 1874, dans une auberge de Brou, il tue � coups de b�che la tenanci�re, Mme B�zard, 69 ans. Le 25 mai 1874, � la Bazoche-Gou�t, il tue � coups de marteau la fille de ses voisins, Rose Travers, 14 ans, et blesse gri�vement le fr�re a�n�, D�sir� Travers, 16 ans, l'handicapant � vie.Inform� du rejet de la gr�ce, Poirier g�mit : "Vous auriez pu me le dire hier ! C'est donc fini ! Ah, mes pauvres enfants ! Que vont-ils devenir ?" Conduit � la chapelle par deux pr�tres, il entend la messe, pleure devant une statue de la Vierge, puis au greffe, il boit une tasse de th� arros� de cognac. Il demande qu'on donne � son �pouse une m�daille et une m�che de ses cheveux. La demande est accept�e, ce qui le calme grandement. Apr�s vingt minutes de trajet, le fourgon arrive porte Morard. Poirier descend seul, et se met � genoux. "Mon fils, demandez pardon � Dieu !" "Oui, r�pond-il, j'ai bien besoin qu'il me pardonne, lui si bon, si innocent, et moi si grand coupable." Il r�cite un Notre p�re et un Je vous salue Marie avant d'�tre relev� par les aides. Porte Morard, sur la bascule, il pousse un dernier cri : "Mes enfants ! Mes enfants !"27 ao�t 187403 octobre 1874Samedi,
6hN�mes
GardJoseph-Marie Mariani24 ans, marin, d�tenu � la centrale de N�mes. Le 27 juillet 1874, tua de deux coups de tranchet un co-d�tenu, Fran�ois-Joseph Becquart, employ� comptable au greffe de la maison centrale de N�mes, avec son complice L�opold Reguidel, 30 ans, charpentier, car Becquart aurait colport� des rumeurs d'homosexualit� sur Mariani. Tous deux furent condamn�s � mort, mais le second fut gr�ci�.Accueille la nouvelle par "C'est bien, je suis pr�t !" S'enquiert du sort de son complice et confie qu'il aurait plaisir � le savoir graci�. Demande � Roch qu'on lui mette son chapelet entre les mains, et d�sire ne pas �tre attach�. Roch ne peut �videmment accepter, mais reconna�t le courage du condamn�. Devant l'�chafaud, embrasse le crucifix de l'aum�nier.24 ao�t 187413 octobre 1874Mardi,
5h45, 6hParisPierre-D�sir� Moreau

Charles Boudas

Moreau, 32 ans, herboriste � Saint-Denis, empoisonna ses deux �pouses, F�licit�-Hortense Aubry, d�c�d�e le 18 ao�t 1873 et Ad�la�de-Louise Lagneau, d�funte le 28 mai 1874.

Boudas, 49 ans, tailleur de pierres, assomme d'un coup de marteau le brocanteur Antoine Faath rue Audran � Paris le 02 d�cembre 1873, puis l'�gorge d'un coup de rasoir pour lui voler 1.500 francs.

R�veill�s � 4h45. Moreau est le premier. "Ah, alors, mon pourvoi ? Cependant, je l'affirme encore, je suis innocent !" Se montre tr�s calme. On le laisse avec l'abb� Legros le temps qu'on aille voir le second condamn�. Boudas, lui, �tait d�j� r�veill�. Grogne et jure "Que mon sang retombe sur vos t�tes !" � plusieurs reprises. Puis il demande : "J'ai froid, donnez-moi mes chaussettes." On lui fait remarquer que c'est inutile. "Pardon, donnez-les-moi quand m�me !" Puis se calme et reste avec l'abb� Croze. Moreau sort le premier. Va fermement � l'�chafaud, et arriv� � proximit� de la machine, il clame : "Messieurs, je meurs innocent." Boudas arrive par la suite, portant un chapeau de feutre (!) et arborant un rictus effrayant. L'abb� Croze lui tend le crucifix � baiser. Boudas tente d'aller de droite � gauche, mais pas en avant. Se d�bat sur la bascule pour ne pas passer la t�te dans la lunette. Le couperet lui coupe la t�te au niveau de la m�choire.10 septembre 1874, 12 septembre 187420 octobre 1874Mardi,
6h25Ch�lon-sur-S�one
Sa�ne-et-LoireAndr� Goulfert43 ans, manoeuvre, cinq condamnations pr�alables. A Palinges, dans la nuit du 17 au 18 d�cembre 1873, �trangle le charretier Pierre L�cuelle et lui vole ses 600 francs d'�conomies. Arr�t� � Alger o� il s'�tait r�fugi�.R�veil � 5h. Ne s'y attendait pas, faiblesse. On lui fait boire plusieurs cordiaux pour le ramener � lui. Demande � rester debout pendant la toilette. Arriv� place Ronde, en voyant la guillotine, perd tout courage, manque s'�vanouir, livide et d�goulinant de sueur. S'effondre � genoux pour la b�n�diction.05 septembre 187414 d�cembre 1874Lundi,
7h30Moulins
AllierJoseph-Hippolyte Caillot44 ans. Le 04 avril 1874, rue des P�cheurs, � Moulins, tua sa femme et sa belle-soeur avec une hachette.Pluie et neige. R�veill� � 6 heures. Apprend la nouvelle avec r�signation. Parle � l'aum�nier. Tr�s calme, est conduit en fourgon place des Foires, et n'a aucune r�action de peur face � l'�chafaud.31 octobre 187402 f�vrier 1875Mardi,
7h05N�mes
Gard"Fran�ois Terrier"Assassine en l'assommant � coups de pierre Henri Fournier, colporteur, pr�s d'Aigues-Mortes en mai 1874. Ne donnera jamais sa v�ritable identit�.Se r�veille en disant : "Je savais que c��tait pour aujourd�hui, j�ai eu une pr�monition que le 2 f�vrier me serait fatal, vous auriez d� me r�veiller plus t�t". Pieux, entend la messe et r�dige une lettre : "C�est en indien. C�est pour que si un jour on me cherche, on sache au moins o� je suis pass�. Je suis cr�ole et je vais mourir en vrai cr�ole, sans appr�hension, en m�prisant la mort."21 novembre 187431 mars 1875Mercredi,
5h54ParisPierre Bacquet40 ans, manouvrier. Egorge d'un coup de couteau Charles Edouard Roscher, 61 ans, au 51, rue Hauteville le 29 d�cembre 1874 pour lui voler 300 francs.R�veill� � 5h30. S'habille. Parle avec l'abb� Crozes. Au terme de leur entretien, pleure et g�mit � plusieurs reprises : "Mon Dieu ! Pardonnez-moi !"25 f�vrier 187515 avril 1875Jeudi,
5h25Cambrai
NordL�on-Pierre Ruffin26 ans, journalier. Dans l'apr�s-midi du 9 d�cembre 1874, au 9, rue Saint-Georges � Cambrai, �trangle avec une corde Mme Demarest, septuag�naire, pour la voler. L'assassin, aper�u par une servante en train d'entrer dans la maison, est retrouv� dans le grenier, cach� dans une caisse.Le mercredi � 20h15, quitte la prison de Douai et prend le train pour Cambrai, o� il arrive � 21h30. Dans sa cellule de la prison locale, ne touche pas � son repas et s'endort. R�veill� � 3h, courageux. Parle avec l'abb� Fournet, avant d'�tre conduit au greffe. Boit du bouillon et un verre de vin. Arriv� sur la place d'Armes, p�le, s'agenouille pour la b�n�diction.23 f�vrier 187522 juin 1875Mardi,
4h58Epinal
VosgesNicolas Labanvoye60 ans, braconnier. En janvier 1875 � Moriville, assassine la vieille Mme Pr�v�t pour voler 7 francs. Condamn� dans les Vosges, arr�t cass� le 01 avril, rejug� � Nancy.Quand on lui annonce la nouvelle, il r�pond :" Bien, je vous remercie. Mais je meurs innocent, en pardonnant � tous ceux qui ont d�pos� contre moi." Apr�s la messe, conduit dans un couloir voisin de la chapelle pour la toilette : demande juste qu'on garde une m�che de cheveux � remettre � quelqu'un - seul l'aum�nier saura � qui. Ex�cut� au rond-point de l'esplanade. Pluie violente.06 mars 1875, 08 mai 187510 juillet 1875Samedi,
4hBeaucaire
GardFran�isco Sancho y Carreta33 ans. A Beaucaire en d�cembre 1874, tenta de tuer en la poignardant sa belle-soeur, Mme Marie Sancho, avec la complicit� de Joseph Vaqu�, pour la voler. Marie, enceinte de plusieurs mois, perdit son enfant dans l'attaque. Vaqu� est condamn� aux travaux forc�s � perp�tuit�.Transport� en train de N�mes � Beaucaire, prie sans arr�t et demande que sa veuve ne soit pas inform� de sa fin. Demande � ce qu'on lui bande les yeux. Ses derniers mots sont une pri�re pour son fr�re et sa belle-soeur, � Fill�ta de m�u cor, pardonau me �.20 mai 187513 juillet 1875Mardi,
4h45Toulouse
Haute-GaronneFran�ois "Besse" "Abadie" Rieubernet28 ans, vannier. Plusieurs fois condamn� pour vols, auteur de plusieurs cambriolages au nord de Toulouse en 1874. Tente d'assassiner M.Bordes � Brugui�res le 13 novembre 1874 pour le d�valiser. Tue � coups de couteau Eug�ne Pins, 24 ans, �picier, et blesse gravement de deux coups de couteau P�tronille Ricaud, veuve Pins, � Aucamville le 01 f�vrier 1875.Mac-Mahon avait l'intention de le gr�cier, mais peu de jours avant qu'il ne prenne sa d�cision d�finitive, Rieubernet tentait d'�trangler un gardien, ce qui le condamna pour de bon. Le Port-Garaud, lieu habituel des ex�cutions, doit �tre d�blay� suite aux tr�s graves inondations de la Garonne survenues quelques semaines plus t�t. Au r�veil, devient absolument prostr� et muet. Entend la messe, communie. Toilette sans histoire. Arriv� au Port-Garaud, escort� par l'abb� Pelletan, tient � peine sur ses jambes. Embrasse le crucifix avant d'�tre bascul�.19 mai 187502 ao�t 1875Lundi,
5h30Bordeaux
GirondeJean FradonPARRICIDE. 37 ans, cultivateur � Cubnezais. Avait tent� d'abattre sa m�re � 16 ans. Tua � coups de fusil sa femme, Marie Nivet, 31 ans, qu'il martyrisait depuis des ann�es, et tenta de tuer sa m�re le 9 mars 1875.R�veill� � 4h, dormait bien. Jusqu'alors insensible, se met � pleurer en apprenant la nouvelle et accepte volontiers les secours de la religion. Communie, montre du repentir. Au greffe, passe la tenue des parricides. Arriv� devant la machine, place du Repos (devant le cimeti�re de la Chartreuse), t�te haute, pas de cynisme apparent. Apr�s la lecture de l'arr�t par le greffier, bascul�.18 juin 187507 septembre 1875Mardi,
6hEvreux
EureAchille Jodon22 ans, caporal fourrier au 87e r�giment de ligne, tue le caissier Florence au Havre le 30 novembre 1874 de quatre balles de revolver tir�es � bout portant, dont deux dans la t�te, pour fracturer le coffre de son patron agent de change et voler 8.000 francs. Condamn� en premi�re instance par les assises de Seine-Inf�rieure, puis par celles de l'Eure, mais ex�cut� en tant que militaire.Tr�s courageux. Accompagn� par l'aum�nier de l'h�pital militaire jusqu'au bout. Fusill� sur le terrain de la cible, � un kilom�tre de la ville.12 mai 1875, 29 juillet 187515 novembre 1875Lundi,
6h30Nancy
Meurthe-et-MoselleFran�ois Chaussy45 ans, berger � Briey. Satyre assassin de Jean-Fran�ois Pierson, 7 ans, fils de fermier � Lant�fontaine-Immonville, le 24 mai 1875. Condamn� dans la Meurthe-et-Moselle, arr�t cass� le 26 ao�t, recondamn� dans la Meuse.R�veill� � 5h par le directeur de la prison. Incr�dule, ne parvient � r�aliser qu'en pr�sence de l'abb� Didelot. Parle un peu avec le pr�tre, manifeste son repentir. A la fin de la toilette, prie le directeur de donner l'argent qu'il poss�de aux pauvres. Pleure un peu en mintant le fourgon. Dix minutes de trajet entre la prison et le rond-point du Champ-de-Mars. Ex�cut� sans histoire, 10.000 personnes pr�sentes.06 ao�t 1875, 21 octobre 187509 d�cembre 1875Jeudi,
6h50Draguignan
VarJean-Honor� Allongue39 ans. Le 11 avril 1875, � Saint-Paul-en-For�t, assassine � coups de hache la veuve Genevi�ve Lantoin, son ancienne patronne. Le 19 avril, mutile et tente d'assassiner Beno�t Lantoin, le fils aveugle de sa victime, qu'il avait hypocritement h�berg� chez lui. Apr�s son arrestation, on attribue � Allongue deux crimes suppl�mentaires. Il y a d'abord la mort de son beau-p�re, le fossoyeur Fran�ois Bianqui, le 21 novembre 1871. Ensuite, le 15 juin 1873, il jette sa propre fille Fran�oise, 5 ans, dans le puits en l'absence de son �pouse. L'enfant surv�cut, mais on ne pr�ta pas foi � ses accusations.Esp�rait sa gr�ce. Effondr� par la nouvelle, g�mit et pleure en proven�al des mots pour sa femme et sa fille : "Pauro fremo ! Pauro pitchouno !" Entend la messe en larmes, refuse toute nourriture et laisse les ex�cuteurs proc�der � sa toilette sans r�sister. Place du Champ-de-Mars, son arriv�e provoque un silence absolu. Apr�s avoir re�u le baiser de pAix-en-Provence, il est pouss� sur la machine. Une foule immense est pr�sente car les bourreaux, hasards des transports postaux, sont arriv�s � Draguignan un jour avant que l'ordre d'ex�cution ne parvienne aux autorit�s locales, ce qui a repouss� la date d'ex�cution du 8 au 9 d�cembre.20 octobre 187531 d�cembre 1875Vendredi,
7h10Nancy
Meurthe-et-MoselleJean-Baptiste "Emile" Greveis20 ans. Le 10 octobre 1875, assomma � coups de bouteille son ancienne patronne, la veuve Mangin, � Max�ville, avant de la tuer � coups de hache.R�veill� � 5h, sommeil agit�. Pris d'un tremblement nerveux � la nouvelle. Entendit la messe de l'abb� Didelot, ce qui le r�conforta. P�le, mais sans faiblesse durant la toilette. Arriv� sur le Champ de Mars, tr�s peu de monde. Pas besoin d'�tre soutenu pour aller du fourgon � la bascule. Pousse un hurlement quand on le pousse en avant.12 novembre 187504 janvier 1876Mardi,
7h05Le Bourg
LotSophie Gauti�, �pouse Bouyon44 ans. Le 22 juin 1875, son fils a�n�, M.Colomb, meurt de tuberculose, et deux heures plus tard, la petite Elisa, sa fille, meurt � son tour dans les bras de sa grand-m�re. L'autopsie permet de d�couvrir qu'on lui a enfonc� trois aiguilles (deux � repriser, une � tricoter) dans le corps, et l'aiguille � tricoter, bris�e en deux, a perfor� le coeur. Soup�onn�e du meurtre d'Elisa, on r�alise qu'aucun des sept autres enfants qu'elle a eu n'a d�pass� son premier anniversaire ; l'autopsie du petit dernier, d�c�d� le 15 avril � l'�ge de 38 jours, permet de d�couvrir quatre aiguilles dans le corps !Quitte Cahors � 22 heures le lundi en compagnie de l'aum�nier Const�s et de l'abb� Roche. Avant de partir, salue les gardiens, et dit en grimpant dans le voiture : "Moun Diou, pourtan ! Moun Diou, pourtan !" Prie tout au long des 60 kilom�tres qui s�parent Cahors du Bourg. A Saint-Martin-de-Vers, demande un verre de vin qui lui est donn�. Arriv� aux portes du village, le procureur de Figeac lui lit l'arr�t de mort et lui explique qu'elle va �tre ex�cut�e. "Je le savais, Monsieur. Je suis r�sign�e." Ne veut pas faire de derni�re d�claration : "Je n'ai plus rien � dire. Mon silence n'engage pas davantage ma conscience, je garde tout pour moi." La toilette a lieu dans la maison de l'instituteur : "Vous n'avez pas besoin de m'attacher, je ne veux pas me sauver". Ne cesse de prier, demande qu'on lui mette son chapelet entre les mains, et un voile blanc sur la t�te. Conduite � pied devant la guillotine, mont�e devant sa propre maison, elle embrasse le crucifix et se laisse basculer sans r�sister, mais en poussant un dernier cri la t�te dans la lunette. 2.000 personnes pr�sentes environ.17 novembre 187508 janvier 1876Samedi,
7h05Rennes
Ille-et-VilaineJoseph Riaud47 ans, ancien boucher, journalier et violoniste. Bat � mort � coups de pieds et de manche de fl�au sa troisi�me femme, Marie-Jos�phe Chesnais, le 2 ao�t 1875 � Bains-de-Bretagne, en l'accusant d'adult�re. soup�onn� du meurtre des deux pr�c�dentes, Marie No�l en 1860 et Perrine Riaud en 1861.R�veill� � 4h15. Son compagnon de cellule est d�j� debout. Le directeur lui demande : "Vous dormez donc ?" "Oui." Encore ensommeill�, ne comprend qu'� la seconde explication. S'habille. Dans la salle du gardien, boit un verre de vin. Entend deux messes. Se confesse, communie. Apr�s cela, mange un morceau de pain qu'il ne parvient pas � achever, boit un second verre de vin et une tasse de caf�. "Ma foi, mon compagnon m'avait dit en rigolant, on te coupera la t�te demain. C'est que �a y est quand m�me !" Il �voque son existence de m�n�trier, indique l'endroit o� il a cach� 60 francs afin que son fils de quatre ans ach�te, une fois grand, un violon. Recommande son enfant � l'assistance et subit avec courage sa peine.13 novembre 187515 juin 1876Jeudi,
5hValence
Dr�meAndr� Courbis67 ans, cultivateur � Saint-Paul-les-Romans. Mari violent envers son �pouse, Marie Courrier, veuve Girier, sexag�naire qu'il avait �pous�e en 1873. Les s�vices qu'il lui infligeait nombreux : enferm�e dans l'�table aux porcs, ou devant passer la nuit dans un arbre en plein hiver, tout en �tant battue quotidiennement. Condamn� en d�cembre 1874 � un an de prison par le tribunal correctionnel, incarc�r� � Valence. A sa lib�ration, install� � Ch�teauneuf-l'Is�re. Sa femme est retrouv�e assassin�e au matin du 24 janvier 1876. S'il dispose d'un alibi, on apprend vite que Courbis a recrut� deux jeunes hommes r�cemment lib�r�s de prison, Marcelin Gellas et Auguste Chazeau pour tuer son �pouse � sa place. Les complices furent condamn�s � perp�tuit�.R�veill� � 4h30. R�pond "La justice des hommes m'a condamn�, mais j'esp�re en celle de Dieu." Apr�s avoir fait preuve d'une importante ferveur religieuse durant la messe, sombre dans l'abattement. Ne prononce plus un seul mot. Au greffe, prend un bol de bouillon. Au sortir du fourgon, place Saint-F�lix, est embrass� par l'aum�nier. En voyant la machine, est pris de faiblesse et on doit le porter. Environ 4.000 personnes pr�sentes.03 mai 187603 juillet 1876Lundi,
5h45Bordeaux
GirondeJean-Baptiste Pascal23 ans. Egorge � Lormont, dans le bois du Rouquet, Baptiste M�ry, serrurier, le 29 octobre 1875, pour le voler. Attir� dans un pi�ge par la ma�tresse de Pascal, Juliette Garnier. Juliette et un autre complice, Bouchau dit "le Manchot", sont condamn�s � perp�tuit�.Re�oit la nouvelle sans �motion. Entend la messe, puis salue les personnes pr�sentes : "Bonjour, messieurs." Arriv� place du Repos, son regard se trouble en voyant l'�chafaud. Embrasse l'aum�nier et le bourreau avant d'�tre bascul�. 25.000 personnes pr�sentes.13 mai 187612 ao�t 1876Samedi,
5h22ParisToussaint-L�on Gervais47 ans, chiffonnier. Dans la nuit du 03 au 04 novembre 1875, � Colombes, brise la nuque et enterre vive sa compagne, Ursule Lutz, pour s'approprier sa maison, son argent et ses meubles.Au r�veil, dit : "Ce n'est pas possible. C'est un crime que va commettre la soci�t� !" Il parle quinze minutes au pr�tre, lui remet 7f50 � donner � l'un de ses fils, puis se plaint au greffe : "Si j'avais fait le crime, je comprendrais, mais ne l'ayant pas fait, c'est triste." Nicolas Roch l'incite � boire un peu d'eau de vie, Gervais refuse puis accepte, mais un aide le presse et il proteste : "Eh, attendez donc, il faut que �a coule." Puis, � M.Jacob, chef de la S�ret�, il dit : "Si j'�tais coupable, si j'avais fait le crime..." Puis apr�s un adieu aux gardiens, il va vers la porte, t�te baiss�e, et la rel�ve face � la guillotine et dit "Ah, voil�..."12 juillet 187602 septembre 1876Samedi,
5hPerpignan
Pyr�n�es-OrientalesRoldan Moral�s Segundo23 ans, jardinier, d�serteur de l'arm�e espagnole. Assomme � coups de pioche l'abb� Blanquet, directeur du s�minaire de Prades, dont il �tait l'employ�, le 05 avril 1876, et l'enterre dans le jardin encore vivant.R�veill� � 3 heures. Il faut le secouer pour qu'il ouvre les yeux. Impassible � l'annonce, se met � trembler en apprenant qu'on va le guillotiner et pas le garrotter. Puis se remet, se confesse, entend la messe, et au greffe, boit un verre de cognac. Au pied de l'�chafaud, embrasse l'aum�nier.11 juillet 187618 septembre 1876Lundi,
5h55Blois
Loir-et-CherMaxime Marin43 ans. Etouffe le 13 janvier 1876 � Cinais sa femme, Marie-Louise, n�e Vazereau, et fait croire qu'elle est morte de maladie. Le 20 f�vrier, il tue son beau-p�re Pierre Vazereau en le battant � coups de sabot et en l'�touffant. Il comptait h�riter plus rapidement de ses proches. Condamn� � Tours, puis � Blois.R�veill� � 4 heures, Marin ne r�agit pas. Il demande s'il doit enfiler son cale�on, puis reste muet. Apr�s la messe et la communion, � la question du juge, il r�pond : "Non, je n'ai rien � ajouter � ce que j'ai dit � l'audience. Je suis innocent." Il boit une tasse de caf�, un verre de cognac, puis grimpe dans le fourgon qui se dirige vers le Champ de Foire. 500 personnes sont pr�sentes. Marin reste digne. Les soldats charg�s de maintenir la foule � distance ne peuvent s'emp�cher de regarder l'ex�cution.08 juin 1876, 14 ao�t 187614 d�cembre 1876Jeudi,
7hNice
Alpes-MaritimesMarius Turcan24 ans, cultivateur. Le 20 ao�t 1876 � Bouyon, attira dans un guet-apens M.Ghetti, mari de sa ma�tresse, Jos�phine Tardet. Il l'assomma d'un coup de crosse de fusil, avant de lui ouvrir le ventre d'un coup d'�chalas et de l'�gorger. Premi�re venue de la guillotine depuis 1793.R�veill� � 4h. M�content, r�le : "C�est bien p�nible de mourir pour une putain ! S�il y avait un dieu, il ne permettrait pas qu�on me tue ainsi. Apr�s tout, c�est lui qui m�a donn� la vie, lui seul peut me la reprendre !" Comme le gardien le pousse � compatir pour sa complice qui va finir ses jours en prison, il continue : "Oui, mais elle au moins, elle vivra ! Non, ce jugement est trop injuste ! Quand mon p�re va apprendre ce qui m�est arriv�, il en mourra sur le champ. Je vais �crire au procureur de la R�publique." Se plaint de sa condamnation jusqu'� la toilette, puis se laisse faire. Ex�cut� au lieu-dit "Lou Mountet", devant la Poissonnerie, descend du fourgon avec brusquerie et se laisse ex�cuter sans accorder un regard � la foule. Pluie violente.31 octobre 187623 d�cembre 1876Samedi,
7hDouai
NordCharles-Louis Yden38 ans, cultivateur. A Borre, dans la nuit du 8 au 9 novembre 1875, tua sa femme - plus �g�e que lui - et faisant passer sa mort pour un infarctus, h�rita de ses biens d'une valeur de 10.000 francs. Il d�sira se remarier et fit la cour � Mlle Pauline Oudoire, qui le repoussa. Le 2 avril 1876, la grange de la veuve Oudoire ainsi que plusieurs d�pendances prirent feu. Yden fut suspect� mais jamais ouvertement accus� tant il faisait peur. Enfin, au sortir de la messe du dimanche 6 ao�t 1876, Yden tira deux coups de fusil sur Pauline, la touchant l�g�rement, et alla se constituer prisonnier. Aux gendarmes, il avoua le meurtre de son �pouse, �touff�e dans le but d'h�riter de sa fortune.R�veill� � 4h. Impassible. "J'ai m�rit� la mort. Je ne crains pas le supplice." Le p�re j�suite Houvena�ghel et le vicaire Fournet l'assistent. Au greffe, prend une tasse de caf�, un verre de rhum et fume une derni�re pipe. Ex�cution sans histoires place Saint-Vaast.18 novembre 187627 d�cembre 1876Mercredi,
7hToulouse
Haute-GaronneJulien Ducaux36 ans, journalier. Le 26 septembre 1876, � Villeneuve-les-Cugnaux, frappe � coups de b�che et de pioche son �pouse Guillaumette Maurat, 32 ans (morte le 1er octobre), sa belle-soeur Marie Naurat, 28 ans (morte le 8 octobre), et Victoire Anglade, �pouse Lacroix, leur voisine, 42 ans (morte le 29 septembre). Sa belle-soeur allait se marier et emporter avec elle, hors de la maison Ducaux o� elle demeurait jusqu'alors, ses meubles et ses biens !Ne dort pas quand les officiels entrent � 5h30. Comprend aussit�t, un peu p�le. Le directeur lui conseille de tourner son espoir vers Dieu, Ducaux acquiesce. Fr�mit durant le d�ferrement. Le gardien-chef Roug� lui demande s'il veut prendre quelque chose, comme du caf� : "Je n'ai besoin de rien. Donnez plut�t � quelqu'un qui puisse en profiter." Il continue : "Vous donnerez au boulanger de Villeneuve-les-Cugnaux 16f70 pour fourniture de pain. Vous ferez �galement rendre le p�trin que j'ai emprunt� � une de mes voisines. Vous laisserez mes effets au condamn� qui m'a servi durant ma d�tention." Va � la chapelle entendre la messe. Au parloir, subit la toilette, se met � sourire. Le procureur lui demandant s'il a une ultime d�claration : "C'est malheureux. On pardonne aux assassins qui tuent pour voler. On gr�cie les bandits de grand chemin, tandis que moi, on m'ex�cute. On a �t� inflexible avec moi qui n'ai pas vol�. Du reste, je ne suis pas coupable, car j'avais, � maintes reprises, pr�venu l'autorit�." Grimpe dans le fourgon. Au Port-Garaud, fixe la machine avec h�b�tement. Le pr�tre dit � la foule : "Le condamn� se recommande � vos pri�res, dites un Pater et un Ave Maria." Ducaux embrasse le crucifix. Tente de bouger quand sa t�te se place dans la lunette, en vain.17 novembre 187624 mars 1877Samedi,
5h30Saint-Mihiel
MeuseCharles-Emile Moulut20 ans. Le 17 novembre 1876, � Erine-Saint-Dizier, tua la veuve Ragouget, aubergiste de 65 ans, � coups de b�ton. Son fr�re cadet, Eug�ne, 18 ans, son complice, fut aussi condamn� � mort, puis gr�ci�.R�veill� � 4 heures. Reste muet en apprenant la nouvelle. S'habille, mais refuse de mettre des sabots et garde des chaussons aux pieds. Refuse alcool, nourriture et tabac. Ne pose aucune question sur le sort de son fr�re, demeure impassible et monte seul dans le fourgon qui le conduit place de la Buanderie. Descend seul, embrasse l'aum�nier puis est pouss� sur la bascule.10 janvier 187726 avril 1877Jeudi,
4h30ParisBaptiste-Joseph Billoir57 ans, ancien militaire. Le 2 novembre 1876, tue d'un coup de pied Jeanne Le Manach, sa ma�tresse, chez elle, 51, rue des Trois-Fr�res, et d�pece le cadavre d�s le lendemain pour aller le jeter dans la Seine, o� il est retrouv�.Avait jou� aux cartes avec les gardiens jusqu'� une heure du matin. R�veill� � 4h10, dormait profond�ment. A la nouvelle, ne dit rien, joint les mains et demeure immobile. "Billoir, il faut vous lever" insiste le directeur Beauquesne. "Ah, pardon." Se laisse habiller d'un tricot pr�alablement �chancr� au cou. Parle dix minutes � l'aum�nier. Conduit au greffe, prend un verre de vin qu'il ingurgite machinalement. Ras� de frais, p�le, paraissant un vieillard, sort de la prison. Embrass� par l'abb� Crozes, baise le crucifix et dit : "Au revoir, mon p�re !" puis est pouss� sous le couperet.15 mars 187712 mai 1877Samedi,
4h30Tarbes
Hautes-Pyr�n�esFrancisco Badel30 ans. Le 25 novembre 1875, Badel, son fr�re Valentino et Marie-Jeanne Viau, la ma�tresse de Francisco, se rendent chez les Campistrous � Montauss�. Ils sont accueillis par Louise, fille de la maison, qui a connu Francisco et Marie-Jeanne en prison. Les trois arrivants poignardent et �tranglent Louise, puis Philippe, son p�re octog�naire.Malgr� sa peur, il ne laisse pas le temps au procureur de parler et il s'adresse � l'aum�nier Clare : "Ah, merci, je serai ferme." Il refuse de se chausser, arguant que "J�sus-Christ est all� nu-pieds au Calvaire, et il �tait innocent." En quittant la cellule, il dit "Adieu mes amis, au revoir dans l'�ternit� ! Priez pour moi !" Il dit des pri�res pendant tout le trajet, et fait un baiser au crucifix avant de se laisser emporter.12 mars 187721 juin 1877Jeudi,
3h06Versailles
Seine-et-OiseAnge-Valentin Roux19 ans, sans profession, repris de justice. Le 9 d�cembre 1876, �trangle et �gorge la veuve Tartarin, 77 ans, cabareti�re � Argenteuil, pour lui voler 32 francs 50. Ses complices, Alexandre D�on et Georges-D�sir� Lamoureux, 20 ans tous les deux, sont aussi condamn�s � mort, mais sont graci�s.R�veill� � 2h30. Tr�s calme. Devant la guillotine, sa chemise d�coup�e se d�chire tout � fait, et c'est torse nu qu'on le bascule. Un jet de sang vient tremper la jambe de pantalon d'un employ� de l'octroi pr�sent au Pont-Colbert. 2.000 personnes pr�sentes.07 mai 187723 juin 1877Samedi,
3h45Angers
Maine-et-LoireAuguste Changeur22 ans, cordonnier. Condamn� � 15 mois de prison � Blois, incarc�r� � la centrale de Fontevrault, en ao�t 1876, assassine un gardien en cherchant � s'�vader. Condamn� � perp�tuit�, attend son d�part pour l'�le de R� (et la Nouvelle-Cal�donie) � la maison d'arr�t d'Angers. Le 24 avril 1877, assassine le gardien-chef Brion pendant sa tourn�e d'inspection nocturne.Refuse les secours de la religion, puis les accepte sur les conseils du procureur : se confesse, entend la messe et communie. Ex�cut� place des prisons.15 mai 187728 juin 1877Jeudi,
3h55Douai
NordL�onard Aublin37 ans, voleur multir�cidiviste, a d�j� pass� au total 17 ans derri�re les barreaux. Tua dans la nuit du 25 au 26 juin 1876 M. Fran�ois Meurant, 65 ans, percepteur � Sivry et sa bonne Rosalie Broguez, 69 ans, respectivement de 19 et 18 coups de couteau. Butin du vol : le portefeuille du percepteur, son coffre-fort cadenass� n'ayant pu �tre ouvert. L'un de ses complices, Vital Bernard, se suicide en prison. Pierre-Aimable Crochon est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 1 heure du matin, accueille le directeur en lui disant "Je vous attendais, monsieur". Re�oit les secours de la religion de la part du doyen de Saint-Jacques et l'aum�nier de la prison, qui doivent m�me le soutenir au sortir de la prison, place Saint-Vaast.19 mai 187717 ao�t 1877Vendredi,
4h45Marseille
Bouches-du-Rh�neL�on-Paul Vitalis24 ans, bouquiniste. Tua le 19 mars 1877 Mme Marie Salat, veuve Boyer, propri�taire d'une cr�merie et d'une mercerie, avec la complicit� de Marie Boyer, 17 ans, fille de la victime et ma�tresse de Vitalis. D�peca le cadavre et alla le dissimuler au Cap Pin�de.R�veill� � la prison d'Aix � 23 heures le 16. On lui fait croire que c'est pour attendre le verdict pr�sidentiel qu'on le conduit � Marseille. Solidement attach�, grimpe dans le fourgon avec le p�re Garnier. Arrive � la prison Chave � 3h45. En route, le p�re Garnier lui fait comprendre la r�alit� de ce voyage, ce qui fait qu'il n'est pas surpris quand on lui annonce officiellement la nouvelle. A la chapelle, le p�re Bessac, aum�nier de la prison de Marseille, c�l�bre la messe. Vitalis demandait � pouvoir la servir lui-m�me, mais on refuse, car il eut fallu le d�tacher. Tr�s recueilli. Rev�tu de la tenue de parricide, vu qu'il est complice d'un parricide. En quittant la prison, refuse de prendre un verre de vin. Au pied de l'�chafaud, place S�bastopol, se met � genoux. L'huissier lit la sentence de mort, le p�re Garnier lui donne l'absolution.05 juillet 187711 septembre 1877Mardi,
5h13ParisJean-Pierre Welker21 ans, employ� aux abattoirs. P�dophile r�cidiviste. Satyre assassin d'une fillette de 8 ans, Jos�phine Eck�rl�, viol�e et �trangl�e avec sa corde � sauter rue Nationale, le 1er juin 1877.R�veill� � 4h40. Stup�fait, ne comprend pas. Pleure, � demi inerte : doit �tre transport� hors de sa cellule. Si faible qu'il ne peut boire le verre d'alcool. Devant la machine, baisse la t�te comme un pantin de chiffon, semble n'avoir plus conscience de rien.13 ao�t 187713 septembre 1877Jeudi,
6h20Laon
AisneJean-Sylvestre Frison53 ans, assassina sa fille Sylvie, 27 ans, � coups de marteau le 15 juin 1877 � Beaumont-sur-Beine. Alcoolique au dernier degr�, battait r�guli�rement son �pouse et sa fille."Je m'y attendais. J'avais bien dit hier soir que ce serait pour aujourd'hui." Il entend la messe, et avant de quitter la chapelle de la prison, grogne : "Ma pauvre Sylvie, c'est ma femme qui est la cause de tout cela." Au greffe, il dit aux aides : "J'aimerais mieux que vous ne m'attachiez pas, je ne pourrai pas marcher. Je vous promets d'y aller franchement." Il se laisse faire, refuse nourriture mais boit un verre de Bordeaux. A l'aum�nier, il demande "Vous allez �crire � M. le cur� de Beaumont pour qu'il dise un ave pour moi." Arriv� au champ Saint-Martin, il se jette dans les bras de l'aum�nier, puis se laisse emmener par les aides.11 ao�t 187725 octobre 1877Jeudi,
6h28ParisAntoine-Joseph Albert25 ans, Belge, d�serteur de l'arm�e. Etrangle et tue � coups de poings Mme Lepelletier, sa logeuse, le 24 ao�t 1876 � la Tour Malakoff (Vanves, actuellement Malakoff), avant de la jeter dans le puits voisin. Sa complice et ma�tresse, Hortense Lavoitte, �pouse Louet, 28 ans, est condamn�e � perp�tuit�.R�veill� � 6h05. "Bien, courage. J'avais bien dormi pour ma derni�re nuit." Se demande si son teint est p�le, on lui ment � ce propos. "Si je ne suis pas p�le, c'est que j'ai la conscience nette au moment de para�tre devant l'Eternel. J'ai �t� franc pour me livrer � la justice, et je serai aussi franc pour mourir. Maintenant, il n'y a plus de piti� pour moi en ce monde, je n'en implore que dans l'autre. Peut-�tre y'en aura-t-il ?" Promet � l'abb� Crozes qu'il sera courageux, puis demande � serrer la main de M.Jacob, chef de la S�ret�. "Je suis heureux, c'est le plus brave des citoyens." Pendant qu'on lui lie les poignets, un aide demande s'il lui fait mal. "Non. D'ailleurs,il faut que je souffre beaucoup pour expier le mal que j'ai fait aux autres." Mais comme l'aide tire un peu fort sur la corde, il crie. "Vous me faites mal, derri�re !" Pendant la toilette, l'abb� Crozes lui relit la lettre �crite pour sa famille. Albert s'adresse aux gens pr�sents : "Hommes, vous me pardonnez, n'est-ce pas ? Moi, je pardonne � ceux qui m'ont fait du mal. Maintenant, allons-y." Devant l'�chafaud, perd son calme en regardant le couperet. "Pardon, Seigneur ! Mon Dieu, pardonne-moi !" Laisse � son avocat, Me Laviolette, une lettre dans laquelle il dit avouer la vraie identit� des assassins de Malakoff, mais qui en fait est une plaisanterie : "Arr�tez l'ex�cuteur Roch. C'est l'homme qui me d�pla�t le plus au monde."27 septembre 187705 janvier 1878Samedi,
7h30Melun
Seine-et-MarneLuigi Teofilo Corsinesco23 ans, Pi�montais. Condamn� � six ans de r�clusion pour avoir port� des coups de couteau � un garde de Paris lors d'une rixe dans un bal populaire. Incarc�r� � la centrale de Melun. Prisonnier r�tif et violent, s'�prend d'un certain Lebigot, surnomm� "la reine des brosses" - il travaille � l'atelier de fabrication des brosses-. Violemment jaloux, poignarda � trois reprises Robin, un rival qui tournait trop autour de son "gosse", le 12 juillet 1877.Montage de la guillotine tr�s difficile : temps absolument glacial quai de Courtille, � l'entr�e de la centrale, sur les bords de la Seine. Cinquante d�tenus sont plac�s de part et d'autre de la machine pour assister � l'ex�cution. A sept heures, les officiels entrent dans la cellule. Corsinesco ne dort pas, il est assis sur un tabouret, au fond de la cellule. Le docteur Saillard lui annonce la nouvelle et le prie de faire preuve de courage : "Du courage ? Mais j'en ai." Puis apr�s lecture de l'arr�t, il dit : "Je reconnais bien avoir m�rit� mon sort, mais pourtant, bien s�r, je n'avais pas pr�m�dit�." Au poste des gardiens, il parle avec l'abb� Boutroy. S'approche du po�le, se r�chauffe, embrasse le crucifix et faisant tomber au passage son b�ret sur le sol, il le ramasse et le pose sur l'une des couchettes des matons. On lui propose de prendre de la nourriture : "Je n'ai besoin de rien. J'ai du courage, mais voyez-vous, ce qui m'emmerde, c'est d'�tre condamn� sur le t�moignage de gens qui ne valent pas mieux que moi. Si encore, c'�taient d'honn�tes gens, �a me ferait moins de peine." M.Roch lui demande d'enlever sa veste, puis la toilette a lieu. Quand la porte s'ouvre, un commandement retentit : "B�rets bas !" et les prisonniers se d�couvrent. En passant devant eux, Corsinesco se met � sourire bizarrement : il a reconnu au premier rang Lebigot ! Apr�s avoir �t� embrass� par l'aum�nier, il est bascul�. Trop en avant, on doit le repositionner sur la bascule avant de faire tomber le couperet. A cet instant, Bigot s'�vanouit, et on voit du sang jaillir du panier.30 novembre 187722 f�vrier 1878Vendredi,
6hAix
Bouches-du-Rh�neJean-Marie Sim�an66 ans, cultivateur � Sept�mes-les-Vallons. Le 22 juillet 1877, �trangle et �touffe la soeur de sa femme, Th�r�se Jacquet, une quadrag�naire qui vivait avec lui depuis qu'elle �tait devenue veuve, apr�s qu'elle se soit rendue compte qu'il lui avait vol� 5.600 francs. Ensuite, il �trangle sa ni�ce Am�lie, la fille de Th�r�se, �g�e de 10 ans, qui a assist� � toute la sc�ne.Au r�veil, � 4h, n'est pas directement inform� de son sort : on lui dit qu'on va le transf�rer, et qu'avant, il va entendre la messe. Malgr� des allusions r�p�t�es du procureur et du gardien, son esprit fruste ne peut comprendre. Ce n'est qu'apr�s la messe que le gardien-chef se d�cide � lui r�v�ler la v�rit�. Il se met alors dans une tr�s grande col�re. "Moi qui n'aurais pas fait de mal � une mouche !" On lui demande de se calmer : "Ah oui, pardonner ? Ma belle-soeur me fait p�rir, et c'est elle qui avance ma mort." Il accuse la terre enti�re de ses malheurs, en particulier sa belle-soeur et les jur�s, avant de se rass�rener. Au greffe, demande un verre de rhum, parle de ses rhumatismes, ses opinions politiques. Il �voque avec tendresse son �pouse, et demande en vain un notaire pour r�diger son testament (un condamn� � mort est d�chu de tous ses droits civils). Confi� � M. Roch et ses aides, le bourreau lui dit : "Allons, ayons du courage, ce ne sera rien." Va, impassible, � l'�chafaud : l�ve les yeux vers le ciel, puis les rebaisse et se laisse aller sur la bascule.08 janvier 187818 mars 1878Lundi,
6h12Evreux
EureEmmanuel-Modeste LouchardPARRICIDE. 27 ans, berger. Pour une histoire d'argent, dans la nuit du 16 au 17 mars 1877 � Goupill�res, assomma sa m�re, la veuve Louchard, n�e Julienne-Agathe Guillotin, � coups de marteau, la d�coupa � coups de serpe, jeta les tron�ons dans une marni�re voisine et fit cuire sa t�te dans un four pour la rendre m�connaissable.R�veill� � 5h. D�j� r�veill�, ayant souffert d'insomnie et de violentes douleurs � la t�te qui avaient oblig� le docteur � se d�placer. "Je le savais." S'entretient avec l'abb� Douin. Au greffe, refuse le caf� et l'eau-de-vie qu'on lui propose, et ne d�sire qu'un peu d'eau sucr�e. Rev�tu du costume des parricides. Le fourgon s'arr�te � cent m�tres de la guillotine, place du Bel-Ebat. Allure ridicule : petit, gros, avec une t�te �norme que le voile ne parvient pas � couvrir enti�rement. Quand on lui enl�ve le voile, il regarde, fascin� et horrifi�, le cercueil pos� sur le sol dans lequel on le mettra bient�t. Au moment o� l'huissier finit de lire l'arr�t, les aides le poussent. Un temps de flottement pour bien positionner le corps sur la bascule - Louchard n'a presque pas de cou - et le couperet tombe. Mais le cadavre, � cause d'une position courb�e sur la machine, tombe assis dans le panier, et des jets de sang jaillissent en fontaine au vu de tous.28 janvier 187811 juin 1878Mardi,
4hLaval
MayenneLouis-L�on Boucher21 ans. Domestique sous un faux nom (Blanchard) chez les Houssin, une famille de meuniers du Bas-Coudray, � Sainte-Isle, viole et �gorge la fille de ses patrons, Henriette, �g�e de 11 ans, le 2 f�vrier 1878. Arr�t�, il est identifi� comme �tant un r�diciviste, auteur de plusieurs viols commis sur mineures.R�veill� par l'abb� Foucault, Boucher dit : "J'ai caus� une peine extr�me � mon vieux p�re par mon inconduite. H� bien, je veux au moins qu'il ait la consolation d'apprendre que je suis mort en bon chr�tien." Apr�s la confession et la messe, il salue ses gardiens et est conduit au greffe pour la toilette. Dans le fourgon, il prie pour se donner du courage. Arriv� place de Herc�, il ne voit pas la guillotine : le bourreau Roch fait obstacle expr�s pour ne pas qu'il soit pris de panique.10 avril 187813 juillet 1878Samedi,
4h30Lyon
Rh�nePierre-Jean Laurent32 ans. Entre le 06 et le 09 d�cembre 1877, tue � coups de hache Pierre Villecourt, 63 ans, propri�taire � Brullioles pour le voler.R�veill� � 3h. Assis sur son lit, ne semble pas comprendre. Sueurs froides sur le visage, les gardiens doivent l'habiller. Refuse la nourriture mais prend un verre de vin. Toilette rapide et sans histoire. Arriv� cours Charlemagne, l�ve les yeux et regarde en face le couperet, avant de reculer de peur. Mouvement rapidement ma�tris� par les aides. M.Roch re�oit un jet de sang en plein visage qu'il essuie avec son mouchoir... uniquement apr�s avoir fait le tour de la machine pour voir si tout est en ordre. Peu de monde pr�sent.25 mai 187818 juillet 1878Jeudi,
4hMorlaix
Finist�reYves-Fran�ois Denis33 ans, cultivateur � Kervigaou� (Finist�re). Le 15 d�cembre 1877, tua � coups de piquet de charette sa tante et bienfaitrice, la vieille Jeanne Leroux, qui lui avait vendu ses biens en viager. Dans une mauvaise situation financi�re, Denis ne pouvait lui payer les 300 francs qu'il lui devait. Condamn� dans le Finist�re, arr�t cass� puis re-condamn� dans le Morbihan. Ses complices, Fran�ois-Marie Larhantec et Fran�ois Simon, ses domestiques et complices (contre 15 francs et un peu d'eau-de-vie), sont condamn�s respectivement � 20 et 10 ans de travaux forc�s.Transf�r� de Vannes � Morlaix le mercredi 17 � 10 heures par train. Arriv� � 18h35, il est incarc�r� � la prison locale et s'endort comme une masse. R�veill� � 3 heures, il faut le secouer pour qu'il ouvre les yeux. En arrivant place Saint-Nicolas, il s'adresse aux quelques 5.000 personnes pr�sentes : "J'ai tu�, je m�rite mon sort. Que Dieu me re�oive dans sa sainte mis�ricorde !" Embrass� par les aum�niers de Vannes et de Morlaix, il se laisse emporter par les aides.03 avril 1878, 06 juin 187807 septembre 1878Samedi,
5h30, 5h35ParisAim� Barr� et Paul LebiezBarr�, 25 ans, ancien clerc de notaire, homme d'affaires en faillite. Lebiez, 25 ans, �tudiant en m�decine. Le 23 mars 1878, attirent dans un pi�ge au 61, rue d'Hauteville, Mme Berthe Liberre-Limouse, dite la "m�re Gillet", laiti�re en affaires avec Barr�, la croyant tr�s riche. Assomm�e � coups de marteau par Barr�, poignard�e de six coups de scalpel en plein coeur par Lebiez. Apr�s l'avoir vol�e, d�pe�ent le corps, dont ils exp�dient une partie au Mans dans une malle, puis abandonnent les membres d�coup�s dans une chambre d'h�tel, rue Poliveau. La ma�tresse de Barr�, L�ontine Lepin, est condamn�e � trois ans de prison pour recel.R�veill�s � 4h50. Barr� est le premier, ne dort pas. P�le, il ne dit pas un mot. Lebiez, qui dormait, se r�veille tr�s facilement et dit : "C'est bien." S�par�s jusqu'au bout. A la toilette, boivent chacun un verre d'eau de vie. Barr� sort le premier. D�faille en voyant la machine. On doit le soutenir. Embrasse l'aum�nier. Mauvaise synchronisation des aides : le "photographe" re�oit un jet de sang dans le visage. Lebiez arrive � son tour. Cherche du regard le spectateur qui crie : "Bravo, Lebiez !" puis prononce ses derniers mots : "Adieu, messieurs." Le fourgon contenant les corps va pour partir quand M.Roch hurle de s'arr�ter : la t�te de Lebiez a �t� oubli�e dans la bassine ! Nouveaut� : le couperet est dissimul� par une plaque de bois au sommet de la machine pour �viter aux condamn�s de le voir avant de mourir - la nouveaut� ne servira que cette fois et lors de l'ex�cution suivante.31 juillet 187818 d�cembre 1878Mercredi,
7h25Alen�on
OrneAim� Ernest Mautin28 ans, ouvrier charpentier et ma�on. Viole, le 10 juin 1878 � Moulicent, Louise-D�sir�e Gautier, �pouse Renard, 21 ans, puis la frappe � coups de bouteille, de couteau et de faucille, l'�ventrant et la d�figurant, avant de s'acharner sur la petite Augustine, trois ans, qui survit. Mme Renard a le temps de le d�noncer, avant de mourir, deux jours plus tard.R�veill� � six heures. Dit "Je m'y attendais." Se confesse, entend la messe. Au greffe, boit un verre de vin chaud. Laisse les aides faire sa "toilette" sans broncher, et monte dans le fourgon avec l'aum�nier. Arriv� au Champ-du-Roi, embrasse le pr�tre. Derni�re ex�cution effectu�e par Nicolas Roch.26 octobre 187819 mai 1879Lundi,
5hAgen
Lot-et-GaronnePierre LapradePARRICIDE, 20 ans, cultivateur. Le 10 novembre 1878, � Allemans-du-Dropt, tua son p�re Jean-Fran�ois, 43 ans, carrier, sa m�re Elisabeth Chaum�s, 38 ans, sa grand-m�re Marie Teyssier, Veuve Laprade, 83 ans, � coups de serpe.R�veill� � 4h. "Je suis innocent, je mourrai innocent." Au procureur qui lui demande s'il n'a pas d'aveux � faire, r�pond :"Non, je meurs innocent." Entend la messe, puis au greffe, demande du caf� et du cognac qu'on lui donne. Mais quand vient l'heure de la toilette, refuse de s'asseoir � la demande de Louis Deibler, le nouvel ex�cuteur en chef. "Je veux y aller comme �a." "Allons, allons, ne faites pas le m�chant, nous ne voulons pas vous faire souffrir." "Moi, je veux souffrir, je n'ai fait de mal � personne et vous me faites souffrir injustement." Avec l'aide des gardiens, les adjoints parviennent � le faire s'asseoir, mais il r�siste et donne de violents coups de pied. Au final, la lutte dure pr�s d'une demi-heure et huit personnes sont n�cessaires pour le ma�triser jusqu'� ce que Deibler lui tape la t�te contre le sol. "Qu'avez-vous fait ?" "Je l'ai sonn�.", r�pond le bourreau. C'est agenouill� qu'on le toilette tant bien que mal, et on lui laisse la camisole de force, dont on d�coupe le col, on le met pieds nus et on lui passe le voile noir sur la t�te, mais on s'abstient de lui mettre la longue chemise blanche. Continue � se dire innocent. Dit qu'il marchera jusqu'au fourgon. La voiture s'arr�te place du Pin, � vingt m�tres de la machine. L'arr�t de condamnation est lu. Laprade embrasse le crucifix et dit � nouveau : "Je suis innocent". La d�capitation se fait au niveau des maxillaires et de l'occiput.06 mars 187910 septembre 1879Mercredi,
5hSaint-Rambert
LoireJean ChambesPARRICIDE. 39 ans, ma�on � St-Etienne. Etrangla � Saint-Rambert courant janvier 1879 son p�re Antoine, 74 ans, pour h�riter de sa maison et de ses meubles. Il dissimula le cadavre sous l'�vier pendant deux mois, vivant dans la maison en compagnie du corps putr�fi� et pr�tendant que le vieil homme �tant parti en voyage.R�veill� � la prison de Montbrison � 1h, se l�ve et dit d'une petite voix (afflig�e depuis toujours d'un b�gaiement prononc�) : "Ah, c'est pour ce matin. Eh bien, tant pis." S'habille, discute avec l'aum�nier, puis grimpe dans un omnibus r�quisitionn� expr�s. Au bout de deux heures et demie de voyage, arrive � Saint-Rambert. A la caserne de gendarmerie, mange un poulet r�ti, boit deux verres de vin et fume deux cigarettes. Marche de la gendarmerie � la prairie o� la guillotine est dress�e, tr�s fermement. L'aum�nier voit son surplis asperg� de gouttelettes de sang.21 juin 187913 novembre 1879Jeudi,
7hBeauvais
OiseTh�otime Prunier23 ans, charretier � Try-la-Ville. Le dimanche 27 juillet 1879, voulait violer la fille de son employeur, meunier, mais en l'absence de celle-ci, rabattit ses d�sirs sur la belle-m�re de ce dernier, Mme Jobin. L'assomma � coups de b�che, viola le cadavre, puis la jeta dans la rivi�re, puis rep�cha le corps une demi-heure plus tard pour le violer de nouveau.R�veill� � 5h avec deux autres condamn�s � mort - Martin et Isnard - pour assister � une messe sp�ciale. Au terme de celle-ci, on annonce � Prunier que la fin est proche. Muet, mais sans soutien, descend au greffe. Demande � serrer la main au gardien-chef et le remercie pour ses bons traitements. Se tourne vers une religieuse pr�sente : "Et vous aussi, ma bonne m�re, laissez-moi vous remercier." Accepte de prendre un verre de rhum, tremble de froid quand on lui lie les mains et demande qu'on le rapproche du po�le, ce qu'on accepte. Se plaint un peu car les liens lui font mal aux �paules. Avant de grimper dans le fourgon, tire quelques bouff�es de cigarette, puis la rejette car il ne peut pas bien fumer avec les mains attach�es. Arriv� place du Franc-March�, regarde la foule et le couperet � plusieurs reprises - le couteau avec une horreur non dissimul�e - puis se laisse basculer.12 septembre 187919 janvier 1880Lundi,
7hParisVictor Pr�vost43 ans, ancien Cent-Gardes, gardien de la paix. Arr�t� pour avoir, le 10 septembre 1879, assassin� chez lui (22, rue de l'Evangile) � coups de boule de tender Alexandre Lenoble, courtier en bijouterie, 38 ans, afin de lui voler pour 6.000 francs de bijoux. Il d�coupa le cadavre en morceaux et tenta de les faire dispara�tre dans les bouches d'�go�t du quartier, mais il fut remarqu� en pleine action. En outre, l'enqu�te montre que trois ans plus t�t, Pr�vost a �trangl� sa ma�tresse Ad�le Blondin le 27 f�vrier 1876, d�coup� son cadavre et jet� le tout dans les �gouts, sauf la t�te, enterr�e pr�s de la porte de la Chapelle. Mobile : lui voler les 1.500 francs qu'elle conservait toujours sur elle.R�veill�, et debout, s'affaisse sur son lit en entendant la nouvelle. Puis il se reprend et dit "Je serai brave, mais cette administration de la Pr�fecture que j'ai tant compromise, je tiens � lui demander humblement pardon." M. Mac�, chef de la S�ret�, lui donne quelques paroles de pardon et de courage. Quand les aides s'emparent de lui, Pr�vost dit "C'est inutile de m'attacher, je ne me d�fendrai pas." M.Mac� lui demandant s'il a des aveux de derni�res minutes, il r�pond :"Aucun, monsieur, ce sont les deux seules fautes que j'aie commises." Il refuse alcool, cigarette et nourriture. Arriv� devant la guillotine, apr�s avoir embrass� l'abb� Crozes, il demande � Deibler : "Est-ce long ?" Le bourreau r�pond : "Non, courage." "J'en aurai", dit le condamn� avant d'�tre pouss� en avant.08 d�cembre 187907 septembre 1880Mardi,
5h30ParisLouis M�nesclou19 ans, ancien mousse. Viole et �trangle la petite fille de ses voisins, Louise Deu, 4 ans, le 15 avril 1880 au 155, rue de Grenelle. D�coupe le corps en 35 morceaux et fait br�ler certains tron�ons dans son po�le.Avant de se coucher, vers 1 heure du matin, en voyant l'orage qui tombait sur Paris, il dit "Allons, ce ne sera pas encore pour cette nuit, il fait trop mauvais temps, je vais dormir." R�veill� � 5h05, alors qu'il ronfle, il faut le secouer quatre fois pour qu'il ouvre les yeux. Il r�pond "Ah ! Bon !" au directeur de la prison. On lui demande � deux reprises de se v�tir, avant qu'on ne prenne l'initiative de le faire � sa place. A sa derni�re volont�, il demande du vin, et boit deux verres avec une grande difficult�. Se met une main en guise de cornet acoustique pour entendre ce qu'on lui dit. S'entretient 10 minutes avec l'aum�nier. Devant la bascule, � l'aum�nier qui l'embrasse, il demande "Embrassez bien pour moi mon p�re." Quelqu'un dans la foule pousse un cri.30 juillet 188016 septembre 1880Jeudi,
5h30Angoul�me
CharenteJules-Isaac HuortPARRICIDE, 23 ans, gar�on coiffeur. Attaque sa grand-m�re, la veuve Laversanne, 74 ans, au soir du 27 f�vrier 1880 � Cognac en tentant de lui arracher la langue � mains nues afin de la voler. La vieille dame meurt le lendemain matin.Le directeur lui demande : "Dormez-vous, Huort ?" "Non, monsieur, je ne dors pas." Inform� des rejets de ses pourvois, Huort s'asseoit et regarde les gens comme s'il ne comprenait rien. ON lui donne ses v�tements civils, il parle avec l'abb� Renoud. Au greffe, il boit un peu d'eau-de-vie, croque un biscuit et fume une cigarette avant de boire quelques gorg�es de vin. Il remercie gardiens et directeur pour leurs bons soins, puis est remis aux bourreaux qui le mettent en tenue de parricide. Conduit place du Champ-de-Foire, il est soutenu par l'abb� Renoud. On lui lit l'arr�t de mort, puis les aides s'en emparent.15 juin 188031 mars 1882Vendredi,
6hVersailles
Seine-et-OisePierre LantzPARRICIDE. 34 ans. Tua dans la nuit du 15 au 16 d�cembre 1880 son p�re septuag�naire, � Lixheim (Meurthe), � coups de pied et de poing et en lui cognant la t�te sur le plancher. Apr�s, il abusa du corps du vieil homme.Temps de pluie. Au r�veil, saisi d'effroi � la nouvelle. Pendant qu'on lui enl�ve sa camisole, le pasteur lui parle. Lantz annonce : "Je suis pr�t." Au greffe, refuse rhum et cognac qu'on lui propose. Il demande pardon au gardien-chef pour avoir �t� un d�tenu d�sagr�able et emport�. Il est mis en tenue de parricide. Le fourgon s'arr�te � 25 m�tres de la guillotine, au Pont-Colbert. Le pasteur prie l'huissier de s'abstenir de lire l'arr�t de mort et demande � Lantz s'il en donne acte. Dur�e de l'ex�cution : une minute environ sur la bascule.10 septembre 188129 juin 1882Jeudi,
4h55Laon
AisneJoseph-Fr�d�ric SoissonsPARRICIDE. 40 ans, briquetier � Marly, canton de Guise. Ivrogne, � force de violences, en 1881, fit fuir sa femme ainsi que leurs trois enfants. Demanda � sa m�re, la veuve Soissons de s'installer chez lui. Inqui�te pour lui, la vieille dame ne cessait de lui conseiller d'arr�ter la boisson, et il la battait comme pl�tre r�guli�rement. Craignant de la voir partir - ainsi que ses �conomies, environ 1.000 francs -, le 24 novembre 1881, tua sa m�re � coups de pelle � feu et la pi�tina avec ses sabots, puis mit le feu � sa propre maison pour faire dispara�tre les traces.Au r�veil, se met � pleurer, car croyait en sa gr�ce : "Quel malheur ! Quel malheur ! Il n'y a donc pas moyen d'avoir piti� de moi !" Apr�s la messe de l'abb� Degoix, toilette o� il rev�t l'habit de parricide. Soutenu jusqu'au fourgon. Arriv� sur le champ Saint-Martin, le v�hicule s'arr�te � vingt m�tres de la machine. Lecture de l'arr�t, puis ex�cution tr�s rapide.10 f�vrier 188203 juillet 1882Lundi,
5hBordeaux
GirondePhilippe Pierre Martinet35 ans. Assassine dans la nuit du 9 au 10 avril 1881 son oncle Mathias Martinet, 72 ans, aux Maingauds, pr�s de Sainte-Foy-la-Grande, en lui aspergeant le visage d'acide sulfurique pendant qu'il dort, puis le frappe � coups de fourche, de couteau, de serpe, de piques � brochettes et d'un gros clou. La m�re Martinet, soeur de la victime, 70 ans, et les voisins, les �poux Large, sont jug�s pour complicit�.En apprenant la nouvelle, pris d'un tremblement nerveux. Ecoute la messe, se confesse et communie. Donne � l'aum�nier un papier destin� au Parquet. Arriv� place du Repos, pris de faiblesse, doit �tre port� jusqu'� la machine. A peine 50 spectateurs.12 f�vrier 188228 ao�t 1882Lundi,
4h30Le Puy
Haute-LoirePierre Mallet36 ans, vagabond. Tua � coups de marteau le 03 janvier 1882 l'abb� Rivet, cur� de Saint-Ar�ons-sur-Allier, pour le voler. L'intention de d�valiser un presbyt�re en t�te, Mallet avait d�j�, quelque temps plus t�t, tent� d'entra�ner dans un pi�ge le p�re Garraud, cur� de Sainte-Marie des Chazes, mais ce dernier s'�tait m�fi� de lui et l'avait fait reculer, une arme � la main.Ne dort pas quand les officiels entrent dans sa cellule, � 3h. Tremble nerveusement. Ecoute l'aum�nier avec patience. En sortant de prison, embrasse et remercie tous les gardiens. P�le, prostr�, son dernier geste est d'embrasser l'aum�nier, le gardien-chef et les aides avant d'�tre couch� sur la bascule de la guillotine, dress�e place du Foirail.27 juin 188222 septembre 1882Vendredi,
5h40La Roche-sur-Yon
Vend�eJules-Pierre "Armand" Barbier33 ans, ouvrier agricole. Tua � Saint-Vincent-Sterlanges, le 17 f�vrier 1882, son patron M.Durand et sa fille Mme Guibot, et blessa gri�vement Mme Durand et une fillette, C�cile BernierSurpris par la nouvelle, s'agenouille sur son lit et joint les mains en criant "Oh mon Dieu !". Puis se calme, s'habille. Aux questions du procureur, il r�pond que le d�sespoir l'ont conduit � ce geste. Il parle avec l'aum�nier, demande � �crire une lettre � sa famille, ce qui lui est accord�. Boit un verre de rhum, fume une cigarette. Avant d'�tre remis aux ex�cuteurs, il dit au procureur Degors : "Je suis un soldat, je n'ai jamais �t� mauvais soldat. Dans un instant, je serai l�-bas. Si je m'�chappais ou qu'on me manqu�t, je vous promets que je ne vous manquerais pas." Arriv� � l'entr�e du cimeti�re, o� la guillotine est mont�e, il la regarde avant de se laisser basculer.28 juillet 188217 septembre 1883Lundi,
6h02Reims
MarneEdouard Hotz29 ans, ouvrier agricole. Licenci� pour vol, tua son ancien patron, Ferdinand Morlot, d'un coup de croc � paille dans la t�te, le 23 mai 1883 � Blaise-sous-Arzili�re, et d�roba 2.000 francs et une paire de bottes.R�veill� � 4h30. Un gardien le prie de descendre au greffe, bureau du gardien-chef, sous pr�texte que le procureur veut le voir. Il s'habille sans comprendre et arriv� au greffe, il est inform� du rejet de sa gr�ce : demande "Comment, ce n'est pas la gr�ce qui est venue ?" avant de pousser un cri rauque et de s'�vanouir. Relev�, il refuse de prendre alcool ou nourriture. On le laisse avec l'abb� Lejeune, puis on lui fait r�vetir ses habits civils. Conduit � la chapelle, on veut le faire communier, mais il refuse. Durant la messe, il demande � un gardien : "A quelle heure me coupe-t-on le cou ?" Deibler arrive � 5h30, et encourage Hotz � bien mourir. Livide et inerte, Holtz n'est plus que l'ombre de lui-m�me. Apr�s vingt minutes de trajet en fourgon, arrive porte Dieu-Lumi�re. Des cris sont pouss�s dans la foule : "La voiture ! Reculez la voiture !" Descendu et largement soutenu par les aides, a un mouvement d'�pouvante en d�couvrant la guillotine.21 juillet 188301 octobre 1883Lundi,
6h20Versailles
Seine-et-OiseLouis Houy55 ans, ouvrier terrassier. Tue d'une balle de revolver dans la t�te chacune C�cile Ursule Matrenghem, veuve Deslandres, 73 ans, renti�re, et Anne Touzet, �pouse Carr�, 59 ans, bonne de la premi�re victime, � Dourdan le 09 avril 1883, pour les voler. Les corps sont retrouv�s le 20 avril. Son complice Henri Soullier est condamn� � quinze ans de travaux forc�s, Capelle, receleur, � cinq ans de prison.R�veill� � 4h30, cellule n�4 : "Ah, c'est pour aujourd'hui. C'est bien." Avait toujours manifest� l'envie de voir la fin proche. Refuse de prendre quelque nourriture, boit un verre de cognac et envoie l'aum�nier Charvet sur les roses : "Allez-vous-en, je n'ai pas besoin de vous." Demande de quoi �crire et fait deux lettres, l'une � son fr�re, pour lui reprocher de ne pas l'avoir plus aid� et lui demander de donner ses biens au premier pauvre qui passe. La seconde lettre est pour le pr�sident de la R�publique et dit en substance : "Dix-huit cadavres se trouvent dans un souterrain au coin de la rue des Fourneaux, pr�s de la porte de Versailles." Il signe ce message : "Celui qui meurt ne ment pas !" Offre une paire de chaussettes et ses lunettes � un gardien. Toilette rapide, Houy courageux, ne dit pas un mot mais n'a pas un instant de faiblesse. Au Pont-Colbert, il regarde la guillotine de haut en bas, repousse l'aum�nier qui veut l'embrasser, puis � un des aides, dit : "Desserez la courroie, adieu !" Maladresse flagrante de Deibler, qui met plus d'une minute � lui mettre le cou dans la lunette - quand bien m�me le condamn� ne se d�bat pas - et lui frappe involontairement trois fois le front contre le bois, ce qui fait crier Houy de douleur. Pr�sence remarqu�e - et contest�e - d'un p�re de famille qui a amen� son fils de dix ans assister � l'ex�cution : l'enfant est horrifi�.26 juillet 188312 octobre 1883Vendredi,
5h30Lyon
Rh�neBeno�t-Marie GonnachonPARRICIDE, 29 ans, domestique. Le 07 f�vrier 1883, � St-Igny-de-Vers, attire dans un guet-apens et tue son p�re Jean-Marie, 55 ans, � coups de hache, afin d'en h�riter l'argent que celui-ci lui refusait depuis trop longtemps. Son complice Chalandon est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 4h05. Dort : Louis Deibler (?) lui tape sur l'�paule pour le r�veiller. Ouvre les yeux, se met � pleurer et demande ce qu'on vient lui annoncer. Quand le gardien-chef Pernin le luit dit, il sombre dans un �tat d'abattement total. Descend du fourgon an�anti, courb� en deux, rev�tu de la tenue des parricides. 5.000 personnes pr�sentes place Sainte-Blandine.13 ao�t 188312 avril 1884Samedi,
5hDouai
NordHenri MasquelinPARRICIDE, 30 ans, cabaretier. Ivrogne, eut des relations incestueuses avec sa m�re, Appoline Jos�phine Duthoit, veuve Masquelin, 60 ans, tenanci�re d'estaminet � La Madeleine-l�s-Lille, en la mena�ant. La frappait souvent devant t�moins. Le 07 novembre 1883, finit par l'assassiner � coups de manche � balai et de hache, avant de lui arracher la langue et de lui enfoncer un encrier en plomb dans la gorge.D�j� r�veill� par la foule install�e place Saint-Vaast, joue aux cartes avec un co-d�tenu. A l'annonce, ne r�pond pas. Entend la messe, communie. Pendant la toilette, demeure an�anti. Appara�t aux marches de la prison, � demi-inerte, v�tu du costume des parricides, soutenu par les aides. Devant la bascule, on le fait s'agenouiller le temps que l'huissier lui lise la sentence.15 f�vrier 188430 avril 1884Mercredi,
4h48ParisX... dit
"Michel Campi"35 ans environ, vrai nom inconnu. Le 10 ao�t 1883, assassine � coups de marteau chez lui, rue du Regard � Paris, l'ancien avocat Ducros de Sixt, tenta de tuer �galement la vieille soeur de ce dernier. Jamais aucune explication ne fut donn�e � ce crime.R�veill� � 3h30. R�veill� par le directeur de la prison. Il demande l'heure qu'il est, puis s'habille. Il se nettoie sommairement la figure, boit un verre de vin blanc, et prie qu'on donne les 4f50 qui lui restent aux pauvres. Campi reste 5 minutes avec l'abb� Moreau. Apr�s, il subit la toilette, et souhaite qu'on "ne s'occupe pas de moi apr�s ma mort", sous entendant qu'il ne veut pas d'autopsie. Il demande s'il y a des journalistes, et les critiquent : "Ah, ils m'ont �t� fatals, ceux-l�, s'ils avaient moins parl� de moi, on ne me guillotinerait pas ce matin." Refuse de discuter avec un magistrat pour lui donner des pr�cisions de derni�re minute. "Merci, j'en ai assez." Une veste de prisonnier sur les �paules, il quitte la prison et remarque : "Il ne fait pas froid." Puis en voyant la guillotine : "Ah, ce n'est que �a ?" Il accepte la bise de l'aum�nier puis se laisse basculer.21 mars 188416 ao�t 1884Samedi,
4hMontbrison
LoirePaul BerthaudPARRICIDE, 25 ans, agent d'affaires. Tua le 06 juillet 1883, M. Eug�ne Moretton, 88 ans, son grand-p�re, et sa bonne, Catherine Variclier, � Feurs.Apr�s une courte d�faillance, Berthaud se reprend et fait preuve de fermet�. Prend un verre de rhum et serre la main aux gardiens, avant de leur demander merci pour leurs bons soins. S'entretient avec l'abb� durant la toilette, durant laquelle on le met en tenue de parricide. Devant la machine, place Saint-Jean, il embrasse le pr�tre � plusieurs reprises.28 juin 188418 ao�t 1884Lundi,
4hTulle
Corr�zePierre GirondePARRICIDE, 33 ans, fermier. Craignant d'�tre expuls� de la maison paternelle, le 09 ao�t 1883, tue son p�re Jean, cultivateur � Champeau, commune de Brivezac, de trente coups de hache et de couteau, et le jette dans une mare voisine pour faire croire � un suicide. Au proc�s du 9 d�cembre 1883 � Tulle, son fr�re cadet Martin, 28 ans, cit� comme t�moin, r�v�le que Pierre lui a fait porter le coup de gr�ce sous la menace, ce qui provoque le renvoi de l'affaire � une session ult�rieure. Au terme du second proc�s, Martin est acquitt�.A l'entr�e des autorit�s, � 2 heures, d�j� r�veill� par l'orage. Calmement, r�pond : "C'est bien malheureux... je suis bien innocent." Ne verse pas une larme. S'entretient avec l'aum�nier, va � la chapelle soutenu par un gardien pour entendre la messe. De retour en cellule, boit du caf� et du cognac. Pendant la toilette, murmure en patois. Ex�cut� place du Champ-de-Mars. Va � l'�chafaud avec r�signation. Mal bascul�, doit �tre replac� dans la lunette. Foule importante.13 juin 188429 octobre 1884Mercredi,
7hRouen
Seine-Inf�rieureJules-Marie AdelinePARRICIDE, 20 ans, soldat au 74e de ligne. Bat � mort et �trangle son grand-p�re, M.Biette, le 10 juin 1884 � Touques (Calvados) pour lui voler quelques centaines de francs.25 juin 188409 d�cembre 1884Mardi,
7h35Saint-Pierre-l�s-Calais
Pas-de-CalaisAntoine Anglicus38 ans, cordonnier, Belge. Abusait de sa fille Maria, 18 ans, couturi�re, depuis plusieurs ann�es. Celle-ci s'enfuit au printemps 1884, et travaille � Saint-Pierre dans une usine de tulle. Le 12 juin, son p�re la retrouve, veut la forcer � regagner la maison familiale et la tua d'un coup de couteau de boucher dans le coeur comme elle refusait.R�veill� � la prison de Saint-Omer � 4 heures. Croyant �tre graci�, la nouvelle lui donne un choc terrible qui le fait d�faillir. A cinq heures, prend le train de Calais entour� de quatre gendarmes et de l'aum�nier, sans dire un mot, abattu. Toilett� dans une salle d'attente de la gare de Calais. Semble devenu fou, demande au procureur : "Je veux mes outils, ils m'appartiennent." Ex�cut� devant la mairie, environ 5.000 personnes pr�sentes.13 septembre 188419 janvier 1885Lundi,
7hDijon
C�te-d'OrPierre Marquis32 ans, r�mouleur. Tue de trois coups de revolver au sortir de la messe � Arceau le 31 ao�t 1884 le juge Tripart et son fils. Tripart l'avait condamn� � cinq ans de r�clusion, 9 ans avant pour tentative de meurtre dans le Doubs.R�veill� � 6 heures. Dort bien. R�pond : "Je n'ai rien � dire." A l'aum�nier, pr�cise : "Je n'ai aucun regret, j'aurais pu me tuer, on aurait ri de moi, j'ai pr�f�r� me venger." Au greffe, boit tranquillement caf� et cognac. Quand on d�coupe son col, il grogne : "Encore une chemise de perdue pour l'administration !" Arriv� devant la bascule, il clame : "Pauvre soci�t� ! Que ma mort te serve d'exemple, et t'�pargne les malheurs qui t'attendent !"15 novembre 188422 janvier 1885Jeudi,
7h23Bayeux
CalvadosJules LamoureuxPARRICIDE. 30 ans, journalier. A Cormotain, en septembre 1884, �trangle avec sa cravate sa m�re, 60 ans, et lui frappe sur la t�te avec un pav� puis tente de tuer son p�re qui venait au secours de son �pouse avant de s'enfuir avec leur argent. Avait d�j� tent� d'empoisonner ses parents � l'essence de t�r�benthine pour obtenir leur h�ritage plus rapidement.Quitte la prison de Caen � 2 heures du matin, prend le train qui arrive � 5h30. Pendant la toilette, refuse obstin�ment de dire o� il a cach� l'argent. Impassible jusqu'au bout. Ex�cut� place St-Patrice devant 2.000 personnes.22 novembre 188417 avril 1885Vendredi,
5h15Riom
Puy-de-D�mePierre Biton25 ans, portefaix. Pour le voler, �trangla avec un mouchoir l'aubergiste Chossi�re, � Sauviat, dans la nuit du 11 au 12 septembre 1884. Ses trois complices, Bernard, Molle et Jarles furent condamn�s � perp�tuit�.Pris d'un tremblement nerveux au r�veil. S'habille, parle avec l'aum�nier, boit un verre de cognac et fume une cigarette. Quand les ciseaux d�coupent sa chemise, il crie : "Que voulez-vous me faire ?" Deibler r�pond : "Taisez-vous, mon ami, nous ne voulons pas vous faire de mal." Devant la prison, embrasse le crucifix tout en regardant la machine. Va d'un pas ferme vers la bascule.25 f�vrier 188524 avril 1885Vendredi,
4h45ParisAdolphe Tiburce Gamahut25 ans, ancien moine, devenu lutteur de foire. Avec quatre complices, �gorge et assomme � coups de bouteille Mme veuve Ballerich, au 145, rue de Grenelle, le 27 novembre 1884 pour voler deux francs cinquante.R�veill� � 4h10. Mal dormi � cause d'un violent mal de dents. Hagard, ne comprend pas. On lui r�p�te la sentence, il murmure : "Que la volont� de Dieu soit faite." Prie avec l'abb� Faure. Refuse sans parler un verre de cognac, passe ses v�tements. Va assur�ment au greffe : toilette sommaire, car sa t�te et son visage sont ras�s. Quand on lui demande s'il a une derni�re d�claration � faire, il sourit tristement sans dire un mot. Ses yeux luisent de peur devant la machine, et il embrasse l'aum�nier. Son corps tombe dans le panier les jambes repli�es.11 mars 188521 mai 1885Jeudi,
4hDouai
NordAlphonse Lepot20 ans, tua � Lille la Veuve Boulanger pour la voler, le 19 septembre 1884 en plein jour. Condamn� � mort avec son complice Linez, lequel est graci�.A son r�veil, se mit � crier :"Je ne veux pas mourir, je n'ai rien fait pour cela ! Foutez-moi la paix ! Je suis le moins coupable, et c'est moi qu'on guillotine !" Puis il se calma et �crivit une lettre � sa m�re. Attach� solidement par les aides qui craignaient une r�action brutale de sa part, la chose s'av�ra inutile. Il marche d'un pas ferme et regarde le couperet � plusieurs reprises. Pluie torrentielle. La section se fait un peu trop bas et touche les �paules.22 mars 188502 juillet 1885Jeudi,
4hTroyes
AubeJoseph Gagnier, dit "Gagny""L'assassin de la Gloire-Dieu", 55 ans, d�j� acquitt� par les assises dans une affaire de meurtre sur un garde-chasse en 1878 : le 21 janvier 1885, tua Ad�rit Delahache et sa m�re, ainsi que la servant C�lestine Beauvallet, avec l'aide de son complice Aim� Arnoult, condamn� � perp�tuit�.R�veill� par le gardien-chef. Se l�ve tranquillement. Dit au juge d'instruction : "Je ne suis pas all� � la Gloire-Dieu, et je n'ai ni tu� ni vol�." Demeure parfaitement impassible � part cela. Arriv� place de la Tour, il regarde la machine avant d'�tre bascul�.17 mai 188518 juillet 1885Samedi,
4h15Caen
CalvadosJacques Heurtevent36 ans, repris de justice. Tua dans la nuit du 20 au 21 janvier 1885, avec Pierre Monsallier, 59 ans, la veuve Pilon, 79 ans, � Saint-Aubin-sur-Algot pour lui voler de l'argent et des volailles. Tous deux furent condamn�s � mort, et Monsallier gr�ci�.Quand, au r�veil, apprend la nouvelle de la bouche du procureur, se met � hurler qu'il est innocent. Pendant la messe, continue � protester � grands cris, et se calme durant la toilette. Refuse toute nourriture. Arriv� sur les foss�s Saint-Julien, garde la t�te baiss�e, et se met � trembler en voyant non loin de la guillotine le cercueil qui lui est destin�. Hurle : "Je suis innocent, je suis innocent, que mon sang retombe sur le jury !" R�siste aux bourreaux sur la bascule en coin�ant sa t�te contre l'un des montants. Au bout de quelques secondes, on arrive enfin � le placer correctement pour refermer la lunette.08 mai 188527 juillet 1885Lundi,
4h57Bordeaux
GirondePierre ForgeaudRecueilli par son oncle Jean Forgeaud et sa femme, les tue chez eux, rue des Boissi�res � Angoul�me en avril 1883 avec la complicit� de leur bonne, Marie-Catherine Marionneau, sa ma�tresse, pour leur voler titres de rente, bijoux et argent. Le crime est d�couvert le 20. Apr�s le crime, se r�fugient en Italie et sont extrad�s. Premi�re condamnation dans la Charente, arr�t cass� le 17 avril, seconde condamnation en Gironde.Au r�veil, � 4h, r�pond au procureur : "Du courage ? J'en aurai. Il y a longtemps que j'attendais la nouvelle. Je suis honteux de l'inf�mie qui retombera sur ma famille. Je regrette de n'avoir pas poignard� Marguerite." Assure avoir commis son crime sans pr�m�ditation. D�barrass� de la camisole, entend la messe, communie. Au greffe, boit un verre de caf� noir et a les cheveux coup�s (il les portait tr�s longs). Place du Repos, descend le premier du fourgon et en murmurant des pri�res, il va de lui-m�me � la guillotine. Environ 10.000 personnes pr�sentes.06 mars 1885, 24 mai 188510 ao�t 1885Lundi,
5h, 5h13ParisPaul Gaspard

Charles Marchandon

Gaspard, 22 ans. Dans la nuit du 21 au 22 f�vrier 1885, assassine de 42 coups de ciseaux le p�re Delaunay, 74 ans, menuisier, 70, rue d'Angoul�me, pour le voler. Son complice Mayer, 21 ans, condamn� � mort lui aussi, est graci�.

Marchandon, 22 ans, valet, plusieurs fois condamn� pour vol. Tua � coups de couteau � d�couper Mme Cornet, 60 ans, rue de S�ze, dans la nuit du 15 au 16 avril 1885. Sa victime, �pouse d'un riche fileteur, l'avait engag� la veille comme domestique.

Gaspard est r�veill� le premier. "C'est bien triste, mais je m'y attendais. Est-ce que Mayer est ex�cut� lui aussi ?" Face � la r�ponse n�gative, il ne r�pond rien. Demande � �crire � sa m�re, ce qui lui est refus�, puis il est ligot�. Marchandon demande lui aussi � �crire � sa m�re : refus� �galement. Va t�te baiss�e vers la guillotine et n'a qu'un mouvement de recul devant la guillotine.20 juin 1885, 27 juin 188512 ao�t 1885Mercredi,
5hSaint-Omer
Pas-de-CalaisLouis Pain22 ans. Tua pour la voler, le 8 mars 1885, avec son fr�re Octave (19 ans) la veuve Mollet, cabareti�re � Saint-Folquin. Les deux fr�res sont condamn�s � mort, mais Octave est graci�.Esp�rait sa gr�ce, s'occupait d'un chaton en cellule. Quand on l'informe, il r�pond "Bien, monsieur !" En guise de derni�res volont�s, demande qu'on donne ses v�tements � sa femme. Il rassure ses gardiens : "Soyez tranquilles, j'aurai du courage." Pendant la toilette, demande au greffier de lui donner une cigarette, et il fume, mains attach�es. Place du March�-aux-Bestiaux, il descend du fourgon avec fermet� et se laisse saisir par les bourreaux. Il fallut dix minutes pour refermer le cercueil, trop petit pour le corps, et la mise en bi�re fut accompagn�e par de longues gerbes de sang... jusqu'� ce qu'une des planches lat�rales c�de, laissant voir le corps.11 juin 188528 septembre 1885Lundi,
6hRiom
Puy-de-D�meJean TrincardPARRICIDE, 32 ans, cultivateur. Etrangla - plus pr�cis�ment la serra contre lui pour l'�touffer - sa m�re, Gabrielle Boisson, 58 ans, pour la voler le 12 mai 1885 � Vertaizon.Au r�veil, apr�s un moment d'abattement, demande � Dieu pardon pour ses crimes. Parle � l'aum�nier, et au greffe, boit un cordial en attendant les bourreaux. Il est mis en tenue de parricide. Devant la machine, embrasse l'aum�nier. 8000 personnes pr�sentes.05 ao�t 188502 f�vrier 1886Mardi,
7h10Caen
CalvadosBeno�t Jeton44 ans, ouvrier agricole. Dans la nuit du 13 au 14 juillet 1885, � Bonneville-la-Louvet, assassine � coups de pelle et de pioche Gabriel Coulomier, compagnon de beuverie, pour lui voler 100 francs et quelques habits. Il fait le coup avec un complice, Joachim Legal, qui sera lui aussi condamn� � mort et gr�ci�.R�veill� � 6h08. "Je sais pourquoi l'on me demande. Je m'y attendais, j'ai m�rit� mon sort et je ne me plains pas." Apr�s l'entretien avec l'aum�nier, �mu, il prie. Au greffe, il n'accepte de boire qu'un peu de bouillon, en expliquant que "la fi�vre commence � me gagner." Puis, voyant l'eau-de-vie sur la table, il dit : "H�las ! Voil� tout ce qui a fait le malheur de ma vie jusqu'au dernier moment. Si je n'avais pas bu, je n'en serais pas l�. C'est pourquoi je dis aux jeunes gens : ne buvez pas ! Ah, maudite boisson !" Pendant la toilette, demande aux aides de ne pas le lier trop fort. Regrette de ne pas avoir communi�. Conduit promenade des Foss�s-Saint-Julien, inform� par Deibler : "Nous sommes en avance. Si vous avez encore quelque chose � dire, nous avons encore quelques minutes, vous pouvez en profiter." "Non, r�pond le condamn�, maintenant. Le plus t�t sera le mieux." Il embrasse l'aum�nier et se laisse emporter.13 novembre 188505 f�vrier 1886Vendredi,
7hM�zi�res
ArdennesNicolas-Th�odule Gurnot32 ans, braconnier. Tua le 5 ao�t 1885 dans les bois d'Autry l'encaisseur de Grandpr�, M.Tarnoux, d'un coup de fusil, pour voler l'argent qu'il transportait.Refusa de signer son pourvoi. Pleure � son r�veil, � 5h15, reprochant � la justice de ne pas �tre �gale pour tous. Refuse les secours de la religion, ainsi que toute nourriture : "Pourquoi faire, puisqu'on va me couper la t�te ?". Au greffe, accepte malgr� tout un peu de cognac. Pousse un cri rauque quand on lui met la t�te dans la lunette. Ex�cution place Saint-Jullien. 2.000 personnes pr�sentes.13 novembre 188529 mars 1886Lundi,
5h30Vesoul
Haute-Sa�neFrancesco Picenardi23 ans, ouvrier terrassier, Italien. H�berg� par les �poux Martin, couple d'aubergistes sexag�naires de Corre, qui le consid�raient comme faisant partie de la famille. Pour les voler, Picenardi les attaque � coups de serpe pendant qu'ils dorment le 5 septembre 1885 : le p�re Martin est presque d�capit�, la m�re Martin survit miraculeusement aux 18 blessures re�ues.R�veill� � 4h55. Peu troubl�, r�pond juste : "Ah!" Affirme � nouveau ne pas avoir commis le crime pour l'argent, mais seulement � cause de son �tat d'�bri�t�. S'entretient cinq minutes avec l'abb� Mougeot. Trempe ses l�vres dans une tasse de caf� noir, et refuse de la boire. Attach� par les aides et charg� dans le fourgon, reste ferme, sans d�faillir. Descend sur le champ de foire, derri�re la halle aux grains, lieu de l'ex�cution. Embrass� par l'abb�. Un aide lui retire sa blouse et son chapeau avant de le basculer.04 f�vrier 188602 avril 1886Vendredi,
5h30Laon
AisneCyprien-Augustin Gatteaux42 ans, manoeuvre. Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1885, �trangle et poignarde la veuve Florence Mathieu, 61 ans, dans sa maison de Beaurieux, avec la complicit� de son beau-fr�re Eug�ne Lepage, qui sera condamn� � perp�tuit�.A son r�veil, g�mit : "Malheur ! C'est fini !" Pleure et se roule sur son lit avant de se calmer. Il boit un verre de cognac, puis discute avec l'abb� Degoix. Avoue un dernier vol. Pendant la messe, est pris d'une nouvelle crise de nerfs. Au bureau du gardien-chef, mange une brioche, boit un verre de vin blanc et une tasse de caf�. Avant de monter dans le fourgon, il dit : "Il faut que je me r�signe. Je sais qu'il n'y a pas de r�sistance � faire." Devant la machine, il embrasse la photo de sa famille et dit : "Je vais voir s'il y a un Bon Dieu au ciel..." Pouss� sur la bascule, il crie : "Arr�tez !" Anecdote : l'huissier Laurent ingurgite un litre de vin blanc pour se donner le courage de participer � l'ex�cution ce matin-l�.10 f�vrier 188608 avril 1886Jeudi,
5h30ParisFlorent Ko�nig20 ans, chaudronnier. Le 12 juillet 1885, sur le Champ-de-Mars, en compagnie de trois autres souteneurs comme lui, Forget, Huillot et Bouillon, tua le d�bardeur Courtin pour lui voler deux francs (!) et tente de tuer l'opticien Kuntz. Koenig et Forget furent condamn�s � mort, les deux autres � la r�clusion perp�tuelle.R�veill� � 4h45. Fond en larmes. Refuse toute nourriture. Discute avec l'abb� Faure, pleure sans arr�t jusqu'au pied de l'�chafaud, devant lequel il crie : "Je suis innocent ! Quand je vous dis que je suis innocent !" Sur la bascule, se tord � tel point que les bourreaux doivent les remettre dans la bonne position. Il crie : "Oh ma m�re !" quand le couperet tombe.10 f�vrier 188609 juin 1886Mercredi,
4hVersailles
Seine-et-OiseL�on Jean, dit "Tapage"26 ans. D�fonce � coups de pieu le 10 octobre 1880 � Brasseuil le cr�ne d'une nonag�naire, la veuve Mall�vre, pour la voler. Le 12 avril 1881, face au manque de preuves et � des d�fauts d'instruction, il est acquitt�. Le 18 ao�t 1885, � Vert, il assomme avec un chevalet � scier le bois un vieillard, M.Pigis, pour le voler, en compagnie de Louis Reder. Tous deux furent condamn�s � mort, et Reder gr�ci�.Soulag� par la nouvelle, dit en avoir assez d'attendre au choix la guillotine ou le bagne. Dans une derni�re lettre � sa m�re, la prie de lui pardonner tout le mal qu'il lui a fait, et dit que sa derni�re pens�e sera pour elle. Sur un autre papier, il �crit :" Puisque le moment fatal est arriv�, je vais avec courage � l'�chafaud." Il boit paisiblement un cognac, se confesse, puis se laisse saisir par les aides. Dans le fourgon, il fume une cigarette. Arriv� au Pont-Colbert, il dit � la foule : " Messieurs, que mon ex�cution serve d'exemple � tous les jeunes gens de mon �ge !" Un aide maladroit, en r�cup�rant sa t�te dans la bassine, la laisse tomber et rouler au sol sur un bon m�tre. Un adolescent de 15 ans, Pierre-Henri Junin, s'�vanouira et deviendra fou apr�s avoir assist� � l'ex�cution. Il sera intern� apr�s qu'on l'ait retrouv� endormi au bord d'un chemin aupr�s de la d�pouille d'un chien qu'il a d�capit�...12 avril 188604 octobre 1886Lundi,
6h, 6h10ParisJoseph "Pas de chance" Frey et Pierre Rivi�re26 ans, couvreur et 30 ans, journalier. Etrangl�rent Louise Henriette Largeot, veuve Deshayes, 42 ans, h�teli�re, le 26 mars 1886, 94 boulevard de Charonne, pour la voler.A 5 heures, Rivi�re est d�j� r�veill� et presque habill�. "Ah ah, c'est pour aujourd'hui... Je m'en doutais. L'autre y passe-t-il aussi ?" Comme on r�pond vaguement, il insiste en vain. "C'est tout de m�me malheureux ! Je sais bien que je ne suis pas innocent. Mais enfin, l'auteur de ce crime-l�, c'est l'autre !" Il n'a plus envie de partir : "Non, non, cela n'est pas possible. Si seulement j'�tais l'auteur du crime, vous verriez un peu si j'irais avec courage !" L'abb� Collomb vient le calmer. "N'ayez pas peur, je ne faiblis pas." Puis c'est sans soutien qu'il va au greffe pour la toilette. "M. Gr�vy n'est vraiment pas cl�ment, mais je suis content que l'autre y passe." Puis, alors qu'on lui lie les chevilles : "Salaud de Frey ! Si je te tenais, va ! Je me doutais que j'allais mourir, mais vraiment, quatre-vingt-dix jours d'attente, c'est trop long !" L'abb� veut le r�conforter, il le chasse : "Laissez, je ne crois plus � rien, je ne crois plus en Dieu, laissez-moi tranquille !" Il boit un verre d'eau-de-vie m�lang�e � du sirop de cassis, puis quitte le greffe en grognant : "Faut-il que j'ai rencontr� Frey ce jour-l� !" Et devant l'�chafaud, il crie : "Vous direz au p�re Gr�vy que c'est un assassin !" Frey, lui, dormait profond�ment. Aux encouragement de l'abb� Faure : "Oh, ca ne fait rien du tout, ne vous occupez pas de moi." Il s'habille seul, et dit : "Eh ben, ca y est, c'est tout !" Souriant, calme, il n'est pas plus ouvert aux secours de la religion que son complice : "Oh, vous savez, M. l'aum�nier, laissez-moi tranquille, ne me parlez pas de votre bon Dieu, c'est inutile !" Il va � la mort courageusement.09 juillet 188611 novembre 1886Jeudi,
7h02Saintes
Charente-Inf�rieureTh�ophile-Emile FuretCultivateur. A la Font des H�rauds (Charente-Maritime), �trangle Jeanne B�nassit, veuve S�billaud, 86 ans, pour lui voler 5000 francs dans la nuit du 24 au 25 mars 1886 et s'enfuit quand on le soup�onne. Puis, au Mas d'Anglade, pr�s de Perpignan, abat d'une balle dans la t�te le 16 avril au petit jour un certain Bertrand, et camoufla le crime, laissant des indices compromettants pour laisser croire � la police que Bernard �tait l'assassin de la Veuve, et qu'il s'�tait suicid�, pris de remords. Arr�t� le 18 avril � Bordeaux.Premi�re ex�cution � Saintes depuis 1844. Pluie violente. R�veill� � 5h45. Reproche au gardien : "Pourquoi ne m'avez-vous pas pr�venu hier ?". Confess� et b�ni par le vicaire de St-Palais, mais ne peut communier, ayant fait la demande trop tardivement. Soutenu par les aides et le confesseur, conduit au greffe : s'�vanouit dans le couloir et s'effondre contre le mur, se blassant � la tempe. C'est couch� sur le sol du fourgon qu'il est conduit au pr� le Roy, lieu d'ex�cution. Tremble en voyant la machine. 2500 personnes pr�sentes.14 ao�t 188611 janvier 1887Mardi,
7h20Carpentras
VaucluseTh�ophile Ginoux22 ans. Satyre assassin de la petite Rose Roux, 9 ans, le 17 avril 1886 au hameau des Saffres, � Carpentras.Ginoux est stup�fait. "Mais je n'ai pas sign� mon rejet !" Apr�s quoi, il prend sur lui et en s'habillant, dit : "Je ne crains pas la mort, elle ne me fait pas peur, je sais que je l'ai bien m�rit�e." Il se roule une cigarette, boit un cognac, et parle � l'aum�nier. Il demande � fumer de nouveau, le gardien-chef lui propose un cigare qu'il refuse, et accepte une seconde cigarette qu'on lui pr�pare. Apr�s un deuxi�me verre de cognac, il est pr�par� et conduit au fourgon. Place de l'H�pital, l'aum�nier l'embrasse et l'exhorte au pardon. Ginoux r�pond en haussant les �paules et va de lui-m�me vers la bascule. En entendant le bruit du couperet, sa m�re, une prostitu�e pr�sente � la terrasse d'un caf� voisin, pousse un cri et s'�vanouit.30 octobre 188624 janvier 1887Lundi,
7h30, 7h35Romorantin
Loir-et-CherGeorgette et Sylvain ThomasPARRICIDES. 25 et 30 ans, journaliers. L'accusant de sorcellerie pour mettre sur son dos tous leurs malheurs, les �poux Thomas arrosent de p�trole la Veuve Marie Lebon, m�re de Georgette, avant de la faire br�ler vive, le 29 juillet 1886 dans leur ferme de Selles-Saint-Denis. Alexandre et Alexis Lebon, fr�res de Georgette et complices, sont condamn�s � perp�tuit�.Transf�r�s le 23 janvier de Blois � Romorantin, les �poux ne se doutent quasiment de rien. Au r�veil, Thomas reste muet, et refuse d'abord d'entendre le pr�tre, avant de se raviser. Georgette, elle, croyant en sa gr�ce jusqu'au bout, se met � hurler et � pleurer. Apr�s la messe, qu'ils entendent chacun de leur c�t�, les �poux restent s�par�s m�me pendant la toilette. Impassible, Sylvain d�daigne alcool, nourriture et cigarette : "Oh, ce n'est pas la peine ! Allez, ce serait du bien perdu." Georgette g�mit sur le sort de ses enfants, et quand on lui coupe les cheveux, elle demande que ceux-ci soient donn�s � ses fils et � sa fille. Rev�tus des v�tements des parricides, le couple gagne le fourgon. Sylvain monte sans histoires, mais Georgette refuse de marcher, et il faut la porter. Arriv�s sur la place d'Armes, � trente m�tres de la guillotine, on fait descendre la femme la premi�re. Une fois de plus, elle se d�bat, crie, pleure. Un aide la prend dans ses bras. Dans l'agitation, sa chemise d�coup�e se d�chire et laisse voir sa poitrine. Elle crie jusqu'� la chute du couperet. Sylvain meurt sans dire un mot.24 novembre 188615 juin 1887Mercredi,
4hAmiens
SommeFran�ois-Marc-D�sir� GaussuinPARRICIDE. 40 ans. Tua sa m�re le 16 d�cembre 1886 � Rouy-le-Petit pour lui voler ses �conomiesMeurt courageusement. 8.000 personnes pr�sentes, place du March�-aux-Chevaux.27 avril 188731 ao�t 1887Mercredi,
5hParisEnrico Giacomo PranziniTue avenue Montaigne, le 17 mars 1887, sa ma�tresse, la demi-mondaine R�gine de Montille, la bonne, Annette Gr�meret et sa fillette Marie Gr�meret, 9 ans, pour les voler.Devant la machine, dit au bourreau de le laisser, puis demande le crucifix au pr�tre, l'embrassant avant d'�tre bascul�.13 juillet 188708 octobre 1887Samedi,
5h30, 5h32Aix
Bouches-du-Rh�neFrancisco Esposito et Michele TegamiEspagnol et Italien. Condamn�s pour arrestations � main arm�e, chefs d'une bande de malfaiteurs qui d�valisaient les passants, le soir, dans les rues de Marseille, les frappant en cas de r�sistance. Tegami tua sur le coup un ouvrier attard�, et Esposito frappa d'une coup de pistolet un n�gociant qui se rendait � la gare. Au cours des d�bats, ils ne cess�rent de nier, et ce jusqu'� la fin.R�veill�s � 5h. Comprennent imm�diatement ce qui se passe d�s l'entr�e des officiels. Protestent violemment : "On va tuer deux innocents !" Menott�s par les gardiens et habill�s, ils sont conduits au greffe, suivis par l'aum�nier son crucifix � la main. Ligot�s, toilett�s, p�lissent devant la guillotine. Tegami part le premier tandis que son complice laisse libre court � sa col�re. Tegami r�siste quand on le pousse sur la bascule. Esposito est plus calme.13 ao�t 188718 novembre 1887Vendredi,
7hCh�teauroux
IndreHippolyte Paviot50 ans, botteleur. A Cluis, le 9 juin 1887, assassine chez lui � coups de masse Jacques Richer, un riche propri�taire de 85 ans, et son domestique Jacques Thavereau et vole 12.000 francs. La bonne, la veuve Marie Brisse, surv�cut � ses blessures et put le d�noncer.R�veill� � 6 heures, il g�mit "Mon Dieu ! Mon Dieu ! Faut-y ? Faut-y ?". Il se met � pleurer quand le procureur lui demande d'avouer une bonne fois pour toutes s'il est bien l'auteur du crime. Messe de l'abb� Saliquet. Au greffe, pendant la toilette, Supplie : "Ah, mes bons mondes, mes chers petits fr�res, laissez-moi mourir dans mon lit." Le directeur lui propose un cordial de vin, qu'il refuse, pr�f�rant un verre de cognac. "Donnez m'en une petite goutte." On lui tend un verre � demi-plein, dont il n'avale qu'une petite partie. Soupirant, g�missant � Me Guillard-Mesnard, "Ce n'est pas moi, je n'ai rien fait", conduit place du palais de justice, il tremble violemment en voyant la guillotine. Prem�re ex�cution dans le d�partement depuis 1851.10 septembre 188723 d�cembre 1887Vendredi,
7h30Laon
AisneGaston PolletPARRICIDE. Ouvrier agricole, 26 ans, assassina Mme Gillot, sa grand-m�re � coups de b�che pour la voler, � Pont-Saint-Mard au soir du 18 septembre 1887. Il vole 25 francs et jette le corps dans le puits.Hausse les �paules devant le rejet de sa gr�ce, assiste � la messe. IL fume une cigarette, boit un verre de rhum. Pendant la toilette, rev�tu de la tenue des parricides, il se met � pleurer. L'abb� Ply tente de le r�conforter. "Courage, vous serez pardonn� l�-haut". Pollet r�pond : "Oh, ils vont me pardonner... Eux, ils vont me faire mon affaire." Couch� sur la bascule, il a le temps de r�pondre � Deibler qui l'incite au courage : "J'en ai." 1500 personnes pr�sentes.10 novembre 188731 mars 1888Samedi,
5h30Evreux
EurePaul M�tayer25 ans, d�linquant, ancien pensionnaire de maison de correction. Tua � coups de gourdin le 13 novembre 1887 le vieux Adrien La�n� � Aubevoye pour le d�valiser.Au r�veil, pousse des hurlements d'effroi, appelle sa m�re. Pendant pr�s d'un quart d'heure, il se d�bat, crie, pleure et court le long des murs de sa cellule. Les gardiens le d�ferrent et l'habillent, non sans mal. Au greffe, apr�s avoir demand� du cognac et un cigare, M�tayer continue de hurler. Arriv� avenue de Caen, en descendant du fourgon, il demande � la foule de ne pas faire comme lui, avant d'embrasser le pr�tre et d'�tre pouss� sur la guillotine. Temps : pluie.23 janvier 188802 juin 1888Samedi,
3h55Quimper
Finist�rePaul Faine39 ans, gar�on meunier. Etrangle puis viole Marie-Anne Gloanec, 14 ans, le 19 novembre 1887, jeune soeur de son ancien patron Alain, meunier � Ergu�-Armel, et part en volant 12 francs. Faine avait �t� licenci� un mois auparavant pour son attitude violente et ses comportements g�nants envers l'adolescente. Avait viol� une fermi�re en 1882 et commis un attentat � la pudeur en 1886 sur un gar�onnet de 8 ans.R�veill� avant m�me l'arriv�e des officiels. D�clara s'attendre � �tre ex�cut�, et reconnut m�riter sa punition. Fume deux cigarettes, et boit une tasse de caf� arros� d'eau-de-vie. Demande � aller au supplice � pied, mais la place du March�-aux-Bestiaux est � 800 m�tres de la prison, et le fourgon est donc requis. En voyant l'�chafaud, Faine est pris de panique et manque s'�vanouir. Se laisse basculer sans r�sister. Long moment entre le moment o� le condamn� est couch� et la chute du couperet. Environ 8000 personnes pr�sentes.15 avril 188805 septembre 1888Mercredi,
5h45Sart�ne
CorseSaverio RocchiniTue, lors d'une "vendetta", l'assassin de son p�re, Simon Taffani, le 10 septembre 1883. Il n'a que 19 ans. Puis, il prend � la fois le maquis et le go�t du sang. Il abat une jeune berg�re de 15 ans, Jeannette Melanini, qui se refusait � lui. Lors des recherches entreprises contre lui, il abat deux policiers. Puis il commence une carri�re de "chauffeur" avec une petite bande. Il fut surnomm� "La B�te".Au r�veil, ne comprend pas l'arr�t de condamnation en fran�ais car il ne parle presque exclusivement que le corse. Quand on lui explique, il p�lit, verse quelques larmes et demande � faire des r�v�lations : avoue le crime de Jeannette Melanini, et sa participation dans la mort des fr�res Cartucci, mais nie quelques autres accusations. Apr�s cela, se met � genoux et supplie qu'on le laisse vivre encore un peu, qu'on envoie un t�l�gramme au pr�sident de la R�publique pour b�n�ficier d'un sursis. "Perdono ! Perdono ! La vita !" pleure-t-il. L'aum�nier le rel�ve et le console, il se confesse, puis dit "J'y vais" apr�s avoir embrass� le crucifix. En guise de panier, sur la place centrale du village, a �t� mis un cercueil. Quand Rocchini appara�t, une voix de femme crie "Grazia !" Il s'agenouille, demande pardon � Dieu et aux hommes, se rel�ve, embrasse le crucifix de nouveau puis est pouss�. Un aide l�che la t�te au moment de la mettre dans le cercueil.10 juin 188810 septembre 1888Lundi,
5h45ParisEdouard Schumacher22 ans, soldat en permission, �trangle pour la voler le 2 mars 1888, rue Descartes � Paris, Mme Vignon, 79 ans, m�re de son ancien employeur.Dit qu'il fera preuve de courage. Prie avec le pasteur, boit un verre de cognac. Au moment o� les aides vont le mettre sur la bascule, le pasteur s'interpose pour demander � Schumacher s'il regrette son crime. L'homme d'�glise fait tant durer la sc�ne que les spectateurs lui crient "Assez !"11 juillet 188831 octobre 1888Mercredi,
6h20ParisCharles Mathelin39 ans, puisatier. Tua pour le voler son ami Eug�ne Oudin, 60 ans, surveillant du balayage de Paris, dont on retrouve le corps pendu dans un bois d'Esbly (Seine-et-Marne) le 10 mars 1888 - deux jours apr�s la mort. Face au manque de z�le de la justice locale, l'affaire est retir�e au parquet de Meaux et jug�e � Paris.R�veill� � 6h10. En entendant le bruit de la porte qu'on d�verrouille, il se dresse assis sur son lit, et promet qu'il aura du courage. L'abb� Faure tire de sa soutane une fiasque de cognac, et Mathelin en boit une gorg�e. En suppl�ment, le pr�tre lui propose son aide, qu'il accepte d'un simple : "Comme vous voudrez !" Calme et p�le, il va vers l'�chafaud sans esclandre et sans public - 200 personnes � peine.08 septembre 188803 novembre 1888Samedi,
7hBeauvais
OiseProsper Lavisse23 ans. Tua dans la nuit du 23 au 24 juillet 1888 la veuve Favrel � Bailleval pour la voler. Il s'introduisit chez elle par la chemin�e et la tua � coups de pierre.Quand les officiels entrent dans sa cellule, � 5h30, il est r�veill� depuis 30 minutes. Devient p�le et transpire. Reste en uniforme p�nitentiaire. S'entretient dix minutes avec l'abb� Claverie. Quitte sa cellule du premier �tage pour la toilette, au rez-de-chauss�e. Pendant qu'on l'attache, il pleure en silence. L'a�monier lui fait boire une tasse de caf� au rhum. Cinq minutes plus tard, descend du fourgon place du Franc-March�. Embrass� par l'abb� � deux reprises avant d'�tre bascul�.28 septembre 188820 d�cembre 1888Jeudi,
7h10Besan�on
DoubsPaul-Albert Cordelier24 ans. Tua le 15 janvier 1888 M.Edouard Maitrot pour le voler, pr�s de Montb�liard.R�veill� � 5h30. Cordelier fronce les sourcils, et se met � trembler, frissons qui ne le quitteront pas jusqu'� la fin. Se confesse, entend la messe, et assis dans un fauteuil, boit une tasse de caf� et commence � fumer une cigarette qu'il ne termine pas. Reprend courage pendant le trajet qui le conduit � la promenade Chamars, au rond-point du pont du Canal. Descend seul du fourgon et va presque sans aide vers la guillotine. Peu de monde pr�sent.04 novembre 188824 d�cembre 1888Lundi,
7h14Blois
Loir-et-CherClaude-Antoine Lyautey42 ans, piqueur de meules. Le 19 ao�t 1888 aux Montils, blesse de 36 coups de couteau �mouss� la femme du meunier Henri Cosson, Ang�le, 23 ans et enceinte, avant de la jeter dans le Beuvron o� elle se noie. Sorti le 15 juillet pr�c�dent de la centrale d'Eysses o� il venait de purger 5 ans pour vol. Il nie tout au long du proc�s, avant de se raviser et d'avouer juste apr�s la plaidoirie de son avocat : il avait eu envie d'elle, elle avait refus�. Il n'abusa cependant pas d'elle, ni avant ni apr�s sa mort.Quitte sa veste et s'asseoit lui-m�me sur le tabouret pour la toilette. Parfaitement ma�tre de lui, arriv� sur la Grande-Pi�ce, il joue les curieux aupr�s du bourreau en voyant la guillotine : "Je peux bien voir l'instrument puisque c'est sur moi qu'il doit op�rer. Comment fonctionne-t-il ? Ce grand panier, l�, c'est le corps, et l�, devant, c'est pour la t�te ?" Sur un signe de Deibler, les aides poussent Lyautey sur la bascule.23 novembre 188828 d�cembre 1888Vendredi,
7h30ParisLuis Federico Stanislas "Prado di Mendoza" Linska y Castillon34 ans, chef d'une bande de malfrats de la r�gion bordelaise. Egorgea sa ma�tresse Marie Agu�tant pour la voler le 14 janvier 1886.R�veill� � 7h18. "Ah ? C'est �gal, mon avocat aurait du me pr�venir, j'avais des dispositions � prendre." Il s'habille, et refuse le cordial du pr�tre, arguant que ce dernier a l'air d'en avoir plus besoin que lui. D�chire des papiers, jure qu'il est innocent sur "la t�te de son enfant". Puis, il s'emporte contre l'aum�nier : "Vous, laissez-moi, entendez-vous ? Je ne crois pas � votre bon Dieu. S'il existait, il m'aurait tir� de l�." Au greffe, il demande qu'on lui laisse des entraves longues pour arriver � marcher, puis demande que son corps ne soit pas livr� � la Facult�. Envoie encore sur les roses le pr�tre, mais accepte de se laisser embrasser. Aucune d�claration finale. Crie "Ah !" en voyant la guillotine, et se lamente de ne pas marcher librement comme il le souhaitait.14 novembre 188822 mai 1889Mercredi,
4h20ParisFulgence-Benjamin G�omay21 ans, caporal au 87e r�giment, assassine � coups de marteau la veuve Marguerite Roux, marchande de vins, le 14 janvier 1889, 234, boulevard Saint-Germain, pour lui voler � peine 200 francs.R�veil � 4h10. Promet d'avoir du courage. Fait jurer aux gens pr�sents que son corps ne sera pas remis � la Facult� de M�decine. En sortant, il s'adresse � ses gardiens : "Je vous remercie tous, Messieurs."26 mars 188910 ao�t 1889Samedi,
5hBeauvais
OiseHippolyte Hoyos45 ans, fils de riches fermiers belges ayant d�pens� sa fortune. Tue de plusieurs coups de couteau et d�figure le 2 novembre 1888 le nomm� Louis Baron � Chantilly sur un pont surplombant la ligne Paris-Beauvais et jette le cadavre sur la voie ferr�e. Mobile : se faire passer pour mort et prendre l'identit� de sa victime, qui lui ressemblait beaucoup !Pendant qu'on fait reculer les spectateurs, un des soldats se trouve mal et il faut lui donner un verre d'alcool pour le remonter. Au r�veil, saisit son pantalon. Pas de surprise : avait demand� � son avocat de le pr�venir, et la veille au soir, ce dernier lui avait laiss� entendre que ce serait bient�t la fin. Dit n'avoir aucune d�claration, et s'inqui�te du sort de ses enfants. Quand le commissaire Gossin lui dit qu'il s'occupera d'eux, il r�pond : "Ah, merci ! Je mourrai satisfait. Vraiment, je n'ai pas m�rit� cette sentence-l�, mais je suis r�sign�." Il s'habille, boit un petit godet de rhum. L'abb� Claverie lui dit qu'il ira bient�t au ciel : "Je l'esp�re", r�pond le condamn�. "Vous repentez-vous ?" "Oui, je me repens de ce que j'ai fait de mal dans ma vie." Arriv� sur le champ de foire � deux pas de la f�te foraine qui s'y trouve, Hoyos fait un signe � Deibler pour signaler que le bouton de son pantalon est d�fait, et qu'il veut �tre rajust� avant de mourir. Il avise dun capitaine de gendarmerie : "Ah, voil� un officier que je connais, je l'ai vu � Senlis." Puis il embrasse son avocat, le pr�tre, et va � l'�chafaud. Malgr� un cou tr�s court et gros, pas de souci.15 juin 188917 ao�t 1889Samedi,
4h50, 5hParisGiuseppe Quinto Alorto et Jean-Baptiste D�sir� Sellier26 et 30 ans. Le 19 mars 1889, lors d'un cambriolage au 10 bis, rue Poussin � Paris, poignardent le jardinier Jules Bourdon, 29 ans, qui r�sidait sur place en tant que gardien. Leur complice Charles M�crant, condamn� � mort avec eux, est graci�. Le dernier complice, Pierre Catelain, est condamn� � vingt ans de bagne.Alorto est r�veill� le premier � 4h45.... Sellier g�mit : "On m'a li� les haricots !" Devant la bascule, il embrasse l'aum�nier et lui dit "Bonne chance !"29 juin 188917 d�cembre 1889Mardi,
7h15Amiens
SommeJean Lafl�cheTua, le 20 mai 1889, ses patrons � la ferme aux Boeufs, canton de Combles, un couple de vieillards avec une serpe pour leur voler 6 francs.R�veill� � 6h30 par son compagnon de cellule � l'arriv�e des magistrats. Apr�s un moment de panique, il se calme et demande qu'on donne son pantalon � son co-d�tenu. Communie et entend la messe de l'abb� Corblet. Prend deux tasses de caf� au greffe, et dit aux aides pendant la toilette : "Ce n'est pas la peine de m'attacher, je vous suivrai." Meurt courageusement, place du March�-aux-Chevaux, devant 8.000 personnes.25 octobre 188919 d�cembre 1889Jeudi,
7h15ParisGeorges KapsTua le 02 d�cembre 1884, � 14 ans, Vin�ard, vieux p�dophile dont il �tait l'amant. En 1889, il entra�ne dans ses nuits folles une jeune fille, Louise Direux, � laquelle il parle, un soir d'ivresse du crime. Inquiet � l'id�e qu'elle puisse le d�noncer, il attendit qu'elle dorme pour lui tirer une balle dans la t�te en mars 1889.R�veill� plusieurs fois au cours de la nuit, pensait que ce n'�tait "pas pour aujourd'hui." A l'entr�e des autorit�s � 6h55, il dit qu'il fera son possible pour avoir du courage. L'aum�nier lui donne un gobelet de liqueur, et Kaps lui demande d'embrasser sa m�re et son fr�re pour lui. Pendant la toilette, manifeste l'impatience d'en finir. Boit encore un peu d'alcool. Soutenu par les aides et l'aum�nier, il accepte d'embrasser ce dernier, mais pas le crucifix. Corps remis � la Facult�.29 octobre 188921 d�cembre 1889Samedi,
7h15P�rigueux
DordogneLavoix "Julien" Jardry21 ans, domestique. Tua au fusil de chasse le 18 ao�t 1889 le vieux M. Gaillard � Busserolles, ainsi que sa servante Fran�oise Desplat pour voler 560 francs.R�veill� � 7 heures. Assis sur son lit, discute avec ses co-d�tenus. Ne parvient pas � y croire et se met � pleurer et � crier. Malgr� les suppliques de l'aum�nier, ne cesse de pousser des cris affreux et de g�mir. Pendant la toilette, on lui fait boire un verre de rhum. Descend avec difficult� les marches qui conduisent au vestibule. En voyant la guillotine, dress�e � l'entr�e de la prison, il recule et ses hurlements redoublent d'intensit�.30 octobre 188923 janvier 1890Jeudi,
7h20Nancy
Meurthe-et-MoselleJean Dauga40 ans, n� � Lar�e, pr�s de Cazaubon (Gers), employ� en imprimerie. Soup�onn� d'avoir, le 3 octobre 1869 tu� d'un coup de trident le gar�on meunier Jean Dutruc, son ami, au moulin de Lar�e. Gendarme dans les Vosges apr�s son service militaire : profite d'une permission pour revenir dans le Gers en avril 1881. Le 13 avril 1881, � un kilom�tre de Lar�e, fracasse la t�te de la veuve Courr�ges � coups de marteau. Acquitt� pour les deux crimes par les assises du Gers le 28 octobre 1881. Devient imprimeur � son retour dans les Vosges. Tue le 27 avril 1887 � Golbey (Vosges) les �poux Pernod, le cr�ne fracass� � coups de marteau et la gorge tranch�e au rasoir. Tue de la m�me fa�on les �poux Martin, buralistes, le 15 mars 1888 � Saint-Nabord. Toujours de la m�me mani�re, � Pont-�-Mousson, massacre les �poux Sulzer, drapiers le 18 d�cembre 1888, Mme Ferry le 05 f�vrier 1889 et la veuve Fran�ois le 07 f�vrier 1889, pour les voler.R�veill� � 6h55. Sursaute, mais devient calme. "Tr�s bien, la justice va m'assassiner. Mes enfants sauront que leur p�re est innocent." Se l�ve seul. S'habille, fume une cigarette, �crit une lettre � sa femme, la cachette, la remet au directeur de la prison. Boit un peu de caf� noir arros� de rhum, et fume une cigarette. Se confesse, re�oit l'absolution et la communion. Ex�cution sans histoire devant la prison : presque personne n'y assiste, les gens (pr�s de 2.000 personnes) �tant all�s � tort devant le cimet�re du Sud.02 d�cembre 188903 f�vrier 1890Lundi,
7h10Albi
TarnJustin Durand24 ans. Le 09 mai 1889 � Albi, poignarde le Dr. Cassan, ancien maire d'Albi et m�decin en chef de l'asile psychiatrique, dont il �tait le domestique.Au r�veil, g�mit : "Ma pauvre m�re !" et fond en larmes avant de rajouter : "Mais alors, c'est pour tout de suite ? Ce n'est pas possible ! Un gar�on de mon �ge, c'est bien malheureux ! Ayez piti� de moi !" Il continue � geindre sur son jeune �ge avant d'accuser la veuve Cassan, bru du docteur, dont il avait affirm� qu'elle �tait sa ma�tresse et complice. Il s'�vanouit presque. Il refuse par deux fois de boire du rhum, et s'entretient avec l'aum�nier. En quittant sa cellule, il manque tomber une fois de plus. Au grefe, il proteste quand on l'attache, et demande � �crire quand on va lui couper les cheveux, mais quand le procureur lui demande s'il a d'ultimes d�clarations � faire, il ne sait que balbutier des phrases sans queue ni t�te. Quand Deibler le soul�ve, Durand lui demande s'il pourra parler au public. Le bourreau lui dit "Courage" � l'oreille. En arrivant devant la machine, place du Castelviel, Durand pousse un cri rauque et se jette en arri�re, mais il est vite repouss� en avant.17 novembre 188908 mars 1890Samedi,
6h25, 6h28ParisAlbert "La Sardine" Jeantroux et Henri Ribot17 et 21 ans. Tu�rent la Veuve Kuhn, 75 ans, concierge au 86, rue Bonaparte, le 15 juillet 1889, pour voler l'argent de sa rente...qu'elle ne devait toucher que le lendemain.Jeantroux est r�veill� � 6 heures. "Oh, oui, j'aurai du courage, puisqu'il le faut. Ne craignez rien." Au greffe, pleure un peu, mais se calme apr�s quelques paroles du pr�tre et une gorg�e de liqueur. Ribot est r�veill� ensuite, apr�s une mauvaise nuit. Pas de surprise de sa part. Spasmes nerveux. Refuse le rhum en disant qu'il est calme, et accepte de converser avec l'aum�nier. Jeantroux souhaite voir Ribot, on lui dit qu'il va le suivre. Apr�s deux verres de rhum de plus, ne pouvant fumer faute de temps, il r�clame un dernier service : "Vous direz � Ribot que je lui dis adieu." Meurt avec courage. Ribot, conduit pour la toilette dans une autre salle, proteste quand on refuse de le laisser voir son complice : "C'est la derni�re chose que je demande, on peut bien me l'accorder." Comme on l'attache, il proteste encore : "Ce n'est pas la peine de vous y mettre � 36, je ne veux pas me sauver." puis trouve que les entraves de ses jambes sont trop haut plac�es. Le visage contract� d'horreur, il va � l'�chafaud frissonnant.08 janvier 189005 mai 1890Lundi,
5hBlois
Loir-et-CherCharles-Lucien Aubert27 ans, batteur en grange. Dans la nuit du 18 au 19 novembre 1889, au bois de Lanc�, entre Gombergean et Saint-Amand, tue le domestique de ferme Abraham Beno�t, 56 ans, de plusieurs coups d'�chalas sur la t�te et de cinq coups de couteau dans le cou pour lui voler quelques francs.S'attendait � sa gr�ce. Pris au d�pourvu par la nouvelle, reste muet. Apr�s la messe, passe ses v�tements civils et au "chauffoir", boit un bol de caf�, un peu de vin, du rhum, et mange un casse-cro�te de jambon et de pain. Quand on lui demande s'il d�sire son rhum avant ou apr�s le caf�, il r�pond "Oh, avant ou apr�s, c'est bien la m�me chose." Attach� aux chevilles, il constate : "Avec �a, je ne pourrai pas aller bien loin." Sur la Grande-Pi�ce, plusieurs milliers de curieux attendent. Des �chelles, sur lesquelles certains sont grimp�s, s'ecroulent sous le poids. Aubert, p�le mais ferme, embrasse le pr�tre et le crucifix.27 f�vrier 189001 juillet 1890Mardi,
4h30ParisJean Vodable37 ans. Tue et viole la petite Alexandrine Malfill�tre, 12 ans, fille de sa ma�tresse Pauline, le 29 novembre 1889 rue Basfroi.Vodable ne dort pas quand les officiels arrivent, il joue aux cartes avec ses gardiens. Il dit qu'il s'en doutait, et qu'il aura du courage. Au greffe, apr�s voir demand� qu'on ne donne pas son corps aux m�decins, il crie quand on lui lie les mains : "Ne serrez donc pas si fort." Il meurt avec calme.09 mai 189001 septembre 1890Lundi,
5hEpinal
VosgesJacques Constant33 ans, manouvrier. Tua le 8 d�cembre 1889 � coups de b�ton M Gouand Mansuy, 72 ans, � Mi-Mandray, pour lui voler 12 francs.Calme au r�veil. Au juge d'instruction qui lui demande s'il a des r�v�lations � faire, il r�pond : "J'ai dit tout ce que j'avais � dire. Si j'avais fait quelque chose, je l'aurais dit." Reste avec l'aum�nier Metzger, demande la communion. Boit un verre de rhum, se met � trembler jusqu'au dernier moment. Tente de r�sister en voyant la machine, on doit bien le pousser en avant pour le placer dans la lunette. 2.000 curieux place du Palais-de-Justice, o� se trouve la prison : la guillotine est dress�e entre la maison d'arr�t et l'�glise (place de l'Atre), � dix m�tres de la porte d'entr�e.21 juin 189004 septembre 1890Jeudi,
5h15Montreuil-sur-Mer
Pas-de-CalaisLouis SavaryJournalier � Verton. Tua Mlle Coppin ou Coquin � Berck (ce qu'il nie) et la veuve Verger, 75 ans (qu'il avoue), � Rang-du-Fliers, le 09 mars 1890, de trois coups de couteau dans la gorge et la poitrine. Sa complice, Genevi�ve Garson, 39 ans, accus�e de recel, est condamn�e � six ans de prison.R�veill� � 4h10, doit �tre secou� � deux reprises pour ouvrir les yeux. "Bravo !" dit-il ironiquement. Demande en vain � voir sa femme et son enfant. L'aum�nier parle avec lui, le confesse, le fait communier. Durant la messe, semble ailleurs, et se frotte le front machinalement. Pendant la toilette, prend une chique de tabac et un verre de geni�vre. Aucune r�v�lation : affirme avoir dit toute la v�rit�. Monte dans le fourgon. Arriv� place de la Halle, frissonne en voyant la guillotine, et dit aux aides de le laisser tranquille. Embrasse le crucifix, l'aum�nier, veut embrasser les aides. Ceux-ci le poussent sur la bascule. Pousse un cri et mord Louis Deibler � la main gauche. Pas d'ex�cution � Montreuil depuis une soixantaine d'ann�es.04 juillet 189003 f�vrier 1891Mardi,
7h25ParisMichel Eyraud48 ans, homme d'affaires louche. Assassin de l'huissier Toussaint Gouff�, le 26 juillet 1889, qu'il attira dans un pi�ge avec l'aide de sa complice Gabrielle Bompard. La victime fut pendue, et son corps transport� en train dans une malle retrouv�e un mois plus tard � Millery (Rh�ne). Premi�re ex�cution fran�aise d'Anatole Deibler.D�j� r�veill� � 7h10, presque habill�, assis sur son lit. Avait remarqu� changement dans l'heure de tourn�e des gardiens. Ach�ve de s'habiller en civil. L'abb� Faure lui propose liqueur (cognac ou alcool de Raspail � l'ang�lique), qu'il refuse. "Non, je ne veux rien, je n'ai besoin de rien, cet alcool me ferait mal !" A son avocat qui lui demande s'il a quelque chose � confier � ses proches, il r�pond : "Voyez-les, et dites � ma fille Reine qu'elle soit heureuse." Va fermement au greffe, repousse le pr�tre � nouveau et quand on coupe le col de sa chemise, s'en prend au ministre de l'Int�rieur : "Constans doit �tre content de ce qui m'arrive. Maintenant, il ne lui reste plus qu'� d�corer Gabrielle, la coquine !" Il insulte Gabrielle, puis demande qu'on ne donne pas son corps � la Facult�. Ligot� �troitement - l'homme est robuste -, il s'en plaint aux aides. "Vous me faites mal ! Ne serrez pas ainsi, je marcherai carr�ment, allez !" Repousse encore l'abb� Faure de telle fa�on que le directeur de la prison est oblig� d'intervenir pour �carter l'abb� Faure. Devant la bascule, l'abb� opini�tre veut s'approcher de nouveau : regard furieux d'Eyraud qui le dispense de tenter quoi que ce soit. Sur la bascule, crie : "Constans est un assassin, il est plus assassin que moi ! Constans est... " Le couperet interrompt la phrase.20 d�cembre 189028 f�vrier 1891Samedi,
7hBesan�on
DoubsJoseph-Auguste Cl�men�on36 ans, Suisse, conducteur de bestiaux, voleur r�cidiviste. Sur la route � Vercel, assassina � coups de b�ton, pour lui voler 250 francs, le maquignon C�lestin Mercier, 55 ans, le 12 octobre 1890.R�veill� � 6h20. Peu surpris par la nouvelle. Demande � entendre la messe de l'abb� Desvignes. Au greffe, accepte un verre de cognac et pr�tend n'avoir aucune derni�re r�v�lation � faire. Ex�cut� devant la porte de la prison.07 janvier 189118 avril 1891Samedi,
4h48Troyes
AubeFerdinand Robin33 ans, tua avec son fr�re Octave les �poux Baillet � Eaux-Puiseaux, le 03 janvier 1891. Tous deux furent condamn�s � mort, Octave graci�.Les deux fr�res, dormant dans la m�me cellule, sont r�veill�s en m�me temps. Octave est conduit dans une autre pi�ce, tandis qu'on annonce la nouvelle � Ferdinand. Il pleure. "Ma pauvre femme, mes pauvres enfants ! J'aurais bien voulu vous revoir ! Pauvre diable ! Pauvre malheureux ! Je m'en doutais bien. Si l'on m'avait donc tu� le premier jour, je serais d�barrass� !" Puis il refuse le verre d'eau-de-vie : "Je vous remercie beaucoup, Messieurs, �a me ferait mal." Pleure tout au long de la toilette, on doit le hisser dans le fourgon. En voyant la guillotine place de la Tour, se jette en arri�re et se d�bat jusqu'� la chute du couperet. Corps inhum� au cimeti�re.08 f�vrier 189102 mai 1891Samedi,
5h03Blois
Loir-et-CherDenis Rebours26 ans, domestique d'auberge. A Bouffry dans la nuit du 10 au 11 novembre 1890, tua � coups de serpe son oncle Louis Rebours, sa tante, Marie Rebours, n�e Chevalier, et sa cousine infirme, Marie-Louise, 31 ans. L'assassin avait besoin d'argent pour se marier quatre jours plus tard.L'annonce lui arrache de grands cris d'horreur. Il refuse d'entendre la messe. Au greffe, mange pain, galantine, boit un verre de vin et une tasse de caf�, puis fait un discours : "Messieurs, je demande bien pardon de ce que j'ai fait. J'ai pas m�rit� la guillotine, car si je l'ai fait, c'est le mauvais sang qui m'y a pouss�. J'aurais m�rit� la guillotine si je l'avais fait par mauvaiset�, c'est bien malheureux et bien triste pour ma famille, pas pour moi qui serai bient�t hors de ma mis�re, car je pense que je serai plus heureux qu'avant." Quand on le ligote, il dit : "C'est pas la peine, j'aurais bien march�." Arriv� � la Grande-Pi�ce, o� se trouvent 4.000 personnes, il dit : "Oui, je l'ai m�rit�, faut que j'y aille, j'y vas ! Oui, je l'ai m�rit� !" Sur la bascule, fait plusieurs mouvements de c�t�, et le couteau lui coupe le cou en biais.03 mars 189109 mai 1891Samedi,
4h30Chamb�ry
SavoieGian-Maria Spaggiari29 ans, Italien, d�tenu � la centrale d'Albertville. Tue � Annecy d'un coup de couteau en pleine poitrine Jules Gauthey, 17 ans, qui lui avait lanc� des injures racistes le 02 d�cembre 1888. Condamn� � 5 ans de prison pour ce meurtre par les assises de Haute-Savoie le 16 janvier 1889. Assassine d'un coup de tranchet de cordonnier dans la poitrine le nomm� Chanut, un autre d�tenu de la centrale, qu'il avait pris en grippe sans raison, le 22 d�cembre 1890.R�veill� � 3h10. Stup�fait par la nouvelle, demande cigarettes et anisette, et fait mine de mordre le gardien qui vient le servir. Au procureur, donne une lettre destin�e au vice-consul d'Italie, dans laquelle il d�nonce les mauvais traitements que lui a inflig� l'un de ses gardes. Il boit quatre verres d'anisette. La messe dure vingt minutes. Au sortir de la chapelle, agresse un gardien : "Qu'est-ce que tu fais l�, salaud ?". Pendant la toilette, se d�bat et donne un coup de poing sur le nez du gardien Curtet. On doit le faire tomber par terre pour le hisser dans le fourgon. Durant le trajet, insulte tout le monde, et hurle : "Sale nation de Fran�ais !" Arriv� au lieu d'ex�cution - le Verney, une promenade situ�e au bord de la rivi�re la Leysse -, il regarde les soldats, puis la guillotine, et demande � parler au moins un quart d'heure. On ne lui en laisse pas le temps. Cigare �teint aux l�vres, il est bascul�. Un jet de sang touche quelques spectateurs trop pr�s.19 f�vrier 189113 mai 1891Mercredi,
4h40Arras
Pas-de-CalaisPierre Merger30 ans, journalier au ch�mage. Etrangle � Halloy le 15 janvier 1891 une vieille cabareti�re, la veuve Berthaud, 65 ans, pour la voler.Au r�veil, semble ne pas avoir compris, puis r�pond "Bien, monsieur." Aucune d�claration, accepte d'entendre la messe, puis boit un peu de cognac. S'interroge, un peu m�content : "Vous n'allez pas me tuer ici, au moins ?" Reprend courage pendant la messe, et n'accepte de se confier qu'� l'aum�nier, � qui il demande que sa m�re fasse dire des messes pour lui. Au greffe, boit un nouveau cordial et remercie le gardien. Apr�s la toilette, est couvert d'une veste noire et coiff� d'un chapeau gris. Ex�cution sans histoires place du March�-aux-Chevaux.20 mars 189103 juin 1891Mercredi,
4hEvreux
EureFran�ois Firoteau40 ans. Vagabond et voleur, lib�r� de la centrale de Beaulieu le 12 d�cembre 1890. Quatre jours plus tard, en compagnie d'un ex-co-d�tenu, Vatinel, 25 ans, entre le 16 d�cembre 1890 � Breteuil-sur-Iton chez M. Fran�ois Chauvin, ancien conseiller municipal, qu'ils battent � mort � coups de b�ton, puis tentent de tuer sa bonne, la veuve Buisson, 64 ans, de la m�me mani�re, afin de les voler. Vatinel est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 3h15, ne s'�tait couch� qu'� 2h, ayant pass� la soir�e � lire. Pousse un cri d'�pouvante et p�lit, mais recouvre son courage. Entend la messe, se confesse, passe ses v�tements civils et donne aux gardiens son tabac et ses cigares, puis 80 francs pour les prisonniers sans le sou. Se peigne la barbe, et boit un verre de calvados. D�clare :" Vous verrez, je suis un homme. J'ai commis un crime, il est juste que j'expie. Je serai courageux jusqu'au bout." Pendant la toilette, boit un verre de vin, et se plaint qu'on lie ses poignets trop serr�s. Dit adieu aux gardiens en montant dans le fourgon. Calme, arriv� au Bel-Ebat, lieu d'ex�cution, a l'intention de parler, mais comprend qu'il n'a pas le temps. Se place lui-m�me sur la bascule et crie "Adieu la France !".17 avril 189111 juillet 1891Samedi,
4hNancy
Meurthe-et-MoselleEug�ne Meunier35 ans, douanier � Landres. Veuf depuis juin 1890 avec deux fils � charge de 8 et 2 ans, manifeste le d�sir d'�pouser Mlle Maria Hixtel, d'Amermont. Mme Hixtel m�re s'oppose � l'union. Le 30 ao�t 1890, � Xivry-Circourt, il tue � coups de hachette le cur� Lalance, 79 ans, et sa servante Sophie Pelletier, 55 ans, et incendie le presbyt�re. Cependant, le crime laisse des traces, notamment des fractures au niveau des cr�nes et l'absence d'une bourse de pi�ces d'or que le pr�tre conservait en permanence sur lui. Faisant face � des refus r�p�t�s, Meunier incendie l'�curie des Hixtel le 2 octobre 1890, puis dans sa folie, pour se rendre plus "libre", �touffe avec un �dredon le 6 octobre son propre fils, Julien, 8 ans. A nouveau d�bout� dans sa demande en mariage, le 16 octobre, il blesse gravement d'un coup de fusil dans le bras le capitaine Hixtel, fr�re a�n� de Maria.R�veill� � 3h40. Demande � voir ses co-d�tenus et les embrasse. Dit avoir compris d�s la veille que tout serait bient�t fini. Accepte de boire du caf�, et dit qu'il sera courageux, m�me s'il est innocent du crime de Xivry. Fume. Se confesse, communie. "Je serait pr�t quand vous voudrez. J'aurais bien aim� revoir ma famille, mais mes parents ne sont pas riches, ils n'ont pu venir sans doute." Boit un verre de marc. "Je ne suis pas un criminel, allez... J'ai commis une faute pour cette demoiselle Jactel. Si elle ne m'avait pas promis le mariage, je ne serais pas ici. Un mois apr�s, je devais �pouser une autre femme... Pour l'amour d'une fille, laisser mourir son sang ! Oh !" Refuse d'�tre pris en photo, et se laisse toiletter. "Ce n'�tait pas la peine de me donner une chemise neuve qui va �tre d�chir�e". Il assure � nouveau qu'il sera courageux : "Un bon soldat ne craint pas la mort, un bon Fran�ais n'a pas peur de mourir. D'ailleurs, tout le monde est condamn� � mourir." Refuse une ultime cigarette, puis sort de la prison, devant laquelle une foule l'attend. Un l�ger soubresaut quand il est "enfourn�".23 mai 189127 juillet 1891Lundi,
4h28, 4h30ParisGustave "Titi" Dor�
et
Adolphe
"La Redingue"
Berland18 et 19 ans. Membres d'une bande de quatre jeunes voyous d'Asni�res. Le 12 janvier 1891, tu�rent la veuve Meusnier-Dessaigne, 80 ans, renti�re � Courbevoie, pour la d�valiser. Ils tentent de lui arracher la langue, lui plantent un for�t dans la tempe, dansent sur son corps. N'ayant trouv� que 23 francs 15, Berland, pris de folie, lui r�duit le visage en bouillie avec un bibelot - un coquillage � pointes. La bande mange un morceau sur place, puis s'en va se cr�er un alibi en se rendant au th��tre. Dor� avait connu la victime : ancien gar�on boucher, il lui livrait de la viande, et la vieille dame l'avait pris en sympathie. Les complices, Louis Deville, 17 ans, et Victor Chotin, 16 ans, sont respectivement condamn�s � perp�tuit� et � vingt ans de travaux forc�s. "Cerveau" de la bande, la veuve Berland, n�e Virginie Baron, 45 ans, m�re d'Adolphe, est condamn�e � mort et gr�ci�e.R�veill� � 4h10, Dor� dort profond�ment. "Bien", r�pond-il au directeur Beauquesne. Il enfile son pantalon, met sa veste sur ses �paules, et ne fait aucune d�claration. Il s'entretient un peu avec l'abb� Faure, puis au greffe, pendant la toilette, il se tourne vers le gardien-chef et dit : "Remerciez bien les gardiens pour moi." De la sortie de la prison, � la bascule, Dor� fixe le sol pour ne pas voir la machine. L'abb� Faure embrasse le condamn� qui est pouss�. Berland n'est pas plus surpris. Il refuse le verre de cognac que lui propose l'abb� Valette : "Pas maintenant, je veux d'abord m'habiller." Une fois v�tu, il absorbe la fiole d'alcool, et s'enquiert du sort de sa m�re. La nouvelle de sa commutation lui arrache un simple : "Ah. Et Dor� ?" "Il sera ex�cut� en m�me temps que vous", r�pond le directeur de la prison. Berland parle avec le pr�tre, puis se livre aux ex�cuteurs. P�le mais ferme, il va � l'�chafaud presque avec pr�cipitation.13 juin 189113 ao�t 1891Jeudi,
5h, 5h03Avesnes-sur-Helpe
NordLouis-Isidore Jeulin
et
Alfred-L�onard Demeaux32 et 30 ans, journaliers. Chefs des "Ecumeurs de Cartignies.", onze malfaiteurs auteurs de quarante attaques � main arm�e dans la r�gion d'Avesnes. Tuent de six coups de barre de fer � Esqu�h�ries Mme Rosine Lemaire, �pouse Godin, 70 ans, pour lui voler 6.000 francs dans la nuit du 14 au 15 f�vrier 1890. Philom�ne David, �pouse Lemaire, qui indiqu� le crime d'Esqu�h�ries, est condamn�e � perp�tuit�. Jean-Baptiste Joly, 38 ans, et Jules Pillot, 48 ans, sont condamn�s � vingt ans de travaux forc�s, Ir�ne Pillot, �pouse Demeaux, 27 ans, � huit ans de prison, Elvire Matton, �pouse Jeulin, 23 ans, � six ans de prison, et Marie Matton, �pouse Joly, 32 ans, � cinq ans de r�clusion.Jeulin r�veill� le premier � 4h30, pris d'un tremblement nerveux, s'�vanouit. Apr�s avoir respir� des sels, il accepte un cognac et une cigarette, puis se confesse � l'abb� Lesigne. Demeaux r�v�ill� par les bruits de la foule � l'ext�rieur, n'a pas ferm� l'oeil de la nuit, malgr� les gardiens qui ont affirm� que ce vacarme �tait caus� par un grave incendie. D�clare "Je suis pr�t" aux magistrats. Se confesse, et rejoint son camarade au greffe. Ils s'embrassent. Jeulin part le premier place du palais de Justice, distante de vingt m�tres de la prison. Port� par les aides, livide. Demeaux tr�s p�le aussi, mais ferme. Ultime r�action de recul devant la machine, vite reprim�. Un jet de sang salit les v�tements de Deibler et d'officiers pr�sents. 8.000 personnes pr�sentes, beaucoup d'applaudissments - pas d'ex�cution � Avesnes depuis 1817.06 juin 189128 ao�t 1891Vendredi,
5h12Douai
NordFran�ois-On�sime "Emile" Baillet26 ans, ouvrier boucher, tueur r�cidiviste - cinq victimes certifi�es. Le 24 juillet 1888, dix jours apr�s avoir quitt� la prison de Loos o� il venait d'�tre emprisonn� pour vol pendant deux ans, il �trangle Mlle Coppin, sage-femme � Berck pour la voler. Dans la nuit du 21 au 22 ao�t 1888, � Fouqui�res-les-B�thune, il tue � coups de serpe le cur� Devilly. Apr�s un nouveau s�jour en prison, lib�r� en septembre 1890, il �trangle dans son lit, � Ronchin, le 23 septembre, la vieille Mlle Dellevoye. Le 11 novembre suivant, il attaque le presbyt�re d'Ascq, arm� d'une bouteille. Il blesse gravement le p�re Dillies et brise le cr�ne de sa bonne, Rosine Mar�scaux. Le 28 d�cembre 1890, il cambriole le presbyt�re de Merlimont et tue la vieille m�re du cur�, la veuve Cauwel, en lui mettant la t�te dans la chemin�e. Chaque crime s'accompagne de vol d'argent, de bijoux ou de nourriture - parfois, le tueur prend le temps de se restaurer sur place ! Le complice des trois derniers crimes, Louis Dutilleul, est condamn� � perp�tuit�."Je m'y attendais. Je vais mourir, pourtant Dutilleul est aussi coupable que moi." Il s'habille, et arr�te d'un geste l'abb� Havez, aum�nier de la prison, et le vicaire Carissimo. "Laissez-moi tranquille, si Dieu existait, il aurait arr�t� mon bras au moment o� je commettais mes crimes." Au greffe, il remercie l'avocat. "Eh bien, je mourrai avec courage, et vous verrez si je suis brave." Il dit encore qu'il sera courageux et qu'il est donc inutile de l'attacher. "Au moins, ne me piquez pas... Je croyais qu'on rasait les condamn�s ?" Comme sa remarque ne trouve aucun �cho, il dit : "Il n'y a donc personne ici qui rigole ?" puis il compte les minutes le s�parant du d�part... En quittant la prison, il clame : "Voil� vingt-deux pas que je fais pour aller mourir. Je vais mourir, je l'ai m�rit�, mais Dutilleul est aussi coupable. Allons !" Difficult� des aides � le tenir sur la bascule. Corps remis aux m�decins de la Facult� de Lille.07 juillet 189120 octobre 1891Mardi,
6h30Bordeaux
GirondeG�raud "Paul" AurusseTua � Saint-Magne le 20 mai 1891 les �poux Barde et leur oncle Bregnet - dont il avait �t� le domestique -, puis mit le feu � la maison.Enferm� dans un dortoir avec 11 co-d�tenus. R�veil � 5h. Aucune �motion. R�pond oui ou non aux questions pos�es. Se confesse, entend la messe, pleure un peu. Au greffe, prend un petit d�jeuner, arros� d'un carafon de rhum et termin� par trois cigarettes. Quand un gardien lui en propose une quatri�me, sourit : "Je n'aurai pas le temps de la fumer." Place du Repos, on parvient difficilement � le positionner dans la lunette. Corps fourni � la facult� de m�decine.10 ao�t 189112 mars 1892Samedi,
6h05Le Mans
SartheMagloire EmonetPARRICIDE, 27 ans, cultivateur. Le 26 janvier 1891 � Valennes, �gorge � coups de couteau M.Jauneau, 84 ans, et son �pouse Victoire, 82 ans, ses grands-parents par alliance, avec la complicit� de la veuve Chaillou, 50 ans, sa tante, fille des victimes, elle aussi condamn�e � mort mais graci�e.Couch� tard : a jou� � la manille jusqu'� 1 heure du matin. Le bruit des gens � l'ext�rieur ne d�rangea pas son sommeil. Se r�veille tranquillement, boit trois tasses de caf�, respire une prise de tabac, et fume trois cigares, dont un qu'il ne finit pas et qu'il jette. Au greffe, rev�t la tenue parricide. Accompagn� par l'abb� Maloiseau jusqu'� la guillotine, dress�e place de l'Ancien-H�pital, � 100 m�tres de la prison, et va � la mort assez fermement.12 d�cembre 189115 mars 1892Mardi,
6h09Aix
Bouches-du-Rh�neEtienne CournouConducteur de tramway. Assassin au vallon de l'Oriol, � Marseille, de sa domestique Anna Faure, 23 ans, le 06 mai 1891 sur laquelle il avait souscrit une assurance-vie et fait passer la mort pour une noyade accidentelle. Sa ma�tresse Eug�nie Jareb, �pouse Cl�mencet, 25 ans, est condamn�e � quinze ans de travaux forc�s.R�veill� � 4h30 par le gardien-chef. Livide, stup�fait, mais essaie de garder son calme. "Mon pourvoi est rejet� et mon recours en gr�ce aussi alors ?". Dit au gardien-chef : "Je donne mes effets � l'oeuvre" et demande du rhum. A la chapelle, se confesse et entend la messe de l'abb� B�ranger, cur� de St-Victor. Au greffe, se confie aux aides et au bourreau : "Allez, je ne suis pas m�chant ! Ne serrez pas trop les entraves de mes mains ! Ce n'est pas permis d'ex�cuter un homme comme moi, qui sors de maladie. C'est un mourant, M.Deibler, que vous conduisez � l'�chafaud. Voyez, je sors de convalescence, et j'ai encore le corps tapiss� de v�sicatoires." En quittant la prison, il remercie les gardiens, et en particulier le chef, M.Duplomb, et embrasse l'aum�nier Michelot et l'abb� B�ranger. Soutenu par ce dernier, il va vers la guillotine en la regardant en face, puis embrasse les pr�tres une derni�re fois.23 d�cembre 189121 mars 1892Lundi,
5h55Saint-Nazaire
Loire-Inf�rieureEmile David21 ans. Le 03 mars 1891 � la Tour du Commerce (hameau de Saint-Nazaire), avec deux complices, Victor Cabel (16 ans) et Forget, tue � coups de couteau de cuisine deux vieilles soeurs, Mmes Jeanne P�ault et Catherine Malenfant, pour les voler. Cabel est condamn� � perp�tuit�, Forget, en fuite, condamn� � mort par contumace."Bah ! Quand on a commis une faute, lui r�pond tranquillement le condamn�, il faut bien l�expier", dit-il quand on le r�veille. Fume, assiste � la messe. Pendant la toilette, demande aux ex�cuteurs : "pouvez-vous donner une m�che de mes cheveux � ma m�re ?". Arriv� place Marceau, lance � la foule : "Au revoir, mes amis, au ciel ! Vive notre seigneur J�sus-Christ ! Et vive la France ! "23 d�cembre 189109 avril 1892Samedi,
5h20ParisLouis Anastay25 ans, sous-lieutenant, assassine pour la voler la baronne Dellard, amie de sa famille, et blesse gri�vement la domestique � coups de couteau le 04 d�cembre 1891 au 42, boulevard du Temple.Autre photo.A l'arriv�e des officiels, � 5h, d�j� r�veill�. "Je vous attendais, messieurs, je mourrai avec courage." On l'aide � se chausser, � mettre son pantalon. Refuse le cordial de l'aum�nier, et discute avec ce dernier. Au greffe, tend une lettre au directeur Beauquesne : "Veuillez remettre ceci � mon fr�re." L'abb� Valadier veut lui cacher le couperet avec le crucifix, mais il le cherche du regard.26 f�vrier 189216 avril 1892Samedi,
5hDijon
C�te-d'OrJean-Claude Charton43 ans. Tue � Dijon dans la nuit du 31 d�cembre au 1er janvier 1892 ses anciens employeurs, les �poux Roy, loueurs de voitures pour les voler, et met le feu � leur maison.R�veill� � 4h30. "C'est bien. A propos, quel jour sommes-nous ?" Le directeur r�pond : "Samedi,
la veille de P�ques." "Je finis bien ma semaine, alors." Parle avec l'aum�nier qui lui sert un verre d'eau-de-vie. Toilette rapide. Sourit en voyant la guillotine. Corps donn� � la Facult�.25 f�vrier 189205 juillet 1892Mardi,
4hValence
Dr�meMathias Hadelt39 ans, aventurier allemand. Assassin du r�verend p�re Ildefonse (n� Henri Cady), trappiste tr�sorier � l'abbaye d'Aiguebelle (commune de Montjoyer), le 28 octobre 1891, pour lui voler 15.000 francs.R�veill� � 3h35. Le gardien-chef Chaffoix annonce la nouvelle. "Deo gratias", r�pond le condamn�. Il s'habille, lace ses souliers. Aucune d�claration au procureur. Le docteur Chalvet lui offre un verre d'�lixir de Garus, qu'il refuse, puis qu'il prend pour se tremper les l�vres. Demande au procureur et � son avocat, Me Ollagnier, de faire proc�der � son autopsie pour qu'on atteste qu'il n'�tait pas Mathias Hadelt, et donc victime d'une erreur judiciaire. Demande � parler au pasteur Causse, qui le fait communier. Toilette rapide : il demande calmement s'il doit s'asseoir ou rester debout, pendant que M.Causse r�cite une pri�re en silence. Quand le pasteur, au moment de partir, lui dit : "Courage, au revoir.", il r�pond "Je suis heureux, je pars tranquille." En voyant la guillotine � l'entr�e de la prison, dit simplement : "Ah, tr�s bien."04 mai 189211 juillet 1892Lundi,
4h08Montbrison
LoireFran�ois Claudius "Ravachol" KoenigsteinLe "Christ de l'Anarchie". 32 ans. Assassine, le 26 mars 1886 un brocanteur de 90 ans et sa bonne � La Varizelle. Le 18 juin 1891, il assomme et �trangle le fr�re Jean-Baptiste Brunel, 96 ans, ermite � Chambles, pour le d�valiser. Posa plusieurs bombes dans Paris entre 1891 et 1892. Fut condamn� � la r�clusion criminelle � perp�tuit� � Paris pour ses affaires anarchistes le 27 avril 1892.R�veill� � 2h50. Re�oit la nouvelle avec calme, d�j� averti par les bruits de l'ext�rieur. Refuse les secours de la religion. Toilette rapide. Conduit en fourgon � 50 m�tres de l�, � l'angle Sud-Est du palais de justice : tout au long du chemin, chante l'air du P�re Duchesne : "Si tu veux �tre heureux, nom de Dieu, pends ton propri�taire, coupe les cur�s en deux, nom de Dieu, fous les �glises par terre, sang Dieu, et l�bon dieu dans la merde, nom de Dieu." Arriv� devant la guillotine, il crie : "Laissez-moi, j'ai quelque chose � dire ! Ne me serrez pas !" Dans le bruit de la lunette, on entend : "Vive la R�..." Le couperet interrompt la fin de la phrase.23 juin 189220 juillet 1892Mercredi,
4h07Rennes
Ille-et-VilaineJulien Communal24 ans, hongreur. Sans argent pour se marier, agresse au Sertre le 08 mars 1892 Marie Gallais, 27 ans, fille d'un producteur de cidre, pour voler la fortune de ce dernier, s'�levant � 4.000 francs. Il l'assomme d'un coup de b�ton, l'�trangle avec une corde, l'�gorge avec son couteau, puis vole 230 francs dans une armoire avant de jeter le cadavre dans la chemin�e pour faire croire � un accident.R�veill� � 3h25. Aucune �motion, s'habille, se trompe de pied en enfilant ses bottes. Accepte l'invitation de l'abb� Roullot, aum�nier de la prison. Pendant la messe � la chapelle, pris d'une crise de larmes. Arriv� face aux bourreaux, au greffe, g�mit : "Oh, mon Dieu !" Boit un verre de caf�, se plaint des liens trop serr�s qui l'emp�chent de respirer. Dix minutes de fourgon jusqu'au Champ de Mars, lieu d'ex�cution. L�ve les yeux vers le couperet, est couch� aussit�t et son corps remis � la Facult�. 10.000 personnes pr�sentes.09 mai 189221 juillet 1892Jeudi,
4h26Caen
CalvadosHenri-Pierre "Tardieu" JeanCondamn� en Loz�re � cinq ans de prison pour vols, blesse d'un coup de serpe, le 05 mars 1892, le gardien Pavy, � la maison centrale de Beaulieu, suite � une observation de ce dernier. Pavy meurt quelques jours plus tard.Pour la premi�re fois depuis longtemps, dort bien (faisait habituellement des cauchemars, r�vant de son ex�cution, et se r�veillant en hurlant). R�veill� � 3h40. P�lit, d�clare : "J'ai fait une boulette, il faut que j'y passe." Demande une cigarette, un verre de rhum. "Je bois � la sant� de tous." Ecoute la messe, r�sign�. Avant d'aller au greffe, demande � embrasser son co-d�tenu Maximin Beaudronet, condamn� � mort deux jours apr�s lui pour le meurtre d'une femme. La chose lui est accord�e. Au greffe, second verre de rhum, nouvelle cigarette, puis demande � son avocat Me Lef�vr : "Vous �crirez � ma m�re ?" avant de lui serrer la main. Sur les promenades St-Julien, en descendant du fourgon, manque tr�bucher de peur, mais se laisse emporter sans r�sistance.04 mai 189223 juillet 1892Samedi,
4h06Montpellier
H�raultJoseph Marius Martini23 ans. Lors d'une tentative d'�vasion de la prison de Montpellier, le 29 d�cembre 1891, tue le gardien Joseph Lambert et un co-d�tenu, Michel Hortet, avec trois complices, Eug�ne Dexemple, Raoul Baze et Andr� Many�res. Condamn� � mort, Dexemple sera graci� et partira avec les autres complices en Guyane.Ni Martini ni son complice Dexemple ne dormaient � l'arriv�e des officiels, � 3h35. Dexemple est extrait de la cellule, et Martini pr�venu du rejet de sa gr�ce. "Je m'y attendais, je pr�voyais bien qu'on ne me ferait pas gr�ce. Mes pauvres parents !" Discute avec l'aum�nier P�pin, boit un verre de rhum, fume une cigarette. COncernant la mort du d�tenu Hortel, r�pond : "J'ai dit la v�rit� � la justice, et je vous r�p�te encore que je n'ai pas touch� � un cheveu d'Hortel. Tout ce que je puis vous dire, c'est que je ne suis pas le plus coupable." Apr�s avoir poliment remerci� les personnes pr�sentes et demand� pardon pour ses crimes, tend au pr�tre un petit livre de messe � remettre � ses parents. Au greffe, remis entre les mains de Deibler, dit : "Vous pouvez faire de moi ce que vous voudrez. Je suis aux trois-quarts mort." En sortant de la prison, entend des cris : "Courage, Martini !" et crie en r�ponse qu'il en aura. Arriv� place de l'H�pital-G�n�ral, embrasse l'aum�nier, semble par deux fois faire une r�v�rence � la foule - environ 15.000 personnes - et va de lui-m�me sur la bascule, sourire aux l�vres.19 mai 189217 novembre 1892Jeudi,
6h48Epinal
VosgesAdrien Marchand28 ans, domestique. Assassina � coups de hache � Serocourt son grand-oncle, Firmin Marchal, 81 ans, maire du village, et la soeur de ce dernier, Constance, 67 ans, le 23 mai 1892, pour les voler.R�veill� � 6h25, aucune �motion. Dit qu'il s'y attendait. S'habille, demande � parler au pr�tre. En l'attendant, discute avec les gardiens, fume un cigare, boit plusieurs verres d'eau-de-vie. "Je veux me so�ler pour y aller courageusement !" Sort de cellule cigare � la bouche et le jette volontairement dans le couloir - pour que les autres d�tenus s'en fassent un souvenir. Au greffe, pris d'une bouff�e de peur, accepte encore de l'eau-de-vie et fume une cigarette. Va � la machine, place du Palais-de-Justice, d'un pas ferme.07 septembre 189216 d�cembre 1892Vendredi,
7h15ParisEug�ne Crampon27 ans. Surpris lors d'un cambriolage, tue en s'enfuyant le 03 mars 1892 le bijoutier C�lestin Martinet, le pharmacien Joseph Bottelin et blessa gri�vement Th�odore Girault, rue Saint-Denis.Eveill� � 6 heures, une heure avant l'arriv�e des officiels, qui le trouvent d�j� en pantalon, en train de faire son lit. Ne r�pond rien, finit de s'habiller, puis parle quelques secondes � peine avec l'abb� Valadier. Refuse le verre de rhum et la cigarette. Quand M.Beauquesne lui demande s'il n'a rien � dire � la Justice, il r�pond : "Elle est trop inhumaine, la "Justice", ce que j'ai � dire, je l'emporte dans la tombe." Il fait un salut militaire au juge d'instruction et au commissaire apr�s avoir sign� le registre d'�crou. En franchissant les portes, pris de faiblesse, doit �tre port� jusqu'� la bascule, � demi-mort. Corps remis � la Facult�.22 octobre 189214 avril 1893Vendredi,
5h08Caen
CalvadosLucien Victor Ruffin27 ans, journalier. Empoisonna � Gonneville-sur-Honfleur le 18 f�vrier 1892 la veuve F�licit� Lefevbre, 80 ans, et le 16 novembre, le fils de celle-ci, L�onard, 61 ans, agriculteur, pour les voler. Son �pouse C�lestine, 23 ans, fille adoptive des Lefebvre, fut condamn�e � perp�tuit� en tant que complice.R�veill� � 4 heures. Croyait en sa gr�ce : an�anti par la nouvelle. Se met � pleurer sans s'arr�ter. Entend la messe. Au greffe, boit un grand verre de rhum. C'est toujours en larmes qu'il arrive sur les promenades Saint-Julien. Conduit, � demi-inerte, sur la bascule.06 f�vrier 189328 avril 1893Vendredi,
5h04Morlaix
Finist�reJean "Yann" Combot51 ans, b�cheron. A Taul� le 21 mai 1892, assassine � coups de sabot pour les voler Fran�oise Jaffr�s, veuve Tanguy, et sa fille Jeannie.R�veill� � 4h10. En plus des officiels, les gardiens sont venus accompagn�s de leurs �pouses, car le d�lai assez long entre condamnation et ex�cution (presque trois mois) ont rendu Combot digne de piti� aux yeux des habitants de Morlaix. Au r�veil, murmure : "Pardon va Jesus bennigue (Pardon, mon J�sus b�ni). Je vous demande pardon, Seigneur, et je vous demande pardon, Messieurs, � vous et � tous les hommes." Puis il rajoute : "Je serai courageux, mais j'aurais �t� plus fort encore si, par ce retard, on ne m'avait pas laiss� croire qu'on me faisait gr�ce. C'est navrant, c'est triste d'�tre ex�cut� 85 jours apr�s ma condamnation. On aurait d� me faire expier mon crime plus t�t." Apr�s la messe dans la chapelle, conduit dans le bureau du gardien-chef, boit du caf� noir avec du rhum. Seules protestations pendant la toilette : "Pas la peine qu'on me coupe les cheveux, puisqu'on va me couper la t�te.", puis trouve qu'on le serre trop fort. Avant de grimper dans le fourgon, Combot sourit aux �pouses des gardiens et leur dit en breton : "Au revoir, mesdames ! Au revoir dans l'autre monde !" Place Saint-Nicolas, la foule prie. Guillotine mont�e au mlieu de la route de Paris, � dix m�tres en face du portail du cimeti�re. Combot descend du fourgon impassible, se laisse embrasser par l'aum�nier. Soubresaut sur la bascule.02 f�vrier 189326 juin 1893Lundi,
3h50Saint-Mihiel
MeuseFran�ois Redt57 ans, ouvrier charpentier. Lib�r� d'Ensisheim o� il purgeait une peine pour vol le 9 juillet 1892. Tue � coups de hachette dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1892 deux vieillards, les �poux C�me et Ad�le Brul (88 et 82 ans) � Harville pour une quinzaine de francs, une tabati�re, un couteau, un foulard, un mouchoir, deux chemises et une blouse, et mange des tartines de confiture avant de partir. Ad�le survit trois mois � l'agression, et meurt le 30 janvier 1893.R�veill� bien avant l'arriv�e des magistrats - � 3h30 - par la foule. Les gardiens lui parlent d'une foire aux bestiaux qui se pr�pare. A la nouvelle terrible, r�pond : "Ah bon." Parle avec l'aum�nier, se confesse. Au greffe, prie les bourreaux de ne pas lui faire de mal, car il souffre d'une �paule. Accepte un verre de rhum, mais refuse de fumer. Marche aussi vite qu'il le peut vers la machine, dress�e devant la prison.21 avril 189328 juin 1893Mercredi,
3h56Versailles
Seine-et-OiseJules-L�on Dupalu18 ans, serrurier. Assassina � coups de couteau les �poux Combier, s�xag�naires, (de quatre coups pour le mari, qui meurt hors de sa maison, victime d'une congestion, et cinq pour la femme, qui a la gorge tranch�e) le 01 janvier 1893 � Franconville pour les voler.Au r�veil, dit : "C'est bien !" Se montre d�cid� : "J�ai fait la b�tise, il faut que j�y aille. Apr�s tout, j�aime autant mourir, parce que j�ai dix-huit ans, et les travaux forc�s � perp�tuit�, c�est trop long." R�dige une lettre � sa m�re : "Ma tr�s ch�re et pauvre m�re. Tout est fini ! Quand tu re�evras cette lettre, j�aurai cess� de vivre. Sois tranquille. J�irai � la mort avec courage. Console-toi et embrasse toute la famille pour moi. Sois assur� que je n�ai cess� de t�aimer un seul instant. Ton pauvre fils qui t�aime de tout son c�ur. Adieu ! Adieu ! Adieu ! Ma derni�re larme sera pour toi." Ne parvient pas � boire le rhum, mais fume une cigarette durant le trajet. Regardant par la fen�tre du fourgon, il remarque : "En voil� qui rentrent du bal. Il fait beau ce matin." 3.000 personnes l'attendent au Pont-Colbert. En descendant, il regarde le public et le couperet en face, embrasse l'abb� Philibert sur les deux joues avant d'�tre bascul�. Temps gris et lourd.22 avril 189303 ao�t 1893Jeudi,
4h21, 4h24Hautmont
NordEdmond Claeys
et
Auguste DeGroote28 et 22 ans, Belges. S'introduisent en pleine nuit chez Mme Viart, au hameau de Gratti�res, le 26 mai 1892, l'�tranglent avant de l'assommer � coups de brique et de sabots. Le corps fut jet� dans une fontaine, � 25 m�tres de la maison. Leur complice, Lecomte, r�fugi� en Belgique, fut condamn� � perp�tuit� par les assises de BrugesR�veill�s � la prison d'Avesnes � une heure trente du matin. Claeys se met � crier : "On va ex�cuter un innocent." Puis sa col�re se retourne vers son complice, mais Degroote, qui ne parle que le flamand, se contente de sourire. Dans un fourgon de l'H�tel du Nord, ils quittent la prison vers 1h50. Pendant le trajet (18 kilom�tres), prient, boivent du rhum, et Degroote fume une cigarette. Arriv�e � Hautmont � 3h45, le fourgon passe place Sainte-Anne, ce qui permet � DeGroote de voir en avance la guillotine. La toilette a lieu dans le bureau du mar�chal des logis Pr�vot, � la gendarmerie. Refusent nourriture ou boisson. Claeys se laisse faire, mais dit aux assistants : "Vous n'aurez pas tout. Vous pouvez lier mes membres, vous ne lierez pas mon �me immortelle, et vous serez punis de ce que vous allez faire." Degroote enl�ve lui-m�me sa veste et se laisse faire, mais quand on lui lie les bras, il r�le : "Ne serrez pas si fort ! Coupez-moi les bras tout de suite, pendant que vous y �tes !". Arriv� place Sainte-Anne, DeGroote refuse qu'on l'aide. P�le et ferme, va vers l'�chafaud, mais tente de r�sister quand on lui met la t�te dans la lunette. On entend dans la foule des cris : "Vive DeGroote !" Claeys demande lui aussi de ne pas �tre soutenu. La blouse qui recouvre ses �paules tombe au sol quand on le conduit � la machine. Il d�tourne la t�te, r�siste avec vigueur quand on essaie de le pousser sur la bascule. Parmi les incidents survenus cette nuit-l�, plusieurs chutes depuis des balcons avec cons�quences assez graves, quelques �vanouissements.07 juin 189326 ao�t 1893Samedi,
5h20Evreux
EureMarie-Ernest On�sime Gille29 ans, mar�chal-ferrant, vagabond. Le 10 janvier 1893, fracasse le cr�ne de M.Gagneur, 50 ans, � St-Mards-le-Fresne et met le feu � sa chambre pour effacer les traces de son crime. Le 26 f�vrier 1893, � St-Pierre-de-Cormeilles, tue de 23 coups de couteau Mme Leli�vre puis �gorge sa bonne, Mme Lefranc. Mobile des trois crimes : le vol.R�veil � 4h20. Apprend la nouvelle avec r�signation. Regrette de ne plus pouvoir jouer � la manille avec les gardiens. Entend la messe. Montre du courage. Au greffe, pendant la toilette, boit un verre de calvados. Arriv� sur l'avenue de Caen, lieu d'ex�cution, a une r�action de peur en voyant la machine, mais s'avance r�sign�.06 juillet 189303 octobre 1893Mardi,
6h10Albi
TarnEmile VeyriosPARRICIDE. 26 ans, agriculteur. Accus� en 1884 d'avoir viol� et tu� une domestique chez le propri�taire terrien qui l'employait comme ouvrier. L'affaire ne fut pas �lucid�e. Le 22 mars 1893, � Brugnac, �trangle son p�re apr�s l'avoir enferm� trois jours durant dans un tonneau en esp�rant - en vain - qu'il y mourrait."Eh bien, puisqu'il le faut..." r�pond Veyrios, les larmes aux yeux, en apprenant la nouvelle. Il tremble comme une feuille, et accuse sa femme et son beau-p�re de complicit�. Devant le verre de rhum que lui tend le docteur Boussac, il refuse : "A quoi bon prendre cela, puisque je vais mourir ?" Mais il finit par accepter. Il parle dix minutes au p�re Marty, puis presse le pas pour aller au greffe, avec la volont� d'en finir au plus t�t. Mis en tenue de parricide, il accuse � nouveau sa femme et son beau-p�re, et crie "Je ne suis pas seul coupable." Place du Castelviel, sous la pluie, il crie "Je demande l'�galit� devant la loi !" L'enqu�te prouvera que ses accusations relevaient de la calomnie.25 juillet 189306 octobre 1893Vendredi,
5h30Versailles
Seine-et-OiseEug�ne Beaujan21 ans, souteneur. Dans la nuit du 15 au 16 novembre 1892, tua � St-Ouen Mme Valentine Dolbeau, prostitu�e, avec l'aide de Pauline Siller, prostitu�e et ma�tresse de M.Dolbeau. Mobile : une double vengeance. Pauline voulait se d�barrasser de sa rivale, Beaujan se venger de Valentine qui avait conseill�, quelques mois plus t�t, � sa compagne et "gagneuse" de le laisser tomber. Tous deux furent condamn�s � Paris, l'arr�t cass�, et le verdict fut le m�me � Versailles.R�veil � 4h45. Calme, s'y attendait. En passant ses v�tements civils, s'excuse d'aller en chemise � la mort, mais refuse de quitter ses savates pour mettre des sabots : "Deux pas seulement me s�parent du truc, c'est inutile." Puis il regrette : "C'est dommage de couper une aussi belle t�te que la mienne !" Donne deux lettres au substitut, l'une pour sa m�re, l'autre pour le gardien-chef. Etonn� par la gr�ce de sa complice, il boit plusieurs verres de rhum ("pourquoi me priver ?") et fume cigarette sur cigarette. Se souvient - vrai ou faux - d'un jour de 1889 o� il a vu Deibler ex�cuter Kaps � la Roquette, et o� le bourreau lui aurait annonc� : "Ton tour viendra !" Promet qu'il sera courageux. Pendant la toilette, plaisante : "Ne serrez pas si fort derri�re, j'ai les bras sensibles." A cause des cahots du fourgon, rit : "Oh l� l�, on se fait des bosses." Une fois arriv� au Pont-Colbert, contemple la foule avec m�pris : "En voil� des poires qui me regardent !" Un dernier mot � l'aum�nier, un regard vers le gardien-chef et il est pouss� en avant.27 avril 1893, 26 juillet 189301 d�cembre 1893Vendredi,
ParisPierre Kuntz23 ans. Tua pour la voler le 7 f�vrier 1893 Mlle Ang�lique Falguier, renti�re, 60 ans, rue Berthe � Paris.D�j� �veill� � l'arriv�e des officiels. "Eh bien, qu'est-ce qu'il y a ?", demande-t-il inquiet. Rassure le directeur : "Du courage, oh, n'ayez pas peur, j'en aurai !" S'habille, passe une chemise neuve, dit n'avoir rien � d�clarer au juge d'instruction. Sort deux lettres : l'une qu'il donne � M.Beauquesne pour qu'elle soit remise � sa m�re, et la seconde pour le p�re Valadier. "Bah ! Qu'est-ce que vous voulez ? C'�tait �crit, comme on dit." Quand le pr�tre lui propose � boire, il accepte et remercie. Il boit trois gorg�es de rhum, puis reste seul avec le pr�tre pendant deux minutes. Pendant la toilette, l'abb� lui demande s'il se repent. "Oui. Je demande pardon � tout le monde, et je voudrais que mon corps soit remis � ma m�re." Deibler annonce alors : "Allons, c'est l'heure." Le visage affreusement contract� par la peur, il g�mit un "Pardon" avant d'embrasser le crucifix et d'�tre bascul�, ne quittant le couperet des yeux qu'� la derni�re seconde.10 octobre 189317 janvier 1894Mercredi,
7h40Melun
Seine-et-MarneCharles Scherer19 ans, valet de ferme. Repris de justice lib�r� de la centrale de Poissy apr�s 18 mois pour vol. Domestique chez les de la VilleHerv� � Veneux-Nadon, pr�s de la for�t de Fontainebleau, renvoy� le 10 septembre 1893 apr�s � peine trois jours de service pour violence, paresse et attitude d�plac�e envers la petite bonne, Ang�le Dumas, 15 ans. Le 12 septembre 1893, s'introduit dans l'�curie, viole et tue de 23 coups de couteau Ang�le Dumas. Son patron, inquiet, se rendant � sa rencontre, il lui porte 18 coups. La lame se brise, Scherer frappe la patronne et un t�moin avec le manche du couteau.R�veill� � 7 heures. "Ah ? Ca y est donc ?" Demande � parler � l'aum�nier seul � seul pendant une vingtaine de minutes. Apr�s cela, fait des reproches au procureur : "Dans votre r�quisitoire, vous m�avez accus� d�avoir des passions honteuses. C�est faux. Je serais d�sol� si vous conserviez de moi une pareille opinion." Le procureur assure qu'il ne s'est fi� qu'� des rapports �crits venant de la centrale de Poissy, mais daigne croire le condamn�. Au greffe, demande un cigare, boit un verre de cognac et mange un biscuit. Toilette tr�s rapide, le condamn� �tant ras�. Arriv� devant le cimeti�re, regarde avec une horreur fascin�e le couperet, dit quelques mots � l'aum�nier qui l'embrasse, puis est pouss� sur la bascule.15 novembre 189329 janvier 1894Lundi,
6h45Lyon
Rh�neJean-Marie Busseuil21 ans, artiste forain. Le 31 janvier 1892, � Lyon, �trangle la prostitu�e Clotilde Berth�as pour la voler.A 6 heures, r�veill� par le bruit de la serrure. "Je comprends." Se prend la t�te dans les mains, muet quelques secondes avant de r�ponde au directeur : "J'aurai du courage, Monsieur le directeur, j'en aurai." S'habille, annonce quand il a fini. "Avez-vous des r�v�lations � faire � la justice ?" demande le juge d'instruction Chevalier-Joly. "Non. Ah, la Justice..." dit-il avec un triste sourire. Entend la messe � la chapelle. Dans la ge�le o� a lieu la toilette, accepte un verre de rhum et une cigarette. Port� dans le fourgon, avec son veston pos� sur ses �paules par un aide. Arriv� place de Charrabara, � quatre m�tres de la guillotine, repousse l'aum�nier avant d'�tre ex�cut�.20 novembre 189305 f�vrier 1894Lundi,
7h13ParisAuguste VaillantAnarchiste, 32 ans. Le 09 d�cembre 1893, rentre dans l'Assembl�e Nationale et jette une bombe en plein h�micycle. Il ne causera aucun d�c�s, juste des blessures plus ou moins graves sur une cinquantaine de personnes, dont lui-m�me.R�veill� � 7h par le directeur de la Roquette, M.Brun. Promet d'avoir du courage, et dit sa surprise, croyant qu'il serait gr�ci�. Refuse tout cordial, "Je n'ai pas besoin de boire pour avoir du courage", et tout aussi fermement de parler � l'abb� Valadier. Va directement au greffe. Arriv� d'un pas ferme � deux m�tres de la machine, crie : "Mort � la soci�t� bourgeoise ! Vive l'anarchie !"10 janvier 189413 f�vrier 1894Mardi,
7hCoutances
MancheAuguste Mathey19 ans, journalier. Le 21 octobre 1893, � Blosville, tua � coups de b�ton la veuve Cl�ment, mendiante, 83 ans, avant de profaner son corps avec ce m�me b�ton et de lui d�rober ses 10 francs d'�conomies.D�j� r�veill� � 6h10. Debout, habill�, s'attendait � la nouvelle, laisse �chapper un sanglot en guise de r�ponse. A la chapelle, entend la messe et communie. Ne dit pas un mot jusqu'� la fin. Au greffe, fume deux cigarettes et boit deux verres de rhum. Pendant la toilette, au fil des minutes, semble perdre toutes ses forces et on doit le hisser dans le fourgon. Arriv� place de la Cro�te, � cinquante m�tres de la prison, port� sur la bascule pendant que le pr�tre l'embrasse deux fois. Environ 1.000 personnes pr�sentes, premi�re ex�cution depuis 1861.12 d�cembre 189316 f�vrier 1894Vendredi,
7h10Niort
Deux-S�vresMarseil Sabourin32 ans, journalier � Souch�. Fils d'un marginal, il est confi� en maison de correction � treize ans, tandis que sa soeur H�l�ne, de huit ans sa cadette, est �lev�e au Carmel jusqu'� sa majorit�. Sa soeur, devenue domestique � Niort, �tant de sant� fragile, dut solliciter son h�b�rgement pour convalescence. Le 2 ao�t 1893, dans son cabanon de Ste-P�zenne, il la tua d'un coup de masse de fer pendant qu'elle dormait, puis la viola et l'�ventra, avant de jeter son corps dans une carri�re voisine. Accus� par la suite d'avoir assassin� un gardien de la maison de correction de Chiz� en 1877 - lieu o� il avait �t� enferm� -, et aussi du viol et du meurtre d'une enfant de 12 ans en 1885.R�veill� � 6h. Se cache les yeux en apprenant la nouvelle. S'habille avec calme, demande une chique de tabac, refuse le verre de rhum. S'entretient avec l'aum�nier, entend la messe et communie. Arrive place de la Br�che, en face de l'avenue de Paris, fond en larmes en voyant le couteau.16 d�cembre 189319 avril 1894Jeudi,
4h45Dijon
C�te-d'OrAuguste LaureauPARRICIDE. 42 ans, charcutier � Montbard. Accabl� de reproches � cause de son ivrognerie et sa paresse, le 10 novembre 1893, tue � coups de hachoir � viande sa femme Marthe et sa propre m�re de trois coups chacune, et blesse sa ma�tresse Marie-Louise Cureau, veuve Febvre, qui en mourra le 26 f�vrier 1894, le lendemain de sa d�position aux assises et de la condamnation � mort de Laureau.R�veill� � 4h15. D�clare qu'il s'y attendait : "C'est bien, du reste, j'en avais le pressentiment". S'habille, parle avec l'abb� Gueritte, et accepte le verre de cognac qu'il lui propose. Pendant la toilette, fume une cigarette. Deibler tr�s nerveux, ne cesse de houspiller les aides - la foule autour de la prison est particuli�rement bruyante et agit�e. Hurlements de la part des spectateurs � la sortie du condamn� en tenue de parricide, lecture de la sentence par l'huissier Vacher. Quand on lui enl�ve le voile, dit tr�s fort : "Au revoir, messieurs." Transport du corps � l'�cole de m�decine.25 f�vrier 189421 avril 1894Samedi,
5hLille
NordEmile Vannieuwenhove22 ans, Belge, tueur aux abattoirs de Lille. Tue le 08 d�cembre 1893 la vieille Mme Blandine Vancoppenole et ses deux petits-enfants, Edmond et Palmyre Tanghe (8 et 5 ans), avec une barre de fer, � Leers.Dormait bien, r�veill� � 4h30. Semble ne pas prendre conscience de la nouvelle, soupire bruyamment pendant la messe. Au greffe, apr�s la toilette, demande une cigarette qu'il garde aux l�vres jusqu'au bout. Embrasse les deux aum�niers (celui de Lille et celui de Douai), puis parcourt, tenu par les aides, les trois m�tres qui s�parent le seuil de la prison de la guillotine mont�e sur la place du Palais-de-Justice. Corps remis � la Facult�.28 f�vrier 189421 mai 1894Lundi,
4h15ParisEmile HenryAnarchiste, 21 ans. Fit sauter le 12 f�vrier 1894 l'h�tel Terminus, causant une victime et vingt bless�s. Il �tait �galement l'auteur d'un attentat, commis le 08 novembre 1892, contre le commissariat du Palais-Royal, faisant six morts : cinq policiers et un employ� des Mines de Carmaux.R�veill� � 4h. Tr�s p�le, s'habille. Refuse s�chement la fiole de cognac tendue par le directeur Brun, et encore plus violemment les secours de la religion du p�re Valadier. Pendant la toilette, se tourne vers l'aide qui d�coupe son col : "C'est vous M.Deibler ?" L'aide ne r�pond pas. Quand les portes s'ouvrent, l'abb� Valadier pr�c�de le condamn�, mais sans porter de crucifix. Les liens sont si serr�s qu'Henry se plaint :" Je ne peux pas marcher." Puis crie : "COurage, camarades, vive l'anarchie." Hurle � nouveau : "Vive l'anarchie !" quand on le bascule. Tr�s peu de sang vers� : vraisemblablement mort d'un arr�t cardiaque une seconde avant la chute du couperet.29 avril 189424 juillet 1894Mardi,
4h25Pau
Basses-Pyr�n�esJoaquin Noray23 ans, Espagnol, tout juste lib�r� d'Eysses. Le 07 f�vrier 1894, � L�e, d�capite � coups de rasoir Anne Bergeron, 54 ans, aubergiste, pour lui voler 60 centimes.R�veill� � 4h25. "Ah, c'est aujourd'hui que ma t�te saute ! On ne verra pas tous les jours tomber une t�te comme la mienne !" Pendant qu'il s'habille, mouvement de col�re de sa part, mais se calme seul et vite. Entretien avec l'abb� Delaporte, fume une cigarette avec plaisir, puis va au greffe d'un pas assur�. Pendant qu'on lui lie les jambes, mange avec app�tit un poulet r�ti froid, puis boit un verre de vin blanc et un verre de caf� allong� d'une rasade de cognac. S'adressant aux gens pr�sents, d�clare : "Il a fallu du courage pour faire ce que j'ai fait, hein ? Mais j'en aurai aussi pour mourir !" Demande une seconde cigarette et commence � fumer. Deibler, voyant que le condamn� n'est pas press�, fait signe aux aides pour qu'on lui lie les mains et d�coupe le col de chemise. Se laisse faire. Devient bl�me en voyant la guillotine � l'entr�e de la prison, mais va fermement � la mort. Peu de monde pr�sent � cause des averses. Pas d'ex�cution depuis 1851, derni�re ex�cution capitale dans le d�partement.12 mai 189427 juillet 1894Vendredi,
4h25Rouen
Seine-Inf�rieureRaymond Gamelin29 ans, gar�on �picier. Satyre assassin de la petite Marthe Deriberpr�, 7 ans, le 26 f�vrier 1894 � Rouen.R�veill� � 4h. Dort profond�ment. Sursaute : "Ah, tr�s bien, je suis � vous. Je m'habille. Claquer aujourd'hui ou un autre jour, cela m'est �gal." Demande � entendre la messe. Muet pendant la toilette, r�clame � la fin une chique et un verre de rhum. Puis d�clare � son avocat, Me Julien Goujon, d�put� : "Vous savez, cela m'est �gal, je suis innocent. Je vous recommande mon enfant, et si un jour, on vient � reconna�tre le v�ritable assassin, proclamez-le bien haut." Face � la guillotine, place Bonne-Nouvelle, s'agenouille pour l'ultime b�n�diction avant d'embrasser le crucifix.26 mai 189403 ao�t 1894Vendredi,
4h30Limoges
Haute-VienneJean Bouchareichat18 ans, valet de chambre. Assassine de deux balles dans la t�te puis en l'�touffant son patron Paul Hervy, patron d'une maison de confection pour dames le 05 septembre 1893 � Limoges. Condamn� en Haute-Vienne, arr�t cass�, recondamn� en Corr�zePr�venu � 3h35, couch� sur son lit sans dormir. Se l�ve pour entendre la sentence. "C'est pour ce matin... j'ai entendu assez de bruit, ce matin." S'habille, se chausse, et demande ce qu'il doit faire d'autre. Accepte volontiers la messe, qu'il entend dans le couloir de la prison en se signant plusieurs fois. Dans un autre couloir o� la toilette a lieu, un gardien lui tend un verre de caf�, mais le trouvant trop chaud, le condamn� se contente de poser le verre pr�s du mur avant de s'asseoir sur le tabouret. Ote lui-m�me sa veste, son tricot de laine et laisse d�chirer le col de sa chemise. L'aum�nier lui fait boire un verre de chartreuse avant qu'on ne le conduise � l'entr�e de la prison o� se trouve la guillotine. Pousse un cri en d�couvrant le couperet : "Seigneur !" Corps r�clam� par la Facult�, mais le condamn� ayant demand� � �tre inhum�, on lui accorde ce droit.20 f�vrier 1894, 07 juin 189416 ao�t 1894Jeudi,
4h55Lyon
Rh�neSanto Jeronimo CaserioAnarchiste italien, 21 ans. Assassine en plein d�fil� le 24 juin 1894 � Lyon le Pr�sident de la R�publique Sadi Carnot.R�veill� � 4h20. Pris d'un tremblement nerveux jusqu'au bout. Aucune d�claration, refuse de parler � l'aum�nier et aussi � son avocat, Me Dubreuil. Quand on lui demande s'il a une derni�re volont�, r�pond : "Non... Faites seulement parvenir � ma m�re la lettre que j'ai �crite pour elle." En pensant � elle, il pleure quelques instants, puis se reprend. Claque des dents durant le trajet en fourgon, mais face � la guillotine, crie d'une voix nette : "Coraggio, camaradi,
evviva l'anarchia !" Pouss� sur la bascul�, tombe pench� sur la droite, doit �tre redress� sur la planche avant qu'on ne fasse tomber la lunette. Quelques bravos retentissent dans le public amass� sur le cours Suchet.03 ao�t 189417 ao�t 1894Vendredi,
4h50Montbrison
LoireJean Servajean37 ans, boulanger. Tua d'un coup de b�ton � Saint-M�dard le vieillard Fran�ois Chavassieu, riche propri�taire, le 30 avril 1894, avant de le pendre. Servajean esp�rait trouver 60.000 francs : il repartit avec 14 francs, quelques v�tements, du lard et de l'alcool. Son complice, Jean-Marie Fontvieille, �cope de vingt ans de travaux forc�s.R�veill� � 4h10. Hagard, dit : "Je saurai mourir !" S'habille, mange un biscuit, boit un verre de rhum. Entend la messe. Au greffe, toilette rapide. Arriv� � bord du fourgon place Saint-Jean - l'endroit o� Ravachol avait �t� ex�cut� �tant trop difficile pour le montage des bois -, embrasse son avocat, puis l'aum�nier et enfin le crucifix.30 juin 189430 ao�t 1894Jeudi,
4h55Laval
MayenneAlbert Bruneau33 ans, vicaire d'Entrammes, pr�tre d�bauch�. Auteur de plusieurs incendies volontaires pour toucher l'assurance. Le 15 juillet 1893, �gorgea la veuve Bourdais, fleuriste � Laval, qui �tait sa ma�tresse, pour lui voler de l'argent et des biens. Le 2 janvier 1894, jeta dans le puits du presbyt�re l'abb� Fricot, son sup�rieur, cur� d'Entrammes, et l'assomma � coups de b�ton. Mobile : �viter une d�nonciation, car Bruneau avait vol� les �conomies de Fricot, et ce dernier s'en �tait rendu compte.Grave erreur de la part du minist�re de la Justice : Deibler pr�sent � Laval avant m�me que Me Dominique, le d�fenseur du condamn�, ne soit re�u � l'Elys�e. R�veill� � 4h. "Dois-je me lever ?" S'habille seul, r�pond non aux questions du procureur qui lui demande s'il a des d�clarations ou des aveux � faire, puis sollicite une entrevue avec l'aum�nier Foubert, puis avec son avocat. Remercie ce dernier pour toutes ses d�marches, puis remet une lettre au procureur, dont le contenu ne doit �tre lu qu'apr�s le supplice (il y demande pardon de son comportement de noceur, mais affirme une fois encore son innocence). A la chapelle, entend la messe, encore engonc� dans la camisole de force. Parle dix minutes avec l'aum�nier. Communie. Au greffe, demande � manger un peu. Parcourt � pied la petite ruelle qui s�pare la prison de la place du Palais de Justice o� se trouve la guillotine, et embrasse le crucifix sans arr�t. Devant la machine, lui tourne le dos pour embrasser l'aum�nier et b�nit Deibler avant d'�tre bascul�.12 juillet 189429 d�cembre 1894Samedi,
7h15Ch�lon-sur-Sa�ne
Sa�ne-et-LoirePierre Mazu�20 ans, gar�on boulanger. Assassina pour les voler le 18 juillet 1894 les b�cherons Jean Carrette, 50 ans, Claude Lapierre, 53 ans, et Elie Tortillot, 60 ans, dans les bois de Nancelles, commune de Saint-Sorlin, en les frappant � coups de branche puis en les achevant au couteau. Il compl�ta son oeuvre en incendiant la cabane o� vivaient ses victimes pour cacher les preuves de son crime.R�veill� � 7h. Quand le directeur lui dit d'avoir du courage, r�pond : "Oh, en en aura." S'habille, se confesse, communie. Boit un grand verre de rhum, fume une cigarette et remercie son avocat, Me Perraud, pour tout ce qu'il a fait pour lui. Pendant la toilette, demande � son d�fenseur : "J'ai oubli� un cigare dans ma cellule, je vous prie d'aller le chercher... Oh, allez, c'est inutile, je pourrais pas tout fumer � la fois." Grimpe dans le fourgon dans aide. Arriv� place Ronde, va sur la bascule sans trembler.31 octobre 189403 janvier 1895Jeudi,
7h15, 7h18Mont-de-Marsan
LandesJoseph-Marcel Daubagna
et
Jean-Joseph M�naut25 ans, commis dans une banque, et 23 ans, contrebandier. Voleurs incarc�r�s dans la minuscule prison d'Orthez (Basses-Pyr�n�es), s'�vadent dans la nuit du 18 au 19 avril 1894 en �tranglant le gardien Moula et en tentant d'assassiner son �pouse. Leur co-d�tenu, Jean Lacoste-Darget, est condamn� � perp�tuit�. Condamn�s � Pau, arr�t cass�, rejug�s dans les Landes.R�veill�s � 6h05. Daubagna se met � trembler de peur et � pleurer, Menaut reste calme. En quittant le dortoir commun o� ils s�journaient, Daubagna crie � ses co-d�tenus : "Vous voyez o� m�ne la mauvaise conduite ! N'imitez pas mon exemple !" Au greffe, apr�s la messe, les condamn�s mangent des biscuits, boivent du caf�, un verre de cognac et une cigarette. Daubagna ne cesse ne g�mir "Pardon, pardon !" et Menaut le regarde sans r�pondre. Arriv�s place de la Tannerie, Daubagna meurt le premier, et cherche � se rejeter en arri�re. Menaut meurt avec courage. La foule pousse un cri � chaque chute du couperet.08 ao�t 1894, 07 novembre 189423 mars 1895Samedi,
5h50Versailles
Seine-et-OiseHenri Lemoine20 ans, berger. Satyre assassin de Camille Manceau, 19 ans, bonne dans la maison o� il �tait domestique, qu'il assomma d'un coup de b�ton et viola le 07 juillet 1894 � Illiers (Eure-et-Loir). La jeune fille repoussait ses avances depuis longtemps. Il en profita pour voler 220 francs et un complet neuf. Condamn� � Chartres, arr�t cass�, rejug� � Versailles.R�veill� � 4h30. Atterr�, se reprend, se dit innocent et demande qu'on le laisse seul avec l'aum�nier Philibert. Ecrit une lettre � sa m�re, prend une goutte de rhum, ainsi qu'un peu de vin de messe. Dans une salle voisine du greffe, fume plusieurs cigarettes pendant la toilette et se dit � nouveau innocent. "Ce n'est pas la mort que je crains, ce que je regrette le plus, c'est le d�shonneur qui rejaillit sur ma famille." Le fourgon quitte la prison � 5h30. Au Pont-Colbert, descendant le second apr�s l'abb� Philibert, il regarde le couperet, embrasse le crucifix et crie : "Si vous ne l'avez jamais vu, vous allez voir mourir un innocent !"12 novembre 1894, 17 janvier 189516 septembre 1895Lundi,
5h10, 5h12Draguignan
VarToussaint Simon
et
C�sar Barillot38 et 28 ans. Ba�llonn�rent, rou�rent de coups et �trangl�rent l'h�teli�re Eudoxie Sauveur, 72 ans, rue du Baignoir � Marseille le 17 d�cembre 1894 pour la voler. Barillot �tait le gar�on de chambre de l'h�tel, et Simon l'un des locataires. Condamn�s � mort � Marseille, arr�t cass�, rejug�s � Draguignan.A l'arriv�e des officiels � 3h30, Simon se r�veille aussit�t, Barillot dort profond�ment. Simon n'est pas surpris : "Nous le savions depuis hier. Quelqu'un a cri�, hier apr�s-midi,
vers deux heures, l'annonce de notre ex�cution. Barillot l'a entendu." Les deux hommes se l�vent et s'habillent. Simon, qui trouve que son pantalon civil le serre, rit : "Je suis devenu gras, mais ici, c'est comme � la ferme, on vous engraisse pour vous tuer." Puis il demande au substitut Michel : "Quel sera le sort de Poullain et Chabaud ?" (Les deux hommes, condamn�s � mort le 30 juillet 1895 � Aix pour l'assassinat de la grand-m�re de Poullain, venaient d'�tre gr�ci�s). On n'ose lui dire la v�rit�, le substitut r�pond juste que la commission des gr�ces ne s'est pas encore prononc�e. Avant de quitter leur cellule au 1er �tage, Simon demande � voir un autre co-d�tenu, Asso, et l'embrasse. Apr�s cela, il donne � un gardien son briquet comme souvenir, et � un autre sa blague � tabac et sa cravate. Ils entendent la messe � la chapelle et communient. Toilette dans le cabinet du gardien-chef. Simon plaisante, et sa bonne humeur influe sur Barillot. Boivent plusieurs gobelets de rhum et du caf�, mais refusent de manger. Simon dit : "Nous pouvons prendre une cuite, nous n'aurons pas mal aux cheveux demain !" Puis, appr�ciant le rhum : "Les Allemands n'en ont pas, de celui-l� !" Puis il discute avec les gens pr�sents, remerciant gardiens, procureur et abb�. Aux journalistes, s'inqui�te : "N'allez pas me d�biner au moins, vous autres ?" Les reporters le rassurent, et il rit : "Malheureusement, je ne pourrai pas vous lire ! Moi qui d�vorais les compte-rendus des ex�cutions dans les journaux !" Au juge d'instruction, il dit : "J'ai �t� condamn� en octobre dernier � six jours de prison. J'ai donn� un faux �tat-civil, celui de mon ami Alfred Linstel. Faites donc effacer cette condamnation du casier judiciaire de cet innocent." Puis il reprend sa conversation gaie, m�me si cette joie est feinte. A 5 heures, Anatole Deibler arrive le premier au greffe, et Simon s'�crie : "C'est le fils Deibler qu'on m'envoie ? Ah non ! Je n'accepterai pas de me faire ex�cuter par un apprenti ! C'est le p�re Deibler que je veux, le vieux !" Avisant Louis Deibler, il lui propose un verre de rhum, que le bourreau refuse d'un mot sec. La toilette, trop vive � leur go�t, leur arrache quelques protestations. Barillot descend le premier du fourgon sur le Champ-de-Mars : ex�cution tr�s rapide. Simon, en posant les pieds sur le sol, s'�crie : "Soci�t�, je te demande pardon de mon crime. J'esp�re que tu me pardonneras, j'expie mes fautes." Bascul� sans la moindre r�sistance.26 mars 1895, 26 juillet 189516 novembre 1895Samedi,
6h35Le Mans
SartheJean-Baptiste Lanceleur36 ans. Tua les vieux �poux Guiet, �g�s de 77 et 70 ans, � coups de hache (deux pour lui, cinq pour elle) pour les voler le 22 f�vrier 1895 � Mareil-sur-Loir.Au r�veil, � 6h, r�pond : "Oh, du courage, j'en ai." S'habille, remercie le directeur et le gardien, puis se rend � la chapelle pour entendre la messe et communier. Au greffe, se laisse toiletter sans protester. Trempe ses l�vres dans la tasse de caf� qu'on lui tend, et ne dit pas un mot. Parcourt les deux cents m�tres qui le s�parent de la machine, mont�e sur le terrain vague o� se trouvait l'H�pital G�n�ral avant. Des cris "A mort" retentissent. Remercie un gardien une derni�re fois, et quand le couperet tombe, un soldat est pris d'un malaise et doit �tre �vacu�.04 septembre 189506 janvier 1896Lundi,
7h35, 7h38Melun
Seine-et-MarneJules Mira
et
Alexandre
Van Hamme19 et 20 ans, manoeuvres. Tu�rent � coups de poing, de pied et d'outil de ramoneur le 03 octobre 1895 � Melun Arthur Lef�vre, forgeron de 42 ans, pour lui voler le contenu de son portefeuille, soit environ 20 francs. Ils se d�barass�rent ensuite du corps en le jetant dans la Seine.Au r�veil, � 6h55, Van Hamme s'habille et on doit r�p�ter la sentence � Mira qui n'a pas compris. L'abb� Moreau vient porter les secours de la religion � Mira et le pasteur Farjat � Van Hamme. Mira est le premier � �tre toilett�, ce qui est difficile tant il se d�bat et hurle. Deux gardiens, en plus des aides sont n�cessaires pour le ma�triser. Il crie : "Laissez-moi au moins gagner une minute puisqu'il faut mourir !" Il refuse le verre de rhum, mais fume une cigarette. Van Hamme se laisse faire sans r�sister, et refuse l'alcool lui aussi. Devant le cimeti�re, Mira descend le premier, tr�s p�le. Van Hamme le suit, embrassant longuement le pasteur avant d'�tre bascul�. Un vif mouvement sur la planche oblige les aides � le replacer ce qui prend quelques secondes.21 novembre 189512 f�vrier 1896Mercredi,
7h50Chaumont
Haute-MarneJean-Baptiste Dudot41 ans. Le 30 mai 1895, pr�s de Bielles, tue d'une balle de revolver dans la tempe le chauffeur du courrier Chaumont-Nogent, Narcisse-Alexandre Moussu, 29 ans, pour voler le chargement (seul vrai butin : trois billets de 100 francs).A 6 heures, d�s que la porte s'ouvre, Dudot, r�veill� depuis une heure, s'assoit sur son lit et insulte le procureur : "Coquin, bandit, assassin ! C'est vous, canaille, qui �tes cause de ma mort !" Le procureur lui fait remarquer que ce n'est pas lui qui a tu� le chauffeur Moussu. "Ah, mis�rable ! Pour un mauvais coup de revolver !" Il faut l'intervention de Me Chaumont, son avocat, pour que le condamn� se calme et accepte d'entendre la messe de l'abb� Leseur. Il se confesse, puis est conduit au greffe. Avant la toilette, dit avoir des d�clarations � faire. L'entretien avec le juge d'instruction dure 45 minutes, et aurait port� sur sa participation � un crime commis en C�te-d'Or. Apr�s cela, il accepte le rhum pendant qu'on l'attache. Quitte d'un pas ferme la prison, et ne cesse de fixer du regard la guillotine, mont�e � 20 m�tres de la porte, pas m�me quand il embrasse le crucifix. 5.000 personnes pr�sentes.24 d�cembre 189517 f�vrier 1896Lundi,
6h48Ajaccio
CorseTh�odore Bonelli30 ans. Neveu du c�l�bre bandit Bellacoscia, conseiller municipal de Bocognagno, promit aux autorit�s de leur livrer un bandit nomm� Cappa : pour obtenir la r�compense, tua de deux coups de fusil � bout portant un pauvre bougre, Joseph Murati, en novembre 1894 dans la for�t de Vezzavona, et br�la son corps pour le rendre m�connaissable.Reveill� � 6 heures. "Ainsi donc, voici mon dernier moment arriv� !" S'habille, se confesse, communie et entend la messe de l'abb� Marcaggi dans la chapelle de la prison. S'entretien avec Me de Montera, et le prie de faire r�clamer son corps par sa famille pour �tre enterr� pr�s de Bocognano. Pendant la toilette, r�cite des pri�res en m�me temps que l'aum�nier. Refuse l'eau-de-vie propos�e par le gardien-chef, et remercie les gardiens pour leurs bons soins. Il fait � pied les 40 m�tres qui s�parent la prison de la place du Palais de Justice o� se trouve l'�chafaud, entour� de 6.000 spectateurs. Se tournant vers la foule, il crie en corse : "Je demande pardon � Dieu, je demande pardon � tous !" Embrasse le crucifix. L'ex�cution s'accompagne de quelques sifflets, et plusieurs femmes font des syncopes.14 d�cembre 189503 juin 1896Mercredi,
4h05Saint-Brieuc
C�tes-du-NordJean-Baptiste Dagorne27 ans, ancien marin, cultivateur. Condamn� en 1885, � 16 ans, � huit jours de prison pour avoir bless� son cousin � coups de couteau. Assassina � coups de couteau dans le coeur le 25 d�cembre 1895 � La Croix-Gibat en Tr�gueux, les fr�res Hellio : Louis, 10 ans (un coup) et Pierre, 5 ans (cinq coups) chez qui il �tait venu voler... 19 mouchoirs et 80 centimes. La veille au soir, � Kerouaran, tente d'assassiner le valet de ferme Mathurin Alleno de trois coups de couteau � pressoir dans la t�te en cherchant, l� aussi, � voler la ferme.R�veil � 3h15. Promet d'avoir du courage, refuse de parler � son avocat Me Rioche, mais demande l'aum�nier Robert. Pendant la messe, pleure un peu. Au greffe, refuse le rhum propos� par le procureur. Le gardien insiste, en vain, avant d'offrir une cigarette. "Si vous voulez." On la lui pr�pare et on la lui glisse entre les l�vres. En quittant la prison, dit adieu au gardien-chef et monte dans le fourgon. Arriv� place Duguesclin, mouvement de panique en d�couvrant la Veuve. Promet � l'abb� de mourir avec courage, puis se laisse saisir par les aides.18 avril 189607 juillet 1896Mardi,
4h05Angers
Maine-et-LoireCharles Jouneau33 ans, peintre/vitrier. Assassina � la hache Charles Persigan, 12 ans, domestique � la ferme de la Guiharais (commune de l'H�tellerie-de-Fl�e), le 29 mars 1896. Jouneau comptait depuis longtemps cambrioler la ferme, mais la pr�sence du jeune gar�on lui interdisait toute tentative. Butin : 270 francs et une bague en or. Pr�c�demment suspect� - � juste titre - d'incendie volontaire de son atelier afin de toucher l'assurance.R�veill� � 3h35. Pas de r�action, pas de d�clarations, s'habille. Se confesse � l'abb� Ollivier en pleurant, entend la messe et communie. Quitte lui-m�me sa veste pour la toilette. Proteste : "Ne m'attachez pas trop fort. Vous prendez des pr�cautions inutiles. Je marcherai bien. Il ne faut pas me serrer autant. Vous me faites mal." Puis s'adressant � Deibler : "Ce n'�tait pas la peine de me donner cette chemise-l� pour la couper comme �a !" Se laisse faire, et prend une tasse de caf� avec du rhum avant de remercier les gardiens. Va � la guillotine, situ�e � 5 m�tres de la porte de la prison, sans h�siter.25 mai 189512 septembre 1896Samedi,
5h55Reims
MarneAlexandre-B�lissaire Chapuis19 ans, vigneron. Satyre assassin d'une fillette de sept ans, Aline Arban, le 14 juin 1896 pendant la f�te du village � Cerseuil. Apr�s l'avoir attir�e � l'�cart sous pr�texte de lui donner des fraises, il tente de la violer, mais comme elle se d�bat, il lui donne des coups de pied dans la t�te, lui lac�re la figure avec un couteau puis la jette dans un ruisseau.Arriv�e des officiels � 4h10. Ne dormait pas, jouait aux cartes avec les gardiens. Refuse caf�, cognac et cigarette, mais accepte d'entendre la messe et de se confesser. Une demi-heure de trajet de la prison jusqu'� la place du March�-aux-Chevaux. En descendant du fourgon, pleure silencieusement, le corps pli� en deux. Mal bascul�, doit �tre maintenu sur la planche tant il remue les jambes. Vives protestations de la foule, furieuse de ne rien pouvoir voir !30 juillet 189614 janvier 1897Jeudi,
7h40Hazebrouck
NordRen� Van Yngelandt26 ans. Le 14 f�vrier 1896, au cours du cambriolage du presbyt�re, tua � coups de marteau la bonne du cur� d'Audezeek, Herminie Follet.R�veil � 6h45. Courageux. Entend la messe, communie, refuse toute nourriture, alcool ou tabac. Ex�cut� sur la Grande-Place, en face de l'H�tel de Ville. Mal pouss� dans le panier lat�ral : Louis Deibler re�oit une gicl�e de sang dans le visage.19 novembre 189618 janvier 1897Lundi,
7h27Nancy
Meurthe-et-MoselleDominique Harsch28 ans, luxembourgeois. Satyre assassin de Marguerite Flesch, 15 ans, qu'il viole, �touffe et �gorge de deux coups de canif dans la for�t de Moyeuvre le 4 novembre 1895, pr�s de Briey. Pr�tendit �tre le factotum d'une ch�telaine, et "embaucha" Margot comme domestique en pr�sence de ses parents. Sans nouvelles d'elle, ils lanc�rent des recherches. Le corps fut retrouv� le 5 d�cembre sous un tas de branchages.R�veill� � 6h45. "Ah, voil� une bonne nouvelle !" S'habille imm�diatement : "C'est bien". Terrifi�, se laisse faire, promet � son avocat Me Terreaux qu'il sera fort. Entend la messe et subit la toilette sans plus prononcer un mot. Face � la machine, devant la prison, baise le crucifix sans cesser de regarder le couperet. Fausse manoeuvre : le couperet est lib�r� avant que la lunette ne soit ferm�e, d'o� �claboussures de sang sur les spectateurs les plus proches. Louis Deibler, �pargn� cette fois, croit pourtant avoir �t� sali : premi�re manifestation d'h�matophobie qui iront s'aggravant les deux ann�es suivantes. L'ex�cution est represent�e par le peintre Emile Friant. Le corps est remis � la Facult�.23 novembre 189625 f�vrier 1897Jeudi,
6h33Versailles
Seine-et-OiseHenri-On�sime Basset23 ans, cultivateur, p�dophile r�cidiviste. Satyre assassin de Louise Millier, 13 ans, qu'il enleva, viola, �trangla et pendit dans une for�t de Breuil-le-Vert le 26 juillet 1896. Condamn� � Beauvais, arr�t cass�, rejug� � Versailles.R�veill� � 5h30. "C'est bien", dit-il au procureur, puis reproche au p�re Philibert de ne pas l'avoir pr�venu plus t�t. Demande � entendre la messe et � communier. Pendant la toilette, boit plusieurs rasades de rhum, fume un cigare, puis quatre cigarettes. Doit se baisser pour grimper dans le fourgon tant il est grand. Pendant le long trajet, boit un peu de vin de Bordeaux chaud et sucr� apport� par l'abb�, et se repent : "J'ai donn� la mort, je la m�rite, je paierai avec du sang." m�me s'il avoue ne pas se rappeler les circonstances exactes du crime, commis en �tat d'ivresse selon lui. Les larmes aux yeux, descend au Pont-Colbert, observe la guillotine et dit : "C'est �a, cette fameuse machine ?" Embrasse le crucifix, puis l'aum�nier � deux reprises. Mal engag� dans la lunette, on doit le replacer.10 d�cembre 1897, 15 janvier 189720 avril 1897Mardi,
4h50Lons-le-Saunier
JuraPierre-Elys�e Vaillat33 ans. Tue � coups de fusil le 25 d�cembre 1896 � Pratz Mr Dupperchy et sa soeur, tous deux quinquag�naires, pour leur voler une somme de 100 francs.R�veill� � 4h30. Aucune �motion, courageux. Boit plusieurs verres de cognac, fume deux cigarettes, et refuse cat�goriquement de parler � l'aum�nier. EN sortant de prison, contemple la foule avec une certaine arrogance. L'aum�nier lui dit : "Allons, Vaillat, ayez un mot de repentir." "Non", r�pond ce dernier en tournant la t�te pour ne pas voir le crucifix. Devant la bascule, � l'instar de son presque homonyme Vaillant, il crie : "Vive l'anarchie ! Mort � la soci�t� bourgeoise !"09 mars 189711 mai 1897Mardi,
4h30Bastia
CorseJean "Manaccia" Bartoli45 ans. Chef d'un trio de malfaiteurs qui terrorisaient la r�gion de Fiumorbo six ans durant, Bartoli vouait une haine sans nom envers Pierre Chiari, lequel avait os� le faire tra�ner devant un tribunal de police pour de simples contraventions. Le 25 avril 1895, Bartoli et ses sbires l'enlev�rent pendant qu'il dormait, avant de l'attacher � un arbre pr�s du moulin de Taviano, de lui crever les yeux, de lui couper les yeux, la langue et de l'�masculer. Les complices furent abattus lors de l'arrestation.R�veil � 4h. Il faut le secouer pour qu'il ouvre les yeux. Pendant la lecture de la sentence, dit : "Non, ce n'est pas possible ! Le pr�sident de la R�publique ne peut pas avoir rejet� mon recours en gr�ce, car je n'ai tu� personne, je suis innocent !" On le toilette dans sa cellule, lui repassant la camisole apr�s avoir coup� le col de sa chemise. Refuse le cordial de chartreuse offert par le docteur Salicetti, et accepte d'entendre la messe de l'abb� Rusterucci. 6.000 personnes pr�sentes sur la place d'Armes. Le fourgon s'arr�te � dix m�tres de la machine. Bartoli regarde la foule, tout le monde se d�couvre quand on le saisit et on l'enfourne.03 mars 189713 septembre 1897Lundi,
5h34Loos-les-Lille
NordEtienne ThomasBoucher, 25 ans. Incarc�r� � la centrale de Loos pour cinq ans pour vol. Le 30 avril 1897, poignarde de trois coups de tiers-point dans le dos, la nuque et le visage un co-d�tenu, Sa�lens, lui aussi condamn� pour vol, parce que Saelens refusait de lui donner une partie de sa nourriture - Thomas �tait un tr�s gros mangeur.R�veill� � 4h12. "C'est bon, au petit bonheur !" dit-il. Refuse l'aum�nier. Demande caf�, cognac et cigarettes. D�clare qu'il est injuste qu'on l'ex�cute lui quand de bien plus coupables �chappent au couperet. Trouve les liens trop serr�s, dit qu'il ne tentera pas de s'�vader. Remercie les gardiens et le directeur avant de monter dans le fourgon qui l'emm�ne place Thiers, � deux kilom�tres environ de la prison. Bascul� cigarette aux l�vres.03 ao�t 189712 f�vrier 1898Samedi,
6h26Bastia
CorseJean Fazzini28 ans, cordonnier. Tua son bienfaiteur, le chef de gare de Borgo, M.Quillichini, le 22 juin 1897 pour lui voler de l'argent, une montre et un revolver.R�veil � 5h. Dort profond�ment. Au substitut qui lui dit qu'il faut se pr�parer � mourir, il r�pond : "Si vite ? N'embrasserai-je pas ma femme et mes enfants ?" Promet d'avoir du courage. Il s'habille, boit une tasse de caf�, fume une cigarette et se confesse. A l'aum�nier, il autorise de trahir le secret de la confession, car il avoue le crime, commis avec une lime et un petit couteau, et ce pour la somme de 20 francs. Apr�s la messe, se laisse attacher par les bourreaux. En grimpant dedans, dit : "Regardez-moi bien, je suis un coupable." Le fourgon arrive place d'Armes � 6h20. La foule se d�couvre. Fazzini dit alors : "Je demande pardon � Dieu et aux hommes. Je suis coupable, je suis un malheureux abandonn� de tous. Il ne me reste plus que mes avocats. Priez pour moi." Il embrasse ses d�fenseurs, Mes Maestracci et de Montera, l'aum�nier Rusterucci, puis les aides le poussent. Beaucoup de femmes pr�sentes s'�vanouissent.15 d�cembre 189709 mai 1898Lundi,
4h05Angoul�me
CharenteGeorges Soulat35 ans. Assassina � Torsac, le 15 novembre 1897, M.Roussaud, 74 ans, et blessa gri�vement son fils Paul, 35 ans, le laissant � demi-paralys� et borgne.R�veill� � 3h. Dit juste "C'est bien", puis se f�che : "Ce qu'il y a de s�r, c'est que c'est pas moi qui ai fait le coup; je l'ai indiqu�, c'est vrai, j'ai conduit les assassins jusqu'� la maison et leur ai donn� les instructions pour commettre le crime, mais je n'ai pas vers� le sang !" D�nonce un nomm� Escriba, espagnol, et un complice inconnu de lui. Etant ses seuls aveux, ils sont enregistr�s plus tard au greffe. A 3h35, la toilette est finie. On attend 25 minutes l'heure de partir. A la demande de l'abb� Albot, accepte de boire un peu de rhum, qu'Anatole Deibler lui fait consommer � petites gorg�es. Ex�cut� place du Champ-de-Mars, � 600 m�tres de la prison. Du fourgon � la machine, doit �tre soutenu.17 mars 189825 juin 1898Samedi,
3h58ParisSaverio-Angelo Carrara35 ans, champignonniste, Italien naturalis� fran�ais en 1895. Au Kremlin-Bic�tre, le 30 novembre 1897, assassina d'un coup de manivelle le gar�on de recettes Augustin Lamarre et fit br�ler le corps dans le brasero de sa champignonni�re. Mobile : ne pas payer les dettes r�clam�es par le gar�on de recettes, et lui d�rober sa sacoche contenant 20.900 francs.R�veill� � 3h40. D�s qu'il ouvre les yeux, se met � pleurer sans dire un mot. L'abb� Valadier tend une fiole de rhum dont il boit une gorg�e. On l'aide � se lever, � s'habiller. Ne veut pas parler au juge d'instruction, et reste quelques instants � �couter les paroles de l'aum�nier et � boire un peu de rhum. Pas de messe. Pendant la toilette, ne cesse de r�p�ter : "Ah mon Dieu" et de g�mir. Appara�t hors de la prison, le visage baiss�, le corps pli� en deux, pour �viter de voir le couperet. Mal plac� sur la bascule, on doit le replacer, ce qui prend 10 secondes, car il s'agite beaucoup.24 mai 189827 juin 1898Lundi,
3h58Vesoul
Haute-Sa�neJustin Priolet, dit "Rosdy"47 ans. Surpris alors qu'il volait une poule, il tua la veuve Duranton, 70 ans, � Valay le 13 f�vrier 1898. Il d�coupa le corps, s�para les membres du tronc, fit dispara�tre les entrailles puis fit br�ler les restes entre deux matelas auxquels il mit le feu.R�veill� � 3h35. Fond en larmes, mais garde son courage. S'habille seul. Pendant qu'on l'attache, l'aum�nier lui lit une lettre de son avocat dans laquelle son d�fenseur lui demande d'�tre courageux. Pas de messe, mais l'aum�nier parle au condamn� pendant quelques minutes. Au greffe, boit deux verres de cognac. Ne fait aucune d�claration de derni�re minute. En quittant la prison/palais de justice, le gardien-chef lui fait boire du caf� chaud. A cent m�tres de la prison, place du Champ-de-Foire, � dix m�tres de la halle, Priolet descend du fourgon p�le mais ferme. Il demande du cognac au pr�tre, qui lui met un petit flacon entre les l�vres. Le condamn� le vide avant d'�tre bascul�. Plusieurs personnes se sentent mal, dont un cavalier qui tombe de cheval.07 mai 189822 juillet 1898Vendredi,
4h20Angoul�me
CharenteEug�ne Vinsonneaud40 ans. Assassine la veuve Chadefaux, 73 ans, le 05 mai 1898 � Touzac pour un butin d'1 franc, avec la complicit� de son �pouse, qui est condamn�e � 20 ans de travaux forc�s. Il met ensuite le feu � la maison pour faire crire � un accident.R�veil � 3h40. Vinsonneaud s'asseoit sur son lit, rougit, tremble et s'effondre en arri�re. Il pleure : "Ah, mes pauvres enfants ! Ma pauvre femme !" Pris d'une syncope avant de s'habiller, on doit lui faire sentir des sels. En enfilant son pantalon, il s'�vanouit une seconde fois. Les gardiens doivent l'habiller eux-m�mes. A la chapelle, il se confesse et entend la messe. Pendant la toilette, ne cesse de se lamenter. Se tait sur les derniers m�tres : ex�cut� place des prisons, � l'entr�e de la maison d'arr�t. Foule en masse sur les toits et aux fen�tres.10 juin 189819 ao�t 1898Vendredi,
5h20Evreux
EureAlphonse Caillard27 ans. Dans la nuit du 27 au 28 mars 1898, tua six membres de la famille Leblond au hameau du Val, � Nassandres : abat d'un coup de fusil M.Leblond, 37 ans, puis son �pouse, 43 ans, puis L�once, 10 ans et Paul, 7 ans. Il �gorge Jeanne, 5 ans, avec un couteau � gigot, puis va abattre la m�re de Mme Leblond, 75 ans, dans son lit d'un coup de fusil en plein visage.Orage terrible durant le montage, route de Caen. Entr�e des officiels dans sa cellule du 2e �tage � 4h45 : Caillard r�veill� depuis une heure par la temp�te. "Bien, j'aurai du courage." Comme le procureur lui demande d'avouer un autre crime, commis � Ouville-la-Bientourn�e, il r�pond : "Inutile de mentir ! Ce n'est pas moi !" P�le mais calme, s'habille seul. Au 1er �tage, entend la messe et communie. Au greffe, dit "C'est un dr�le de r�veil !" Pendant la toilette, mange un biscuit et boit quelques gorg�es de rhum. Pendant les 1200 m�tres qui s�parent la prison du lieu d'ex�cution, Caillard fume une cigarette sans dire un mot. Sur place, des gens grimp�s dans les arbres en tombent, et des cris "A mort !" se font entendre. En descendant du fourgon, Caillard est embrass� par les deux pr�tres. Il regarde la foule, sourit rapidement et �vite de regarder le couperet.09 juillet 189826 novembre 1898Samedi,
7h20Brest
Finist�reVictor Malavoi22 ans. Le 17 juillet 1898, � Brest, �trangle sa soeur, Elisa Vaillant, avec une corde, et tent� d'�touffer sa ni�ce Olga, �g�e de 5 mois en lui passant un tablier autour du cou. Il attendit plusieurs heures le retour de son beau-fr�re Ars�ne, un revolver charg� � la main, mais comme celui-ci tardait � arriver, il quitta la maison, et passa la journ�e � s'enivrer avant d'aller lui-m�me se constituer prisonnier le soir venu. Motif : vol et vengeance, Elisa refusant depuis quelques jours de garder ce bon � rien de fr�re sous son toit s'il ne se d�cidait pas � faire quelque chose de sa vie.La pluie cesse quand les ex�cuteurs montent la machine, en face de la porte Fautras. Ayant jou� aux cartes avec ses gardiens jusqu'� 23 heures, Malavoi dormait profond�ment. R�veill� � 6h, inform� du rejet de sa gr�ce, dit juste : "C'est bien !". Ne fait aucune d�claration, mais accepte de voir l'aum�nier. Se confesse, entend la messe, communie. Malavoi enfile ses v�tements, puis au greffe, boit calmement un verre de caf�, un autre de rhum, et fume une cigarette. Le trajet de la prison � la place Fautras prend 25 minutes en raison des rues escarp�es qui y conduisent. Tr�s p�le, Malavoi marche sans faiblir. Il embrasse l'aum�nier et lui dit : "Monsieur, si je meurs de la sorte, c'est que je n'ai pas �t� �lev� chr�tiennement." Puis, � la foule, il dit : "Adieu, messieurs !"12 octobre 189831 d�cembre 1898Samedi,
6h57Bourg
AinJoseph Vacher"L'�ventreur de berg�res", "Le tueur du Sud-Est". 29 ans, ancien sergent, tueur en s�rie. Apr�s une tentative d'assassinat d'une femme ayant refus� de l'�pouser en 1892 et une tentative de suicide au cours de laquelle il se loge d�finitivement une balle dans la t�te, il passe plus d'un an dans un asile avant d'�tre lib�r� avec la mention "gu�ri". Modus Operandi : strangulation, �gorgement, coups de couteau, �ventrement, viol, sodomie, mutilations g�nitales post-mortem. Meurtres avou�s par Vacher : Eug�nie Delhomme (21 ans), le 19 mai 1894 � Beaurepaire, en Is�re ; Louise Marcel (13 ans), � Vidauban, (Var), le 20 novembre 1894 ; Ad�le Mortureux (17 ans), � Etaule (C�te-d�Or), le 12 mai 1895 ; Mme Morand (58 ans), � Saint-Ours (Savoie), le 24 ao�t 1895 ; Victor Portalier (16 ans), � B�nonces (Ain), le 1er septembre 1895 ; Aline Alaise (16 ans) � Truinas (Dr�me), le 23 septembre 1895 ; Pierre Massot-Pellet (14 ans) � Saint-Etienne-de-Boulogne (Ard�che), le 29 septembre 1895 ; Marie Moussier-Lorut (19 ans) � Busset (Allier), le 10 septembre 1896 ; Rosine Rodier (14 ans) � Saint-Honorat (Haute-Loire), le 1er octobre 1896 ; Claudius Beaupied (14 ans) � Tassin-la-Demie-Lune, en mai 1897 ; Pierre Laurent (13 ans) � Courzieu (Rh�ne), le 18 juin 1897. Soup�onn� de nos jours d'au moins 20 autres meurtres et assassinats (dont cinq commis dans son adolescence, entre 1884 et 1890), de huit tentatives de meurtres et d'une dizaine de tentatives de viols. Photo de la t�te de Vacher.Au r�veil, � 6h, dit: "Ca m'est �gal, faites de moi ce que vous voudrez !" Refuse les secours de la religion, puis les accepte si on le porte (!) puis se ravise une derni�re fois, en disant qu'il va rencontrer J�sus dans peu de temps. Refuse nourriture, alcool et cigarette, et clame son innocence. "Si tout le monde, si vous tous qui m'entourez, �tiez aussi innocents que moi, vous n'auriez pas peur de la mort !" Se laisse toiletter, puis on doit le porter jusqu'au fourgon, tandis qu'il crie : "La voil�, la victime des hospices !" Dans le fourgon, refuse d'embrasser le crucifix et r�le : "Vous croyez, en me faisant mourir, expier les crimes de la France ? La France est coupable, tout est injustice ! On gracie Mazoyer (Un autre condamn� � mort burgien) qui s'avoue coupable et on me fait mourir, moi qui suis innocent !" D�clare qu'il ne marchera pas si on ne le laisse pas parler � la foule amass�e sur le Champ-de-Mars, et comme la r�ponse est n�gative, tient sa promesse : les aides doivent le porter � l'horizontale sur la bascule, tandis que les spectateurs crient : "A mort ! Il ne sait m�me pas mourir proprement !" Applaudissements quand le couperet tombe.28 octobre 189814 janvier 1899Samedi,
7h25Troyes
AubePierre-Fran�ois Damoiseau65 ans. Ancien maire de Rouilly Saint-Loup, tue son gendre Cordier et tente d'abattre sa propre fille H�l�ne pour une affaire d'argent, le 18 d�cembre 1897 : son gendre et sa fille avaient voulu vendre ses biens afin de liquider la succession de la d�funte Mme Damoiseau. Condamn� une premi�re fois, arr�t cass�, recondamn� dans la Seine-et-Marne.R�veill� � 6h45 par le procureur Marvillet, reste hagard quelques instants puis reprend son calme. "Eh bien, monsieur le procureur, c'est vous qui triomphez ! Il y a encore de beaux jours pour la canaille !" Au magistrat qui lui demande s'il a des recommandations � faire ou un message � transmettre, il r�pond non, puis envoie l'aum�nier Georget sur les roses : "Je n'ai pas besoin de vous ! Je n'ai jamais cru en Dieu, ce qui ne m'a pas emp�ch� d'�tre aussi honn�te que n'importe qui !" Demande � �tre inhum� dans ses v�tements civils, puis r�clame son avocat, Me Magnin : "Ma�tre, nous n'avons pas eu de chance ! Enfin, que voulez-vous ? Je peux dire que c'est le plus beau jour de ma vie !" Examine les v�tements qu'on lui ram�ne pour �tre s�r que ce sont bien les siens. Demande ses bottes, et manifeste le d�sir qu'on l'enterre chez lui, � c�t� de sa femme. Pendant la toilette, proteste : "Faites donc attention, vous me faites mal ! Vous savez cependant bien que je n'ai pas l'intention de m'�chapper !" Anatole Deibler lui r�pond : "Monsieur, c'est une formalit� qu'il nous faut accomplir." Refuse le rhum : "Je n'en ai pas besoin pour avoir du courage, et d'ailleurs, je n'aime pas l'alcool !" Avisant l'aum�nier qui grimpe dans le fourgon � ses c�t�s : "Monsieur l'aum�nier, je croyais que vous ne deviez pas venir ici. En tout cas, c'est malgr� moi que vous m'accompagnez !" Comme on l'exhorte au calme, il s'en tient � son avis : "Dites bien que j'ai refus� que l'aum�nier m'accompagne !" Arriv� place de la Tour, s'emporte une derni�re fois contre l'abb� Georget qui lui tend un crucifix : "J'en veux pas de votre Christ !"19 juillet 1898, 10 novembre 189801 f�vrier 1899Mercredi,
7h05ParisAlbert Alfred Peugnez21 ans, voleur r�cidiviste, plusieurs fois condamn�. Egorge � coups de rasoir le 04 juin 1898 � Saint-Maurice sa voisine Louise Dhaut, �pouse Bertrand, 48 ans, et tue � coups de marteau son neveu Octave, 7 ans, en chantant � tue-t�te pour couvrir les supplications de ses victimes, puis vole 600 francs en or. Anecdote : Peugnez habitait au 13, Grande-Rue � St-Maurice, tout comme Charles Cornu, condamn� � mort en 1888 !Eveill� en sursaut � 6h50. Redevient calme : "Mais qu'est-ce que c'est que cette fa�on de foutre les gens � la porte par un temps pareil ? Du courage ? Oui, j'en aurai ! Quand on n'est pas coupable, on n'a jamais peur de la mort ! La justice des hommes n'est pas la justice, j'esp�re que la justice de Dieu sera plus juste !" Il s'habille puis, r�cemment converti, demande � parler au pasteur Arboux quelques minutes : "Vous direz adieu � ma m�re et � ma soeur et vous direz � mon beau-p�re que je lui pardonne." Demande � boire aux gardiens. Comme on lui tend du rhum et un verre, r�agit : "Pourquoi le verre ? C'est bien inutile !" Vide la bouteille, puis fume une cigarette. Pendant la toilette, la laisse tomber, et demande � un gardien de la ramasser. Quand on d�coupe son col, frissonne : "Je tremble ? Possible, mais c'est de froid. Couvrez-moi les �paules, je ne tiens pas � attraper une fluxion de poitrine !" Quand il franchit la porte, crie : "Portez armes !", et les soldats se mettent tous au garde-�-vous. Peugnez fait ses derniers pas en regardant le public. Le pasteur lui dit � plusieurs reprises : "Dieu vous pardonne !" Peugnez hoche la t�te, puis s'�crie : "N'avouez jamais ! N'avouez jamais !" avant d'�tre pouss� sur la bascule.14 d�cembre 189808 f�vrier 1899Mercredi,
7h05Remiremont
VosgesAlo�s ZuckermeyerBavarois, 28 ans, tailleur de pierres. Satyre assassin de Marie-Odile Gully, 7 ans, le 13 juin 1898, qu'il assomma d'un coup de poing dans le visage, viola puis poignarda � huit reprises dans un terrain vague, proche de la gare de Remiremont. La petite, retrouv�e et soign�e, demeura consciente et elle eut le temps de reconna�tre le monstre. Elle succomba huit jours apr�s l'attaque, le 21 juin, d'une p�ritonite caus�e par l'un des coups de couteau.Pas d'ex�cution � Remiremont depuis 1815. R�veill� � 5h30. Dormait bien : croyait qu'il serait gr�ci�. Assist� d'un traducteur pour entendre la sentence. "J'aurai du courage." Le co-d�tenu qui partage sa cellule lui serre la main et lui dit adieu. Puis entend la messe, communie, et dit au procureur : "Je demande pardon � Dieu, � ma m�re et � la soci�t� du crime que j'ai commis. Je me repens sinc�rement." Pendant la toilette, ne dit plus un mot. Le fourgon parcourt deux cents m�tres de la prison jusqu'� la place de la Tour Carr�e. Le condamn� sort sous la pluie. Grande foule qui pousse des cris � son arriv�e. Zuckermeyer demande encore pardon de son crime puis embrasse le crucifix. Applaudissements.10 d�cembre 189812 mai 1899Vendredi,
4h25Saint-Nazaire
Loire-Inf�rieureF�lix Geffroy
et
Adrien Samson25 et 24 ans. Battent � mort et �tranglent le vieux Jean-Marie Gu�no le 13 janvier 1899 dans le quartier de l'Immacul�e-Conception, dans les faubourgs de Saint-Nazaire, pour lui voler une vingtaine de francs, avant de mettre le feu au lit sur lequel repose le corps."C�est pour aujourd�hui ? C�est pas possible !" dit Samson au r�veil. Ex�cution place de la R�publique, � 1/2 km de la prison, pour cause pr�sence forains place Marceau. Geffroy, ayant achev� la victime, est consid�r� comme plus coupable et passe en second, mais un des aides a oubli� de retirer la t�te de Samson de la bassine et Geffroy pousse un hurlement horrible en la voyant. Au cimeti�re, Mme Samson demande � r�cup�rer le corps de son fils. Un aide saisit une t�te au hasard et demande : "C'est celle-l� ?" La m�re s'�vanouit. Deibler recevra le premier - et avant-dernier- bl�me de sa carri�re.10 mars 189906 juillet 1899Jeudi,
3h50Rouen
Seine-Inf�rieureAlexandre-L�on B�tilleFacteur, 26 ans. Tue � coups de pieu � Saint-Georges-du-Vi�vre, le 19 octobre 1898 M.Plessis, 68 ans, et sa bonne la veuve Vannier, 74 ans. Crime commis pour voler : B�tille avait besoin d'argent pour se marier. Condamn� dans l'Eure, arr�t cass�, rejug� � Rouen.A son r�veil, son d�fenseur, Me Marais, lui dit d'�tre courageux : "Vous avez �t� soldat, souvenez-vous-en et ayez du courage. Je compte sur vous." "Oui, monsieur Marais, j'en aurai." Arriv� place Bonne-Nouvelle, il s'agenouille devant l'aum�nier, puis l'embrasse et va lui-m�me vers l'�chafaud.26 janvier 1899, 06 mai 189907 ao�t 1899Lundi,
4h40Montbrison
LoireLouis-Adolphe Borde35 ans, ouvrier fondeur. Le 30 juillet 1898, assassine sa femme Victorine et sa fille Marie, 10 ans, au Coteau, � coups de hache. Il violait r�guli�rement son �pouse, qui voulut le quitter apr�s qu'il se soit permis des attouchements sexuels sur leur fille.Reveill� � 4 heures, dit "C'est bien, je suis pr�t. J'avais r�v� que c'�tait pour aujourd'hui : mon r�ve ne m'a pas tromp�." Comme on veut l'aider � se v�tir, r�pond : "Laissez, je m'habillerai seul. Qu'on me donne ma jolie chemise !" A la chapelle, entend la messe et communie, puis manifeste l'envie de d�jeuner : on lui sert un bol de caf� qu'il juge excellent, puis un verre de rhum. La toilette est rapide, car Borde a d�j� les cheveux � ras. Fume un cigare que lui a donn� son avocat, remercie le directeur et un gardien venu de Roanne. Comme Me de Brion, l'un des avocats, lui dit que ses parents lui ont pardonn� ses crimes, il pleure un peu : "Dites-leur bien que, si j'ai pu commettre un crime pareile, c'est que j'�tais ivre. Je ne savais pas ce que je faisais." Ex�cution place Saint-Jean tr�s rapide. Deibler qualifiera, selon la presse locale, Borde comme ayant �t� "extraordinaire de calme et de courage."17 juin 189910 f�vrier 1900Samedi,
7h05, 7h08Lyon
Rh�neEvariste "Charlot" Nouguier
et
Ernest Annet GaumetSouteneurs, 21 et 25 ans. Tuent la veuve Th�r�se Foucherand, tenanci�re d'un bistrot, rue de la Villette � Lyon la Part-Dieu le 21 septembre 1898.R�veil � 5h45. Nouguier est le premier, dort bien. "C'est bien." Gaumet d�j� lev�. Sourit : "Je m'y attendais." Demande � parler au juge d'instruction Benoist et lui dit : "C'est �gal, c'est triste de mourir... et en admettant que je sois coupable, je n'aurais pas du �tre condamn� � mort." Discute avec toutes les personnes pr�sentes, refuse les secours de l'aum�nier, puis d�signant Nouguier qui, lui, sortait de la chapelle, a cette r�flexion : "Voyez ce pauvre Nouguier comme il est triste et d�fait. Et dire que j'ai sacrifi� ma t�te pour sauver la sienne !" Pendant la toilette, prie les ex�cuteurs : "Attention, ne taillez pas comme sur une b�te !" Puis "Je ne pourrai plus trinquer ! Enfin, je suis r�concili� avec les hommes !" Nouguier est presque port� jusqu'� la machine, devant laquelle il embrasse crucifix et aum�nier. Gaumet descend seul du fourgon en disant : "Ne me soutenez pas, j'aurai du courage !"01 d�cembre 189919 octobre 1900Vendredi,
5h55Saint-Gaudens
Haute-GaronneEtienne PortesPARRICIDE. Cultivateur, 44 ans. A Estadens, assassine � coups de hache sa m�re Jeanne, 78 ans, et son fils, Jean-Fran�ois, 16 ans, dans la nuit du 02 au 03 juin 1900. Mobile : ses proches lui reprochaient son intemp�rance et son caract�re d�pensier.Reveil � 4h30. Dort profond�ment. Sursaute, se frotte les yeux, et demande ce qui se passe. Aucune d�claration. Entend la lecture de la sentence de mort avant de demander du caf� au rhum, et de fumer une cigarette. Ecrit une lettre un testament o� il admet que la peine qui le frappe est juste. Rev�tu au greffe de la tenue du parricide. Ex�cut� place du Foirail.11 ao�t 190002 mai 1901Jeudi,
4h35Toulouse
Haute-GaronneJean Alli�resPARRICIDE, sabotier, 27 ans. A Labarthe-sur-L�ze, tue sa m�re (71 ans) de cinq coups de hachette dans la t�te le 27 novembre 1900.R�veill� � 3h45. Dort bien car a jou� tard aux cartes. "Tant pis !" Urine, entend la messe, se confesse et communie. Au greffe, dit aux bourreaux : "Vous n'avez pas besoin de m'attacher, je ne vais pas m'en aller" puis s'adresse � son avocat : "Alors, vous voil�, Me Ebelot, c'est l'heure de nous quitter ? J'aurai du courage. Nous nous retrouverons l�-haut. Dieu a gard� une place pour vous aussi, l�-bas." Boit quelques gorg�es de caf� arros� de cognac, mais en a vite assez. V�tu de la tenue des parricides, il est conduit dans le fourgon, et se retournant, crie : "Salut � tous, mes gardiens !" Arriv� au Port-Garaud, entend l'huissier lire l'arr�t, puis h�le le bourreau pour lui demander s'il a le droit de parler une derni�re fois. Exceptionnellement, Deibler accepte. "Je demande pardon de la faute que j'ai commise. J'esp�rais que le Pr�sident me ferait gr�ce..." Puis apr�s un sanglot qui l'emp�che de terminer, salue l'assistance : "Au revoir !"10 f�vrier 190109 septembre 1901Lundi,
4h35Rouen
Seine-Inf�rieureEtienne Bouvier37 ans, m�canicien-ajusteur. Satyre assassin de Madeleine Godaillier, 4 ans, le 04 avril 1901 � Rouen. Il d�p�ce le corps et les conserve dans sa chambre pendant seize jours avant de s'en d�barrasser en les jetant dans la Seine.R�veill� � 3h40. "Bien, monsieur, j'aurai du courage". S'habille seul, ne fait aucune d�claration, puis s'entretient avec l'aum�nier Leborgne. Entend la messe, communie. Au greffe, attend les ex�cuteurs pendant un quart d'heure. Fume une cigarette, boit deux verres de rhum en regardant les gens avec h�b�tude. Pleure pendant la toilette, puis dit � son avocat : "Vous voudrez bien faire mes adieux � ma famille". Place Bonne-Nouvelle, environ 400 personnes ont franchi les barrages et envahissent les lieux, criant � mort. Devant l'�chafaud, Bouvier embrasse le crucifix. Un l�ger soubresaut sur la bascule, mais le couperet tombe aussit�t.20 juillet 190111 novembre 1901Lundi,
6h30Montbrison
LoireJean Emile Lejour25 ans, ouvrier tailleur d'habits. Assassine de 26 coups de couteau Mr Joly, 70 ans, fabricant de peignes, le 07 juillet 1901 � Saint-Etienne, pour le voler. Sa complice et ma�tresse, Louise Chardon, �pouse Huchon, ni�ce de la victime, est elle aussi condamn�e � mort, puis gr�ci�e.R�veill� � 5h30. Deux autres condamn�s, Tessier et Tavernier, se cachent sous leurs couvertures, terroris�s - on ignore encore que leur gr�ce sera d�cid�e. Lejour doit �tre secou� pour ouvrir les yeux. Panique, puis se calme. S'habille, entend la messe. AU greffe, se plaint pendant la toilette : "Vous me faites mal avec vos ongles", puis dit, fataliste, � un gardien : "Je vous l'avais bien dit que je serais ex�cut�." Il demande � embrasser sa ma�tresse Louise, mais on le lui refuse. Demande � boire, mais refuse le rhum : "Non. Pas d'alcool. De l'eau." Arriv� sur place, regarde l'�chafaud avec peur. Mal bascul�, maintenu par les cheveux par l'ex�cuteur-adjoint... lequel, des�quilibr� par la d�capitation, tombe en arri�re et laisse �chapper la t�te qui roule � quelques m�tres de l'�chafaud.07 septembre 190109 janvier 1903Vendredi,
7h25Lille
NordMaurice Bouch�24 ans, employ� de commerce. Assassin de Mlle Marie Henry, renti�re, 65 ans, � Lille le 15 f�vrier 1902 pour la voler.D�j� r�veill�, se redresse sur sa couchette d�s l'entr�e des officiels, � 6h. Pleure un peu. Promet d'avoir du courage et dit qu'il le savait. "Une lettre que j'ai re�ue hier le disait entre les lignes. Puis le chien m'a pr�venu, car il est venu me r�veiller et m'a l�ch�." Remet un cahier � son avocat sur lequel il est �crit : "Offert en gage de reconnaissance pour toutes les bont�s que vous avez eue pour moi." S'adressant � la ronde, dit "Me Dubron m'a dit que le ch�timent �tait terrible, mais ce qui me fait le plus de peine, c'est le tort que j'ai caus� � ma famille." Assiste � la messe de l'aum�nier Derwez. Communie. Au greffe, allume une cigarette et boit un cordial. Parle avec les gardiens. Sur le chemin qui m�ne hors de la prison, dit � un gardien : "Vous voyez bien que ce n'�tait pas les vidangeurs" (le gardien, pour le rassurer dans la nuit, lui avait dit que le bruit �tait caus� par des vidangeurs). Au greffe, ligot�, plaisante : "Ce n'est pas la peine de serrer si fort !" Portant un veston, il sort de la prison, cigarette aux l�vres. Devant la machine, d�clare tout haut : "Messieurs, si j'ai failli, c'est parce que je n'ai pas suivi les enseignements que j'ai re�us dans ma jeunesse." Une femme hurle dans la foule quand le couperet s'abat.15 novembre 190209 avril 1903Jeudi,
5hSaint-Mihiel
MeuseTh�ophile LeclercBerger, 19 ans, tueur r�cidiviste. Dans la nuit du 09 au 10 d�cembre 1899, aux Paroches, tue � coups de couperet � sucre la buraliste-�pici�re Marie-Em�lie Miton, 69 ans, (il n'a que 16 ans), puis le vieux forgeron Jean-Baptiste Huraut, 84 ans, et sa fille Jos�phine, 54 ans, aux Paroches le 21 mars 1901, un m�decin en 1902. Le 13 juin 1902, � Troussey, il tue Victor Robert, ancien maire du village, rentier, 84 ans, et sa bonne Marie Jaillon, 56 ans, � coups de hachette. Se r�fugie en Suisse, arr�t� le 28 juillet.Joue tard - jusqu'� 1 heure du matin. Dort bien. R�veill� � 4h20, se frotte les yeux. "Bonjour, Messieurs." Inform� par le directeur, r�pond : "C'est bon, compris !" S'habille seul, entend la messe, communie, puis passe les v�tements - notamment des bottines vernies - achet�es avec l'argent de ses victimes durant sa p�riode criminelle. Refuse l'eau-de-vie qu'on lui propose :" Je n'ai pas besoin de �a pour monter � l'�chafaud. Et puis on a mis de l'arsenic dedans." Choisit une cigarette, mais refuse d�lib�rement celle qu'on lui proposait, la consid�rant elle aussi "truqu�e comme l'alcool". Promet durant la toilette d'avoir du courage. En franchissant la porte - la guillotine est � un m�tre � peine de celle-ci - crie "Au revoir !" Foule peu importante.29 janvier 190303 d�cembre 1903Jeudi,
6h55Beauvais
OiseAuguste Potin20 ans, braconnier. Tue � coups de pince en fer le 26 juin 1903 � Plouy la veuve Denizart, tenanci�re d'un caf�-�picerie, et son petit-fils Robert Bertin, 7 ans pour voler deux montres. Son complice Louis Longflier, 25 ans, condamn� � mort �galement, est graci�.R�veill� � 6h40. Dort d'un sommeil agit�. Se l�ve, regarde le procureur et dit : "C'est bien !" S'habille, discute avec l'abb� Pistorius. Au greffe, pendant la toilette, il est abattu et dodeline la t�te de droite � gauche. Devant les magistrats, dit : "Je suis innocent." Arriv� place du Franc-March�, devant la guillotine, il se raidit et crie : "Vive l'anarchie ! Vive l'anarchie ! Vive l'anarchie ! Je suis innocent : les coupables courent encore !"03 ao�t 190312 avril 1905Mercredi,
5h05Nancy
Meurthe-et-MoselleConstantin Jeannin33 ans. Auteur d'une tentative de viol � Remiremont en 1901. A sa sortie de prison de Besan�on (incarc�r� quatre mois pour vols), le 24 f�vrier 1904, tente d'�trangler et poignarde � deux reprises au sein Mme Grenot, garde-barri�re � Mathey (Doubs), enceinte de plusieurs mois, pour la violer, avant de lui voler 94 francs. Elle survit, mais perd son enfant � na�tre deux jours apr�s l'agression. Arr�t� le 15 avril suivant en Meurthe-et-Moselle suite � deux vols avec effraction commis � Loisy, plus une tentative de strangulation sur Mme Robert qui l'avait surpris en plein cambriolage. D�lai entre proc�s et ex�cution augment�, car Jeannin fut jug� le 7 f�vrier 1905 � Ch�lon-sur-Sa�ne pour une affaire de viol, de vol qualifi� et d'assassinat d'une femme de Louhans. Sa pr�sence est aver�e � Frangy (Sa�ne-et-Loire) dans la nuit du 3 au 4 mars 1904 : dans cette ville, cette m�me nuit, un viol suivi d'assassinat et plusieurs vols sont commis. Jeannin nie toute participation. Ne pouvant �tre condamn� � une autre peine, se voit simplement contraint � rembourser les frais.R�veil � 4h20. Dort profond�ment. Tr�s calme � la nouvelle, quand le substitut lui dit d'�tre courageux, il r�pond : "On en aura." Il a une entrevue avec l'aum�nier, entend la messe. Pendant la toilette, fume une cigarette et boit un caf� arros� de cognac. Va fermement vers la guillotine : allure imposante (1m85, longue barbe noire). Mouvement de recul devant la bascule.02 ao�t 190428 juin 1905Mercredi,
3h30Orl�ans
LoiretHenri Languille41 ans. Le 12 octobre 1903, au hameau de la Rochelle, � Nibelle-Saint-Sauveur, tue � coups de pierre et de greffoir Auguste Legeais, 79 ans, avant de l'�trangler avec un mouchoir et de voler 171 francs, une montre en argent, des souliers et des pi�ces de monnaie. Avant de partir, boit trois bouteilles de vin et une de champagne.Les officiels entrent dans la cellule � 3h15. Languille ne dort pas : r�veill� par les cris des personnes pr�sentes sur la place o� aura lieu l'ex�cution. "Du courage, j'en aurai. Je vous attendais d'ailleurs ce matin." Apr�s avoir nettoy� son visage, il dit : "Vous me demandez si j'ai peur ? Non, je n'ai pas peur... Je n'ai jamais eu peur de ma vie !" A son avocat, Me S�journ�, il r�pond : "Je vous remercie de tout le bien que vous m'avez fait." Il confie une lettre confidentielle � Me S�journ�, puis embrasse le pr�tre et l'assure qu'il sera courageux. Au greffe, on lui donne un grand verre de rhum qu'il vide d'un coup : "A votre sant�, messieurs !" Pendant la toilette, se montre un peu agac� : "Allez-vous faire �a jusqu'� demain ? Ainsi attach�, je ne pourrai pas serrer la main de mon avocat..." Le fourgon roule deux minutes jusqu'� la place du mont Bel-Air. PLusieurs milliers de personnes pr�sentes. Languille descent, bl�me, il embrasse l'aum�nier, puis le crucifix � trois reprises, puis regarde la foule et crie : "Tas de paysans ! Adieu Paris ! Adieu Paris !" Le fils Legeais assiste � l'ex�cution.18 avril 190505 ao�t 1905Samedi,
3h53, 3h55Dunkerque
NordCarolus-Louis Swartewagher
et
Henri-Jean
Van Den Bogaert42 et 24 ans, Belges, bateliers. Etranglent avec une corde puis �gorgent de deux coups de couteau le 24 d�cembre 1904 � Dunkerque Sophie-Philom�ne Fremault, �pouse Knockaert, 62 ans, bateli�re, � bord de la p�niche "La Fl�che" afin de la voler.Grande foule d�s 20 heures la veille. Van Den Bogaert annonce qu'il n'a rien � dire, puis, via l'abb� Destailleurs, qui sert d'interpr�te, demande � son avocat Me Terquem d'adresser � sa m�re papiers et photographies. Demande une chope puis se l�ve, ainsi que son complice. A la chapelle, se confessent, entendent la messe et communie. Swartewagher d�clare d'une voix forte : "Nous mourrons courageusement", puis demande � �tre guillotin� en second - ce qui �tait pr�vu. Toilette tr�s br�ve au greffe. En passant devant les journalistes et les gardiens, Van Den Bogaert dit "Bonjour Messieurs" puis se dirige fermement vers la guillotine. Swartewagher, p�le, regarde les spectateurs sur les toits et aux fen�tres, et crie : "A mort et bon courage !" Il se contracte au moment o� on le bascule. La d�collation est suivie d'acclamations "Vive Deibler !" Les corps sont d�bit�s au cimeti�re et r�cup�r�s � des fins d'analyses. A sept heures, le p�re de Swartewagher vient se recueillir en pleurant � l'endroit o� est mort son fils.19 mai 190506 octobre 1905Vendredi,
5h50BelfortAntonio Pozzi38 ans, ma�on italien. Dans la nuit du 14 au 15 d�cembre 1904, agresse les �poux Phelpin, buralistes � Chaux, et tue de deux coups de couteau Mme Phelpin avant de d�rober 1.000 francs. Condamn� par les assises de la Haute-Sa�ne. Son complice Breveglieri est condamn� � perp�tuit�.R�veill� depuis longtemps � l'arriv�e des officiels. A l'annonce, dit avec ironie : "Certes, je m'y attendais, mais �a ne fait rien. C'est d�sagr�able d'�tre d�rang� comme cela de bonne heure." Puis, il rajoute au procureur : "Puisque je vais mourir, j'ai une r�v�lation � vous faire. Je connais le crime mieux que vous, n'est-ce pas, puisque j'y �tais ? Eh bien, vous avez commis une erreur en condamnant Breveglieri comme mon complice. Il est innocent, vous en trouverez la preuve l�-dedans." Il lui donne une lettre, et demande qu'on envoie ses v�tements ainsi qu'une seconde lettre � sa m�re. "Maintenant que vous connaissez mes derni�res volont�s, nous allons nous occuper du "petit voyage" !" Habill�, apr�s la communion, on lui demande s'il veut se restaurer : "Parbleu, quelle question ! Je ne me suis peut-�tre jamais senti aussi bon app�tit !" Au greffe, d�vore trois c�telettes en mordant � m�me la viande, vide une bouteille de vin et trois petits verres de rhum. En mangeant, il rit : "Il n'y a rien de tel pour activer la digestion ! Messieurs, je vois pour la derni�re fois � vos sant�s !" Comme il veut discuter avec Deibler, ce dernier ne partage pas ses intentions et fait presser le mouvement vers le greffe. Au greffe, Pozzi rajoute : "Avant de m'en aller, comme je ne suis pas un ingrat, je voudrais bien que l'on donn�t un pourboire de ma part � mon gardien, qui a �t� tr�s gentil pour moi. La preuve, c'est que si je l'avais voulu, j'aurais pu me suicider. J'avais une ficelle dans ma poche. Mais cela aurait certainement fait avoir des ennuis � ce brave gar�on et j'ai �vit� qu'il ait des d�sagr�ments � cause de moi." Deibler fouille la poche, trouve la ficelle en question, et dit, exasp�r� : " Assez de discours comme cela ! En route !" Plus de 2.000 personnes pr�sentes place du Champ-de-Foire, � 200 m�tres de la prison, qui poussent des cris d'animaux ou des cris de mort. A dix m�tres de la machine, Pozzi descend du fourgon, regarde avec col�re la foule indigne et hurle de tous ses poumons : "Merde � vous tous ! C'est tout ce que vous m�ritez !" M.Phelpin, �poux de la victime, assiste � l'ex�cution et dit : "Ah, que je suis content ! Ma pauvre femme est donc veng�e !"05 ao�t 190511 janvier 1909Lundi,
7h20, 7h23, 7h26, 7h29B�thune
Pas-de-Calais�lie Th�ophile Deroo, Canut Job Vromant, Auguste Emile Pollet
et
Abel Julien PolletLes "Bandits d'Hazebrouck", 30 ans, 30 ans, 38 ans et 35 ans, journaliers. Auteur de nombreux crimes crapuleux, sans compter au moins 118 vols (chiffre probablement tr�s inf�rieur � la r�alit�). Le 18 janvier 1905, les fr�res Pollet blessent � coups de tisonnier � Calonne-sur-la-Lys le fermier Deron. Le 17 ao�t 1905, Abel tue les �poux Langlemetz � Locon. Le 19 novembre, il tente de tuer les �poux Pruvost � Neuf-Bergnin. Le 29 novembre, � Dadizeele (Belgique), tentative d'assassinat sur M. Groote. Le 28 d�cembre, Abel et Deroo tentent de tuer Mme Verlynd � Pollinchove (Belgique). Le 2 janvier 1906, les m�mes tuent Marie Annothe � Cronbeke (Belgique), puis torturent et tentent de tuer � coups de matraquele fermier Louzie, 73 ans. Le 20 janvier, les fr�res Pollet et Vromant tuent les vieux �poux Lecocq et leur fille Euphrosine � Violaines. Le 17 f�vrier, � Rumbeke (Belgique), Abel et Deroo tentent de tuer la veuve Stragier. Le 24 f�vrier, Abel tente de tuer les �poux Benit � Dottignies (Belgique). Le 2 mars, � Thiennes, Abel et Deroo tentent de tuer les �poux Depoix. Le 18 avril, les m�mes tentent de tuer M.Ballu � Oostoletert (Belgique). Le 21 avril, les m�mes tentent de tuer la veuve Delhaye � Ronsbrunge (Belgique).Abel d�j� r�veill� � 6h15 : "C'est bon, j'aurai du courage. Vous pouvez compter sur moi. D'ailleurs, je m'y attendais." Puis soupire : "Alors, c'est pour aujourd'hui..." S'habille, puis attend, assis sur son lit, avant de remarquer le sous-pr�fet Genebrier, � qui il manifeste ses regrets et recommande sa femme et ses enfants : "C'est moi qui l'ai entra�n�e dans le mauvais chemin." Demande � �crire une lettre de remerciements pour ses gardiens.Refuse d'un geste les secours de l'abb�. "Je vous remercie, monsieur, de tout ce que vous avez fait pour moi et de tout ce que vous m'avez donn�. Mais aujourd'hui, je n'ai besoin de rien. Pour le reste, je n'ai rien � vous raconter. Je me suis d'ailleurs confess� � M. le juge d'instruction." Auguste, r�veill� le second, dormait profond�ment et sursaute de peur. "Qu'est-ce que c'est ?" g�mit-il. Promet d'avoir du courage : "Je m'y attendais, d'ailleurs. Tant pis pour moi." S'habille et reste effondr� et muet. Deroo dormait lui aussi tr�s bien, face au mur, et fr�mit � l'arriv�e des officiels. "Ah oui, du courage, j'en aurai. Alors on va me guillotiner : je m'y attendais." S'habille sans se presser, puis accepte de se confesser, d'entendre la messe et de communier avec le pr�tre. Canut dormait lui aussi : "Que me voulez-vous ?" On doit lui r�p�ter deux fois la sentence : "Ah bon ? C'est bon : j'en aurai du courage... d'ailleurs je m'y attendais !" Rejoint Deroo pour entendre la messe et communier. Calmes durant la toilette, effectu�e dans les cellules : boivent chacun un verre de rhum. Deroo sort le premier, titubant, sous les acclamations de haine du public. Ne voit pas la guillotine en sortant de prison, sur sa gauche. Ex�cution tr�s rapide. Canut le suit, semble vouloir parler, mais ses forces le trahissent. Le corps d�capit�, d'un ressaut nerveux, rebondit presque hors du panier. Auguste le suit, et remarque aux bourreaux : "Ce que vous �tes p�les, les butteurs... C'est pourtant moi qui y passe ce matin." En entendant les cris de la foule, dit � voix basse : "C'est pas la peine de gueuler si fort, tas de veaux !" Enfin, arrive Abel, p�le mais ferme. Les cris de la foule l'�nervent, et il hurle : "Tas de salauds !" Pouss� vers la bascule, crie encore : "Vive la R�volution ! A bas les calotins ! Merde, merde et encore merde !"26 juin 190826 janvier 1909Mardi,
7h01Carpentras
VaucluseR�my Ren� Danvers24 ans, gar�on de ferme, fils de bagnard. Originaire du Nord, engag� en mai 1907 � Lapalud par les Donat, r�gisseurs de la ferme Dumas, ch�telain de Kerch�ne. Le 1er f�vrier 1908, tue � coup de fusil les �poux Donat.R�veil � 6h05, dormait bien. D�clare : "J'aurai du courage, mais c'est injuste ce qui m'arrive, je suis innocent. Il y en a tant d'autres qui sont plus coupables que moi et qu'on n'a pas guillotin�s ! Moi, je m'y attendais, car �a tardait trop." S'habille. On lui donne un verre de rhum, en demande un second pour son avocat, Me Fabre, pour trinquer. Fume une cigarette. Messe et communion dans la salle � manger du gardien-chef. Comme l'aum�nier tend � Danvers un chapelet, ce dernier le refuse. Second verre de rhum et nouvelle cigarette. Me Fabre confirme � son client qu'il meurt pour "apaiser" les consciences, notamment en raison de la gr�ce de Camajori, un Nervi marseillais. Toilette rapide. Derni�re cigarette, qu'il fume enti�rement. Il parle avec l'aum�nier, puis embrasse le crucifix avant de traverser la cour. Sur la place d'Inguimbert, foule mod�r�e en raison des barrages, mais 30.000 personnes dans la ville expr�s ! A la chute du couteau, applaudissements vite r�prim�s.23 juillet 190810 f�vrier 1909Mercredi,
6h44, 6h48Albi
TarnHenri Besse
et
Pierre Simorre33 ans, domestique au ch�mage et 26 ans, marchand ambulant. Besse �tait pr�venu pour une affaire de cambriolage ; Simorre attendait son transfert au bagne, condamn� � 10 ans de travaux forc�s pour le viol d'une adolescente. Tent�rent de s'�vader de la prison d'Albi en tuant � coups de brique le gardien Mouttet et en blessant gri�vement le gardien-chef Donat le 21 mai 1908.Arriv�e des officiels � 5h30. Simorre est r�veill� le premier, promet d'avoir du courage, puis demande : "Et Besse, en est-il ?" La r�ponse positive le fait sourire. Besse, lui r�pond : "C'est bon." En s'habillant, dit n'avoir aucune d�claration � faire : "Tout le monde s'est montr� bon pour moi ici. Je n'ai rien � dire si ce n'est que chacun a �t� parfait." Serre avec ferveur la main de Me Hucher qui essaie tant bien que mal de lui fournir des paroles de soutien. En allumant une cigarette, Besse se tape le front et dit : "Quelle belle t�te Deibler aura l� !" Pendant la messe, � la chapelle, l'aum�nier fait remarquer � Besse qu'il est bien calme � quelques minutes de sa mort. "C'est vrai, je ne pensais pas le prendre aussi bien. Mais je regrette qu'on n'ait pas gr�ci� Simorre, qui est jeune et plein de sant�." (Besse �tait atteint de tuberculose et e�t-il �t� graci� qu'il n'aurait pas surv�cu plus d'un an � sa maladie). Au greffe, boivent une tasse de caf� et un grand verre de rhum. On coupe le col de Besse qui dit : "Quel ma�tre tailleur vous faites !" Simorre poursuit : "Oui, bon coup de ciseaux." Il part le premier, ex�cution tr�s rapide. En voyant revenir les bourreaux, Besse dit : "Simorre est parti ? Il aurait fallu au moins lui dire adieu. On va loin ? Non ? Oh, alors..." Soutenu par les aides, embrasse les aum�niers puis bascule, les yeux riv�s sur le couperet.29 octobre 190805 ao�t 1909Jeudi,
4h52ParisGeorges Henri DucheminPARRICIDE, 27 ans, gar�on charcutier. Tue sa m�re Maria-Rose � coups de couteau dans la gorge le 15 ao�t 1908 chez elle, 35, boulevard de M�nilmontant pour lui voler 300 francs.Premi�re ex�cution boulevard Arago, pr�s de la Sant�. Rev�ill� par les bruits de pas, d�clare : "Ma peine est trop forte." Pendant qu'on l'habille, g�mit : "C'est tout de m�me bien d�go�tant. On gracie Soleilland, et puis moi... voil� la justice !" Apr�s un entretien avec l'aum�nier, prend un verre de rhum et une cigarette. Au greffe, reconna�t parmi les gens pr�sent M. Rivi�re, l'�poux de sa cousine, venu s'assurer que le corps de Duchemin ne sera pas remis aux m�decins de la Facult�, et lui offrir le pardon au nom de toute sa famille. Rev�tu de la tenue des parricides, ne comprend pas : "Pourquoi m'a-t-on couvert la t�te d'un voile ? Je n'en ai pas besoin." puis demande : "O� me conduit-on ?" Arriv� � quelques m�tres de l'�chafaud, descend du fourgon, puis attend la lecture de l'acte de condamnation pour �tre ex�cut�. Environ 200 personnes pr�sentes autour de la guillotine.07 juin 190922 septembre 1909Mercredi,
6h, 6h03, 6h06Valence
Dr�meLouis Berruyer, Octave David, Urbain C�lestin Liottard46 ans, colporteur, contrebandier, 36 ans, colporteur, 36 ans, cordonnier. "Les Chauffeurs de la Dr�me" : seul, Liottard assomme d'un coup de pierre le 05 novembre 1905 � Livron M.Vaneille, 80 ans, et lui fouille les poches sans rien trouver. Assomme d'un coup de bille de charrette Mlle Marie Juge, 76 ans, � Bourg-de-P�age le 22 septembre 1906, une fois encore pour rien. Tous ensemble, agressent M.Delaye, cultivateur, 81 ans, � Alixan, dans la nuit du 23 au 24 janvier 1907, et lui br�lent la plante des pieds pour lui faire avouer la cachette de ses biens, soit 40 francs. Le pauvre homme en mourra un an plus tard. Le 11 avril 1907, � Peyrins, Liottard et Berruyer assassinent Fr�d�ric Tardy. A nouveau tous ensemble, torturent, battent � mort et �touffent M.Malbourret, 72 ans, dans la nuit du 05 au 06 mai 1907 � Bren pour lui voler 900 francs. Etranglent sur la route M.Girard, meunier, alors qu'il revient de la foire de Romans le 24 mai 1907, et lui volent 8.000 francs. Assomment � coups de b�ton et �tranglent aussi Fran�ois et Julie Tortel, fr�re et soeur, 80 et 81 ans, demeurant � Chambois le 03 janvier 1908, et mettent le feu � la maison pour dissimuler leur crime (ce qu'ils r�ussissent, puisque jusqu'� leur arrestation, cette double mort passe pour accidentelle). En avril 1908, Liottard et Berruyer assassinent l'un de leurs complices, Romarin, � Chatuzange, en lui fracassant le cr�ne d'un coup de barre de fer et jettent le corps dans un puits profond de quarante m�tres. Assassinent M.Dorier, 65 ans, et sa fille No�mie, 35 ans, le 11 avril 1908 � Alixan, qu'ils assomment � coups de canon de fusil. Leur complice Jean Lamarque, en fuite, est condamn� � mort par contumace.R�veill� le premier � 5H30, Berruyer saute de son lit � peine lui a-t-on effleur� l'�paule. D'un signe de t�te, dit n'avoir aucune d�claration � faire, puis rajoute : "J'ai commis des crimes, c'est vrai, je m�ritais les travaux forc�s, mais pas la mort, c'est trop cher pay� !" Discute avec Me Pey, son avocat, puis va au greffe. R�veill� par le d�part de son complice, Liottard s'est assis au bord du lit. "J'irai sans crainte." Baisse la t�te et rejoint Berruyer devant un autel pour la messe. David lui aussi est �veill� par la sc�ne, et enfile un pantalon en voyant le procureur. Il ricane : "C'est bon, pas de boniments, je comprends de quoi il retourne !" Se met � chanter une chanson paillarde, repousse l'aum�nier, allume une cigarette et demande de quoi �crire � sa femme. Remet le message � Me Chabanon, puis se remet � chanter en allant au greffe. Une fois arriv�, il dit au procureur avec gouaille : "J'ai commis dix-huit crimes, vous en connaissez dix, il vous en reste encore huit � trouver, mais il faudra les trouver. M�me apr�s ma mort, je vous donnerai encore du travail." Puis : "Il est bien entendu que c'est moi qui passe le dernier, n'est-ce pas ? Il ne faudrait pas me faire la blague, parce que j'y tiens !" Le procureur le rassure en ce sens. "Comme cela, �a marche : je suis content !" Berruyer sort le premier, la joue gonfl�e par sa derni�re chique. Il voit le procureur et lui dit : "Monsieur le procureur, vous vous souviendrez... Mes enfants, mes enfants..." Malgr� ce qui avait �t� convenu, David passe le premier, le procureur jugeant que Liottard fut un assassin plus actif que le chef des chauffeurs en personne. Barbu, cigarette au bec, David va � la guillotine en roulant les �paules : "Salut, salut ! Allons, � la butte !" Il remarque l'aum�nier : "Bon, bon, �a va bien, une autre fois... A cet �t�, sur la glace !" Sur la bascule, crie : "Alllez-y ! Allez-y ! Bonjour la compa..." Liottard vient le dernier, grogne et fr�mit de peur en voyant la guillotine et se laisse basculer sans plus de r�action.10 juillet 190906 novembre 1909Samedi,
6h24Saintes
Charente-Inf�rieureCamille Favre24 ans, ouvrier agricole. Satyre assassin (viol et �touffement) de la petite H�l�ne Boisnard, 6 ans, le 04 juin 1909 � Thaims.R�veill� � 6h. Dort profond�ment, persuad� de ne pas �tre ex�cut�. Le procureur lui tape sur l'�paule plusieurs fois. Yeux remplis de terreur, regarde les officiels pr�sents. "Ah... je ne croyais pas... Je ne m'attendais pas !" S'accoude sur son lit et se met � pleurer. Son avocat, Me Peraut, s'excusant de lui avoir menti sur sa gr�ce, il lui dit : "Oh, je vous pardonne, monsieur, et je vous remercie de tout ce que vous avez fait pour moi, car vous �tes bon et vous vous �tes d�vou� pour un mis�rable !" Refuse d'assister � l'office religieux, pr�textant qu'il n'aura "peut-�tre pas la force d'aller jusqu'au bout de la messe", mais demande � parler � l'aum�nier. En pleurant, se confesse. N'a rien � dire au juge, mais fait mention de remords profonds. Fume la cigarette offerte par son d�fenseur, ainsi qu'un caf� tr�s chaud arros� d'eau-de-vie, puis se rend au greffe en tenant la main de Me P�raut. Apr�s la toilette, c'est d'un pas assez ferme qu'il se rend vers l'�chafaud, dress� sur la gauche de la porte de la prison. En voyant la machine, ses yeux s'�carquillent d'horreur. Le pr�tre l'embrasse, lui dit "Courage !" avant de s'�carter pour que Favre soit bascul�.18 ao�t 190901 d�cembre 1909Mercredi,
6h51Montbrison
LoireHenri Riboulet22 ans, journalier. Double assassinat � coups de fusil du couple Lebour� � Saint-Germain-Lespinasse le 18 avril 1909 pour voler.R�veill� � 5h50. Le procureur Palix doit le secouer un peu : para�t ne pas comprendre, et se laisse habiller par ses gardiens. Boit un verre de rhum d'un trait, ce qui le ram�ne de son engourdissement. Suit l'aum�nier, entend la messe, et sans dire un mot, va au greffe pour la toilette. Monte dans le fourgon qui le conduit place Saint-Jean, � 500 m�tres de la prison, en compagnie de l'aum�nier et de son avocat, Me Chanteret. Arriv�, le pr�tre tente de masquer la guillotine avec son crucifix, mais la chose est inutile. Un jet de sang �clabousse le surplis de l'aum�nier.14 septembre 190906 janvier 1910Jeudi,
7h17Montauban
Tarn-et-GaronneJean-Alexandre H�brard37 ans, marchand de jouets. Passa 4 ans � Clairvaux pour avoir �trangl� une prostitu�e de Perpignan. Le 20 mai 1909, � la foire de Montpezat, enl�ve, viole et �trangle la petite Marie Lacam, 6 ans. 131-35R�veill� � 6h35. Au bruit de la porte, se soul�ve sur son lit, et se frotte les yeux. En apprenant le rejet de sa gr�ce, proteste de son innocence avant de s'habiller. A son avocat, Me Besse, il prie de s'occuper de son fils de 11 ans et de l'"arracher aux mauvais conseils de sa belle-m�re." M�cr�ant, accepte malgr� tout d'entendre la messe. Toilette rapide. Arrive place Montauriol, � 500 m�tres de la prison. Foule dense : un photographe sur un toit est pri� de ranger son appareil sans attendre. Devant la bascule, l'aum�nier embrasse le condamn�.28 septembre 190924 mai 1910Mardi,
3h55Sisteron
Basses-AlpesFran�ois "Franzoni" Olive35 ans, cultivateur. Chef des "Etrangleurs des Alpes" (Blanc, Gouzin et Trouin). Le 15 juin 1909, ils �tranglent le forain Dusserre pour le voler et jettent le corps dans la Durance. En �t�, ils font le m�me sort � un chanteur des rues, M.Seguin. Seul "Franzoni" fut condamn� � mort, les autres finirent au bagne.Montage de la machine devant la prison, place de l'Eglise, sous une averse continue. R�veil � 3h15. Tremble comme une feuille. Quand on le d�tache, fond en larmes : "Mon Dieu ! Ma m�re ! Ma pauvre m�re ! Si seulement c'�tait moi le plus coupable !" Il s'�croule sur le lit. Ne parvient m�me pas � dire non quand on lui propose du rhum. Entend la messe et communie : m�choire si serr�e que l'aum�nier - le p�re F�raud, qui avait fait faire sa premi�re communion � Olive - a du mal � lui faire prendre l'Eucharistie. Toilette rapide, ex�cution compl�tement silencieuse. Foule imposante. Unique venue de la guillotine � Sisteron.17 mars 191027 mai 1910Vendredi,
3h42Orl�ans
LoiretSylvain Laroche19 ans, ouvrier agricole. Renvoy� par les Guitton, propri�taires de la ferme des Petites-Brosses � Coullons, le 1er novembre 1909, viole et �trangle Marie Guitton, 16 ans, la fille a�n�e de ses anciens patrons, le 10 novembre 1909.R�veill� � 3h. Dort � poings ferm�s. "Tachez d'avoir du courage." "On t�chera d'en avoir." Il discute avec l'aum�nier, et promet � nouveau qu'il sera courageux, ce qui ne l'emp�che pas de trembler durant la messe. Au greffe, pendant la toilette, le gardien-chef lui donne un verre de rhum. Laroche ne dit plus rien jusqu'� la guillotine, place Bel-Air. En voyant les bois de justice, il a un geste de recul, puis crie : "Au revoir pour toujours !"27 janvier 191001 juillet 1910Vendredi,
3h47ParisJean-Jacques Liabeuf24 ans, ouvrier cordonnier. Condamn� � tort pour prox�n�tisme - sa compagne �tait une prostitu�e -, il �prouve une vive rancoeur face � l'injustice dont il est victime, et rompt l'interdiction de s�jour qui accompagne son incarc�ration. Surpris en flagrant d�lit d'ivresse agressive rue Aubry-le-Boucher, arm� d'un couperet, d'un revolver et de brassards de cuir h�riss�s de clous, abat pendant son arrestation l'agent de police Deray, blesse d'un coup de tranchet � la gorge l'agent Fourn�s, et blesse � coups de balles l'agent Vaudouin et Doulet, le 08 janvier 1910.R�veil � 3 heures. "Je vous attendais, mais mon ex�cution ne prouvera pas que j'�tais un souteneur." Promet d'�tre courageux : "J'aurai autant de courage pour marcher vers la mort que j'en ai eu pour faire ce que j'ai fait." Ecrit une dizaine de minutes � sa m�re, refuse poliment les aides de la religion, puis mange une tablette de chocolat offerte par son avocat Me Leduc avant de repousser l'alcool pour accepter un verre d'eau. Donne une photographie de sa m�re et de son fr�re � l'avocat, puis se laisse faire pour la toilette. "Inutile de me serrer, je n'ai pas l'intention de fuir." Un peu m�content lors de la d�coupe du col : "Ce qu'il me fait, comme �chancrure, Deibler !" Devant l'�chafaud, il crie � deux reprises : "Mon ex�cution ne prouvera pas que j'�tais un souteneur !" Puis, c�dant � la peur � l'ultime seconde, pousse un hurlement vite interrompu par le couperet.04 mai 191023 septembre 1910Vendredi,
5h12Remiremont
VosgesS�raphin Van�on24 ans, ouvrier agricole. Tente de tuer deux vieillards � Remiremont en 1909, puis assassine aux alentours de Remiremont le maquignon F�licien Gavoille, 42 ans, de quatre coups de hache le 18 janvier 1910 pour lui voler pr�s de 4.000 francs.Frapp� de stupeur au r�veil. "Du courage, du courage, j'en aurai..." Se raidit et ne dit plus un mot. Se laisse faire pour tout : habillage, messe, communion, toilette. Boit un verre de vin. Arrive devant la guillotine, dress�e � l'entr�e de la prison, un paletot noir sur les �paules. Un gamin, grimp� avec agilet� sur le mur de la prison, commente la sc�ne. Van�on cherche la guillotine en �tendant le cou et en la regardant bien en face. Protestations du public oblig� de rester 300 m�tres plus loin, et qui aurait souhait� que l'ex�cution ait lieu sur une grande place comme pour Zuckermeyer en 1899.10 juin 191024 septembre 1910Samedi,
4h50Saint-Di�
VosgesAdrien PierrelPARRICIDE. 52 ans, cultivateur � Taintrux. Ivrogne et violent, battait sa femme : reconnu dangereux apr�s une correction plus rude que de coutume. Tua � coups de pilon de bois le 1er f�vrier 1910 sa m�re, Marie-Anne, 82 ans, pour lui voler 540 francs.R�veill� d�s minuit par le bruit des cl�tures qu'on dressait � l'ext�rieur pour tenir la foule � distance. Demandait ce qui se passait tout en le sachant pertinemment. Ses gardiens le rassurent en vain : il quitte sa cellule, va dans la courette en fumant une pipe et �coute les bruits ext�rieurs. Les officiels le trouvent debout, devant sa couchette, tremblant et mort d'angoisse : se laisse tomber sur son lit, d�sesp�r�. Le docteur pr�sent doit lui faire avaler un r�vulsif. Pierrel n'entend rien, il pleure et ne cesse de g�mir : "Innocent ! Pas faute ! Pardon ! Oh ! Pas faute ! Innocent ! Pas coupable ! " S'�vanouit pendant la toilette, quand on d�coupe son col avec des ciseaux. Pour pallier � un arr�t cardiaque potentiel, le docteur lui administre deux piq�res de coca�ne. A cause de son �tat, on s'abstient de lui faire endosser la tenue des parricides. On le porte dans le fourgon, qui va � soixante m�tres de l�, � l'entr�e du Parc (la porte de la prison, initialement choisie pour l'ex�cution, aurait �t� trop "visible" pour la foule). Soulev� et port� par les aides sur la bascule. Meurt une seconde avant la chute du couperet. Un jet de sang atteint un gendarme au visage.09 juin 191029 septembre 1910Jeudi,
5h14Rodez
AveyronJean Terry28 ans, mineur � Gages. Satyre assassin d'Adrienne Pons, 16 ans, �l�ve � l'Ecole Normale, qu'il �trangla dans les bois de Canabols le 18 avril 1910.Au r�veil, surpris. Calme, s'habille seul. "Donnez-moi mon gilet, je pourrais prendre froid, et je veux l'emporter." Parle avec Me Colomb, puis � l'aum�nier. Entend la messe, communie. Sourit � ses gardiens. En traversant la cour pour aller au greffe, il crie : "A vos rangs" au service d'ordre. Au greffe, �crit � sa m�re : "Ma ch�re m�re, je t'�cris au dernier moment pour te dire de ne pas te faire de mauvais sang. Je serai courageux jusqu'� la fin. Embrasse pour moi Louise M. Embrasse bien mon b�b� qui est l�-bas, ainsi que les fr�res et les soeurs. J'ai demand� pardon de mes fautes � Dieu." Boit un verre de rhum sucr�, et porte un toast : "A votre sant�, messieurs !" Fume une cigarette, salue le directeur de la prison, et demande au procureur que ses gardiens, qui ont toujours �t� bons pour lui, l'accompagnent jusqu'� l'�chafaud. Le procureur accepte, � sa grande joie. En voyant Anatole Deibler signer le registre d'�crou, il remarque : "Il a un beau bouc, cet homme-l� !" Puis il rajoute : "Je vais mourir. Il faut bien mourir un jour ; peut-�tre mourrez-vous avant huit jours, avant un mois, chacun son tour... La guillotine est � Rodez, que voulez-vous, on ne voit pas tous les jours une machine comme �a !" IL se retourne vers son avocat et lui dit : "Je vous serrerai la cuill�re devant l'�chafaud !" Calme et ferme, est "toilett�" puis grimpe dans le fourgon. Arriv� place du Palais-de-Justice, regarde la foule et dit : "Salut ! O� sont les gardiens ?" Sans lui r�pondre, les aides le poussent sur la machine.22 juin 191030 novembre 1910Mercredi,
7hLe Mans
SartheJoseph Valentin Doilin33 ans, charretier. Le 25 mars 1910, tua � M�zeray la Veuve Besland, 77 ans, renti�re, avec la complicit� de son fr�re Fr�d�ric, condamn� � perp�tuit�.R�veill� bien avant l'heure. Entr�e des officiels � 6h. Doilin est couch�, mains derri�re la t�te et somnole. Quand le procureur lui annonce la nouvelle, il balbutie : "Alors, je vais avoir le cou coup�..." Fr�mit de peur. Les gardiens ont de la peine � l'habiller et � le chausser. Entend volontiers la messe : cela le calme. Se remet � trembler au greffe, durant la toilette. Boit du caf� largement arros� d'eau-de-vie. Refuse les cigarettes, pr�f�re fumer sa pipe bourr�e par l'aum�nier. Parle de sa femme incarc�r�e � Rennes avec tendresse, se rappelle de son fils pr�f�r� et demande qu'on lui laisse six chaises et sa montre d'argent. Rend la pipe � l'aum�nier pour que ce dernier la replace dans son cercueil et dit : "Ah, si je n'avais pas suivi mon fr�re ! J'avais toujours pens� qu'un jour j'irais � la machine. Jamais je n'ai eu de chance dans la vie." Va � l'�chafaud sans dire un mot. Son avocat, Me Georges Bouvier, se plaint de ne pas avoir �t� re�u � l'Elys�e pour plaider la cause de son client. On apprendra qu'il a fait parvenir le dossier Doilin au pr�sident Falli�res, mais sans solliciter pr�cis�ment un entretien dans la lettre qui l'accompagnait, et que le chef de l'Etat prit sa d�cision en se basant sur le dossier en question.05 octobre 191011 janvier 1911Mercredi,
7h27Lille
NordAntoine Favier26 ans, repr�sentant en vins et spiritueux. Assassine � coups de couteau, de marteau, de ciseaux et de grattoir le gar�on de recettes de la Banque de France, Cornil Thain, le 31 janvier 1910 � Lille pour lui voler 2.738 francs.R�veill� � 6h20. Le procureur lui annonce la nouvelle, puis lui demande s'il a entendu. "Oui, j'ai bien compris." S'habille seul. Dit � un gardien : "Vous saviez bien que c'�tait pour aujourd'hui et vous me l'avez cach� !" A un autre : "J'en avais le pressentiment." Remercie Me Dubron en lui prenant les mains, et le rassure : "Soyez sans crainte, je mourrai bravement !" Lui donne un paquet de lettres et une m�daille � l'attention de sa femme. Entend la messe au parloir des familles. Digne jusqu'au bout, descend les marches de la prison, situ�e place du Palais de Justice, regarde la foule et se laisse pousser en avant. Au premier rang, le p�re et le fr�re de sa victime.09 novembre 191025 mars 1911Samedi,
5h30Nantes
Loire-Inf�rieureJules Cl�ment Grand26 ans, soldat d�serteur. Grand fut condamn� � 8 mois de prison � Aix-en-Provence en 1902. En manoeuvres � Puget-Th�niers, en 1909, commet des vols, et surpris en pleine action, tue le sapeur F�minier et parvient � s'enfuir. Apr�s quelques jours pass�s dans la r�gion de Nice, il part vers l'Ouest et remonte le long de l'Atlantique, assistant notamment � l'ex�cution de Camille Favre. Le 27 d�cembre 1909, viole et tue la berg�re Cl�mentine Foucher, 15 ans, au Pouliguen. Jusqu'� son arrestation en Vend�e, le 14 janvier 1910, il commet entre la presqu'�le de Gu�rande et Nantes 22 crimes et d�lits divers, violant Mlle Fresneau, 28 ans, directrice d'�cole � Savenay, commettant deux tentatives d'assassinat au Temple et � Orvault, des vols et des cambriolages. Jug� par le tribunal militaire de Marseille, il est condamn� � mort et � la d�gradation militaire. Puis aux assises de Nice, le 04 ao�t 1910, condamn� aux travaux forc�s � perp�tuit� pour tentative de meurtre sur une jeune cabareti�re, Valentine Giraud, qu'il poignarda dans un caf� de Peymeinade le 04 octobre 1909.R�veil � 5h. Malgr� le carnaval et les cris qui ont r�sonn� place Lafayette toute la nuit, Grand dort profond�ment. Sans rien dire, montre qu'il a compris. On lui retire la camisole avant qu'il ne refuse les secours de la religion. A Me Radot de St-Guedas qui lui demande s'il a un message � transmettre � ses proches, r�pond : "Inutile. J'ai assez d�shonor� ma famille." Calme, accepte une cigarette et une tasse de caf�. S'�tonne : "Je croyais bien, cependant, subir la loi martiale" (�tre fusill� en raison de sa condamnation � mort devant un conseil de guerre). Para�t sur le seuil de la prison p�le mais courageux, ex�cution rapide sans incidents.24 mai 1910, 17 d�cembre 191021 juillet 1911Vendredi,
3h20Vitry-le-Fran�ois
MarneHenri Deviot30 ans, manoeuvre. Assassine � coups de couteau la boulang�re Antoinette Ketter, 18 ans, le 11 janvier 1911 � Chauss�e sur Marne pour la d�valiser.R�veill� � 3 heures. Dormait bien. Aucune panique. Remercie son avocat, Me Dupont-Nouvion, puis le prie de veiller sur ses trois enfants. Entend la messe. P�le mais courageux, franchit la porte de la prison. La guillotine est mont�e dans une rue �troite : seuls les autoris�s et la presse peuvent y assister. Pousse un cri rauque quand il est pouss� sur la bascule.11 mai 191122 juillet 1911Samedi,
3h16Saint-Mihiel
MeuseCharles-Marie Philippo24 ans, coureur cycliste et ouvrier boulanger. Le 23 juin 1909, tue en l'assommant � Saint-G�rant-le-Puy (Allier) son ancienne patronne, Mme Rochot, boulang�re, pour la voler. Le 17 octobre 1909, � Laheycourt (Meuse), assassine avec un coutre de charrue Mme Veuve Marie-Adeline Bernard, 75 ans, boulang�re. Arr�t�, condamn� en premier dans la Meuse, puis uniquement aux frais du proc�s dans l'Allier, le 1er f�vrier 1911. Le minist�re public fait appel, et Philippo est rejug� et condamn� � mort dans le Puy-de-D�me. Pendant son s�jour � la prison de Riom, tente de tuer un gardien en l'assommant avec le couvercle du po�le de sa cellule.R�veill� � 3 heures. N'a pas ferm� l'oeil de la nuit, s'y attendait. Horrifi�, ne dit pas un mot, et refuse d'un geste rhum et cigarette. Quand on lui coupe les cheveux, dit :"C'est malheureux de me couper le cou aujourd'hui. On aurait bien pu le faire il y a un an" (allusion au d�lai exceptionnellement long entre sa premi�re condamnation � mort et son supplice). A peine plus d'un quart d'heure apr�s le r�veil, franchit le seuil de la prison. Ex�cution tr�s rapide.05 juillet 1910, 31 mai 191109 ao�t 1911Mercredi,
5hToulon
VarAllain Marie Gu�guen
et
Marcel Edgard Le Mar�chal21 ans, matelot m�canicien de 1e classe et 20 ans, matelot chauffeur de 3e classe. Tu�rent de 43 coups de couteau le 12 janvier 1911 � Ajaccio Pierre-Marie Carrel, matelot, leur camarade, pour le voler.14 mars 1911, 11 mai 191106 septembre 1911Mercredi,
4h30Melun
Seine-et-MarneLucien Pajot25 ans, souteneur. Blessa sa ma�tresse et ancienne gagneuse Marie Ambroise, 17 ans, le 22 mars 1911 � Melun. Mobile : vengeance. Marie refusait de se prostituer pour lui, et l'avait d�nonc� pour un vol qui lui avait valu de passer pr�s de trois mois en prison. Il avait �t� lib�r� le matin-m�me du crime. Elle mourut apr�s 13 jours d'agonie.R�veill� � 3h30. Dort bien, s'est couch� � minuit apr�s avoir pass� la veille � jouer aux cartes et � chanter. Ne comprend pas pourquoi on le secoue, fait mine de se rendormir. Inform�, ne peut r�pondre que "oui" aux questions du procureur, d'une voix presque inaudible. Accepte les secours de la religion, s'habille, se confesse et entend la messe. S'entretient quelques instants avec son avocat, puis accepte le verre de rhum que lui tend un gardien, remerciant ce dernier apr�s avoir bu. Refuse la cigarette. Toilette rapide. La machine, mont�e � un m�tre de la porte de la prison, elle-m�me situ�e au bout d'une impasse cern�e de hauts murs, rend l'ex�cution peu accessible aux spectateurs. Mouvement de recul de Pajot, vite r�prim�. Aucun incident.19 juillet 191104 octobre 1911Mercredi,
5h25Nancy
Meurthe-et-MoselleLucien-F�lix Alexandre20 ans, domestique de ferme. Satyre assassin de Louise Krier, 4 ans, qu'il tua � coups de b�che apr�s l'avoir viol�e � Brainville le 18 juin 1911.R�veil � 5 heures, h�b�t�. Se passe les mains sur les yeux, ne dit pas un mot. Refuse de voir l'aum�nier. Boit un verre de rhum et fume la moiti� d'une cigarette. Impassible, va � l'�chafaud � pas presque rapides. Foule calme : quelques cris apr�s la chute du couperet. Pluie incessante du montage jusqu'� l'ex�cution.04 ao�t 191110 octobre 1911Mardi,
5h19Toulon
VarEduardo Caturegli22 ans, Italien. Envoy� en prison pour vol, tenant la police pour responsable, tira sur un groupe de policiers � la Seyne-sur-Mer, abattant de trois balles le secr�taire de police M. No�l, le 10 avril 1911.R�veil � 4h45. "Ils ne m'ont pas graci�, ces b�tards ! C'est tout de m�me malheureux qu'on n'ait pas eu de piti� pour moi, car je suis innocent !" S'habille, se chausse, puis embrasse son avocat, le gardien et l'abb� Sicre. A ce dernier qui lui propose les secours de la religion, r�pond : "Parfaitement ! Et je veux encore entendre la messe !" La guillotine est mont�e devant la porte de la prison, au bout de l'impasse Baudin. L'abb� Sicre tente, de son crucifix, de masquer la guillotine au condamn�, mais ce dernier le repousse. Il voit alors dans le public proche les agents de police de la Seyne, ses victimes rescap�es : "Sias countent, bandits !" grogne-t-il. P�le, les yeux haineux, se laisse basculer aussit�t.24 juillet 191108 d�cembre 1911Vendredi,
7h05Le Mans
SartheHenri Jean Eug�ne HametPARRICIDE. 27 ans, cultivateur. Attira son p�re Hippolyte, employ� principal � la gare des Batignolles de Paris, dans un pi�ge � La Feuill�re le 04 mars 1911 en lui envoyant un t�l�gramme dans lequel il se disait mourant. A l'arriv�e de son p�re, il l'abattit de trois balles de revolver dans la t�te. Il fit croire � un suicide, mais esp�rait toucher l'h�ritage de 50.000 francs.R�veil � 6h30. Dort profond�ment, s'habille aussit�t. Donne au procureur son testament dans lequel il l�gue ses biens aux hospices d'Alen�on. Entend la messe et communie � la chapelle. Au greffe, boit un verre de vin blanc et fume une cigarette. Demande aux gardiens de distribuer le peu d'argent qu'il conservait � ses amis d�tenus. Comme on lui dit que c'est impossible, ne dit plus un mot. Conduit � l'�chafaud en tenue parricide, arriv� devant la machine, demande � la foule de lui pardonner son crime. Mais quand les ex�cuteurs s'emparent de lui pour l'�tendre sur la bascule, se replie sur lui-m�me et les ex�cuteurs doivent user de force pour lui passer la t�te dans la lunette. Le photographe manque avoir les doigts sectionn�s par la chute du couperet, et Deibler d�clarera devant t�moins que jamais il n'avait vu de condamn� montrer une telle r�sistance.29 septembre 191109 janvier 1912Mardi,
7h20Saint-Brieuc
C�tes-du-NordAlphonse-Jules Boursier22 ans, journalier. Satyre assassin de Jeanne Derrien, 14 ans, qu'il viola et �trangla � B�gard le 18 ao�t 1911.R�veill� � 6h10. Dormait bien, le procureur doit lui secouer l'�paule. Promet d'avoir du courage, mais se dit innocent. S'habille, se lave et se peigne. Se confesse et entend la messe. Remet deux lettres au procureur, dont une contient une photo de lui pour sa soeur, et l'autre une pi�ce en vers de sa composition pour sa m�re. Dit aux aides : "Ne me serrez pas si fort, ce n'est pas la peine de m'attacher." En franchissant la porte, constate l'absence - ou presque - de spectateurs (ils sont une quarantaine, la foule ayant �t� repouss�e aux extr�mit�s de la rue) : "C'est �tonnant qu'il n'y ait pas plus de monde que cela." Se d�bat un peu quand on le pousse sur la bascule.01 novembre 191120 janvier 1912Samedi,
6h55ParisArthur Renard24 ans, tueur de bestiaux � la Villette. Suite � un accrochage entre le fiacre qui le transportait et une automobile au carrefour R�aumur-S�bastopol, le 05 ao�t 1910, assomme d'un coup de poing le chauffeur de la voiture qui cherchait querelle. Les agents Letiec et Richard interviennent alors et mentionnent un passage obligatoire au commissariat. Renard r�plique en tirant trois coups de revolver sur Richard, qu'il blesse tr�s gri�vement, manque de peu l'agent Le Tiec. Cependant, M.Pelletier, agent de police �galement et en cong� - donc en tenue civile - se promenait sur le boulevard et d�cida d'intervenir. Il fut abattu d'une balle dans la t�te. Trois autres gardiens de la paix en patrouille furent n�cessaires pour arr�ter le colosse meurtrier, lib�r� trois semaines plus t�t de Fresnes apr�s une peine pour coups et blessures.D�j� r�veill� � l'arriv�e des officiels � 6h30, inquiet depuis plusieurs jours. Assis sur sa couchette, discutait avec deux co-d�tenus qui lui servent de compagnons. Devient p�le et se redresse, tandis que ses camarades s'enfuient, effray�s, et seront retrouv�s sous un pr�au de promenade, tremblants de peur. Accabl�, doit s'asseoir, dit au substitut qu'il saura marcher au supplice sans faiblir, mais dit : "Je suis innocent de ma volont� ! Voil� o� m�ne la boisson ! Mais on n'aurait pas d� m'ex�cuter pour �a, parce qu'il y en a d'autres qui en ont fait plus que moi !". S'adresse � M.Desmoulins, sculpteur et visiteur exceptionnel des condamn�s � mort : "Vous voyez ! Voil� o� l'alcool vous m�ne ! Je vous prie d'�crire � ma m�re et de lui dire que je ne suis pas fautif du crime pour lequel on me guillotine ! J'�tais ivre !" Se rend dans une petite chapelle dress�e pr�s de la cellule, soutenu par Desmoulins, entend la messe et parle de sa famille : "Je demande bien pardon � ma m�re". Pendant la toilette, reste muet, accepte un verre de rhum offert par le gardien, et ne boit qu'une gorg�e. Boulevard Arago, descend seul du fourgon, ne prononce plus une parole. Embrasse Desmoulins et l'aum�nier, puis se dirige sans soutien vers la bascule.27 novembre 191103 f�vrier 1912Samedi,
6h44Marseille
Bouches-du-Rh�neGiuseppe Rosa59 ans, vidangeur. Satyre assassin de Marguerite Carrozzo, 13 ans, le 10 avril 1911 � La Ciotat. Il tenta de violer puis trancha la gorge de la fillette avec un couteau car il s'�tait brouill� avec M.Carrozzo pour une cage � lapins.Guillotine mont�e � l'entr�e de la prison Chave pour la premi�re fois. R�veil � 6h13. Semble ne rien comprendre. L'abb� Charreyre vient lui parler cinq minutes. Ne comprend toujours pas : "Alors quoi ? Ca va mal ?" Demande � aller aux toilettes, mais on le conduit directement � la rotonde. La messe dure 17 minutes, Rosa communie. Ce n'est que quand le pr�tre lui administre l'extr�me-onction qu'il comprend enfin l'imminence de sa mort. La toilette a lieu dans le bureau du gardien-chef. Rosa manifeste une seconde fois le besoin d'uriner. Refuse une cigarette, mais demande � boire : il avale un verre de rhum go�lument pendant qu'on lui coupe le col de la chemise. Sur le seuil, garde la t�te obstin�ment tourn�e pour ne pas voir la guillotine.11 novembre 191128 mars 1912Jeudi,
5h15, 5h18Le Mans
SartheBenjamin Eug�ne Tisseau
et
Henri Fernand NolotTisseau, 22 ans, et Nolot, 20 ans. Soldats au 117e r�giment d'infanterie de ligne casern�s � la Fl�che. Tu�rent le 8 d�cembre 1910, de Mme Marie Lusseau, n�e Masson, � la ferme des Montaudi�res, pr�s de La Fl�che � coups de b�ton tr�s pointu. Motif du crime : vol pour rembourser des dettes et ne vol�rent que 16 francs. Condamn�s par le Conseil de guerre du IVe Corps.Ex�cut�s place du Conseil de Guerre, rue de l'Arsenal. R�veill�s � 4h30. Tisseau ouvre de grands yeux, puis s'habille en disant : "La pr�m�ditation n'est pas �tablie. Nous n'avions pas pr�m�dit� le crime. Je serai courageux." A sa demande, on le laisse � sa demande avec l'abb� Grandin. Nolot, lui aussi, dort profond�ment. A Me Mouli�re, il dit : "Parfaitement, je saurai mourir." Apr�s avoir parl� avec l'abb� DuFragne, il discute avec l'abb� Grandin. Mains li�es dans le dos, ils sont conduits dans une chapelle de fortune, au parloir des avocats. Apr�s une messe de 25 minutes, ils re�oivent la communion et se mettent � pleurer. Ramen�s au corps de garde pour la toilette. On leur offre un verre de caf� avec un peu de cognac et une cigarette. Nolot ayant les mains attach�es, il dit en souriant : "Il faudrait vraiment �tre acrobate !" Dociles, se laissent toiletter, tendent les jambes et les mains pour qu'on les attache. Tisseau part le premier : en partant, il dit � son complice : "Surtout, aie du courage !" Cigarette aux l�vres, il descend les marches du perron du conseil de guerre. Il embrasse l'aum�nier puis dit � son d�fenseur : "Monsieur Moutet, au revoir et merci. Je suis courageux." Nolot le suit quelques instants plus tard et dit � l'abb� qui l'accompagne : "Dites � ma m�re que mes derni�res pens�es sont pour elle !!! Je serai courageux." L'abb� l'embrasse avant qu'on le pousse sur la bascule. Cris pouss�s par la foule, tr�s nombreuse, rue des Marais. Dur�e de la double ex�cution : 6 mn 50.18 d�cembre 191129 mars 1912Vendredi,
5h25Laval
MayennePaul Bourges26 ans, gar�on de ferme. Etrangle la veuve Mariette Billet, 73 ans, � Madr� le 23 novembre 1911 et vole 90 francs. Le corps est retrouv� six jours plus tard, le visage et le cou mang� par un des chats de la maison.R�veill� � 3h30. Ne semble pas comprendre ce qui se passe. S'habille seul, muet, puis assiste � la messe. Apr�s cela, son avocat, Me Lebreton, lui propose une cigarette : "J'peux pas, j'ai la l�vre �corch�e, �a me ferait mal." Il prend un caf� et un verre de rhum. Me Lebreton lui demande s'il a une photographie � laisser � sa soeur comme souvenir, il r�pond : "Je ne sais pas, mais fouillez dans mes affaires, vous trouverez peut-�tre..." Apr�s la toilette, il n'ose pas regarder la guillotine. Il embrasse le crucifix avant d'�tre bascul�.26 janvier 191204 mai 1912Samedi,
4h27Coutances
ManchePierre-Auguste "Coq-Gris" Polydor47 ans, journalier, chemineau. Egorge � Digulleville la veuve Aubrais, 92 ans, le 21 janvier 1912 pour voler huit oeufs qu'il avale avant de partir.A l'entr�e des officiels, � 3h30, ne dort pas, et ne r�pond rien. Habill� par les gardiens. A la chapelle, entend la messe, communie. Au greffe, son avocat lui fait boire deux verres de rhum. P�le, soutenu par les aides, il est conduit jusqu'� la guillotine, dress�e � six m�tres de la porte ; le pr�tre tente de lui cacher de son crucifix. Ex�cution rapide.09 mars 191224 mai 1912Vendredi,
4h15Amiens
SommeAlphonse AuffraySoldat au 9e r�giment de cuirassiers. Tente de tuer de trois coups de couteau dans le ventre le 22 octobre 1911 � Noyon son sup�rieur, le mar�chal des logis Marcel Ch�radame, qui lui avait ordonn� de retourner � la caserne sous pr�texte que sa tenue n'�tait pas correcte. Condamn� par le Conseil de Guerre du 2e Corps. Son complice Justin Moreau est condamn� � perp�tuit� (sa d�gradation a lieu quelques instants avant l'ex�cution d'Auffray).Pas du tout r�veill� par l'entr�e des officiels � 3h15. Le commissaire du gouvernement doit le secouer. Auffray ne comprend pas tout de suite, et met quelques minutes pour r�aliser. "C'est tout de m�me cher ! Quel malheur ! Enfin, puisqu'il le faut, allons-y !" Le commandant Brisorgueil lui dit d'avoir du courage : "Vous �tes Breton comme moi. Les Bretons ont la r�putation d'�tre courageux. Faites-le voir." S'entretient avec son avocat, Me Renard, demande du papier et �crit une lettre � ses parents. Accepte d'entendre la messe et de communier. Demande des obs�ques religieuses, et dit au pr�tre Jolly : "Ecrivez � mes vieux, et dites-leur que je suis mort courageusement, et en bon chr�tien". En allant � la chapelle, au premier �tage, passe devant la cellule de son complice : "Au revoir, Moreau !" Apr�s une demi-heure de pri�re, boit une tasse de caf� (refus�e plus t�t en ces termes : "Je le prendrai apr�s la messe"), fume une cigarette, puis est attach�. Va au poteau en refusant d'�tre soutenu, mais doit se r�soudre � avoir les yeux band�s. "C'est inutile !", proteste-t-il. Les douze balles tir�es l'atteignent toutes dans la t�te, mais le coup de gr�ce est quand m�me tir�. Fusill� � la citadelle.22 f�vrier 191231 mai 1912Vendredi,
3h30Saint-Pol-sur-Ternoise
Pas-de-CalaisRobert Duperrat20 ans, ouvrier agricole. Contrefait, bossu, louche. Assassine � coups de hache, le 14 f�vrier 1912, � Rollancourt, la veuve Sidonie Thibaut, n�e B�tourn�, 73 ans, m�re de son patron, pour la violer, et son petit-fils R�mi, �g� de 4 mois, qui s'�tait mis � pleurer, apr�s l'avoir berc� un peu.Difficult� � monter la machine, rue de la prison en pente. R�veill� � 2h50, dormait profond�ment, couch� sur le ventre. On doit le secouer pour le r�veiller. Ne dit pas un mot, re�oit la nouvelle avec indiff�rence. Au juge qui lui dit d'avoir du courage, il r�pond : "Oui, monsieur !" avant de serrer la main de son avocat. S'habille, se confesse et entend la messe. Pendant l'office, le chant d'un coq rompt le silence et saisi, le condamn� tremble et pleure. Au greffe, boit un verre de rhum, refuse le second ainsi que la cigarette qu'on lui propose. Ex�cution rapide.29 mars 191205 juin 1912Mercredi,
3h30Riom
Puy-de-D�meGuillaume Courmier37 ans, braconnier/p�cheur au Pont-des-Goules, pr�s de Vic-le-Comte. Plusieurs fois condamn�, mettait ses d�boires sur le dos des autres habitants du hameau. Le 14 d�cembre 1911, tue ses voisins, le couple Fran�ois et Nathalie Mandonnet, � coups de revolver (trois balles dans le corps pour lui, deux dans le visage pour elle) avant d'�gorger le corps d'Antoine au rasoir. Apr�s �tre all� boire � l'auberge Blanchon, va � l'autre auberge, celle des Verdier, et abat Marie, la m�re de famille, d'un coup de fusil, puis le fils Emile, et blesse gri�vement de deux coups de fusil le p�re Verdier, qui mourra trois jours plus tard. Arr�t� le lendemain.R�veill� � 3h. Pas d'�motion. Avait promis d'�tre courageux : tient parole. Remercie ses gardiens et Me Robin, puis demande � entendre la messe. Communie, se confesse. Au parloir, o� se d�roule la toilette, demande une cigarette, dont il tire quelques bouff�es, et un grand verre de rhum bu cul-sec. A la question de son avocat sur ses derni�res d�clarations, dit juste : "Je regrette seulement d'�tre guillotin� � cause de ma famille. Sans cela..." Promet de nouveau � son d�fenseur d'�tre courageux et le remercie. Redresse la poitrine en arrivant devant la machine.03 mai 191208 juillet 1912Lundi,
3h22Auxerre
YonnePaul Aubert25 ans, vigneron. En pleine nature, tua � coups de pioche et tenta de violer post-mortem Mlle Berthe Johannard, institutrice, 29 ans, � Vermenton le 23 ao�t 1911. Interrompu par l'arriv�e de deux autres personnes sur place.R�veill� � 2h45. Secou� pour �tre r�veill�, aucune r�action. A M.Philippon, le procureur, qui l'exhorte au courage : "J'en aurai." S'habille, boit un cordial, entend la messe et communie. Se dirige d'un pas ferme vers la guillotine. Foule immense.03 mai 191222 octobre 1912Mardi,
5h55ParisJean-Baptiste Bour24 ans, d�colleteur, ancien "Bat d'Af". Le 14 mai 1912, assassine Mme Schmidt lors d'un cambriolage, rue de Charonne.R�veil � 5h, dort bien. Crie "Vive l'anarchie !" quand on l'informe de la d�cision pr�sidentielle. Se laisse habiller par les gardiens, puis rabroue le p�re Geispitz : "Foutez-moi la paix ! Vive l'anarchie !" Le crie une fois encore en traversant les couloirs. Au greffe, boit un verre de cognac et laisse les ex�cuteurs faire la toilette. En descendant du fourgon, crache sa cigarette et crie : "Adieu les amis ! Vive l'anarchie !"23 ao�t 191222 janvier 1913Mercredi,
7h05Nancy
Meurthe-et-MoselleGeorges G�rardMarinier, 37 ans. Satyre assassin de la petite Lucienne Schumacher, 7 ans, le 20 mai 1912, � Pompey qu'il noie dans la Moselle.Au r�veil, � 6h30, dit :"C'est bien." Reste cinq minutes en t�te � t�te avec l'aum�nier, puis avec son avocat : "Je vous remercie beaucoup de ce que vous avez fait pour moi. Je sais que ce n'est pas de votre faute si vous n'avez pas r�ussi. Je vous prie d'�crire � ma famille, � ma femme et � mon fr�re, en leur disant que je regrette la honte que je leur ai caus�e. Je leur en demande pardon." A la chapelle, entend la messe. Se plaint d'avoir un peu froid, et boit un demi-verre de rhum. En entendant la foule, il a un sursaut, et Me Leblanc le prie � nouveau de faire preuve de courage. Tout en tortillant sa moustache, il dit : "C'est bon, j'en aurai." A la salle, pendant la toilette, son avocat lui met une cigarette entre les l�vres, et quand il a fini de fumer, lui propose encore du rhum. "Je veux bien." A l'entr�e de la prison, appara�t tr�s p�le, marchant assez rapidement. Garde sa cigarette entre les dents jusqu'au bout. Les parents de l'enfant assistent � l'ex�cution.16 novembre 191201 f�vrier 1913Samedi,
7hVersailles
Seine-et-OiseJoseph Renard27 ans, anarchiste. Au soir du 30 janvier 1912, tente de cambrioler la gare d'Orl�ans avec un complice, Alexandre Britannicus, 23 ans, et blesse gravement � coups de revolver le sous-chef de gare Raymondi et l'ouvrier Martin. Ralliant la Seine-et-Oise par le premier train, remarqu�s au petit matin du 31 janvier alors qu'ils s'enfuient � contre-voie � Angerville, sont poursuivis par les gendarmes. Lors de la tentative d'arrestation, le brigadier de gendarmerie Dormoy est abattu. Au niveau d'Etampes, Britannicus est tu� par les gendarmes, et Renard arr�t� � la gare d'Etrechy.R�veill� � 6h40, s'assied brusquement dans son lit. "C'est pour ce matin !" Demande � voir son avocat, Me Henri G�raud, puis est pris d'une crise de larmes. L'abb� Batut l'entend en confession et lui donne l'absolution. Redemande � voir son avocat et le remercie. Dans une pi�ce proche du parloir, est confi� aux bourreaux pour la toilette. Proteste pendant qu'on l'attache : le procureur Perrussel lui explique que c'est la loi. En sortant du b�timent, interpelle le procureur : "Avant de mourir, je veux vous dire ceci. Mon acte n'�tait pas pr�m�dit�. Je le regrette, je le paye bien cher. Je ne dis pas cela pour moi, mais pour les miens qui pleurent." Le procureur r�pond : "Songez aussi � la malheureuse veuve du brigadier Dormoy !" Promet � l'aum�nier d'avoir du courage avant de franchir les portes. En voyant la guillotine, mouvement de recul, mais pouss� en avant aussit�t. "Salut" du c�t� de l'avenue de Paris, premi�re ex�cution � l'entr�e de la prison Saint-Pierre.10 novembre 191208 f�vrier 1913Samedi,
6h47Le Mans
SartheGustave Auxerre42 ans, mineur au ch�mage, journalier, Belge. Satyre assassin de la petite Madeleine Besnier, 10 ans, berg�re qu'il viole au M�zain le 26 juillet 1912. Auteur d'une tentative de viol sur une adolescente de 14 ans quelques jours plus t�t.La veille de son ex�cution, certain d'�tre gr�ci�, Auxerre parle de casser la figure � Deibler. R�veill� � 6 heures, il faut le secouer pour qu'il ouvre les yeux. Quand il voit les gens pr�sents, il comprend, claque des dents et balbutie :"Quel malheur, ah, mon Dieu, quel malheur !" Tremblant, livide, il boit un verre de rhum que lui propose son avocat, ce qui lui donne assez de forces pour aller jusqu'� la chapelle. Il doit �tre soutenu par les aides pour atteindre la guillotine.10 d�cembre 191219 avril 1913Samedi,
4h40Versailles
Seine-et-OiseCharles Barr�48 ans. Etrangla au cours d'un cambriolage nocturne M.Languedoc, marchand de bestiaux octog�naire, le 09 septembre 1911 � Amblainville, et lui vola 15.000 francs. Dans des circonstances similaires, �trangla dans son lit Mme veuve Legendre, 75 ans, le 05 avril 1912 � Andr�sy, et vola le peu que contenait la maison. Le 23 du m�me mois, retourne � Andr�sy, et est arr�t� par le garde-champ�tre au moment il va p�netrer, revolver en main, chez Mme Leprince, renti�re, voisine de sa seconde victime. Soup�onn� de deux autres meurtres � Gueschard (Somme) et Etampes.R�veill� � 4h20 : les gardiens doivent le secouer l�g�rement pour qu'il ouvre les yeux. Comprend lentement ce que lui annonce le procureur, se met � pleurer et � g�mir, puis s'emporte contre sa complice : "Oh, la vache qui me vaut cela !" Se laisse habiller sans resister. Accepte de discuter avec son avocat, � qui il serre la main, et l'aum�nier Battut, qui ram�ne un peu de calme dans son esprit. Refuse d'un signe de t�te d'entendre la messe. P�le, franchit les portes de la prison, la t�te inclin�e sur l'�paule droite. Embrass� par le pr�tre, sursaut quand on le bascule : les aides doivent le pousser davantage car il est assez petit.28 janvier 191321 avril 1913Lundi,
4h31, 4h33, 4h35ParisAndr� Soudy,
Raymond
"La Science"
Callemin
et
Etienne "Simentoff" MonierMembres de "la bande � Bonnot", v�ritables anarchistes dirig�s dans une voie criminelle par Jules Bonnot. Soudy, 21 ans, gar�on �picier; Callemin, Belge, 23 ans, ouvrier typographe ; Monier, 24 ans, camelot. Le 21 d�cembre 1911, 148, rue Ordener, Callemin, en compagnie de Jules Bonnot et d'Octave Garnier participe � l'agression de M.Ernest Caby, gar�on de recettes de la Soci�t� G�n�rale, pour lui voler sa sacoche. Garnier blesse de deux coups de feu Caby avant que les bandits ne s'enfuient � bord d'une automobile Delnaunay-Belleville vol�e une semaine plus t�t. Le 25 mars 1912, en for�t de S�nart, � Montgeron, Callemin, Soudy, Monier, Bonnot, Garnier et Ren� Valet volent une voiture De Dion-Bouton en tuant le chauffeur, M.Mathilde, puis vont � Chantilly (Oise) braquer l'agence locale de la Soci�t� G�n�rale, abattant au passage deux employ�s, MM. Trinquier et Legendre, et en blessant gravement six autres employ�s, MM. Choquet, Combe, Guilbert, Lesage, Masson et Sitterlin. Le chef de la bande, Jules Bonnot, est mort � Choisy-le-Roi lors d'un si�ge de la police le 27 avril 1912, trois jours apr�s avoir abattu le directeur-adjoint de la S�ret� Nationale, Louis Jouin, � Ivry-sur-Seine. Garnier et Valet meurent dans les m�mes circonstances, le 14 mai 1912, dans une villa de Nogent-sur-Marne. Les membres de la bande se sont �galement rendus coupables : du meurtre d'un veilleur de nuit � Gand (Belgique) le 31 d�cembre 1911 alors qu'ils essaient de voler une voiture dans un garage (auteur du crime : Garnier, complices : Bonnot et Carouy), du meurtre de l'agent de police Garnier place du Havre � Paris le 27 f�vrier 1912 (l'auteur du crime est l'anarchiste Garnier), et d'une tentative d'assassinat sur Me Zintout, notaire, lors d'un cambriolage � Pontoise, le 28 f�vrier. Leurs principaux complices ayant surv�cu, Carouy et Metge, sont condamn�s � perp�tuit�, et Carouy se suicide quelques heures apr�s le verdict en s'empoisonnant. Eug�ne Dieudonn�, accus� d'avoir �t� pr�sent � l'attaque de la rue Ordener, innocent� de toute participation aux crimes par Bonnot dans sa derni�re lettre, fut malgr� tout condamn� � mort, mais gr�ci�.R�veill�s � 4 heures. Monier embrasse son avocat et serre la main de l'aum�nier Geispitz en disant : "C'est � l'ami que je donne la main, et non au pr�tre." Callemin sourit, et refuse qu'on l'aide � s'habiller : "Je n'ai besoin de personne. D'ailleurs, ce n'est pas la peine de mettre grand'chose pour ce petit voyage... Ah ! On m'a rendu mes vieilles bottines !" Quittant sa cellule, dit � ses gardiens : "Mes pressentiments d'hier ne m'ont pas tromp�... Ca y est... Enfin, me voil� libre." SOudy promet d'�tre courageux, embrasse son avocat et demande ce qu'il adviendra de ses camarades. "Si j'allais seul � l'�chafaud, �a ne serait rien. Malade, tuberculeux comme je le suis, je ne perds pas grand-chose." S'habille seul, se coiffe, serre la main de l'aum�nier, demande un verre de caf�, frissonne : "Je tremble... mais je dirai comme Bailly, au temps de la R�volution : c'est de froid, et non de peur !" En allant au greffe, MOnier croise le juge Gilbert � qui il dit : "Je ne vous en veux pas... Adieu !" Soudy chante : "Salut, � mon dernier matin !" Au greffe, Callemin boit un verre d'eau et sourit � Monier, avant de remarquer en riant : "Tiens, je croyais que l'on nous couperait les cheveux en faisant notre derni�re toilette... Mais on nous les coupera en coupant autre chose avec." Monier demande � son avocat de l'accompagner jusqu'� la machine : "Je tiens � ce que vous voyiez mon dernier sourire de M�ridional quand le couteau tombera." L'abb� Geispitz demandant � les assister � leurs derni�res secondes, Callemin r�pond : "Venez, monsieur l'abb�... mais pas en cur�... non, en ami, en consolateur". Seul Monier accepte un seul verre de rhum, puis repousse le second : "Est-ce que vous voulez me griser ? Je n'en ai pas besoin. Je tiendrai bien." Soudy, lui, aurait souhait� deux croissants. Monier remercie deux agents de la s�ret� pour leur amabilit�, puis les trois hommes grimpent dans le fourgon. A l'arr�t, se disent adieu en camarades. Monier, descendant, dit � son d�fenseur : "Vous direz � mes parents que ma supr�me pens�e a �t� pour eux." Soudy descend le premier, souriant. Devant la guillotine, sans regarder le couperet, dit : "Brr...comme il fait froid, ce matin, messieurs..." Monier s'appr�te � passer en second, mais Callemin le devance : "Non, laisse-moi passer avant toi !" Sur le marchepied, remarque avec d�dain : "C'est beau � voir, l'agonie d'un homme..." Enfin Monier sort, p�le mais ferme, et dit � voix haute : "Adieu � vous tous, messieurs... et � la soci�t� aussi !" Petit mouvement de r�sistance sur la bascule, vite contenu.27 f�vrier 191315 mai 1913Jeudi,
3h53B�thune
Pas-de-CalaisAuguste Lhomme40 ans, �lectricien. Tua de 11 coups de couteau Mme Droumont, couteli�re � Lens, 65 ans, le 10 octobre 1912, et pour voler 15 francs, qu'il d�pensa le soir-m�me en boisson et au cin�ma.R�veil � 3h20. "C'est bien." Rien � d�clarer, s'habille et r�pond "Si vous voulez" quand on lui propose de voir son d�fenseur. Parle avec l'aum�nier, se confesse et entend la messe. Accepte un verre de rhum, serre la main � ses gardiens. "On ne meurt qu'une fois." Remarque l'absence d'un gardien : "Mais o� est Grosjean ?" Ex�cution rapide. 300 personnes pr�sentes derri�re les barrages policiers, dont M.Droumont, veuf de la victime, et ses deux fils.14 mars 191311 juillet 1913Vendredi,
3h17ParisGeorges Laage28 ans, marchand forain. Etrangle Jeanne Labro, veuve Lacke, 76 ans, dans la nuit du 10 au 11 juin 1912, h�teli�re au 9, passage de la Ferme-Saint-Lazare pour la voler. Son complice Henri Vervalcke, 26 ans, est condamn� � mort et graci�. L'autre acolyte, Truffard, �cope de vingt ans de bagne.D�j� �veill� quand on rentre dans sa cellule. "Oui... oui... je m'y attendais... Laissez-moi m'habiller." Passe une chemise, un pantalon, prend des papiers, des cartes postales et trois lettres. Au substitut Kioess, il donne une grosse enveloppe libell�e "La v�rit� sur l'affaire", et � Me Viven, les cartes postales et les lettres, destin�es � sa soeur et � sa m�re. Puis il s'int�resse au sort de Vervalcke : "Suis-je le seul � mourir ?" Inform� de la gr�ce de son complice, il verse quelques larmes mais se ressaisit vite : "C'est bien, je paie seul... C'est juste... Je suis le plus coupable ! Je suis un mis�rable assassin, c'est vrai, mais je n'ai jamais �t� un souteneur !" En route pour le greffe, il dit � l'aum�nier : "Mon p�re, je vais mourir ! Je l'ai m�rit� ! Je suis heureux d'expier mes fautes, car je suis un grand coupable ! Je demande pardon � Dieu et � la soci�t�. Vous direz � ma m�re que je suis mort repentant et en pensant � elle !" En descendant du fourgon, il sent des gouttes s'�craser sur son visage : "Tiens, il pleut !" En voyant la guillotine, il a un mouvement de recul. L'aum�nier l'incite au courage et il part sur la bascule.21 mai 191322 octobre 1913Mercredi,
5h53Toulouse
Haute-GaronneLouis AlbusPARRICIDE, 37 ans, jardinier. Tue son p�re Jean et sa m�re Bertrande � coups de b�che � Aucamville dans la nuit du 12 au 13 juin 1912, et vola 800 francs avec lesquels il fit la noce trois jours durant.Suite � un d�cret publi� la veille, guillotine mont�e � l'entr�e de la maison d'arr�t Saint-Michel - � cinq m�tres du battant droit de la porte, oppos� au poste de garde. Pluie battante toute la nuit. Dort profond�ment, doit �tre secou� � 5h20 pour ouvrir les yeux. "Ah !" Aucune d�claration � faire. Prend du caf� noir avec du rhum, puis dit � son avocat � qui il tend une �paisse enveloppe : "J'ai l� quelques papiers. Prenez-les. Ils sont pour vous. Vous les lirez." S'habille. S'entretient avec l'abb� Prouvet, puis va � la chapelle pour entendre la messe. Attach�, rev�tu de la tenue des parricides, nu-pieds. Franchit les portes de la prison tremblant. L'huissier Escat lit l'arr�t de condamnation. On retire le voile, Albus appara�t tr�s p�le et sur un geste de Deibler, est pouss� sur la bascule aussit�t. Corps remis � sa veuve.23 juillet 191306 d�cembre 1913Samedi,
6h54Boulogne-sur-Mer
Pas-de-CalaisAlbert Carlu32 ans, valet de ferme. Dans le bois de Course, � Doudeauville, �gorge � coups de couteau C�line Lecerf, veuve Carlu, 31 ans, cultivatrice, veuve de son cousin et son ancienne patronne, pour se venger d'avoir refus� ses avances, et lui vola 80 centimes le 13 mai 1913.R�veil � 6h25. "C'est bien". S'habille avec calme, entend la messe, se confesse et communie. Fume une cigarette, boit un verre de rhum. Embrasse l'aum�nier en franchissant le seuil de la porte. Par testament, confie sa t�te au m�decin-chef de la prison, mais ayant d�fendu tout examen m�dical ou pr�l�vement sur son corps, ce dernier est inhum� au cimeti�re de l'Est.10 octobre 191324 d�cembre 1913Mercredi,
7h29Dunkerque
NordCl�ment Monvoisin27 ans, souteneur, voleur r�cidiviste, �vad� de Guyane. Dans un soir d'ivresse, abat d'une balle de revolver le marinier Arthur Bernard le 27 juillet 1913 � Dunkerque parce que celui-ci lui avait heurt� accidentellement le pied en dansant.Au r�veil, il devient tout p�le : "Vous direz � Rachel (Richet, sa ma�tresse et prostitu�e) que c'est pour elle que je meurs et vous lui demanderez de venir d�poser des fleurs sur ma tombe." Puis, � l'aum�nier, il dit : "J'ai froid ! Allons, je ne vais pas trembler... je tremble." Au greffe, il h�site devant le verre de rhum : "Non, je n'aime pas le rhum et je ne suis pas alcoolique... Tout de m�me, donnez..." Il fume un cigare que lui offre l'aum�nier avant d'�tre toilett�. "Allons-y", dit-il aux aides. Cigare � la bouche, il arrive devant la guillotine et hurle : "Dunkerquois, vous �tes tous des l�ches !"24 octobre 191316 janvier 1914Vendredi,
7h08M�zi�res
ArdennesFr�d�ric Paul Edmond Delacourt43 ans, �meuleur. Vivant depuis 18 ans � Montherm� avec sa concubine Eug�nie Sury, dont il avait eu deux filles, Delacourt fut chass� par sa ma�tresse le 02 juillet 1913 pour avoir fait des attouchements � leur fille a�n�e Isabelle, 13 ans. Le 09, il rentra de nuit, blessa Eug�nie dans son lit de vingt coups de marteau, frappa Isabelle d'un coup de massue alors qu'elle venait, attir�e par le bruit, et enferma son autre fille � la cave. Eug�nie surv�cut, pas Isabelle.R�veill� � 6h40. Dort profond�ment. Calme, dit � son avocat Me H�non : "Je vais donc pouvoir aller retrouver ma pauvre gamine ! Je savais bien que �a finirait comme cela ! Je vous l'avais bien dit." Refuse d'abord les secours de la religion, puis revient sur son id�e et se confesse. Boit un verre de rhum et fume une cigarette au greffe. Sort de la prison : la machine est dress�e � 1m50 de la porte. Eug�nie Sury, son ex-compagne et victime, est absente, n'ayant pas obtenu du Parquet l'autorisation d'assister � la mort de Delacourt.21 novembre 191306 avril 1914Lundi,
5h14, 5h16Vesoul
Haute-Sa�neUmberto Piccinelli

Joseph Kirstetter

Piccinelli, 22 ans, ouvrier mitron, Italien, tua � coups de hache M.Copatey, son patron, boulanger � Lure, le 28 septembre 1913 et tenta de faire subir le m�me sort � sa femme alors enceinte, et ce afin de les voler.

Kirstetter, Allemand, 39 ans, valet de ferme, assassina � Belfort Marthe Koenig, 19 ans, fille de ses patrons, d'un coup de couteau de boucher au poumon, pour se venger de son licenciement suite � des brutalit�s sur leurs animaux.

R�veill�s � 4h. On traduit la sentence en allemand � Kirstetter, qui en reste abattu. Sans dire un mot, Piccinelli se l�ve et s'habille puis demande � entendre la messe. Les deux hommes sont s�par�s pour la toilette : Kirstetter boit un verre de rhum, mange une tranche de jambon et fume une pipe en grommelant : "C'est malheureux ! Les innocents sont d�capit�s et les coupables courent les champs." Apr�s la toilette, Piccinelli reste avec l'abb� Bellot et Kirstetter avec son avocat, Me Bergeret. Ce dernier demande qu'on lui bande les yeux, mais en vain. Piccinelli sort le premier, p�le, les jambes flageolantes.Sur la bascule, il pousse un cri rauque. Kirstetter descend les marches en fixant le couperet du regard. Des applaudissements se font entendre : M.Ko�nig, le p�re d'une des victimes, assiste � l'ex�cution.12 f�vrier 1914

13 f�vrier 1914

17 avril 1914Vendredi,
4h35Versailles
Seine-et-OiseFran�ois Prigent25 ans, peintre. Tua � coups de marteau le contrema�tre Fortin sur un chantier ferroviaire de Villeneuve-Saint-Georges le 28 juin 1913, mais n'eut pas le temps de s'emparer de la paye des ouvriers faute de temps.R�veill� � 4h10, le procureur lui frappe sur l'�paule. Se laisse habiller. Accepte de discuter avec son avocat et l'aum�nier, mais ne manifeste aucune �motion : "Je savais bien que cela m'arriverait. On me l'avait pr�dit en maison de correction." Se confesse, entend la messe et communie. Toilette rapide au greffe. Recul devant la guillotine.17 f�vrier 191411 juillet 1914Samedi,
3h20Nevers
Ni�vreRobert Fabre19 ans, voleur, �vad� de Poissy le 10 octobre 1913, arr�t� pour vols le 14 novembre et incarc�r� � Cosne-sur-Loire (dont il s'�vade une journ�e durant en novembre). Simulant la l�thargie, assomme d'un coup de barre de fer et �gorge d'un coup de couteau le gardien Edm� Bontemps, 73 ans, pour s'�vader de l'asile de La Charit�-sur-Loire, le 05 f�vrier 1914. Captur� le lendemain.R�veill� � 2h30, dormait bien, doit �tre secou� par le procureur pour ouvrir les yeux. "C'est bien", dit-il avant de s'habiller. Se confesse, entend la messe et communie. Remercie son avocat, puis va au greffe. Boit un verre de rhum et fume une cigarette avec calme. Grand mouvement de recul en voyant la guillotine quand les portes s'ouvrent. Un aide lui retire le veston qu'il portait sur les �paules avant qu'il ne soit bascul�.11 mai 191417 juillet 1914Vendredi,
3h22Tours
Indre-et-LoireMaurice Doucet24 ans, clerc de notaire, repris de justice. Dans un bois de Mazi�res, tend un guet-apens et �trangle le jeune encaisseur Gisors, 16 ans, le 17 mars 1914. Butin : 6.000 francs. Son complice, un adolescent de 15 ans, Paret, est condamn� � vingt ans de bagne.R�veill� � 2h50. Dormait bien, mais r�pond avec malice au procureur : "D'abord, mon pourvoi et mon recours en gr�ce ne peuvent pas avoir �t� rejet�s, puisque je ne les ai point sign�s. Mais soyez tranquilles : je resterai calme jusqu'au bout. Je me doutais que ce serait pour ce matin, j'avais vu hier le directeur de la prison en grande conf�rence avec son coll�gue de la centrale de Fontevrault. Cela m'avait donn� � r�fl�chir, et j'avais fait part de mes id�es � mes gardiens." Un gardien confirme. S'habille seul, enfilant m�me ses chaussures, puis dit : "Et mon verre de rhum ? J'y ai droit, je pense." Boit deux verres, puis discute avec son avocat, et demande � pouvoir embrasser sa ma�tresse Berthe Cognet. L'avocat lui dit que c'est impossible : Doucet n'insiste pas. Se confesse, entend la messe, puis va au greffe pour subir la toilette. Se plaint que ses mains soient trop serr�es, puis dit au bourreau : "C'est vous, Monsieur Deibler ? Je suis heureux de faire votre connaissance !" Traverse la cour d'un pas ferme. Croisant un gardien, dit : "Au revoir, monsieur Chatrier ! Non, je me trompe : adieu !" Au public, crie : "Bonjour les amis ! A mort, Tours ! A mort, Tours ! A mort, Tours !" Embrasse le crucifix, se laisse basculer en criant : "Adieu les amis ! Courage ! Un, deux..." Pousse un hurlement violent quand la lunette s'abat.19 juin 191406 octobre 1914Mardi,
16h30Suzanne (Somme)Omer Louis Roby26 ans, soldat au 43e RIC. Le 04 octobre 1914, � Maricourt, abandonne son poste puis viole sa logeuse, Elise Dumonchot, avant de la tuer et de lui voler un porte-monnaie et une montre en or.Fusill� une heure apr�s le jugement.06 octobre 191427 novembre 1914Vendredi,
7h30Bar-le-DucFranz Josef Ott24 ans, brancardier allemand de la 3e compagnie sanitaire du 16e corps d'arm�e. Fait prisonnier le 08 septembre 1914, auteur de m�me que les autres soldats de sa compagnie de pillages, d'incendies volontaires et d'assassinats commis notamment le 23 ao�t 1914 � Malavillers, et le 05 septembre � Vraincourt.Fusill� route de Saint-Dizier10 octobre 191423 d�cembre 1914Mercredi,
5h15Bastia
CorseFran�ois "Cecco" Tomasini34 ans, boucher � Carreja. Dej� condamn� pour meurtre � 5 ans d'emprisonnement en 1907. Dans une taverne de Barchetta, provoqua et abattit d'un coup de fusil un vieillard, Roch Sarti, le 09 novembre 1913, puis se rendant � la ferme de sa victime, tua de trois coups de fusil le gar�on de ferme F�lix Gabrielli, puis fit main basse sur une montre et un peu d'argent.Horriblement surpris : s'attendait � �tre graci�. Accepte les secours de la religion, meurt courageusement.25 juillet 191430 janvier 1915Samedi,
9hCourtisols (Marne)Alexis Jean Marie Oho21 ans, cavalier de 2e classe au 14e Hussards. Au cours d'une tentative de cambriolage � main arm�e durant la nuit du 14 janvier 1915 dans une �picerie de Marson, blesse la propri�taire, Mme Delaval, puis tente �galement d'assassiner son sup�rieur, le mar�chal des logis Coudray.Ex�cut� � l'Ambulance 7/4.29 janvier 191505 avril 1915Lundi,
6hRennes
Ille-et-VilaineKarl "Gotthold" Vogelgesang24 ans, soldat allemand au Fusilier Regiment 36 de Magdeburg. Bless� et fait prisonnier lors de la bataille de l'Ourcq dans la Marne en septembre 1914, fut d�couvert en possession d'un carnet dans lequel il relatait ses sc�nes de pillage et plusieurs meurtres de bless�s fran�ais qu'il achevait sans piti�. Inculp� pour 28 massacres de civils et 83 incendies entre le 16 et le 18 ao�t 1914.Fusill� au polygone.26 f�vrier 191514 avril 1915Mercredi,
15hToul (Meurthe-et-Moselle)Paul-Eug�ne Durand29 ans, gardien de la paix � Paris, soldat au 2e r�giment d'artillerie coloniale. Abat � coups de revolver Charles Meyer, Gaston Chaty et Constant Jacquard, habitants du village de Bl�nod-les-Pont-�-Mousson qui l'avaient surpris en plein cambriolage le 13 janvier 1915.Fusill� dans les foss�s des fortifications.13 avril 191517 avril 1915Samedi,
4h35Versailles
Seine-et-OiseAndr� MartinPARRICIDE. 18 ans, tua ses parents d'une balle dans la t�te pendant leur sommeil le 26 d�cembre 1913 � Cumi�res dans la Marne. Mobile : h�riter de leur argent plus rapidement. Condamn� une premi�re fois � Paris (la Marne �tant au milieu de la guerre), jugement cass�, rejug� dans la Seine-et-Oise.R�veill� � 4h05. Calme, se l�ve, s'habille seul. Parle avec son d�fenseur Me Pichon puis entend la messe et communie en compagnie de l'abb� Chesnais. Accepte ensuite une tasse de caf� arros�e de cognac. Au greffe, rev�t la tenue des parricides. Arriv� au pied de la guillotine, se retourne pour embrasser Me Fichon, son d�fenseur, tandis que l'huissier lui lit l'arr�t de mort. Ex�cution R.A.S.10 d�cembre 1914, 07 mars 191513 mai 1915Jeudi,
4hMaizy (Aisne)Fran�ois Marie Bihouise36 ans, scieur de long, soldat de 2e classe au 88 RIT. Tente d'assassiner, le 12 mai 1915 � Blanzy-les-Fismes, le sous-lieutenant Grillet.Fusill� sur la route de Glennes.12 mai 191520 mai 1915Jeudi,
5h30Ningles
Pas-de-CalaisJules D�sir� Mercier36 ans, chauffeur, soldat au 5e territorial. Le 21 mars 1915, � Wimereux, ivre, refuse d'ob�ir au caporal Lucien Deschodt, 41 ans, qui vient lui ordonner de prendre son tour de garde. Face � son insistance, le frappe d'un coup de poing dans la figure, auquel Deschodt riposte � coups de lanterne. Bless� au visage, apr�s avoir �t� soign� � l'infirmerie, Mercier abat Deschodt d'une balle en pleine t�te.Fusill� au champ de tir d'Alprech.02 avril 191525 juin 1915Vendredi,
21h30Vauvillers (Somme)Julien Pierre Mons23 ans, soldat au 52 RI. Tente d'assassiner le 25 juin � Vauvillers le capitaine Marchal de deux coups de feu. Pr�c�demment condamn� � deux ans de prison pour d�sertion.Fusill� au nord-est du village.25 juin 191516 juillet 1915Vendredi,
6hBraines (Aisne)Emil Pollert23 ans, instituteur, soldat prussien de 2e classe au 21 RI, prisonnier de guerre. Tentative d'assassinat sur des soldats fran�ais.Fusill� pr�s des hauteurs de la Folie15 juillet 191522 juillet 1915Jeudi,
3h20Nancy
Meurthe-et-MoselleJoseph Lagarde35 ans, tailleur de pierres. Le 24 janvier 1913, tue de deux coups de hache dans la t�te le livreur de caf� Paul Mougel, pr�s du fort de Roulon dans les Vosges. Recherch� par la police, parvient � leur �chapper le 29 janvier. Le 23 mars 1914, assomme � coups de gourdin � Max�ville le d�bitant de boissons Deleau pour voler sa caisse, qui contient cent francs. Deleau meurt 24 heures apr�s l'agression. Condamn� d'abord � Nancy, puis lors d'un second proc�s � Chaumont (les Vosges �tant en plein champ de bataille).A l'arriv�e des autorit�s, � 2h30, d�j� r�veill�, fume une cigarette debout � c�t� de son lit. R�pond fermement : c'est bien. Entend la messe. Toilette rapide. En franchissant le seuil de la prison, crache la cigarette qu'il avait � la bouche, et embrasse le crucifix.27 mai 1914, 20 mai 191530 juillet 1915Vendredi,
5hHartennes (Aisne)Henri Louis Chassaigne39 ans, soldat de 2e classe au 321e RI. Le 28 juillet 1915, sur la c�te de Villemontoire, tire un coup de feu sur le sous-lieutenant Rambaud qui lui fait une remontrance, manquant l'abattre d'une balle en pleine t�te mais ne touchant que son k�pi.29 juillet 191511 ao�t 1915Mercredi,
6hToul (Meurthe-et-Moselle)Arthur Louis Joann�s24 ans, cannonier, ouvrier d'usine � Saint-Nicolas-du-Port. Tente de cambrioler la cantine du fort de Pagny-la-Blanche-C�te le 13 juillet 1915. Surpris par la propri�taire, Mme Bourr�e, 34 ans, la blesse gri�vement de 42 coups de couteau, la laissant estropi�e.Fusill� dans les foss�s des fortifications.10 ao�t 191522 ao�t 1915Dimanche, 7h20Westvleteren (Belgique)Pierre-Marie Charles R�gnier39 ans, coiffeur, soldat du 80e RIT. Le 18 juin 1915, � Woesten, assassine de cinq balles le soldat Charles Delpit, 39 ans, du m�me r�giment que lui, avec lequel il avait connu de nombreux diff�rends.03 ao�t 191505 septembre 1915Dimanche, 7hKrombeke (Belgique)Marc Emmanuel21 ans, gar�on de caf�, chasseur au 3e BMILA. A Eikhock (Belgique), le 20 ao�t 1915, tentative de tuer le chasseur Jodart qui l'avait surpris en flagrant d�lit de vol des biens de M.Bory en compagnie de trois complices, puis menace et outrage l'adjudant-chef Ponceau en le braquant et en le traitant de "boche". Le chasseur Lafor�t est condamn� � dix ans de travaux publics et les chasseurs Rolla et Mogenet aux travaux forc�s � perp�tuit�04 septembre 191511 septembre 1915Samedi,
5h30Giromagny (Haute-Sa�ne)Ahmed ben Abdelkerim24 ans, chauffeur, Tunisien, soldat de 2e classe au 21e de marche du 2e �tranger. Le 04 juin 1915, dans les tranch�es de Sillery, assassine le l�gionnaire Kling et tente de tuer le sergent S�chaud, qu'il blesse � la cuisse d'un coup de fusil.Fusill� � trois cents m�tres � l'ouest du cimeti�re.09 septembre 191523 octobre 1915Samedi,
5h25Marseille
Bouches-du-Rh�neJacques Bonnabot26 ans, cultivateur, soldat de 2e classe au 24e r�giment d'infanterie coloniale bas�e � Perpignan. Ayant d�sert� cinq jours plus t�t, le 24 avril 1915, � Marquixanes (Pyr�n�es-Orientales), viole et �trangle Ang�le Demonte, �pouse Fieux, 38 ans, viticultrice, puis la vole, avant de mettre le feu � la maison. Condamn� par le conseil de guerre de Montpellier, arr�t cass�, rejug� � Marseille.R�veill� � 5h. "Ca va bien". S'habille lentement, entend la messe. Lecture du jugement sur place. Fusill� au champ de tir du Pharo.31 juillet 1915, 11 septembre 191504 d�cembre 1915Samedi,
15h30Saint-Maurice-sur-Mortagne
VosgesJean Th�rin26 ans, mineur, soldat de 2e classe. A Saint-Maurice, le 02 d�cembre 1915, se f�che contre ses camarades et quitte le camp, muni d'un fusil avec sa ba�onnette. Arr�t� par une sentinelle � l'entr�e du village, sur la route de Roville, met le soldat en joue pour que celui-ci le laisse passer. A Roville, de nouveau arr�t� par une seconde sentinelle, le soldat Fernand Launoy, 29 ans, le blesse mortellement d'un coup de feu dans la cuisse.03 d�cembre 191519 f�vrier 1916Samedi,
6h30Champagney (Haute-Sa�ne)Alfred Mathieu36 ans, mineur, canonnier servant au 114 RA. Le 04 d�cembre 1915, au hameau de Noirmouchot, commune de Plancher-Bas (Haute-Sa�ne), assassine le lieutenant Bernardot, menace de mort l'adjudant Chamonard et tire un coup de carabine sur les canonniers qui venaient l'arr�ter sans les toucher.17 f�vrier 191603 mars 1916Verdun (Meuse)A�t ben Ahmed Abdallah21 ans, Marocain, soldat � la 15e compagnie de tirailleurs marocains. Meurtre.Fusill� dans le bois de Sartelles.01 mai 1916Lundi,
4h06Marseille
Bouches-du-Rh�neGiovanni Antonio Casetta23 ans, soldat � la l�gion garibaldienne (1er r�giment �tranger de marche). Durant son sommeil, tue � Avignon le 04 mai 1915 � coups de tisonnier le lieutenant Angelo Mario Arizio, 38 ans, de la l�gion �trang�re, dont il �tait l'ordonnance.Demande les secours de la religion. Meurt courageusement. Fusill� au Pharo.18 mars 191610 juin 1916Samedi,
3h15Tours
Indre-et-LoireLouis Lef�vre57 ans, ouvrier agricole. Commet un triple assassinat � coups de b�ton sur Mme Dormeau, 35 ans, et ses enfants Odette, 10 ans, et Pierre, 5 ans, � Pezou (Loir-et-Cher) le 19 janvier 1915. Condamn� � Blois, arr�t cass�, recondamn� � Tours. Lien vers une page contenant des photos. ATTENTION : le contenu de ces documents est de nature � choquer les plus sensibles !R�veill� � 2h40. Ne dit pas un mot. Accepte un verre de rhum, entend la messe, fume deux cigarettes. Se d�bat un peu devant la bascule de la guillotine mont�e sur le boulevard B�ranger, mais est vite ma�tris�. Meurt la cigarette aux l�vres. Remis � la Facult�.17 novembre 1915, 25 mars 191610 ao�t 1916Fricamps (Somme)Claude Emile Aristide Coudert42 ans, vigneron, soldat au 49e R�giment territorial. En compagnie d'un autre soldat, d�serte le 22 mai 1916, et au hameau d'Algoutte, commune de Ban-de-Laveline (Vosges), attaque une ferme o� il se fait servir � boire par la fermi�re et sa fille de 16 ans, sous la menace d'une arme. D�robe �galement les bijoux de la fermi�re et 117 francs, mais la femme s'interpose quand Coudert parle d'enlever sa fille adolescente : elle est alors abattue d'un coup de fusil. Arr�t� cinq jours plus tard. Son complice est condamn� � ?06 juillet 191611 ao�t 1916Saint-Lumier-la-Populeuse (Marne)Moktar ben Tidjani ben SalemTunisien, tirailleur de 2e classe au 3e RMT. Tentative d'assassinat et de meurtre sur deux camarades.21 ao�t 1916Lundi,
5h55Rennes
Ille-et-VilainePierre-Marie Lagr�e20 ans, soldat du 1er RIC. Le 02 d�cembre 1915, � Fermanville (Manche), agresse et �trangle avec un mouchoir le soldat Edouard-Louis Bitel, 19 ans, du 1er r�giment d'infanterie coloniale, � qui il d�robe porte-feuille et porte-monnaie. Le 03 janvier 1916, au Quessoy (C�tes-du-Nord), tue Mme Monvieux, sa fille Marie, 8 ans et son fils Joseph, 4 ans, en les �gorgeant � coups de couteau au point de les d�capiter et vole 50 francs. Le 14 juillet 1916, au retour de sa promenade, tente de s'�vader en frappant de quatre coups de ba�onnette le mar�chal-des-logis Bourdennec qui le surveillait.R�veill� � 4h45. Dormait bien, prend la nouvelle avec calme, dit n'avoir aucune d�claration � faire. Entend la messe de l'aum�nier Carr�, puis communie. S'entretient avec le pr�tre en attendant le v�hicule. A bord d'une ambulance, se rend au Polygone. Une centaine de personnes pr�sentes route de Saint-Jacques, qui m�ne au lieu d'ex�cution. Temps brumeux qui emp�che de voir. Attach� au poteau, entend la sentence. Le capitaine Dauvillier, rapporteur, lui demande � nouveau s'il n'a pas de d�clarations. "Si, mon capitaine. Je suis coupable de deux autres crimes, commis par moi aux environs de New York. Je demande pardon aux hommes, � Dieu, et � mon r�giment." Remercie son avocat, et sollicite du sergent Pi�tri l'autorisation de mourir debout sans bandeau. La seconde partie est refus�e.25 juillet 191603 octobre 1916Mardi,
6hBrottes (Haute-Marne)Emile Houtmann23 ans, ma�on, soldat au 21e RI. Bless� � Verdun, soign� � l'h�pital de Chaumont, s'�chappe le 14 juillet 1916 et cambriole une maison, avant, dans la soir�e, de blesser mortellement � coups de couteau l'artilleur Gabriel Richard, 29 ans, qu'il venait de croiser dans la rue. Richard meurt � l'h�pital trois jours apr�s. Ses deux complices sont condamn�s aux travaux forc�s � perp�tuit�.17 ao�t 191620 novembre 1916Lundi,
7h15M�rignac (Gironde)Gabriel Joseph Daudirac38 ans, serrurier, cambrioleur, ancien complice des tueurs de Langon. Condamn� � cinq ans de r�clusion en 1908. Mobilis� comme ouvrier � l'usine Dyle et Bacalan. Devenu l'amant d'une femme mari�e, Alice Fatin, 24 ans, la d�pouille de son argent en usant de menaces. Comme elle menace de la quitter, le 21 ao�t 1916, chez elle, au 21, rue des Pontets � Bordeaux, l'abat de deux balles de revolver et se tire une balle dans la t�te, ne parvenant qu'� s'�rafler le front.R�veill� � 6 heures. "C'est bien." Essuie une larme, et demande pardon � Dieu. S'habille seul. "Je regrette de ne pas avoir vu ma femme avant de mourir." Prie au parloir de la prison militaire en compagnie de l'abb� Redon. Calme, tremble � un seul instant. Boit trois tasses de caf� au rhum, qu'il sucre lui-m�me. Fume deux cigarettes en parlant � son avocat. Part de la prison � 6h50. Le chauffeur se trompe de chemin et doit faire un d�tour pour arriver au champ de tir de Luchey-Halde, situ� entre Pessac et M�rignac. Cigarette aux l�vres, va vers le poteau sans assistance, se laisse bander les yeux.12 octobre 191621 novembre 1916MardiVilleurbanne (Rh�ne)Justin Marius Follis20 ans, soldat au 4e bataillon de chasseurs � pied. Abat � coups de revolver Jean Parodi,
marchand d'oeufs, 43 ans, � Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) le 14 mars 1916 pour le voler. Condamn� en premi�re instance � Marseille, arr�t cass�, rejug� � Lyon. Son complice Justin Gilly est condamn� � dix ans de travaux forc�s.Fusill� au stand de tir de la Doua.20 juillet 1916, 10 octobre 191629 novembre 1916Somme-Suippe (Marne)Louis-Marie Legendre33 ans, caporal du 225e RI. Le 31 ao�t 1916, au camp All�gre, non loin de Saint-Jean-sur-Tourbes, ivre, abat d'un coup de fusil son sup�rieur, le sergent Fran�ois Louis Bailleul, 32 ans, apr�s une remontrance.03 novembre 191604 d�cembre 1916Lundi,
8hLe Ch�tenois
VosgesClaude Victor Magnouloux33 ans, chaudronnier dans le civil, soldat au 20e bataillon de chasseurs, condamn� au front plusieurs fois pour retard, blessure involontaire sur camarade. Puni de quatre jours de prison par le sous-lieutenant Jean-Marcel Verdier le 22 septembre 1916 � Harbonni�res (Somme) parce qu'il a �t� absent ce jour-l� d'une revue de troupes, en �tat d'ivresse avanc�e (il a bu au moins trois litres de vin), le blesse mortellement de trois balles. Il blesse �galement le soldat Ren� Lerousseau, mais la plaie est sans gravit�. Verdier, 25 ans, instituteur dans le civil, d�c�de le 23 septembre au matin � l'h�pital de campagne de Cayeux-en-Santerre. Condamn� par le Conseil de Guerre � Harbonni�res, puis apr�s cassation le 08 octobre, est rejug� par le Conseil de Guerre de la 120e DI si�geant � Coix (Somme).Pass� par les armes au sud du village, direction Mirecourt, � l'ouest de la voie ferr�e, par un piquet de chasseurs � cheval. Atteint de huit balles, sept au coeur et une dans la t�te, il ne re�oit pas de coup de gr�ce. Il est mentionn� sur les registres comme "tu� par l'ennemi et mort pour la France".27 septembre 1916, 26 octobre 191623 d�cembre 1916Guindrecourt-aux-Ormes (Haute-Marne)Messaoud ben Belkacem Benchelighem21 ans, Alg�rien, soldat du 3e R�giment de marche. Le 04 octobre 1916, assassine le caporal Chabal et un autre tirailleur.16 novembre 191630 d�cembre 1916Samedi,
7h05ParisJean Roose20 ans, Belge. Tua � coups de marteau et �gorgea au rasoir Charles Verbeck, 45 ans, ouvrier agricole belge, dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1916 � Mormant (Seine-et-Marne) pour voler 705 francs. Dans la nuit du 30 avril au 1er mai suivant, dans un h�tel du 12, rue de la Charbonni�re, �gorge � coups de rasoir Edouard Van den Berghe, 29 ans, journalier belge, pour voler 298 francs. Son complice Camille Bolle, 18 ans, est lui aussi condamn� � mort et graci�. Un troisi�me complice, Henri Mortel�, est condamn� � vingt ans de bagne.D�j� r�veill� � l'arriv�e des officiels, � 5h50. Serre la main de Me Maurice Gar�on et de l'abb� de Lacroix, puis �crit une lettre de quatre pages � son fr�re. En la terminant, dit : "Autant s'arr�ter maintenant, sinon, j'�crirais encore comme cela pendant 24 heures." Entend la messe. Pr�cipitation pour la suite, car une heure s'est d�j� �coul�e depuis le r�veil. En sortant dans la cour, remarque : "Tiens, il pleut." Peu de monde en raison de la guerre. Voudrait parler, mais le temps presse. Il s'agite un peu, et un des aides lui dit "Du calme, mon gar�on, du calme." Ex�cution rapide.24 octobre 191620 janvier 1917Samedi,
6h55Lyon
Rh�nePaul Badin19 ans, �trangle au Petit-Parilly le 17 janvier 1916 Mme Ched�al, 73 ans. Sa petite-fille, Jeanne, 5 ans, ayant assist� au crime, il l'�trangle et lui casse la t�te � coups de talon. Il s'enfuit avec 95 francs et des bijoux.R�veill� � 6h. Etait assis sur son lit quand le directeur entra dans sa cellule. "Je vous attendais. J'avais eu un cauchemar l'avant-derni�re nuit." Il ne fit aucune d�claration, passa ses v�tements et but une tasse de caf� avant la toilette. Il marcha fermement vers la guillotine.28 octobre 191621 avril 1917Samedi,
5h10Rouen
Seine-Inf�rieureMarius Alexandre Paudi�re37 ans, ouvrier confiseur, d�serteur du 236e r�giment d'infanterie. Le 1er d�cembre 1916, � Rouen, �trangla et tua � coups de marteau, Lucienne Accard, 16 ans, dont il allait �pouser la m�re, pour voler 35 francs.R�veill� � 4h25. Dormait bien. Annonce au procureur Bazenet : "Je vous attendais. J'aurai du courage." Demande l'assistance d'un pr�tre, entend la messe et communie. Confie � son avocat, Me Dieusy, plusieurs lettres, dont une destin�e � sa m�re. Au greffe, boit une tasse de caf� largement coup�e de rhum et fume une cigarette. Descend du fourgon, m�got aux l�vres, embrasse l'aum�nier puis, calme et sans crainte, avance � l'�chafaud.24 f�vrier 191703 juillet 1917Mardi,
4hVilleurbanne (Rh�ne)Ernest Joseph Terrier22 ans, soldat du 133e r�giment d'infanterie. Assassine le 21 janvier 1917 � Romilly (Haute-Savoie) la veuve Rosalie Chavanel, 70 ans, pour lui d�rober quelques milliers de francs.Fusill� � la butte de tir du Grand Camp, terrain de la Doua.11 mai 191720 juillet 1917Vendredi,
4h45Saintes
Charente-Inf�rieureC�lestin21 ans, d�serteur du 418e r�giment d'infanterie. Assomme � coups de pelle et poignarde Julien Papillaud, 74 ans (5 coups de couteau) et sa soeur Germaine, 66 ans (10 coups de couteau), ses anciens ma�tres, pour les voler le 31 ao�t 1916 � Villemorin. Le 17 novembre 1916, tente de s'�vader de la prison de Saint-Jean-d'Ang�ly en assommant le gardien-chef d'un coup de cruche. Ses complices, �galement d�serteurs, sont condamn�s � des peines bien inf�rieures : F�lix Tourel � 3 ans de prison, Raoul Redon est acquitt�.R�veill� � 4h15. Proteste vivement : "C'est pas juste ! C'est la faute � Tourel, c'est lui qui a tout fait, et je meurs pour lui !" Demande � parler - en vain - � son �pouse. S'entretient avec l'aum�nier bri�vement. Refuse cognac, caf� et cigarette dans le but d'aller au plus vite. Peu de monde pr�sent.02 mai 191725 juillet 1917Mercredi,
4h45ParisL�on Jean Spo�tlerPARRICIDE, 20 ans. A sa sortie de prison, le 29 novembre 1916, alla avec deux complices chez son p�re Jules, marchand de journaux rue Montmartre. Ils l'�trangl�rent pour voler 400 francs, un revolver et des bijoux. Son complice, Andr� Gr�ze, 19 ans, condamn� � mort, est graci�. Son autre complice, Charles Garche, 20 ans, � vingt ans de bagne.D�j� r�veill� � l'entr�e des officiels. Tr�s calme : "Apr�s ce que j'ai fait, je n'ai plus le droit de vivre. On a raison de me supprimer, je suis un exemple des jeunes gens qui tournent mal." Puis s'adressant au juge Gilbert : "Quand vous aurez de jeunes accus�s, racontez-leur ma conduite et dites-leur tous les regrets qu'elle m'inspire, cela leur �vitera de faire comme moi." Ecrit une lettre � sa soeur et la confie au pasteur Arboux, avant de se mettre � pleurer. La toilette est rapide, et il est rev�tu de la tenue des parricides. Arriv� boulevard Arago, marche sans d�faillir vers la bascule.26 mai 191707 ao�t 1917Mardi,
5hMontbrison
LoireJean Duplay22 ans, d�serteur. Assassin du fermier Coignet � Rochetaill�e le 11 mars 1917 pour le voler. Son fr�re Antoine est condamn� � vingt ans de travaux forc�s.Entr�e des officiels � 5h20. Duplay est d�j� r�veill�, s'habille seul. Entend la messe, communie. Promet d'avoir du courage. Se plaint d'avoir les poings et les chevilles li�s. A l'entr�e de la prison, avant d'�tre bascul�, embrasse l'aum�nier.17 mai 191712 septembre 1917Neuviller-sur-Moselle (Meurthe-et-Moselle)Konan BoS�n�galais, soldat au 68e BTS. Assassine une femme � Neufmaisons le 03 ao�t 1917, et tentative d'assassinat.28 septembre 1917Vendredi,
6hMontpellier
H�raultBasile Th�odule Buttard21 ans, soldat au 20e G�nie. Tua d'un coup de couteau de tranch�e dans le coeur, durant la nuit du 05 au 06 f�vrier 1917 sa ma�tresse Alix Aubert, 30 ans, prostitu�e, 10, rue Castelnau � Montpellier, pour la voler.Crie aux troupes assistant � son supplice : "Ne faites pas comme moi ! N'�coutez pas les femmes ! Maintenant, allez-y !" Fusill� � la citadelle du G�nie.31 juillet 191705 octobre 1917Droisy (Aisne)Hassen ben Salah ben M'BareckTunisien, tirailleur au 8e RMT. Meurtre et tentatives de meurtres.13 octobre 1917Houdainville (Meuse)Kaddour Ould EmbareckMarocain, spahi de 2e classe au 2e r�giment de spahis. Viol et meurtre.20 novembre 1917Mardi,
7h10Angoul�me
CharenteAugustin Tissier54 ans, fermier � Touverac. Endett�, dut vendre sa propri�ta � son voisin, Th�ophile Furet. Le 29 avril 1917, Furet, permissionnaire (il �tait mobilis�), va visiter sa nouvelle ferme avec son �pouse. Tissier l'abat d'une cartouche de fusil de chasse en pleine poitrine, avant d'aller manger, se raser et se d�noncer aux gendarmes.06 septembre 191705 d�cembre 1917Mercredi,
7h23VincennesRen� Gaston Robert Minangoin33 ans, adjudant au 19e escadron du train des �quipages, ancien dessinateur � la Compagnie de chemins de fer. Voulant refaire sa vie, profite d'une balade en barque sur la Seine, � Villennes-sur-Seine (Seine-et-Oise) le 03 mai 1917 pour noyer sa femme Yvonne et ses deux enfants, Gaston, 9 ans, et Odette, 5 ans.Arrive sur place � 7h20. Se rend au poteau d'un pas ferme, cigarette aux l�vres. Refuse de se laisser bander les yeux, regarde une derni�re fois la photo de son �pouse et de ses enfants qu'il avait dans la poche. Fusill� au Polygone de la Maison-Blanche. Premi�re ex�cution par fusillade en r�gion parisienne d'un criminel de droit commun depuis le d�but de la guerre.04 septembre 191718 f�vrier 1918Lundi,
6h55VincennesPhilibert Margottin22 ans, soldat. D�serteur �vad� � quatre reprises, arr�t� le 5 juillet 1917 � Bobigny en compagnie de Camille Pygmalion, 18 ans, blesse de de deux balles de revolver dans le visage le gendarme Ramada puis s'enfuit vers Pantin. Tue d'une balle dans le ventre le bigadier Billon, blesse les sous-brigadiers For�t et Petrez, les agents Bougrain et Dubail, puis abat de deux balles dans la t�te le gendarme Boussedayne. Pygmalion, condamn� � mort �galement, est gr�ci�.Reveill� � 5h45. Dormait bien. Peu d'�motion, s'habille seul, fume plusieurs cigarettes. Parle avec l'avocat, Me Valud, qu'il prie d'aller voir sa soeur pour lui dire que sa derni�re pens�e fut pour elle. D�clare : "Je reconnais que j'ai m�rit� le ch�timent, et d'ailleurs, j'aime mieux mourir que de rester ainsi enferm�." Demande � parler avec l'aum�nier, se repent et promet d'expier avec courage. Descend de voiture sur place, va d'un pas ferme vers le poteau, refuse qu'on lui bande les yeux. Quand on l'attache, crie "Camarades, visez droit au coeur." Coup de gr�ce donn� par un adjudant. Fusill� � la Caponni�re.04 d�cembre 191726 mars 1918Mardi,
6hFurnes (Belgique)Emiel Ferfaille26 ans, mar�chal des logis dans l'artillerie. Le 27 octobre 1917, dans un champ de Furnes, tue � coups de marteau et �trangle sa ma�tresse Rachel Ryckewaert, 20 ans, domestique de ferme, enceinte de quatre mois (Ferfaille �tant le p�re) et dont il voulait se s�parer apr�s l'avoir trop h�tivement demand�e en mariage.Exceptionnellement, la gr�ce est refus�e par le roi - comme pour douze autres soldats, dont trois meurtriers, durant la guerre -, mais pr�cise que l'ex�cution se fera par la guillotine, ce qui n'�tait pas arriv� depuis 1863. Faute d'ex�cuteurs sur place, la France pr�te bourreaux et guillotine � la Belgique. Apr�s un p�riple en train et en camion, l'�quipe arrive en retard d'une journ�e. Ville sous les bombardements : on monte la machine sur la grand-place, puis on se r�sout � la transf�rer dans la cour de la maison d'arr�t locale, en laissant les portes ouvertes, publicit� oblige. A son r�veil, h�b�t� Ferfaille g�mit : "C'est impossible ! Le roi n'a pas voulu �a ! C'est affreux... la peine de mort n'existe plus. Mon Dieu ! Sauvez-moi !" Une bombe tombe tout pr�s, faisant exploser les vitres du greffe, et Ferfaille redouble de cris : "Je ne veux pas mourir comme �a ! Je veux aller me battre, me faire tuer pour mon pays ! Mais pas �a !" Deibler, paniqu�, presse le mouvement. Le condamn� crie : "Vive la Belgique !" avant de basculer. Une trentaine de spectateurs pr�sents � peine.29 janvier 191812 avril 1918Vendredi,
5h35Lyon
Rh�neCharles Flaguais28 ans, jockey, d�serteur assassin de son caporal, se rend le 27 mai 1917 chez Aude-Beno�te Gaty, veuve Rollin, demeurant au hameau de M�r�ge, � Saint-Didier de Chalaronne (Ain). Sous pr�texte d'acheter de la paille, il se fait offrir un verre de vin et tue la veuve Rollin � coups de maillet et d'un poids de 5 kgs avant de voler 2.400 francs en or. Condamn� une premi�re fois � Bourg-en-Bresse, arr�t cass�, rejug� par les assises du Rh�ne.S'attendait � mourir. Entend la messe, se confesse, communie, et demande � l'aum�nier de dire adieu � ses parents en son nom. Arriv� devant l'�chafaud, salue ses gardiens : "Bonsoir, Messieurs !" Peu de monde pr�sent, temps clair.10 septembre 1917, 24 janvier 191817 avril 1918Mercredi,
5h40Rouen
Seine-Inf�rieureGaston Declercq33 ans, facteur. Satyre assassin de Marcelle Deuwel, fille de sa voisine, 6 ans, � Loon-Plage (Nord) le 13 juin 1917. Il l'attira chez lui en lui offrant un bouquet de fleurs, et quand il tenta de la violenter, elle se d�battit. Il l'attrapa par les pieds, lui fracassa la t�te sur le carrelage, puis abusa d'elle. Le lendemain matin, apr�s avoir coup� une m�che de cheveux en souvenir, il alla discr�tement enterrer le corps dans un champ de pommes de terre. Il avoua peu apr�s que les gendarmes aient retrouv� le corps. Douai, si�ge des assises du Nord, �tant trop proche du front, Declercq fut condamn� � Rouen.Entr�e des officiels � 5h05. R�veill� depuis 3 heures selon un rituel qui le persuadait que, si personne n'�tait venu lui rendre visite � cette heure-l�, il b�n�ficierait de 24 heures de sursis. "J'aurai du courage", dit-il. Il s'entretient avec Me Lecrosnier et lui donne un souvenir pour ses parents rest�s en pays envahi, et le prie de leur transmettre une pens�e et des regrets. A la chapelle, se confesse, entend la messe et communie. Au greffe, confirme qu'il aura du courage, puis discute avec son avocat et remercie les gardiens pour les soins qu'ils eurent pour lui et qu'il reconna�t ne pas m�riter. Fume une cigarette et refuse la tasse de caf� au rhum. Arriv� place Bonne-Nouvelle, tr�s ferme. Embrasse deux fois le pr�tre, puis le crucifix.20 f�vrier 191824 mai 1918Vendredi,
4h45Versailles
Seine-et-OiseEmile Van Der Massen46 ans, ouvrier agricole, Belge. Tua le 11 d�cembre 1917 � Blandy deux compagnons de travail, belss� M. Gauthier, r�gisseur, et blessa gri�vement deux gendarmes venus l'arr�ter � Sermaises (Loiret). Refuse de signer son recours en gr�ce et �crit au pr�sident de la R�publique pour y solliciter son ex�cution.R�veill� � 4h15. Dormait profond�ment. "Je pensais que mon ex�cution n'aurait lieu que la semaine prochaine.", dit-il, se fiant aux traditionnels quarante jours qui s�parent condamnation et ex�cution. Le procureur Roux lui demande s'il a des r�v�lations � faire : "Absolument rien." S'habille. Pendant qu'on lui coupe les cheveux, parle � son avocat : "Dans l'autre monde, ma�tre, je prierai pour vous et aussi pour M. le procureur de la R�publique." A l'interpr�te flamand, M. de Goyper, d�clare : "Je vous demande de faire savoir que je meurs en bon chr�tien, avec un profond repentir. Dites aux journalistes que je suis mort sans peur, en v�ritable Flamand digne de sa race. J'engage ceux qui seraient tent�s de suivre une mauvaise voie � r�flechir, et surtout � �viter les mauvaises fr�quentations. En mourant dignement, j'esp�re effacer une partie du mal que j'ai fait." Entend la messe, communie en compagnie de l'abb� G�zelle, vicaire d'Ypres, et d'un pr�tre hollandais. Au greffe, charge l'interpr�te de donner � sa m�re son chapelet et ses deux livres de messe. "Vous direz � ma bonne et vieille maman que ma derni�re pens�e a �t� pour elle."29 avril 191801 ao�t 1918Jeudi,
4h40Rouen
Seine-Inf�rieureCamille Carpentier27 ans, ouvrier en usine dans la r�gion d'Amiens. Sous pr�texte qu'il n'avait pas de quoi les nourrir, tua en les �touffant les deux fillettes (3 mois et 6 mois) qu'il eut avec sa ma�tresse en 1916 et 1917 : la Somme �tant trop proche du front, son proc�s eut lieu � Rouen.R�veill� � 4h. Malgr� les deux alertes de la nuit, dort profond�ment. Abattu par la nouvelle, convaincu d'�tre graci� apr�s le 14 juillet. Pleure quelques secondes, puis discute avec Me de Beaurepaire, son avocat. Soutenu par les gardiens pour aller � la chapelle. Se retourne sans cesse durant la messe. Communie. Au greffe, redevient impassible. Tr�s p�le, descend du fourgon, et a un vif moment de panique, r�sistant aux aides qui ont vite raison de lui.17 mai 191806 ao�t 1918Mardi,
5h30Nantes
Loire-Inf�rieureKoli ben Ameur Saouchi30 ans, Alg�rien, travailleur colonial. Au soir du 07 janvier 1918 � Brest, avec deux complices, tend un guet-apens � son coreligionnaire et coll�gue Bennour pour le d�valiser. Bennour est frapp� de 18 coups de matraque, dont trois mortels, mais survit assez longtemps pour d�signer le nomm� Mekki comme l'un de ses agresseurs. Mekki et Madaoui, condamn�s � mort, sont graci�s.Pr�venu par le lieutenant Legrand, r�pond : "C'�tait �crit", puis s'habille, r�sign�. Refuse le rhum que lui propose son avocat, Me Lemoyne, mais boit un bol de caf� tout en demandant � son d�fenseur d'�crire � son p�re. Conduit en auto, en compagnie de gendarmes, d'un goumier interpr�te et d'un marabout. Arriv� sur le terrain nord du stand de la Porterie sous une pluie fine, est conduit au poteau en priant, n'�coute qu'� peine la lecture du jugement, puis s'agenouille seul, les yeux band�s.16 avril 191808 ao�t 1918Jeudi,
4h50ParisFelino Vicini28 ans, Egyptien. Viole et �trangle avec une cordelette Catherine L�ger, �pouse Michel, 29 ans, prostitu�e, dans un h�tel, au 38, rue de Douai, le 03 juillet 1917. Vola � sa victime 500 francs et des bijoux. Auteur d'un assassinat en 1913 envers un photographe du boulevard des Batignolles.R�veill� � 4h30, couch� tout habill� sur son lit, se l�ve d�s qu'il entend la cl� tourner dans la serrure : "Je vous attendais, messieurs, je m'excuse de vous faire lever de si bonne heure." S'asseoit � sa table et �crit un dernier mot sur une lettre entarm�e la veille. Entend la messe, communie. Boulevard Arago, en voyant les gens pr�sents, dit avec ironie : "C'est trop d'honneur. Adieu messieurs." L'abb� Geispitz l'embrasse. Il lui r�pond : "Adieu, monsieur l'aum�nier." Toise la guillotine un instant avant d'�tre bascul�.18 f�vrier 191821 ao�t 1918Mercredi,
5hMarseille
Bouches-du-Rh�neJean-Baptiste BourdaPARRICIDE, 27 ou 31 ans. Soldat au 6e R�giment d'infanterie coloniale, tua � coups de hache dans la nuit du 19 au 20 d�cembre 1917 sa grand-m�re maternelle, la veuve Rouvier, au hameau de Malesvieille, � Lesperon (Ard�che), avant de voler 50 francs, un sautoir en or et de mettre le feu � la maison.Entend la messe. Va calmement � la mort, en tenue de parricide. Fusill� au champ de tir du Pharo.6 juin 191831 ao�t 1918Samedi,
6h30Chars (Seine-et-Oise)Abdallah ben Ahmed21 ans, Marocain, cultivateur, tirailleur de 2e classe au 1e RTM. Le 01 ao�t 1918, � Gouy-les-Groseillers (Oise), agresse et viole Sophie Froidure, veuve Debouverie, avant de la tuer.05 ao�t 191802 septembre 1918Lundi,
5h30, 5h35Draguignan
VarArmand Spadoni
et
Jean Andr� Grilli20 ans, manoeuvre, insoumis et 19 ans, matelot, d�serteur. Tu�rent � Gassin le 15 f�vrier 1918 le couple Antoine et Marie Daumas, propri�taires cultivateurs pour les voler, avec la complicit� du neveu des victimes, Lucien Bergon, 16 ans. Bergon est condamn� � vingt ans de prison.R�veill�s � 4h45. Tr�s calmes, comme r�solus. Apr�s la messe, Spadoni manifeste le d�sir de boire du champagne, et le directeur va chercher une bouteille dans sa r�serve personnelle. Apr�s avoir fum� une cigarette chacun, Grilli demande � �crire � ses parents, message dans lequel il leur demande de supporter sa mort avec courage. Devant la guillotine, Spadoni, cigarette aux l�vres, va � l'�chafaud en criant : "Au revoir � tous !" Grilli meurt avec autant de calme et de courage. Pluie fine durant l'ex�cution.14 juillet 191809 septembre 1918Belrupt-en-Verdunois (Meuse)Labou� Diop Samba33 ans, S�n�galais, soldat de 2e classe au 53e RIC. Meurtre d'un de ses camarades � Belrupt, et r�bellion � main arm�e.27 septembre 1918Vendredi,
6h45Bordeaux
GirondeCharles M�nesplierPARRICIDE, 35 ans, charpentier et chauffeur d'automobile. Assomme sa m�re � coups de gourdin � Paillot le 23 mai 1917 pour la voler et mit le feu � la maison pour effacer les traces. D�j� condamn� pour vols et aussi tentative de meurtre sur agent de police.R�veill� � 6h. "Bien, r�pond-il. Ne craignez rien, ma�tre, je saurai mourir." S'asseoit sur son lit, et s'adresse � nouveau � son avocat, Me Chancogne. "Je vous l'avais bien dit : Dieu le voulait. Je savais tr�s bien qu'en d�pit de votre d�vouement, mon destin serait accompli." Conduit � la chapelle, se confesse et entend la messe. Au greffe, refuse la cigarette et boit une demi-tasse de caf� au rhum. Aux encouragements du pr�tre, r�pond d'une voix visiblement mal assur�e : "Vous �tes le fils de Dieu, vous n'avez pas � me plaindre." Quand on lui lie les chevilles, grimace : "Ca, c'est l'imitation de J�sus-Christ." Quand les ciseaux d�coupent son col : "Ah, c'est fini, ma bronchite..." Tente de saluer le gardien-chef, mais d�j� pouss� vers l'ext�rieur par les aides. Face � la machine, mont�e dans la cour commune � la prison et au palais de justice, entend la lecture de la sentence. "Je veux parler"... Il n'en a pas le temps.24 juillet 191825 octobre 1918Le Portel
Pas-de-CalaisPierre Joseph Creton31 ans, soldat au 8e RI. Meurtre.25 novembre 1918Lundi,
6h40Versailles
Seine-et-OiseAntonio Guerrero y Guerrero26 ans, Guatemalt�que, m�canicien dentiste. P�dophile r�cidiviste. Satyre assassin de Carmen Berman, 7 ans, qu'il viola et �trangla le 10 juillet 1917 au 172, rue Legendre � Paris (17e), et se d�barrasse du corps empaquet� sous un banc de la gare du Nord. Condamn� � Paris, arr�t cass�, recondamn� � Versailles.R�veill� � 5h55. "Ah bon ? Je vais vous suivre." Demande un pr�tre : le vicaire de l'�glise Notre-Dame le fait se confesser et lit la messe. On lui propose une cigarette, mais en raison de la crise du tabac, il faut aller en demander une aux spectateurs "privil�gi�s" : c'est un officier am�ricain qui l'offre. Dit n'avoir aucune d�claration, et ne prononce aucun mot de repentir. Sursaut de peur en voyant la guillotine, on doit le porter sous le couperet.25 juin 1918, 26 octobre 191807 d�cembre 1918Samedi,
7h32Orl�ans
LoiretFong Kai WoCantonais. Assassine d�but 1918 un de ses compatriotes de trois coups de revolver pendant que celui-ci dormait au Port-Sec. Quatre autres Chinois accus�s de complicit� acquitt�s, l'autre principal acus�, Tchang-Yi, b�n�ficie d'un d�lai suppl�mentaire pour un examen mental.R�veill� � 6h30 par le capitaine Moinet, fait preuve de courage. Mange un gros morceau de pain, deux quarts de caf� et trois verres de marc coup sur coup. Fume plusieurs cigarettes, demande � �crire � sa m�re, mais ne parvient qu'� tracer que quelques caract�res avant d'abandonner. Grimpe dans un fourgon automobile en compagnie de l'interpr�te et des gendarmes jusqu'au stand des Groues. Marche vers le poteau, plant� au pied de la butte, d'un pas assur�, mais quand on lui bande les yeux, s'�crie en cantonais : "Les Fran�ais ne sont pas justes !" Tombe sur le c�t� gauche avant d'�tre achev� par un mar�chal-des-logis.24 juillet 191821 d�cembre 1918Samedi,
7h05Caen
CalvadosCl�ment Tranquet35 ans, terrassier, d�serteur. Meurtre et vol qualifi� de M.Lecomte, 73 ans, la t�te cass�e � coups de s�cateur, le 27 mai 1918 � La Folleti�re-Abenon.Au r�veil, � 6h35, on �te au condamn� la camisole et les fers. Il affirme n'avoir aucune d�claration � faire. Apr�s la messe et la confession, il est conduit au parloir, boit deux verres de caf� et un de rhum avant que les aides ne proc�dent � la toilette. En voyant la guillotine, Tranquet titube. L'abb� Bacon lui fait embrasser le crucifix. En franchissant le seuil de la porte, le condamn� dit : "Un, deux... Allons-y !"18 octobre 191804 f�vrier 1919Mardi,
6h30Lyon
Rh�neClaude Cuisinier22 ans, d�serteur du 155e r�giment de ligne. Tua � coups de revolver l'agent cycliste Journot qui le traquait le 20 mai 1918 � Lyon.Dormait � l'entr�e des officiels. Aucune r�action � la nouvelle. Pendant la toilette, pris de regrets, g�mit : "Pardon, maman ! Pardon !" Rappelle � son avocat de donner les deux lettres qu'il lui a remises quelque temps auparavant (pour sa m�re et pour sa soeur, il y en avait une troisi�me pour sa ma�tresse, mais Cuisinier l'a r�cup�r�e l'avant-veille) Il va courageusement � la guillotine. Peu de monde pr�sent, temps brumeux.29 octobre 191818 f�vrier 1919Mardi,
6h17Digne
Basses-AlpesLucien Giraud19 ans, journalier. Tue � coups de fusil Mme Eudoxie Isoard, 75 ans, son fils Daniel Isoard, 30 ans, et son petit-fils Amielh Kl�ber, 11 ans, le 18 avril 1918 � la ferme des Hauts Cognets, � Thoard afin de les voler.Temps pluvieux. R�veill� � 5h30. Fond violemment en larmes � la nouvelle. Accepte d'entendre la messe. Va jusqu'� la guillotine en pleurs, il faut presque le tra�ner pour l'y conduire, et pousse un hurlement en d�couvrant la machine. Foule assez dense (pas d'ex�cution � Digne depuis 63 ans).16 d�cembre 191809 avril 1919Mercredi,
6h20ParisX... dit
"Giulio Sanazzaro"V�ritable nom inconnu, probablement italien, cuisinier, 27 ans. Bat � mort et �trangle avec une serviette Henriette Boulogne, veuve Alba, tenanci�re d'un h�tel rue Croix-des-Petits-Champs (1er arrondissement) le 27 mai 1918 et d�robe environ 5.000 francs en bons de la D�fense nationale et billets de banque. Deux complices : Guido Morra, gar�on de caf�, condamn� � perp�tuit�. Umberto Sacco condamn� � mort et gr�ci� in extremis (voir r�cit ex�cution ci-contre).R�veil � 4h50. Sanazzaro et Sacco accueillent la nouvelle avec calme. Sacco seul accepte d'entendre la messe, et pendant qu'il est absent, Sanazzaro fait des aveux au juge d'instruction : Sacco n'a appris le crime qu'apr�s qu'il l'ait commis, il a aid� � cambrioler, mais il ignorait les intentions de son complice. Quand on lui demande pourquoi ce mensonge, Sanazzaro r�pond : "Je ne sais pas... Je croyais qu'en France, on n'ex�cutait pas deux condamn�s pour le m�me crime." Quelques appels plus tard, on surseoit � l'ex�cution de Sacco. Somm� de dire sa vraie identit�, Sanazzaro refuse : "Non, cela, je ne peux pas. Tout ce que je peux dire, c'est que j'appartiens � une honorable famille. Je ne dirai pas mon nom, on croira que je suis mort au front, en combattant. Je suis heureux d'avoir sauv� mon ami." Au greffe, Sacco est inform� de la mesure le concernant. Les complices se saluent une derni�re fois, et Sanazzaro grimpe dans le fourgon calmement. Meurt courageusement.30 d�cembre 191803 juin 1919Mardi,
4h10Nantes
Loire-Inf�rieureJoseph Perrot23 ans, souteneur, soldat d�serteur, refugi� � l'h�tel du Petit Saint-Nicolas � Nantes, y tue le 15 janvier 1919 l'inspecteur de police de la S�ret� Jean Le Buzit venu l'arr�ter. Apr�s avoir gri�vement bless� un agent, il fut ma�tris� par deux autres. Son surnom �tait "Pas de chance".R�veill� � 3h45. "Il vaut mieux en finir. Je n'ai gu�re eu de chance." S'entretient avec l'aum�nier, entend la messe. Au greffe, boit un bol de caf� avec du rhum. Fume une cigarette et discute avec son avocat Me Dortel. La toilette est tr�s rapide. En sortant, sentant une brise matinale, il remarque : "Pour mon dernier matin, il fait du vent." Se laisse �ter la cigarette qu'il t�te encore et se dirige seul vers la bascule.10 mars 191921 ao�t 1919Jeudi,
5hParisPierre Joseph Grisard20 ans, bless� de guerre en convalescence. Assassin de Berthe-Fran�oise Sacavin, �pouse Delajon, 33 ans, marchande de vin, qu'il tue le 16 ao�t 1918, 70, boulevard des Batignolles, en l'�touffant, l'�tranglant et en lui martelant le cr�ne d'une quinzaine de coups de silex pour voler 4.300 francs. Son complice Alexis Didier est condamn� � perp�tuit�.Au r�veil, � 4h15, ma�trise son �motion. S'habille, se confesse, mais refuse d'entendre la messe. Boit un verre de rhum et fume une cigarette. Aucune d�claration � faire, s'entretient avec Me Hultin, rempla�ant Me Campinchi, � qui il demande de faire parvenir ses effets personnels � sa m�re. Ex�cution sans histoires.23 mai 191930 ao�t 1919Samedi,
6h15VincennesConstant Moujot
et
Claudius JaninEtranglent dans la chambre de Moujot le 28 janvier 1918 Louise Cormier, femme de chambre, ma�tresse de Moujot, laissent son corps sur le trottoir de la rue Bousset, envelopp� dans une blouse camoufl�e d'artilleur, avant d'aller fouiller son domicile et de voler 400 francs. Le 5 ao�t 1918, rue Vallier � Levallois, �tranglent avec son tablier Mme L�onie Soyer, d�bitante, pour lui voler 5.000 francs. Deux verres et une bouteille de vin entam�e portant leurs empreintes permet leur arrestation.R�veill�s � la prison du Cherche-Midi � 5h. Moujot est le premier... mais il est habill� et cach� derri�re la porte, une barre de fer � la main fra�chement d�scell�e du mur. Tentant d'assommer le commissaire du gouvernement, il ne fait qu'atteindre un gendarme au visage. Le coup est heureusement amorti par le k�pi. Ma�tris�, il reste muet. Janin ne cause aucun probl�me. Refusent la messe. Grimpent dans la camionnette en direction de la Caponni�re. Sur place, vont au lieu d'ex�cution entour�s par deux pr�tres, et refusent de se laisser bander les yeux.02 juin 191930 septembre 1919Lundi,
6h30Lille
NordBougelli Kaddour Ould MohamedTravailleur au 10e R�giment colonial. Assassine � Salom� (Nord) le soldat Gustave Lehant, son chef de groupe le 22 juin 1919.R�veill� � 6h � la Citadelle par le lieutenant Boucher, rempla�ant le commissaire du Gouvernement. Tremble fortement quand l'interpr�te Amar Kabaltra lui traduit les paroles de l'officier et r�pond � ses exhortations d'une voix : "Plus de courage du tout !" Accepte en pleurant l'assistance de l'aum�nier R�gent malgr� sa religion, g�mit et prie pendant plusieurs minutes avec le pr�tre. Tout au long du chemin jusqu'aux foss�s, au pied des remparts, continue � psalmodier, mi-pleurant, mi-priant, et doit �tre soutenu tout au long du chemin. Attach�, les yeux band�s, il entend la lecture du jugement par l'adjudant-greffier Bouvelle, avant que l'adjudant-chef Duthilleul ne commande le peloton. Toutes les balles touchent le condamn�, mais le sergent-ma�tre d'armes Mans donne tout de m�me le coup de gr�ce. Enterr� au cimeti�re du Sud.26 juillet 191923 octobre 1919Jeudi,
6h20Rennes
Ille-et-VilaineLouis-Marius-Joseph LionSoldat du 136e r�giment d'infanterie. A Fouchy (Bas-Rhin), le 19 avril 1919, tue � coups de manche de pelle C�lestine et Th�r�ze Autzenberger, 76 et 83 ans, renti�res, pour les voler. Condamn� � Nancy par le Tribunal militaire de la 20e R�gion mais incarc�r� � Rennes (!).R�veill� � 5h. "J'aurai du courage : j'ai faut�, je dois expier." Passe une veste bleu horizon, s'entretient avec l'abb� Lefoul. Demande � �crire � ses parents, puis assiste � la messe et communie. Quitte la prison militaire � 5h40 en camion. Arriv� au Polygone, pr�s de la butte de tir, bl�mit en descendant du camion, puis se reprend et va d'un pas ferme au poteau auquel il s'adosse sans aide. On l'attache et on lui bande les yeux, avant qu'on ne lise � voix haute le jugement. Se met � genoux pour �tre abattu : trois balles l'atteignent au front et lui font sauter le calot de la t�te, mais un sergent donne quand m�me le coup de gr�ce.24 ao�t 191929 novembre 1919Samedi,
6h45ParisHenri Edmond Borel19 ans, gar�on boucher. Tua - en plein jour - de 30 coups de couteau Edmond Roff�, 65 ans, employ� d'octroi � Noisy-le-Sec le 21 mars 1919 pour voler 233 francs.R�veill� � 6h. Aucune surprise, s'habille sans dire un mot. Au greffe, fume une cigarette, boit un verre de rhum, entend la messe. Calme tout au long.22 ao�t 191903 janvier 1920Samedi,
7h45Le Mans
SartheRen� Desir� Saumureau32 ans, chaudronnier, soldat au 166 RIA, ancien Bat d'Af, d�linquant multir�cidiviste. Le 24 septembre 1916, � Saulchoy (Pas-de-Calais), insulte et frappe � coups de poing son sup�rieur, le sergent Sarda, puis tenta de l'abattre de deux coups de pistolet automatique, le blessant gravement � la cuisse, en apprenant que les voies de fait le conduiraient de toute fa�on en conseil de guerre. S'�chappe le 20 octobre, et est condamn� � mort par contumace le 11 janvier 1917. Le 19 janvier 1918 � Marseille, apr�s une rixe dans le bar de l'h�tel des Alli�s, rue des Petites-Maries, tire � coups de revolver sur trois consommateurs, Mazerma, Mohamedi et Dalmasso, et finit par abattre Mazerma alors que celui-ci, cherchant � s'�chapper, s'engouffre dans l'entr�e de l'h�tel de Grenoble et de Savoie, boulevard d'Ath�nes. Saumureau est arr�t� le 23 janvier, avant d'�tre condamn� aux travaux forc�s � perp�tuit� par les assises des Bouches-du-Rh�ne le 08 juin 1918, de m�me que son complice Joseph Gatti, 38 ans, tandis qu'un troisi�me inculp�, Victor Simon, 35 ans, est acquitt�.R�veill� � 6h45 par le capitaine Sergent, commissaire du gouvernement, dormait bien. Dit qu'il ne regrettera personne. Assiste � la messe de l'abb� Fontaine, puis communie. Conduit au lieu d'ex�cution, la butte de tir de Pontlieue, en voiture cellulaire militaire, parle tout le long avec calme, affirme une nouvelle fois qu'il ne regrettera personne, sauf une femme qu'il aimait et qui lui �crivait durant son incarc�ration. Refuse de se laisser attacher au poteau et de se laisser bander les yeux. Comme on l'y contraint, insulte le pr�sident de la R�publique, les ministres, les d�put�s et la soci�t�, ttach� au poteau, avant de crier : "Vive l'anarchie ! A bas l'arm�e ! Vive l'Allemagne ! A bas la France !" Alors que le peloton command� par l'adjudant Lecomte se met en position, il commence � dire : "Maintenant, Messieurs, je suis � votre dispo..." La salve l'interrompt net. Coup de gr�ce port� par le sergent Janvier.07 octobre 191926 janvier 1920Amiens
SommeChow Pao Wen et Ho Te ChengChinois. Assassinat et tentative de vol qualifi�.Fusill�s dans les foss�s de la citadelle.25 f�vrier 1920Mercredi,
7h20Tours
Indre-et-LoireAlbert Fournier35 ans, ouvrier agricole. Le 20 ao�t 1919, � la ferme de la Brissonni�re, commune de Chambray-les-Tours, abat d'un coup de fusil dans le dos Henri Monmarch�, 58 ans, cultivateur, son ancien employeur, puis fait subir le m�me sort � sa soeur, Marie-Louise Vouteau, 66 ans, puis � Marie Thillier, 23 ans, domestique, dont il viole le corps. Pille la maison, empoche pi�ces d'or et billets de banque, puis se fait une omelette dans la cuisine.R�veill� � 6h45, dormait profond�ment. Aucun trouble, promet d'avoir du courage. Demande � entendre la messe et communier. Ne dit plus un mot. Refuse la cigarette de Me Guibaud, accepte un verre de rhum, d'une main tremblante, puis se reprend assez vite. Durant la toilette, tr�s calme. Encadr� par les aides et pr�c�d� par le chanoine Arnault, franchit la cour de la prison et arrive boulevard B�ranger. Embrasse le crucifix et re�oit un baiser de l'aum�nier avant d'�tre bascul�.18 d�cembre 191901 avril 1920Jeudi,
6h05ParisAuguste Genevrois29 ans, ajusteur, d�serteur de l'arm�e belge. Ne pouvant r�gler son loyer, tue � Saint-Denis le 23 novembre 1919, sa logeuse Mme Ari�s, vole 11.000 francs, met le feu � la maison, puis, croisant dans l'escalier le p�re de la victime, M. Jean F�vre, en s'enfuyant, le tue � coups de hachette.R�veil � 5h15. Promet d'�tre courageux. S'habille, s'entretient avec l'aum�nier, mais n'entend pas la messe, ayant d�j� accompli ses devoirs trois jours plus t�t. Refuse cordial et cigarette, mais demande � �crire un petit message � sa fianc�e, � qui il dit adieu et la prie de ne pas oublier ses parents. S'�tonne que la justice laisse faire son ex�cution, compte tenu de ses services rendus pendant la guerre au sein des sections de contre-espionnage. Au pire pensait-il �tre confi� aux autorit�s militaires belges. Tremble en �crivant, et dit : "Vraiment, ce n'est pas l'instant de manquer de courage !" Confie son message au p�re Geispitz. Demande que son corps ne soit pas remis � la Facult�. Pendant qu'on l'attache, r�le : "Serre pas si fort, mon vieux !" Public presque compl�tement absent derri�re les barrages. Au pied de la machine, s'arr�te une seconde et la regarde sans faiblir. Embrasse l'aum�nier et lui dit "Faites le n�cessaire, monsieur l'aum�nier ! Adieu !"18 d�cembre 191908 juin 1920Mardi,
3h05Rouen
Seine-Inf�rieureAlfred Maquennehen41 ans, charretier. Assassina en leur brisant la t�te � coups de pieu de fer Mme Turquet et de sa bonne Maria Numelle, le 03 ao�t 1919 � Mortemer, et s'enfuit sans pouvoir ouvrir le coffre-fort contenant les 30.000 francs qu'il convoitait.Tr�s peu de gens pr�sents. R�veil � 2h45. Doit �tre secou� plusieurs fois, s'�tire, se frotte les yeux. Pousse un cri de stupeur, puis demande � son avocat Me Pellerin "Est-ce que je vais �tre ex�cut� aujourd'hui ?" Entend la messe et communie. Au greffe, refuse la cigarette que lui propose un gardien en disant : "Non merci, je ne fume que le Nil !", mais finit par l'accepter, puis prend le verre de rhum. Descend du fourgon en tournant le dos � la guillotine, puis laisse tomber sa cigarette, embrasse le crucifix, et se laisse basculer.25 f�vrier 192012 juin 1920Samedi,
3h40Epinal
VosgesMarc-Paul Ballyet31 ans, soldat au 47e r�giment d'artillerie de campagne. Pendant une permission, tue d'un coup de hachette le 14 janvier 1918 � Pontarlier Me Emile Mignot, notaire, pour lui voler 8.045 francs. Condamn� par le Conseil de guerre de Besan�on, arr�t cass�, r�jug� par le Conseil de guerre de la 21e r�gion.Incarc�r� � la caserne Schneider, route de Golbey. Quand le commandant Jacquet, commissaire du gouvernement, entre dans la cellule � 3 heures, sa jambe artificielle lui fait faire un faux pas. Sa chute r�veille le condamn�, qui pousse un cri de stupeur. Bien que pensant au d�but qu'on lui annonce que son ex�cution aura lieu dans quelques jours, Ballyet se montre courageux et ne dit pas un mot. Il se confesse � l'aum�nier Minod, communie, accepte un verre de rhum. Apr�s dix minutes de trajet, arrive devant la prison de la Loge-Blanche, pr�s de la route de Remiremont. P�le, titubant, doit �tre soutenu pour les derniers m�tres avant la machine.12 novembre 1919, 08 mars 192006 juillet 1920Mardi,
3h55Vesoul
Haute-Sa�neMarcel Lamielle26 ans, conducteur de bestiaux. Tua � la hache M.Thouvenin, 54 ans, et la bonne Jos�phine Zimmermann, 28 ans, et blessa Mme Thouvenin, 53 ans, et la bonne Mme Fleury, le 07 janvier 1920 � Larivi�re. Mobile : se procurer de l'argent, Lamielle devant se marier huit jours plus tard.Temps couvert. R�veill� dans la nuit par les aboiements d'un chien d�rang� par l'agitation autour de la prison. Se rendort. Eveill� � nouveau par les autorit�s � 3 heures : "Je croyais que ce ne serait pas encore aujourd'hui... mais autant que plus tard". Se lave un peu, boit plusieurs verres de rhum - l'�quivalent d'un demi-litre. Entend la messe et communie avec ferveur, accompagn� � sa demande par deux gardiens avec lesquels il a sympathis� en d�tention. Ne parle pas. Calme durant la toilette. Soutenu jusqu'� la porte principale par les gardiens avant d'�tre pouss� sur la bascule par les aides.05 mai 192009 juillet 1920Vendredi,
4h30Evreux
EureConstant Sternat20 ans, d�serteur. Le 14 juillet 1919, tua � coups de b�ton la Veuve Mar�chal, 72 ans, � Normanville. Le 11 ao�t, � Richeville, agresse la veuve Letellier ; le 12, Mme Leteurtre � Guitry ; le 14, Mme Debret � Gaillon ; le 17 septembre, Mme Viel � Gamaches ; arr�t�s le lendemain. Raoul Bloquet, 19 ans, Albert Benoist, 18 ans sont condamn�s � perp�tuit�. Delphin Bloquet, 17 ans, est acquitt� faute de discernement et envoy� en maison de redressement.R�veil � 3h30. S'habille seul. Refuse d'assister � la messe, mais se confesse. En descendant du fourgon, est embrass� par le pr�tre. La guillotine est dress�e pr�s de la friche du Buisson, au carrefour de la route de Saint-Andr� et de chemins vicinaux, � 200 m�tres � l'arri�re de la prison. Tr�s peu de gens pr�sents, ex�cution tr�s rapide.13 avril 192013 juillet 1920Mardi,
4h22Nantes
Loire-Inf�rieureJean-Marie Henri "B�bert" Laval26 ans, titulaire de la croix de guerre avec trois citations. Tue d'un coup de revolver, � Nantes Pierre Mainguy, 48 ans, agent de la Sur�t�, le 12 octobre 1919 alors que celui-ci vient l'arr�ter dans le cadre du cambriolage d'une bijouterie commis la veille.Ne dormait pas, se montre d�cid�. "Vous en faites pas ! J'en aurai, du courage !" Il insulte les magistrats pour que ceux-ci sortent de sa cellule, lui permettant de parler � son avocat et d'entendre la messe. Pendant la toilette, il injurie les aides. Devant la guillotine, crache la cigarette qu'il a � la bouche et dit : "Adieu les amis !" Un des aides, � sa demande, lui met entre les l�vres une m�che de cheveux de sa ma�tresse et c'est ainsi qu'il est pouss� sur la bascule.17 mars 192014 ao�t 1920Samedi,
5hMontbrison
LoireJoseph-R�gis Mathon27 ans, berger. Le 22 d�cembre 1919, se rend chez ses anciens patrons, les Giraudet, � La Versanne. Abat d'une balle de revolver dans la t�te M.Giraudet, manque tuer Mme Giraudet � coups de crosse sur le visage, et menace Mlle Giraudet pour qu'elle lui serve � boire et � manger. Au bout de quelques heures, profitant d'un instant d'inattention de l'assassin, la jeune fille s'enfuit et va pr�venir les voisins. Mathon tente de les abattre, mais son arme s'enraye.R�veill� � 4h. Le procureur lui secoue l'�paule et lui demande s'il reconna�t qui il est. Devant sa r�ponse n�gative, il s'identifie. "Alors, je sais ce que �a veut dire." En quittant la cellule, il passe devant celle d'un co-d�tenu, Deleuze, condamn� deux semaines plus t�t, et lui lance : "T'en fais pas, mon vieux, je passe avant toi ! Je commanderai ton complet !" Il fume une cigarette offerte par son avocat, refuse le rhum, mais boit deux gamelles de vin. En voyant la guillotine, mont�e devant la prison, il la contemple d'un air �tonn�, puis embrasse l'aum�nier avant d'�tre bascul�.29 mai 192024 ao�t 1920Mardi,
5hNancy
Meurthe-et-MoselleDjermane Areski ben KaciCamelot, d�serteur. Tue d'une balle dans la t�te M.Louis David, 34 ans, employ� des Postes, pour le voler, avec la complicit� de Paul P�rotin, � Nancy le 07 mai 1919. Tous deux furent condamn�s � mort.R�veill� � 3h55. Certain d'�tre ex�cut�, ne r�agit pas. On lui fait croire que P�rotin sera ex�cut� juste apr�s lui, alors que ce dernier vient d'�tre inform� qu'il est gr�ci�. Converti en prison, parle avec l'aum�nier. Il s'habille tranquillement, boit quatre verres de rhum et roule une cigarette. Devant l'�chafaud, sous une l�g�re pluie qui tombe par intermittence, embrasse le crucifix.19 mai 192015 octobre 1920Vendredi,
6h15Douai
NordAlphonse DehaemnePrisonnier de guerre, en avril 1917, il s'�vade d'un camp de concentration situ� � Halluin, et assassina � Coolkerque (Belgique) son ami et ancien co-d�tenu Fernand Lagron.Pleure et crie son innocence jusqu'� la chute du couperet. Pr�sence de la tante et de la m�re de sa victime. 1ere ex�cution devant la prison de Cuincy, ouverte en 1907.10 juillet 192009 novembre 1920Mardi,
6h30Montbrison
LoireLouis Deleuze29 ans, ouvrier peintre en b�timent. Tente de violer et assassine de trois coups de couteau dans la poitrine sa soeur Marguerite, �pouse Rabeyrin, 21 ans, le 26 avril 1920 � Saint-Etienne.R�veill� � 5 heures 55, dort profond�ment. On doit le secouer plusieurs fois pour le tirer du sommeil, d'autant qu'il dort tourn� contre le mur. Croyait en sa gr�ce. Semble plus �tonn� que touch� par la situation :"Ben quoi, quand on est mort, on ne vit plus..." On l'aide � s'habiller. A la chapelle, entend la messe, communie : pris de faiblesse, les gardiens doivent le soutenir. Au greffe, refuse le verre de rhum mais demande du vin (il en boira 1/2 litre), puis une cigarette. A la porte de la prison, crache son m�got, embrasse le crucifix et se place bien en face de la bascule.06 ao�t 192028 d�cembre 1920Mardi,
6h45Bourg
AinEug�ne Fursat33 ans, domestique de ferme. Tua de 17 coups de hache le 23 d�cembre 1917 le rentier Claude Guibert, son ancien patron, � Chaponost. Condamn� � Lyon en juillet 1920, arr�t cass�.R�veill� � 6h. S'habille seul, impassible. Communie, entend la messe. Au greffe, demande cigarettes et rhum : "Vous ne pouvez pas me refuser �a, voyons !" Puis il reproche � sa soeur de ne pas l'avoir aid�, demande encore tabac et alcool et promet � son avocat, Me Perraud, qu'il sera ferme jusqu'au bout. "On est un homme !" La toilette est faite � 6h20. Comme le procureur demande si l'heure est venue, Deibler r�pond qu'il ne fait pas encore jour, et que la loi doit �tre respect�e. L'attente durera 25 minutes ! Toujours buvant et fumant, Fursat fait une derni�re d�claration : "Vous �tes bien bons, vraiment bien bons. Mais pourquoi qu'on gracie Brenner, Didier et pas moi ? Il n'y a de grace que pour la crapule." Cigarette aux l�vres, va � l'�chafaud dress� au ras de la derni�re marche de l'escalier, n'ayant qu'un simple sursaut quand on le pousse sur la bascule.29 septembre 192031 d�cembre 1920Vendredi,
7h10ParisAlfred Carr�22 ans, souteneur. Assassina Nicolas Laurent, un journalier, � Saint-Ouen le 15 novembre 1919 pour lui voler sa prime de d�mobilisation. Ayant remarqu� que le f�tard montrait trop ostensiblement son argent, il l'attira dans un pi�ge : pendant que Laurent avait des rapports sexuels dans un terrain vague avec Eug�nie Desfoss�s, la compagne et "gagneuse" de Carr�, il le tua d'un coup de couteau dans le coeur. Eug�nie, traumatis�e par le crime - elle connaissait les intentions malhonn�tes mais pas homicides de son compagnon - alla le d�noncer.R�veill� � 6h55. Doit �tre secou� pour ouvrir les yeux : "Ah, diable, je vois ce que c'est." S'habille seul, en disant "Vite, vite !" � l'aum�nier qui lui propose son aide. Au greffe, pendant la toilette, ne dit rien sauf � la fin parce qu'on le serre trop fort. Boit un verre de rhum et fume une cigarette. En sortant du greffe, dit � l'aum�nier : "Tout de m�me, ma famille aurait bien pu venir me voir." Au pied de la guillotine, la regarde et dit : "Ah, te voil�, toi... Allez, et que �a ne tra�ne pas !"07 octobre 192003 f�vrier 1921Jeudi,
6h45Dunkerque
NordMichel Bauw21 ans, chef de la "Bande de Gravelines", auteurs de vols, viols et incendies. Avec la complicit� de son fr�re et d'un certain Hennequart, abat � coups de pistolet les �poux Albert et Louise Hontschoote, �g�s de 72 et 68 ans, � Saint-Georges le 29 f�vrier 1920 et blesse la jeune bonne, H�l�ne pour voler 5.200 francs, des pi�ces d'argent et une montre en or. Ses principaux complices, son fr�re Henri, 17 ans, est condamn� � perp�tuit�, et Hector Hennequart, 19 ans, est condamn� � 15 ans de travaux forc�s. Trois autres complices sont eux acquitt�s.R�veill� � 6 heures. Entend la messe, puis demande � �crire � son fr�re et � son p�re - leur m�re est morte folle de chagrin en avril 1920. Au greffe, boit deux verres de rhum et fume une cigarette. Part � l'�chafaud la t�te haute, un petit sourire aux l�vres.20 octobre 192010 f�vrier 1921Jeudi,
6h20Melun
Seine-et-MarneAlbert Brossard21 ans, tourneur et souteneur. Abattit � coups de revolver une aubergiste, la veuve Pauline Auber, 64 ans, et Jeanne Bouvier, sa domestique de 15 ans, � l'auberge des Rosiers de Valvins (Vulaines) le 12 janvier 1920 pour voler 170 francs. Son complice Henri Leclercq, plombier, 20 ans, fut condamn� � mort et graci�.R�veill� � 5h45. Met quelques instants pour comprendre, puis rassure les officiels et promet de se montrer courageux. Au greffe, boit un verre de rhum et fume une cigarette, qu'il appr�cie au point de dire : "Ah, ben �a au moins, c'�tait pas de la camelote !" En franchissant les portes de la prison, crie : "Bonsoir, messieurs ! Pour une fois, la justice s'est tromp�e !"26 octobre 192009 avril 1921Samedi,
5h20Metz
MoselleJoseph-Auguste B�na28 ans, m�canicien, vagabond. Ancien l�gionnaire, assassin de son patron M.Villemanse � Moyoeuvre-Grande le 17 mars 1920 pour le voler.D�tenu � la prison militaire (situ�e alors dans l'actuelle rue Maurice-Barr�s). Au r�veil, promet d'avoir du courage. "J'ai commis un crime, je suis pr�t � l'expier." Communie et entend la messe. Refuse le verre de rhum, puis se rend d'un pas ferme vers l'�chafaud, dress� dans la rue.11 d�cembre 192016 avril 1921Samedi,
5h20M�zi�res
ArdennesL�on-Marie Giquel26 ans. Satyre assassin de la jeune Henriette Parisse, 5 ans, qu'il viola et tua � Attigny le 24 ao�t 1920.01 mars 192120 avril 1921Mercredi,
5h30Evreux
EureEmilio "Jos� Almandia" Echavarri26 ans, anarchiste espagnol, d�serteur. Le 29 mars 1918 � Arni�res-sur-Iton, assassina de neuf coups de couteau Francisco Jimenez pour lui voler 2.000 francs. S'�vade le 17 mars 1919. Condamn� � mort par contumace le 24 janvier 1920.R�veill� � 4h45. Atterr� en apprenant la nouvelle, pensait �tre graci� apr�s neuf mois de condamnation. Mais se montre calme. Se confesse, entend la messe et communie. Pendant la toilette, grand fumeur, ne cesse d'allumer cigarette sur cigarette. Couch� sur la bascule cigarette aux l�vres. L'aum�nier est oubli� dans la prison et ne peut accompagner le condamn� jusqu'au pied de l'�chafaud, dress� comme la fois pr�c�dente � la friche du buisson, � 200 m�tres de la maison d'arr�t.27 juillet 192010 mai 1921Mardi,
4h50Versailles
Seine-et-OiseGaston Castin20 ans. Assassin et voleur d'Auguste Goubel, ouvrier de culture, 60 ans, qu'il tua le 1er septembre 1919 � coups de couteau dans un bois d'Auvers-sur-Oise, o� il fut trouv� dix jours plus tard, et ce pour le voler.R�veill� � 4h30. Dort profond�ment. Comprend imm�diatement, et quand le procureur Beylot lui demande de faire preuve de courage, il r�pond : "J'en aurai, mais qu'on fasse vite." Comme Me Manche, son avocat, lui demande s'il veut qu'on pr�vienne son fr�re, il r�pond par la n�gative et ajoute : "Si j'avais su que cela finirait ainsi, je me serais fait justice moi-m�me.". Au greffe, boit deux verres de rhum, puis embrasse son avocat et le pasteur Monod. Un petit sourire aux l�vres, il regarde la guillotine de haut en bas avant d'�tre pouss� dessus.18 f�vrier 192114 juin 1921Mardi,
4h07Beauvais
OiseKl�ber Boucher25 ans, charretier. Etrangla ses camarades, les ouvriers Louis Tubeuf, 36 ans, et Maximilien Dhi�vre, 27 ans, le 02 juillet 1920 � Rieux-Angicourt pour les voler.09 mars 192117 juin 1921Vendredi,
3h45Boulogne-sur-Mer
Pas-de-CalaisAlbert RouttierEtrangla � H�mes-Boucres Marie Lefebvre, cabareti�re, 66 ans, dans l'apr�s-midi du 05 octobre 1920 pour voler 2.485 francs, et fit passer le crime pour un suicide en pendant le corps � un clou fich� dans le mur.15 mars 192130 ao�t 1921Mardi,
5h37ParisAlbert-Cl�ment Philippe20 ans. Tua � Vanves la veuve Victorine Roulleau, blanchisseuse, 47 ans, le 11 novembre 1920 de dix-neuf coups de socle de lampe � p�trole pour voler deux bons de la D�fense et deux billets de banque. Son fr�re cadet Auguste, qui l'avait plus ou moins involontairement incit� au "coup", est condamn� � 5 ans de prison.G�mit au r�veil, � 5h20 : "C'est bien malheureux, tout de m�me, oui, c'est bien malheureux." Il renifle, agenouill� sur son lit puis s'habille sans aide et quitte la cellule. Au directeur de la prison et au procureur, il p�rore : "Vous voyez, messieurs, j'ai tout mon sang-froid." Il refuse les secours de la religion, la cigarette et l'alcool, mais promet � l'aum�nier qu'il l'embrassera devant la guillotine. En descendant du fourgon, il achv �ve une pri�re par ces mots :"Mon Dieu, donnez-moi du courage." Il embrasse le p�re Geispitz, puis va seul vers la bascule.28 mai 192102 septembre 1921Vendredi,
5h58Carpentras
VaucluseJuan Cort�s18 ans, gitan Espagnol. Dans la nuit du 19 au 20 novembre 1920, � l'entr�e de B�darrides, tue d'un coup de couteau en plein coeur le mara�cher Fran�ois Bayle, ancien Poilu, pour lui voler 450 francs. Son fr�re cadet, Lucian, 17 ans, est condamn� � mort et sa peine commu�e en 20 ans de travaux forc�s.R�veill� � 5 heures, il fond en larmes, et dit qu'on ne peut pas le faire mourir � son �ge. Assist� par un interpr�te, il demande en vain � voir son fr�re graci�, puis refuse les secours de la religion avant de se raviser. Deibler se plaint car les d�lais ne sont pas respect�s, ils sont en retard de 30 minutes. Soutenu par les aides qui craignent qu'il ne s'�vanouisse, il est toilett� rapidement. En voyant la machine, mont�e en direction de la Poste, il a un violent tremblement. L'aide photographe l�che la t�te et Deibler doit la r�cup�rer sous la bascule. L'�pouse de la victime, ses fils et ses soeurs assistent � l'ex�cution.30 avril 192106 septembre 1921Mardi,
6hBordeaux
GirondeBoularik Amokrane ben Sa�d34 ans, Alg�rien, ouvrier charpentier. Assassine Marie Poirier, veuve Mathieu, 65 ans, tenanci�re du bar du 5, place de la Bourse � Bordeaux, en l'�gorgeant avec un couteau � cran d'arr�t le 10 f�vrier 1921. Butin : 340 francs. Son complice Fernand Carlet est condamn� � vie.R�veill� � 5h15 en sursaut. Tremble � la nouvelle, puis se l�ve, s'habille et parle avec son avocat. Accepte les secours de la religion. Refuse cigarettes et caf� qu'on lui propose. Pendant la toilette, pris de frissons incoercibles. Doit �tre soutenu pour sortir du greffe. Face � la machine, tr�s violent mouvement de recul.11 juin 192121 septembre 1921Mercredi,
5h50, 5h55Chaumont
Haute-MarneAlphonse Ernette

Fernand B�ton

Ernette, 25 ans, ouvrier. Le 13 mars 1921 � Saint-Dizier, assomme mortellement � coups de bouteille de bi�re et de coups de pied Charles Saulnier, employ� au parc automobile, avant de le noyer dans un foss�, pour lui voler 410 francs.

B�ton, 23 ans, cheminot auxiliaire � la Compagnie des chemins de fer de l'Est, assomma � coups de b�ton et �trangla Mlle Marthe Huguenin, 42 ans, le 20 janvier 1921 � Rouvres-sur-Aube, pour voler... 4 francs et un parapluie qui causa son arrestation.

Les deux cellules sont ouvertes simultan�ment � 5h10. Les condamn�s dorment profond�ment. B�ton, l'air m�content et but�, promet d'avoir du courage, et demande � �crire � sa femme. Ernette est horrifi� : "Ah, alors ! Si je m'attendais � celle-l� !" Pleure et demande � son avocat d'�crire � son fr�re et de lui envoyer une photo. "Ah, quand il est venu samedi,
j'aurais d� m'en douter ! Ah, c'est terrible ! Terrible !" Tous deux sont conduits � la chapelle pour entendre la messe de l'abb� Moussu et communier. Effondr�, Ernette demande ce qu'il va arriver � B�ton. Me Mialon l'en informe : "Rassurez-vous. Vous allez le retrouver. Il sera guillotin� comme vous." B�ton ne lui dit pas un mot. Ernette doit �tre port� jusqu'au greffe tant il menace de s'�vanouir. Me Mialon a apport� du rhum pour Ernette, Me Lavocat, du marc de pays pour B�ton : on leur sert l'alcool dans des quarts de soldat. B�ton a �galement droit � un cigare. Ernette demande une seconde ration d'alcool, qui lui donne enfin un peu de courage, mais juste assez de temps pour supporter la toilette, effectu�e dans le couloir central, juste derri�re la porte coch�re. Ernette, en larmes, g�mit � nouveau : "Je n'aurais jamais cru cela... J'aurais du m'en douter... Oh ! C'est terrible ! Est-ce que le moment approche ?" Me Mialon lui verse une troisi�me ration de rhum. B�ton regarde son compagnon confi� aux ex�cuteurs avec une certaine curiosit� d�tach�e, puis quand il se rend compte que son tour approche, il p�lit et son avocat lui donne � nouveau du marc. La double porte s'ouvre et livre passage � Ernette. L'abb� Moussu tente de lui cacher le couperet de son crucifix, mais le condamn� le voit et s'�crie, terroris� : "Ah ! La voil� !" Embrass� par l'aum�nier avant d'�tre bascul�. Le bruit du couperet surprend B�ton : Me Lavocat lui sert un nouveau gobelet d'alcool, mais B�ton le repousse d'un coup d'�paule. S'avance vers l'�chafaud d'une d�marche de somnabule, en murmurant une pri�re et embrassant le crucifix avant d'�tre pouss� sur la machine.29 juin 1921

28 juin 1921

24 septembre 1921Samedi,
6h08Caen
CalvadosEmile Genest29 ans. Assassina sa tante, Mme veuve S�bire, d'une balle en plein coeur et immola le corps le 23 octobre 1920 � La Chapelle-en-Juger (Manche). Condamn� par les assises de la Manche, arr�t cass� le 12 mai, recondamn� dans le Calvados. Crime commis pour de l'argent : le meurtrier n'en trouva pas.R�veill� � 5h25. Dormait profond�ment, car avait jou� aux cartes jusqu'� minuit avec son gardien. Hoche la t�te quand l'avocat g�n�ral l'informe de la nouvelle. Va � la chapelle, communie et entend la messe. Ex�cution sans histoire. Corps non r�clam� par la famille, confi� � l'Ecole de M�decine.18 mars 1921, 11 juillet 192107 octobre 1921Vendredi,
6h30Quimper
Finist�reYves Herv�34 ans, cultivateur. Le 1er d�cembre 1920, � Bec-ar-Menez, abat sur la route M.Le Du, qui revenait de la foire de Ch�teauneuf-du-Faou et lui vole 705 francs. Le 20 janvier 1921, sur un chemin de Plouy�, il abat de deux balles de revolver Jean-Louis Guinguant qui revient de la foire du Huelgoat et lui vole 1950 francs.Ex�cution pr�vue le 29 septembre 1921, mais suite � une discussion juridique, celle-ci est repouss�e, et les ex�cuteurs retournent � Paris pour revenir une semaine plus tard. A son r�veil, Herv� dit : "Je ne m�ritais vraiment pas cela, je ne savais pas ce que je faisais." Entend la messe, communie, refuse rhum et cigarette.09 juillet 192111 octobre 1921Mardi,
6h35Chartres
Eure-et-LoirCasimir Veignal18 ans, repris de justice. Egorge au cran d'arr�t M.Laroche � Marolles le 29 d�cembre 1920 sans avoir le temps de d�valiser sa maison. Son complice Raymond Ricordeau, 19 ans, vagabond, est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 6h10. "C'est bien, on y va !" Se confesse, entend la messe et remercie ses avocats. Pendant la toilette, dit : "J'aurais pr�f�r� �tre averti hier soir. Je regrette mon crime. On va me guillotiner, je l'ai m�rit�. Pr�venez ma famille." A un moment de recul devant la bascule.06 juillet 192115 octobre 1921Samedi,
6h30Epinal
VosgesMohamed ben Ali ben Salah21 ans. Ouvrier marocain dans une usine de blanchisserie de Thaon, fractura avec une lourde pierre le cr�ne de son compagnon de baraquement, Joseph Lamaze, 56 ans, le 21 janvier 1921 pour lui voler son porte-monnaie, et jeta le corps dans un foss� qu'il recouvre de feuilles.Comprend � peine ce qui lui arrive. A demi-conscient, doit �tre port� jusqu'� la bascule par les aides, tremblant comme une feuille.15 juin 192120 octobre 1921Jeudi,
6h20, 6h26Strasbourg
Bas-RhinFran�ois Frintz
et
Albert Luntz26 ans tous les deux, Frintz, journalier, et Luntz, m�canicien. Assassins du gardien des Postes Spinnhirny, 42 ans, qu'ils �trangl�rent dans l'agence de la place du D�me � Strasbourg le 28 d�cembre 1920 pour voler 230.000 francs. Condamn�s � Strasbourg, arr�t cass�, puis recondamn�s � Colmar.R�veill�s � 5h45. Luntz reste calme. Dit n'avoir aucune d�claration � faire, �crit � son �pouse, demande des cigarettes. Refuse l'alcool, mais boit deux verres d'eau. Frintz se dit innocent, demande qu'on entende � nouveau Luntz � ce sujet. Luntz dit juste : "Il est fou." Frintz se confesse, �crit � sa famille. Luntz va � l'�chafaud le premier en fumant. Frintz cherche des yeux la guillotine, mais il est d�j� pouss� dessus avant d'avoir eu le temps de la voir.24 f�vrier 1921, 12 juillet 192124 octobre 1921Lundi,
6h41, 6h43ParisArmand Fargues
et
Robert Ricard34 ans tous les deux. Assassins de la domestique Am�lie Duma�tre, le 08 juillet 1920 au 52, avenue d'Orl�ans, chez Mlles Caplon et Barth�l�my, deux soeurs qui avaient �t� les bienfaitrices de Fargues quand il avait 16 ans. Comme la femme refusait de r�v�ler o� ses patrons cachaient leur argent, ils l'�trangl�rent et Ricard lui coupa la gorge d'un coup de rasoir. Le crime leur rapporta 25.000 francs en titres.07 ao�t 192108 d�cembre 1921Jeudi,
7h06Beauvais
OiseL�on Bourbier40 ans, manoeuvre. Assassin de Mme Jeanne Alliot, courtisane, le 15 janvier 1921 � Margny-les-Compi�gne, pour la voler.22 septembre 192130 janvier 1922Lundi,
6h35, 6h38Carpentras
VaucluseFortunato Alo�a
et
Alessandro Aletto34 et 32 ans, Italiens. Le 21 f�vrier 1921, sur la route entre Cheval-Blanc et Cavaillon, lors d'un contr�le d'identit�, abattent le gendarme Paul Luciani et blessent le gendarme Henri Odru. Leur complice, Antonio Polito, condamn� � mort lui aussi, est graci�.Bruine glaciale. R�veill�s � 5h45. Alo�a grogne : "Je m'y attendais. Qu'on se dep�che, et que ce soit fini". En voyant le gendarme Odru pr�sent, regrette tout haut de ne pas l'avoir tu�, et dit de Luciani que cela fait un gendarme de moins. Alo�a envoie l'aum�nier au diable, puis tout en fumant la pipe, �crit une lettre dans laquelle il maudit sa femme et leur famille. Aletto, lui, demande � son avocat d'�crire � sa m�re et � sa soeur avant d'entendre la messe, mais il finit par trouver la c�r�monie trop longue et sort avant qu'elle ne s'ach�ve. Au greffe, Alo�a boit deux verres de rhum et fume deux pipes ; Aletto boit autant d'alcool, mais se contente d'une cigarette. Avant qu'on ne les attache, Alo�a s'adresse au juge d'instruction et regrette de ne pas �tre mort � la guerre, comme un homme bien. Aletto part le premier. MOuvement de recul devant la guillotine. Sourire aux l�vres, Alo�a le suit.26 octobre 192101 f�vrier 1922Mercredi,
6h30, 6h33Marseille
Bouches-du-Rh�neRen� Bouy
et
Jer�me MarcheselliBouy, 24 ans, gar�on de caf�, Marcheselli, 32 ans, forgeron. Assassinent au matin du 1er novembre 1920 Mme Ban�re, la patronne de Bouy, � coups de marteau puis de lime (41 blessures au total) alors qu'elle ouvre son caf� "Le Robinson", place du Prado, pour la voler.21 octobre 192125 f�vrier 1922Samedi,
6h04Versailles
Seine-et-OiseHenri-D�sir� Landru52 ans, escroc r�cidiviste, dit "Le Barbe-Bleue de Gambais". Mari� et p�re de quatre enfants, usant d'un grand nombre de fausses identit�s, organise durant la guerre une incroyable entreprise d'escroquerie au mariage qui se solde par onze meurtres. En f�vrier 1915, lors d'un s�jour dans sa villa "The Lodge" � Vernouillet, il fait dispara�tre Jeanne-Marie Cuchet, 39 ans, ling�re et veuve, ainsi que son fils Andr�, 17 ans. Le 28 juin 1915, � Vernouillet, il tue Th�r�se Laborde-Line, 46 ans, s�par�e de son mari. Le 3 ao�t 1915, � Vernouillet, dispara�t Marie-Ang�lique Guilin, 51 ans, veuve, gouvernante. A compter de d�cembre 1915 et avec Berthe H�on, 55 ans, femme de m�nage, veuve, c'est dans la villa "L'Ermitage", � Gambais, que se d�rouleront les crimes. Le 27 d�cembre 1916, Anne Collomb, 44 ans, secr�taire en assurances, veuve ; le 12 avril 1917, Andr�e Babelay, 19 ans, domestique, victime d'un r�cent chagrin d'amour ; le 19 ao�t 1917, C�lestine Buisson, femme de m�nage, veuve ; le 26 novembre 1917, Louise Jaume, 38 ans, en instance de divorce ; 5 avril 1918, Anne-Marie Pascal, 33 ans, couturi�re, divorc�e ; 13 janvier 1919, Marie-Th�r�se Marchadier, 37 ans, ancienne prostitu�e et m�re maquerelle. Reconnu dans un magasin parisien par la soeur d'une disparue, il est arr�t� le 12 avril 1919 rue Rochechouart en compagnie de sa derni�re ma�tresse en date, Fernande Segret. Faute d'aveux de la part de Landru, les circonstances exactes des crimes restent inconnues : empoisonnement, strangulation ? Il semble certain que les corps aient �t� d�pec�s et br�l�s dans la cuisini�re - tout du moins � Gambais. Outre les 35.600 francs retir�s des crimes, Landru aura connu - dans tous les sens du terme - 283 femmes entre 1914 et 1919.30 novembre 192114 mars 1922Mardi,
5h30Epinal
VosgesPaul Saigain28 ans. Recherch� pour plusieurs affaires de vols, assassine d'un coup de carabine l'agent de police Chaponnais venu l'arr�ter � Thaon-les-Vosges le 25 juillet 1920.R�veill� � 5h. Tr�s courageux. Discute avec le pr�tre, mais sans r�clamer de messe. Demande � faire des d�clarations et avoue avoir particip� au meurtre � coups de hache d'une vieille dame � Metz peu avant le crime de Thaon (ce qui serait apparemment faux). Devant la machine, cigarette � la bouche, veut parler, mais pouss� par les aides, n'a que le temps de dire : "Adieu les amis ! Adieu !"12 d�cembre 192131 mars 1922Vendredi,
6h20ParisMaurice "Dudule" Cassang28 ans, souteneur. Abat dans un bal-musette du Faubourg-Saint-Martin son rival Andr� Langevin, dit "D�d� le nez cass�", le 06 septembre 1920. Le 19 octobre suivant, rue Oberkampf, tire sur MM. Troslay et Carr�, agents de la S�ret�, qui cherchaient � l'arr�ter. Arr�t� � Barcelone (Espagne) le 17 d�cembre 1920.R�veill� � 6h, tr�s surpris. "Je ne croyais pas qu'on ex�cutait un vendredi. Je pensais, en outre, que le pr�sident de la R�publique �tant parti pour le Maroc devait surseoir � mon ex�cution jusqu'� son retour." Evoquant une tentative de suicide vieille d'� peine deux semaines - il s'est entaill� le bras gauche avec une lame de rasoir -, remarque : "Je n'aurais pas d� me rater il y a quinze jours. Je n'aurais pas caus� tant de d�rangements � ces messieurs." Refuse le rhum, mais demande un verre d'eau, puis du caf� et de quoi �crire. R�dige une lettre, la confie � son avocat Me Doublet, puis se ravise et en fait des confettis qu'il jette aux toilettes en disant : "Non, ce ne serait pas bien de me venger." P�le, cigarette aux l�vres, descend du fourgon, regarde l'assistance - parmi laquelle se trouvent les deux inspecteurs bless�s par ce dernier lors de son arrestation - puis s'arr�te face � la machine. "C'est ici..." Le pasteur se pr�cipite pour l'embrasser deux fois. Cassang lui rend son baiser, puis dit "Au revoir, monsieur." avant d'�tre pouss� sur la bascule.28 d�cembre 192120 mai 1922Samedi,
4h51Rennes
Ille-et-VilaineFernand LagadecPARRICIDE. 24 ans, valet de ferme. A Romagn�, tue son p�re Pierre, 68 ans, et le jette dans le puits avec l'aide de sa m�re, Jos�phine G�nain, le 25 juillet 1921. La veuve Lagadec est condamn�e � vingt ans de travaux forc�s.R�veill� � 3h50, dormait profond�ment. H�b�t�, reprend vite ses esprits et r�pond au substitut : "Du courage, j'en ai toujours eu jusqu'ici, et j'en aurai encore." S'habille, et passe une paire de sandales. Tr�s calme, entend la messe, communie. Accepte un verre de rhum et une cigarette. Passe une blouse blanche et un voile noir, garde ses sandales. En sortant de prison, entend la lecture de l'arr�t de condamnation. Apr�s qu'on lui aie retir� voile et blouse, va avec courage � l'�chafaud.16 f�vrier 192223 mai 1922Mardi,
4h25, 4h28ParisEmile Loeuillette
et
Louis Cadet27 ans tous les deux. Tueurs de Mme Descheyer, 60 ans, d�bitante � Boulogne-sur-Mer, qu'ils attachent, b�illonnent et � qui ils coupent la langue le 02 juillet 1921 avant de voler 400 francs. Le 08 juillet 1921, � Ivry-sur-Seine, ils agressent Mme Bertrand, 80 ans, pour la voler, et la laissent s'�touffer avec son ba�llon.Loeuillette reste h�b�t�, Cadet est ferme. Refusent de parler au pasteur Beuzard, Loeuillette rajoute : "Je n'ai jamais cru ni � Dieu ni au diable." Cadet se ravise : "Moi, j'aurai du courage. Il faut savoir supporter la mort, quand on a su la donner." Il boit cul sec un verre de rhum, tandis que Loeuillette refuse alcool et cigarette : "A quoi bon ? Ce serait une cigarette de perdue." Loeuillette part le premier, et regarde le couperet avec horreur. Cadet tient � voir la guillotine, se d�fait des embrassades du pr�tre, mais sur la bascule, tente de se d�battre en vain.02 f�vrier 192228 juin 1922Mercredi,
3h46Chaumont
Haute-MarneFran�ois-Joseph Di�trich27 ans, �lectricien. Satyre assassin de Jeanne Graillot, 15 ans, ouvri�re en brasserie, qu'il tue d'un coup de couteau dans le coeur et viole dans le bois de Bettancourt, entre Chancenay et Saint-Dizier, le 22 juin 1921. Croyant ne l'avoir que bless�e, pour �viter qu'elle le d�nonce, il lui cr�ve les deux yeux. D�j� condamn� pendant la guerre pour une tentative de viol dans les Vosges.R�veill� � 3h10. Dormait profond�ment. R�pond simplement "Oui" aux injonctions du procureur et de son avocat. Discute dix minutes avec son avocat � qui il dit : "On s'est tromp�. Mon cerveau est malade. Je ne suis pas coupable ! On va faire mourir un malade !" Demande � Me Mialon de dire adieu � sa fianc�e, de remercier son notaire et lui confie des papiers. Refuse la messe, mais se confesse et communie. Conduit au greffe, tire quelques bouff�es de cigarette et la rejette aussit�t. Refuse le rhum et se plonge dans le silence. Au greffe, toilette rapide, ex�cution idem. Les �poux Pfister, m�re et beau-p�re de la victime, assistent au supplice et commentent : "Enfin, notre petite Jeanne est veng�e." Environ 800 personnes pr�sentes.28 mars 192230 juin 1922Vendredi,
3h55Metz
MoselleFr�deric Schneider
et
Emile Flaesch22 et 23 ans, m�canicien et ouvrier, sans domicile. Etranglent � Redange le 13 juillet 1921 Michel Frantz, vieillard sourd-muet, et le 29 juillet suivant, tuent � coups de talon le caissier d'usine Schlesser, pour les voler dans les deux cas.Apprennent la nouvelle de la bouche d'interpr�tes, car aucun des deux ne parle fran�ais. Flaesch montre du repentir et fond en larmes. Schneider, lui, n'a aucune r�action ni aucune parole de remords. Le premier, catholique, entend la messe et communie. Le second, protestant, s'entretient avec un pasteur de l'�glise r�form�e avant d'�tre confi�s tous deux aux ex�cuteurs.18 mars 192206 juillet 1922Jeudi,
4h20, 4h25Ch�teauroux
IndreAlexandre Lucas
et
Alphonse Daubord22 et 19 ans, vagabonds. Assassin�rent les vieux �poux Limousin � Buxerolles, le 12 juin 1921 : le mari d'une balle dans la t�te, la femme de cinq coups de couteau, pour voler 1455 francs.Avertis la veille. Profitent d'un dernier repas copieux, un peu trop arros� - gr�ce aux bons soins de leur avocat -. Daubord finit en camisole de force pour terminer la nuit. Assistent � la messe. Font des r�v�lations au juge d'instruction sur un autre complice. Daubord part le premier. Devant la guillotine, Lucas crie : "Salut � mon dernier matin ! Vive la R�volution !"29 mars 192211 juillet 1922Mardi,
4h25Evreux
EureL�on Fran�ois Gicquel19 ans. Tua � coups de crosse de fusil Mme veuve Rosse et sa fille Aline au Chesne le 17 janvier 1922 pour voler deux montres en or, de l'argent et des titres au porteur, le tout pour une valeur de 45.077 francs. Son fr�re Marcel Gicquel, 17 ans, est condamn� aux travaux forc�s � perp�tuit�.R�veill� � 3h40. Aucune �motion au r�veil, se l�ve et s'habille sans un mot. Pleure durant la messe. Boit deux verres de rhum avant la toilette, et ne prononce aucun mot. Monte dans le fourgon en compagnie de l'aum�nier, arriv� � la friche du buisson, se laisse basculer sans r�sister.07 avril 192202 ao�t 1922Mercredi,
5h04ParisJacques-M�cislas Charrier27 ans, anarchiste. Au cours de la nuit du 24 au 25 juillet 1921, dans le rapide n�5 Paris-Marseille, entre Dijon et Lyon, agresse les passagers des compartiments de 1e classe en compagnie de deux autres repris de justice, Bertrand et Thomas, et d�robe au moins 30.000 francs en num�raire et en bijoux. Les victimes furent menac�es de mort si elles donnaient l'alarme. Le seul � r�sister, le lieutenant Carabelli, fut abattu d'une balle dans la poitrine. Le major Palaper, qui voulut intervenir, fut frapp� � la t�te. D�s le 27 juillet, Charrier fut arr�t� � Paris, et ses complices abattus par la police lors de leur interpellation, avenue de Wagram, non sans avoir abattu l'inspecteur Curnier.29 avril 192210 octobre 1922Mardi,
5h50Saint-Brieuc
C�tes-du-NordEug�ne Huquet41 ans, cultivateur. Pour se venger de sa femme qui voulait divorcer, noya ses quatre enfants (Elie, 8 ans, Marie, 7 ans, Eug�ne, 3 ans, et Albert,17 mois) dans une mare � Pl�lan-le-Petit le 28 janvier 1922.Dort profond�ment, doit �tre secou� deux fois pour �tre r�veill�. A son avocat, dit : "Je suis content de mourir pour aller retrouver mes petits enfants." Accepte les secours de la religion. Fume la pipe tout en parlant agriculture. On lui propose vin blanc ou rhum : il choisit rhum. Conduit vers la bascule, c'est l'aum�nier qui lui retire la pipe de la bouche.06 juillet 192212 octobre 1922Jeudi,
5h50ParisCharles Burger35 ans, sommelier. Tue � Paris Gaston Jobin, 40 ans, sommelier, avec la complicit� d'Estelle Jobin, 36 ans, dont il �tait l'amant, le 23 mars 1919. Apr�s l'avoir assomm� dans son lit et d�coup� le corps en quatre morceaux, il jeta une jambe et le tronc dans la Seine, et enterra la t�te et l'autre jambe dans le bois de Clamart. Estelle Jobin fut condamn�e � perp�tuit�.R�veill� � 5h30. S'asseoit sur son lit, sourit tristement : "J'avais la croix de guerre, je m�ritais plus d'indulgence." Puis, il pleure : "Mes pauvres parents, ma pauvre petite fille !" Donne � Me Darmont ses dessins � remettre � sa famille. Au greffe, refuse le rhum, mais fume une cigarette qu'il garde � la bouche jusqu'au bout. En descendant du fourgon, il embrasse le crucifix puis appelle son d�fenseur : "Mon avocat ! Je veux voir mon avocat ! " mais en vain, car Me Darmont a pr�f�r� se tenir loin de l'�chafaud.25 juin 192214 octobre 1922Samedi,
5h50M�zi�res
ArdennesL�on Lheur22 ans, �mailleur. Agresseur des �poux Boistay, d�bitants � Oignies (Belgique), sur lesquels il tira deux coups de revolver le 15 avril 1922. Mathilde Boistay mourut aussit�t, son mari Gustave, gri�vement bless� au visage, surv�cut. Mobile : le vol, mais Lheur quitta les lieux sans rien prendre car sa ma�tresse et complice, Lucienne Mouchet, 16 ans, s'enfuit de l'estaminet prise de panique sit�t le crime commis. Lucienne fut condamn�e � �tre enferm�e dans une maison de correction jusqu'� la majorit�.R�veill� � 5 heures. "C'est bien, je l'ai m�rit� !" S'entretient avec l'aum�nier Camus. Refuse la cigarette et le cordial de rhum et de vin rouge qu'on lui propose. Proteste quand on lui retire le scapulaire que lui a donn� l'aum�nier pour effectuer la toilette. Ce dernier lui enroulera le scapulaire autour des mains. Ex�cut� � la porte de la prison de M�zi�res (situ�e dans l'actuelle rue des Li�geois).02 ao�t 192224 janvier 1923Mercredi,
6h56ParisMarius-F�lix Gounaud23 ans, tue d'une balle dans la tempe son oncle L�on Boissi�re, concierge au 29, rue de Constantine, le 16 ao�t 1921, pour lui voler 1.100 francs. Il enferme le cadavre dans une malle d'osier qu'il laisse en consigne � la gare de Lyon. D�nonc� par des commissionnaires qu'il avait embauch� pour jeter "80 kilos de viande avari�e" dans la Seine.R�veill� � 6h30. Reste un moment silencieux, avant de r�clamer cigarettes, rhum et caf�. Demande �galement du papier � lettres, et r�dige un dernier message � sa m�re dans laquelle il la prie de le pardonner et d'entreprendre des d�marches pour r�cup�rer sa d�pouille. Ecrit une seconde lettre d'adieu, � une ma�tresse nomm�e Mado. Avant de grimper dans le fourgon, r�pond au procureur qui le priait de faire preuve de courage : "Ne craignez rien, je suis un homme du si�cle." Pouss� sur la bascule, crie : "Adieu, maman !" Un soldat du service d'ordre s'�vanouit. Son officier faisant remarquer que c'est la seconde fois qu'il perd connaissance lors d'une ex�cution capitale, un journaliste lui r�torque acerbement : "Pas possible ! Vous voulez le tuer lui aussi ?"18 octobre 192220 f�vrier 1923Mardi,
6h15Laon
AisneFran�ois ThysBelge, 22 ans, manouvrier. Assomme de deux coups de b�che, abat de deux balles dans la t�te et viole le 22 janvier 1922 Mme Van der Hallen � Essigny-le-Grand parce qu'elle refusait ses avances.R�veill� � 5h30, dormait. Aucune r�action, se confesse � l'abb� Verhoever, aum�nier des �migrants belges en France, et le prie de demander pardon � ses parents. Entend la messe. Remercie Me Huet, son avocat.13 novembre 192210 mars 1923Samedi,
5h45, 5h49Toulouse
Haute-GaronneGeorges L�on Patte
et
Roger-Victorien Vignau-CazalaaPatte, 22 ans, caporal au 18e r�giment d'infanterie, et Vignau, 22 ans, cavalier de 2e classe dans la 17e section des commis et ouvriers. Tuent � coups de bouteille, de crosse de fusil, de canif et de rasoir � main le 19 avril 1922 � Auch (Gers) le boulanger Jean-Baptiste Dilhan, 69 ans, et Louise-Jos�phine Jordana, dite "Caf�-au-Lait", 24 ans, dont Patte �tait �pris et qui se refusait � lui. Pendent les corps pour faire croire � un suicide. Volent 5.000 francs. Condamn�s par le Conseil de guerre de Toulouse.R�veill�s � 5h05. Patte g�mit :"Mon Dieu ! Mon Dieu ! Il faut donc mourir !" Ils s'habillent, remercie leurs avocats, et communient. Patte sort le premier. Tout p�le, regarde le ciel, puis la machine et crie : "Chr�tiens, je suis chr�tien, j'ai faut�, je paye !" Vignau, lui, dit : "Messieurs les juges, je vous remercie, vous avez fait votre devoir."18 octobre 192205 mai 1923Samedi,
3h40Nice
Alpes-MaritimesPavel
"Piotr Riaboff"
Brysgaloff31 ans, ancien infirmier � la L�gion Etrang�re, d�serteur, morphinomane. Sous le faux nom de Pierre Riaboff, cambrioleur du consulat russe de Marseille en 1920. Le 28 septembre 1921, � Nice, tente de tuer de trois coups de marteau, Mme Marie Horessaroff, dite "Mme Frank", renti�re russe, 67 ans, qui l'a surpris en train de cambrioler son appartement. Pris au pi�ge dans les d�pendances de l'h�tel du Luxembourg, abat le t�l�graphiste Casimir Tahon, 28 ans, mutil� de guerre, et blesse un bijoutier ainsi le brigadier Louis Chevalier. Jug� le 17 novembre 1922, son �tat fait penser � celui d'un d�ment. De nouvelles analyses prouvent le contraire : l'homme, bien que souffrant d'une syphilis avanc�e, est responsable de ses actes.A la nouvelle, p�lit et manque s'�vanouir. Son avocat le r�conforte. Au greffe, demande des cigarettes fortes, et boit trois verres de rhum. Pendant qu'on le lie, pris d'une crise de col�re en russe et en fran�ais, et hurle : "Vive L�nine ! Vive la Troisi�me Internationale !"08 f�vrier 192315 juin 1923Vendredi,
9hSarrebr�ck (Allemagne)August Weibel24 ans, employ� dans un magasin de tissus, repris de justice. A Sarrebruck, dans la nuit du 26 au 27 novembre 1922, tue de 28 coups de hache son oncle Peter Neumann, libraire, puis porte dix coups � sa tante Anna Binger, avant de tuer de la m�me fa�on les enfants, Hugo Neumann, 2 ans et Ludivina, 1 an, qui s'�taient r�veill�s et pleuraient de peur. S'enfuit en emportant un complet, la montre de sa tante, 70 francs et 120.000 marks qu'il d�pense dans la journ�e dans les caf�s de la ville, avant d'�tre arr�t� le soir m�me.Arriv� la veille, Deibler refuse de monter la guillotine d�s la fin de soir�e. Montage d�s 2 heures du matin, sur un �chafaud haut d'un m�tre et illumin� de cierges, � proximit� d'un corbillard, ce qui fait pester Anatole Deibler. Conduit devant l'�chafaud, Weibel doit endurer la lecture de l'acte de condamnation pour chaque crime, soit pr�s d'un quart d'heure de lecture. Ex�cution tr�s rapide.14 f�vrier 192312 juillet 1923Jeudi,
4h50Mont-de-Marsan
LandesBernard Louis Bordes28 ans. Abat au fusil de chasse les �poux Vital-Glize � B�lis dans la nuit du 06 au 07 janvier 1923 pour les voler.R�veill� � 3h15. Dort profond�ment. A l'aum�nier qui l'incite � embrasser le crucifix, il r�pond : "Pff, il n'existe pas, votre Dieu, sans quoi il ne permettrait pas �a !" Refuse de parler au juge : "J'en avais � dire, j'en avais... Maintenant c'est trop tard. J'en avais..." Pieds nus, il quitte sa cellule. Il entend malgr� tout la messe, puis au greffe, il �crit une lettre � ses parents et souligne "Je suis innocent." On lui donne une cigarette et un verre d'eau-de-vie. Il trempe ses l�vres, grimace, dit : "Je croyais que c'�tait du vin blanc." avant de vider le godet. Il reste tranquille pendant la toilette.27 avril 192307 septembre 1923Vendredi,
5h35, 5h37Nancy
Meurthe-et-MoselleJozef Witkowski
et
Szczepan Kazmierowski29 et 27 ans, Polonais. Le 28 octobre 1922, � Soxey, pr�s de Longwy, tuent � coups de revolver dans la t�te le grand-p�re Hippolyte Pierson, 74 ans. Le fermier Edmond Pierson, atteint � la colonne vert�brale, devient d�finitivement handicap�, de m�me que sa fille, Marie, 8 ans. Mme Pierson est bless�e � l'�paule et frapp�e � coups de crosse quand elle cherche � s'enfuir.Croyaient en leur gr�ce. A la nouvelle, Kazmierowski fond en larmes. Witkowski s'agenouille et prie. Ils �crivant � leur famille, et Kazmierowski dit "On ne devrait pas nous tuer. NOus allons cesser de vivre, mais ceux que nous aimons continueront � souffrir." Apr�s la messe, Witkowski part le premier, bl�me et en balbutiant. Kazmierowski va � la guillotine sans rien dire.27 avril 192309 octobre 1923Mardi,
5h32Aix
Bouches-du-Rh�neF�lix Gueydan32 ans, cambrioleur. Evad� de la prison de N�mes le 15 d�cembre 1920. Le 04 janvier 1921 � Valence, tue de trois coups de couteau la veuve Joly, domestique, en compagnie d'Albert L�vy, sans pouvoir cambrioler la maison, car la ma�tresse des lieux, Mlle de St-Alyre, donne l'alerte par la fen�tre. Blesse de trois balles de revolver � Arles l'inspecteur S�beille le 06 janvier 1921. Arr�t� le 08 f�vrier. Jug� d'abord pour une s�rie de vols par les assises de l'H�rault fin 1921, condamn� en premier lieu � Aix, puis � Valence. Son complice Michel Cadi�re - auteur probable des coups de feu d'Arles - est condamn� � mort et gr�ci�. Dans le cadre du crime de Valence, Albert L�vy est lui aussi condamn� � mort et graci� (NB : L�vy avait �t� condamn� � mort le 9 janvier 1923 � N�mes pour une tentative de meurtre, et l'arr�t cass�).R�veill� en m�me temps que Cadi�re, � 4h40. Pendant qu'on informe son complice de sa mesure de gr�ce, se contente de dire : "Je m'y attendais." Conseill� par l'abb� Guigue, entend la messe et communie. Fume une cigarette, boit deux verres de rhum. Demande � faire une derni�re d�claration au juge Bouis : "Je suis coupable dans l'affaire d'Arles, mais je jure que je suis compl�tement innocent de l'assassinat de la veuve Joly." Tr�s calme durant la toilette. En franchissant les portes de la prison, s'adresse � un aide qui le soutient par les �paules : "Ne me poussez pas." Se "lib�re" et fait ses derniers pas, avec volont� et t�te haute.02 mai 1922 et 24 avril 192311 octobre 1923Jeudi,
5h21Privas
Ard�cheLouis Germain Sapet26 ans. A Valgorge, tue � coups de revolver le 12 janvier 1923 ses parents nourriciers, Louis-Paul et Marie-Lou Sedat, pour les voler.R�veill� � 4h35. Au procureur, r�pond : "Tas de vendus, je savais bien qu'on me cachait la v�rit�." Gronde contre le juge d'instruction, r�le contre la justice. S'habille seul. A l'aum�nier qui lui propose une messe, r�pond : "Vous avez des id�es trop hautes pour moi, l'abb�." A Me Lautier, son avocat, lui montre deux jeux, l'un de jacquet, l'autre de dames, qu'il a personnellement fabriqu�s en cellule, et �voque au gardien-chef le souvenir d'une partie de manille la veille. Il �crit une lettre � son �pouse : "Aujourd'hui, 11 octobre � 5 heures du matin, je pars pour l'autre monde. Malgr� mon indignit�, je vous aime tendrement. Je ne me plains pas. J'ai m�rit� ma peine, mais je jure que je n'ai pr�m�dit� mon crime." Pris de tremblements, ne peut achever son message, et son avocat dut lui-m�me �crire l'adresse. Il se roule une derni�re cigarette, puis donne au gardien-chef un cahier contenant une �bauche de roman "Amour lointain". En voyant Deibler, sur le seuil, il lance :"Alors, Monsieur de Paris, on n'a pas emmen� la musique de la Garde R�publicaine ?" Puis il jette un oeil vers la guillotine : "Vous me laisserez bien le temps de la voir un instant." 600 personnes pr�sentes.16 mai 192316 octobre 1923Mardi,
5h45Rouen
Seine-Inf�rieureCharles Vasseur24 ans, journalier. Etrangla Mme Ren�e Galliande au Havre le 28 mars 1923 avec la complicit� du cousin de cette derni�re, Henri Maniable, 18 ans, pour voler 25.000 francs. Maniable, condamn� � mort aussi, est graci�.Brouillard �pais. R�veill� � 5 heures. Se montre courageux, s'habille seul. A la chapelle, se confesse, entend la messe et communie. Au greffe, fume une cigarette, boir un verre de rhum et demande au gardien-chef s'il peut conserver au cou une m�daille que sa m�re lui avait offert, et regrette de mourir sans avoir vu l'enfant que sa femme attend. Place Bonne-Nouvelle, il embrasse le crucifix, puis l'aum�nier. Le mari et le p�re de Mme Galliande sont pr�sents dans l'assistance.06 juillet 192313 novembre 1923Mardi,
6h21Saintes
Charente-Inf�rieureEdmond Sicard46 ans. Brise le cr�ne le 02 janvier 1923 Maurice Durand, 14 ans, valet de ferme chez la famille Sacr� � Marans, pour d�valiser la ferme du Clousiq que Durand surveillait en l'absence de ses employeurs partis au march�. Butin du vol : 300 francs. Le corps est retrouv� � l'embouchure d'un canal voisin et de l'oc�an trois semaines apr�s. La veuve Barr�, sa concubine et complice, est condamn�e � mort et graci�e. Leur fils, Ernest, 23 ans, est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 6h. Apr�s avoir repris ses esprits, se l�ve et s'habille tranquillement. Affirme : "C'est moi qui ai jet� Durand � l'eau, mais c'est Ernest qui l'a tu�." Refuse la messe, mais accepte - � la demande de Me Lamor, de parler avec l'aum�nier. Demande � voir la veuve Barr�, mais c'est impossible. Se r�signe : "Puisqu'il faut y aller, allons-y !" M�chonne une cigarette pendant la toilette, boit un verre de rhum, et dit aux aides : "Coupez-moi le cou, mais ne me faites pas mal !" Pousse un grand soupir quand on le pousse sur la bascule.21 juillet 192322 d�cembre 1923Samedi,
6h40Toulon
VarMarcellin Delval25 ans. A Auchy-la-Bess�e, au lendemain d'une rixe au cours de laquelle il tire sur son beau-p�re et son beau-fr�re sans les toucher, abat les gendarmes Cahuzet et Petit le 24 septembre 1922. Refugi� dans le Var, le 06 d�cembre 1922 � Draguignan, agresse un boucher pour le voler, puis part pour Toulon. Le 08 d�cembre, arr�t� en sortant d'un bar, parvient � s'enfuir. Blesse gri�vement M.Gelato, �picier, le policier Mathieu, puis abattit Charles Blanc, pr�fet de police � Toulon. Condamn� dans le Var, puis dans le Pas-de-Calais.Temps glacial. R�veill� � 6 heures. Dort profond�ment, car il a pass� la soir�e � jouer aux cartes avec des co-d�tenus. Au juge d'instruction, il crie :" Vous, Dellor, j'ai � vous dire cela ; je vous en veux parce que vous m'avez mis sur le dos un vol � Draguignan dont je ne suis pas coupable. Je ne suis pas un voleur." A l'aum�nier, il dit : "Votre religion, je n'en veux pas, votre Dieu m'a oubli�, mais je peux le dire, vous, vous �tes un chic type, vous avez jou� � la manille avec moi." Puis il se retourne vers son avocat, Me Brun : " Vous, Ma�tre, vous �tes plus chic que le Pr�sident de la R�publique. Je sais que vous avez du coeur. Je m'en souviendrai au Paradis." Puis de nouveau au pr�tre : "Parce que j'irai au Paradis, que vous le vouliez ou non ! Et je me souviendrai aussi de vous car vous n'�tes pas si mauvais." Mais au greffe, il s'�nerve : "Tas de calotins, tas de crapules ! Je vous emmerde ! Vive l'anarchie ! La religion, je m'en fous, la soci�t�, je l'emmerde !" Il refuse caf� et verre de rhum avant de se raviser, expliquant que c'est parce que c'est le gardien-chef qui les lui propose. Puis il r�dige une lettre sans dire pour qui, et la remet � son d�fenseur. Pendant la toilette, il dit : "Coiffez-moi bien, si on doit me photographier." Devant la bascule, il hurle : "Ici, il faut crier, vive Me Brun !" Et comme ce dernier s'avance pour l'embrasser, il dit : "C'est �a, embrassez-moi, mais pensez aussi � la petite fleur rouge." (Il s'agissait de sa derni�re volont� exprim�e dans la lettre pr�c�demment cit�e : qu'on d�pose une fleur rouge sur son tombeau.)17 avril 1923, 06 octobre 192312 janvier 1924Samedi,
7h15Lille
NordLouis DumontBelge. Commet un triple assassinat � Sailly-l�s-Lannoy, dans la nuit du 08 au 09 avril 1919. Tue � coups de revolver la veuve Darras, 55 ans, l'ancienne patronne de sa m�re - et aussi sa marraine -,le domestique Leopold Declercq, 60 ans, et la bonne Julienne Dubas, 29 ans, pour voler 4.500 francs et de l'argenterie.Meurt courageusement. Entend la messe, refuse le verre de rhum et la cigarette. Ex�cut� place du Palais.19 octobre 192308 f�vrier 1924Vendredi,
6h35Carcassonne
AudeAndr�s
Garcia-Tejeron42 ans, ouvrier agricole. Lapida Jos� Torr�s pour le voler le 06 mai 1923 � Ladern, puis posa le corps sur une meule de paille qu'il incendia. Son complice Jaime Ibanez est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 6h. On doit le secouer pour qu'il ouvre les yeux. Le procureur lui explique la situation, traduit par un interpr�te. "Merda... no me mateis" (Ne me tuez pas), r�pond-il. Prend un petit verre de rhum ce qui lui donne un coup de fouet. Demande une clope et reproche � Me Riart, son avocat, de lui avoir cach� la d�cision du pr�sident. Demande � entendre la messe. En allant � la chapelle, passe devant la cellule de Torr�s, et grogne : "Crapule, c'est par moi que je meurs." Pendant l'office, cigarette aux l�vres, reste prostr�, et rep�te plusieurs fois : "Ne me tuez pas, faites moi gr�ce encore quelques jours." Au greffe, pendant qu'on le ligote : "Je ne partirai pas, tuez-moi d'un coup de revolver, mais ne me faites pas souffrir." Demande une seconde cigarette, qu'un aide lui glisse entre les l�vres. Tire deux, trois bouff�es. En quittant la prison, embrasse le crucifix. Devant la guillotine, a un mouvement de recul.07 novembre 192328 f�vrier 1924Jeudi,
6hMetz
MoselleMohamed ben Abdelkader "Lebekakcha Badri"
ben M'Barek23 ans, tirailleur Alg�rien, casern� � Morhange, commit un double crime � Pevange le 24 d�cembre 1922. Assassine � coups de fusil Albert Pouillon, domestique, 24 ans et sa fianc�e Jeanne Souchon, 20 ans, et les ach�ve � coups de couteau. D�robe 600 francs, la montre du gar�on et le sac de la demoiselle. Pr�tendit que, quelques jours plus t�t, Souchon l'avait insult� et trait� de "sale bicot". Condamn� en premi�re instance par le conseil de guerre de Metz, jugement infirm� par le Conseil de guerre de Nancy.R�veill� � 5h30. Aux questions du commissaire du gouvernement, r�pond qu'il a tu� parce que ses victimes l'avaient insult�. N�anmoins, il reconnut avoir faut� et demanda pardon � la Soci�t�. S'entretient dans sa cellule avec un soldat musulman qui sert d'imam. Passe un pantalon de treillis bleu et des sabots (tenue r�glementaire des soldats lors de leur ex�cution). Remercie son avocat, le prie de pr�venir son oncle en Alg�rie. Tr�s peu de spectateurs.27 f�vrier 1923, 09 octobre 192317 mai 1924Samedi,
5h25Laon
AisneRaoul Marchand21 ans, conducteur de trains. A Soissons, tente de violer le 22 septembre 1922 Mme Henriette Leboeuf, 28 ans. Tue de huit coups de couteau et viole Mlle Anne-Marie Bourgeault, 20 ans, le 31 octobre 1922 � Soissons, et vole 50 francs � sa victime. Condamn� une premi�re fois, incarc�r� � la prison de Laon, assomme d'un coup de chaise sur la t�te son gardien Germain, 50 ans, pour s'�vader au soir du 25 octobre 1923. Le maton meurt � l'h�pital le lendemain.R�veill� � 3h40. Ne r�pond rien. Ecoute la messe et se confesse � l'abb� Lef�vre, aum�nier et cur� de St-Martin. Prend un verre de rhum et en renverse la moiti� en le saisissant. Accepte une cigarette roul�e. Manifeste du regret. Pouss� sur la bascule, hurle : "Vive la France !"04 ao�t 1923, 14 f�vrier 192419 ao�t 1924Mardi,
5h23ParisMohamed Ousliman Kh�mil�36 ans, Alg�rien. Amoureux d'une femme mari�e, Mme Billard, �pici�re rue Fondary, ne supporte pas ses incessants refus. Le 07 novembre 1923, il l'attrape dans son magasin, la tra�ne dans la rue et la tue de quatre coups de couteau de cuisine. Pris d'une fureur homicide, frappe les passants au hasard dans la rue : tue Mme Foug�re, 60 ans, qui ramenait son petit-fils de l'�cole, blesse au ventre Mme Raymonde Brunet et Mme Gis�le Hescu � l'aine, avant d'�tre mis hors d'�tat de nuire par des policiers qui lui tirent une balle dans le ventre.21 mai 192416 septembre 1924Mardi,
5h40Saint-Mihiel
MeuseJean-Baptiste Arthur Lequy45 ans, sabotier. Tua � coups de marteau son voisin, M. Ernest Quinquet, 75 ans, � Autr�ville dans la nuit du 23 au 24 octobre 1923 et pend le cadavre dans le grenier, pour le voler et rembourser ses dettes.Entr�e des officiels dans la cellule � 5h, Lequy est d�j� r�veill�. Demande � se confesser, entend la messe et communie. Embrasse le crucifix devant l'�chafaud.11 juillet 192419 septembre 1924Vendredi,
6hTours
Indre-et-LoireZeiro Finatti40 ans, Italien, cimentier. Au 29, rue du Cygne � Tours, suit la prostitu�e Suzanne Lavoll�e, 25 ans, dont il �tait un client r�gulier. Sous pr�texte qu'apr�s leur relation, elle lui aurait d�rob� un billet de 50 francs, il la frappe, l'�trangle, puis l'�ventre avec un couteau, lui coupe les seins et les parties g�nitales puis vole ses bijoux et ses �conomies le 13 avril 1924Tr�s calme au r�veil, en pr�sence d'un interpr�te. Fume quatre bouff�es de cigarette, puis sa pipe qu'il a personnellement bourr�e. En se rem�morant des parties de cartes avec les gardiens, il dit : "On en a fait, de ces parties !" Au moment de la toilette, se met � trembler et devant la guillotine, se met � hurler.26 juin 192421 janvier 1925Mercredi,
6h50Nancy
Meurthe-et-MoselleFran�ois SalvadorTitulaire de la croix de guerre, 29 ans, chef artificier pendant la guerre, charg� de la destruction des d�p�ts de munitions ennemies. Le 02 f�vrier 1920, il attire dans un pi�ge Casimir Delaville qu'il tue dans un bois de St-Julien-les-Gorze d'un coup de revolver et lui d�robe 400 francs. Il r�p�te la technique � Montanville sur Jacques Roussel en janvier 1921, et fait exploser un d�p�t de munitions � proximit� de son cadavre pour effacer les traces de son crime, qui lui rapporta 6.000 francs en bons de la D�fense Nationale. Ses deux victimes �taient ouvriers sous ses ordres.R�veil � 6 heures. Finit quelques lettres pr�-r�dig�es, fait quelques recommandations � son avocat. Assiste � la messe, et se laisse "toiletter" en silence. Un des fr�res Roussel assiste � l'ex�cution.25 octobre 192425 f�vrier 1925Mercredi,
5h50Strasbourg
Bas-RhinJean Blies38 ans. Concierge � l'h�tel Continental de Strasbourg, assomme � coups de pelle, viole et �trangle le 13 mai 1924 Marthe Heymann, 22 ans, bonne dans l'h�tel, venue acheter une baignoire usag�e dans ce m�me h�tel. Apr�s cela, il se d�barrasse du corps en le mettant dans un sac et en le jetant dans le canal du Rh�ne au Rhin.R�veill� � 5h10. H�b�t�. N'a aucune d�claration � faire. Apr�s que les gardiens l'aient aid� � s'habiller, il parle une dizaine de minutes avec le pasteur Klein, ce qui lui donne du courage. Au greffe, il boit un verre de rhum et un verre d'eau qu'il boit cul sec, puis il �crit ses derni�res volont�s et l�gue tout � sa femme. Ensuite, il fait une lettre � sa m�re, et se dit pr�t � mourir. A sa demande, on ne lui lie pas les jambes. Devant l'�chafaud, le pasteur embrasse Blies chancelant avant qu'on ne le pousse en avant.15 novembre 192423 mars 1925Lundi,
5h30Saint-Pol-sur-Ternoise
Pas-de-CalaisAntonief Paprocki44 ans, ouvrier m�tallurgiste, chef d'un quatuor de bandits polonais, cambriole dans la nuit du 10 au 11 avril 1924 une ferme isol�e de Saulty-l'Arbret. R�veill� par le bruit, le fermier Lombard, 50 ans, se l�ve et lutte avec les bandits. Il est abattu d'une balle dans le ventre par Paprocki. Mme Lombard, 48 ans, est bless�e � son tour. Henri Lombard, le fils, 28 ans, intervient alors et il est frapp� � coups de couteau par Emil Husar, ainsi que sa plus jeune soeur, Madeleine, 18 ans. Enfin arrivent les neuf domestiques de la ferme : l'un d'eux est assomm� et jet� dans la mare de la cour. Butin : � peine 1.000 francs. L'un des complices ne sera jamais repris. Le plus jeune, Kranicek, 20 ans, est condamn� � perp�tuit�. Emil Husar, 38 ans, est condamn� � mort et graci�.Ex�cut� place de la Gendarmerie. Faiblit un bref instant au r�veil, puis va courageusement � la guillotine.18 d�cembre 192424 mars 1925Mardi,
5h27Lille
NordHenry "Le Tigre" Olivier32 ans, ancien des Bat d'Af, chef d'une bande de dix-neuf chauffeurs, les "Cagoulards", qui �cum�rent la r�gion de Roubaix de 1917 � 1922. Insoumis pendant la guerre, abattit en 1916 un gendarme allemand qui allait l'arr�ter. Le 5 novembre 1918, � Mouscron (Belgique), tue Mme Augustine Demeulemeester, �pici�re, qu'il �trangle avec l'un de ses propres bas. Le 8 d�cembre, � Roubaix, assomment le pontonnier Paul Dol�an et volent plusieurs milliers de francs. Par la suite, leurs agressions s'accompagnent souvent de violences, mais jamais de mort. Le principal lieutenant d'Olivier, Jules Pollet, alias "L�vrier", est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 4h45. "Je n'ai pas m�rit� l'�chafaud." Refuse les secours de la religion. Place du Palais de Justice, devant la guillotine, embrasse son avocat puis dit � Deibler : "Vous pouvez y aller." Sa glande thyro�de est greff�e � une fillette, ce qui la sauvera.04 d�cembre 192423 avril 1925Jeudi,
5h05ParisLoucief Lakdar33 ans, Alg�rien, ouvrier. H�berg� le 28 f�vrier 1924 dans une cabane proche de la gare de St-Denis par trois ouvriers portugais. A coups de barre de fer, frappa dans leur sommeil Juan Vieira, Antonio Ferreira et Francisco Mend�s pour leur voler 5.500 francs. Mend�s parvint � s'enfuir pour donner l'alerte. Ferreira eut la m�choire bris�e mais surv�cut, pas Vieira, qui eut la gorge tranch�e � coups de couteau.R�veill� � 4h45. Confie � son avocat plusieurs missions aupr�s de sa famille, et quand on lui demande s'il a une ultime volont�, r�pond : "Je d�sire ne pas �tre ex�cut�, je suis innocent." Durant la toilette, r�cite des versets du Coran. Descend du fourgon p�le mais calme.10 janvier 192505 mai 1925Mardi,
4h50ParisPaul-Louis Dervaux37 ans, garagiste. Tua le 26 septembre 1923 � Paris, rue Mathis (19e) son �pouse Germaine Vayssi�re � coups de marteau, puis l'�trangle avec une corde et d�bita le cadavre pour s'en d�barrasser dans la Seine.R�veill� � 3h30, insulte ses visiteurs, les traite d'assassins et de bandits. Me Torr�s, son avocat, emploie toute sa patience pour le calmer. Embrasse le crucifix, mais refuse la messe, et demande qu'on s'abstienne d'annoncer la nouvelle trop brutalement � sa m�re : "Surtout, qu'on la m�nage, elle en mourra." Ecrit une lettre pour son avocat, formule une plainte contre son beau-fr�re, et refuse cigarette et verre de rhum. Devant la guillotine, grogne : "C'est injuste !" et pousse un soupir quand on le pousse sur la bascule.31 d�cembre 192427 juin 1925Samedi,
4h30Dreux
Eure-et-LoirNo�l Charpentier28 ans, ouvrier agricole. Etrangle avec un mouchoir � Dreux le cordonnier Baril le 11 novembre 1923. Ses complices : Paul Jacquot est condamn� � mort - il sera gr�ci� - et Gustave Duroc � perp�tuit�.R�veill� � 5h05. Dit : "Je suis pr�t." Il entend la messe, et au greffe, fume une cigarette et boit deux verres de vin blanc. Aux aides, il dit :" Vous trouverez une lettre dans une de mes poches." En voyant la guillotine, dress�e � l'entr�e de la prison, rue d'Orfeuil, il pousse un "Ah !" d'�pouvante, puis embrasse le crucifix. Sur la planche, il crie : "Adieu !".07 avril 192531 octobre 1925Samedi,
5h45Aix
Bouches-du-Rh�neYves-Alexandre "Nez-Pointu" Couliou35 ans. Le 24 septembre 1920, �trangle Yvonne Schmidt, 22 ans, danseuse de music-hall et prostitu�e occasionnelle, 19, rue de la R�publique � Marseille, pour la voler apr�s avoir pass� la nuit avec elle. Son complice, Albert "L'Athl�te" Polge, est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 5 heures. A la nouvelle, r�pond : "Gardez vos boniments pour d'autres." Parle vingt minutes environ avec son avocat Me Castelbon, refuse les secours de l'aum�nier. En sortant de la prison, crache sa cigarette et en fixant le couperet, crie : "Vive l'anarchie ! Mort aux vaches !"25 juillet 192519 d�cembre 1925Samedi,
7h07Beauvais
OiseStanislas Makl�s27 ans, Polonais. Condamn� une premi�re fois pour meurtre crapuleux d'un autre Polonais, M.Bardzinski, � Sarry (Marne) en janvier 1924. Recondamn� le lendemain pour le meurtre crapuleux de M.Sivek, � Rib�court. Son complice Muzenski, 28 ans, est condamn� � vingt ans de travaux forc�s.R�veil tr�s calme � 6h45. Entend la messe de la bouche d'un pr�tre polonais. Se plaint de ne pouvoir vivre assez longtemps pour voir No�l et le Jour de l'An. Boit un verre de rhum, une tasse de caf�, et fume sa cigarette. Marche fermement vers la guillotine, mais apr�s le baiser du pr�tre, il s'�crie : "Non, non, laissez-moi finir ma cigarette !" Il faudra la force des trois aides pour arriver � le pousser sur la bascule tant il se d�bat.30 septembre et 01 octobre 192514 janvier 1926Jeudi,
7h05, 7h08Bordeaux
GirondeBenito Castro
et
Ramon RecassensRecassens, 26 ans, boulanger. Castro, 32 ans, menuisier. Le 11 juillet 1925, attaquent la fabrique de meubles Harridez � Talence. Tuent les employ�s MM.Gimon p�re et fils, et blessent gri�vement M.Labrousse, qui sera amput� de la jambe gauche. Accompagn�s de deux complices, Isidoro Cazals, qui sera condamn� � perp�tuit�, et Solar Aznar, qui s'enfuira en Espagne. Recassens est soup�onn� du meurtre, en Espagne, de deux boulangers et d'un conducteur de train.R�veill�s � 6h30. La nouvelle ne leur arrache pas la moindre r�action de peur. Ils refusent les secours de la religion, ainsi que le verre de rhum, mais fument plusieurs cigarettes. Au greffe, Castro �crit une lettre � sa famille tout en discutant avec son complice. Aucune d�claration de derni�re minute. Devant la guillotine, Castro crie : "Vive l'anarchie !" Recassens tente de pousser le m�me cri, mais l'ex�cution va trop vite pour qu'il y parvienne.31 octobre 192515 f�vrier 1926Lundi,
6h21Lyon
Rh�neMaurice Berger25 ans, journalier, repris de justice. Epris d'une femme mari�e, Mme Rival, tenanci�re d'un caf� avenue Jean-Jaur�s, il n'avait de cesse qu'elle finisse par lui c�der. Quand le 12 f�vrier 1925, il finit par prof�rer des menaces de mort, la famille Rival pr�vient la police. Alors qu'il guette, tapi derri�re un urinoir faisant face au caf�, remarque le sous-brigadier Daleix et le gardien de la paix Vallat allant � sa rencontre. Il les abat chacun d'une balle dans la t�te.Se r�veille vers 5 heures et demie et demande � son gardien si six heures sont pass�es. Devant la r�ponse n�gative, il s'appr�te � somnoler de nouveau, mais les autorit�s entrent dans la cellule. Il fr�mit, et r�pond "Ca va bien." Voyant son avocat, Me Sabatier, il le salue : "Bonjour, Ma�tre, et au revoir." Allume une cigarette, s'habille, �crit une lettre � sa m�re - la plume �tant us�e, il demande qu'on la lui change -, se confesse, entend la messe. Au greffe, boit une tasse de caf�. Fume une cigarette tout en parlant avec son avocat et l'aum�nier, puis demande aux ex�cuteurs s'l peut garder dans sa poche une photo de sa m�re et de sa jeune ni�ce. Quand on lui lie les mains, il dit : "Enlevez-moi ma cigarette." Devant la guillotine, ferme et droit, crie : "Adieu Maman ! Adieu Maman ! Adieu Marguerite !"31 octobre 192510 ao�t 1926Mardi,
5hEvreux
EureAuguste Roland Marcel Agnan19 ans, ouvrier agricole. Le 1er d�cembre 1925, dans un chemin vicinal de Gouville, tua la veuve Lanciaux, 80 ans, � coups de nerf de boeuf pour la voler. Il d�robe ses clefs et fouille sa maison, mais ne trouve rien � d�rober.R�veill� � 4h20, dort profond�ment. Se l�ve sans mot dire, accepte d'entendre la messe d'un signe de t�te, communie. Au greffe, fume une cigarette et boit trois petits verres de rhum coup sur coup. Arriv� devant la guillotine, il dit au revoir � son d�fenseur, Me Chauvin.23 avril 192613 ao�t 1926Vendredi,
5h07Riom
Puy-de-D�meBarth�l�my Antoine Chabaud25 ans, manoeuvre. Tua � coups de b�ton sur la t�te Iren�e Garraud, rentier septuag�naire pour lui voler 12 francs, dans le bois de la Charade le 12 ao�t 1925. Son complice Mar�chal, 25 ans, gar�on boucher, est condamn� � perp�tuit�.R�veill� d�s minuit par les cris de la foule amass�e place Desaix, devant la prison, se doute de son sort. S'habille, malgr� les tentatives de son gardien pour le rassurer, et r�dige son testament avant de proposer au m�me gardien une partie de cartes "pour tuer le temps". A plusieurs reprises, le comportement des gens � l'ext�rieur lui fait perdre son calme et c'est avec soulagement qu'il voit les officiels rentrer dans la cellule. "Du courage, j'en aurai. J'en ai eu pour commettre un crime, j'en aurai pour expier." Il refuse les secours de la religion, et se laisse "toiletter" sans mot dire, avant de marcher fermement vers l'�chafaud.30 avril 192624 ao�t 1926Mardi,
5h15Reims
MarneGeorges-Alphonse Passevache27 ans, valet de ferme. Tue � coups de fusil Marie Boude, 24 ans, fille de ses anciens patrons, � Saint-Quentin-le-Verger le 19 novembre 1925, pour avoir refus� de l'�pouser.R�veill� � 4h27. Effondr�, durant la messe, murmure "Mis�re de mis�re, c'est malheureux tout de m�me !" Sur le seuil de la prison, en voyant l'�chafaud, r�p�te : "Malheur de malheur, dire que je vais l�..." et en reconnaissant la m�re de sa victime au premier rang, lance : "Lucienne, Lucienne, qu'est-ce qu'il y a ?"10 juin 192608 f�vrier 1927Mardi,
6h55Bordeaux
GirondeFernand Jeanty39 ans, cultivateur. A Saint-Avit-du-Moiron, empoisonne son fr�re Gabriel, alcoolique et l�g�rement retard�, avec la complicit� de son �pouse, Marguerite Cluzeau, condamn�e � mort elle aussi, et graci�e. Les �poux Jeanty avaient escroqu� leur parent de 2.000 francs (toutes ses �conomies), et il avait m�me r�dig� un testament en leur faveur, avant de comprendre qu'il ne reverrait pas son argent. Il r�clama qu'on le rembourse. Pris � la gorge par les dettes, les Jeanty lui servirent un verre d'alcool m�l� � de l'acide sulfurique, le 12 mai 1926, qui le rendit atrocement malade, mais pas assez vite au go�t des meurtriers. Le 14 mai, ils servirent au malheureux une soupe assaisonn�e de mort-aux-rats, qui le tua en trois jours.Entend la nouvelle avec calme. Boit un caf� arros� de rhum, fume une cigarette. Discute avec le pasteur, �crit deux lettres � ses enfants et demande � voir sa femme. Exceptionnellement, la demande est accept�e. Il embrasse sa femme et lui : "Voil� o� tu m'as conduit. D�brouille-toi comme tu pourras, maintenant."09 octobre 192617 f�vrier 1927Jeudi,
6h40Rouen
Seine-Inf�rieureD�sir� B�nard27 ans, ouvrier agricole. Satyre assassin de Yolande Lejeune, 4 ans, fille de ses patrons, dont il abusa avant de lui trancher la gorge le 27 juin 1926 � M�nonval.R�veill� � 6 heures. Accabl�, ne dit pas un mot. Discute quelques instants avec son avocat, puis conduit � la chapelle, entend la messe, se confesse et communie. Au greffe, boit un caf� arros� de rhum et fume une cigarette. Aux gardiens, il dit : "Je vous remercie, vous �tes des braves gens, et je voudrais vous serrer les mains." Arriv� place Bonne-Nouvelle, l'abb� Maunoury lui enl�ve la cigarette des l�vres et l'embrasse. Un peu de brume. Pr�sence du p�re Lejeune.26 novembre 192603 juin 1927Vendredi,
4h46Montauban
Tarn-et-GaronneF�lix Blanquefort35 ans, cultivateur. Le 11 mars 1926, � Montpezat-de-Quercy, tue � coups de revolver les �poux Dejean pour leur voler 15.000 francs, sous les yeux de leur fils de cinq ans.R�veill� � 3h55. "Eh bien", r�pond-il au procureur, visiblement tr�s �mu. Le juge d'instruction Molini� lui demande s'il a une derni�re d�claration : "Il y a eu simulacre de crime." Refuse la cigarette, mais accepte une tasse de caf� arros�e de rhum. Demande � entendre la messe et � se confesser. Office dans le parloir des avocats, chapelle improvis�e pour l'occasion, en compagnie de l'abb� Pons. Au greffe, confi� aux ex�cuteurs, se plaint : "Vous me faites mal ! Ne tirez pas si fort !" Place Montauriol, s'avance vers la guillotine sans opposer la moindre r�sistance.28 d�cembre 192605 juillet 1927Mardi,
4h40Versailles
Seine-et-OiseGabriel Montfort22 ans, ouvrier m�tallurgiste. Arr�t� pour plusieurs vols commis � Limours et ses alentours, s'�vada de la prison de Rambouillet le 11 juin 1926 en compagnie de deux autres for�ats, Fran�ois Barr�re, 24 ans, et Henri Montillon, 21 ans, en �tranglant le gardien Lenormand. Furent captur�s le lendemain, et tous trois condamn�s � mort.On doit l'�veiller tant il dort bien. "C'est pour ce matin ! J'aurai du courage !" Au procureur, il dit :"Vous, laissez-moi tranquille. Je vous ai assez entendu !" Il s'habille, puis demande de l'encre, du papier, une plume pour �crire � sa soeur une lettre dans laquelle il demande pardon et fait ses adieux. Tout en r�digeant, il fume une cigarette et boit un verre de rhum. Demandant � serrer la main de ses complices, il se voit refuser cette volont�, et il en profite pour demander si "les autres allaient y passer." Me Ribet, son avocat, lui ment et laisse entendre que Barr�re va le suivre, ce qui le r�conforte. Communie et se confesse. Sort de la prison cigarette aux l�vres, embrasse le crucifix et donne l'accolade � l'aum�nier. Se raidit sur la bascule, doit �tre saisi par les cheveux.03 mars 192708 juillet 1927Vendredi,
4h10Metz
MoselleMarcel Sinn23 ans, ouvrier. Poignarde de 26 coups de couteau le taximan Alfred Studert, 27 ans, � Thionville, le 26 juillet 1926.R�v�ill� � 3h15. Demande � se confesser et � communier. En voyant la guillotine dress�e rue Maurice-Barr�s, sourit et dit en allemand : "Voil� la machine infernale."/td>24 mars 192718 ao�t 1927Jeudi,
5h05Laon
AisneAndr� Supply24 ans. Le 12 f�vrier 1927, � Braine, tue le livreur de farine Sauvage pour le voler.Manifeste un grand repentir. Communie, entend la messe. Refuse le rhum et la cigarette. Devant la guillotine, dit � son avocat : "Embrassez ma m�re pour moi."Le fils Sauvage assiste � l'ex�cution.16 mai 192724 d�cembre 1927Samedi,
7h10Douai
NordAbderrhamane ben NaceurAnglo-�gyptien. Assassin d'un coup de revolver sa ma�tresse Marguerite Motte � Auby en janvier 1927. Le m�me jour, tente de tuer deux amis arabes, dont un certain Kherradine qui lui reprochaient le crime et mena�aient d'aller le d�noncer.A 6h35, dort encore � l'entr�e des officiels et des magistrats. Sit�t r�veill�, quitte son lit et se montre courageux. Par le biais de l'interpr�te, le procureur demande s'il a des d�clarations � faire : r�ponse n�gative. Ben Naceur r�p�te alors sa version du crime : Marguerite lui en voulait, et elle s'est suicid�e pour le perdre ! Kherradine �tait lui aussi dans le complot. Une fois ceci dit, le condamn� se met � plaisanter en arabe. A l'imam venu le soutenir, il dit : "J'en sais autant que toi. Allah est grand, et Mahomet est son proph�te... Ca devait arriver. Inch'Allah !" Puis en fran�ais : "On va couper cou, mais tout le monde mourir comme moi !" Au docteur Lambilliote, qui le soignait depuis des mois, il se montre rassurant : "Plus besoin pilules, ni tisanes, ni faire toc toc sur poitrine. Moi gu�ri !" On doit insister pour qu'il accepte de boire un caf�, mais il fume avec un plaisir �vident sa derni�re cigarette. Il va ensuite la t�te haute vers la guillotine.06 juillet 192721 janvier 1928Samedi,
7h10Evreux
EureAuguste Martin41 ans, docker. Mari violent, poignarde mortellement son �pouse qui venait de le quitter le 16 ao�t 1926 en pleine rue du Petit-Quevilly (Seine-Inf�rieure). Condamn� � Rouen, cass�, recondamn� dans l'Eure.R�veill� � 6h30. Assis sur son lit, a compris d'avance. P�le. Promet � l'aum�nier d'�tre courageux. Ne dit quasiment rien par la suite. An�anti, se laisse v�tir et accepte la messe. Communie debout. Au greffe, fume une cigarette et accepte un verre de rhum offert par le gardien-chef. En marchant dans le couloir, dit "Voil� la justice fran�aise qui passe." La guillotine est pour la premi�re et seule fois dress�e devant la porte d'entr�e de la maison d'arr�t. Surpris de la voir si pr�s, a un moment de surprise, puis s'avance vers elle, ferme et cigarette aux l�vres sans m�me qu'on ait � le pousser. Temps de pluie.02 mars 1927, 12 octobre 192722 mars 1928Jeudi,
5h15Epinal
VosgesPaul ValencePARRICIDE. 38 ans, menuisier. Tue � coups de marteau sa m�re, la veuve Marie-Jos�phine Valence, 65 ans, � Saint-Di� le 17 f�vrier 1927 parce qu'elle refusait de lui donner de l'argent. La veille, il avait tent� de l'empoisonner avec un bol de caf� au lait m�l� de dix grammes d'arsenic.R�veill� � 4h40. Tr�s courageux, r�pond : "Bien, monsieur". Parle avec l'aum�nier, se confesse et communie. S'habille seul et met ses chaussures qu'il lace - m�me si il va devoir les retirer pour aller au supplice. Au greffe, refuse verre de rhum et cigarette propos�s par son avocat Me Jeanpierre : "Merci, j'aurai du courage, et puis, quand je bois, je ne sais plus ce que je fais.". Le prie d'acheter une couronne de fleurs � d�poser sur la tombe de a victime. Rev�tu de la tenue des parricides.14 d�cembre 192727 mars 1928Mardi,
5h10Rouen
Seine-Inf�rieurePaul-Emile Lasgi22 ans, bouilleur de cru. Dans la nuit du 10 au 11 juin 1927, � S�vis, assassine � coups de marteau M.Facon, 74 ans et son domestique Guerrand, 67 ans, pour les voler, et met le feu � la ferme.A un bref instant de d�faillance au r�veil, puis se reprend. Mais au moment de monter dans le fourgon, fait des r�v�lations de derni�re minute : il �tait accompagn� par un nomm� Henri Renaux, 21 ans, charretier, pour commettre le crime, et c'est Renaux qui a personnellement tu� Facon. Arr�t� quelques heures apr�s l'ex�cution, Renaux avouera sa complicit�, et sera condamn� � perp�tuit� par les assises de Seine-Inf�rieure le 13 juillet 1928.27 novembre 192703 avril 1928Mardi,
4h59, 5h01Paris"Julian Pachowski"
et
Wladimir "Wladek" ZinczukWladek, chef de "la bande des Polonais", 28 ans, fils d'un commissaire de police, soldat dans les arm�es russes, bachelier, polyglotte (cinq langues), et "Pachowski" - v�ritable identit� inconnue -, son principal homme de main (la bande comptant 28 malfaiteurs). Auteurs d'une trentaine de cambriolages, agressions, vols, crimes et m�faits entre juillet 1924 et f�vrier 1925 dans une quinzaine de d�partements de France, dont six meurtres recconnus. Dans la nuit du 1er au 2 juillet 1924, Zinczuk, Zaszeck, Furmanczyk et Bronck tentent de tuer � coups de revolver M. Pozzo, bijoutier � Reims (Marne). Le 21 juillet, toujours � Reims, Zinczuk et Zaszack tuent � coups de barre de fer Ali Maouch, alg�rien, pour lui voler ses �conomies. Le 6 octobre, � Soissons (Aisne), Zinczuk, Pachowski, Zaszack et Najmrocki tuent � coups de barre de fer le Polonais Niemec pour lui voler ses �conomies. Le 5 novembre, pr�s de Fismes (Marne), �change de coups de feu entre deux gendarmes, MM. Gourdin et Mathis, et Zinczuk, Zaszack et Skopowicz. Le 21 novembre, rue des Monnaies-d'Hy�res, � Paris, Skopowicz et Zaszack tuent l'ouvrier polonais Prozycki pour le d�pouiller. Le 24 novembre, Zinczuk, Skopowicz, Jasick et Zaszeck sont contr�l�s par le gendarme Rognon � St-Witz (Seine-et-Oise). Zinczuk l'assomme d'un coup de crosse de revolver, avant de lui tirer quatre balles dans le cou. M.Rognon survivra. Le 18 d�cembre, � Metz (Moselle), Pachowski et Wrobelski tuent � coups de hache M.Valerjean, ouvrier, pour lui voler son argent, et jettent son corps dans la Moselle. Le 28 janvier 1925, � Chalvigny (Eure), Zinczuk, Pachowski, Gogolewski et Jasick s'introduisent chez la veuve Curtis, une femme �g�e pour qui Jasick a travaill� comme valet de ferme. Ils la r�veillent, la menacent de leurs revolvers, et quand elle essaie de s'enfuir et de donner l'alerte, Pachowski lui tire deux balles dans le dos, et Zinczuk deux autres balles dans le ventre. La pauvre femme meurt quelques jours plus tard dans une clinique parisienne. Le 6 f�vrier, � Versailles, Zinczuk, Bruzda et Gogolewski sont surpris par un vigile, M. Viot, et un commer�ant, M. Langlois, avenue de Toulon, alors qu'ils viennent de cambrioler une villa de Versailles et l'�glise de Glatigny. Le gardien est abattu, et M.Langlois bless� de trois balles. On soup�onne divers membres du gang d'avoir �t� m�l�s � pas moins de dix-sept meurtres et assassinats commis � cette p�riode et demeur�s impunis. Six membres ne seront pas retrouv�s, Jasik meurt pendant l'instruction, Bruzda est jug� et condamn� � 5 ans de prison en Allemagne. Skopowicz et Gogolewski sont condamn�s � perp�tuit�, Les seize autres bandits �copent de peines allant de dix ans de travaux forc�s � quatre ans de r�clusion.R�veill�s � 4h10. Pachowski ne parle quasiment pas, Wladek, lui, parle pour deux, plaisante et m�me chante : "Je vais mourir en fumant ! La semaine o� le Seigneur ressuscite, moi, on m'envoie � l'�chafaud. Vous savez, il y a des voleurs � la Sant� ! On m'a pris mes boutons de manchette ! Et si je faisais des r�v�lations, �a prendrait combien de temps ?" Puis s'adresse � Me Sasia Erlich, son avocate - premi�re avocate � assister au supplice d'un client - "Retirez votre gant, ma�tre, que je vous baise la main." Pachowski refuse le rhum d'un signe de t�te ; Wladek, avec enthousiasme, se fait remettre le quart de livre qu'il avale jusqu'� la derni�re goutte. Courte messe et communion : ce n'est qu'� la demande de l'aum�nier que les complices daignent se serrer la main. "Me pardonnes-tu ?" demande le chef � son lieutenant sans obtenir de r�ponse avant d'aller au greffe. Quand les portes du fourgon s'ouvrent boulevard Arago, Wladek salue le d�part de son compagnon : "Poz dania." Pachowski descend le premier, les yeux riv�s sur le couperet. Toujours fascin� par le couteau, embrasse l'un des aum�niters puis se laisse pousser sur la bascule. Wladek, cigarette aux l�vres, calme, s'adresse en polonais � Me Erlich avant de saluer l'assistance : "Au revoir, messieurs." Il d�tourne la t�te pour embrasser l'aum�nier sans le br�ler avec sa cigarette, et se laisse entra�ner par les aides.27 novembre 192714 avril 1928Samedi,
4h45Caen
CalvadosWilliam Follain22 ans, commis chez un architecte de Lisieux. Ayant d�tourn� 900 francs de la caisse de son patron pour les d�penser en soir�es fines, abat d'une balle dans la nuque le taxi Boulle le 15 juin 1927, � deux kilom�tres de Lisieux, et lui vole 600 francs et une montre, somme qu'il d�pense le soir-m�me dans un caf�, au restaurant et au cin�ma. Dans la nuit du 27 au 28 juin, � bord du train Cherbourg-Paris, abat de deux balles dans le coeur tir�e � bout portant le colonel Jacques Sauvalle, professeur � l'Ecole de Guerre. Croyant que le train ralentit alors parce qu'on a tir� le signal d'alarme - alors que le convoi approche simplement d'une gare -, Follain n'a pas le temps de voler les 4.000 francs que le colonel avait sur lui. Se blessant en sautant du convoi en marche, il est r�cup�r� par un m�canicien et conduit � la gare de Bernay (Eure) pour y �tre soign�. Se perdant dans les explications, il avoue ses crimes. Son p�re, accabl� de douleur, se tira une balle dans la t�te en apprenant la nouvelle.R�veill� � 4h10. Doit �tre secou� � trois reprises pour le faire se lever. Une fois debour, tr�s calme. Reste un peu avec son avocat, Me Gouget, et le pr�tre. Demande � conserver sur lui une lettre �crite par sa m�re. Entend la messe et communie. Embrasse son avocat et fond en larmes, mais se reprend tr�s vite. Apr�s la messe, fume une cigarette et boit un cordial au greffe. Va � l'�chafaud sans recul.12 janvier 192804 mai 1928Vendredi,
5hDunkerqueLucien BeyenBelge, docker, 21 ans. Assassine � coups de matraque � Dunkerque le docker Alfred Boens, 33 ans, le 10 octobre 1927, pour lui voler son argent. Deux complices : son fr�re, et un gar�on de 17 ans, Petyt, condamn� � s�journer dans une colonie p�nitentiaire jusqu'� la majorit�.R�veill� � 4h30. Aucune r�action face � la nouvelle. Refuse les secours de la religion. Boit un verre de rhum. Devant l'�chafaud, crie : "Vive la Belgique !"10 janvier 192819 mai 1928Samedi,
5hP�rigueux
DordogneAndr� BellierPARRICIDE. 35 ans, bon � rien entretenu par sa femme fleuriste et leur fille, d�cide de quitter le domicile conjugal, et retourne chez ses parents, 60 ans, anciens marchands de vins, habitant � P�rigueux. Continuant sa vie de fain�ant, il d�cide de voler le coffre-fort de son p�re. En l'absence de ce dernier parti � la p�che, attire sa m�re � la cave et l'abat d'une balle dans la nuque, puis au retour de son p�re, lui fracasse le cr�ne avec une tapette de tonnelier. Faute de pouvoir forcer le coffre, il se contente de 2.700 francs retrouv�s dans la maison.R�veill� � 4h. Apprend l'information p�le, mais avec un demi-sourire, et se contente de grogner : "On aurait pu me le dire plus t�t." Demande � se confesser et � entendre la messe. A son avocat, me Desdemaine-Hugon, qui ne peut contenir ses larmes, il r�pond : "Vous pleurez ? Ca n'en vaut pas la peine ! Ma vie et ma mort ne furent qu'un r�ve !" Apr�s l'office, pendant la toilette, plaisante avec le bourreau et les aides. Foule imposante devant la maison d'arr�t. Sort dans la tenue parricide. Face � l'�chafaud, entend la lecture de l'arr�t de mort, puis un aide lui retire son voile. Bl�mit fortement en voyant la machine, a l'habituelle r�action de recul, vite corrig�e par les aides.01 mars 192821 juin 1928Jeudi,
5h08, 5h10Montbrison
LoireJoseph Allier
et
Jacques Montagnon25 ans, sans profession, et 23 ans, chiffonnier. Assomm�rent mortellement � coups de canon de fusil le 15 avril 1927 Claude Masson, armurier � Abo�n, oncle d'Allier, d�s son r�veil. Ils cach�rent le corps dans la cave o� on le retrouva huit jours plus tard, et partirent sans un sou, n'ayant pas r�ussi � retrouver les 42.000 francs d'�conomies de leur victime.R�veill� peu avant 4 heures, Montagnon se l�ve d'un bond. "J'ai compris !" Pendant cinq minutes, il reproche avec force injures le procureur Aubert d'�tre responsable de sa fin, et on doit le calmer. Allier, lui, reste calme et ne pipe mot. Boivent l'un comme l'autre une demi-gamelle de vin, et demandent � entendre la messe. Montagnon va � la chapelle en chantant et en dansant. Apr�s la c�r�monie, il prie le procureur de l'excuser de son emportement. Au greffe, ils demandent du rhum, des cigarettes, et un verre de fine. Apr�s avoir chacun �crit une lettre � leurs familles, ils r�clament un autre verre de rhum. Montagnon sort le premier, et crie aux gendarmes qui barrent le passage : "Eh l�, enlevez vos fusils, pas besoin de �a !" Puis reconnaissant quelqu'un dans la foule : "Ah, Monsieur Renaud ! Au revoir, Monsieur Renaud !" Il est tr�s rapidement pouss� sur la machine. Allier, comme h�b�t�, doit �tre presque port� de la porte � la guillotine. Il a un mouvement de recul, vite ma�tris�. Dur�e totale de la double ex�cution : 1mn26.05 mars 192824 ao�t 1928Vendredi,
5h45Foix
Ari�geFran�ois Dedieu28 ans, cultivateur. Assassine son oncle Jean-Baptiste Couderc, maire d'Artix, et son �pouse Albine, � coups de masse, dans la nuit du 29 au 30 octobre 1927 pour voler 60.000 frs.R�veill� � 4h50. "C'est bien, c'est bien... Puisqu'il faut y aller, j'irai..." Aucune d�claration. Entend la messe, puis boit un verre de Banyuls. Pendant la toilette, fume un cigare offert par un gardien. Embrass� par l'aum�nier devant la guillotine, garde le cigare � la bouche.22 mai 192806 octobre 1928Samedi,
6h28Bourg
AinGeorges Niogret23 ans, voleur r�cidiviste. Le 27 janvier 1928, � Oyonnax, tue de quatre balles de revolver M.Ancian, 60 ans, pour lui voler une sacoche de toile cir�e qu'ils croyaient remplie d'argent et qui ne contenait que de la nourriture et quelques pi�ces de quincaillerie. Son complice, Georges Girod, 19 ans, est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 5h40. Dormait � poings ferm�s. On lui enl�ve cha�nes et camisole de force, il s'habille et re�oit un verre de rhum. Manifeste l'envie d'�crire, puis se ravise. A la question du procureur, il accepte de communier et d'entendre la messe. Au greffe, apr�s la toilette, embrasse en pleurant son avocat, Me Rogier, lui demande une cigarette, le remercie de tout ce qu'il a fait pour lui, et le prie de dire que ses derni�res pens�es furent pour ses parents. Cigarette aux l�vres, il descend l'escalier au pied duquel se trouve la guillotine. Dit "Adieu mes fr�res !" et est pouss� sur la bascule. Ses jambes sont prises d'une violente secousse une fois � l'horizontale.29 juin 192811 octobre 1928Jeudi,
6h26Metz
MoselleAlphonse Herbivo23 ans, journalier. Tue d'un coup de manche de pelle le 05 janvier 1928 Mlle Germaine Leclerc, 68 ans, renti�re � Morhange. Soup�onn� d'autres crimes.R�veill� � 4h40. R�sign�, entend la messe, communie, et �crit une lettre � sa m�re.08 juin 192809 novembre 1928Vendredi,
6hPrivas
Ard�cheJoseph L�on Rauch31 ans, tapissier. Assassine le maquignon Phil�mon Th�ron, 43 ans, � Gluiras le 25 novembre 1927 de six balles de revolver avant de l'achever � coups de talon dans le visage et de jeter le corps dans une mare. Butin du crime : 102 francs. Son complice Ren� Fr�dillon est condamn� � perp�tuit�. Deux semaines plus t�t, le 13 novembre 1927 � Montpellier, tente de tuer de deux coups de revolver, Achille Miglionico, propri�taire d'une maison close avant de chercher � l'�gorger � coups de rasoir. Embauch� comme tueur � gages par Mme Miglionico, n�e Marie Giral, l'�pouse de sa victime - elle-m�me bless�e � la main par une balle pour donner le change - et par Augustin, le fr�re de cette derni�re, contre une somme de 50.000 francs. Le 12 juillet 1928,Fr�dillon est de nouveau condamn� � perp�tuit�, les complices Augustin Giral � trente ans de travaux forc�s et Marie Miglionico � 5 ans de bagne. tenta �galement de tuer une �pici�re � N�mes - ce qui lui valut une condamnation � perp�tuit�.R�veill� � 5h30. Dort profond�ment. R�pond au procureur : "J'ai tu�, il est juste que l'on m'en fasse autant." Demande � �crire � ses parents, � Paris. Embrasse son avocat, le remercie de ses efforts, regrette ses crimes. Au greffe, avale un verre de rhum et refuse la cigarette. Pluie fine et froide. La place des Prisons est vide de tout spectateur tant les barrages sont plac�s � l'entr�e de chaque rue qui y m�ne.16 mai 1928, 12 juillet 192808 f�vrier 1929Vendredi,
6h25Strasbourg
Bas-RhinEmile Quirin43 ans, carreleur, repris de justice. Auteur de plusieurs vols dans le quartier du Neudorf, � Strasbourg, tue d'une balle en plein coeur le mar�chal des logis L�on Nast, 40 ans, venu l'arr�ter le 20 octobre 1927.R�veill� � 5h40. Aucune d�claration. "J'�tais un honn�te homme, et si j'en arrive � cette fin, c'est la faute aux tribunaux." Puis il se met � insulter les magistrats, le pr�tre qui s'approche, et refuse les secours de la religion : "J'ai r�gl� mon compte directement avec Dieu, je ne veux pas d'interm�diaire ! J'ai regrett� ce que j'avais � regretter !" A son avocat, Me Fonlupt, il dit sarcastiquement : "A vous, je vous souhaite beaucoup de bonheur." En voyant le commissaire Lorentz, il dit : "Si vous aviez �t� � la place de Nast pour m'arr�ter, je vous aurais fait le m�me coup." Au greffe, il fume cigarette sur cigarette, se plaint du froid, trouve la situation trop longue : "Fermez la porte !" Il boit deux verres de rhum avant qu'on ne l'entra�ne hors de la prison. P�le et barbu, il avance vers l'�chafaud.15 novembre 192819 f�vrier 1929Mardi,
6h20Valence
Dr�meRen� Fr�dillon21 ans. Assassina d'un coup de couteau Mlle Brun, 75 ans, buraliste � Valence le 11 ao�t 1927 avec son complice Joseph Rauch. Sit�t le crime commis, il d�robe 8.500 francs et s'enfuit � N�mes o� il tente d'�trangler une �pici�re. S'ensuit l'assassinat du maquignon Th�ron � Gluiras, puis la tentative d'assassinat r�mun�r� du souteneur Miglioni � Montpellier. Condamn� � perp�tuit� � Privas le 16 mai 1928, puis � Montpellier le 12 juillet 1928.Aucun regret au r�veil, � 5h50. Refuse de parler � l'aum�nier Dumonteil : "Ca ne m'int�resse pas." Comme il fait -6�C, il commente : "C'est quand m�me malheureux de partir pour l'autre monde par un froid pareil." Au greffe, il dit : "Je l'ai bien m�rit� !" Puis quand on l'attache, il rajoute : "On est ficel� comme un saucisson, c'est pas dr�le votre truc !" Remercie son avocat, Me Fouilli�, l'aum�nier et ses gardiens, toujours aimables avec lui. Puis il part � la guillotine clope au bec et en regardant le couperet.23 octobre 192826 f�vrier 1929Mardi,
6h22Amiens
SommeSerge Gambier19 ans, ouvrier chaisier. Le 1er juillet 1928 � Beaucamps-le-Vieux, assomma � coups de hachette et �gorgea au rasoir les soeurs C�line et Marie Villerel, 72 et 68 ans, �pici�res, pour leur voler 7 francs.R�veill� � 5h20. Dort � poings ferm�s. Surpris : croyait en sa gr�ce. Mais tr�s fermement, parle � son avocat Me Chevrio, et avec l'aum�nier qui l'avait baptis� la veille. Apr�s la messe et la communion, �crit deux lettres tout en fumant plusieurs cigarettes et une tasse de caf�. La cigarette aux l�vres, va sur la bascule et crie :"Adieu messieurs !" 3.000 personnes pr�sentes.24 octobre 192821 mars 1929Jeudi,
5h15Douai
NordL�on Vendredeuil36 ans, ouvrier couvreur, onze condamnations pr�alables. Il maltraitait sans r�pit sa femme Augustine Kelner, 30 ans. En janvier 1928, apr�s une ross�e qui la laisse alit�e deux semaines, elle le quitte avec leurs trois enfants et part s'installer chez sa m�re. La guettant � proximit� de son lieu de travail, la filaterie Tanguy, rue d'Arcole, le 18 mai 1928, il la frappe de cinq coups de couteau, dont un au foie, quand elle refuse de reprendre la vie conjugale. Elle expire le 20.R�veill� � 4h45. Fait preuve de sang-froid. Il parle avec son avocat, Me Busquin, puis avec l'aum�nier, mais refuse d'entendre la messe. Quand la bascule pivote, il crie : "Au revoir � tous !"18 janvier 192915 mai 1929Mercredi,
4h45Marseille
Bouches-du-Rh�neBonaventure Balsanti20 ans, vagabond, d�j� condamn� sept fois. Sorti de prison le 1er octobre 1927. S'enfuit lors d'un contr�le d'identit�, le 20 octobre 1927, et blesse de deux coups de revolver dans la poitrine l'agent cycliste Feutrier, 30 ans, qui le poursuivait rue Poids-de-la-Farine � Marseille, puis blesse M.Cient, repr�sentant, qui s'�tait jet� sur lui pour l'arr�ter, ainsi qu'une passante, Mme Fourrel. Feutrier meurt � l'h�pital trois jours plus tard.R�veill� � 4h05, dormait bien. S'emporte : "Du courage ? Vous me demandez du courage ? Comment voulez-vous en avoir quand la soci�t� vous assassine en d�tail ?" Pas de d�clarations � faire. Allume une cigarette et boit un verre de rhum. Serre la main de son avocat et demande � �crire � sa tante qui l'a �lev�, mais ne parvient � r�diger que "Ma ch�re tante" avant d'�tre pris de tremblements qui l'emp�chent de continuer. Me Auguste Arnaud se propose de la terminer, Balsanti accepte et se contente de signer en bas de page. Fume-cigarette aux l�vres, va � la chapelle, communie et entend la messe. Toilette rapide durant laquelle il boit plusieurs verres de rhum et allume une seconde cigarette. Quand on le soul�ve de sa chaise, dit adieu � son avocat qui l'embrasse. En aper�evant la guillotine � l'entr�e de la prison, s'arr�te un instant et murmure : "La voil� !" puis reprend sa marche jusqu'� la bascule.21 janvier 192924 janvier 1930Vendredi,
6h30Digne
Basses-AlpesAlexandre Jules Joseph Ughetto19 ans, journalier. Le 04 d�cembre 1928, � la ferme des Courrelys � Valensole, tue � coups de revolver, de pieds de chaise et de briques la famille Richaud, ses anciens patrons : Adrien, 46 ans, Antonia, 40 ans, Roger, 10 ans, Cl�ment, 3 ans, ainsi que le valet de ferme quinquag�naire Louis Amaudric pour les voler. Son complice et amant, le Polonais Szczepan Mucha, dit "Jozef Witkowski", 16 ans, est condamn� � vingt ans de travaux forc�s.Arriv�e des officiels � 5h45. Ughetto assis sur son lit ne dort pas. Tremble face � la nouvelle, puis se ressaisit et s'habille seul. Dans la chapelle, entend la messe. Boit trois verres de rhum et fume une cigarette. "Messieurs les gardiens, vous avez �t� chics pour moi, je vous remercie. De vous aussi, Monsieur le gardien-chef, je n'ai pas � me plaindre, merci !" Au procureur, reconna�t : "Vous avez fait votre devoir." Il remet � son avocat Me Auguste Arnaud une lettre adress�e � ses proches, dans laquelle il reproche am�rement � son p�re d'avoir "facilit�" sa condamnation, et o� il dit adieu � sa soeur. Serre la main de son d�fenseur : "Ma�tre, je vous remercie de tout ce que vous avez fait pour moi." Pendant la toilette, r�agit � peine et ne dit pas un mot. Descend la pente qui m�ne de la prison � la rue avec cr�nerie. Pouss� sur la bascule, crie "A moi les murs, la terre m'abandonne !"17 septembre 192920 mars 1930Jeudi,
5h35Douai
NordCharles Masselis41 ans, chauffeur de dragueuse, surnomm� "L'Ogre d'Haubourdin". P�re incestueux, abusait de sa fille depuis qu'elle avait 12 ans. Le 20 novembre 1928, � Lhomme, enl�ve Nelly Dellavall�e, 8 ans, et tente de la violer dans un terrain vague. Le 26 avril 1929, � Lhomme, satyre assassin de Marie Notteau, 8 ans, dont le corps ne sera jamais retrouv�. Le 10 mai 1929, aux alentours d'Haubourdin, satyre assassin de Marcelle Billiaud, 9 ans, dont il jette le corps �trangl� dans le canal de Seclin.Dort profond�ment � son r�veil. Assis sur son lit, ne semble pas comprendre que c'est la fin. Entend la messe, refuse de communier. Son avocat lui demande d'avouer son premier crime, mais Masselis se dit innocent. Il �voque sa m�re, sa fille, puis dit "J'esp�re que d'autres me suivront." Quand il appara�t au seuil de la prison, des cris retentissent : "Tu as tu� ma fille ! A mort ! A mort !" Ce sont les m�res de ses victimes qui assistent � l'ex�cution.23 octobre 192902 avril 1930Mercredi,
5hVersailles
Seine-et-OiseMarcel Morice19 ans, gar�on boucher � Montigny-les-Cormeilles. Assassina � coups de cheville de fer sur le cr�ne la veuve Ad�le Darlan le 21 avril 1929 � Franconville pour lui voler 400 francs.Dort bien. Le gardien-chef doit lui taper plusieurs fois sur l'�paule. Il comprend aussit�t : quand le procureur lui dit de faire preuve de courage, il hausse les �paules et boit un verre de rhum. Silencieux, va au greffe et communie. Boit un second verre de rhum et fume une cigarette, et c'est clope au bec qu'il va vers la guillotine : avant de le basculer, on lui retire son m�got.29 novembre 192906 mai 1930Mardi,
4h50Reims
MarneAlbert Clarisse27 ans, vannier ambulant, marchand de lapins. Cambriole la taverne de la veuve Foucault, 68 ans, � Glannes le 31 octobre 1928, et tue la d�bitante en lui cassant la t�te avec une bouteille de champagne, puis en la d�capitant avec une serpe avant de mettre le feu � la maison. Sa cousine et ma�tresse Lisa Karl, 35 ans, ayant particip� au crime, est aussi condamn�e � mort et graci�e : elle devient folle en apprenant l'ex�cution de son amant. Suite aux accusations de Lisa Karl, la police sut que, le 29 septembre 1926, Clarisse avait �galement assomm� et viol� � Orcomte la veuve Hamiez, 89 ans, pour lui voler 25 francs. Un nomm� Andr� R�my, idiot du village, 25 ans, avait �t� arr�t� et condamn� � vingt ans de bagne pour ce crime - et lib�r� trois semaines plus tard quand son innocence fut reconnue. Clarisse fut �galement soup�onn� de trois autres assassinats : M. Poirson, de Droyes (Haute-Marne), la veuve Lesdanon, de Puelmontier (Haute-Marne) et Louis Boutonnier, tu� � coups de marteau et d�valis� � Condreville (Marne) en 1924. Il avait aussi fait de la prison en 1926 pour avoir particip� de plus ou moins pr�s � l'assassinat d'un vieil homme � Favresse.Condamn� sage, se laisse faire. Boit deux verres de marc de champagne, assiste � la messe, et dit : "Ce n'est pas parce que j'ai �t� pouss� par Lisa que je dois mourir comme �a. Mais �a ne fait rien, j'irai tout seul, sur le machin, sans qu'on me tienne les mains. Je m'en doutais bien que c'�tait pour aujourd'hui, ma femme ne m'a pas �crit hier, et puis la fa�on dont les gardiens m'ont enlev� mon travail hier soir..." Ses derniers mots : "Je suis courageux, messieurs, mais je vois que vous �tes aussi courageux que moi !"18 novembre 192909 mai 1930Vendredi,
4h44Boulogne-sur-Mer
NordPaul Dufour41 ans, cultivateur. Assomme � coups de rondin Marie Huguet, 56 ans, � Radinghem le 15 mai 1929, parce qu'il ne pouvait pas lui rembourser les 375 francs qu'il lui devait. Au passage, il d�roba 22.000 francs en bons de la D�fense nationale. Le corps est retrouv� le 21 juillet suivant, d�pec� � la hache en une quarantaine de morceaux, enfoui dans le bois de Mengas. Son complice, Eug�ne Truitte, lui aussi condamn� � mort, est gr�ci� et lib�r� apr�s 20 ans de bagne, mourra libre � Radinghem en 1962.R�veil � 3h45. Dort profond�ment. Ne r�pond rien aux officiels. Accepte d'entendre la messe, communie et se confesse. Demande � son avocat la photographie de son fils, et la glisse dans sa chemise. Il demande ce qu'il va advenir de Truitte, et le procureur choisit de lui mentir en r�pondant que rien n'a �t� d�cid� le concernant. S'entretient longuement avec son avocat Me Sergeant, � qui il fait de longues recommandations. Fume une cigarette et boit un verre de rhum. Un geste de recul devant l'�chafaud, � cinq m�tres de la porte de la prison.16 d�cembre 192916 mai 1930Vendredi,
4h45Marseille
Bouches-du-Rh�neJean-Baptiste "Le Griffe" Guiffaut28 ans, navigateur. D�j� auteur d'un braquage de transport de fonds en 1923 � Ajaccio. Le 21 novembre 1928, avec quatre complices, attaqu�rent le Cr�dit foncier d'Alg�rie et de Tunisie � Marseille, et braqu�rent les employ�s charg�s d'un d�p�t de 385.000 francs. Charles Loudier, 66 ans, �conome de la banque, surveillait le transfert, revolver � la ceinture. Quand il intervint pour aider ses deux coll�gues, MM.Toussaint Confortini et Auguste Roques, il fut abattu d'une balle en plein coeur par Guiffaut. Ses complices, au nombre de huit (trois principaux, cinq secondaires), furent condamn�s � des peines allant de 20 ans de bagne � 5 ans de prison.Reveill� � 4h par un gardien qui lui annonce que le procureur veut lui parler. Se l�ve lentement. "Je n'ai rien � dire", conclut-il avant qu'on ne le d�tache. S'habille, se toilette, se lave les mains et lace ses chaussures. Serre la main � son avocat, �crit une lettre � sa ma�tresse et une lettre � sa m�re, puis interroge le juge Pierucci : "Dites-moi, monsieur le juge, croyez-vous vraiment que j'ai m�rit� la peine de mort ?" Le juge dit qu'il n'a pas � critiquer le jugement prononc�, et Me Acquatella explique que la gr�ce a �t� rejet�e en raison de ses ant�c�dents. L'explication convient � Guiffaut : "Ah, c'est bon !". Avant de quitter le greffe, a une derni�re volont� : "Je voudrais, avant de mourir, voir la guillotine et M.Deibler que je n'ai jamais vu !" Sur le seuil, embrasse l'aum�nier et l'avocat, puis crie : "Adieu Fifi ! Mort aux vaches !"15 d�cembre 192921 juin 1930Samedi,
4h15Rouen
Seine-Inf�rieureHenri Fernand Verdi�reD�bardeur, 24 ans. Le 11 d�cembre 1929 � Rouen, viole et �touffe sous un matelas la petite Christiane Galland, 8 ans.Ne comprend pas ce qu'on lui dit, on doit r�p�ter l'annonce. Apr�s la messe, son avocat lui dit : "Montrez que vous �tes un homme !" "Je veux mourir comme un brave, je n'ai pas peur." Au greffe, il fume une cigarette et boit un demi-verre de rhum, remercie les gardiens pour leurs bons soins. Place Bonne-Nouvelle l'attendent le p�re de Christiane et ses deux grands-p�res.07 mars 193026 juin 1930Jeudi,
4h40Vannes
MorbihanJean-Marie Gabillard25 ans, journalier. A Lanou�e, le 19 f�vrier 1929, assomma de trois coups de rondin sa ma�tresse, la veuve Colin, puis mit le cadavre dans l'�tre avec de la paille. D�roba 1.500 francs avant de partir.Reveill� � 3h30, en entendant le bruit des officiels dans l'escalier. "Parce que j'ai tu�, je dois �tre tu�." Remercie l'assistance, mais affirme n'avoir jamais pr�m�dit� son crime. Se confesse, entend la messe et communie. Boit un verre de rhum, fume trois cigarettes, puis �crit deux lettres, dont une � son avocat absent pour cause de maladie. Demande � l'aum�nier de dire une messe pour lui apr�s l'ex�cution, puis est remis � Deibler et � ses aides.19 mars 193026 juillet 1930Samedi,
4h53Dunkerque
NordF�lix Bergeron45 ans, navigateur. Meurtre des �poux Blond�-Caillau, meuniers � Cassel, � coups de barre de fer dans la nuit du 31 ao�t au 1er septembre 1928. Son complice, Anselme Pierre, est condamn� � perp�tuit� et meurt � l'h�pital en avril 1930.R�veill� � 3h. Pendant qu'il entend la messe, tente de se suicider en s'enfon�ant la pointe d'une �pingle de s�ret� dans la tempe, mais ne parvient qu'� s'�gratigner l�g�rement.25 janvier 193029 juillet 1930Mardi,
5h20P�rigueux
DordogneFirmin Cipierre36 ans, m�tayer. Renvoy� par les �poux Vignaud, cultivateurs � la Boneylas, � cause de sa grande brutalit�, et trouvant ses indemnit�s de licenciement insuffisantes, d�cida de se venger. Le 23 juin 1929, il les trouva dans un vignoble, tua Mme Vignaud de deux coups de fusil, et M.Vignaud de trois, le dernier �tant tir� en plein visage. Son p�re avait �t� condamn� � mort pour meurtre quelques ann�es auparavant, graci� et d�c�d� au bagne.Suite � sa violence verbale durant son proc�s, �troitement surveill� en prison. Persuad� d'obtenir la gr�ce. Au r�veil, assez calme en apparence, entend la messe en grommelant de fa�on inintelligible, puis demande � voir sa femme et ses enfants, ce qui lui est refus�. Au greffe, prend une tasse de caf� arros� de rhum et une cigarette. Apr�s les avoir consomm�s, entre dans une rage folle. Les trois aides et quatre gardiens sont n�cessaires pour le ma�triser, et deux d'entre eux sont bless�s au cours de la lutte (il mord profond�ment un des gardiens). Il demande � parler au procureur, veut �crire, demande sa bague et ses v�tements, crie des injures en patois. ON doit le tra�ner jusqu'� la machine. Sa derni�re phrase, prononc�e cigarette aux l�vres sur la bascule, est "Bande de..." Il parvient � se retourner et est d�capit� la t�te de c�t�. Le couperet s'en retrouve �br�ch�.18 f�vrier 193005 ao�t 1930Mardi,
5h20Quimper
Finist�reYves Le Floch34 ans, cultivateur. A Plouhinec, dans la nuit du 1er au 2 janvier 1930, s'introduit chez la veuve Colin, 47 ans, qu'il tente de violer dans son lit. Comme elle se d�bat, l'assomme � coups de poings et la poignarde plusieurs fois avec une paire de ciseaux avant finalement de l'�trangler et de tenter � nouveau de la violer. D�rang� par la fillette de sa victime, Marie, 4 ans, r�veill�e par le meurtre, il l'�trangle et tente elle aussi de la violenter, avant de d�rober pi�ces d'or et billets puis de mettre le feu � la maison pour cacher les crimes. A 15 ans, avait �t� condamn� � �tre enferm� au p�nitencier pour enfants de Belle-Ile jusqu'� sa majorit� pour avoir tu� un autre adolescent de 20 coups de couteau.R�veill� � 4h45. Comprend aussit�t. Au procureur qui l'informe du rejet de sa gr�ce, il dit "Bon", et � Me Feillet, qui tente de le r�conforter, un simple : "Oui, oui." Demande � son avocat de donner sa montre � l'abb� Pichon, puis � ce dernier, dit : "Apr�s ce que j'ai fait, j'ai bien m�rit� la mort." Entend la messe, se confesse et communie. Au greffe, boit le verre de rhum. Port� jusqu'� la guillotine.12 avril 193028 ao�t 1930Jeudi,
5h30Beauvais
OiseRen� Roos30 ans, briquetier. Suite � la fuite de sa ma�tresse Germaine Bailly, lasse de sa m�chancet� et de sa violence, se persuada que son coll�gue et ami Henri Prudhomme savait o� elle se cachait. A la gare de Longueil, le 5 octobre 1929, apr�s l'avoir interrog� en vain, tue Prudhomme de deux coups de revolver et s'enfuit. Le lendemain, � Nogent-sur-Oise, devant chez sa m�re, abat de trois balles le gendarme Delattre venu l'arr�ter pour le premier meurtre.Au r�veil, se confesse et communie. Proteste contre l'arr�t de mort. Devant la machine, crie : "Au revoir les amis, mort aux vaches !"13 mars 193020 septembre 1930Samedi,
6hLe Puy
Haute-LoireMarius Chabrolles35 ans, manoeuvre sans domicile fixe. Viole le petit Jean Morel, 6 ans, au Puy-en-Velay, le 02 f�vrier 1930, puis l'assomme � coups de poing et l'�gorge et l'�ventre de deux coups de couteau avant de lui broyer la t�te avec une pierre, et de jeter le corps dans les eaux du Dolaizon, o� il est retrouv� trois jours plus tard.R�veill� � 5h10. A l'aum�nier, il dit : "J'ai mon culte � moi, je suis libre penseur." Quand il voit Anatole Deibler et ses aides, il dit : "Eh bien, j'irai avec ce monsieur... Je n'ai pas pu crever � la guerre, je vais crever maintenant." Il fume une cigarette, puis avale trois verres de rhum et une bouteille de vin rouge. C'est ivre mort qu'on le conduit � la guillotine. Temps de pluie.02 juillet 193025 novembre 1930Mardi,
6h35Metz
MoselleRoman Daszkowski31 ans, Polonais, tourneur sur m�taux. Licenci� de son entreprise de Knutange, d�cid� � se venger, abattit dans son bureau de quatre balles de pistolet automatique son ancien contrema�tre M.Vesque le 12 novembre 1929 et blessa deux des gendarmes venus l'appr�hender, notamment le gendarme Lhuillier, atteint tr�s gravement � la cuisse gauche.R�veill� � 5h45. Aucune surprise de sa part. Demande qu'on lui ach�te une couronne avec l'argent qu'il a gagn� durant son incarc�ration. Accepte les secours de la religion. Prend une cigarette et le verre de rhum. Sursaut de peur en voyant la machine. Pluie violente.27 juin 193028 novembre 1930Vendredi,
6h55Rouen
Seine-Inf�rieureAlfred-Albert Fleury30 ans, ouvrier agricole. Abat � coups de revolver le cultivateur Rambure, 55 ans, son ancien patron, fermier � Beaussault, le 18 f�vrier 1930 et blesse la bonne Marie Sueur, 44 ans, qui venait � son secours, avec l'intention de les voler.Tr�s calme, s'habille seul, entend la messe, communie. A plusieurs fois, il dit :"C'est une femme qui m'a pouss� � faire �a." Il cherche � mettre aussi le crime sur le compte de l'ivresse : "C'est parce que j'�tais saoul que j'ai agi ainsi." Il boit quatre verres de rhum, fume deux cigarettes et grogne envers l'adjoint qui lui lie les poignets : "Ne me serrez pas aussi fort, je ne bougerai pas." Peu de gens pr�sents, en raison de la pluie. Devant la guillotine, il dit aux gardiens : "Merci au gardien-chef et � vous tous !"10 juillet 193024 janvier 1931Samedi,
7hMont-de-Marsan
LandesEtienne Bordus40 ans, scieur de long. Tue � Saint-Andr�-de-Seignanx le 07 juillet 1930 l'aubergiste Jeanne Lafourcade � coups de marteau pour voler 3100 francs.R�veill� � 6h20. Tr�s calme. Entend la messe. Bordus refuse cigarette et rhum avant de se raviser en ce qui concerne l'alcool. Il a un court moment de r�volte : "Je ne suis pas un voyou. Jusqu'� quarante ans, je m'�tais bien conduit. J'ai fait sept ans de service militaire sans une seule punition. On n'en a pas tenu compte. " Quand Me Sourbeis, son avocat, lui demande s'il d�sire �crire � sa femme, il r�pond : "Non, sans elle, je ne serais pas l�." Puis il pense � son fils : "J'aurais tant voulu le voir, mais ce n'est pas sa faute s'il n'est pas venu ; je ne pourrais pas lui �crire maintenant." Mais il prie son avocat de dire � son �pouse et � son enfant que ses derni�res pens�es furent pour eux. Pendant la toilette, Bordus grogne : "Ne serrez pas, vous allez me faire du mal. Ce n'est pas la peine de me faire souffrir avant."29 octobre 193014 f�vrier 1931Samedi,
6h15Ch�lon-sur-Sa�ne
Sa�ne-et-LoireAntoine Chapponneau32 ans, manoeuvre. Tue de quatre balles de revolver M.M�nager, fermier, � Montceau-les-Mines, le 28 d�cembre 1929, pour le voler. D�j� condamn� le 7 mai 1925 � Lyon � cinq ans de prison pour le meurtre de sa femme et lib�r� le 20 juin 1928. Son neveu Henri Montitet, 18 ans, dont il avait fait son complice en le mena�ant de mort, est acquitt�.R�veill� � 5h30. Stup�fait, ne dit tout d'abord pas un mot. Puis demande � entendre la messe et � communier. Au greffe, boit un verre de rhum, fume une cigarette puis boit un verre de vin blanc. Son avocat, Me Jannin, lui pr�sente ses excuses pour ne pas �tre arriv� � le sauver : il le remercie. Puis il s'adresse au procureur P�pin, et d�clare que c'est son neveu, Montupet, le v�ritable criminel : "C'est une vache !" puis rajoute : "Vous, vous m'avez un peu b�ch�, mais �a ne fait rien. Allez-y ! Je ne me d�gonfle pas !". Arriv� place Ronde, plong� dans un �tat de prostration totale.31 octobre 193005 mai 1931Mardi,
5h05Versailles
Seine-et-OiseGeorges Loos19 ans. Assassine d'une balle dans la bouche le 27 janvier 1930 le taximan Carlo Peretto, 35 ans, � la Patte d'Oie de Gonesse, pour lui voler son argent et sa voiture. Sa complice et ma�tresse, Eug�nie Bieth, 22 ans, prostitu�e, est condamn�e � perp�tuit�.Persuad� qu'il sera gr�ci�. R�veill� � 4h40. Le bruit de la porte suffit � le r�veiller. Calmement, il se l�ve. Quand le procureur, le tutoyant, lui demande d'�tre courageux, il hoche la t�te sans rien dire et fume une cigarette. Il parle � l'aum�nier, demande une seconde cigarette, puis sort de la cellule. Accepte d'entendre la messe. Ne prononce pas un mot, mais quand son avocat, Me Perrinard, lui dit "Adieu, mon petit.", il le regarde avec reconnaissance. Cigarette aux l�vres, il s'avance courageusement vers l'�chafaud. Son oncle et l'�pouse de sa victime assistent � l'ex�cution.27 novembre 193023 septembre 1931Mercredi,
5hChartres
Eure-et-LoirErnest Roi19 ans, charretier. Tue � coups de barre de fer le 03 novembre 1930 Lucien Klein (51 ans) et sa femme (40 ans), tailleurs � Courville-sur-Eure, pour voler 500 francs et quatre sacs de v�tements.Au r�veil, � 5h, r�pond au procureur : "Que voulez-vous, il ne faut pas s'en faire pour cela !" en haussant les �paules. Puis il s'habille avec soin et lace ses chaussures. Au parloir des avocats, qui sert de chapelle de fortune, il entend la messe et dit : "Je regrette mon crime. S'il �tait � refaire, je ne le recommen�erais pas. Ce n'est pas pour moi, car �a m'est �gal, mais pour ma m�re." Ensuite il dicte au pr�tre une lettre pour sa m�re, craignant s'il l'�crit lui-m�me de faire trop de fautes, puis il la signe sans trembler. Au greffe, il mange un peu, fume une cigarette, refuse le verre d'eau-de-vie avant de se raviser. "Je m'en passerais bien !" Il serre la main des gardiens, puis embrasse l'aum�nier : "Eh oui, l'abb�, il faut..." Il va � l'�chafaud avec courage.29 avril 193115 octobre 1931Jeudi,
5h35ParisMohamed ben Driss38 ans, Marocain. Le 19 novembre 1930 au 40, rue de Ponthieu, assomme dans sa cuisine � coups de siphon Mme Juliette Delaure, 25 ans, jeune �pouse d'un restaurateur, pour lui voler 6.300 francs. Sa victime meurt le lendemain.R�veill� � 5h15. Dort profond�ment, on doit le secouer un peu. Comprend tr�s vite, s'assoit sur le bord du lit. A son avocat, dit calmement : "Apr�s tout, j'aime mieux cela que d'aller aux travaux forc�s." Re�oit les dernier sacrements d'un imam, et prie quelques minutes. Accepte le verre de rhum et fume un cigare. Pousse un cri rauque sur la bascule.21 mai 193124 octobre 1931Samedi,
5h50Saint-Mihiel
MeusePasquale Passera35 ans, ma�on italien � Bar-le-Duc. Submerg� de dettes, se rend � Behonne dans la nuit du 1er au 02 janvier 1931 et tue � coups de marteau de ma�on Mme Camille Udar, 47 ans, et son fils Ren�, 15 ans.Ne semble pas comprendre au r�veil. L'interpr�te lui traduit la sentence. Sans r�pondre, s'habille. Il se confesse, entend la messe, mais refuse de communier. Refuse �galement le rhum. Au greffe, pendant la toilette, fume une cigarette. Ne fait aucune r�v�lation. En arrivant devant l'�chafaud, perd toute contenance : le visage d�form� par l'horreur, se jette en arri�re et hurle "Non, non !" Pouss� sur la bascule, il hurle � gorge d�ploy�e jusqu'� la chute du couperet. Pluie torrentielle.06 juillet 193126 d�cembre 1931Samedi,
7hCaluire-et-Cuire
Rh�neAhmed ben MohamedCaporal au 5e r�giment de tirailleurs marocains. Abat � coups de revolver, le 7 d�cembre 1930 au camp de la Valbonne (Ain) l'adjudant Lavague, blesse le tirailleur Ben Tahar et Mme Cartier, �pouse d'un sergent, non sans tenter de la violer. En fuite, essaie de se suicider le lendemain.R�veill� � 6h. Demanda � boire du caf�, ainsi que l'assistance d'un pr�tre et d'un imam. Conduit en voiture au fort de Montessuy. Demande pardon avant d'�tre pass� par les armes.26 ao�t 193126 d�cembre 1931Samedi,
7h05ParisGeorges Gauchet27 ans, fils de bonne famille. Assassine de 15 coups de cl� anglaise le bijoutier Dannenhoffer, 128, avenue Mozart, le 19 novembre 1930 et vole plus de 100.000 francs de bijoux pour s'adonner � la coca�ne.R�veill� � 6h20. Calme, tranquille. Il a froid et demande s'il doit mettre ses chaussettes. Son avocat, Me Campinchi, lui demande de faire preuve de courage. "Il ne s'agit pas de courage l�-dedans. Je ne sais pas encore ce que c'est." Il demande que sa m�re et sa soeur ne soient pas averties de sa fin. Au greffe, refuse l'alcool et la cigarette, et rajoute � son avocat : "Il aurait fallu un miracle pour me sauver. Je m�rite le ch�timent." Il remercie deux visiteuses de prison avant d'�tre mis dans le fourgon.15 octobre 193107 juillet 1932Jeudi,
4h25Montbrison
LoireAntoine Martin42 ans, valet de ferme. Le 14 septembre 1931, � Maclas, tue dans son lit de deux coups de marteau sur la t�te son fr�re Jean-Claude, 34 ans, puis �gorge le corps avec son rasoir, r�cup�rant le sang dans un seau pour �viter de salir les draps, avec la complicit� de sa belle-soeur et ma�tresse Isabelle Bard. Le lendemain, apr�s avoir cach� le cadavre dans la grange au foin, ils le placent dans la chemin�e toute la nuit jusqu'� ce que le corps soit r�duit en cendres. Les amants sont condamn�s � mort : Isabelle est gr�ci�e.Les officiels entrent � 3h45. Martin est r�veill� depuis quelque temps d�j�. "Je m'en doutais, j'aurai du courage." Il entend la messe, communie, se confesse. Pendant la toilette, proteste doucement : "Inutile de m'attacher, j'aurai du courage." Temps nuageux, pluie tout au long du montage de la guillotine.26 f�vrier 193212 juillet 1932Mardi,
4h17Mulhouse
Haut-RhinJoseph Schoelcher24 ans, paveur. Abattit d'un coup de fusil le 13 juin 1931 M.Edouard Buchlin, ma�on, au bord de la grand route pour lui voler 54 francs.R�veil � 3h20, sursaute quand on l'appelle. Entend le procureur lui lire l'arr�t silencieusement, puis dit : "Ah bon, c'est bien, je vous remercie." Quand on lui demande s'il a d'ultimes d�clarations, il r�pond : "A vous, Monsieur le procureur, je n'ai plus rien � dire." Il entend la messe de l'abb� Fruh, communie. Refuse la cigarette de son avocat, Me Meyer. Va courageusement, p�le mais droit, vers l'�chafaud.02 f�vrier 193227 juillet 1932Mercredi,
4h55Le Mans
SartheHenri-Louis Nicolas45 ans, domestique de ferme. Mari violent : passa un an en prison pour avoir bless� de plusieurs coups de couteau sa seconde �pouse. Le 05 juin 1931, � Saint-Pierre-du-Lorouer, �gorge sa patronne, Tha�s Passin, veuve Boutard, 34 ans, m�re de trois enfants, de trois coups de rasoir parce qu'elle se refusait � l'�pouser.R�veill� � 4h10. R�pond : "Ah, je vais m'habiller." Comme Me Germaine Bri�re, son avocate, lui demande s'il a des d�clarations � faire, il r�pond : "Non, que voulez-vous que je vous dise ?" Se confesse, entend la messe, communie. Au greffe, boit deux verres de rhum, fume deux cigarettes et prise du tabac abondamment. Livide mais courageux, appara�t � l'entr�e de la prison encadr� de deux aides. Temps : pluie violente qui s'est arr�t�e cinq minutes avant le supplice.09 mars 193230 juillet 1932Samedi,
4h52Saint-Mihiel
MeuseLucien Louis27 ans, employ� dans une entreprise de machines agricoles. Manquant d'argent pour son mariage qui devait avoir lieu bient�t, le 16 novembre 1931, tua � coups de marteau le cafetier Gaston Rodnacq � Nouillonpont pour le voler.R�veill� � 4h10. Courageux. Se confesse, entend la messe, communie. Au greffe, �crit � ses parents, boit un verre de rhum et fume une cigarette. Mais avant de quitter le greffe, embrasse son avocat, Me Robert Kalis, et lui dit : "Je suis innocent. J'ai menti jusqu'� pr�sent en m'accusant. C'est une femme qui a commis le crime pour lequel je vais mourir."14 avril 193214 septembre 1932Mercredi,
5h55ParisPavel Timoth�i�vich Gorguloff37 ans, Russe, docteur en m�decine. Demi-fou, seul et unique membre du "Parti Vert Russe", aux id�es politiques fascistes, d�cide que les dirigeants politiques europ�ens sont � la solde du bolch�visme et doivent �tre punis. Le 06 mai 1932, dans un salon du livre des Anciens Combattants, au 11, rue Berryer � Paris, abat de deux balles de revolver Paul Doumer, pr�sident de la R�publique Fran�aise, et d'une troisi�me balle, blesse au bras l'auteur Claude Farr�re. M.Doumer expire � l'h�pital le lendemain matin.R�veill� � 4h55. Ne dit pas un mot � la nouvelle, s'habille, puis murmure en russe : "Je n'ai pas peur." Boit deux verres de rhum, refuse la cigarette. Entend la messe, se confesse et communie avec le pope Gillet. Puis hurle en pleine pri�re : "Mon id�e... je suis un ap�tre... On m'a d�shonor�... Le monde entier... ma politique..." Il poursuit ce d�lire pendant quelques minutes. Me G�raud finit par lui demander s'il a un message pour son �pouse : "Je l'aime bien, et je lui demande pardon." Quand � son enfant � na�tre : "J'esp�re que ce sera un gar�on, que ma femme l'�l�vera bien et religieusement. Je souhaite qu'il soit m�decin, qu'il ne soit pas bolcheviste et qu'il ait mes id�es." Devant l'�chafaud, g�mit : "Pardon � tout le monde ! Ma patrie ! Ma Russie !"27 juillet 193222 septembre 1932Jeudi,
6h05Versailles
Seine-et-OiseAbel Barranger30 ans, chauffeur d'automobile. Devenu jardinier chez les �poux Barnault, rentiers septuag�naires � Ballancourt, licenci� pour sa brutalit�, d�cide de se venger. Le 14 f�vrier 1932, arm� de deux revolvers, tire sur Mme Barnault qu'il blesse gravement, et tue M.Barnault qui voulait intervenir en l'abattant puis en lui brisant le cr�ne � coups de crosse.R�veill� � 5h20, se leve en entendant la porte. Ne laisse pas le temps au procureur de lui annoncer la nouvelle. "Ah, c'est pour ce matin. Je m'y attendais." Remercie son avocat, Me Lucien Manche. "Que voulez-vous, ma�tre, je me doutais depuis quarante-huit heures qu'il n'y avait plus d'espoir. Je ne re�evais plus de lettres de ma femme et quand il y a un naufrage, je le pressens toujours. La vie a �puis� ma sagesse, mais il y avait du bon en moi. Je n'en veux � personne, pas m�me � ceux qui m'ont condamn�. Je voudrais que cette ex�cution soit la derni�re, malheureusement il y aura d'autres criminels apr�s moi." Ecrit � sa femme et � sa m�re, puis avale deux verres de rhum avant de se livrer aux bourreaux.06 juin 193227 septembre 1932Mardi,
6h30Caen
CalvadosRabah Betra23 ans, Alg�rien, manoeuvre. Egorge de trois coups de rasoir Clotilde Grignola, 33 ans, m�re de deux enfants, fermi�re � Breuil-en-Auge, dans l'apr�s-midi du 26 janvier 1932, et lui vole 750 francs.R�veill� � 5h35. Dort � poings ferm�s. Apr�s que le substitut lui ait expliqu� la situation, l'imam lui traduit la sentence. Bedrat se jette sur son lit en hurlant de peur sans vouloir bouger. Quatre gardiens doivent l'habiller tant il lutte, et pendant la toilette, il faut �galement r�quisitionner quatre gardiens pour le ma�triser. Deux aides et les gardiens - toujours eux - le poussent jusqu'� la bascule, se d�battant comme un forcen� et poussant des hurlements inhumains.07 juillet 193209 f�vrier 1933Jeudi,
6h30Riom
Puy-de-D�meMarien Evaux31 ans, journalier. Le 14 mars 1932, au ch�teau des Bruy�res, � Saint-Georges de Mons, tire un coup de fusil sur Mlle Marie-Louise Loiseau, 61 ans, qui tombe la m�choire bris�e. Son amie, la veuve Marguerite Rossignol, n�e Binet, 62 ans, est frapp�e � coups de fusil sur la t�te, puis �touff�e, le visage plaqu� sur le sol. Apr�s avoir d�rob� 30.000 francs, Evaux arrose le corps de la veuve de p�trole et l'embrase. Se rendant compte que Mlle Loiseau a r�ussi � s'enfuir malgr� sa blessure, il la retrouve cach�e derri�re une haie. Il la couvre de foin, y met le feu, et quand la chaleur devient intol�rable et qu'elle tente de s'�chapper, il la saisit, la ram�ne dans la maison et l'�touffe comme son autre victime, avant de l'immoler � son tour.S'�veille � 5h30, quelques secondes avant l'entr�e des officiels. Calmement, demande : "Alors, on va me tuer ?" Ne semble pas comprendre la situation : va jusqu'� demander � l'aum�nier : "Qu'est-ce qu'on va me faire ?" "On va vous ex�cuter." "Ah." Pendant la toilette, boit d'un trait le verre de rhum, mais ne fume pas de cigarette. Ses avocats lui demandant s'il a quelque chose � rajouter, il r�pond "Non", l'air terrifi�. Port� litt�ralement jusqu'� la guillotine.26 octobre 193209 juin 1933Vendredi,
4hReims
MarneXavier CornetPARRICIDE. 47 ans, ouvrier agricole. Tua d'un coup de fusil Cl�ment Cornet, son p�re (82 ans), le 30 juillet 1932 � Leuvrigny pour en h�riter plus vite.Ne dit pas un mot, r�pond aux questions par des signes de t�te. Refuse les derniers sacrements. Au greffe, avale deux verres de rhum. Une fois sur la bascule, se jette sur le c�t� et se plie en deux avant de se laisser faire.09 f�vrier 193317 juin 1933Samedi,
4h20Coutances
MancheEmile Delano�29 ans, sabotier au Grand-Celland. Vivant � quatre dans une minuscule maison d'une seule pi�ce, ce qui provoque de vives tensions entre Delano� et son beau-p�re, L�on Aufray, 68 ans. Le 06 novembre 1932, apr�s une derni�re dispute, tue Aufray � coups de b�ton. Le 09, avec l'aide de son �pouse, pend � un arbre du bois de Ressuveille sa fille Emilienne, 5 ans, t�moin g�nant de la mort de son grand-p�re, puis cache le corps dans un foss�. Mme Delano� est condamn�e � perp�tuit�.Pluie battante. D�j� r�veill� par les bruits ext�rieurs � l'entr�e des officiels � 3h50. "Du courage, j'en aurai. Puisqu'il faut y aller, allons-y, mais vite. Je vous adresse une derni�re pri�re : demandez la gr�ce de ma femme." Accepte la messe et la communion. Boit trois petits verres de rhum, et fume une cigarette qu'il crache au pied de l'�chafaud, dress� � droite de la porte de la prison, avant d'embrasser le crucifix. La foule se mettant � acclamer la sc�ne, Me Contray proteste : "C'est scandaleux d'applaudir ainsi !"10 mars 193320 juillet 1933Jeudi,
4h02, 4h04Angoul�me
CharenteJean Martin

Paul V�teau

Martin, 28 ans, domestique de ferme. Licenci� de chez les Lauvauzelle, fermiers au Grand-Madieu, revient huit jours plus tard, le 10 d�cembre 1932, pour se venger. Frappe Mme Lavauzelle avec un palonnier de herse, puis l'�gorge, et assomme sa fille Jeanne, 4 ans, � coups de pied et de poing, avant de voler 2.000 francs.

V�teau, 31 ans, ouvrier agricole, tue le 11 janvier 1933 � Auge les �poux Biraud � coups de b�che pour les voler et met le feu � la ferme pour faire penser � un accident.

R�veill�s � 3h05. R�agissent � peine � la nouvelle. V�teau tape sur l'�paule du juge Bariteau en disant : "Ca, c'est un brave !" Entendent la messe, communient. Au greffe, Martin accepte rhum et cigarette, V�teau se contente du tabac. Martin part le premier, effondr�, soutenu par les aides, soufflant des bouff�es de plus en plus rapides de cigarette. V�teau marche droit et t�te haute, sans dire un mot.29 mars 1933

30 mars 1933

01 septembre 1933Vendredi,
4h45Vend�me
Loir-et-CherElie Lagarde23 ans, d�serteur du 72e RAC de Vincennes. Auteur de deux tentatives de viol � 13 ans. Agresse le 1er octobre 1932 � Coulommiers Rose Roussineau, 20 ans, et tente de la violer. Le 7 octobre, �trangle et viole H�l�ne Gauthier, n�e Fourreau, 43 ans, enceinte de six mois, fermi�re � la Chapelle-Vicomtesse et vole un rasoir et quelques v�tements. Soup�onn� rapidement : il avait �t� l'amant de Marguerite Fourreau, la soeur de sa victime.Reveill� � 4h. Ouvre de grands yeux effray�s. Se l�ve, accepte de se confesser, et au procureur qui lui demande s'il a des d�clarations � faire, r�pond : "Oui ! Je demande pardon � Dieu et aux hommes de tout le mal que j'ai fait." Serre la main aux gardiens, fume une cigarette, boit un verre de rhum, et se laisse toiletter sans r�agir, avant d'aller fermement � la guillotine.25 mai 193319 octobre 1933Jeudi,
5h42ParisRoger Dureux27 ans, manoeuvre. Aggresse chez elle, avenue Philippe-Auguste � Paris, Mme Cl�r�, une amie de sa famille, de trois coups de barre de fer le 06 d�cembre 1932, et d�robe 541 francs et quatre paquets de cigarette. Bless�e � la t�te, elle expire � l'h�pital huit jours apr�s.R�veill� � 5h02. "J'avais d�j� entendu... J'ai compris... Soyez tranquille, je ne tremblerai pas." Remercie son avocat. S'habille lentement, et demande aux assistants : "Faut-il que j'enl�ve mon paletot ?" Demdande � voir la photo de sa soeur et celle de sa ma�tresse : glisse la premi�re dans la poche de son pantalon, d�chire l'autre lentement. Accepte la messe et la confession. Au greffe, boit un verre de rhum, puis se laisse toiletter. En descendant du fourgon, salue son avocat : "Adieu, ma�tre !"21 juin 193324 octobre 1933Mardi,
5h50B�thune
Pas-de-CalaisAnton Cwojdzinski27 ans, prostitu� � Paris, cambrioleur. Coups mortels sur l'un de ses clients en 1926, tentative de vol � main arm�e en 1927 au cours de laquelle M.Thuas est bless� de deux balles de pistolet. Sortant tout juste de prison pour vol, abat d'une balle en pleine nuque le 22 novembre 1932 le garde-champ�tre Duclermortier � Noyelles-sous-Lens, avant de se terrer chez les �poux Nowak. Ne se rend qu'apr�s un si�ge au cours duquel il tire � plusieurs reprises sur les policiers sans les toucher.R�veill� � 5h05. P�lit � la nouvelle. "On va y aller", dit-il. Accepte d'entendre la messe de l'abb� Glopiak, communie. Au greffe, boit une tasse de caf� et fume une cigarette. Il serre la main de tous les gardiens pr�sents, et leur dit : "On se retrouvera l�-haut, c'est la bonne auberge." Puis, apr�s s'�tre entretenu avec Me Gaillard, le secr�taire de son avocat, il s'adresse au procureur : "Je ne voudrais pas qu'on me d�coupe. Je donne ma t�te, mais pas mon corps." En sortant de prison, voyant la foule amass�e rue d'Aire, il dit : "Il y a beaucoup de monde aujourd'hui. Ils ont tous une mine d'enterrement, pas moi !" Sur la bascule, crie : "Adieu, les amis, vive la libert� !"16 juin 193314 novembre 1933Mardi,
6h30B�thune
Pas-de-CalaisAlphonse Edouard "Cabot" Lemaire59 ans, ouvrier agricole au ch�mage et sans domicile, voleur r�cidiviste. Le 03 janvier 1933, � Bruvey, au lieu-dit "Le Hamel", tue avec une hachette Mme Aline Dubois-Facon, 77 ans, pour lui voler sa ceinture de cuir contenant au moins 7.000 francs.R�veil � 5h40. Dit : "J'ai faut�. Je paierai ma dette, je l'ai m�rit�." Entend la messe, boit du caf� ainsi qu'un grand verre de geni�vre. Pendant la toilette, l'aum�nier l'exhorte au courage : "J'en aurai." Mais lors des derniers m�tres, il perd tout son courage et c'est effondr� qu'il arrive sur la guillotine. 500/600 personnes pr�sentes.20 juin 193323 novembre 1933Jeudi,
6h45Bordeaux
GirondePierre DelafetPARRICIDE, 32 ans, cultivateur. Extermine sa famille � coups de hache, de couteau et de fusil � Moirax (Lot-et-Garonne) le 07 f�vrier 1932 : sa grand-m�re Rosa Gauffart, 77 ans, sa m�re Eva Delafet, 52 ans, son oncle Albert Midolle, 66 ans, sa seconde �pouse Denise Planes, 25 ans, sa fille Lucienne, 9 ans, et son fils Jean-Michel, 3 mois. Condamn� � Agen, arr�t cass�, rejug� � Bordeaux.R�veill� � 6h10. Refuse d'entendre la messe, et au greffe, refuse alcool, cigarette et tasse de caf�. A son avocat, Me Pereau, il dit : "Je ne sais pas pourquoi... Je ne me rappelle pas..." puis "Continuez � fleurir les tombes, continuez � d�fendre ma m�moire. Je ne sais pas ce que j'ai fait... Que cela puisse servir d'exemple aux autres." Rev�t la tenue parricide. Devant la guillotine, l'huissier Arthonzoul lit l'arr�t de mort.07 mars 1933, 07 juillet 193315 d�cembre 1933Vendredi,
7h20Toulon
VarMarcel Grandoux24 ans. Voleur r�cidiviste, cherche � quitter la France discr�tement avec son �pouse et complice, Violette Mauvais, 25 ans - et aussi � commettre un nouveau coup. Dans le port de Toulon, loue le canot "Le Caprice" au patron de p�che M.Palma, le 27 avril 1932, et une fois au large, lui tire une balle de revolver dans le dos et le jette � l'eau, o� il se noie. Durant l'agression, il vole le portefeuille de sa victime, qui contient 80 francs. Violette Mauvais sera condamn�e � 20 ans de travaux forc�s.R�veill� � 5h45. Aucune �motion. "Ah, c'est bon, on y va ! Du courage, j'en aurai." S'habille seul. Son avocat, Me Franceschi, l'embrasse : "J'ai tout fait pour vous, mais h�las..." "Je sais bien, et je vous en remercie, mais cela me fait de la peine pour vous." Demande � serrer la main du juge d'instruction Roux, en disant "Vous �tes un des rares magistrats que j'estime le plus." Le juge accepte. S'entretient avec le pasteur Bolle, � qui il remet une m�daille destin�e � son �pouse. Offre � son avocat un tableau peint par ses soins repr�sentant un paysage hollandais. Au greffe, refuse le rhum, mais boit un bol de chocolat. Ecrit deux lettres, l'une pour son p�re, l'autre pour sa femme, puis se retourne vers les aides : "Messieurs, je suis pr�t." Comme on lui retire veste et gilet, plaisante : "Mais je vais avoir froid !" Quand ils parviennent dans la cour, dit aux aides : "Ne me poussez pas, je vais mourir." Regarde la guillotine fixement, mais sans peur visible.27 juillet 193312 janvier 1934Vendredi,
6h55Auch
GersIvan Dimitri�vitch "Jean" Jouroucheff37 ans, Ukrainien, ouvrier agricole chez M.Bolle, au ch�teau du May, � Barran. Le 28 ao�t 1932, il tue � coups de couteau son coll�gue italien Antonio de Ossi et blesse gravement Alberto Foschiatti avant d'incendier la gerbi�re du May. Apr�s deux jours de cavale, le 30 ao�t au soir, met le feu � la ferme de la Bourdette, lou�e par son patron, et pendant que les fermiers vont �teindre le sinistre, il revient au ch�teau du May et menace Mme Bolle et sa fille. Par erreur, l'ouvrier italien Giovanni Simon est abattu par le commissaire Claverie tandis que Jouroucheff se r�fugie dans le puits du ch�teau o� il est appr�hend�.R�veill� � 6h20. Dort profond�ment. Ne comprend pas. Apr�s que le pope Gillet et un interpr�te lui aient expliqu� en russe la raison de leur venue, il se met � pleurer et � hurler. Ne sait plus ce qu'il dit. Au greffe, continue de pleurer, refuse cigarette et rhum. Quand on le soul�ve du tabouret, il se remet � hurler et ne cesse que quand le couperet lui a tranch� le cou.25 octobre 193303 mars 1934Samedi,
6h30Angers
Maine-et-LoirePierre Gueurie31 ans, employ� d'�picerie, p�dophile r�cidiviste. En f�vrier 1925, � St-Pierre-Montlimart, agresse sexuellement une enfant de 11 ans (condamn� � 2 ans de prison � Cholet le 6 mars suivant). Lib�r� le 2 mai 1927, commet un attentat � la pudeur sur une fillette � St-Pierre au cours du m�me mois (condamn� � cinq ans de prison � Angers le 18 juin suivant). Lib�r� en avril 1932. Le 19 novembre 1932, � Angers, blesse d'un coup de couteau dans le dos Lucienne Joret, 11 ans, parce qu'elle refusait de se laisser embrasser. A St-Barth�l�my, le 24 mars 1933, satyre assassin de la petite Simone Soleau, 6 ans, qu'il frappe de deux coups de manche de couteau sur la t�te, avant de la violer, de l'�gorger et de la mutiler.Reveill� � 6h. "J'aurai du courage. Puisqu'il faut y aller, j'irai.". Demande ses v�tements civils, aid� � s'habiller par les gardiens. Se peigne. Demande � Me Pecquereau du papier pour �crire � son �pouse, et joint � sa lettre quelques photos. Aucune r�v�lation. Accepte de se confesser, d'entendre la messe et de communier. Au greffe, demande � l'avocat g�n�ral de transmettre � son �pouse le peu d'argent et de bijoux qu'il poss�de encore. Calme, pendant la toilette, refuse rhum, caf� et cigarette. Soutenu sous les bras par les aides, descend les marches vers la cour. Mouvement de recul en voyant la guillotine, mais qui n'est remarqu� par personne tant les aides sont prompts � le basculer.22 novembre 193310 avril 1934Mardi,
5h37Aix-en-Provence
Bouches-du-Rh�neGeorges-Alexandre "Sarret" Sarrejani55 ans, avocat-conseil � Marseille, Austro-grec naturalis� fran�ais en 1903. Auteur de nombreuses escroqueries � l'assurance-vie : contractait des polices pour des personnes de sant� pr�caire, faisait passer l'examen m�dical � un complice sain de corps sous la fausse identit� du "souscripteur", puis attendait le d�c�s du malade - ou le pr�cipitant par empoisonnement ou �touffement - pour toucher l'argent. Avait ainsi favoris� la naturalisation de ses ma�tresses bavaroises, les soeurs Philom�ne et Catherine Schmidt (42 et 35 ans) en leur faisant �pouser des hommes malades qui d�c�d�rent rapidement apr�s les noces. Confront� aux exigences d'un ancien complice, M.Chambon-Duverger, pr�tre d�froqu�, il l'attira dans un pi�ge en compagnie de sa ma�tresse Blanche Ballandreaux. Le couple fut invit� dans une villa que Sarret louait dans la banlieue aixoise, "L'Ermitage", le 20 ao�t 1925, pour y �tre abattu � coups de fusil et de revolver. Les corps furent plac�s dans une baignoire et recouverts de cent litres d'acide sulfurique jusqu'� compl�te dissolution. La mati�re obtenue fut vid�e avec des seaux dans le fond du jardin. Une derni�re affaire d'escroquerie � l'assurance-vie en 1931 causa sa perte. Les soeurs Schmidt sont chacune condamn�es � dix ans de prison.Arriv�e des autorit�s dans la cellule � 5h sonnantes. Sarret ne dort pas, assis sur sa couchette, assiste � leur arriv�e calmement. "Je suis pr�t, je vous demande de faire vite." Conduit au greffe, on propose au condamn� d'entendre la messe (l'aum�nier et un pope archimandrite sont venus expr�s), mais refuse : "Je vous remercie, je n'ai besoin de rien. Je n'ai rien � d�clarer, sinon que je suis enti�rement innocent et que je vais mourir victime d'une injustice." Refuse aussi le rhum d'un geste : "Merci, je ne demande qu'une chose, c'est qu'on en finisse au plus vite." Accepte cependant une tasse de caf�. R�veill� trop t�t par rapport � l'heure l�gale (faute de messe et d'�ventuelles d�clarations), doit attendre au greffe. En profite pourtant pour soulever quelques points rest�s obscurs durant le proc�s. Pendant la toilette, proteste : "Ne serrez pas si fort, je ne m'�chapperai pas." Baisse la t�te lors de la derni�re marche. Sur la machine, le cou rentre dans la lunette, mais Sarret est devenu ob�se en prison et son ventre pro�minent le fait glisser sur le c�t�. Remis d'aplomb, pousse un r�le alors que Deibler actionne le couperet.31 octobre 193313 avril 1934Vendredi,
5h30Bastia
CorseJean-Baptiste Torre22 ans, bandit, ancien soldat d�serteur au 6e r�giment colonial au Maroc. En juillet 1930, alors qu'il devait compara�tre pour une agression, d�serte et prend le maquis avec son oncle Caviglioli. Le 20 octobre 1930, il abat Ange Sim�on. Le 17 ao�t 1931, lors du braquage de tout un village, tue le garagiste Guagno. Le 02 novembre 1931, abat le mar�chal des logis Tomi et le gendarme Klein, et blesse gri�vement le lieutenant Noeuveglise et le gendarme Soyer.Reveill� � 4h45. Dort tranquillement, persuad� de sa gr�ce. Comprend aussit�t, et somm� d'avoir du courage, r�pond : "J'en aurai." Aucune r�v�lation. Embrasse Me de Corsi qui lui affirme avoir tout tent� pour le sauver. Accepte les secours de la religion. Au greffe, boit deux verres d'une liqueur offerte par le m�dein de la prison, qu'il d�clare "excellente". Demande � �crire trois lettres : une pour sa m�re, une pour sa soeur, une pour sa tante. Apr�s la toilette, embrasse son avocat, et devant l'�chafaud, embrasse le crucifix puis l'aum�nier.20 novembre 193330 avril 1934Lundi,
5h04Marseille
Bouches-du-Rh�neCamille-Emile Maucuer42 ans. Chef de bande, responsable de la mort des inspecteurs Alphonse Thibon, Fran�ois Cambours et Eloi Saint-Pol, abattus lors du hold-up du bureau de poste de Saint-Barnab� le 21 avril 1932, en compagnie de trois autres malfrats. Son complice principal, Calixte Joulia, est condamn� � mort et graci�.R�veill� � 4h30. "Ah, vous �tes venus, c'est bien. Mais ce que j'ai � dire, c'est que mes d�fenseurs Mes Henry Torr�s et Fabre mis � part, vous �tes tous des assassins." Il �crit � sa soeur, puis � sa ma�tresse, chausse ses lunettes. A l'aum�nier, il dit "Foutez-moi la pAix-en-Provence !" Il demande � plusieurs reprises si Joulia va �tre ex�cut� mais personne ne lui r�pond, et en passant devant la cellule de son complice, il grogne "Crapule, va !" Au greffe, il refuse une cigarette venant de Me Torr�s, et accepte celle du gardien-chef en expliquant : "Je ne fume que cette marque-l�." Il demande � garder ses lunettes, se plaint qu'on le lie trop serr�, puis dit :" Pourquoi d�couper une si belle chemise ? C'est idiot. On aurait mieux fait de me laisser aller torse nu." Puis il dit "Je suis pr�t." Devant la machine, il crie "Vive la Russie !" et sur la bascule, il crie : "Allez-y !"27 janvier 193424 mai 1934Jeudi,
4h05Epinal
VosgesGaston Philippot31 ans, manoeuvre. Le 20 septembre 1933, � St-Nabord, �trangle avec un mouchoir sa bienfaitrice Mlle Mathieu, 43 ans, pour la voler et incendie la ferme pour faire dispara�tre les traces de son crime.R�veill� � 3h20. "Bien, je vous remercie." Accepte les secours de la religion. S'habille seul, fume une cigarette. Aucun regret de son crime. Avant de quitter la cellule, remercie ses gardiens. Au greffe, boit un verre de rhum et fume une deuxi�me cigarette. L'aum�nier tente de lui cacher la guillotine avec son crucifix jusqu'au dernier moment. Tr�s calme.07 mars 193426 juillet 1934Jeudi,
4h50Moulins
AllierLouis Venuat28 ans, ouvrier agricole. A Houdemont, dans la nuit du 15 au 16 octobre 1933, assassine � coups de revolver son ancien patron, le fermier Salvert, et blesse Mme Salvert, avant de voler une soixantaine de francs et quelques habits.R�veill� � 4h. Dort profond�ment. Stup�fait, mais calme. Entend la messe, communie. Boit deux verres de rhum et fume une cigarette au greffe. Quand Me R�gnier, son avocat, lui demande s'il d�sire �crire � sa famille, il r�pond : "C'est pas la peine, ils sont assez emb�t�s comme �a." Il rajoute : "Trois mois avant l'affaire, j'avais l'id�e d'un mauvais coup. J'ai pas pu r�sister... Si j'avais �t� mieux surveill�, je n'aurais pas fait �a." Parle un peu � ses gardiens, notamment de p�che : "J'aurais pourtant bien mang� un bon brochet." Sort de la prison la cigarette aux l�vres.25 avril 193406 octobre 1934Samedi,
6h15B�thune
Pas-de-CalaisLudwig Gala23 ans, Polonais, mineur � Sallaumines. Satyre assassin (coups et strangulation) de Janina Onisk, 12 ans, fille de son compatriote et bienfaiteur Joseph, ma�tre de pension � Sallaumines, le 05 f�vrier 1934.R�veil � 5h40. Portait la camisole de force. Sommeil profond : "Ayez piti� de moi." A l'interpr�te, en polonais, dit : "J'ai dit la v�rit�, je n'ai pas tu�." Entend la messe du p�re Ziokowski, et au greffe, refuse rhum et cigarette. Les aides l'attachent plus solidement que de coutume, craignant une r�action de sa part, mais il faut au contraire le porter pour aller � l'�chafaud tant il est abattu. 300 personnes pr�sentes environ.19 juin 193412 f�vrier 1935Mardi,
6h35Saint-Flour
CantalL�on-Pierre Barbat27 ans, cultivateur � St-Vincent-de-Salers. Frappe de quatre coups de hache le vacher polonais Andrezj Karlowiez, son voisin, dans la nuit du 15 au 16 avril 1934 pour voler 200 francs. Louis Barbat, fr�re et complice de Pierre, est condamn� � vingt ans de travaux forc�s.R�veill� � 5h30. Calme, apr�s un temps de stup�faction, un rictus sur les l�vres. Accepte d'entendre la messe. Au greffe, refuse l'alcool et accepte la cigarette. A l'entr�e de la prison, place Spy-des-Ternes, embrasse le crucifix.21 novembre 193412 avril 1935Vendredi,
5h40Chalon-sur-Sa�ne
Sa�ne-et-LoireHenri Putigny45 ans, jardinier � Louhans. Assassina chez lui � coups de couteau ses deux fillettes, Denise et Madeleine (12 ans et 2ans1/2) le 06 ao�t 1934 pour se venger de son ex-femme, Alice Vellet, qui en avait obtenu la garde.R�veill� � 4h40. Devant la nouvelle, devient furieux et insulte justice et magistrats. S'habille en mangeant. Repousse les services de l'aum�nier Duverne : "S'il y avait un bon Dieu, on ne verrait pas de choses pareilles !" Il va jusqu'� engueuler le pr�tre qui fait la messe seul en lui reprochant le son strident de sa sonnette. Continue ses insultes, en souhaitant m�me qu'une guerre soit d�clar�e dans la futur "pour exterminer ceux qui avaient jur� ma perte". Crie "A bas la France !" Il d�clare �galement : "C'est honteux de me guillotiner, moi qui n'ai jamais fait de mal � personne ! Il n'y a pas de justice !" Refusa au greffe rhum et cigarette, mais ne r�clame qu'une simple chique de tabac qu'il garde en bouche jusqu'au bout. Continue � vocif�rer sa col�re pendant la toilette, et ne fait qu'un petit mouvement de recul quand on le pousse sur la bascule de la guillotine, dress�e pour la premi�re et unique fois rue d'Autun, devant la prison. Son ex-femme, Alice Vellet, assiste � sa mort depuis une fen�tre de la rue.23 janvier 193521 juin 1935Vendredi,
4h10Bastia
CorseAndr� SpadaLe dernier des grands bandits corses, surnomm� "Le Tigre de la Cinarca", 38 ans. Le 08 octobre 1922, � Sari d'Orcino, pour �viter l'arreestation d'un ami, abat le gendarme Caillaux et blesse le gendarme Parent. En f�vrier 1925, lors de l'attaque d'une ferme de la banlieue d'Ajaccio, tue par balle M.Mubio et blesse sa m�re. Sa ma�tresse �tant partie avec un certain Giocondi,
il abat le vieil oncle de son rival, ainsi que sa ni�ce le 15 novembre 1925 � Poggio-Mezzana. Le 17 novembre, dans le maquis, il blesse gri�vement le gendarme Ulmer. Arr�t� chez ses parents, � Coggia, le 28 mai 1933.R�veill� � 3h15. Le procureur doit lui taper plusieurs fois sur l'�paule. "Le courage ne m'a jamais manqu� !" annonce-t-il avant de se lever et de faire un brin de toilette. Souriant, demande � entendre la messe et � communier. "Si je me suis rendu, c'est parce que le Christ me l'a command�. Christ le p�re. La justice des hommes m'est indiff�rente, puisque c'est Dieu qui m'a ordonn� de l'affronter et que bient�t, j'irai tout droit au ciel. Ce que je vous dis l�, c'est pour vous autres qui restez, car moi, j'ai �t� touch� par la gr�ce divine et cela n'est pas donn� � tout le monde." S'emporte un peu quand l'aum�nier lui parle de courage : "Du courage ? Mais j'en ai, je vous l'ai d�j� dit !" Embrasse le pr�tre apr�s la messe, refuse rhum et cigarette et certifie : "J'ai toujours dit la v�rit� sur tous les crimes dont on m'accuse." S'entretient avec ses avocats, s'accuse d'un crime pour lequel deux fr�res, les Leca, ont �t� condamn�s au bagne (Spada a malgr� tout b�n�fici� d'un non-lieu dans cette affaire). Docilement, se laisse installer sur le tabouret pour la toilette. Aux aides, dit : "Laissez-moi, je marcherai tout seul." Aum�nier et avocats l'embrassant et lui disant adieu, il leur r�pond "Allons, au revoir !" puis franchit les portes de la maison d'arr�t.05 mars 193517 d�cembre 1935Mardi,
7h16Niort
Deux-S�vresJoseph Lauer44 ans, anarchiste, faux-monnayeur. Recherch� par la police pour une affaire de fausses pi�ces de 20 francs, poursuivi dans les rues de Niort le 21 mars 1935, blessa � coups de revolver deux gardiens de la paix, Louis Charrier et Roger Archambault, et abattit un passant, Salomon Gisson, venu aider les forces de l'ordre.Reveill� � 7h en m�me temps que les autres d�tenus par la cloche de la prison. Pense qu'il aura encore un sursis. D�tromp� par l'entr�e du procureur. "Alors, c'est pour aujourd'hui ? C'est bon." En guise de d�claration, affirme : "Je ne vous en veux pas. Je n'ai qu'une chose � vous dire. C'est un deuxi�me assassinat qu'on va commettre. Deux fois j'ai �t� victime d'une injustice. En 1916, quand j'ai �t� condamn� pour fabrication d'explosifs. Jamais je n'ai fabriqu� d'explosifs. Et en septembre dernier, quand j'ai �t� condamn� � mort. Car si je n'avais pas �t� condamn� en 1916, on ne me guillotinerait pas aujourd'hui. Mais que voulez-vous ? Je n'ai jamais eu de chance !" Continue � parler avec une certaine cr�nerie. Refuse les secours de la religion propos�s par le chanoine Gen�t : "Vous �tes venu me dire bonjour quand je suis arriv�, vous me dites au revoir quand je pars. Moi, je vous dis adieu." Conduit au greffe, refuse d'abord rhum et cigarette, puis se ravise et incite ses d�fenseurs � trinquer avec lui, ce qu'ils font de fort mauvais coeur. Pendant la toilette, s'adresse � un gardien : "T'en fais pas, ton tour viendra !" Puis se rappelle certains d�tails de sa vie, parle de sa m�re, de sa soeur, et prie son avocat Me Plard d'aller voir ses amis pour leur dire qu'il a pens� � eux jusqu'au bout. Quand on l'attache, proteste : "Ne serrez pas si fort, je ne me d�battrai pas." Sortant de la prison, fixe la machine, semble h�siter quelques secondes avant d'�tre plaqu� sur la bascule. Dans le public, au premier rang, la soeur et le beau-fr�re de M.Gisson, et les agents Charrier et Archambaud.27 septembre 193515 f�vrier 1936Samedi,
6h20Avignon
VaucluseMichel Nicolini38 ans, souteneur. A Avignon, le 30 septembre 1934, abat en pleine rue de trois balles de revolver Ouerdia Djidjoui, �pouse d'un malfrat rival, et le 20 octobre suivant, abat de quatre balles Marthe Montagard, tenanci�re de la maison close "Le Tabarin".Premi�re ex�cution � Avignon depuis 1816. R�veil � 5h35. Nicolini dort profond�ment. Il dit juste "Bon." Ecoute son avocat et le pr�tre, sans y pr�ter vraiment attention. Dit n'avoir aucune d�claration � faire, et dans le bureau du surveillant en chef, fait de l'humour : "On attend le coiffeur?". Boit plusieurs verres de rhum, et discute avec son maton corse, M. Agostini : "Je ne voulais pas mourir sans vous serrer la main !" A l'aum�nier, dit :"La mort n'est rien, j'ai confiance." En reconnaissant le bourreau, dit "Ah, c'est Deibler !" puis ne dit plus un mot jusque devant la machine.31 octobre 193517 f�vrier 1936Lundi,
6h14Draguignan
VarGuiseppe Sasia49 ans, vagabond. Le 4 mars 1934, pr�s de Taradeau, abat d'un coup de fusil de chasse Adrien Vassal, 70 ans, pendant qu'il faisait la sieste et lui vole 50 francs et sa montre en argent. Au Plan de Flaysse, le 5 ao�t 1934, abat de deux coups de fusil Ferdinand Troin, 84 ans, et lui vole son portefeuille contenant 10 francs. Le 20 octobre 1934, � Ampuis, abat d'une d�charge de chevrotines dans le dos F�licien Rouvier, berger, 35 ans, et vole sa montre et son couteau. Le 30 novembre 1934, au lieu-dit "Colle des Blacas", tue de deux coups de fusil l'ouvrier Giannini Galiano et vole le contenu de son porte-monnaie. le plaisir de tuer.R�veil � 5h30. Pas de r�action. Dit � son avocat, Me Berruty : "C'est emb�tant de mourir !" puis assiste � la messe. Communie, refuse le verre de rhum, se ravise et boit avec difficult�.06 novembre 193504 avril 1936Samedi,
5h05Rodez
AveyronHenri Bourdon47 ans, ouvrier agricole. D�j� condamn� dans les ann�es 20 � cinq ans de r�clusion pour viol d'une fillette. Satyre assassin de Josette Fabre, 8 ans, fille de ses anciens patrons - il avait �t� licenci� le matin-m�me pour son intemp�rence -, viol�e et poignard�e au hameau du Mas d'Al�gre, � Tournemire le 09 septembre 1934.R�veill� � 4h30. Dort bien : se dresse d'un bond � la nouvelle. "Eh bien, soit... Du courage ? J'en aurai, oui... J'en aurai plus que vous tous ici, peut-�tre..." Accepte les secours de la religion : "C'est � Dieu seul que je dois des comptes." Se confesse, entend la messe et revient au greffe. Demande au procureur � �crire deux lettres, l'une au p�re de sa victime, l'autre � son fils. La demande est accept�e. Apr�s avoir sollicit� le pardon de M. Fabre et celui de son fils, se f�che : "Oui, devant Dieu, je demande pardon. Les hommes, je les emmerde. Je ne regrette pas ce que j'ai fait. Je voudrais en avoir fait davantage. Si j'avais � recommencer, je le ferais." Se calme, remercie son avocat, Me Cournet, et lui donne sa montre. Refuse le verre de rhum, puis se ravise. Fume rapidement une cigarette. Arriv� sur la bascule, � l'entr�e de la prison, se jette � droite et se met de travers sur la planche. Le geste de r�volte est contenu en l'espace de deux secondes.19 d�cembre 193520 avril 1936Lundi,
6hCaluire-et-Cuire
Rh�neBrahim RabahAncien spahi, cantonn� au 9e r�giment alg�rien de Vienne. Puni de deux jours de consigne par le brigadier Robert Saladin pour une absence � son poste de garde d'�curie, attend qu'il dorme dans la nuit du 04 au 05 septembre 1935 dans l'�curie pour lui broyer la t�te avec une masse de 5 kilos, puis le d�capite au rasoir.R�veill� � 5h � la prison Saint-Paul. Dormait profond�ment. Aucune �motion, esp�rait juste �tre graci� en raison du long d�lai �coul� depuis sa condamnation. Fait sa toilette, s'habille, refuse nourriture, alcool et cigarette. Quitte la prison lyonnaise en auto � 5h30. En trajet, demande qu'on pr�vienne son fr�re de sa mort et affirme : "J'ai tu� le brigadier parce qu'il avait injuri� mon Dieu. Cela doit se payer dans l'heure qui suit. Je m'en remets � la justice d'Allah." Arrive au fort de Montessuy � 5h55. Va au poteau d'ex�cution, sous les platanes, sans soutien. Agenouill�, les yeux band�s. R�clame : "Ne touchez pas � la t�te, le Coran le d�fend." Peloton de douze cavaliers du 9e Spahis l'abattent aussit�t.26 novembre 193506 juin 1936Samedi,
4h22, 4h25Coutances
MancheVictor Courcaud
et
Jules DucheminCourcaud, 49 ans, employ� au chemin de fer. Duchemin, 24 ans, amant de la fille Courcaud. Dans la nuit du 05 au 06 d�cembre 1931, s'introduisirent dans la maison de la veuve Lamy, 67 ans, demeurant � Lolif. Courcaud lui fracasse la t�te � coups de barre de fer, et Duchemin lui mutile l'aine et l'abdomen de plusieurs coups de couteau, avant de l'�ventrer avec une hachette, pour la voler. Crime demeur� impuni pendant plus de trois ans. Complices, Mme Courcaud est condamn�e � perp�tuit�, le fils Courcaud, 20 ans, - ayant d�nonc� le crime en 1934 - est condamn� � vingt ans de colonie p�nitentaire, et la fille Courcaud est acquitt�e.R�veill�s � 3h40. Duchemin ne semble pas comprendre et reste h�b�t�. Courcaud, sit�t qu'il entend le bruit des cl�s, saute de son lit, et hurle : "Je suis innocent, ce n'est pas juste ! Mon fils parlera, j'en suis s�r !" Puis il maudit Duchemin : "C'est toi qui nous as mis l� ! Tu vas payer mon vieux ! Mon pourvoi a �t� rejet�, mais mon recours en gr�ce ?" Se calme un peu, abattu, se rasseoit sur son lit. Entendent la messe, mais ne communient pas. Duchemin pleure pendant l'office. Au greffe, Courcaud affirme son innocence, et refuse le verre de rhum. Duchemin en boit quelques gouttes. Duchemin sort le premier, effondr�, soutenu par les aides. Courcaud para�t � son tour. Quelques cris de haine retentissent, auxquels il ne r�pond pas. S'arc-boute en arrivant sur la bascule. Maintenu par les aides avec force pour partir sous le couperet.06 mars 193615 juin 1936Lundi,
4h40Montauban
Tarn-et-GaronneHenri Martin29 ans, cordonnier. Durant un cambriolage � Castelsarrasin le 09 d�cembre 1935, blesse de deux balles de revolver Mme Jeanne Aubry, domestique, qui venait de le surprendre et appelait � l'aide, puis tue de deux balles dans la t�te la ma�tresse de maison, Mme veuve Olympe Tougne, bijouti�re, 71 ans, et s'enfuit � bicyclette sans rien emporter, non sans tirer sur les passants, mais n'en touchant aucun.Ne dort pas � 4h10 : r�veill� plus t�t dans la nuit par les aboiements d'un chien, avait eu le pressentiment de sa fin imminente. En avait profit� pour �crire � sa m�re et � sa ma�tresse. Au procureur, annonce : "Je suis pr�t." Refuse rhum et cigarette : "Je n'ai pas peur, je n'en ai pas besoin. Je craindrais au contraire que cela me tourne le coeur." Accepte de se confesser, mais pas d'entendre la messe. Toilette sans histoire. Se jette presque sur la bascule.14 mars 193625 juin 1936Jeudi,
4h14ParisArthur Mahieu33 ans, repris de justice. Apr�s une tentative de cambriolage rat� � Montreuil-sous-Bois, dans l'apr�s-midi du 11 f�vrier 1935, traqu� par les voisins jusqu'� un entrep�t, abat l'agent de police Pujol de deux balles, l'une dans la t�te, l'autre dans la poitrine, croyant que celui-ci avait l'intention de le tuer.Grosse chaleur. N'est parvenu � s'endormir qu'� 1h30. R�veill� � 3h. S'entretient avec le pasteur Br�zard. Annonce aux gens pr�sents : "Je le savais, Messieurs. Je sentais que c'�tait pour ce matin. Ma�tre, dites � mon amie que c'est mieux ainsi." AU greffe, refuse le rhum mais fume une cigarette. Avant de monter dans le fourgon, a cette derni�re remarque : "Quelle triste voiture." Re�oit, en descendant, l'accolade de Me Legrand et du pasteur. Ferme les yeux quand on le pousse sur la bascule.23 mars 193610 ao�t 1936Lundi,
4h50Grenoble
Is�reAntonio Rocchini42 ans, Italien, colporteur. Abat le fermier Eug�ne Griat devant chez lui � Meaudre le 21 janvier 1936 pour le voler.R�veil � 4h05. Convaincu qu'il serait graci�, ne peut croire qu'il va �tre ex�cut�. Promet malgr� tout d'�tre courageux � son avocat, Me Gonon. Agit sans volont� visible, marmonne en italien. Entend la messe, �crit une courte lettre � sa femme et son fils. Fume plusieurs cigarettes. Soutenu par les aides jusqu'� la guillotine, dress�e � l'entr�e de la prison, rue de Strasbourg.27 mai 193613 ao�t 1936Jeudi,
4h55Arras
Pas-de-CalaisCasimir Dankerque32 ans. Tua � coups de gourdin et �trangle les soeurs Mme veuve Demailly - 90 ans - et Mme veuve Delporte - 73 ans - le 24 septembre 1935 � Pommier pour voler 1.180 francs, puis le 27 octobre 1935, massacre � coups de tailleur de rosier et de barre de fer les �poux Duflos-Larue (64 et 63 ans, le mari, notamment, est en fauteuil roulant) � Achicourt pour voler 1.200 francs.R�veill� � 4h. Calme, s'habille seul. Ne veut pas entendre l'arr�t de mort, et ne fait aucune r�v�lation � Me Legrand, son avocat. Apr�s la confession et la messe, se laisse faire par les aides. Conduit place du Marche-aux-Chevaux, devant une foule hurlant : "A mort !" Descend seul, toujours aussi calme, et va � la bascule sans reculer.19 mai 193624 octobre 1936Samedi,
5h25Draguignan
VarManuel Rodriguez46 ans, Espagnol, cultivateur. Assassin de Lucas Zurletti, Italien, 39 ans, fermier au Plan de Th�mes, � Besse-sur-Issole. Il le tua le 28 avril 1935, et apr�s avoir vers� du p�trole sur le cadavre, y mit le feu, avant de d�rober ses instruments agraires, son mulet et le peu d'�conomies qu'il poss�dait.R�veill� � 4h45. Au procureur qui lui demande d'avoir du courage, il r�pond "Je sais ce que c'est." Refuse d'abord d'entendre la messe, mais finit par l'accepter quand on lui propose en espagnol. Prie avec ferveur. Au greffe, refuse rhum et cigarette et dit "Van nous coupa la testo." Il embrasse ses avocats avant la toilette. Haut-le-corps devant la guillotine.11 juillet 193628 octobre 1936Mercredi,
6h08Caen
CalvadosAndr� Martin31 ans, �leveur � Saint-Contest. Assassin des �poux Rousselle-Tidrick, bijoutiers � Caen, qu'il attira chez lui le 23 octobre 1935 et tua � coups de hachette avant de les enterrer au fond de son jardin. Il leur d�roba 12.000 francs en billets et de nombreux bijoux.R�veil � 5h30. Dort tout habill�, r�veill� par bruit de la porte. "Martin, votre pourvoi est rejet�, les hommes vous pardonnent. Ayez du courage." Le condamn� r�pond : "Moi aussi, je leur pardonne. J'en aurai." Il se l�ve, entend la messe, parle quelques minutes avec son avocat, Me Delahaye, puis se livre aux ex�cuteurs pour la toilette. Pendant ce temps, l'aum�nier lui fait boire un verre de rhum par petites cuill�r�es. Va � l'�chafaud sans soutien.08 juillet 193618 f�vrier 1937Jeudi,
6h07Dijon
C�te-d'OrVassili Gouczouliakoff36 ans, Ukrainien, valet de ferme. Le 07 janvier 1936, � Bellenod-sur-Seine, Meurtrier de ses anciens patrons, les fr�res Jules Bornot (79 ans, �gorg� d'un coup de couteau), Lucien Bornot (71 ans, deux balles de revolver dans la t�te et �gorg�), et de leur domestique Pierre Triolet, 28 ans, tu� par un coup de stylet dans l'oeil droit qui l�sa le cerveau, avant de voler 3.500 francs. Le 1er mars 1936, � la prison de Dijon, frappa le gardien Georges Thomas avec un pav� de 2 kilos pour tenter de s'�vader, et seuls ses deux co-d�tenus parvinrent � l'emp�cher d'achever sa victime. Article du Bien Public.R�veil � 5h20. Entend la messe prononc�e par un pope, communie. Effondr�. Aucun regret, ne dit pas un mot. Refuse d'un geste verre de rhum et cigarette. Devant la machine, mouvement de recul rapidement ma�tris�.28 novembre 193603 mars 1937Mercredi,
6h10Limoges
Haute-VienneHenri Dardillac27 ans, cultivateur. Sur la route entre St-Laurent-sur-Gorre et St-Junien, le 03 mars 1936, tua de deux balles dans la nuque chacun Gabriel Fr�don, marchand de vin et le vieillard Maurice Chabroux, et acheva Fr�don en l'�gorgeant avec son couteau de poche. Il vola alors le portefeuille de Fr�don, o� se trouvaient 5.000 francsCourage d�s le r�veil. Au cours de la messe, ne cesse de parler � voix basse de ses enfants. Apr�s l'office, donne des lettres � Me Arbellot, son avocat. Pendant la toilette, il regarde une photo de ses petits, mais ne dit rien de son �pouse. "Pendant que je suis l�, que je vais mourir, d'autres mangent l'argent." dit-il. Refuse rhum et cigarette. Va � la mort avec dignit�.01 d�cembre 193608 mai 1937Samedi,
5h28Strasbourg
Bas-RhinLucien Sittler22 ans, mouleur. Dans la nuit du 03 au 04 juillet 1936 � Illkirch-Graffenstaden, assassine avec sa propre hachette - et aussi � coups de couteau - Eug�ne Beick, ma�on, p�re de six enfants, pour voler son portefeuille contenant 50 francs.D�s son r�veil, se l�ve et s'habille sans dire un mot. Va � la chapelle, entend la messe et communie. Prie son avocat de prendre soin de son enfant, puis se soumet aux ex�cuteurs. Accepte le verre de rhum et la cigarette. S'avance, p�le mais droit, cigarette � la bouche, vers la guillotine.09 f�vrier 193703 juillet 1937Samedi,
4h14Caen
CalvadosGaston Donatien29 ans, ouvrier agricole. Satyre assassin de la petite Marie Oillier, 8 ans, qu'il �trangla et viola � Goustranville le 04 juin 1933. Un nouvel attentat � la pudeur commis � Honfleur quelques mois plus tard permit d'avoir une description de l'agresseur, qui fut arr�t� suite � un vol de bicyclette.R�veill� � 3 heures. Dort � poings ferm�s. On doit le secouer pour le r�veiller. Il proteste : "Non, �a n'est pas moi. Le crime de Goustranville, je n'y suis pour rien." Au juge d'instruction, dit n'avoir aucune d�claration � faire, puis s'entretient avec son avocat. Celui-ci lui dit qu'il sera s�rement plus heureux dans l'autre monde. "Oh, oui, certaineemnt, car je ne l'ai gu�re �t� sur celui-l�." Se confesse, entend la messe et communie. Accepte rhum et cigarette. Marche � la guillotine t�te droite, cigarette � la bouche, air d�cid�. M. Oillier, p�re de la victime, pr�sent pour l'ex�cution.23 janvier 193721 juillet 1937Mercredi,
4h15Mulhouse
Haut-RhinRen� Kueny26 ans, manoeuvre � Rixheim. "Le Vampire de la Hardt", voleur r�cidiviste, auteur d'attentats � la pudeur, habitu� � agresser sexuellement des femmes en la for�t de la Hardt en se cachant nu dans les buissons et en surgissant sur la route au passage des femmes. Le 3 ao�t 1936, � Geispitzen, tente de violer Mlle Rasser, 23 ans, mais devant sa r�sistance, s'enfuit en volant son sac � main contenant 160 francs. Le 20 ao�t, pr�s de Sausheim, viola Mme Mugnier, 62 ans, dans un champ, qu'il assomma avec son propre parapluie et dont il vola l'argent. Satyre assassin le 31 ao�t 1936 de Jeanine Toillon, 9 ans, qu'il viola puis noya dans le canal de Huningue. Le lendemain, 1er septembre, il aborda deux fillettes, dont la petite Jacqueline Girardot, 7 ans, qu'il entra�na en pleine for�t pour la violer, l'assommer avec un b�ton et finalement tenter de l'�trangler. Gravement bless�e mais vivante, la petite surv�cut � son supplice.R�veill� vers 3 heures. Se met � pleurer, se confesse. Dicte � son avocat une lettre � sa m�re. Boit un verre de rhum et fume plusieurs cigarettes. Plusieurs centaines de spectateurs29 avril 193714 janvier 1938Vendredi,
7h20Saint-Brieuc
C�tes-du-NordLucien Boulay23 ans, meunier. Satyre assassin de Th�r�se Rouault, 09 ans, qu'il assomma, viola et �trangla avant de lui �craser le visage � Pl�neuf le 12 juin 1937.R�veill� � 6h40. Comprend vite, a un petit moment de d�faillance. Se ressaisit et se montre courageux. Aucune d�claration, demande � entendre la messe et communie. Pleure durant la messe. Au greffe, manifeste des regrets, comprend m�riter son ch�timent, mais ne peut s'emp�cher de dire : "C'est malheureux de mourir � 23 ans." Accepte un verre de rhum. Va tranquillement � l'�chafaud. En l'absence d'Anatole Deibler, malade, l'adjoint de premi�re classe Jules-Henri Desfourneaux occupe le poste d'ex�cuteur en chef par int�rim.28 octobre 193728 avril 1938Jeudi,
5hLille
NordFernand Hubert44 ans, m�canicien-dentiste. Tue � coups de marteau et de m�che de m�tal la veuve Piquet, 68 ans, � Lambersart le 1er mars 1937, tout en allumant la T.S.F afin d'att�nuer les bruits de son crime, et vole 3000 francs, des bijoux et une montre.R�veill� dans sa cellule de Loos � 4h15. Il dit : "Je n'ai rien � expier. Je suis innocent, et vous allez commettre un crime." Ferme et calme tout au long de la matin�e : �crit une lettre � sa fillette. Accepte de se confesser, mais pas d'entendre la messe. Arriv� place Vergniaud, devant la guillotine, il crie : "Je suis innocent".29 janvier 193830 avril 1938Samedi,
5h04ParisFr�d�ric Moyse41 ans, concierge � Fresnes. Tua son fils ill�gitime, Cl�ment Faneau, 5 ans, le 15 d�cembre 1935 en lui coin�ant le cou dans une porte et en pressant de toutes ses forces contre le battant. Le corps nu du petit gar�on sera retrouv� le 1er janvier 1936 dans un foss� aux abords du carrefour de la Belle-Epine, au sud de Paris. Son �pouse l�gitime, en tant que complice, fut condamn�e � cinq ans de r�clusion. Une autre photo.R�veill� � 4h15. Hurle de toutes ses forces, traite les gardiens et ses avocats d'hypocrites de ne pas l'avoir pr�venu plus t�t. Maudit toute l'assistance. Conduit devant l'autel, refuse de s'agenouiller, demande � deux reprises du rhum, qu'on lui refuse avant qu'il n'ait communi�. Pendant la pri�re, recommence � hurler et � insulter les assistants. Une fois la messe termin�e, boit les trois-quarts d'une bouteille de rhum. Au greffe, interpelle le bourreau : "C'est vous, Deibler ? Vous �tes laid, et vous autres, vous avez de sales t�tes !" Recrache la cigarette qu'on lui glisse entre les l�vres, ach�ve la bouteille de rhum. Se plaint de la brutalit� avec laquelle on lui lie les mains, g�mit � son avocat qu'on lui donne "des coups de ciseaux dans le cou". Avant de monter dans le fourgon, crie plus fort encore qu'il ne veut pas voir la guillotine. Me Hubert lui bande les yeux avec son propre mouchoir blanc. Arriv� devant l'�chafaud, hurle : "Non, non ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas !"08 d�cembre 193714 mai 1938Samedi,
4h25Charleville
ArdennesAuguste Mary29 ans. Assassine � coups de b�che et viole la veuve Albert, 44 ans, � Villers-le-Tourneur le 1er octobre 1937. D�j� auteur d'un viol et d'une tentative d'assassinat, le 21 octobre 1928, sur sa ni�ce, �g�e alors de neuf ans. Incarc�r� pendant sept ans, lib�r� en 1936.R�veill� � 3h30. L'aum�nier Couvreur annonce la nouvelle au condamn�. Se confesse, boit un verre de rhum et fume une cigarette. Meurt courageusement. Ex�cut� place du palais de justice � Charleville (jusqu'en 1922, les supplices avaient lieu dans la ville voisine, M�zi�res).15 f�vrier 193815 juin 1938Mercredi,
3h59Epinal
VosgesCamille Charbonnier34 ans, domestique de ferme. Le 05 septembre 1937, � Plombi�res, en �tat d'ivresse avanc�e, refusant de quitter le d�bit de boissons de Mlle Couval, celle-ci dut faire appel � un agent de police, M. Rapenne. S'enfuyant en insultant le gardien de la paix, et entra dans un garage o� il vola un revolver laiss� dans une voiture. Il mena�a le gardien de nuit, puis testa l'arme dans un lieu d�sert, avant de recroiser la route de l'agent Rapenne qui fut abattu quand il tenta de l'arr�ter.R�veil � 3h30. Nul besoin de lui annoncer : "J'ai compris. Il n'est pas trop t�t." P�lit un peu, mais se reprend et ajoute : "J'aurai du courage. Malgr� tout, ce n'est pas logique." Accepte les secours de la religion et communie. Ecrit une lettre � sa soeur. Quand le procureur lui demande s'il consent � avouer son crime, il r�pond : "Ca va, mais ce n'est pas logique." Au greffe, boit le verre de rhum et prend une cigarette offerte par son avocat, puis remercie un des gardiens pour ses bons soins. Apr�s, il ne dit plus un mot jusqu'� l'�chafaud, vers lequel il s'avance cigarette aux l�vres.16 mars 193829 octobre 1938Samedi,
5h44, 5h47Carpentras
VaucluseAnge Quaranta
et
Gabriel Kamphaus35 ans et 46 ans. Le 10 ao�t 1936, � Cavaillon, � la terrasse d'un caf�, Quaranta, cambrioleur, abat sa ma�tresse Fernande Helvig. Il est condamn� le 27 avril 1937 � 20 ans de travaux forc�s, et son complice Honor� Passeron � cinq ans de prison. Le 23 avril 1935, Kamphaus, marchand de pi�ces de TSF � Toulouse, agresse � Entrechaux les �poux septuag�naires Imbert � coups de gourdin pour les voler : il est condamn� le 29 avril 1937 aux travaux forc�s � perp�tuit�. Le 25 juillet 1937, blessent gravement � coups de barre de fer et tentent d'�trangler le gardien Joseph Martel en s'�vadant de la prison d'Avignon. Quaranta se foule la cheville en franchissant le mur et est laiss� en arri�re. Les trois �vad�s sont repris dans la journ�e. Passeron n'est condamn� qu'� 15 ans de travaux forc�s.Mistral violent. Au r�veil, � 4h50, Kamphaus dit "C'est bien." Quaranta sort du lit et salue les officiels. Kamphaus parle � un pasteur, Quaranta entend la messe et communie. Au greffe, en buvant un verre de rhum et en fumant une cigarette, Kamphaus dit : "Je crois que c'est Baudelaire qui a dit mieux vaut en rire qu'en pleurer..." Quaranta part le premier. Kamphaus se rebelle sur la bascule, et se jette de c�t�, mais les ex�cuteurs ne mettent que deux secondes � le remettre en place.28 juillet 193824 janvier 1939Mardi,
6h25Lyon
Rh�neAbdelkader "Saada" Rakida28 ans, Alg�rien. Interdit de s�jour � Paris, auteur d'un meurtre au cours d'une bagarre, le 21 septembre 1937, tenta de forcer le passage dans une maison close de Lyon, � tel point que la tenanci�re, menac�e d'un revolver, appella la police. D�s l'arriv�e des forces de l'ordre, Rakida leur tira dessus, blessant gravement les gardiens de la paix Perret et Dusserre.R�veill� � 5h30. Quand l'avocat g�n�ral lui dit de faire preuve de courage, r�pond : "J'en aurai." Avec l'aide des gardiens, s'habille. Accepte de parler � l'imam Belhay ben Maafi, qui l'exhorte � se confier � Allah. Au greffe, accepte cigarette mais refuse rhum. D'un ton exc�d�, il dit : "Allons-y !" En voyant la guillotine, vif mouvement de recul et se d�bat sur la bascule. Mal rattrap� par l'aide, � la t�te tranch�e au niveau du menton.05 novembre 193804 f�vrier 1939Samedi,
6h47Rennes
Ille-et-VilaineMaurice Jean-Marie Pilorge24 ans, assassine � coups de rasoir le 06 ao�t 1938 son amant mexicain Nestor Escudero � Dinard pour le voler. La veille de sa condamnation � mort, condamn� � vingt ans de travaux forc�s pour avoir commis sept cambriolages pr�s de Dinard.Ex�cution pr�vue le 03 f�vrier. La veille au matin, en se rendant � la gare, Anatole Deibler d�c�de de mort naturelle. Ex�cution effectu�e par l'adjoint de premi�re classe Jules-Henri Desfourneaux, ex�cuteur en chef par int�rim et futur chef officiel � compter du 15 mars.17 novembre 193802 mai 1939Mardi,
4h50Rouen
Seine-Inf�rieureAndr� Vittel17 ans, navigateur � bord du paquebot "Cuba", n� le 22 mai 1921. Egorge et poignarde sa belle-soeur Alice Vittel, n�e Anne, 28 ans, le 08 juin 1938 au Havre pour la voler, puis �touffa son neveu Michel, deux mois, avec un oreiller.R�veill� � 3h55. Aucune �motion, n'a rien � d�clarer. Il s'habille, entend la messe et communie. Au greffe, pendant la toilette, pleure. Boit un verre de rhum, demande une cigarette au gardien-chef. Arriv� place Bonne-Nouvelle, il reconna�t son fr�re et sa belle-m�re et les regarde avec haine. Quand le couperet tombe, Mme Anne dit : "Tant mieux ! Ma fille est veng�e !" Premi�re ex�cution de Jules-Henri Desfourneaux en tant que chef.17 f�vrier 193902 juin 1939Vendredi,
3h57ParisMax Bloch44 ans, cambrioleur, juif Ukrainien. Abat � coups de revolver les �poux Gutowicz, Polonais, receleurs notoires rue Oberkampf � Paris, le 11 mai 1938, parce qu'ils l'avaient flou� sur le prix d'un collier de perles.Derni�re ex�cution publique � Paris, boulevard Arago06 avril 193917 juin 1939Samedi,
4h32Versailles
Seine-et-OiseEugen Weidmann31 ans, interpr�te, Allemand, plusieurs fois condamn� en Allemagne et au Canada. En 1937, profitant de l'Exposition Universelle de Paris, d�cide de mettre sur pied une entreprise de kidnappings en s�rie. Le 14 juillet 1937, enl�ve la danseuse am�ricaine Jean de Koven, 21 ans, et l'attire chez lui dans la villa "La Voulzie", � La Celle-Saint-Denis. Sit�t entr�e, il la drogue et l'assassine avant de l'enterrer dans la cave. Le 08 septembre 1937, dans la vall�e de la Loire, il abat d'une balle dans la nuque Joseph Couffy, chauffeur priv�, et lui vole 2000 francs et sa Renault. Le 04 octobre, sous couvert de lui trouver un emploi de dame de compagnie, entra�ne Janine Keller dans la "caverne des brigands" � Fontainebleau, et la fait abattre par son complice Roger Million, avant de la d�pouiller des 2.200 francs qu'elle avait sur elle. Le 15 octobre 1937, � La Celle-Saint-Cloud, Million blesse Roger Leblond, impr�sario, attir� dans la villa sous couvert d'investissement. Weidmann ach�ve la victime d'une balle dans la nuque et lui vole 8.000 francs. Le 27 novembre 1937, avec la complicit� d'un ancien co-d�tenu, Fritz Frommer, attirent Raymond Lesobre, agent immobillier dans une maison de Vaucresson, et Weidmann l'abat d'une balle dans la nuque avant de voler 5.000 francs. Enfin, fin novembre, Frommer, devenu t�moin g�nant - il avait laiss� � Lesobre une carte de visite au nom de son oncle -, est abattu � son tour. Reconnu coupable dans deux des meurtres, Roger Million est condamn� � mort �galement, les deux autres complices, Jean Blanc et Colette Tricot, �copent respectivement de 20 mois de prison et d'un acquittement. Million est graci� le 16 juin 1939.Une autre photo.Derni�re ex�cution publique en France (hors colonies)31 mars 193919 juillet 1939Mercredi,
4h30Saint-Brieuc
C�tes-du-NordJean-Fran�ois Dehaene35 ans, chauffeur-livreur. Poignarda � coups de couteau de boucher sa femme, n�e Alice Sorel, 30 ans, employ�e dans une charcuterie, et son beau-p�re, Victor Sorel, 59 ans, clerc d'huissier, � Dinan le 10 d�cembre 1938, pour se venger de leur divorce imminent.Premi�re ex�cution � l'int�rieur de la prison, devant un comit� restreint.27 avril 193916 janvier 1940Mardi,
6h45, 6h50Lyon
Rh�neRen� "William" Gabriel Julien Saunier
et
Louis "Lili" Teddy Deveau20 ans tous les deux, manoeuvre et m�canicien. Le 05 f�vrier 1938, � Reyrieux, blessent gri�vement le taximan Bonnet-Ligeon, le 10 novembre 1938, � Saint-Rambert l'Ile-Barbe, tuent Mme Dorillard, 76 ans, et son gendre M.Peuillat, 55 ans, pour les voler. Le 29 d�cembre 1938, agressent et blessent l'automobiliste M.Toussaint aux Ch�res. Le 20 avril 1939, � Ecully, tuent M.Jourdan, 80 ans, parent de l'un d'eux.Deveau s'adresse au procureur : "Etes-vous s�r, monsieur le procureur, qu'il y a une justice ?" puis � son complice : "Vise-moi �a ! C'est une coupe maison. Mince, alors, ma belle liquette !" Saunier, lui, dit :" Je tremble, possible, mais je n'ai pas peur, j'ai froid !"04 novembre 193901 mars 1940Vendredi,
6h45, 6h47Metz
MoselleAmmar Bouaita
et
Bela�d Ben A�ssa25 ans, soldat, Alg�rien et 27 ans, caporal, Tunisien, tous deux casern�s au 23e r�giment de tirailleurs alg�riens. En avril 1939, tendent un guet-apens au jeune soldat Louis Weiss, entre Puttelange et Diding. Ben A�ssa le viole, puis l'�trangle pour l'emp�cher de parler, puis ils volent son argent. Avant le proc�s, essayent de s'�vader et tentent d'�trangler un gardien.Bouaita demande � �tre ex�cut� le premier. "Vous n'avez pas compris que j'�tais innocent. Mais je vais expliquer � Dieu que c'est l'autre le seul coupable, et qu'est-ce qu'il lui passera quand il arrivera � son tour !" La demande est accept�e, mais sur la bascule Bouaita arrive � se d�gager de la lunette en rentrant le cou. Ben A�ssa est port� du greffe � la machine.07 d�cembre 193915 mars 1940Vendredi,
6h20, 6h25ParisPaul Adrien Chrysostome Vocoret
et
Marcel Ren� Vocoret28 et 32 ans, manoeuvres. Marcel, condamn� � perp�tuit� par les assises de la Seine le 07 novembre 1936 pour avoir, le 25 d�cembre 1935, abattu � Issy-les-Moulineaux le brocanteur Emile Beautour d'une balle dans la poitrine - crime accidentel, les jur�s ayant vot� par erreur la perp�tuit� alors qu'ils souhaitaient quinze ans de travaux forc�s. Peine commu�e en quinze ans de bagne par d�cret pr�sidentiel. S'�vade de la centrale de Caen le 9 avril 1939. Suspect� avec son fr�re de nombreux vols de bicyclettes, abattent dans un h�tel de l'�le Saint-Germain, � Issy-les-Moulineaux, le 15 novembre 1939, le secr�taire de police Vat�, l'inspecteur Bernard et l'agent Wachaud venus les arr�ter. Condamn�s � mort par le Conseil de guerre.Au greffe, les deux fr�res demandent � s'embrasser. Paul d�pose un baiser sur la joue de son fr�re et lui dit : "De toutes fa�ons, ca ne te portera pas chance."28 d�cembre 193904 mai 1940Samedi,
5h15Rouen
Seine-Inf�rieureEmile Ren� Brodin26 ans, soldat de 2e classe, d�serteur. Egorgea � Clecy (Calvados) dans la nuit du 17 au 18 septembre 1939 Mme L�ontine Dupont, 69 ans, chez qui il s'�tait introduit par effraction pour la d�valiser. Condamn� par le tribunal militaire de la 3e r�gion, si�geant � Rouen.R�veill� � 4h30.01 mars 194031 mai 1940Vendredi,
4h15Ivry-sur-Seine
SeineAlbert-Emile Lafosse38 ans, soldat. Satyre assassin de la petite Madeleine Lannoy, 15 ans, viol�e et �trangl�e le 13 janvier 1940 � Saint-Ouen.Fusill� au Fort d'Ivry.8 mars 1940, 17 avril 194007 juin 1940Vendredi,
4h, 4h02ParisMarcel Louis Garnotel

Fritz Erich Anton Erler

Garnotel, 25 ans, ancien Bat d'Af, tue lors d'un cambriolage � Aulnay-sous-Bois le 14 mars 1939 Huguette Gaillac, 17 ans, en l'�tranglant et en lui martelant la nuque sur le carrelage, et tente d'�trangler la bonne, Marie Milpart avant de s'enfuir.

Erler, 33 ans, cin�aste, Allemand, est condamn� � mort pour espionnage.

19 mars 1940

27 avril 1940

13 juin 1940Jeudi,
4h20Coutances
MancheEdmond Ren� Andr� Marcel Laisn�31 ans, cultivateur � Parigny. Le 20 d�cembre 1938, tua Christiane, son enfant de 4 ans qu'il avait eu d'un premier mariage, � force de mauvais traitements. Sa femme, complice, fut condamn�e � cinq ans de travaux forc�s.14 mars 194014 ao�t 1940Mercredi,
4h45N�mes
GardFernand Ren� Torrens20 ans, sans profession. Abattit � coups de revolver l'abb� Dourdoux, professeur, pour le voler, le 24 novembre 1939 � N�mes.Guillotin� par les ex�cuteurs d'Alger. A 4h45, pousse un hurlement � son r�veil, et se calme. Confess� par l'aum�nier, entend la messe et communie. Discute avec son avocat aimablement. Demande � �crire � sa grand-m�re, puis remercie les gardiens. Boit un verre de rhum, puis soutenu par le pr�tre, s'avance vers la cour o� se trouve l'�chafaud. Quand il voit la guillotine, il se mit � hurler de peur, embrasse malgr� tout le crucifix, et ses cris ne cess�rent que quand le couperet tomba. La guillotine reste � la maison centrale de N�mes en attendant une prochaine utilisation.12 avril 194005 septembre 1940Jeudi,
5h55Lyon
Rh�neL�on Corgier41 ans, manoeuvre. Dans la nuit du 30 au 31 mars 1937, apr�s un cambriolage � Villeurbanne, Corgier et son complice Louis Pinet tirent sur deux policiers venus les arr�ter, blessant gravement le brigadier Thollon. Le 06 mai suivant, � Villefranche-sur-Sa�ne, abattent les �poux Reymond, droguistes, pour les voler. Pour la tentative de meurtre sur policier, le 12 juillet 1940, Corgier est condamn� � perp�tuit�.Guillotin� par les ex�cuteurs d'Alger.13 juillet 194008 janvier 1941Mercredi,
9h03Bordeaux
GirondeElisabeth Lamouly, veuve DucourneauPARRICIDE. 35 ans, tenanci�re de bar. Epouse infid�le, sur les conseils de son amant Abdous Amar, soldat dans un r�giment colonial, empoisonne � la digitaline sa m�re, Mme Lamouly, le 31 ao�t 1937 � Belin, parce que celle-ci s'opposait � sa liaison et qu'Amar abusait de la g�n�rosit� de sa ma�tresse. Partie s'installer � Bordeaux, o� elle ouvre un caf�, devient la ma�tresse d'Edouard Camou, 20 ans, docker, qui r�ve de devenir le patron du caf�. Il l'incite � se d�barrasser de son mari, Roger Ducourneau, qu'elle empoisonne lui aussi � la digitaline et au ferrocyanure de mercure le 25 octobre 1938. Amar et Camou sont condamn�s � vingt ans de travaux forc�s.Premi�re ex�cution d'une femme depuis 1887.26 avril 194024 mai 1941Samedi,
5h30Albi
TarnErnest Rose44 ans, fermier � Lacrouzette. Condamn� � perp�tuit� le 13 janvier 1940 par les assises du Tarn pour abus sexuels sur ses filles, tenta de s'�vader de la prison d'Albi le 12 juillet 1940 en manquant tuer ses gardiens Emile Chausse et Adrien Andrieu en les frappant � coups de poin�on et de tabouret.Se laisse faire docilement, ne fait aucune d�claration et �coute la messe protestante. Pour acc�der � la guillotine, Rose doit emprunter un escalier ext�rieur de deux �tages, et durant cette descente, il a tout loisir de voir l'�chafaud dress� dans la cour. Mort de peur, il fait sous lui arriv� devant la bascule en g�missant "Que vont devenir mes pauvres enfants ?"14 janvier 194105 ao�t 1941Mardi,
6hAgen
Lot-et-GaronneAlexandre Cocusse20 ans. Le 08 d�cembre 1940, dans un compartiment du train Cahors-Brive, tue M.Sauli�res, employ� des PTT, pour le voler. Condamn� � mort dans le Lot.25 mars 194128 ao�t 1941Jeudi,
6h48, 6h50, 6h51ParisEmile Jean Bastard

Andr� Br�chet

Abraham Trzebucki

Condamn�s � mort par la Section Sp�ciale pour communisme.27 ao�t 194124 septembre 1941Mercredi,
6h45, 6h47, 6h49ParisJacques Ren� Woog

Adolphe Guyot

Jean Joseph Catelas

Condamn�s � mort pour communisme.22 septembre 1941

22 septembre 1941

23 septembre 1941

21 novembre 1941Vendredi,
8h20Reims
MarneUlysse Alfred Thilloy41 ans, valet de ferme.. Le 20 mars 1939, � Baslieux-sous-Ch�tillon, �trangle et fracasse le cr�ne de M. et Mme Ponson avant d'incendier leur maison. Arr�t� deux jours plus tard, profite d'un transfert de d�tenus en mai 1940 pour s'�vader. Il revient � Baslieux, et le 25 janvier 1941, il est arr�t� � nouveau alors qu'il tente de cambrioler une �picerie.29 avril 194122 janvier 1942Jeudi,
8h50Melun
Seine-et-MarneChristian Andr� RocherAssassina le 08 ao�t 1940 Edmond Billaud, journalier de 65 ans � Noisy-sur-Ecole pour le voler. Son complice, Jean-Christian Beno�t, est condamn� � 15 ans de travaux forc�s.R�veill� � 8h15 par le procureur Decogn�e, Rocher ne manifeste aucune r�action. Il demande � manger, se confesse et communie. Il va vers l'�chafaud, cigarette � la bouche. Temp�rature : -16�C.15 juillet 194106 f�vrier 1942Vendredi,
5h46Paris - La Petite RoquetteGeorgette Raymonde List, �pouse Monneron30 ans, femme au foyer. Aida son mari � tuer leur fillette Liliane, qu'ils battaient r�guli�rement, le 10 mars 1941 � Paris.01 octobre 194107 f�vrier 1942Samedi,
5h45ParisEmile Andr� Monneron31 ans, ouvrier scieur. Tua sa fille Liliane, � Paris, le 10 mars 1941, � force de mauvais traitements et alla jeter le corps dans le canal de Bonneuil.01 octobre 194116 mai 1942Samedi,
5h50Vannes
MorbihanGildas Marie Le RouxMarin-p�cheur � Plouguerneau. Assassine � coups de couteau le 5 mars 1941 � Merlevenez M.Runigo, cultivateur, 77 ans, ainsi que sa belle-fille, Marie Ropert, 35 ans, pour les d�valiser, sous les yeux de la petite Runigo, 7 ans, qui pr�vint les voisins.Entend la messe. Meurt courageusement.04 octobre 194111 juillet 1942Samedi,
5h15Melun
Seine-et-MarneGuy Andr� Gaston CharmeuxPARRICIDE, 19 ans. Le 17 f�vrier 1941, tua sa grand-m�re, V�ronique, � coups de serpe parce qu'elle lui faisait des reproches.22 janvier 194223 juillet 1942Jeudi,
5h58, 5h59, 6h00ParisEdgar Lef�bure,
Henri Eug�ne Meunier
et
Andr� Joseph Dalmas37 ans, t�lier, 44 ans, employ� � la Pr�fecture de Paris et 28 ans, commis des Postes. Particip�rent � l'affaire de la rue de Buci, le 31 mai 1942 : lors d'une �meute pour la nourriture devant une �picerie r�serv�e aux Allemands, distribuent les vivres aux manifestants. Quand l'un des meneurs est appr�hend�, abattent le brigadier Eug�ne Vaudrey, 44 ans, et l'agent Camille Morbois, 42 ans. Trois autres policiers sont bless�s. Leur camarade Madeleine Marzin, 33 ans, institutrice, condamn�e � mort avec eux, est gr�ci�e et s'�vade en ao�t durant son transfert � Rennes pour rejoindre le maquis.23 juillet 194208 ao�t 1942Samedi,
5h47, 5h48ParisDavid Isidore Gr�nberg

Victor Rabeux

Grumberg, juif Polonais, abattit l'agent de police Louis L�cureuil, le 07 janvier 1942 boulevard de Magenta.

Rabeux, 41 ans, cultivateur � Saint-Andr�-les-Vergers, empoisonna � l'arsenic son �pouse en avril 1941 et fournit le poison � sa ma�tresse Eliane Barat, n�e Regnault, 30 ans, pour qu'elle fasse de m�me avec son �poux en juillet 1941. Les deux empoisonneurs furent condamn�s � mort par les assises de l'Aube. Eliane b�n�ficia d'une gr�ce.

15 juin 1942

26 f�vrier 1942

03 septembre 1942Jeudi,
6h50Douai
NordTadeusz Kempa18 ans, mineur � Hersin-Coupigny, r�sistant communiste. Attaque le 8 mai 1942 une ferme � B�thencourt, et la mairie de Sailly-Labourse le 28 mai suivant. Le 20 juin 1942, � Barlin, abat � coups de revolver M.Robez-Pagillon, ing�nieur, devant son domicile. Condamn� par la section sp�ciale de Douai.25 juillet 194216 septembre 1942Mercredi,
6h45Alen�on
OrneAlbert Maurice Aup�e25 ans, �lectricien. Attire dans une maison abandonn�e d'Athis Mme veuve Desmonts, sa bienfaitrice ag�e de 72 ans, et la tue � coups de madrier, le 12 novembre 1941, pour lui voler 100000 francs en titres.Reveill� � 6h. Entend la messe du chanoine Garnier. Pendant ce temps, les gardiens demandent aux ex�cuteurs s'ils peuvent aider au montage des bois de justice, le tout finissant dans un certain d�sordre jusqu'� ce que les bourreaux ne d�cident d'y mettre un terme. Henri Sabin fait preuve de pr�cipitation et pousse trop fort Aup�e sur la bascule. Il faudra pr�s d'une minute pour le "caler" convenablement. Tout au long de cette minute, le condamn� demeure parfaitement calme.07 mai 194224 septembre 1942Jeudi,
7h00, 7h03, 7h05B�ziers
H�raultElie Louis Eychenne

Roch "Roger" Englan
et
Hubert Englan

Eychenne, 41 ans, tua M. Latger, veilleur de nuit dans un garage qu'il tentait de cambrioler, � la Redorte, le 22 juin 1941. Condamn� � mort par les assises de l'Aude.

Les Englan (Hubert, 61 ans, et ses fils Roch, 24 ans et Albert, 20 ans) tu�rent le 21 d�cembre 1941 � l'�tang de Thau le lieutenant Marsault et le gendarme Roger. Condamn�s � mort par la XVIe cour martiale si�geant � Montpellier dans l'H�rault, seul Albert fut gr�ci�.

22 mai 1942

30 mai 1942

20 octobre 1942Mardi,
7h55Amiens
SommeCharles Louis Lebecq39 ans, ancien gendarme, agent de police auxiliaire. Le 20 f�vrier 1942, � Amiens, assassina � coups d'arme blanche la vicomtesse Jules Armand de Marolles, n�e Marie H�l�ne Yvonne H�e de Mathan, 78 ans, pour voler un million de francs de pierres pr�cieuses et de billets de banque. Il blesse la cam�riste, Mme Thuillier, 69 ans, puis met le feu aux literies des deux femmes. Mme de Marolles connaissait Lebecq, et s'inqui�tait de la sant� de ses quatre enfants. Au proc�s, deux mois apr�s le crime, l'assassin incrimine Mme Thuillier comme �tant sa complice ! Pr�tendra avoir us� d'un tournevis comme arme, affirmation d�mentie par le m�decin-l�giste.27 avril 194222 avril 1943Jeudi,
6h20, 6h25N�mes
GardJean Auguste Robert
et
Vinicio "Vincent" Faita25 ans, �lectricien, et 24 ans, ouvrier. R�sistants, fondateurs des FTP-MOI de N�mes. Faita arr�t� le 6 mars en gare de N�mes, blesse l'inspecteur de la S�ret� Abric d'une balle dans le poumon. Robert arr�t� le 8 mars aux abords du Palais de Justice alors qu'avec Morel et Chabert, cherchaient � trouver un moyen de lib�rer leur ami. Faita est jug� pour tentative de meurtre sur agent de la force publique, d�tention de faux papiers et d'arme � feu, Robert pour avoir fait sauter des camions allemands le 6 janvier 1943, pour deux tentatives d'attentats sur la voie ferr�e N�mes-Montpellier le 10 f�vrier et N�mes Al�s le 11 f�vrier, et pour activit�s "antinationales". Leurs camarades Jean-Baptiste Casazza, Fernand Chabert, Andr� Morel et Louise Sauze sont condamn�s � perp�tuit� et d�port�s � Dachau.28 mars 194327 avril 1943Mardi,
6hB�ziers
H�raultDi�go Banos-Noguera27 ans, cultivateur. Pillait un poulailler � Saint-Jean de Corni�s quant il fut surpris par le propri�taire, M. Edmond Buzet, qu'il abattit � coups de fusil le 04 mai 1941.15 octobre 194219 mai 1943Mercredi,
5h20Douai
NordValentin Hudziak19 ans, mineur, Polonais. Tua d'un coup de revolver dans la poitrine le 07 juillet 1942 le chef porion Renard � Harnes. Membre d'un r�seau de r�sistance, �tait ex�cuteur, et devait abattre plusieurs personnes trop pro-allemandes.01 d�cembre 194208 juin 1943Mardi,
5h15Saintes
Charente-Inf�rieureGermaine Besse, �pouse Legrand29 ans, cultivatrice. Maltraite Pierre Legrand, le fils de son mari, 9 ans, � Saint-Savinien-sur-Charente depuis son mariage. Le 08 d�cembre 1941, le bat � coups de b�che avant de le laisser agoniser trente heures dans le chai ext�rieur de la ferme - cabanon glac� qui servait souvent de chambre au gar�onnet.Pendant la toilette, elle ne cessa de g�mir en parlant au procureur : � Ne me tuez pas, mettez-moi � perp�te ! � Elle eut �galement ce mot incroyable, quand on sait son crime : � Le Mar�chal n�a donc pas d�enfants ! � Elle pleura aussi, mais c��tait des larmes de crocodile, car quand elle vit qu�il n�y avait plus rien � esp�rer, elle bomba le torse et partit sans broncher.26 octobre 194216 juin 1943Mercredi,
4h58ParisAlbert Fernand DuboisAssassin de l'abb� Henri No�l, chapelain de la communaut� des soeurs r�paratrices d'Auteuil, le 09 septembre 1941, pour le voler.27 octobre 194229 juin 1943Mardi,
4h50Chalon-sur-Sa�ne
Sa�ne-et-LoireCzeslawa Sinska, veuve BilickiTue son mari et le d�coupe avec l'aide de son amant.28 octobre 194206 juillet 1943Mardi,
5h27, 5h29Douai
NordRobert Georges Cr�pinge

Louis Caron

Cr�pinge, 21 ans, chaudronnier � Iwuy abat d'un coup de revolver, le 29 ao�t 1942 � Thun-l'Ev�que, l'instituteur Charles Lesnes, secr�taire de mairie, alors qu'il attaque avec trois complices l'h�tel de ville afin de d�rober des titres de ravitaillement.

Caron, 21 ans, manoeuvre � Divion, auteur de plusieurs cambriolages et d'attaques de mairies dans le Douaisis, ainsi que de deux attaques envers les commissariats de Beuvry et de Divion, d'une agression envers le Dr Brun, pr�sident du Rassemblement Populaire de Lens, de tirs sur gendarmes � Bruay-en-Artois, ainsi de que sabotages.

Caron se montre tr�s courageux.20 mars 1943

17 mai 1943

23 juillet 1943Vendredi,
5h40Toulouse
Haute-GaronneMendel "Marcel" Langer40 ans, Polonais, juif, ajusteur-fraiseur, h�ros r�sistant, chef des FTP-MOI du Sud-Ouest. Arr�t� le 6 f�vrier 1943 en gare de Toulouse-Saint-Agne en possession d'une valise remplie d'explosifs.11 mars 194330 juillet 1943Vendredi,
5h25Paris - La Petite RoquetteMarie-Louise Lemp�ri�re, �pouse Giraud39 ans, blanchisseuse � Cherbourg. Proc�da � vingt-sept avortements clandestins entre d�cembre 1940 et octobre 1942. Un seul des avortements eut des cons�quences tragiques, provoquant la mort de Louise M., 33 ans, � Cherbourg, le 15 f�vrier 1942, quinze jours apr�s l'intervention.08 juin 194305 ao�t 1943Jeudi,
5h45Auxerre
YonneArmand Albert Collato23 ans. Le 15 janvier 1941, tua un manoeuvre de Sens, Marius Rey, pour le voler. Son complice, Charles Deniau, 19 ans, meurt durant l'instruction.19 novembre 194210 ao�t 1943Mardi,
6hNevers
Ni�vreAuguste Edouard Houdayer50 ans, ouvrier agricole. Le 14 novembre 1941, � Saint-Benin d'Azy, tua sa propri�taire, la veuve Louise Cheminat, 70 ans, qui �tait aussi sa ma�tresse, viola le corps et vola des pi�ces d'or.27 f�vrier 194321 ao�t 1943Samedi,
6h30Douai
NordBronislas Kania37 ans, mineur. Membre important d'un r�seau de r�sistance, agent de liaison. Accus� d'avoir planifi� le meurtre d'un commissaire de police (acte non r�alis� au moment du proc�s). Accus� �galement d'avoir, le 18 ao�t 1942, � Noyelles, tir� trois coups de feu sur M.Travinski, mineur polonais. Affirme que toutes les accusations sont vraies, � part la tentative de meurtre sur Travinski.29 juillet 194328 ao�t 1943Samedi,
6h02, 6h04ParisLarbi Kherfi
et
Ali ben Slimane ChaffiTu�rent en f�vrier 1941 leur compatriote Zeghalache Djimal, qui venait d'acheter le caf�-tabac de Cherfi, et enferm�rent le cadavre dans une malle.25 mars 194322 octobre 1943Vendredi,
5h45ParisD�sir� Piog�46 ans, hongreur. Condamn� par le Tribunal d'Etat pour avoir provoqu� trois avortements.12 ao�t 194330 octobre 1943Samedi,
6h45Agen
Lot-et-GaronnePierre JugeVoleur, tua au cours d'une effraction le 6 juin 1943 un gendarme et en blessa gravement un autre.22 octobre 194303 novembre 1943Mercredi,
6h45Lyon
Rh�neEmile Bertrand23 ans. Membre des FTP. Participa d'avril � septembre 1943 une douzaine de coups destin�s � r�cuperer argent et cartes d'alimentation. Dans la nuit du 18 au 19 septembre, avec neuf camarades, tente de voler des uniformes de policiers sur des hommes en patrouille. Un des agents meurt abattu d'une rafale de mitraillette, un autre est gri�vement bless�. D�pouill�s de leurs uniformes, le survivant attrape une pneumonie.25 octobre 194304 d�cembre 1943Samedi,
7h30Lyon
Rh�neSimon Frid21 ans, juif polonais. Membre des FTP. Participe avec quatre camarades � un braquage, le 29 mai 1943 avenue F�lix-Faure � Lyon, pour voler des tickets d'alimentation. Frappe le gardien de service, et volent les tickets avant de s'enfuir � bicyclette. Poursuivis, sur le point d'�tre rejoint, Frid tire sur un agent qu'il blesse, mais est arr�t� quand son arme s'enraye.23 novembre 194315 d�cembre 1943Mercredi,
7h15Carpentras
VaucluseSerge F�d�34 ans, marchand de primeurs, en rivalit� avec son demi-fr�re et ex-associ�, Andr� O'Connell. Le 14 septembre 1942 � Avignon, en pleine discussion, abat les notaires Mes Pierre Roux - de trois balles dans la t�te - et Louis Imbert - d'une balle dans le coeur- et blesse O'Connell.30 juillet 194329 janvier 1944Samedi,
7h45Laon
AisneFernand Louis Lalain39 ans, �lectricien. Bat � mort puis �trangle une d�bitante de tabac, Mme Marguerite Hesbaux, � Guise le 09 octobre 1942, avant de voler billets, monnaie de billon, tabac et cigarettes, cet argent devant lui servir en zone non occup�e. Son ami Alfred Martin, 35 ans, est condamn� � six mois de prison. Blanche Ancelet, �pouse Lalain, 42 ans, est acquitt�e.04 ao�t 194319 f�vrier 1944Samedi,
7h09Bordeaux
GirondeHenri Dulor20 ans. Assassina le 21 juin 1941 � Bordeaux le marbrier Caniot et blessa gri�vement sa femme pour les voler. Son complice, Lucien Bassibey, est condamn� � perp�tuit�30 octobre 194307 mars 1944Mardi,
Lyon
Rh�neClaude-Xavier Jeanroi36 ans, ancien contrema�tre de tissage dans les Vosges. Le 26 octobre 1942, rue du Plat � Lyon, assomme Mme Pastre, bijouti�re, � coups de bouteille remplie d'eau, puis vole bijoux et 12.306 francs en billets dans le coffre. Avant de partir, il �gorge sa victime d'un coup de rasoir.21 novembre 194321 mars 1944Mardi,
6h10, 6h12Rouen
Seine-Inf�rieureAndr� d'Almeda
et
Jean-Louis Lebaudy19 et 26 ans. Trafiquants de march� noir, attirent dans un guet-apens Emilienne "Milou" B�nard, 20 ans, le 25 janvier 1943 � Sotteville, l'assomment � coups de nerf de boeuf, lui tapent la t�te sur le sol, puis la poignardent d'un coup de couteau dans la poitrine avant de jeter son corps dans la Seine. La jeune fille �tait leur complice, mais soup�onn�e d'avoir trahi pour une bande rivale, sa mort fut d�cid�e par le chef Wegener, Luxembourgeois, qui paya le crime 1500 francs � chaque assassin. Wegener fut lui-m�me abattu par les Allemands quelque temps plus tard.22 novembre 194314 avril 1944Vendredi,
6h15Lons-le-Saunier
JuraGilbert Gsegner19 ans, ouvrier agricole. Agresse le 25 f�vrier 1943 � Nance Edouard Gallet, 71 ans, fermier, en le frappant � coups de gourdin parce qu'il avait dit du mal de son p�re. Assomme mortellement � coups de sabot, le 24 avril 1943 � Nance, Mlle J., fermi�re de Nance, pour lui voler 535 francs.07 d�cembre 194316 juin 1944Vendredi,
5h12Douai
NordEmile Malle
et
Florent Masson

L�on Deplette

19 ans et 20 ans, ouvriers agricoles. Le 13 juillet 1943, � Rety, �tranglent Th�r�se Lecoustre, 29 ans, son fils Alphonse, 4 ans, et leur bonne Madeleine Delature, 20 ans, avant de d�rober 180.000 francs et de mettre le feu � la maison. Condamn�s � Saint-Omer, arr�t cass�, rejug�s dans le Nord.

20 ans, garde-voies. Le 21 mai 1943 � Villers-Pol, s'introduit par effraction chez les �poux Drevet-Mercier, ramasseurs de beurre, et leur fille, Mme Jouveneau, et les blesse gri�vement � coups de hache avant d'�tre d�sarm� et ligot� par ses victimes. Accuse un complice et coll�gue, Arthur Drecq, 59 ans, qui sera acquitt�.

Premi�res ex�cutions d'assises par fusillade. Ex�cut�s au stand de tir de la porte d'Esquerchin.18 septembre 1943, 28 janvier 1944 ; 26 janvier 1944.04 juillet 1944Mardi,
5h15Beauvais
OiseFran�ois Grzasik23 ans, b�cheron, Polonais. Voleur r�cidiviste, �chappe aux gendarmes apr�s une arrestation, et se r�fugie le 18 f�vrier 1943 chez un ami, Georges Wontzan, 64 ans, Russe, b�cheron aussi. Wontzan lui sert � manger, mais refuse de le cacher. Grzasik le pousse dans les escaliers avant de le frapper de trois coups de marteau sur le front. Apr�s cela, il met le corps sur le lit, l'enduit de graisse, le recouvre de linge et de bois et tente de l'incin�rer. Il s'enfuit avec les habits, les souliers et les papiers d'identit� de sa victime.Fusill� dans l'enceinte de la maison d'arr�t.6 d�cembre 194329 juillet 1944Samedi,
5h35Arras
Pas-de-CalaisFernand Varlet18 ans, ouvrier agricole � Maninghem Henne, s�duisit la domestique Denise Ringot, 20 ans, puis sa patronne Jeanne Duflos, 32 ans, et fit une fille � la premi�re et un gar�on � la seconde. Etouffe avec un oreiller en 1942 le petit gar�on qu'il avait eu avec la fermi�re. Le 28 juillet 1943, assomma et pendit Denise, seul t�moin du crime, pour faire croire � un suicide.Sans d�clarations, demande � entendre la messe du p�re Roy. Fusill� au stand de tir des Carabiniers d'Artois.15 septembre 1943, 24 f�vrier 194406 octobre 1944Vendredi,
7h30Nancy
Meurthe-et-MoselleAuguste Levang25 ans, domestique de culture. Etrangla Mme Reutenauer le 15 mai 1943 � Xousse parce que celle-ci s'opposait � son futur mariage avec sa fille Margot, avant de voler ses �conomies. Marguerite Reutenauer, 18 ans, sa ma�tresse et complice, est elle aussi condamn�e � mort, vit son arr�t cass�. Rejug�e � Saint-Mihiel en avril 1944, elle fut une seconde fois condamn�e � mort, puis graci�e.Fusill� dans l'enceinte de la maison d'arr�t.25 octobre 194310 octobre 1944Mardi,
6h35Arras
Pas-de-CalaisAlbert Debusch�re28 ans, Belge, manoeuvre. Poignarde � 34 reprises, dont 12 fois mortellement, Eliane Masset-Devay, 21 ans, m�re de deux enfants de 5 et 1 ans, enceinte, pour se venger d'avoir �t� �conduit, le 8 d�cembre 1943 � Aire-sur-la-Lys.R�veill� � 5h15. Accepte d'entendre la messe de l'aum�nier Roy. Au greffe, fume une cigarette. Insiste pour bien avoir les yeux band�s car il ne veut pas voir les fusils du peloton. Fusill� au stand de tir des carabiniers d'Artois.12 mai 194415 novembre 1944Mercredi,
7hLe Mans
SartheFernand Clavier62 ans, ramoneur. Viole et tue le 9 mai 1942 � Mar�on la petite Andr�e Fourmont, 2 ans et demi. Le corps sera retrouv� le 22 mai suivant dans un bois � Dissay-sous-Courcillon. Premier proc�s le 26 septembre 1943, l'affaire est renvoy�e au mois de mars 1944.R�veill� par le procureur Forgeois. Dormait bien. Nie toute culpabilit�, tout comme au proc�s. Boit une tasse de caf�, fume plusieurs cigarettes. Refuse d'entendre la messe. Yeux band�s, reste debout, immobile, � six m�tres du peloton. Derniers mots : "Au revoir, tout le monde ! Au revoir, Ma�tre Juge ! Au revoir, monsieur le pr�tre !" Fusill� au stand de tir du Polygone.25 mars 194426 janvier 1945Vendredi,
8h10Clermont-Ferrand
Puy-de-D�meMichel Jacquot23 ans, m�canicien ajusteur. S'introduit dans la nuit du 7 au 8 f�vrier 1943 dans le casino de Royat, servant d'entrep�t du Secours National, et surpris en plein cambriolage par le gardien, Jean-Baptiste Echaville, 52 ans, l'agresse, l'attache et le b�illonne avant de lui casser la t�te � coups de pince universelle, puis de manche de hache. Butin : six caisses de sardines, cinq de lait Nestl�, 1 caisse de chocolat et un sac de p�tes alimentaires. Lui et ses complices sont arr�t�s le lendemain alors qu'ils tentent de revendre leur marchandise. Gabriel Deschins, 15 ans, est condamn� � vingt ans d'emprisonnement. Sa m�re, Claudine Meunier, �pouse Deschins, 37 ans, receleuse, est acquitt�e.Fusill� � la poudri�re de Crou�l.27 octobre 194417 f�vrier 1945Samedi,
7h40Angers
Maine-et-LoireAuguste Raymond Pied34 ans, cultivateur. Le 30 octobre 1943, � Noyant-M�on, abat son �pouse Yvonne Peltier, 32 ans, d'une balle en pleine t�te et fait passer la sc�ne de crime pour un cambriolage afin de refaire sa vie avec sa voisine.Re�oit les secours de la religion. Meurt avec courage. Fusill� dans la cour de la maison d'arr�t.25 novembre 194408 mai 1945Mardi,
5h30Melun
Seine-et-MarneJoseph Walter21 ans, manouvrier. Tua d'un coup de couteau dans la gorge Jean-Marie Zimmer, 74 ans, rue Aristide-Briand � Meaux, le 22 novembre 1943, pour lui voler 70 francs et des v�tements.Fusill� au stand du champ de manoeuvres.23 janvier 194512 mai 1945Samedi,
6hBastia
CorseL�o Luca Collura24 ans, soldat � la 9e compagnie du 5e r�giment de G�nie Italien, coiffeur. Assassinats et destruction d'�difice.Fusill� au quartier Saint-Joseph.23 d�cembre 194406 juin 1945Mercredi,
7h15Le Mans
SartheEug�ne Pontonnier29 ans, ouvrier agricole. Assomme � coups de gourdin, le 22 octobre 1943, � la ferme du Lierret, � Neuville, Yvonne Letourneau, 17 ans, fille de son employeur, et la grand-m�re de celle-ci, Mme veuve Bazoge, 75 ans, pour les voler, avant de les �trangler avec une corde.Fusill�. Tr�s courageux devant le peloton.14 mars 194512 juillet 1945Jeudi,
6hD�ols
IndreS�bastien Schartier37 ans, vannier, sans domicile fixe. Assassine de trois coups de hache, dans la nuit du 16 au 17 novembre 1940 � Saint-Plaisir (Allier), Jean Aupetit, 74 ans, pour lui voler quelques centaines de francs - et passant accessoirement � c�t� d'un butin autrement plus cons�quent mais mieux dissimul�. Condamn� en premi�re instance par les assises du Puy-de-D�me et de l'Allier, arr�t cass�, condamn� en seconde instance par les assises de l'Indre. Nicolas Martin, 36 ans, est condamn� aux travaux forc�s � perp�tuit�.Fusill� au lieu-dit "Le Grand-Verger".12 janvier 1944, 23 mars 194526 juillet 1945Jeudi,
5h55Caen
CalvadosMartial Fernand Villerel
et
Roland Auguste Malbranche31 ans, manoeuvre, et 23 ans, commis boulanger, demeurant tous deux � Lisieux. Attaquent � l'heure du coucher, le 7 novembre 1943 au hameau de la Picoterie, � Saint-Martin de Mailloc, Mme veuve Blanche Quentin, 74 ans. Apr�s que Villerel l'ait prise � la gorge, Malbranche la poignarde � deux reprises dans la poitrine, avant de l'�trangler avec un lacet et de lui donner deux coups de pied dans la tempe. Lui volent 50.000 francs, des bijoux, d�nent sur place et d�robent �galement 5 kgs de viande de veau, du beurre et du saucisson. Mme Villerel est condamn�e pour complicit� � cinq ans de prison avec sursis.R�veill�s � 4h45 par le conseiller Bo�te, pr�sident de la cour d'appel. Villerel est tr�s �mu, Malbranche ne r�agit pas. Se confessent, entendent la messe et communient. Ecrivent � leur famille, fument une cigarette et boivent un verre de rhum. S'entretiennent avec leurs avocats. Vont d'un pas ferme aux poteaux d'ex�cution dress�s dans l'enceinte de la maison d'arr�t. Se laissent bander les yeux avant d'�tre fusill�s par un double peloton militaire.19 avril 194511 septembre 1945Mardi,
6h45Saint-Mihiel
MeuseMarcel Bonnerave
et
Henri-Jean Da Costa28 et 21 ans, ouvriers agricoles. Assassinent � coups de couteau le 24 juin 1944 � Vassincourt Marguerite Baillot et ses filles Monique, 13 ans, et Michelle, 6 ans pour les voler, puis mettent le feu � la maison.Fusill�s au terrain militaire de la Vaux Racine.12 juillet 194517 novembre 1945Samedi,
8h10Ergu�-Armel
Finist�reJoseph Eli�sDocker, habitant Lambezellec, d�j� condamn� deux fois. Le 18 d�cembre 1943, agresse pour la voler Mlle Brest, epici�re rue de la Vierge � Quimper, la blessant, mais doit s'enfuir � cause de ses cris. R�cidive le 07 avril 1944, mais cette fois, tue Mlle Brest � coups de hache. Arr�t� et incarc�r� apr�s ses aveux, lib�r� avec tous les autres d�tenus le 13 ao�t 1944. En profite pour se r�fugier � Lothey, o� il est � nouveau arr�t� en octobre.R�veill� par le substitut Mass�. Aucune �motion. Refuse les secours de la religion. Demande � Me Roudaut, son avocat, une cigarette, qu'il fume avant de quitter sa cellule. Sur place, refuse qu'on lui bande les yeux. Fusill� au champ de tir d'Ergu�-Armel sur le Frugy.13 octobre 194513 f�vrier 1946Laon
AisneSandor "Alexandre" Szabo25 ans, Hongrois, chauffeur. Ayant travaill� en 1943 pour l'organisation Todt avec M.Zaigle, propri�taire � Trosly-Loire, il harc�le ce dernier pour que celui-ci l'embauche. Face � ses refus r�p�t�s, le 10 juin 1944, il tue Mme Zaigle de quatre coups de plantoir dans la t�te, puis fait subir le m�me sort � son �poux, avant de fouiller la maison et de voler 153.000 francs.Fusill�.06 novembre 194530 mars 1946Samedi,
6h15Saint-Nicolas de Coutances
MancheGaston
"Jean Guyot"
Hamel24 ans, manoeuvre. Attaque et frappe � coups de hache le 31 janvier 1942 � Varouville Mme veuve L�onie Anquetil, cabareti�re, pour lui voler 10.000 francs. La vieille dame meurt � l'h�pital de Cherbourg le 09 f�vrier. Condamn� � mort par contumace le 15 mars 1944.Fusill�.13 d�cembre 194530 mars 1946Samedi,
6h30Petit-Couronne
Seine-Inf�rieureErnest Georges Augustin Thomas25 ans, ouvrier agricole � Hautot-le-Vatois. Ayant obtenu des uniformes de la Wehrmacht, s'en sert avec ses complices, son fr�re Gilbert Thomas et S�raphin Dufresne, 20 ans, ouvriers agricoles chacun, pour piller des fermes aux alentours. Attaquent dans la nuit du 09 au 10 ao�t 1944 la ferme de Mme Deschamps � Ecretteville-l�s-Baons, et volent 33.000 francs et du beurre. Le m�me soir, � la ferme des �poux Lemarchand, � Bermonville, d�robent 19.000 francs, puis 2.000 francs chez M.Biard. Dans la nuit du 21 au 22 ao�t 1944, attaquent la ferme Turmel � Baons-le-Comte. R�clament 22.000 francs et menacent Mme Turmel, enceinte, et son plus jeune enfant. Surpris par la r�action de d�fense de la fille a�n�e et du p�re, qui lui sautent dessus pour le d�sarmer, Thomas blesse d'un coup de feu la m�re � l'�paule. Turmel, assomm� d'un coup de pied au menton par Dufresne, est abattu d'un coup de revolver par Thomas. Il d�c�de le lendemain � l'h�pital d'Yvetot. S�raphin Dufresne est condamn� aux travaux forc�s � perp�tuit�. Gilbert Thomas est condamn� � six ans de r�clusion.R�veill� par l'avocat g�n�ral. Communie en compagnie du chanoine Farcy. Fusill� au Madrillet, � la lisi�re de la for�t du Rouvray. Meurt courageusement.27 novembre 194525 mai 1946Samedi,
5h07ParisMarcel Andr� Henri F�lix
Petiot49 ans, docteur en m�decine, ancien maire de Villeneuve-sur-Yonne, ancien conseiller g�n�ral de l'Yonne, tueur en s�rie. Soup�onn� d'avoir, en 1926, assassin� sa domestique et ma�tresse, Louise Delaveau, enceinte de ses oeuvres et qu'il n'avait pas l'intention d'�pouser. Soup�onn� �galement, le 11 mars 1930, d'avoir tu� � coups de couteau sa patiente, Mme Debauve, g�rante de la Coop�rative Laiti�re, avant de lui d�rober 280.000 francs et de mettre le feu � la Coop�rative pour faire dispara�tre ses traces. Dans le mois qui suit, M.Frascot, cabaretier, qui affirmait avoir vu le maire gar� pr�s de la Coop�rative au soir du sinistre, meurt quelques heures apr�s avoir b�n�fici� d'une consultation gratuite de la part de Petiot, lequel lui a administr� une injection contre ses rhumatismes. Perd en 1931 son mandat de conseiller g�n�ral suite � une fraude � l'�lectricit�. Condamn� pour l'assassinat de 26 personnes (inculp� de 27 meurtres, lui-m�me en revendiquait 63) entre janvier 1942 et mai 1943. Se pr�tendant passeur en zone libre sous le pseudonyme de "Docteur Eug�ne", il attire chez lui la nuit, 21, rue Le Sueur � Paris, des malheureux cherchant � �chapper � la police allemande, en les priant d'apporter avec eux leurs biens et leurs richesses. Le MO n'a jamais �t� vraiment connu, mais on suppose que, sous couvert de traitement m�dical, il leur injectait un poison mortel ou bien les enfermait dans un minuscule r�duit servant de chambre � gaz, dont la porte munie d'un judas lui permettait d'assister aux agonies de ses victimes. Apr�s cela, il d�coupait les corps, les br�lait dans un calorif�re, les dissolvait dans la chaux vive ou bien les jetait dans la Seine. Le 2 janvier 1942, son voisin, le fourreur juif Joachim Guschinow, devient la premi�re victime de son entreprise de meurtre � grande �chelle. Petiot empoche au passage les 2.000.000 de francs en diamants qu'emportait Guschinow avec lui. Les trois victimes suivantes disparaissent pour avoir impliqu� Petiot dans une affaire de deal de morphine. Jean-Marc Van Bever, 40 ans, souteneur, dont la ma�tresse et gagneuse �tait cliente de Petiot, est tu� le 22 mars 1942. Raymonde Baudet, toxicomane, et sa m�re Marthe Khayt, disparaissent ensemble aux alentours du 25 mars 1942. Venue pour un avortement, Denise Hotin, 28 ans, ne donne plus signe de vie � compter du 6 juin 1942. Le docteur Paul-L�on Braunberger, 66 ans, Juif, cherchant � gagner la Zone libre, quitte son domicile � jamais le 20 juin 1942. Kurt Kneller, juif allemand install� en France depuis 1933, dispara�t le 18 juillet. Son �pouse Margareth et leur fils Ren�, 7 ans, sont victimes du tueur le 19 juillet (le corps de l'enfant fut probablement rep�ch� mais jamais identifi� dans la Seine, d�pec�, le mois suivant). En ao�t, Petiot entre en relations avec des malfrats voulant rejoindre l'Am�rique du Sud. Fran�ois "Le Corse" Albertini et la prostitu�e Claudia "Lulu" Chamoux le suivent, puis quelques jours apr�s Joseph "Jo le Boxeur" R�ocreux et sa compagne Annette Basset. En novembre 1942, Petiot tue les �poux Maurice et Lina Woolf, juifs allemands, ainsi que Rachel, la m�re de Maurice. Faisant connaissance quelques jours plus tard des nouveaux occupants de l'appartement des Woolf, les �poux Gilbert et Marie Johanna Basch, juifs hollandais cach�s sous la fausse identit� de Baston. Ceux-ci envisagent de quitter le pays, mais pas sans leur famille, r�fugi�e � Nice. En janvier, les �poux Schoenker et Ehrenreich, parents et oncles de la jeune Mme Basch, rejoignent le couple � Paris. Petiot fait dispara�tre les parents en premier, puis les Basch huit jours plus tard. Recontact� par la p�gre, il a affaire � des gens plus dangereux qu'avant : Adrien "Le Basque" Estebeteguy, 45 ans, malfaiteur et assassin � la solde de la Gestapo fran�aise dispara�t en mars 1943 avec sa compagne Jos�phine Grippay, dite "Paulette la Chinoise". 24 heures plus tard, le cas du souteneur Joseph "Z�" Pierreschi et de Gis�le Rosny est r�gl� d�finitivement. Les autorit�s allemandes, certaines d'avoir affaire � un r�seau de passeurs, tendent un pi�ge � Petiot en mai en lui exp�diant une "ch�vre", Yvan Dreyfus, r�sistant juif et prisonnier de guerre. H�las pour lui, le jeu de piste s'ach�ve sur un �chec, et les Allemands perdent sa trace, faisant de lui la derni�re victime du docteur le 19 mai 1943. Retentant l'exp�rience avec succ�s � la fin du mois, les Allemands arr�tent Petiot, l'envoient � la prison de Fresnes, le torturent mais en vain. Il est lib�r� d�but 1944, et s'empresse de faire dispara�tre les restes de ses victimes, occasionnant le 11 mars 1944 un feu de chemin�e naus�abond qui incite les voisins � pr�venir pompiers et police, lesquels d�couvrent l'ampleur de ses crimes... Fuyant de justesse, Petiot reste cach� sous une fausse identit�, celle du docteur r�sistant Henry Wetterwald, alias "Capitaine Val�ry" avant d'�tre arr�t� le 31 octobre 1944.04 avril 194629 mai 1946Mercredi,
5h45Foix
Ari�geRoger MathePARRICIDE, 22 ans, cuisinier. Le 25 d�cembre 1945, � Pamiers, � coups de couteau sa grand-m�re, domestique, et Mme Gayraud, la patronne de celle-ci pour voler 12.500 francs, et il br�la ensuite la maison pour dissimuler son crime.Fusill� au champ de tir, route de l'Herm.21 f�vrier 194619 juin 1946Mercredi,
7hLe Mans
SartheLouis Nail42 ans, marchand de balais et de peaux de lapins. D�j� condamn� � vingt-et-une reprises pour vols. Lib�r� de prison le 20 avril 1945, se rend le lendemain � Clermont-Cr�ans o� il agresse Pierre Bressin, septuag�naire, boucher � la retraite. Apr�s l'avoir frapp� � coups de poing et de bouteille, le tue avec un rouleau de voiture avant de d�rober son portefeuille, du linge et des vivres.Fait preuve de courage. Se confesse, communie. Fume plusieurs cigarettes, refuse le verre de rhum. Fusill� au stand de tir du Polygone.13 mars 194626 ao�t 1946Lundi,
6h30Marseille
Bouches-du-Rh�neAntoine David53 ans, chef de garage. Au cours d'une dispute conjugale, le 30 janvier 1944 � Martigues, assomme son �pouse Louise Sciorato, et d�cide - bien qu'elle ne fut pas morte - de se d�barrasser du corps, qu'il d�capite � coups de hache et enferme dans un sac qu'il jette dans l'embouchure du Rh�ne, o� il est retrouv� le 2 mars suivant.Arrivant sur place, d�clare : "La mer est belle, ce matin." Demande qu'on ne lui bande pas les yeux, mais faveur refus�e. Face au peloton, derniers mots : "Adieu Nine, adieu les Martigues !" Fusill� au terrain militaire de Malmousque.04 mai 194627 ao�t 1946Mardi,
6hPetit-Couronne
Seine-Inf�rieureAndr� Emile Choulant46 ans, charretier. Durant l'absence de son patron, Lucien Lepelletier, fermier � Ectot-l'Auber, prisonnier de guerre, devient l'amant de Fernande Votte, �pouse Lepelletier, de dix-neuf ans sa cadette. Lucien est rapatri� le 1er juin 1945. Le 30 ao�t 1945, �trangle Lucien dans son sommeil et part enterrer le corps dans un champ distant d'un kilom�tre. Le 3 septembre, sentant l'arrestation imminente, Fernande se suicide en se jetant dans un puits.R�veill� � 5h15. Communie. Montre un courage qui surprend les assistants tant il s'�tait montr� l�che durant le proc�s. Refuse qu'on lui bande les yeux. Fusill� au champ de tir du Rouvray, lieu-dit le Madrillet.17 mai 194628 ao�t 1946Mercredi,
7hLimoges
Haute-VienneJean Schmitt29 ans, vannier. Tua Marguerite Berth�, 73 ans, � La P�ruse (Charente), le 13 f�vrier 1945, � coups de b�che, pour lui voler 1.000 francs et un morceau de lard. Son beau-p�re, Jean Winterstein, gitan, est condamn� � cinq ans de travaux forc�s. Arr�t rendu par les assises de Charente, cass�, second proc�s dans la Haute-Vienne.Conduit � la mort tremblant. Fusill� dans les carri�res de Malabre.01 f�vrier 1946, 14 mai 194611 septembre 1946Mercredi,
7h05Orl�ans
LoiretEdouard Georges GirardPARRICIDE. 47 ans, ancien l�gionnaire, membre de la LVF. Le 27 mai 1944 � Lailly-en-Val, tue sa m�re, Marie Julienne Cizeau, veuve Girard, 73 ans, � coups de binette parce qu�elle lui refusait de l�argent, et d�robe 12.000 francs qu'il d�pense en alcool.R�veill� � 6h. Tr�s calme. Aucune d�claration, refuse d'�crire. Se confesse. Fume cigarette sur cigarette durant le trajet jusqu'au lieu d'ex�cution. Fusill� au lieu-dit "Les Groues", une ancienne carri�re ayant servi aux ex�cutions de r�sistants par l'arm�e allemande.02 mai 194614 septembre 1946Samedi,
6h45Petit-Couronne
Seine-Inf�rieureMarcel Ange Joseph Benset24 ans, valet de ferme � Roman (Eure). Devenu en l'absence de M.Thibault, son patron, prisonnier de guerre, l'amant de Suzanne Noury, �pouse Thibault, 26 ans. Parti faire son service en avril 1945, planifie avec sa ma�tresse d'empoisonner le mari g�nant. Pr�venu par le p�re de Benset des manoeuvres criminelles des amants, Thibault avertit la justice, soulevant des questions sur une vieille affaire. Deux ans plus t�t, le 29 novembre 1943, les amants avaient supprim� la m�re Thibault, 57 ans, l'�tranglant avec une courroie de cuir avant de la jeter dans une mare pour faire croire � un suicide. Motif : elle avait vent des relations adult�res de sa bru, qu'elle sermonnait sans cesse en promettant de ne rien cacher � son fils quand celui-ci reviendrait. Suzanne est condamn�e � perp�tuit�. Condamn� en premi�re instance dans l'Eure, arr�t cass�, rejug� dans la Seine-Inf�rieure.R�veill� � 6h15. Apprend la nouvelle avec calme. Communie, �crit plusieurs lettres. Arriv� sur place, refuse de se laisser bander les yeux. Embrasse le chanoine Farcy, aum�nier de la prison, et son avocat, Me Lab�da. Fusill� au champ de tir du Rouvray, lieu-dit le Madrillet.01 f�vrier 1946, 27 mai 194627 novembre 1946Mercredi,
8h15P�rigueux
DordogneJean Georges Jules Ch�rifert37 ans, valet de ferme. Comme elle refusait de lui donner une augmentation, fracasse d'un coup de barre de fer le cr�ne de sa patronne, Mme Desplanches, le 20 janvier 1946 � Puy-Mousy, pr�s d'Agonac, et vole de l'argent et des objets. Tire plusieurs coups de feu sur les gendarmes sans les atteindre lors de son arrestation.Debout depuis 4 heures. Les officiels entrent � 7h40. Comprend aussit�t, sourit. Parle � l'aum�nier Cipierre, fait un brin de toilette. Fume une cigarette offerte par le gardien-chef. Au greffe, consomme avec un plaisir �vident un verre de caf� chaud agr�ment� d'une "goutte" d'eau-de-vie, commentant : "Ca va chasser le brouillard." Aucune d�claration � faire au juge d'instruction. Attach� � genoux au poteau, au stand de tir de la garnison. Coup de gr�ce tir� par l'adjudant D�champs.29 juin 194610 d�cembre 1946Mardi,
8h05Mont-de-Marsan
LandesAlexis DucasseLe 30 d�cembre 1945, � Yzosse, tue de cinq coups de hache la veuve Darregert, n�e Emma Saint-Jean, pour la voler.R�veill� � 7h. Se dit innocent. Entend la messe, boit un verre de rhum et fume une cigarette. D�part de la prison � 7h20. Fusill� dans une carri�re voisine du terrain d'aviation.09 juillet 194612 d�cembre 1946Jeudi,
7h50ParisMichel Robl�s28 ans. Le 24 octobre 1942, rue des Abbesses, tua � coups de bouteille Mme Gabrielle Fauvet, �pouse d'un co-d�tenu, pour lui voler 60.000 francs.28 juin 194613 d�cembre 1946Vendredi,
8h15Arras
Pas-de-CalaisFranklin Cappel57 ans, ouvrier agricole � Essars-les-B�thune. Le 20 d�cembre 1945, va chercher � la gare de B�thune sa patronne, Marie Leblanc, 59 ans, qui revenait de Lille. En chemin, l'�trangle avec le foulard qu'elle portait, enterre le corps pr�s du sentier, et pille la maison volant 725 francs.Fusill� au Stand des Carabiniers d'Artois.02 ao�t 194614 d�cembre 1946Samedi,
8h10Dijon
C�te-d'OrAlbert Schrodi30 ans, militaire de carri�re. Alsacien, maquisard, connu pour sa violence et son alcoolisme. Ayant vol� en juillet 1945 � M.Givord, cafetier � Cuiserey, un portefeuille contenant 2.000 francs, est appr�hend� le lendemain � Brienne par le gendarme Monestier qu'il abat de trois coups de revolver.Fusill� dans la cour de la maison d'arr�t.03 mai 1946, 02 ao�t 194617 d�cembre 1946Mardi,
7h50ParisHenri Paul Audinet32 ans, sans profession. Le 13 octobre 1944, tua � Enghein � coups de marteau M. et Mme Deville, pour leur voler 3800 francs. La femme �tait sa cousine. Condamn� en Seine-et-Oise.11 juillet 194617 d�cembre 1946Mardi,
8h15Epinal
VosgesAndr� Charles GenyPARRICIDE. 27 ans, radio-�lectricien. Le 14 octobre 1945, � Dombrot-le-Sec, tue ses grands-parents � la serpe et � la hache avec l'aide de sa ma�tresse Ren�e Lef�vre, 24 ans. Lef�vre fut condamn�e aux travaux forc�s � perp�tuit�.Temps de neige. Se r�veille une premi�re fois � 5 heures. Se rendort. R�veill� par le substitut Nicolas � 7h20. Tr�s calme. "Je me doutais que j'allais mourir aujourd'hui. Hier, j'avais eu trois visites. Cela ne m'�tait jamais arriv�." Communie, parle un quart d'heue avec l'abb� Aizier, ce dernier ne proc�dant pas � la messe pour �viter de prolonger les pr�paratifs. Fume une cigarette, boit deux verres de rhum. N'�crit aucune lettre : n'a plus de famille. Offre sa montre � l'aum�nier. Franchit � pied les portes du fort de Razimont, et va droit au poteau, sans h�sitation. Embrasse le pr�tre et son avocate, Me Loewenstein. Yeux band�s. La salve l'atteint du c�t� gauche. Trois minutes s'�coulent avant le coup de gr�ce : l'arme de l'adjudant Ouvrard, commandant le peloton de tirailleurs nord-africains, est enray�e. Un gardien de la paix pr�te son arme.26 septembre 194618 d�cembre 1946Mercredi,
8hAgen
Lot-et-GaronneMohamed ben Amar ben Ali,
Belkacem ben Amar ben Hacine
et
Rahar ben Dadjouche31 ans, 30 ans et 27 ans, fournisseurs de march� noir. A Gourdon, dans la nuit du 22 au 23 d�cembre 1945, attaquent les �poux Rhodes, Edouard, 35 ans, cordonnier, avec lequel ils �taient en affaire, et sa femme Danielle, 21 ans. Danielle a la t�te fendue � coups de hache, pendant que Rhodes est ligot� et tortur�, la plante des pieds br�l�e avec une lampe � p�trole, pour r�v�ler o� il cache des �conomies. Les bandits l'ach�vent en lui fracassant la t�te avec un pied de travail en fer. Le petit Jean-Michel, quinze mois, qui pleurait dans son berceau, est tu� de deux coups de hache et survit une heure � ses blessures. Leur seul butin : les robes de Mme Rhodes, �valu�es � 3000 francs, et conserv�es par Belkacem, qui donne 1000 francs � chacun de ses complices et garde les v�tements pour les offrir � sa ma�tresse. Condamn�s � Cahors.Fusill�s au Polygone de la Garonne. Au r�veil, Mohamed se montre courageux, Belkacem r�siste au moment de se faire attacher, et Rahar pousse des g�missements.28 juin 194630 janvier 1947Jeudi,
8hBourges
CherJean-Baptiste RaffaultPARRICIDE, 34 ans, journalier. Tua au hameau de Cottenson, pr�s de Saint-Maur, le 16 mai 1946 sa m�re, Marguerite Leneigre, veuve Raffault, ag�e de 69 ans, � coups de gourdin pour lui voler quelques pi�ces, des billets et du linge.R�veill� � 7h45. Tr�s calme, � la diff�rence de son co-d�tenu Candela, tremblant qu'on ne vienne pour lui. Tr�s rapide : refuse secours de l'aum�nier, boit une tasse de caf�, fume plusieurs cigarettes, en particulier durant le trajet de la prison au lieu d'ex�cution. Arriv� au point z�ro du Polygone de Bourges, refuse qu'on l'attache et qu'on lui bande les yeux, mais n'obtient pas satisfaction. Continue � fumer tant qu'on le pr�pare, crache sa cigarette quand on lui met le voile noir sur la t�te. Pass� par les armes par les soldats de l'Ecole du Mat�riel.23 octobre 194616 avril 1947Mercredi,
5hBourges
CherRodriguez Candela-Alfonsa45 ans, b�cheron. Le 15 ao�t 1944, � Vannes-sur-Cosson, abat les �poux Voisin � coups de revolver parce qu'ils ont venu 1/2 litre de lait au lieu d'un litre ! Traumatis�e, Mlle Chevalier, t�moin de la sc�ne, mourra folle � l'asile peu de temps apr�s. Condamn� � Orl�ans, arr�t cass�, rejug� � Bourges. Premi�re sortie de la guillotine en province depuis 1944.Du r�veil � l'�chafaud, tr�s calme. Refuse presque tout : l'assistance du pr�tre, le rhum, l'autorisation d'�crire une derni�re lettre. Fume une cigarette. Entra�n� vers la bascule, crie : "Vive la R�publiques, camarades !"22 janvier 1946, 29 janvier 194711 juin 1947Mercredi,
4h57, 4h59ParisAlbert Fran�ois Roger Brunet

Alain Bernardy de Sigoyer

Brunet, 26 ans, cuisinier. Le 15 novembre 1945, apr�s avoir attaqu� la caissi�re d'un cin�ma, Brunet abat l'agent Geoffre d'une rafale de mitraillette (25 balles) boulevard de la Chapelle.

Bernardy, 41 ans, marquis, propri�taire d'un commerce de vins. Suspect� de meurtre en 1937. Etrangle sa femme Jeannine Kergot, 23 ans, le 28 mars 1944, � son domicile boulevard de Bercy, avant de l'enterrer dans son chai. D�nonc� par Mme Kergot m�re, qui avait �t� sa ma�tresse : possibilit� cependant que le crime ait �t� commis par Ir�ne Lebeau, alors �g�e de 22 ans, nurse du couple et ma�tresse d'Alain, qui aurait abattu sa rivale d'une balle en plein coeur lors d'une querelle de jalousie.

20 janvier 1947 et 24 d�cembre 194617 juin 1947Mardi,
4h35Mont-de-Marsan
LandesRen� Discazeaux41 ans, cultivateur. Le 15 juin 1945, � Labatut, incite un adolescent, Gilbert Pernot, � assassiner un ancien gendarme Fr�d�ric Fargues avec lequel il �tait en conflit. Le jeune criminel est condamn� � dix ans de prison.17 juillet 194619 juin 1947Jeudi,
4h14, 4h16Limoges
Haute-VienneLucien
"Antonio Santicci"
Jacquet
et
Jean Julien
"Romagny"
Jacquet26 et 25 ans. Originaires du Nord, fondateurs d'un faux maquis en Haute-Vienne en 1943, compos� d'une quarantaine de repris de justice. A compter du 10 f�vrier 1943, auteurs d'au moins 59 crimes et d�lits, d'abord en Haute-Vienne, puis dans le Nord, o� les deux fr�res se r�fugient en mars 1944 : sp�cialis�s dans les attaques nocturnes de fermes isol�s, mitraillettes � la main. Abattent d'une balle en plein coeur, le 10 f�vrier 1944 � Isle, Jean Moreau, 71 ans, cultivateur, qui cherchait � les faire fuir, et blessent gravement son fils qui se pr�cipitait � son secours. Leur principal complice, Ren� Lesport, est condamn� � perp�tuit�.
Au r�veil, apprennent la nouvelle sans �motion. Ecrivent plusieurs lettres. Entendent la messe, communient. Jean passe le premier, � sa demande, car il souhaite "montrer le chemin � son fr�re". Lucien le suit deux minutes apr�s. En franchissant le seuil, il salue le gardien-chef : "Au revoir, chef, et sans rancune." Puis, au pied de la machine, s'exclame : "Ah, c'est �a, la Veuve !"06 d�cembre 194625 juin 1947Mercredi,
4h57ParisMohamed ben Salah26 ans, tirailleur Marocain. Tua d'un coup de couteau en pleine poitrine Marie Raubert, veuve Marty, avenue Gambetta le 5 septembre 1945, pour la voler. Blesse gravement Laure Prieur, infirmi�re de l'h�pital Trousseau dans les m�mes circonstances le 17 septembre 1945, rue Santerre.17 d�cembre 194628 juin 1947Samedi,
4hMelun
Seine-et-MarneRoger Pelleman20 ans. Tua � coups de barre de fer Joseph Destin�, 69 ans, m�canicien, � Meaux, pour lui voler 20.000 francs le 8 novembre 1945. Le 01 f�vrier 1946, � Nanteuil-les-Meaux, avec son complice Raoul Sequevale, assassine � coups de barre de fer M.Dehus, fermier au lieu-dit "Charmont" et Mme Vasselle, sa compagne, pour leur voler 4000 francs. Sequevale est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 3h30 par le substitut Legentil. Indiff�rent. Discute un quart d'heure avec l'abb� Harel, communie. Accepte une cigarette de la part du substitut. Va � l'�chafaud d'un pas tranquille, t�te haute, sans d�tourner le regard.06 novembre 1946, 07 novembre 194603 juillet 1947Jeudi,
4hRouen
Seine-Inf�rieureGuillaume-Marie Quillerou21 ans, mouleur. Le 30 janvier 1946, au Havre, assassine de trois balles de revolver le chauffeur de taxi Etienne Fernand pour lui voler sa voiture et son portefeuille. En octobre 1945, lors d'une bagarre au Havre, avait d�j� d�charg� son revolver sur le soldat Marshall Robinson qui n'avait �t� que l�g�rement bless�. Son complice, Bernard Lelargue, est condamn� � quinze ans de travaux forc�s.R�veill� � 3h30. Ne r�agit presque pas. S'habille d'un complet gris. Re�oit les sacrements de l'aum�nier Farcy, �crit une lettre � sa famille, � laquelle il joint une feuille de po�mes sur la douleur r�dig�s durant son incarc�ration. Boit du caf�, du rhum, et fume deux cigarettes.27 novembre 194604 juillet 1947Vendredi,
4h05Evreux
EureCharles Robert Raymond Grenier56 ans, b�cheron � Baux-Sainte-Croix. Violent, infid�le, s'�tait mis sa femme et leurs six enfants � dos par son comportement. Promet de les tuer en 1944. Abat � coups de fusil le 31 octobre 1945 sa femme Pauline, n�e Marais, dont il �tait s�par�, et sa fille Christiane, 20 ans, chacune d'une d�charge de chevrotines en plein visage. Tente de se pendre en cellule la veille du proc�s.Meurt courageusement.31 janvier 194705 juillet 1947Samedi,
4h45Alen�on
OrneHenri Marius Pelletier26 ans, ouvrier agricole. A Saint-Agnan-sur-Erre, assassina � coups de b�che et de serpe Emile Trichet, 70 ans, le 19 janvier 1946 pour le voler.R�veill� � 3h. Ne comprend pas vraiment ce qui se passe. Horrifi� en r�alisant. S'entretient avec le chanoine Garnier. Refuse le verre de rhum au greffe.06 novembre 194617 juillet 1947Jeudi,
5h08Auxerre
YonneConstant Gustave Luzeau24 ans, trafiquant en march� noir, abattit le 19 novembre 1943 � Treigny les �poux Bouvard.05 d�cembre 194625 juillet 1947Vendredi,
4h15Angers
Maine-et-LoireAlbert Auguste Derr�36 ans. Acquitt� quelques ann�es plus t�t du meurtre de l'amant de sa femme. Tue � coups de barre de fer Omer Fourchereau, cordonnier � Antoign�, le 31 juillet 1945, pour lui voler tabac, argent et galoches.Endormi � 3h, r�veill� � 3h35. Reste fig� sur son lit par la nouvelle. D�chire toutes les lettres re�ues durant son incarc�ration. Refuse rhum et cigarette. "Vous m'avez fait attendre pendant huit mois", proteste-t-il. Refuse de se confesser et d'entendre la messe, mais s'entretient quelques minutes avec le chanoine Uzureau. Serre la main d'Henri Biais, condamn� � mort qui partage sa cellule, et lui dit : "Il vaut mieux mourir comme �a."28 novembre 194626 juillet 1947Samedi,
4h23Saintes
Charente-Inf�rieureRen� Andr� Andr�s25 ans, ancien r�sistant du groupe FTP Soleil, o� il exer�ait le r�le d'ex�cuteur (� la hache) sur quatorze collaborateurs. Assassine � Pol�on (commune de Saint-Georges-du-Bois) � coups de marteau le 20 mars 1946 les �poux Jeanneau et M.Ferland, 30 ans, leur domestique, pour voler plus de 2.000 francs. Mme Ferland, 28 ans, elle aussi attaqu�e de la m�me fa�on, demeure partiellement paralys�e.Le procureur est oblig� de l'appeler trois fois pour qu'il se r�veille. S'entretient avec son avocat et un pasteur avant de se laisser "toiletter".23 janvier 194702 ao�t 1947Samedi,
4h30Metz
MoselleAnselme Schuler23 ans, d�j� neuf condamnations pour vols. Tua � Metz le chauffeur de taxi Marcuola pour le voler le 19 juillet 1946. Arr�t� alors que, d�guis� en femme, charchait � quitter la ville : il fut trahi par ses chaussures, car il n'avait pas trouv� de chaussures � talons qui conviennent � ses pieds.R�veill� � 3h30 par le bruit de la porte qui s'ouvre. Comprend aussit�t. Tr�s courageux, s'habille, range ses affaires, et suit l'aum�nier dans une salle voisine de sa cellule afin de s'y confesser et de communier (mis � part cela, ne prononce pas une parole jusqu'� la fin). Au greffe, prend une cigarette et le verre de rhum. L�ger mouvement de recul devant la bascule.05 mars 194704 septembre 1947Jeudi,
5h15Bordeaux
GirondeJean-Marie Le Flanchec40 ans, peintre en b�timent, d�linquant r�cidiviste, ancien membre honorable du maquis "Soleil". Etrangla avec un fil �lectrique une vieille renti�re, la veuve Antoine, rue du Rigoulet � Bordeaux, le 20 avril 1946. Lui et son complice Salemme pensaient trouver plusieurs milliers de francs et repartirent avec 420 francs. Salemme est condamn� � dix ans de r�clusion.06 mai 194709 octobre 1947Jeudi,
6h32Arras
Pas-de-CalaisMaurice Georges H�rault52 ans. Le 26 juillet 1946, � Nortkerque, abat Eug�ne Lammez, son ancien employeur, prisonnier de guerre qui l'avait cong�di� � son retour de captivit�.R�veill� � 5h30. Entend la messe et communie avec le chanoine Bourdrel, aum�nier de la prison.16 mai 194725 octobre 1947Samedi,
6h59Le Mans
SartheGilbert Tranchard26 ans, trafiquant de march� noir. Le 13 janvier 1945, tue � Masles (Orne) � coups de marteau M.Dakopoulos, son complice. Le 24 avril 1945, pr�s de Lanneray, �trangle pour la voler une septuag�naire, la veuve Hilaire. Son fr�re, Louis, est condamn� � perp�tuit�. Condamn� d'abord � Chartres, arr�t cass�, puis re-condamn� dans la Sarthe.Se montre courageux. Il refuse de pardonner � son fr�re, et quitte la chapelle pendant l'office religieux. Au greffe, il boit trois verres de rhum et fume deux cigarettes. Il se lance dans une diatribe contre le "milieu" � qui il reproche sa d�ch�ance personnelle. Pendant la toilette, affirme pr�f�rer �tre ex�cut� par fusillade.22 octobre 1946, 20 mars 194728 octobre 1947Mardi,
7h01Caen
CalvadosAlexandre Eug�ne Gaston Ren� Marie37 ans, gar�on de ferme. Viole et �touffe avec son propre cache-nez sa jeune belle-soeur, Georgette Madeleine, 16 ans, jeune vach�re de Loucelles le 3 novembre 1946. Marie �tait �pris de sa victime, qui s'�tait toujours refus�e � lui.R�veil � 6h20. Le co-d�tenu de Marie, Fresnel, condamn� quatre jours plus t�t, est plus terrifi� que lui par l'arriv�e des officiels. Calmement, Marie parle avec son d�fenseur, l'aum�nier, communie, boit un verre de rhum, fume une cigarette.25 avril 194711 d�cembre 1947Jeudi,
8hMelun
Seine-et-MarneLucienne Fournier, veuve Thioux45 ans, sans profession. Fait jeter dans la Marne depuis un pont son mari, Paul Thioux, 73 ans, le soir de leurs noces, le 02 mars 1946 � Ussy-sur-Marne, et ce afin d'en h�riter plus rapidement. Le complice et criminel Jacques Thioux, 23 ans, petit-fils de la victime, amant de Lucienne et de sa fille a�n�e Odette, sera condamn� � vingt ans de prison.Dut �tre tra�n�e de la cellule � l'�chafaud, urina de peur en criant "Je n'ai rien fait ! Je n'ai rien fait !"21 avril 194716 d�cembre 1947Mardi,
8h15Nantes
Loire-Inf�rieureJoseph Jules-Marie Lasquellec61 ans, voleur et violent notoire. Abattit un cultivateur de Donges, Etienne H�mery, le 14 avril 1946, avant de jeter son corps dans un puits vide.R�veill� � 7h. Dit "Je suis pr�t". Entend la messe du p�re Brisard, et accepte une tasse de caf�, un verre de rhum, ainsi qu'une cigarette. Ex�cution RAS.13 juin 194718 d�cembre 1947Jeudi,
8h15Angers
Maine-et-LoireHenri Marcel Biais32 ans, gar�on boucher. A Rochefort-sur-Loire, dans la nuit du 02 au 03 mai 1946, abat d'un coup de revolver dans la poitrine pour le voler Pierre Dabat, 61 ans, marchand forain de sacs et sandales. Repart sans le moindre sou des 600.000 francs escompt�s. Son complice, Edgar Blaize, 25 ans, voleur r�cidiviste, avec lequel il avait commis plus de vingt cambriolages entre Angers et Saumur, est condamn� � perp�tuit�. La ma�tresse de Biais, Eliane Defois, 24 ans, est condamn�e � cinq ans de prison.R�veil � 7h. Ne dort pas, juste �tendu les yeux ferm�s sur son lit. Pas de r�action. Passe ses v�tements civils, �crit trois lettres destin�es � sa famille et s'entretient avec Me Loison, son avocat. Entend la messe du chanoine Uzureau. Au greffe, refuse cigarette et verre de rhum. Avance sans flancher vers l'�chafaud.22 mai 194723 d�cembre 1947Mardi,
8h10Riom
Puy-de-D�meFran�ois Anselme Sampietri23 ans, ajusteur-m�canicien. D'une balle de revolver dans la nuque, tue un chauffeur de taxi de Clermont-Ferrand, M.Anglaret, le 06 ao�t 1946, sur la nationale 9 � un kilom�tre environ de Coudes et abandonne le corps sur le bas-c�t�. La voiture est retrouv�e pr�s de Brassac-les-Mines. Apr�s avoir pens� � une vengeance - M.Anglaret, r�sistant, avait tenu une place de premier ordre dans les comit�s d'�puration locaux -, simple crime crapuleux, commis pour r�cup�rer 100.000 francs.19 mars 194710 janvier 1948Samedi,
7h40B�ziers
H�raultRaoul d'Hyon20 ans, cordonnier, Belge. Massacre � coups de mitraillette Eug�ne Gouze, son �pouse et leurs enfants de 11 et 06 ans, le 28 mai 1946 � Caunes-Minervois, pour leur voler 5000 francs. Pr�tendra avoir agi au nom de la R�sistance en punissant un collaborateur - ce que M. Gouze n'�tait pas.R�veil � 6h45. Abattu par la nouvelle, se reprend. Entend la messe, communie, �crit � sa m�re et demande � ses avocats de corriger ses fautes. Desfourneaux montre un peu d'impatience. Le condamn� refuse la cigarette, mais demande un grand verre de rhum et une tasse de caf� - qui lui sont accord�s - avant de se laisser saisir par les adjoints. Ex�cut� dans l'entr�e de la prison (douze m�tres depuis la porte).11 mai 194713 janvier 1948Mardi,
7h44, 7h46Toulouse
Haute-GaronneElhadi Bendib
et
Messaoud Bennour28 et 33 ans, manoeuvres, trafiquants de march� noir. Egorg�rent le 30 mai 1946 leur compagnon Makhlouf M�kidech pr�s du camp de R�c�b�dou, � Portet-sur-Garonne, pour lui voler 3000 francs et 800 cartes de pain. Ils furent arr�t�s deux jours apr�s.
Elhadi r�pond qu'il aura du courage jusqu'au bout. Ils prient � la chapelle, en pr�sence d'un imam qui leur pr�cise : "Vous avez tu�, vous �tes tu�s ; c'est �crit dans le Coran." Elhadi refuse le rhum, car sa religion lui interdit l'alcool, mais accepte la cigarette. Bennour fait de m�me. Premier � partir, Elhadi dit "Adieu !" � son complice, et il a un mouvement de recul devant la guillotine. Bennour distingue le corps d�capit� dans le panier avant d'�tre bascul� � son tour.03 juillet 194715 janvier 1948Jeudi,
7h45Agen
Lot-et-GaronneMarius Roger Honor� Gilbert Andrieu26 ans, b�cheron dans le Lot. Tua � coups de hache MM. Albareil � Montfaucon, Bourzon � Durban et Roux � Arcanbai, tous trois propri�taires terriens dans le Lot, entre mars et juin 1946. Condamn� � mort � Cahors.R�veill� � 7 heures. Ne prononce pas un mot. Entend la messe. Au greffe, trempe ses l�vres dans le verre de rhum, puis rend le verre. Prend une cigarette qu'il conservera � la bouche m�me sur la guillotine. Aucune d�faillance, mutisme absolu.30 mars 194717 janvier 1948Samedi,
7h45Limoges
Haute-VienneLouis Raymond Vidalie24 ans, chauffeur de taxi. Tua le 22 novembre 1946 � Allassac, Jean-Baptiste Gaucher, chauffeur de taxi, pour le voler. Condamn� par les assises de Corr�ze.R�veill� � 6h. Tr�s calme. Demande � l'abb� Robert s'il peut �tre baptis�. Requ�te accept�e. C'est une d�tenue qui se porte volontaire pour �tre sa marraine. C�r�monie, messe, communion. Au greffe, apr�s la lev�e d'�crou, refuse la cigarette, mais boit un verre de rhum. L�g�re h�sitation en d�ouvrant la machine au bas des marches, dans la cour. Se retourne vers M. de Monsabert, avocat g�n�ral, � qui il adresse ses derni�res paroles : "N'ayez pas de peine, monsieur. Vous avez voulu ma t�te. Vous l'avez ! Je vous pardonne."04 juillet 194729 janvier 1948Jeudi,
7h10Tours
Indre-et-LoireMarcel Andr� Arnoult34 ans, cultivateur. Le 27 mars 1945, � Cormery, br�la vif dans leurs lits ses trois enfants (Pierre, 3 ans et demi, Pierrette, 2 ans, Jacky, onze mois) pour recommencer sa vie avec sa ma�tresse.R�veill� � 6 heures, dit "Ah, bien, je vous remercie." Son voisin de cellule, Jos� Sanchez-Munoz, condamn� � mort � Tarbes et qui attend d'�tre jug� pour un autre crime � Tours, se cache sous les draps. Arnoult lui lance : "Ce sera bient�t ton tour." Il nie sa culpabilit�, refuse la messe mais accepte de se confesser : "Je ne mourrai pas comme un pa�en, cela fera plaisir � ma m�re." Au greffe, refuse la cigarette, boit un verre de rhum et un caf� et dit au gardien-chef : "C'est du caf� perdu." Il embrasse le chapelet destin� � sa femme et la croix destin�e � sa m�re, puis embrasse l'aum�nier et le surveillant chef en leur disant "Au revoir."29 mars 194731 janvier 1948Samedi,
7h30Tarbes
Hautes-Pyr�n�esJulian
Agudo-Prieto
et
Jos�
Ramiro-Bernal32 et 29 ans. D�serteurs de l'arm�e espagnole, le 22 d�cembre 1945, se pr�sentent � la ferme Sost � Cr�chets-en-Barousse. Assomment Mme Rosalie Sost qui refuse de leur donner de l'argent. Son fils Pierre, maire de Cr�chets, est tu� � coups de couteau et de bouteille cass�e. Le domestique Joaquin Rick et le voisin Jean Ribes, venus au secours, seront �gorg�s.Communient et expriment un repentir sinc�re.26 septembre 194603 f�vrier 1948Mardi,
7h20Foix
Ari�geMichel P�rez25 ans. Commet une attaque � main arm�e contre la ferme des �poux Jauze, � Aynat, le 5 septembre 1946. Il abat Jos�phin Jauze, sa femme, gri�vement bless�e, succomba quelques jours apr�s.21 mai 194705 f�vrier 1948Jeudi,
7h25N�mes
GardMohammed Ould Abdelkader Bekkouche
46 ans, manoeuvre � Al�s, trafiquant de march� noir. Avec son ami Mohammed Belkacem, au hameau de La Chapelle, � Grandrieu (Loz�re), le 20 janvier 1946, abat � coups de revolver M. et Mme Bonnidan, �g�s d'une cinquantaine d'ann�es, leur fils Andr�, 14 ans, et la voisine, la Veuve Brun, 74 ans, cousine de Mme Bonnidan. Vole 34.000 francs, deux montres, un briquet et des provisions. Les deux assassins faisaient du march� noir avec M.Bonnidan et voulaient mettre un terme � leur collaboration tout en d�valisant leurs complices et amis. Condamn� par les assises de Loz�re, arr�t cass�. Belkacem, condamn� � mort � Mende, est cette fois condamn� aux travaux forc�s � perp�tuit�.Ex�cut� � la maison d'arr�t.12 mars 1947, 04 juin 194710 f�vrier 1948Mardi,
7h25Montbrison
LoireAntonio
Rodriguez-Allonzo
et
Luis
Lorente-Turreau25 et 38 ans, Espagnols, respectivement mineur et manoeuvre � Grand-Croix. Tu�rent l'ancien patron de Lorrente, Jean-Baptiste Vallat, 77 ans, et sa femme, n�e Marie Gaston, 82 ans, dans la nuit du 04 au 05 d�cembre 1944 � la ferme du "Plat de Gr�le", commune de Marols, � coups de croc � fumier et de fourche, et ce afin de leur voler leur cochon r�cemment tu�. Vallat surv�cut dix jours � l'agression.R�veill�s � 6h30. Lorrente reste impassible, comme au proc�s. M�content, Rodriguez crie de col�re, et jure qu'il est innocent et accuse Lorrente d'�tre le seul et unique responsable du double crime. Se ressaisit les derni�res minutes, pass�es � �crire des lettres � leurs proches. Tous deux meurent courageusement.26 novembre 194612 f�vrier 1948Jeudi,
7hCh�lon-sur-Sa�ne
Sa�ne-et-LoireWladislaw Doroszewski19 ans, ouvrier agricole. Embauch� le 4 mai 1947 par Pierre Tuloup, 44 ans, cultivateur � Cheney-le-Ch�tel, l'assomme le lendemain avec une tige de rampe d'escalier, puis avec une pince de carrier et une barre d'accouplement de voiture, pour lui voler 500 francs, une montre de femme et un revolver.R�veill� � 6h par le substitut Delahaye. Me Robin, absent, s'est fait remplacer par Me Daillant. Ecoute la messe, communie. Illettr�, doit demander assistance � Me Daillant pour �crire une lettre � ses parents, dans laquelle il leur demande pardon pour ses fautes. Boit un verre de rhum, fume une cigarette, puis s'adresse une derni�re fois � l'aum�nier avant d'�tre entra�n� vers les bois de justice.27 octobre 194720 f�vrier 1948Vendredi,
7h50ParisBernard Michel Mouret31 ans. Le 30 novembre 1945, au lendemain d'un cambriolage aux �tablissements G�o � Bic�tre, Mouret et ses complices abattent les inspecteurs Jean Dupoix et Roger Lesauce venus les arr�ter. Complice actif du crime, Louis Allainguillaume sera inexplicablement acquitt�.24 octobre 194704 mars 1948Jeudi,
6h30Metz
MoselleMichal Safka21 ans, ouvrier agricole. Le 14 ao�t 1946 au moulin de Bazoncourt, abat d'une balle dans la t�te Michel Stojko, un compatriote Polonais et dissimule le corps dans une rivi�re, une grosse pierre nou�e � la taille. Lui et son complice Raymond Pidolle furent condamn�s � mort, Raymond est graci�. Auguste Pidolle, 27 ans, est condamn� � 20 ans de travaux forc�s.R�veill� � 5h30 par l'avocat g�n�ral Liska. Dormait bien. Pas �tonn�, semblait presque s'y attendre. S'habille sans mot dire, si ce n'est pour r�pondre aux questions que les magistrats lui posent. Refuse la cigarette et le verre de rhum. Se rend � la biblioth�que de la prison pour s'entretenir avec son avocat, Me Gaudin, puis avec l'abb� Genvo, avant d'entendre la messe et de communier. Va � l'�chafaud entour� par l'aum�nier et son d�fenseur. Guillotine mont�e dans la cour, c�t� rue Saint-Gengoulf, entour�e par un peloton de gendarmerie. Ex�cut� le jour de son 21e anniversaire.04 octobre 194706 mars 1948Samedi,
6h24, 6h25, 6h27Orl�ans
LoiretCh�rif Himan Bachir,
Hocine Gu�tal
et
Akli Belkout32 ans, charpentier, 31 ans, d�bardeur et 31 ans, cuisinier. Egorg�rent au couteau de boucher, au soir du 11 janvier 1946 Mlle Blanche Durand, fermi�re � Pithiviers-le-Vieil, et ses deux domestiques, MM.Adrien Boulmier et Abel Mariel.R�veil � 6h. Bachir et Gu�tal restent fig�s. Belkout r�le : "Merci la France ! J�ai fait de la R�sistance et on me traite comme on n�aurait pas trait� un boche !" Chacun d'eux �crit une lettre. Gu�tal est seul � accepter le verre de rhum, et Belkout demande � �tre ex�cut� le dernier, ce qui lui est accord�.30 octobre 194709 mars 1948Mardi,
6h50Mende
Loz�reLouis Paul Rochette32 ans, ouvrier ajusteur. Abat d'une rafale de mitraillette pour le voler l'ing�nieur Henri Mattras le 29 mars 1946 au bord de la route � Saint-Andr�-de-Capc�ze.09 septembre 194712 mars 1948Vendredi,
6h15Draguignan
VarLudovic Michel Gerbi23 ans. Le 18 d�cembre 1945, � la Roque-Esclapon, tua � coups de pilon de cuisine son ancien patron, l'�leveur septuag�naire Damien Lions, ainsi que sa fille, Marie Soudan, pour voler 58.000 francs. Son complice F�lix G. est condamn� � 5 ans de prison.16 octobre 194721 avril 1948Mercredi,
5h20, 5h22Auch
GersEmile Andr� Javelot
et
L�on Armand Javelot32 et 29 ans, ouvriers agricoles. Victimes de leurs frasques dans leurs Ardennes natales, se r�fugient dans le Gers au lendemain de la guerre et s'endettent en lan�ant plusieurs entreprises successives toutes infructueuses (cin�ma ambulant, puis b�cheronnage). Assomment � coups de gourdin Marius Mendousse, 28 ans, puis font subir le m�me sort � sa tante Fran�oise Mendousse, veuve Hau, 66 ans, avant de la pendre le 20 d�cembre 1946 au lieu-dit "A Guibot", � Ordan-Larroque. Leur fr�re et complice, Adrien Lucien Javelot, 40 ans, �galement condamn� � mort, est graci�.Tandis qu'Adrien apprend sa grace, L�on et Emile se laissent entra�ner hors de la cellule. L�on pleure pendant la messe. Aucun des deux ne fait de d�claration. Ils acceptent rhum et cigarette. L�on se laisse pousser vers la guillotine dans un �tat d'h�b�tement, cigarette aux l�vres. Emile sanglote et tente de r�sister.30 octobre 194723 avril 1948Vendredi,
4h50Tarbes
Hautes-Pyr�n�esJos� Sanchez-Munoz32 ans. Dernier auteur, avec Ramiro et Prieto, du massacre de Cr�chets-en-Barousse : d�serteurs de l'arm�e espagnole, le 22 d�cembre 1945, se pr�sentent � la ferme Sost � Cr�chets-en-Barousse. Assomment Mme Rosalie Sost qui refuse de leur donner de l'argent. Son fils Pierre, maire de Cr�chets, est tu� � coups de couteau et de bouteille cass�e. Le domestique Joaquin Rick et le voisin Jean Ribes, venus au secours, seront �gorg�s. Son ex�cution n'eut pas lieu en m�me temps, car il dut compara�tre devant la Cour d'assises d'Indre-et-Loire pour le meurtre de Marcel Ugal, un autre Espagnol, qu'il avait noy� dans la Loire. Il fut condamn� � perp�tuit� le 22 mars 1948.Ne manifeste aucune �motion. Se confesse, communie, refuse le tabac mais boit le verre de rhum. C'est fermement et la t�te haute qu'il se laisse emporter sous le couperet.26 septembre 194627 avril 1948Mardi,
5h10, 5h15, 5h20N�mes
GardLao Pham Van
et
Lan Nguyen Van

Marius Fran�ois Rodeillat

29 ans chacun, �lectricien et cultivateur, Annamites. Le 27 novembre 1946, abattent le chauffeur de taxi Alphonse Chauvet � M�jannes-le-Clap.

Rodeillat, 29 ans, marchand de primeurs, tua au mas de Lauze, dans la banlieue de N�mes, le 24 d�cembre 1945 M.Fernand Sallies, 43 ans, sa femme Irma, le fils Ren�, 16 ans, et la fillette Marie-Claire, 10 ans, en les abattant � la mitraillette et les �gorgeant pour voler 25 francs. Seule la cadette Anne-Marie, 7 ans, surv�cut � l'�gorgement.

Ex�cut�s � la maison centrale de N�mes. Ne manifestent aucune r�action du r�veil � l'�chafaud. Les pri�res se font en pr�sence de deux aum�niers car l'un des Indochinois s'est converti en prison.14 janvier 1948, 16 janvier 194805 mai 1948Mercredi,
4h45ParisMaurice Eug�ne Marcel Thierry24 ans. Assassina Mme Thierry, sa tante, en l'assommant avec une brique puis en l'�tranglant avec un fil �lectrique � Taverny le 12 f�vrier 1946 pour lui voler 7.500 francs.20 novembre 194711 mai 1948Mardi,
4h15Douai
NordEug�ne Andr� Pfeiffer22 ans, ouvrier. Tua � coups de maillet la veuve Fauquembert pour lui voler deux billets de 20 francs, � Campagne-les-Hesdin, la nuit de No�l 1946. Condamn� par les assises du Pas-de-Calais, arr�t cass� le 22 octobre 1947, puis par celles du Nord.08 ao�t 1947, 20 janvier 194812 mai 1948Mercredi,
4h25Arras
Pas-de-CalaisMarcel Guerbadot20 ans. Le 13 avril 1947, pendant une permission d'un mois dans son service militaire, tente de cambrioler une ferme � Offekerque et abat l'ouvrier agricole Landry, seul t�moin, de deux balles dans la t�te. Le 28 avril suivant, aux Attaques, abat les vieux fermiers Bourelle pour les voler.20 novembre 194725 mai 1948Mardi,
4h10, 4h11, 4h12Draguignan
VarAgostino Fabbri,
Gioachinno Merono
et
Carlo Tesconi41 ans, 43 ans et 32 ans, le premier et le troisi�me italiens, le second espagnol. Assassin�rent � coups de marteau les �poux Victorine et Ir�n�e Martin (73 et 71 ans), anciens employeurs de Tesconi, � Sainte-Anne d'Evenos le 08 janvier 1947.Assistent tous trois � l'office religieux. Meurent courageusement.03 f�vrier 194827 mai 1948Jeudi,
4h15Nice
Alpes-MaritimesAndr� L�on "Billy" Bloy41 ans, chef d'orchestre. Le 21 f�vrier 1947, � l'entr�e de P�gomas, abat de cinq coups de pistolet Robert Devaux, 36 ans, avou� � Grasse, et blesse gravement son �pouse, qui survit uniquement en se faisant passer pour morte. D�robe 200.000 francs : avait attir� Devaux, plongeur sous-marin accompli et photographe amateur, dans un pi�ge en lui faisant miroiter l'achat d'appareils-photo permettant les prises de vues sous-marines.Se dit innocent, et demande � son avocat d'obtenir sa r�habilitation. Ecrit une lettre � son �pouse, communie, boit un verre de rhum. Il s'adresse au gardien-chef : "Eh bien, vous voyez, je vais partir en vacances avant vous !". Sur la bascule, hurle : "Je suis innocent ! Maman !"15 novembre 194728 juin 1948Lundi,
7h40Riom
Puy-de-D�meCharles-Marius Rigaud34 ans, employ� � l'usine Bergougnan. membre de la Gestapo au sein de la Brigade B�tissier. Provoqu� dans un restaurant de Ceyrat le 23 octobre 1943 par un groupe de jeunes clients qui lui reprochent son attitude de collabo ainsi qu'� sa famille, d�gaine son arme, et tire deux balles, touchant mortellement Lucien Bonhomme et blessant gravement Marcel Vidal. Condamn� � mort �galement par la Cour de Justice pour faits de collaboration et de trahison moins de trois mois apr�s - et ex�cut� comme tel.Fusill� au terrain de manoeuvre de la Varenne. Meurt courageusement.30 janvier 1948, 14 avril 194801 juillet 1948Jeudi,
4hSaint-Mihiel
MeuseKhouyya ben Haddou ben Assou21 ans, tirailleur marocain dans le 267e compagnie de Transports du 29e Train. Le 25 novembre 1945, en compagnie d'un autre soldat, Abd-el-Kader, quitte l'h�pital militaire o� il �tait soign�, et sous la menace d'un couteau, entra�ne dans une maison isol�e de la rue Saint-Ladre Ars�ne Leroy, 18 ans, � Montigny-les-Metz, alors que ce dernier sortait d'un bal. L�, tandis que Khouyya surveille, le jeune homme est viol� par Abd-el-Kader, puis �trangl� et �gorg�. Les criminels s'enfuient en d�robant sa montre. Le corps est retrouv� deux jours plus tard. Abd-el-Kader meurt le 12 mars 1947, durant l'instruction. Condamn� dans la Moselle, arr�t cass�, rejug� dans la Meuse.Jure qu'il est innocent jusqu'� la derni�re minute et accuse son complice d�c�d� durant l'instruction.16 d�cembre 1947, 21 avril 194824 ao�t 1948Mardi,
5h15Rouen
Seine-Inf�rieurePiotr Piskorski25 ans, ancien instituteur, Polonais. Officier dans l'arm�e sovi�tique puis sergent dans l'arm�e am�ricaine, avait perdu sa famille enti�re en d�portation. Le 25 septembre 1947, Piskorski et le Russe Basile Koutz, tuent � coups de barre de fer au Havre Mme Lesczynska et sa ni�ce Albina Cagavara, 8 ans. Koutz fut condamn� � 12 ans de travaux forc�s.R�veill� � 4h50. Meurt courageusement, ne prononce pas un mot10 mars 194808 octobre 1948Vendredi,
6h15Moulins
AllierAlbert Provence39 ans, ouvrier agricole. Dans la nuit du 09 au 10 d�cembre 1947, attaque les �poux Michon, �g�s de 78 et 71 ans, � coups de pioche � Saint-Angel, pr�s de Montlu�on. Vole 30.000 francs et des vivres, et se pr�pare un sandwich de fromage et de lard, ainsi qu'une tasse de caf� au lait. M.Michon meurt sur le coup. Son �pouse survit jusqu'au 26 d�cembre. Provence, soup�onn� mais introuvable, est arr�t� le 6 janvier 1948 par les gendarmes d'Eguzon, dans l'Indre, suite � un vol.R�veill� � 5h30. Assiste � la messe. Confie aux assistants avant d'�tre soulev� par les aides-ex�cuteurs : "J'ai fait une faute, je dois payer."29 avril 194813 octobre 1948Mercredi,
6h50Laon
AisneRobert L�on Thorin23 ans, bouvier. Le 07 avril 1947, � Vorges, blesse d'un coup de fusil au genou Joseph Bajurski, 40 ans, fermier, avant de l'assommer � coups de crosse (l'handicapant � 100 %), puis blesse gri�vement son �pouse Marie Mikosik, 38 ans, de trois coups de serpe dans la t�te. Surpris par leur fillette, Marie-Th�r�se, 5 ans, la tue � coups de serpe "ne voulant pas faire d'elle une orpheline", avant de fouiller la maison et d'empocher 1.500 francs. Pr�tend avoir voulu se venger du couple qui aurait refus� de lui vendre des oeufs durant la guerre.R�veill� � 6h. Se montre parfaitement indiff�rent � la nouvelle. Accepte de recevoir la communion de l'aum�nier. Au greffe, boit un verre de rhum et fume une cigarette. Ne prononce pas la moindre parole de regret. Va � la guillotine avec ses avocats, Mes Lenain et Decottignies.31 mai 194822 octobre 1948Vendredi,
6h40Coutances
MancheJean-Baptiste Gustave Louis Baudain27 ans, manoeuvre. Etrangla les vieux �poux Josset � l'aide d'une cordelette le 27 octobre 1947 � Picauville, pour voler 340 francs et deux bouteilles d'alcool. Son complice, Jean Hamel, jardinier, est condamn� � perp�tuit�.R�veill� � 5h30. Entend la messe de l'abb� Hamel. Ecrit deux lettres � ses parents. Au greffe, fume une cigarette. Va courageusement � l'�chafaud.19 mars 194816 novembre 1948Mardi,
7h10, 7h15B�ziers
H�raultJoseph Prince

Henri Alphonse Lancuentro

Prince, 25 ans, tua � coups de crosse de revolver M.Archimbaud, son oncle septuag�naire, ancien maire de sa commune, le 07 juillet 1947 � Caussiniojouls, pour lui voler 55.000 francs, des cigarettes et deux revolvers. Son �pouse Odette, n�e Steil, 29 ans, elle aussi avait �t� condamn�e � mort, et gr�ci�e.

Lancuentro, 37 ans, marchand de vins et indicateur de police, tua de deux coups de carrelet sur la nuque le marchand de chevaux Marius Ravaille le 08 d�cembre 1947 � Servian.

R�veill�s � 6h15. R�sign�s, entendent la messe et communient. Ecrivent � leurs familles respectives. Boivent plusieurs gorg�es de rhum chacun, fument une cigarette. Pendant la toilette, plaisantent : "Passez le premier." "Apr�s vous, je n'en ferai rien..." Prince ira le premier, clope aux l�vres.10 mai 1948, 11 mai 194814 d�cembre 1948Mardi,
7h20Privas
Ard�cheGeorges Cl�ment Rey27 ans, cultivateur. En avril 1947, dans la r�gion du Cheylard, tua d'un coup de crosse de son propre fusil Louis Monnier, 43 ans, vola 200 francs et mit le feu � la maison pour effacer les traces.Accepta d'�couter l'aum�nier, refusa cigarette et rhum.11 mai 194817 d�cembre 1948Vendredi,
8h05, 8h07Reims
MarneCzeslaw Zajackowski
et
Jan Kwiatkowski28 et 25 ans, Polonais. Tu�rent le 13 avril 1946 le taximan Julien Galland � La Veuve pour lui voler son argent et sa voiture, soit une somme de 12.000 francs. Leur complice, Bronislas Bartos, est condamn� � perp�tuit�.R�veill�s � 7 heures, les deux hommes assistent � la messe c�l�br�e par l'aum�nier en compagnie d'un homologue polonais. Pluie glaciale.09 juillet 194820 janvier 1949Jeudi,
8h04Caen
CalvadosJaime Fanjul-Arbesus30 ans, Espagnol. Avec trois complices, all�rent voler une ferme � Saint-D�sir de Lisieux le 07 d�cembre 1944 et tu�rent � coups de revolver les occupants, Robert Tessier, 47 ans et sa compagne, la veuve Jeanne Sorbet, 68 ans. Les complices de Fanjul, Mathias Callesja-Aguado et Salvador Orihuel-Canet sont condamn�s � 20 ans de travaux forc�s.R�veill� � 6h35. Tr�s calme jusqu'au bout.10 juillet 194815 f�vrier 1949Mardi,
7h30Saint-Brieuc
C�tes-du-NordRen� Fran�ois-Joseph Andr� Le Louarn29 ans. Etrangla la petite Paulette Besret, 13 ans, le 24 avril 1944, dans un clocher. Commit plusieurs tentatives de strangulation sur des femmes dans des �glises en 1940.29 juillet 194823 mars 1949Mercredi,
6h15Douai
NordHerman Barden19 ans, Allemand, ancien membre des Jeunesses Hitl�riennes, arriv� en France en novembre 1947 pour travailler aux mines, licenci� pour paresse. Le 09 avril 1948, � Denain, s'introduit chez Mme Lecat, 53 ans, blanchisseuse � qui il devait de l'argent, et lui fracasse le cr�ne de 18 coups de barre de fer. La victime survit deux heures.21 octobre 194829 mars 1949Mardi,
6h03, 6h05Bordeaux
GirondeEmile Jean Ma�on

Marcel Alphonse Heriard

Ma�on, 25 ans, tua les chauffeurs de taxi Mur au stand de tir de Luchay (Gironde) le 19 septembre 1946, et Caumont � Ladev�ze-Rivi�re (Gers) le 22 septembre, pour les voler.

H�riard, 37 ans, cultivateur, assassina � coups de barre de fer les �poux Pierre et M�lina Villiers, 75 et 74 ans, � Donnezac le 23 d�cembre 1946, pour les voler. Son complice pr�sum� Abel Villecroix est acquitt� faute de preuves.

Les deux hommes entendent la sentence sans trembler. Ils communient, fument une cigarette et boivent un verre de rhum. Pendant la toilette, H�riard ricane :"J'aurais aim� qu'on fasse �galement la toilette de mes pieds." Ma�on, lui, r�pond � l'aum�nier qui lui demande s'il a des derni�res volont�s : "Oui, je voudrais conserver ma t�te, mon p�re."30 novembre 1948 et 10 mai 194821 avril 1949Jeudi,
5h50Angers
Maine-et-LoireGermaine Godefroy, veuve Leloy31 ans, commer�ante. D�sirant refaire sa vie avec son commis et amant, Raymond Boulissi�re, tua � Baug�, le 10 d�cembre 1947 son mari Albert Leloy � coups de hache et met en sc�ne un cambriolage qui aurait mal tourn�. Avoue le crime le lendemain. Raymond sera condamn� � vingt ans de travaux forc�s.S'entretient avec l'aum�nier, r�dige une lettre, se confesse et entend la messe. Apr�s un moment de faiblesse, se livre aux ex�cuteurs. Refuse cigarette et rhum, et demande � garder les images pieuses qu'elle conserve dans son corsage, chose que les bourreaux lui autorisent. Meurt avec courage. Derni�re ex�cution capitale d'une femme en France.27 novembre 194828 avril 1949Jeudi,
5h25Rethel
ArdennesRoger Marcel Jouart27 ans. Tua � coups de b�che � Revin le 09 mars 1948 Marcel Devis, 47 ans, brocanteur, et lui vola 40 francs avant de jeter son corps dans la Meuse. Son complice Georges Mercier, 35 ans, est condamn� � mort et gr�ci�. Blanche Duplessis, veuve Devis, 47 ans, ma�tresse de Jouart et femme de la victime, est condamn�e � vingt ans de travaux forc�s.D�j� reveill� � l'entr�e des officiels � 4h30. Assis sur sa couchette, fume cigarette en attendant. Calme devant la nouvelle : "Je m'y attendais." Entend la messe de l'archipr�tre Tisseron. Consomme deux verres de rhum et une cigarette. Courageux jusqu'� la fin.19 novembre 194817 mai 1949Mardi,
4h22Caen
CalvadosAhmed Roumani33 ans, alg�rien, manoeuvre. Assomme, �gorge, viole et vole dans la nuit du 23 au 24 juin 1947 � Caen, en plein "village n�gre", Mme veuve Camille Julien, 59 ans, propri�taire du Bar Falaisien. Le mobile principal demeure le vol. Complices : Hadir ben Saadi Ghoul, perp�tuit� ; Abdallah ben Mohamed et Mohamed ben Ahmed, vingt ans de travaux forc�s.R�veill� � 3h45. Se montre calme. S'entretient avec son d�fenseur, puis avec l'imam Bourgdallah. Apr�s une c�r�monie au cours de laquelle Roumani prend une douche de purification, il se laisse prendre en charge par les bourreaux, en ne cessant de psalmodier des pri�res.19 janvier 194908 juillet 1949Vendredi,
4h10Colmar
Haut-RhinFriedrich Ohnimus22 ans, artiste-peintre, Allemand, d�linquant juv�nile. Le 18 novembre 1946, il tue � Marseille la veuve Daigre chez qui il logeait pour lui voler 5000 francs. Il s'enfuit � Mulhouse. Dans la nuit du 6 au 7 d�cembre 1946, � Barr, il assassine � coups de marteau au cours d'un cambriolage les vieux �poux Meyer et leur d�robe 47.000 francs. Il est condamn� � mort dans le Haut-Rhin, puis dans les Bouches-du-Rh�ne.R�veill� � 3h45. Tr�s calme, �crit une lettre � sa m�re. Ecoute la messe. Au greffe, refuse le verre de rhum : "Je ne veux rien prendre pour adoucir ma mort. Je sais que je l'ai m�rit�e." Il accepte n�anmoins une cigarette de la part de son d�fenseur, qu'il fume pendant que les ex�cuteurs le toilettent.23 janvier 1948, 09 f�vrier 194912 juillet 1949Mardi,
4hFoix
Ari�geFrancisco Fernandez-Guttierez25 ans, ouvrier agricole, Espagnol. Tua � coups de marteau son patron, Mr Fouet, le 10 janvier 1949 � Lavelanet. Le crime eut lieu en plein jour dans un champ et l'assassin vola plus de 200.000 francs � sa victime.23 mai 194929 juillet 1949Vendredi,
4h50Rethel
ArdennesLucien Albert Lejeune24 ans, garagiste � Maon. Abat d'une balle dans la t�te dans la c�te de Bel-Air (banlieue de Charleville) Charles Martin, 63 ans, chauffeur de taxi, le 15 septembre 1948, pour lui voler son portefeuille contenant 23.000 francs et son taxi Peugeot 402.Reveill� � 3h50 par le procureur Forget. Dort bien, comprend aussit�t. "Ca va �tre marrant !" Ecrit une longue lettre � son p�re dans laquelle il ne manifeste aucun regret de son acte. Se recueille et entend la messe de l'abb� Baudson. Au greffe, boit un verre de rhum et fume une cigarette.23 f�vrier 194930 juillet 1949Samedi,
4h45Vesoul
Haute-Sa�ne
Sa�ne-et-LoireSa�d ben Mohamed34 ans, Alg�rien, manoeuvre. Tua � coups de pierre sur la t�te sur les remparts de Belfort le 10 juin 1948 un passant, Auguste Bernhard, 49 ans, ouvrier agricole � Mazevaux (Haut-Rhin) pour le voler.Se faisait peu d'illusions sur son sort. Fataliste en apprenant la nouvelle. Se montre courageux.24 f�vrier 194921 octobre 1949Vendredi,
6h10Lons-le-Saunier
JuraGeorges Honor� BlondeyPARRICIDE, 36 ans, cultivateur. Le 07 juillet 1948, avec la complicit� de son �pouse, il empoisonna son p�re pour h�riter de la ferme. Mais la mort suspecte �veilla les soup�ons du vieux domestique, Emile Mignot. Tentant de l'empoisonner � son tour, le sort veut que la tasse de caf� � l'arsenic soit absorb�e par un voisin, Mr Mouton, venu veiller le corps le 09 juillet 1948.R�veill� � 5h45. Dormait bien, esp�rait en sa gr�ce. Aucune r�action violente. Entend la messe. Au procureur Douvres et � son avocat Me Lagnien qui lui demandent s'il a une derni�re d�claration, dit : "Je regrette." Puis rajoute, paradoxalement : "Je suis innocent." Prie l'aum�nier de prendre soin de ses enfants. Voile noir du parricide sur la t�te, va � l'�chafaud courageusement.28 mars 194924 octobre 1949Lundi,
6h45Poitiers
VienneHenri Bonnin29 ans, transporteur � Poitiers. Assassin de Jeannine Charpentier le 18 novembre 1946, � Fontaine-le-Comte. Apr�s son travail, tente de voler des pi�ces d�tach�es sur des �paves de voitures pr�s d'un garage. D�rang�, s'enfuit, et croise Mlle Charpentier � v�lo. Ayant l'intention de la violer, il la renverse, tente de la ma�triser. Face � sa r�sistance, il la poignarde de 29 coups de poin�on, puis lui fracasse la t�te � coups de manivelle. Soup�onn�, est disculp� par l'alibi fourni par sa femme... laquelle revient sur ses propos en octobre 1947, date � laquelle Bonnin est incarc�r� pour vols.R�veill� � 6 heures, dit avoir des d�clarations � faire qui sont enregistr�es au parloir de la prison par le greffier. Apr�s s'�tre entretenu avec son avocat et l'aum�nier, entend la messe.25 f�vrier 194908 novembre 1949Mardi,
6h35Auxerre
YonneEug�ne Daniel Charles Moricard31 ans, ouvrier scieur. Tua � Pourrain son oncle Ernest Doudot, 72 ans, le 31 d�cembre 1946 en l'assommant d'un coup de maillet dans la nuque, puis en le jetant dans une mare. Le 16 d�cembre pr�c�dent, Doudot avait fait de son neveu son l�gataire universel � la condition que celui-ci et son �pouse se chargent de lui jusqu'� son d�c�s. Mme Moricard, complice, mais qualifi�e d'attard�e mentale, fut relax�e durant l'instruction.07 juin 194910 novembre 1949Jeudi,
6h30Marseille
Bouches-du-Rh�neOreste Brillado26 ans, laveur de vitres et dealer, Italien. R�fugi� en France apr�s un internement abusif d�cid� par ses parents (il �tait homosexuel). Lors d'un cambriolage, le 11 juin 1947, tua avec un marteau Th�r�se Grumberg, 26 ans, secr�taire du marchand de tissus Vincent, rue de Rome. Il n'arrivera m�me pas � ouvrir le coffre-fort, et fut arr�t� d�s le lendemain.Premi�re ex�cution aux Baumettes (et 1�re � Marseille depuis 1934). A 5h, au r�veil, dit � l'aum�nier : "� Il ne me reste plus qu�� me pr�parer. Donnez mes affaires aux n�cessiteux. � Aucune parole de regret par rapport � sa victime ; offre de l�guer ses yeux � la Banque des yeux. Ecrit une lettre fort longue � sa m�re, refuse le rhum, fume une cigarette, re�oit l�extr�me-onction avant de se diriger de lui-m�me vers la machine, le pas assur�.24 juin 194929 novembre 1949Mardi,
7h15Le Mans
SartheAndr� Ren� Georges Diner29 ans, camionneur, docker. Condamn� � la r�clusion perp�tuelle, tente de tuer � coups de matraque un gardien de la prison du Mans, M.Ledoux, pour s'�vader le 24 mai 1948. La victime survit, mais invalide � 60%. Ses complices, Marcel Jullien et Georges Damen, sont respectivement condamn�s � perp�tuit� et � vingt ans de travaux forc�s.04 avril 194901 d�cembre 1949Jeudi,
7h25, 7h30B�ziers
H�raultRen� Antoine Fournial
et
Elie Hubert V�ve29 ans tous deux, d�bitant de boissons et commis en publicit�. Tuent le docteur Marius Bonneton, 25 ans, pour le voler, en l'entra�nant dans un guet-apens et en lui enfon�ant le visage dans l'�tang de Thau le 25 ao�t 1948.R�veill�s � 6h15. Fournial calme, V�vre tr�s nerveux. Ce dernier essaie de retarder la fin en �crivant de longues lettres, puis en s'entretenant avec le juge d'instruction - et ne rien dire de constructif, en fait. L'ex�cution se voit ainsi retard�e de 15 minutes par rapport � l'heure pr�vue. La double mise � mort a un spectateur clandestin, le p�re du docteur Bonneton, � qui la justice a refus� une autorisation sp�ciale pour voir la mort des assassins. Aussi, M.Bonneton a soudoy� le bedeau de la cath�drale de B�ziers, dont la tour surplombe la cour de la prison, pour voir la fin des condamn�s et dire, apr�s la seconde chute du couperet : "Justice est faite."10 juillet 194913 d�cembre 1949Mardi,
6h17ParisGaston Becker26 ans, vannier. Le 03 septembre 1946, avec son fr�re a�n� Pierre Becker et leur ami Michel Weis rentrent dans un caf� d'Ormesson, et apr�s avoir consomm�, ligotent la tenanci�re, Mme Morlet, et abattent Mr Morlet de deux balles. Seul Joseph est condamn� par les assises de Seine-et-Oise, Pierre Becker est condamn� � perp�tuit� et Weis � 10 ans. A la lecture de la condamnation, Gaston supplie son fr�re a�n� de reconna�tre que c'est lui le coupable, en vain. Il semble �tabli que c'est bien Pierre Becker l'assassin. Cependant, le 18 d�cembre 1948, � Tours, Gaston est condamn� � mort pour la deuxi�me fois pour avoir poignard� le 09 octobre 1945 le marchand de chevaux Eug�ne Langlais devant chez lui pour lui voler 300.000 francs. Cette fois, sa culpabilit� ne fait aucun doute. Son complice Louis Dorkeld, condamn� � mort aussi, est graci�.Pleure, hurle qu'il est innocent. Il doit �tre tra�n� jusqu'� la guillotine.09 mars 194810 janvier 1950Mardi,
7h45Lyon
Rh�neAntoine Fernand Jacquetant32 ans, �lectricien. Satyre assassin du petit Isidore Canyasse, 9 ans, le 29 septembre 1947. Apr�s en avoir abus� chez lui, il �trangle l'enfant, d�p�ce le corps avec un couteau de cuisine et abandonne une partie des restes sous les remparts du fort Saint-Ir�n�e, d'o� son surnom de "Monstre de Saint-Ir�n�e". Avait �galement abattu son compagnon de guerre, le r�sistant Paul Antoine Lambert, suite � un parachutage dans les bois de Grandris en juin 1944.Ecrit trois lettres, se confesse, entend la messe et communie. Fume une cigarette, boit un verre de rhum. Remercie son avocat, Me Ravet. Avant d'�tre conduit sur la guillotine, r�p�te � deux reprises : "Je suis innocent."07 mai 194925 janvier 1950Mercredi,
7h30Belley
AinRobert Maricot35 ans, tourneur. Le 05 juin 1947, tua � coups de massette la veuve Richebourg, ch�telaine de Pisseloup, pour voler 34.000 francs, des bijoux, et de la nourriture. Ses complices, Louise et Solange Caney, sont respectivement condamn�es � 20 ans de travaux forc�s et cinq ans de prison. Condamn� dans la Haute-Sa�ne, verdict cass�. Re-condamn� dans le Doubs, verdict cass�, puis troisi�me condamnation dans l'Ain.Temps de neige. Au r�veil, annonce au procureur Borgey : "Je suis � vous." S'entretient calmement avec l'aum�nier puis avec Me R�mond, son avocat. Va calmement � l'�chafaud. 1�re ex�cution � Belley depuis 1852.25 mai 1948, 29 janvier 1949, 05 juillet 194921 f�vrier 1950Mardi,
7hBeauvais
OiseMaurice J�r�me Van Landuyt33 ans, fermier � Nogent-sur-Oise, Belge. Incita son fr�re Michel � tuer sa femme Rachel en la pr�cipitant puis en la noyant dans une fosse � purin le 10 juillet 1948. Mobile : Rachel s'opposait � ce que son mari passe toutes ses soir�es au bar � boire et � d�penser l'argent du m�nage. Autre mobile : elle aurait �t� au courant d'un meurtre commis par les fr�res en Belgique en 1942, et mena�ait de les d�noncer s'ils ne s'amendaient pas. Les deux fr�res furent condamn�s � mort.Michel est le premier r�veill� � 6 h, et extrait de la cellule pour y entendre la nouvelle de sa gr�ce. S'il s'enquiert du sort de son fr�re, c'est pour se r�jouir : "Tant mieux, il l'a bien m�rit�." Maurice, lui, dit que "ce n'est vraiment pas juste" car il n'a "personnellement rien fait." Quand on lui donne ses habits, il demande que "�a aille vite". Il discute avec le juge Grapin, puis entend la messe et communie avec l'abb� Bazelaire, avant de rejoindre le greffe. Sa t�te tombe dans une clameur m�canique : celle des sir�nes des usines proches annon�ant le d�but de la journ�e de travail aux ouvriers.29 septembre 194922 f�vrier 1950Mercredi,
7h06Douai
NordHenri Louis Couture35 ans, ouvrier aux Glaces, 34 ans, d�j� condamn� pour attentat � la pudeur. Satyre assassin de Danielle Duriez, 10 ans, le 12 septembre 1948 � Boussois. Apr�s le viol, il jeta la petite encore vivante dans la Sambre. Il n'avoua jamais le crime. Avait d�j� tent� de violer et poignard� une adolescente de 15 ans en 1939.21 octobre 194924 f�vrier 1950Vendredi,
7h10Saint-Brieuc
C�tes-du-NordEug�ne Marie Bozec23 ans, ouvrier agricole. Le 19 novembre 1948, � Saint-Clet, �trangle pour la voler la veuve Th�rezier, 80 ans, et met la feu � la maison. Le crime reste insoup�onn�. D�but avril 1949, � Ploezal, �gorge avec un couteau de poche Mlle Bothorel, 72 ans, et met le feu �galement. Condamn� deux fois (le 24 pour meurtre de Saint-Clet, le 25 pour celui de Ploezal).24 octobre 1949, 25 octobre 194915 mars 1950Mercredi,
6h35Riom
Puy-de-D�meMahmoud Tighermine37 ans, manoeuvre. Le 24 d�cembre 1948, assassina les �poux Cassagnes, gardes-barri�res au passage � niveau de Lacluse, commune de Saint-Sauves. D�ja condamn� � mort par la Cour militaire d'Alger en 1946 pour trahison, il avait r�ussi � s'�vader avant son ex�cution. Ses complices Messaoui et Belkadi sont condamn�s � perp�tuit�.30 octobre 194914 avril 1950Vendredi,
5h00, 5h15Marseille
Bouches-du-Rh�neMohamed ben Amrane ben Kaci Chabani
et
Ben Allal Amor ben Mohamed ben Moussa27 ans, manoeuvre, 28 ans, balayeur. Le 22 juin 1947, tuent � coups de marteau la veuve Rafa�lla Sorrentino, cartomancienne � Ajaccio, pour lui voler 60.000 francs de bijoux et de liquide. Ben Allal clama toujours son innocence. Condamn�s d'abord en Corse, arr�t cass�, puis re-condamn� dans les Bouches-du-Rh�ne.Au r�veil, aucune �motion chez l'un ou l'autre des condamn�s. Apr�s la messe - ils se sont convertis au catholicisme -, ils acceptent le verre de rhum et la cigarette. Mais pendant la toilette, Chabani affirme au juge d'instruction que Ben Allal n'avait pas particip� au crime : "C'est un autre Arabe qui �tait avec moi". L'ex�cution ne sera cependant pas interrompue.09 juillet 1949, 31 octobre 194909 mai 1950Mardi,
4h20ParisEmile Edmond Berthet47 ans, cafetier, alias "Monsieur Edmond". Apr�s avoir fait la connaissance d'une prostitu�e, Marie-Ange Dupont, 34 ans � l'�poque, il devient son amant et souteneur, mais aussi le chef d'une bande de cambrioleurs, compos�e d'habitu�s de son caf�. Le 20 d�cembre 1945, au 45, boulevard de Magenta, il fait �trangler sa belle-soeur, Mme Veuillot, par un de ses hommes, "Jimmy" Conte, pour pouvoir piller son appartement. Le 29 d�cembre 1945, pr�s de Puiseaux (Loiret), sur un chemin isol�, il abat lui-m�me "Jimmy" d'une balle dans la nuque pour �viter une d�nonciation. Marie-Ange est condamn�e � cinq ans de prison pour recel.28 novembre 194924 mai 1950Mercredi,
4h18, 4h20Poitiers
VienneLouis Eug�ne Balin

Raymond Louis Gui

Balin, 25 ans, tua � coups de barre � mine la vieille veuve Marguerite Boutet pour la voler le 28 novembre 1948, � la Croix-du-Bourd.

Gui, 36 ans, cultivateur � S�vres (Deux-S�vres). A Saint-Maixent (Deux-S�vres), viole, �trangle et vole L�opoldine David, 27 ans, berg�re, le 1er mai 1948, avec son beau-fr�re et complice Edouard Tognetti, 28 ans. Tous deux furent condamn�s � Niort, l'arr�t cass�, et la condamnation re-prononc�e � Poitiers. Tognetti mourut d'une embolie en cellule, le 07 f�vrier 1950.

25 novembre 1949, 22 juin 1949 et 24 novembre 194923 juin 1950Vendredi,
3h30Metz
MoselleFran�ois Mathias Homburger37 ans, cultivateur. Le 14 ao�t 1947, � Sentzick, lors d'une dispute entre sa femme Marie, 37 ans, enceinte, et son beau p�re Jean Immer, 71 ans, pousse le vieil homme en arri�re, l'assommant mortellement contre une marche d'escalier. Les �poux cachent le corps dans la paille, et vont dans la nuit le jeter dans l'�tang du village. Craignant d'�tre d�nonc�, empoisonne sa femme un mois apr�s son accouchement en lui faisant boire du vermouth � l'arseniate de chaux. Marie d�c�de � l'h�pital de Thionville le 26 novembre 1947. Autre mobile : h�riter plus vite de la ferme de sa belle-famille.R�veill� � 2h55 par procureur Kirschner. Assiste � la messe de l'abb� Genvo. Au greffe, refuse la cigarette et le rhum. Dit en ricanant � son avocat pendant la toilette : � Je vous donne rendez-vous au ciel... ou en enfer ! � Meurt courageusement.16 d�cembre 194912 juillet 1950Mercredi,
3h50Metz
MoselleMichel Emile Watrin22 ans, sans profession. Assassin de deux chauffeurs de taxi � coups de balle dans la t�te : Jean Becker le 04 d�cembre 1946 sur la route de Gravelotte (Moselle), et Benjamin Teyre le 11 d�cembre 1946 entre Cr�ches et Varennes-les-Macon (Sa�ne-et-Loire). Arr�t� � Paris en tentant de revendre la Citro�n de Teyre. Condamn� dans la Moselle, puis dans la Sa�ne-et-Loire.Quand les officiels entrent dans sa cellule, � 2h50, Watrin est d�j� debout et leur sourit. Il se montre d'un calme absolu, �tonnant, et avoue qu'il savait son sort depuis la veille. Il remet � son avocat des lettres �crites durant la nuit, et signe un accord pour que ses yeux soient pr�lev�s apr�s sa mort. Il entend la messe. Dans les couloirs, � travers les portes, les autres d�tenus lui souhaitent bon courage. En voyant accidentellement la guillotine par la porte du greffe, il a un rapidement mouvement de peur tr�s vite surmont�. Apr�s la toilette, quand on l'entra�ne vers la machine, il embrasse Me Naud : � Merci Ma�tre ! Je vous ai aim� comme un p�re. Embrassez mes parents et mon petit fr�re ! Pardon � tous ! � Install� sur la bascule, il dit encore : � Seigneur, je vous adore. �09 mars 1949, 27 avril 1950.27 juillet 1950Jeudi,

4h, 4h08, 4h15

Marseille
Bouches-du-Rh�neAbdelkader Djaoui
et
Ahmed Ould Abdelkader Cha�beddera

Ramdane "Ra�s" Ould Lazrag ben Slimane

Djaoui, 29 ans, docker, et Chaibeddera, 30 ans, manoeuvre, abattent de deux balles (une au ventre, une dans la t�te) Maurice Baudron, ancien de la marine, gardien du fortin de Corbi�res, � l'Estaque, puis assomment � coups de madrier et de crosse de revolver, avant de l'�trangler avec son �charpe son �pouse, le 24 janvier 1949, sous les yeux de leur fillette Andr�e, 6 ans, pour les voler.

Ra�s, 27 ans, docker et son complice Mohammed Djemma, 25 ans, ouvrier, abattirent le 30 mai 1947 dans un bois pr�s d'Aix-en-Provence le garagiste Finel. La victime �tait en pleine escapade amoureuse avec sa ma�tresse Solange, qui r�ussit � s'enfuir. A leur actif, Ramdane avait d�j� tir� sur un CRS aux Aygalades le 10 mai 1945, et Djemma avait tu� un ma�on � Allauch et tent� de violer sa compagne au cours d'un cambriolage le 17 mai 1947. Djemma et Ra�s furent tous deux condamn�s � mort. Seul Djemma, le plus jeune des quatre, fut gr�ci�.

Djemma est r�veill� le premier pour l'annonce de sa gr�ce. Cha�beddera et Ramdane prient en direction de la Mecque tandis qu'un imam leur lit des versets du Coran. Djaoui, converti au catholicisme - il r�pond d�sormais au pr�nom Pierre - entend la messe et communie. Il est le premier � partir, et quitte la cellule en chantant une version un peu transform�e de "J'ai pleur� sur tes pas" pour y inclure des r�f�rences religieuses. Au greffe, il refuse l'alcool et le tabac, et demande qu'on lui laisse les mains d�li�es avant d'ajouter : "J'aurais pr�f�r� mourir sur le front d'Italie." En franchissant la porte, il dit "Pardon � tous." Ramdane, en second, ne dit pas un mot de la cellule jusqu'� la bascule, et demeure plut�t h�b�t�. Au greffe, Cha�beddera boit une tasse de caf� - sa derni�re volont� - en �crivant � son p�re, ca�d dans l'Oranais, lettre dans laquelle il �crit : "Je suis une b�te malfaisante. Ils ont raison de me supprimer." On lui verse alors un verre de rhum qu'il boit apr�s avoir dit : "C'est l'alcool qui m'a men� jusqu'ici : il �tait juste que cela finisse par un verre d'alcool." Il ne finit pas sa cigarette, et est pris de faiblesse en voyant la guillotine.03 f�vrier 1950, 28 janvier 195005 octobre 1950Jeudi,
5h30ParisGabriel Jean BernardPARRICIDE. 32 ans, pr�parateur en pharmacie. Abat son p�re Antonin, jardinier, de trois balles de revolver pour le voler le 13 novembre 1946 � Argenteuil. Condamn� par les assises de Seine-et-Oise.Conscient qu'il n'�chapperait pas � la mort, accueille la nouvelle avec calme. "Je serai courageux, je vous attendais tous les matins." Il embrasse ses co-d�tenus Nedellec et Courtin, et se laisse faire jusqu'au bout.09 d�cembre 194912 octobre 1950Jeudi,
5h40Nancy
Meurthe-et-MoselleJoseph Drzewiecki30 ans, manoeuvre. Tue d'un coup de rail Etienne Husson, 77 ans, � Sommerviller, le 3 f�vrier 1949 pour voler 30000 frs. L'enqu�te m�ne d'abord � de graves suspicions envers la famille de la victime, qui n'appr�ciait gu�re le vieillard. La d�couverte des papiers du d�funt dans la gare de Belfort met un terme � cette piste et ouvre celle du v�ritable coupable.Au r�veil, � 5h, pas de surprise, s'y attendait. Assiste � la messe du p�re Baudricourt, communie. Ne fait aucune d�claration. Au greffe, prend un verre de mirabelle et fume une derni�re cigarette. Comme il prend son temps, on l'incite � faire plus vite. "Oh, je suis pas press� de la fumer, ma cigarette. Y peuvent bien me la laisser finir jusqu'au bout !" Avant d'�tre bascul�, embrasse le crucifix.26 avril 195003 novembre 1950Vendredi,
6h44Douai
NordLucien Michel Gaston De Crop39 ans, coiffeur � Lille. Empoisonna � compter du 18 d�cembre 1944 sa femme, n�e Marie-Madeleine "Georgette" Thibault, aux sels de thallium et � la mort-aux-rats, jusqu'� ce qu'elle meure le 09 mars 1946. Tenta par la suite, courant 1946, d'empoisonner �galement sa belle-m�re, Madeleine Thibault de Montbois, 63 ans, qui avait �t� sa ma�tresse quelques ann�es auparavant, et qui avait compris qu'il avait empoisonn� sa fille pour refaire sa vie avec sa derni�re ma�tresse en date.Jure qu'il est innocent et victime d'une machination.26 avril 195012 janvier 1951Vendredi,
6h35ParisJean-Louis Estingoy42 ans, homme de m�nage dans un centre d'accueil de Charenton, le 15 ao�t 1947, jette dans la cage d'escalier depuis le troisi�me �tage Pierre Virroy, 4 ans, fils d'une locataire qu'il courtisait et qui se refusait � lui.Fait tout pour retarder l'�ch�ance : �crit une lettre (on doit lui retirer la plume des mains), demande � entendre deux messes successives et renverse l'autel quand on vient le chercher. Murmurant des paroles incompr�hensibles, il fait sous lui pendant la toilette. Ses reins sont pr�lev�s apr�s l'ex�cution pour �tre greff�s � une jeune femme de 22 ans qui survivra deux semaines � l'op�ration.13 juin 195018 janvier 1951Jeudi,
6h38, 6h40Metz
MoselleStanislas Svetlicic
et
Mirco "Michel" Pecar29 et 23 ans, Yougoslaves, mineurs de fond. Voulant rentrer dans leur pays, mais sans le sou. Dans la nuit du 14 au 15 octobre 1946, sur la route de Merlebach, pr�s de Saint-Avold, abattent d'une balle dans la t�te le taximan Charles Diligent pour lui voler son argent, soit une dizaine de milliers de francs. Arr�t�s apr�s que Svetlicic ait tent� de revendre le taxi � un garagiste de Fontoy.R�veill�s � 5h45, Svetlicic puis Pecar. Dormaient profond�ment. Svetlicic demande s'il est seul � �tre ex�cut�, ou bien si son complice va subir le m�me sort. Devant la r�ponse positive, il se montre satisfait : "Ce n'est que justice". Pendant que l'abb� Genvo confesse Svetlicic, Pecar dicte � Me Taron une lettre destin�e � ses parents. Puis quand vient le tour de Svetlicic de se confesser, Me Kedinger transcrit les derni�res volont�s de son client Pecar. R�unis pour la derni�re fois � la chapelle o�, d�tach�s, ils entendent la messe et communient, les deux hommes s'embrassent et se pardonnent. Toilette dans le couloir. Partent successivement � l'�chafaud avec calme et m�me assurance.24 mars 195023 janvier 1951Mardi,
5h34ParisRoger Lesimple33 ans, ouvrier agricole. Etrangle � Jumeauville le 15 d�cembre 1947 son coll�gue Aim� Blanchard qui refusait de lui pr�ter de l'argent, puis lui broye la t�te au pilon avant de lui voler 6.000 francs. Le 20 d�cembre 1947, � Egry, tire sur Mlle L�cureuil, une vieille ermite, la blessant aux jambes, puis lui fracasse la t�te avec une b�che pour voler 900 francs. Peu apr�s, agresse un cafetier � Aulnay et le rate. Blesse gravement le 19 d�cembre 1947 � Trilport M.Henri Corbrion, sur qui il fait feu, lui transper�ant un rein. Condamn� � mort deux fois par les assises de Seine-et-Oise, d'abord pour l'affaire d'Egry, ensuite pour l'affaire de Jumeauville.R�veill� � 5h25 (cellule 71). S'entretient bri�vement avec son avocat et l'aum�nier, re�oit les Saints Sacrements. Toilette effectu�e en moins de deux minutes. Ex�cution tr�s rapide.08 mars 1950, 09 mars 195014 f�vrier 1951Mercredi,
7hBelley
AinCharles Jean Czaikowski23 ans, charpentier. Tue avec son fr�re Antoine le 1er mars 1950 un marchand de bois � Neuville-sur-Ain. Arr�t� � Avignon. A Bourg, son fr�re tue un gendarme et en blesse un autre pour s'enfuir le 10 mars, et est abattu le lendemain.R�veill� par le gardien. Dit, calme : "Alors, c'est pour aujourd'hui..." Nerveux durant la toilette.27 septembre 195015 mars 1951Jeudi,
6h10, 6h11Ch�lon-sur-Sa�ne
Sa�ne-et-LoirePierre Andr� Chauve
et
Louis Antoine Edmond Niquet41 ans, cafetier, et 50 ans, sans profession. Chauve engage Niquet comme tueur � gages pour assassiner Raymond Chevalier, 35 ans, boulanger � Demigny, et �poux de sa ma�tresse Louisette. Niquet abat d'un coup de fusil de chasse dans la nuit du 18 au 19 f�vrier 1950 le boulanger dans son fournil. Louisette est relax�e.27 octobre 195024 avril 1951Mardi,
4h56ParisJoseph Pierre Lardon47 ans, jardinier. Condamn� � perp�tuit� en 1946 par les assises de Sa�ne-et-Loire pour un assassinat commis � Romenay. Le 10 janvier 1949, tente de s'�vader de l'h�pital de Poissy en compagnie de son co-d�tenu Charles Mercier, 42 ans, en abattant d'une balle de sa propre arme en pleine poitrine l'agent Charles Ch�taignier, 40 ans, qui les surveillait. Mercier, qui purgeait � Poissy lui aussi une perp�tuit� pour vols � main arm�e commis en Sa�ne-et-Loire, est condamn� pour la seconde fois � la prison � vie. Condamn� par les assises de Seine-et-Oise.07 d�cembre 195028 avril 1951Samedi,
5h10Tours
Indre-et-LoireRaymond Georges Thaon43 ans, journalier. Le 11 f�vrier 1950, assassina � Chinon son fils, Paul, 11 ans, en le battant et le jetant dans la Vienne. Comme l'enfant criait, il le r�cup�ra, l'acheva � coups de pieds et le d�peca. Il battait son fils et le tua parce qu'il avait fugu�. Sa femme, Lucienne Gabault, est condamn�e � deux ans de prison.Pleure du r�veil � sa mort. On doit le tra�ner pour le sortir de sa cellule et lui faire sa toilette.22 d�cembre 195004 mai 1951Vendredi,
4h52ParisRaymond Schleich26 ans, repr�sentant. Fils de bourgeois ais�s. Tua la nuit de No�l 1948 la prostitu�e Germaine Siberil, dite "Carmen", dont il �tait l'amant et le souteneur apr�s que celle-ci en ait eu assez qu'il lui prenne son argent.Calme. Embrass� par son co-d�tenu Delrue. Refuse d'entendre la messe et s'en explique au p�re Devoyod : "Mon p�re, je vous aime beaucoup. Vous m�avez aid� � tout supporter. Je vous en remercie. S�il y a un Bon Dieu, dans quelques minutes, quand je serai devant lui, je m�expliquerai directement avec lui. Non, n�insistez pas, mon p�re. Au revoir." Au greffe, dit pardonner au juge d'instruction, et demande � trinquer un verre de rhum avec le procureur Lindon, qui se garde bien d'accepter l'invitation. Puis, entra�n� par les aides, dit "Regardez un homme qui va mourir !" En voyant la guillotine, il dit : "C'est �a l'engin..."20 d�cembre 195030 mai 1951Mercredi,
4hCh�lon-sur-Sa�ne
Sa�ne-et-LoireRobert Louis Forest28 ans, chauffeur-livreur. Assassina, avec la complicit� de sa femme, Pierrette Vella, 22 ans, sa bienfaitrice et m�re adoptive, Mme veuve Roussel, 80 ans, cuisini�re � Macon, en la noyant dans son lavoir le 10 septembre 1950, avant de lui voler 26.250 francs. Le couple esp�rait r�cup�rer l'usage de la maison sans avoir � souffrir la pr�sence de la vieille dame qui voyait d'un mauvais oeil leur union. Pierrette est condamn�e � vingt ans de travaux forc�s.12 janvier 195127 juin 1951Mercredi,
3h55, 3h56Melun
Seine-et-MarneAndr� Cornil
et
Gaston Alfred Dufrenel31 ans et 29 ans, sans profession. D�linquants avant la guerre, anciens de la Waffen SS. Le 6 mai 1944, en uniforme allemand - ils sont d�sert� quelques mois plus t�t - ils agressent et volent M.Feni�, propri�taire du cin�ma "Le Rigoletto" � Chelles, lui fracassent la t�te � coups de crosse de mitraillette et tentent d'�trangler Mme Feni�, qui survit. Condamn�s � vingt ans de travaux forc�s pour leur pass� de collabos.A la toilette, Dufrenel avoue enfin que c'est bien lui l'auteur du crime de Chelles, et que Cornil n'est que son complice. N�anmoins, la complicit� d'assassinat �tant passible de mort elle aussi, la justice suit son cours.19 janvier 195129 juin 1951Vendredi,
4h20Saint-Brieuc
C�tes-du-NordGustave Maillot29 ans, ancien artiste forain. A Prat, le 24 f�vrier 1950, tue � coups de binette, d'hachette et de couteau Auguste Iran, fermier, 52 ans, son fils Fran�ois, 16 ans, et le valet de ferme Fran�ois Geffroy, 55 ans, pour voler 300.000 francs.R�veill� par le procureur Mac�. Entend la messe. Va courageusement � l'�chafaud. Derni�re ex�cution capitale de Jules-Henri Desfourneaux, qui d�c�de le 1er octobre suivant.31 janvier 195113 novembre 1951Mardi,
5h50Marseille
Bouches-du-Rh�neMarcel Ythier27 ans, bandit. Condamn� � perp�tuit� pour agression � main arm�e � Troyes, �vad� de la prison d'Auxerre, le 24 mars 1950, gr�ce au bandit Paul Grimaldi,
26 ans, qu'il avait rencontr� aux Baumettes six ans plus t�t. Participe � 20 cambriolages � Nice, Mont�limar, Avignon, Toulon, Salon-de-Provence, dans le but de r�cup�rer des marchandises � vendre dans leur bazar commun d'Aix-en-Provence, "Le Chamonix", jusqu'� la nuit du 22 au 23 mai 1950. Arr�t� alors qu'il visite un garage de Salon-de-Provence, il s'enfuit du commissariat en abattant l'agent Amiel qui meurt le lendemain � l'h�pital, touch� au foie. Le 24, il tue � Lambesc, pr�s de la route de Coudoux, le brigadier de gendarmerie Fauchier, et blesse l'agent Buisson � la cuisse. Il est arr�t� le lendemain, apr�s une battue effectu�e par 500 hommes.R�veill� � 4h50. Pas de r�action, s'habille, parle aux avocats, et en sortant de cellule, dit : "Je vais crever, mais vous aussi, �a vous arrivera." Refuse d'entendre le pr�tre. Au greffe, boit le verre de rhum et fume une cigarette en confiant aux aides : "Je m'en fous de mourir, mais ce qui m'emmerde, c'est de mourir les couilles pleines". La guillotine est mont�e au bout du couloir de sortie, innovation d'Andr� Obrecht, le nouveau bourreau (depuis le 1er novembre). Les aides d�clareront qu'ils ont rarement vu un client aussi calme.31 janvier 195128 novembre 1951Mercredi,
7h50Nantes
Loire-Inf�rieureJoseph Jadeau33 ans, ancien monteur en jouets, prisonnier de guerre. Auteur de plus de soixante-dix cambriolages et vols � main arm�e en Pays de Loire de 1945 � 1948. Abattit Mme Saulnier, buraliste, et blessa son �poux et sa fille lors d'un cambriolage dans la nuit du 16 au 17 novembre 1947 � Angers. (Lien).Au r�veil, crie "Y'a pas de justice sur terre !". Se reprend. Messe, pleure en pensant � sa m�re, �crit deux lettres, dont une � sa m�re, ce qui le fait de nouveau pleurer. Se reprend : "Je n'ai pas peur de la mort, j'en ai vu d'autres en Allemagne", rhum, cigarette. Derniers mots quand on l'entra�ne : "Surtout, dites � ma m�re que mes derni�res pens�es ont �t� pour elle et que je meurs courageusement !" Un de ses reins est pr�lev� pour une greffe.10 mars 195108 d�cembre 1951Samedi,
5h35, 5h37Marseille
Bouches-du-Rh�neL�on Chaudon
et
Antoine V�runi44 ans, ouvrier, lutteur forain, repris de justice et 31 ans, chanteur ambulant. Assomment, ligotent sur son lit et asphyxient Elys�e Br�s, 56 ans, tenancier du "Coin Fleuri" � Aix-en-Provence dans la nuit du 05 au 06 f�vrier 1948 pour lui voler trois revolvers, quelques bijoux sans valeur, des savons, et quelques billets de banque. Les trois hommes faisaient de la contrebande de cigarettes, et Br�s les aurait "roul�s". Chaudon d�j� condamn� en 1948 � 15 ans de travaux forc�s pour tentative de meurtre sur policier.Lors de l'ex�cution d'Ythier, trois semaines plus t�t, V�runi avait entendu le cort�ge et s'�tait habill�, pr�textant au gardien qui lui disait que ce n'�tait pas pour lui : "Ce n'est pas grave. S'ils viennent, je suis pr�t." Ex�cution pr�vue normalement le 3 ou le 4 d�cembre, report�e en raison d'une panne du camion servant au transport des bois. Chaudon se dit innocent et demande � �crire une derni�re lettre. Entend la messe, car catholique. V�runi, protestant, parle au pasteur. Sa c�r�monie s'ach�ve en premier. En attendant la fin de la messe, le juge lui demande s'il a des derni�res d�clarations. "Je n'en vois pas l'utilit�, tout a �t� dit au proc�s." Au greffe, V�runi reste calme et discute tranquillement. Chaudon r�le et g�mit pendant la toilette. Prudence des ex�cuteurs, car ancien catcheur. R�action de panique face � la guillotine. V�runi, lui, meurt tr�s courageusement. Dur�e de la double ex�cution : 48 secondes.01 mars 195113 d�cembre 1951Jeudi,
6h25ParisRoger Emile Courtin27 ans. Bat, assomme et �trangle dans son lit l'�pici�re Marie-Louise Roullois, 70 ans, � Maisons-Alfort le 24 juillet 1946 pour voler 120.000 francs. Avec la complicit� d'Auguste Langevin, Andr� Hergot et Andr� Blot en f�vrier 1947, torture le docteur Landureau, un m�decin de Theillay, dans le Loir-et-Cher, en lui br�lant les pieds, le dos et les parties g�nitales � la lampe � souder, � la mani�re des chauffeurs, en croyant � tort le praticien tr�s riche. Arr�t�s pour ce crime, Langevin et Courtin finissent par avouer le crime de Maisons-Alfort. Les quatre bandits sont condamn�s � perp�tuit� le 29 novembre 1947 � Blois. A Paris, Langevin est � nouveau condamn� � perp�tuit�. L'arr�t de Blois ayant �t� cass� en 1948, les quatre "chauffeurs" sont rejug�s � Orl�ans le 23 janvier 1951 : verdict plus s�v�re cette fois, la mort pour Hergot et Courtin, la perp�tuit� pour Blot et Langevin.Pris au d�pourvu, fond en larmes et r�siste aux gardiens qui cherchent � le faire se lever. On l'habille, et le gardien-chef essaie de lui redonner du courage en lui disant :" Reste un homme jusqu'au bout." Courtin demande � �crire successivement � son p�re, � sa m�re et � sa fianc�e, puis g�mit qu'on lui enl�ve ses cha�nes. Effondr�, il est tra�n� jusqu'au greffe et se laisse toiletter en pleurant jusqu'� la chute du couperet.04 mai 195014 f�vrier 1952Jeudi,
6h30Ch�lon-sur-Sa�ne
Sa�ne-et-LoireNicolas Stephan41 ans, vannier. Chef du "gang des romanis", chauffeurs des temps modernes, auteurs de plus de 80 agressions, perp�tr�es de nuit en ligotant les victimes, en les trempant d'eau froide et en mena�ant de leur br�ler les pieds. En septembre 1946, � Petitnoir (Jura), tue Mme Mairet. Le 20 d�cembre 1946, assassine de la m�me fa�on la veuve Gu�py � Bragny. Arr�t� en 1949, d�nonc� par un passant, apr�s une dispute au cours de laquelle une femme, membre de la bande, menace de tout dire aux gendarmes au sujet du crime de Bragny. 11 accus�s : les neuf complices sont condamn�s � des peines allant de la perp�tuit� � deux ans de r�clusion. Bertrand Mayer, l'autre principal assassin, est condamn� � mort lui aussi mais meurt de tuberculose avant la d�cision pr�sidentielle.Pleure � son r�veil, supplie qu'on ne lui fasse pas de mal. Entend la messe assis sur un tabouret, en larmes. Pleure jusque sur la machine. Pouss� trop en avant par les aides. Temp�rature : -7�C.21 juillet 195123 f�vrier 1952Samedi,
6h50Melun
Seine-et-MarneStanislas Gwisdack24 ans, Polonais, cambrioleur. Le 31 mars 1950, avec son complice Szepan Sczecocki, tente de s'�vader de la maison d'arr�t de Melun. Entrent dans la cellule de surveillance des condamn�s � mort et frappent � coups de latte de parquet les gardiens Marsaudon et Renaud. Dans sa cellule, le condamn� � mort Alexandre Quinault donne l'alerte et parvient � soulever et guider Marsaudon pour que celui-ci d�clenche la sonnette d'alarme. Le gardien Renaud ne survit pas. Sczecocki se pend en cellule le 22 avril suivant. Quinault, lui, est graci� le 12 juillet 1950 pour son geste.R�veill� � 6h. Au r�veil, proteste, accuse la justice d'�tre mal rendue, puis redevient calme et docile. Avoue, surpris, qu'il ne pensait pas qu'il y ait autant de monde qui vienne le voir mourir. Le pr�tre essaie de lui faire embrasser le crucifix, mais il r�pond : "Votre religion, c'est des mensonges." Sur la bascule, dit fermement "Je suis pr�t."05 juillet 195125 mars 1952Mardi,
5h50ParisJean Trignac37 ans, voleur et escroc r�cidiviste. Auteur de huit agressions � la redoute des Hautes-Bruy�res, � Villejuif, selon une m�me technique dans six cas : attirer des commer�ants sous pr�texte de leur vendre quelque article en gros, puis les menacer pour obtenir leur argent. Le 09 janvier 1946, propose � M.Dutheil, des usines de charcuterie G�o, un lot de porcs, et lui vole 100.000 francs en le mena�ant d'un revolver dans la nuque. Fin janvier, sous couvert d'une vente de camionnette, braque MM.Dubrocca et Boucher, garagistes, et vole 95.000 francs. Le 28 f�vrier, repropose lot de porcs au mandataire des Halles M.Blanc. Le 13 juin 1946, attaque le garagiste Bret, et vole �galement son portefeuille, sa montre et sa voiture. Le 24 d�cembre 1946, attaque le garagiste Giot et vole 300.000 francs. Le 13 mai 1947, attaque � Paris le boulanger Bocarelli, d�guis� en policier, pour voler 120.000 francs. Agresse le 23 juillet 1947, le p�re Pierre de Gibergue, �conome des J�suites, mais face � sa r�sistance, doit l'assommer � coups de crosse sans pouvoir rien lui voler. Le 04 ao�t 1947, abat de trois balles dans la poitrine � Villejuif le garagiste Guy Lagorce, de Malakoff, attir� dans le pi�ge sous couvert d'une vente de voiture, et lui vole 320.000 francs, son pistolet et sa voiture. Sa ma�tresse est condamn�e � trois ans de prison avec sursis, son complice � cinq ans de r�clusion.Temps de pluie. Au r�veil, se dit innocent. Pendant la toilette, demande � conna�tre les derniers mots des condamn�s qui l'ont pr�c�d� sur l'�chafaud. Entra�n� vers la machine, d�clare : "Messieurs, vous avez devant vous..." Trop engag� sur la bascule, doit �tre repouss� en arri�re.07 mai 195105 avril 1952Samedi,
ParisMarcel Delrue38 ans, repris de justice d�j� condamn� quatorze fois. Le 03 janvier 1947, � Grisy-les-Pl�tres, abat le gendarme M�chin et en blessa gravement le gendarme Dubois d'une balle dans la main, et d'une autre dans la poitrine. Affirmera tout au long du proc�s que c'est un tir accidentel de Dubois qui a caus� la mort de M�chin. Condamn� par les assises de Seine-et-Oise.Croyait en sa gr�ce. La nouvelle le prend par surprise. Traite les personnes pr�sentes de "bande d'encu..." et de "pourris, comme la Soci�t� que vous repr�sentez !". Dans les couloirs, appelle les d�tenus � la r�volte, et c'est sous les cris de pr�s de 2000 prisonniers hurlant "Assassins !" qu'il arrive au greffe. Refuse d'entendre le pr�tre en criant "Je me fous de vos conneries", r�siste aux gardiens et aux aides. Crie encore � la chute du couteau.21 janvier 195126 avril 1952Samedi,
5h26Amiens
SommeMichel C�sar Courtin24 ans, ouvrier agricole. Assassine � Rieux-en-Cambr�sis (Nord) le 27 septembre 1950 Mme Petit, cultivatrice, et sa fille de 12 ans. Condamn� dans le Nord, arr�t cass�, rejug� dans la Somme. Dans la nuit du Nouvel An 1952, avec l'aide d'un gardien influen�able, parvient � s'�vader arm� d'un revolver de la cellule des condamn�s � mort en compagnie de son co-d�tenu L�on Meurant. Les deux hommes sont rattrap�s le 2 janvier. Le 25 avril 1952, le gardien, Jacques Govin, est condamn� � trois ans de prison.Persuad� d'�tre ex�cut�. Il baptisait la guillotine "D�sir�e" quand il l'�voquait. En sortant de cellule, dit "Au revoir les copains". Art�res pr�lev�es par le docteur Servelle.18 avril 1951, 21 octobre 195104 juillet 1952Vendredi,
Laon
AisneRaymond Perat30 ans. Chef d'une bande de bandits de grand chemin, anciens r�sistants qui �cum�rent la r�gion d'Albert, dans la Somme : Marcel Perat, Louis Leriche, Goerges Caron, Gabriel Chofflet, No�l Biausque, Alain Blondel, Roland Godbert, Lucien Chofflet, Andr� Faucon, Roland Dupuis. Bilan des crimes : dans la nuit du 11 au 12 juillet 1944, � Becordel, Gourlin et Biausque abattent le fermier Vilain. Le 13 janvier 1948, les fr�res Perat et Godbert abattirent Georges Cauet � Vauchelle-les-Authie. Ajouter � cela des attaques de ferme et de d�bit de caf� et de tabac entre juin 1944 et avril 1948. Les fr�res Perat et Godbert furent condamn�s � mort � Amiens, l'arr�t fut cass�, et seul Raymond fut re-condamn� � Laon.Du r�veil � sa mort, prononce un seul mot qu'il ne cesse de r�p�ter : "C'est pas possible ! Je n'ai pas tu� ! On ne peut pas, on n'a pas le droit de m'ex�cuter..." Ecrit une longue lettre � sa m�re. Meurt avec calme et courage.13 d�cembre 1950, 14 d�cembre 195122 juillet 1952Mardi,
3h35Metz
MoselleEugenio "Migliardini" Cocchi53 ans, Italien, repris de justice. Apr�s s'�tre �vad� de prison, alors qu'il purgeait une peine pour vol, assassine � coups de ciseaux Mme veuve Lambert et sa domestique Mlle Rose Ornai le 14 octobre 1950 � Metz, dans une villa du rempart Saint-Thi�bault, afin de la d�valiser.Avait pr�venu que "le jour de mon ex�cution, je ferai parler de moi." R�veill� � 2h50. Surpris par la nouvelle - il avait jou� les d�ments en prison pour se voir gr�ci� - il insulte les officiels. Pr�tendant s'appeler Ga�tano Galli, r�clame un nouveau recours : "On aurait du me pr�venir plus t�t qu'il avait �t� rejet�, j'en aurais fait un autre !". Avant de quitter la cellule, chante, �crit une lettre qu'il confie � son avocat, Me Kraemer. Quand vient le moment de rejoindre le greffe, r�siste. Les gardiens doivent batailler pour le tra�ner. En chemin, refuse la messe, mais fait acte de contrition, embrasse le crucifix et re�oit l'absolution du p�re Genvo. Au greffe, fume et boit un verre de rhum. Pouss� vers les aides, il hurle "Assassini ! Banditi !" Toilette difficile, car il se d�bat. Doit �tre port� horizontalement, visage vers le sol, jusqu'� la bascule.04 f�vrier 195217 f�vrier 1953Mardi,
5h35Metz
MoselleAmeur Messaoud31 ans, manoeuvre, Alg�rien. Le 12 novembre 1949, � Rehon, avec ses complices Reggane Sa�d et Iddir Nedaf, assomment � coups de tire-fond puis �gorgent M. Fran�ois Toussaint, 64 ans et Mlle Marguerite Toussaint, 36 ans, g�rants d'une �picerie Sanal pour leur voler 140.000 francs. Condamn�s � mort tous trois en premi�re instance � Nancy, arr�t cass�, rejug�s � Metz. Messaoud est le seul ex�cut� car d�j� inculp� pour meurtre en Alg�rie, m�me si son proc�s s'�tait achev� par un acquittement.R�veill� � 5 heures par le procureur Liska. Tr�s calme, fataliste. Entend les pri�res de Si Boualem, imam de la Mosqu�e de Paris, avec ferveur. Pendant la toilette, demande qu'on lui bande les yeux car il ne veut pas voir "�a". Un aide lui conseille : "Baisse la t�te", et Messaoud ob�it, ce qui lui permit d'�viter de voir la guillotine.26 octobre 1951, 24 juillet 195230 octobre 1953Vendredi,
6hNancy
Meurthe-et-MoselleRen� Peter29 ans, ancien ma�on au ch�mage. En �tat d'�bri�t�, abattit � coups de revolver 7.65, pour voler 3000 francs, les �poux Joseph et Marie Joly, 68 et 69 ans, rentiers (le mari �tait son ancien instituteur), � Saint-Di� le 29 janvier 1952, et vole 3.000 francs et une montre. Condamn� par les assises des Vosges.Au r�veil, regarde son avocat, Me Souchal, avec stup�faction et r�pond : "Ah, bon. On y va." Ecrit une lettre � ses parents. Pendant ce temps, son avocat va houspiller les ex�cuteurs qui proc�dent aux essais de la machine, et qui cessent alors. D'un grand calme, ferme, entend la messe. Refuse rhum et cigarette : "J'ai fait assez de b�tises comme �a !" Pendant la toilette, se contente de demander aux ex�cuteurs : "Pourquoi est-ce que l'on m'attache ?" Quand on le soul�ve du tabouret, dit � son avocat - qui est son a�n� de quelques ann�es � peine - : "T'en fais pas, tu raconteras �a !"25 juin 195328 juillet 1955Jeudi,
5hDouai
NordJules Duhameau47 ans. Ouvrier textile � Sailly-sur-la-Lys, le 29 avril 1954, poignarda sa fille Georgette, 20 ans, jeune mari�e dont il abusait depuis l'enfance, quand elle lui a annonc� son intention de partir s'installer avec son �poux ailleurs que dans le domicile paternel. Condamn� par les assises du Pas-de-Calais.Refuse d'�couter le pr�tre, crie que son crime ne m�ritait au mieux que deux ans de prison, dit au bourreau qu'il n'a pas peur. Devant la machine, crie "A bas la France, vive la Russie, mort au capitalisme !"11 mars 195524 janvier 1956Mardi,
6h02ParisLouis Mathiau23 ans. Tua d'une balle dans la t�te � Gonesse le 07 septembre 1953 Omar Mahrouf, chauffeur de taxi, pour lui voler 1500 francs. Condamn� par les assises de Seine-et-Oise.Au r�veil, g�mit : "Ce n�est pas possible ! Ce n�est pas possible qu�on me tue, vous voyez bien que je suis trop jeune pour qu�on me tue ! Je ne veux pas mourir, je ne veux pas� ", puis se met en position de combat pour qu'on ne vienne pas le chercher. Un gardien assez �g�, M.Fournil, habitu� aux ex�cutions, usera de psychologie pour le calmer. En quittant la cellule, Mathiau lance � son voisin de cellule, Emile Buisson :"Je m�en vais, Mimile, je m�en vais. Je t�embrasse. Adieu !" Buisson lui r�pond : "Sois courageux, petit ! Je suis avec toi, de tout mon c�ur !" A la rotonde, communion et lettre � la famille. Au greffe, Mathiau tente de r�sister aux aides et chercher � retarder l'ex�cution.10 juillet 195528 f�vrier 1956Mardi,
6h05ParisEmile Buisson53 ans, malfrat, consid�r� � la fin des ann�es 1940 comme "ennemi public num�ro 1". A partir de 19 ans, auteur de plusieurs dizaines de braquages et suspect� de peut-�tre vingt meurtres : sera condamn� sa vie durant � 31 reprises. Gangster, commet des hold-ups entre 1937 et 1941, dont un avec mort d'homme, arr�t� dans l'Aube, tente en 1942 de s'�vader de la prison de Troyes en tentant d'�gorger un gardien. Condamn� � perp�tuit� le 13 mai 1943 par les assises de l'Aube. Feint la folie en 1947, intern� � Villejuif, s'�vade en septembre. Se rend coupable, � la t�te d'une bande, de nombreux braquages, ainsi que de la mort d'au moins deux complices. Arr�t� le 10 juin 1950. Condamn� � mort � deux reprises : d'abord, pour l'attaque le 14 mars 1949 � Boulogne-sur-Seine du magasin des �poux Baudet, bijoutiers, qu'il agresse avec leur employ� Emile Guinot, devant leur devanture du 28, boulevard Jean-Jaur�s, pour voler une sacoche contenant 500.000 francs en bijoux, et 45.000 francs en esp�ces. M.Baudet faisant preuve de r�sistance, il re�oit quatre balles, qui le laissent vivant mais avec un bras estropi�. Seconde condamnation pour une attaque � main arm�e commise le 27 juillet 1949 rue Galli�ni � Boulogne-sur-Seine contre deux livreurs de la Soci�t� des docks et alcools. Ses quatre complices �copent de peines entre 20 et 15 ans de travaux forc�s. Condamn� � perp�tuit� � deux reprises le 5 juillet 1954 et le 16 f�vrier 1955.Entr�e des officiels � 5h30. Ne dormait pas - toujours r�veill� la nuit depuis l'ex�cution de Mathiau. "Alors, �a y est, c'est pour ce matin... Ne perdez pas votre temps, Monsieur le Procureur, je serai courageux." Se lave le visage, puis dit : "C'est pas la peine que je me fasse trop beau, puisque de toute fa�on, on va me couper la t�te." Ensuite, refuse de passer son veston pour d'identiques raisons : "Je sais qu'on va me l'enlever, alors... je le laisse l�." A la chapelle, �coute la messe, communie puis �crit une longue lettre avant d'annoncer. "Voil�, je suis pr�t." En passant devant un gardien, lui dit "Adieu, Santoni, tu as �t� un bon gardien pour moi." Houspille un peu ses avocats, se laisse faire pendant la toilette mais affirme qu'il est innocent. Accepte rhum et cigarette, puis dit au bourreau : "Je suis pr�t, monsieur. VOus pouvez y aller." En quittant la pi�ce, dit � la cantonade : "La soci�t� sera contente de vous". Ex�cution tr�s rapide (six secondes entre porte et d�capitation).27 f�vrier 1954, 25 mai 195422 juin 1957Samedi,
3h48Amiens
SommeKl�ber Delaire57 ans. Le 07 juin 1955, assassine l'institutrice retrait�e Ad�le Berteaux, 80 ans, � Vadencourt-et-Boh�ries (Aisne), vole argent et bijoux et met le feu � la maison. D�p�ce le cadavre et le jette dans le canal qui relie Oise et Sambre. Ses complices, la veuve Z�lia Pr�vost, septuag�naire et amie de la victime, et son �pouse Yvonne Kl�ber sont condamn�es respectivement � 20 ans et 5 ans de prison. Condamn� dans l'Aisne, puis arr�t cass�, rejug� dans la Somme.R�veill� � 3h. Affirme �tre innocent. Entend la messe, reste calme tout le temps. Apr�s la toilette, alors que les aides le soul�vent du tabouret, dit : "Je croyais qu'on avait droit � une cigarette..."07 juin 1956, 25 octobre 195601 octobre 1957Mardi,
5h30ParisJacques Fesch27 ans, fils de bonne famille. Pour se payer un voilier � deux millions de francs, attaque � Paris le 18 f�vrier 1954 le changeur Alexandre Sylberstein pour le voler, rue Vivienne, qu'il tente d'assommer de deux coups de crosse sur la t�te, et abat d'une balle en plein coeur l'agent Vergne qui s'�tait lanc� � sa poursuite sur le boulevard des Italiens. Lors de son arrestation, blesse un passant venu aider les policiers.Alert� 48 heures avant l'ex�cution par son avocat. Debout depuis 3h15, attend les magistrats. Messe rapide. En passant le seuil, demande � embrasser le crucifix. R�action de recul sur la bascule.08 avril 195726 novembre 1957Mardi,
5h20Besan�on
DoubsAndr� Lods24 ans, commis de ferme. D�capita � coups de hachette son ancienne patronne, Mme Chavey, 42 ans, le 5 f�vrier 1956 � Luze pour lui voler son argent sans qu'elle le d�nonce. Commit le crime sous les yeux de la fille de sa victime, �g�e de 2 ans. Vola une bicyclette et une liasse de billets de 10.000 francs, et fut arr�t� en Suisse. Condamn� par les assises de Haute-Sa�ne.D�clarait quelques jours avant son ex�cution aux gardiens : "C'est l'automne, les feuilles tombent...Ma t�te ne tardera pas � tomber aussi." R�veill� � 4h50. S'entretient avec ses avocats, Me R�mond et Faivre, et prie avec le pasteur Bonal. Prend un verre de rhum et une cigarette. Tr�s calme.26 f�vrier 195707 d�cembre 1957Samedi,
5h25Marseille
Bouches-du-Rh�neAlexandre Nickichine28 ans, Russe, ouvrier agricole. Satyre assassin d'Andr� Maubert, 10 ans, qu'il viole, �trangle puis jette dans un puits � argile le 28 juillet 1956 � Vallauris. Condamn� par les assises des Alpes-Maritimes.Au r�veil, se met � pleurer et � crier moiti� en fran�ais, moiti� en russe : "Non, non ! Je ne veux pas mourir ! Laissez-moi vivre !" Il demande � parler au pr�sident de la R�publique : "Il comprendra, et il ordonnera la r�vision de mon proc�s ! Il faut l'appeler !" Pour retarder l'�ch�ance, il parle d'une histoire de fausse monnaie dans laquelle il aurait �t� impliqu�. Apr�s un entretien avec le pr�tre orthodoxe - Me Pollak prie � ses c�t�s, se calme un peu mais part � l'�chafaud mort de peur. Aorte pr�lev�e � fin de greffe.23 mars 195706 ao�t 1958Mercredi,
5hParisJean-Claude Vivier22 ans. Abattit avec Jacques Sermeus un couple d'amoureux de 20 ans, Nicole Depou� et Joseph Tarrago, le 21 d�cembre 1956, au parc de Saint-Cloud, pour leur voler leur voiture. Tous deux furent condamn�s � mort par les assises de Seine-et-Oise (sur la photo, Vivier est � gauche, Sermeus � droite), et Sermeus est gr�ci�.R�veill�, s'enquiert du sort de son camarade. Les officiels restent �vasifs. A la rotonde, entend la messe. Ecrit une lettre � sa m�re sur les conseils de sa m�re. Au greffe, refuse alcool et tabac et se laisse faire par les aides. Quand sa chemise est d�coup�e, il demande � son avocat, Me Planty, de l'accompagner jusqu'au pied de l'�chafaud, ce qui est fait.21 mars 195808 ao�t 1958Vendredi,
4h52Lyon
Rh�neJean-Marcel Guyenot25 ans, gar�on de caf� � Reims. Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1956 sur la route entre Divonne et Gex, abat d'une balle en pleine t�te Henri Estellon, 56 ans, chauffeur de taxi � Grenoble, puis lui broie le cr�ne d'un coup de talon, avant de blesser gravement de trois balles le neveu de sa victime, Yves Bernard, 15 ans. Se fait arr�ter en essayant de franchir la fronti�re suisse � bord du taxi vol�. Condamn� par les assises de l'Ain.R�veill� � 4h20. H�b�t�. Fume une cigarette, discute avec son avocat, Me George. Se confesse, communie. Ecrit une lettre � son fr�re dans laquelle il lui l�gue ses objets personnels. Puis il fait cadeau � son avocat d'une aquarelle de sa composition, qui repr�sente une vache paissant dans un pr� vert, un lieu qui lui rappelle, dit-il, sa r�gion natale de Ch�lon-sur-Sa�ne. Fume une deuxi�me cigarette, boit un verre de rhum. La toilette a lieu sans incident, et Guyenot va courageusement vers la guillotine. Premi�re ex�cution capitale � la prison de Montluc.19 mars 195827 septembre 1958Samedi,
5h30ParisAbdallah ben Bouguerea Bellil29 ans, manoeuvre, membre du FLN, ancien militaire en Indochine de 1949 � 1953. Le 25 ao�t 1957, entre dans un caf�, rue de la Goutte d'Or (Paris XVIIIe), avec l'intention de tuer un ennemi, Mohamed Moktar, abat de trois coups de pistolet un nomm� Belhouad qu'il supposait faire partie de la m�me organisation rivale.12 juin 195804 novembre 1958Mardi,
4h45ParisRen� Pierre Delville26 ans, sans profession. Tue Mme Aron en lui fracassant la t�te � coups de crosse de pistolet, puis abat le docteur Aron, m�decin octog�naire en retraite, � Houilles, le 18 f�vrier 1956 pour voler 70.000 francs. Condamn� par les assises de Seine-et-Oise. Ses complices principaux, Charles Br�gand et Marie-Th�r�se Denis, sont condamn�s � perp�tuit�.Tr�s calme. Sur le seuil, � deux m�tres de la guillotine, dit "Au revoir, messieurs."13 juin 195814 avril 1959Mardi,
4h37ParisJean Gaston Dupont37 ans, cultivateur. Etrangla et br�la sa fille Chantal, 6 ans, le soir de Noel 1956 au Ch�ne-Simon (Eure-et-Loir), pour se venger de son ex-femme Genevi�ve. Condamn� par les assises d'Eure-et-Loir.R�veill� � 3 h. Pr�t avant m�me que les officiels n'entrent dans sa cellule.07 d�cembre 195807 juillet 1959Lundi,
4hDijon
C�te-d'OrMokrane ben Rabia Sa�dani32 ans, manoeuvre. Assomme de trente coups de masse, �trangle et jette dans la Bienne A�dou Sa�, le 14 avril 1958 � Saint-Claude (Jura), pour le voler. Mokrane pr�texta que Sa� �tait partisan du FLN et qu'il terrorisait les autres locataires du foyer de Saint-Claude. Crime commis avec la complicit� de Medrag et Abrit Abdelkrim.Meurt avec courage apr�s s'�tre entretenu avec un imam.22 janvier 195930 juillet 1959Jeudi,
4h47Metz
MoselleAhmed ben Behssa Abcha25 ans, manoeuvre. En compagnie de quatre autres membres du FLN, enl�ve le 28 septembre 1958 un coreligionnaire, Mohammed Mekbourg, qu'il conduit dans les bois de Florange. L�, son complice Sa�d Salah �gorge Mekbourg avec un couteau. Bien qu'il n'ait �t� que complice, il sera le seul condamn� � mort, ses acolytes recevant des peines allant de 20 ans de travaux forc�s � cinq ans de prison.En rentrant dans la prison en pleine nuit, le fourgon contenant les bois de justice heurte trois voitures en stationnement, faisant un raffut qui r�veille pas mal de riverains.11 avril 195926 septembre 1959Samedi,
6h05Lyon
Rh�neMohamed ben Ahmed Benzouzou32 ans, manoeuvre, ancien militaire dans l'arm�e fran�aise. Blesse gravement de deux balles de revolver, le 06 juin 1958 au camp des Essarts, � Roanne (Loire), son compatriote Sa�d Mohamed Ounas. Ce dernier meurt � l'h�pital le 29 juillet suivant, non sans avoir eu le temps de d�noncer ses agresseurs. Acquitt� le 15 avril 1959 pour un autre meurtre. Son complice, Abdelkader Chebaani, lui aussi condamn� � mort, est graci�.Fort de son statut d'ancien combattant, demande s'il peut �tre pass� par les armes et non guillotin�.17 avril 195915 octobre 1959Jeudi,
5h45Dijon
C�te-d'OrHasnaoui ben Hocine Addala30 ans, manoeuvre. Responsable F.L.N. de la r�gion de Belfort. En 1958, fait proc�der � l'enl�vement et � l'assassinat, dans les bois d'H�ricourt, de l'Alg�rien Yousfi, ce dernier refusant de verser une cotisation au FLN. Son complice, Guettal, condamn� � mort �galement, est gr�ci�.Au r�veil, pris de panique, pousse des hurlements et se d�bat comme un forcen�. Il faut toute la force des gardiens et des aides pour le maintenir et le conduire hurlant vers la machine. M�me l'imam venu assister le condamn� se retrouve avec les v�tements d�chir�s dans la lutte.11 juin 195931 octobre 1959Samedi,
6h15Douai
NordMohammed ben Loun�s Mazi26 ans, manoeuvre. Assassinat.Ignorait qu'on allait le guillotiner : en l'apprenant, pris de tremblements nerveux tr�s forts qui ne cesseront qu'une fois le couperet tomb�.30 avril 195927 janvier 1960Mercredi,
6hDouai
NordAhmed ben Ali Bouamrane26 ans, manoeuvre. Le 20 septembre 1958, au Havre (Seine-Inf�rieure), tire une rafale de mitraillette sur un fourgon de police : un seul des quatre occupants, le sous-brigadier Roger Caumont, est bless�. Ses deux complices sont condamn�s aux travaux forc�s � perp�tuit�.17 ao�t 195923 f�vrier 1960Mardi,
6h13, 6h15Lyon
Rh�neAhmed ben Akli Cherchari et Ahc�ne ben Mohand A�t Rabah39 ans, ouvrier sp�cialis�, et 33 ans, manoeuvre. A�t tua de plusieurs balles de revolver un messaliste, Slimane Nagou, le 15 f�vrier 1958 � la sortie d'un bar lyonnais fr�quent� par les membres du F.L.N. Cherchari lui remit l'arme.Cherchari fait �crire une lettre � sa m�re par son avocat. "Dites � ma m�re que je meurs pour ma patrie, et que je mourrai courageusement." Les deux hommes vont � l'�chafaud sans faire d'histoires.10 septembre 195917 mars 1960Jeudi,
6hLyon
Rh�neAbdallah "Ahmed" ben Larbi Kabouche42 ans, ma�on, ancien de la guerre d'Indochine. Abat le 1er mai 1958 aux Brotteaux, � Lyon, Lkrichi Driz, accus� par le FLN d'�tre un tra�tre � leur cause et d'avoir d�nonc� plusieurs membres du parti.Se montre tr�s calme. Dans l'antichambre menant dans la cour, il s'entretient quelques instants avec son avocat, Me Fran�ois La Phuong. Le d�fenseur lui demande s'il veut qu'il �crive � sa m�re : Kabouche r�pond oui en hochant la t�te. Le condamn� r�clame ensuite une cigarette, et Me La Phuong lui donne l'une de ses Lucky Strike. Apr�s en avoir fum� la moiti�, il l'�crase, dit "On y va !" et se laisse saisir par les aides. Sur la bascule, pousse un hurlement.24 septembre 195905 avril 1960Mardi,
5h25, 5h27Lyon
Rh�neTou�r ben Mohamed Feghoul et Mena� ben Amar Brahimi32 et 33 ans, membres du FLN. Brahimi avait particip� � la torture d'un militant du MNA, Aissani, qu'on retrouva assassin� � Caloire, dans la Loire. Il organisa le meurtre d'un nomm� Daoudi,
dit "L'Indochine", un Alg�rien connu pour ses opinions francophiles : Daoudi fut abattu de trois balles de pistolet le 14 d�cembre 1957 � Firminy (Loire) par Feghoul.Feghoul se montre ferme. En quittant le quartier des condamn�s, dit � l'intention de ses co-d�tenus : "Adieu mes fr�res, gr�ce � notre sacrifice, l'Alg�rie vivra." Pris de petits frissons au greffe, se reprend. Le colonel Morel, commissaire du gouvernement, lui offre une cigarette qu'il refuse, de m�me que celle que lui propose son avocat. "Le FLN me paie des cigarettes jusqu'� la derni�re minute." Il sort son propre paquet, tire deux bouff�es puis va vers la guillotine. "Bourreau, fais ta sale besogne, j'offre ma t�te pour ma ch�re patrie." L'imam intervient pour que le condamn� fasse une derni�re pri�re pour que Dieu lui pardonne. Accepte, puis se laisse guillotiner. Brahimi, calme mais nerveux, dit aux officiels pendant la toilette : "L'Alg�rie vivra ! Dites au g�n�ral de Gaulle qu'il a oubli� 1939 !"12 d�cembre 1958 (les deux), 26 janvier 1959 (Brahimi seul)14 avril 1960Jeudi,
5hDouai
NordAbdelkader ben Ahmed Ould A�ssa27 ans, mineur. Le 1er juin 1958, abat � coups de revolver Mebarek Deheri, ancien membre du F.L.N qui avait trahi la cause et s'�tait enfui en volant 700.000 francs � l'organisation. Son complice Amar Lounes, 22 ans, condamn� � mort, voit sa peine commu�e en travaux forc�s � perp�tuit�.23 octobre 195921 juin 1960Mardi,
4h52Bordeaux
GirondeRen� Charles "Raymond" PonsPARRICIDE, 54 ans, cultivateur au hameau des Coulauds, commune de Montpeyroux (Dordogne). Avec son compagne, Yvette Chabrol, �pouse Reysset, de trente ans sa cadette, attaque sa m�re Jeanne Guillot, veuve Pons, 78 ans, et la fait br�ler vive dans la chemin�e le 21 mars 1958. Condamn� par les assises de Dordogne, Yvette condamn�e � perp�tuit�.R�veil � 4h. Dort bien. S'habille et demande � �crire. La r�daction prend du temps et le juge s'impatiente. Se confesse et communie. Au greffe, boit un grand verre de rhum. Le condamn� est si petit et fr�le - 1m54 - que l'un des aides lui dit : "Ne t'inqui�te pas, on ne va pas te faire de mal." Ex�cution tr�s rapide.19 novembre 195908 juillet 1960Vendredi,
4hDijon
C�te-d'OrMahmoud ben Ch�rif Mokrani23 ans, Alg�rien, manoeuvre � Givors. Assassine � Seyssuel (Is�re) avec trois complices un Alg�rien opposant au F.L.N. Condamn� en premi�re instance en compagnie de Tafer Boukhmis, arr�t cass�.Tr�s courageux. Ecrit une lettre � son oncle : "Mon cher Oncle, je te prie d'�crire � ma m�re et la saluer. Embrasse tous mes fr�res et dis-leur que Dieu dispose de toutes choses et que je ne meurs pas pour rien."27 avril 1959, 10 novembre 195909 juillet 1960Vendredi,
4h48Lyon
Rh�neBoukhmis ben Lakhdar Tafer24 ans, manoeuvre. Membre d'une troupe de choc FLN, assassina deux membres du FLN : l'imam Ezziane, le 13 janvier 1958, et Mohamed Douha, le 27 janvier 1958, tous les deux � Givors.A son r�veil, s'adresse � ses co-d�tenus condamn�s � mort dans les cellules voisines : "Adieu, mes fr�res ! Ils m'emm�nent ! Saluez bien de ma part l'Alg�rie, ma patrie. Adieu Mahmoud... Adieu Moussa ! Bon courage, et bonne chance !" Tout au long de ses derni�res minutes, d'un calme absolu, r�p�te : "Nous mourrons et l'Alg�rie vivra." Refuse d'entendre les pri�res des morts. Demande � son avocat, Louis Denuelle, d'�crire � son p�re. Meurt courageusement.15 juin 1959, 23 juillet 195926 juillet 1960Mardi,
4h06ParisGeorges Philippe Paul "Monsieur Bill" Rapin24 ans, g�rant de caf�. Enfant de bonne famille, complex� par les exigences familiales et une taille modeste, se r�ve grand truand. Abat le pompiste Roger Adam le 04 avril 1958 � Villejuif apr�s une simple dispute au sujet d'essence r�pandue au sol. Abat puis fait br�ler vive en for�t de Fontainebleau Muguette "Dominique" Thiriel, 24 ans, dont il �tait le souteneur, le 30 mai 1959, parce que celle-ci ne lui rapportait pas assez d'argent et n'avait donc pas pour lui le respect qu'elle lui devait.R�veil � 3h30. D�j� debout. Calme, suit ses gardiens et discute avec le p�re Devoyod et �crit une lettre � sa fianc�e Nadine. Conduit au greffe, s'�nerve, traite juges et ex�cuteurs de "d�gueulasses". Accepte verre de rhum et cigarette. Ex�cution rapide.31 mars 196027 juillet 1960Mercredi,
5h16ParisMohammed ben Mohammed Guelma36 ans. Association de malfaiteurs, complicit� d'enl�vement, tentative d'assassinat. Condamn� par le tribunal permanent des forces arm�es de Paris.Hurle du r�veil jusqu'au couperet, doit �tre port� par les aides sur la bascule.13 janvier 196030 juillet 1960Samedi,
4hLyon
Rh�neAbderrahmane ben Ammar Lakhlifi20 ans, manoeuvre. Organise le 20 septembre 1958 un raid contre un commissariat de Lyon, place Antonin-Poncet � Bellecour, o� sept personnes furent bless�es.Meurt tr�s calmement : dans la prison retentissent les cris et les protestations des autres d�tenus en apprenant l'imminence de son ex�cution. Certains condamn�s de longue date proc�dent, � tout hasard, � leurs derni�res ablutions. Un d�tenu nomm� Actis (Robert?), arr�t� pour avoir refus� d'aller se battre en Alg�rie et enferm� � Montluc faute de place, l'encourage : "Courage, mon fr�re !" et hurle aux officiels : "Assassins !" Parvient � tromper quelques secondes la vigilance des gardiens pour �changer un regard et un dernier sourire avec un autre condamn�, Moussa Lachtar, � travers le judas de la cellule de ce dernier. Saisi par les matons, crie : "N'ayez pas peur, mes fr�res ! Courage et patience !"12 janvier 196005 ao�t 1960Vendredi,
4h35, 4h40Lyon
Rh�neMiloud ben Larbi Bougandoura et Abdelkader ben Mohamed Makhlouf39 ans et 29 ans, manoeuvres r�sidant � Villeurbanne. Surnomm�s "Les Etrangleurs de la Doua". Avaient ex�cut� avec des complices, membres d'un groupe de choc FLN, onze coreligionnaires qui refusaient de payer leurs cotisations au FLN entre le 16 septembre 1957 et le 2 juin 1958, toujours suivant la m�me m�thode : les victimes �taient �trangl�es (cordelette, foulard, cable �lectrique ou mains nues) dans une cabane de jardin de Villeurbanne, quartier de la Doua. Eux et deux autres assassins furent condamn�s � mort.La veille au soir, Miloud affirme � tous ses co-d�tenus avoir rep�r� le bourreau dans la cour, et se pr�pare d�s lors � mourir en r�digeant une lettre � sa femme. R�veil � 4h50. Le commissaire du gouvernement refusant que les condamn�s puissent prier, Makhlouf prie en silence, mains attach�es. En quittant le quartier, il crie : "Vive l'Alg�rie ! Salauds de Fran�ais !" et crache au visage du commissaire du gouvernement. Miloud, conduit cinq minutes plus tard, s'arr�te � la porte de trois cellules pour parler � ses co-d�tenus, dont Moussa Lachtar, � qui il dit : "Tu vois, fr�re, comme je te l'ai dit, ils m'emm�nent. Dis aux fr�res de me pardonner. Bonne chance et courage. Ecris � mes parents." Tous deux meurent avec courage.24 f�vrier 196027 ao�t 1960Samedi,
5h05, 5h07ParisAli ben A�ssa Seddiki et Mohamed Seghir ben Ahmed Tirouche29 ans et 28 ans. Tu�rent un anti FLN soup�onn� d'�tre un indicateur de police, Khiari, le 05 ao�t 1958 � St-Pierre-de-Vauvray (Eure).Malgr� la volont� de l'un d'eux de mourir sans �tre assist� par un pr�tre, Seguir et Siddiki entendent l'imam avant de mourir. Tirouche �crit � sa m�re : "Ch�re m�re, je serai guillotin� dans quelques minutes. Je meurs comme des centaines de milliers d'Alg�riens pour le triomphe de notre r�volution. Je suis convaincu que la r�volution alg�rienne vaincra. Je t'embrasse avec toute mon affection et exprime avant de mourir l'amour de la patrie."04 mai 196008 d�cembre 1960Jeudi,
5h, 5h05ParisHamou Bousetta et Abderrahmane Abdelkader ben Hadj31 ans, Alg�rien, ouvrier et 27 ans, Marocain, ouvrier carrossier. Condamn�s pour avoir, � Paris, pr�s de l'impasse Saumon, assassin� un certain Kaci, membre du MNA, dans la nuit du 27 au 28 octobre 1957.Ben Hadj �crit � sa m�re : "M�re Ch�rie, dans quelques instant, je vais mourir pour l'Alg�rie et les Alg�riens qui ont tant fait pour nous. Ne pleure pas, je meurs en Combattant. J'esp�re que mon Gouvernement arr�tera les assassinats de De Gaulle. Vive l'A.L.N. Vive l'Afrique du Nord." Bousetta, lui, �crit � son �pouse : "Ma ch�re Femme, je serai mort sous peu car l'Ind�pendance n'est pas gratuite. Le G�n�ral de Gaulle m'ex�cute comme un criminel alors que je meurs Chahid. Tu peux �tre fi�re de moi, et dis autour de toi que la lutte doit continuer jusqu'� l'Ind�pendance totale. Vive l'A.L.N. Vive l'Alg�rie." L'un des condamn�s se d�fend tant et si bien qu'un gardien a l'arcade sourcilli�re ouverte.25 mai 196031 janvier 1961Mardi,
5h45Lyon
Rh�neSalah ben La�d Dehil33 ans. Membre d'un commando FLN qui attaque le 8 septembre 1958 le commissariat de police place Jean Mac�, � Lyon (quartier de la Guilloti�re) et abat de plusieurs balles le sous-brigadier Armand Sudon qui quittait alors le poste.21 juillet 196007 d�cembre 1961Jeudi,
5h45Marseille
Bouches-du-Rh�nePierre Louis Jalbaud39 ans. Voleur, lib�r� de la centrale de N�mes apr�s huit ans de travaux forc�s, le 19 ao�t 1957. Ach�te une carabine 22 long rifle et parcourt le Sud � bord d'une voiture vol�e � B�ziers. Le 24 ao�t, braque une station-servie au Dramont (Var) et se fait prendre son arme par le pompiste. Abat le 27 ao�t 1957 l'armurier Edouard Galinier � Marseille, vole une carabine, des balles, et le contenu du coffre-fort. Le 20 septembre, � Montferrand (Puy-de-D�me), il braque l'�picier Durif, et l'ampute d'un pouce d'une balle de carabine. Le 1er octobre, � Albi, abat le comptable Georges Fag�s, pour lui voler la paie des employ�s, soit 700.000 francs.Accueille le procureur par "Ne dites rien, je m'y attendais." S'habille calmement, �crit � sa famille, communie avec l'aum�nier et demande qu'on donne ses affaires au premier d�tenu lib�rable. Refuse qu'on d�coupe sa chemise, se met torse nu. Ayant eu le droit d'�lever un chaton en cellule, ses derniers mots sont pour lui : "O� est mon minou ?"28 janvier 196107 juin 1962Jeudi,
4h12Marly-le-Roi
Seine-et-OiseAlbert Dovecar et Claude Piegts24 ans, Croate, ancien l�gionnaire et 28 ans, agent d'assurances � Alger. Membres du commando Delta de l'Organisation Arm�e Secr�te en Alg�rie, aux ordres du lieutenant Roger Degueldre, participent le 31 mai 1961 � Alger � une attaque au domicile du commissaire central adjoint Roger Gavoury, 50 ans, auquel il �tait reproch� une trop grande d�votion envers la Ve R�publique, lequel meurt poignard� � coups de couteau de parachutiste. Jug�s par le tribunal militaire si�geant au Palais de justice de Paris. Tenne et Petri sont condamn�s � la r�clusion � perp�tuit�, Malmassari � dix ans de prison et Frappoli � cinq ans de prison avec sursis.30 mars 196206 juillet 1962Vendredi,
3h56Ivry-sur-Seine
SeineRoger Hercule Gustave Degueldre37 ans, lieutenant au 1er r�giment �tranger de parachutistes. D�serteur apr�s le putsch des g�n�raux en 1961, rallie l'OAS au sein de laquelle il fonde les commandos Delta. Le 15 mars 1962, dirige une op�ration contre le centre social de Ch�teau-Royal, � El-Biar (Alg�rie) au cours de laquelle six dirigeants des centres sociaux sont fusill�s � l'arme automatique.28 juin 196211 mars 1963Lundi,
6h40Ivry-sur-Seine
SeineJean Marie Bastien-Thiry35 ans, ing�nieur militaire, lieutenant-colonel dans l'Arm�e de l'air. Le 22 ao�t 1962, organise l'op�ration "Charlotte Corday", un attentat contre le g�n�ral Charles de Gaulle, pr�sident de la R�publique. A proximit� du rond-point du Petit Clamart, douze hommes font feu sur la Citro�n DS du pr�sident, � coups d'armes automatiques : quatorze balles atteignent le v�hicule, crevant les pneus et brisant la glace arri�re, mais sans pour autant toucher le couple pr�sidentiel, qui se baisse � temps et peut rallier l'a�rodrome militaire de V�lizy-Villacoublay. Au total, 187 balles furent tir�s sur le convoi ! Le seul bless�, M.Fillon, est un p�re de famille conduisant dans le sens oppos� et qui se retrouve, avec sa femme et leurs trois enfants, pris dans la mitraille et l�g�rement bless� � un doigt. Alain de la Tocnaye et Jacques Pr�vost, condamn�s � mort, b�n�ficient de la gr�ce pr�sidentielle. Pascal Bertin, G�rard Buisines, Alphonse Constantin, Etienne Ducasse, Pierre-Henri Magade et Laszlo Varga, les tireurs, sont condamn�s � des peines de r�clusion, et finissent gr�ci�s en 1968. Cinq autres conjur�s, absents, sont condamn�s par contumace � mort ou � la r�clusion.04 mars 196317 mars 1964Mardi,
4h50ParisStanislas Juhant28 ans, yougoslave. Tue le 24 janvier 1961 l'�pici�re Marie-Th�r�se Aupetit, rue Lantiez, pour la voler. Son complice Pawel Simsic est condamn� � mort et gr�ci�.Calme, presque d�tendu. Entend la messe, r�dige une lettre, et pendant la toilette, se parle tout seul en yougoslave. Seule r�action de recul sur la bascule, mais sans violence et tr�s facile � ma�triser.29 octobre 196317 juin 1964Mercredi,
4h45Fort-de-France
MartiniqueRaymond Anama39 ans, cultivateur (n� le 24 novembre 1925 au Lamentin). Condamn� � 10 ans de travaux forc�s le 25 juin 1952 pour viol et tentative de meurtre. Lib�r� en conditionnelle le 01 d�cembre 1959. Condamn� � 5 mois de prison pour vol en juillet 1961. Satyre assassin d'une petite fille de 8 ans, qu'il viola et noya dans le Lamentin, en novembre 1962. Arr�t� le 14 novembre. Le 02 janvier 1963, il s'�vade avec deux autres prisonniers, et il est rattrap� le lendemain, place Stalingrad � Fort-de-France. Un des autres �vad�s, Germain Labarraque, est abattu par les gendarmes. Anama s'�tait gravement bless� aux reins en sautant du mur.Pr�venu de l'arriv�e du bourreau la veille ou l'avant-veille de l'ex�cution. D�capit� en pr�sence du juge Buhot, du p�re Hur� et du pasteur Itty, de M. Bascon, directeur de la prison, et du m�decin M. Barbe. Tr�s calme, entend le pasteur et meurt sans prononcer un mot. La guillotine est laiss�e sur place au cas o�.d�cembre 196327 juin 1964Samedi,
3h45, 3h55Lyon
Rh�neMazouz Ghaouti

Robert Actis

Ghaouti, 42 ans, surnomm� "Le Gorille" : assomme le 10 octobre 1961 � Valence une merci�re, Mme Schenine, pour lui voler son tiroir-caisse. Il assomme mortellement � coups de barre de fer le 13 octobre 1961 Alfred Gardien, poissonnier, dans sa boutique place Jules Guesde � Lyon.

Actis, 27 ans, ouvrier aux usines Berliet � V�nissieux : abat d'une rafale de mitraillette le 31 mai 1962 Bernard Mathieu, convoyeur de fonds chez Berliet, et lui vole la paie des ouvriers, soit 369.500 francs. Ses deux principaux complices, Sairge et Marque, sont condamn�s � perp�tuit� et vingt ans de r�clusion.